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| Premiers pas à Elipse | |
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+2Jade Martins Eve M. Todrovitch 6 participants | |
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Eve M. Todrovitch
Maladie mentale : Troubles paranoïaques
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Feuille de personnage Sac à dos: Pouvoirs : Bourse: 485,5 rubz
| Sujet: Premiers pas à Elipse Sam 7 Mai - 13:35 | |
| Eve était encore à moitié endormie, allongée sur le matelas inconfortable de sa cellule. Au loin, au-delà des brumes de son esprit assoupi, elle entendit une gardienne appeler fortement à l’ouverture de sa cage, puis l’alerte insupportable retentit tandis que les barreaux s’écartaient. Une femme aux traits stricts vint la chercher, lui passa sèchement une paire de menotte et l’entraina en lâcha simplement :
- C’est aujourd’hui, on y va.
La paranoïaque jeta un regard en arrière. Sa comparse de cellule lui fit un léger signe de tête, mais l’au revoir qu’elle lui adressa fut noyé dans un concert de sifflements qui emplit le secteur de détention. Eve n’avait pas que des amies ici, et beaucoup aurait aimé régler encore quelques comptes avec elle avant qu’elle puisse s’en aller par la grande porte.
On conduisit la prisonnière dans une pièce à l’écart de ses anciens comparses, un minuscule bureau annexe à l’infirmerie. Juste avant qu’elle n’y pénètre, le chef de la prison s’était présenté en personne. Il lui répétait que sa libération aura lieu dans l’après-midi, mais qu’elle était forcée de se plier à cette séance. Bien entendu, on attendait d’elle la plus complète coopération, sans quoi, elle pourrait se condamner à retourner immédiatement en justice afin de voir sa peine prolongée de plusieurs années. Avec un sourire sarcastique, Eve sentit ses poignets être libérés, puis se déroba pour rejoindre le Dr Camélia Thores.
Il s’agissait d’une jeune femme droite, légèrement coincée dans un tailleur qui avait l’air trop serré. Ses traits hispaniques étaient parfaitement reconnaissables ; un charme complété par son teint halé et sa chevelure épaisse et ondulée qu’elle laissait couler sauvagement. Elle invita d’une main sa patiente à s’assoir, puis lui adressa un sourire avant de prendre la parole :
- Bonjour Mademoiselle Todrovitch. Vous savez pourquoi on se rencontre n’est-ce pas ? - Bien sûr, acquiesça la concernée avec méfiance. - Le médecin du centre pénitencier estime que vous auriez besoin d’un soutien psychiatrique et… - Il pense que je suis cinglée, coupa Eve. Je vais très bien, merci.
Camélia marqua une pause, joignant les mains devant elle. D’une voix plus douce, elle reprit :
- Ce ne sera pas douloureux. Je pratique depuis peu une méthode d’un certain docteur Parkinson, qui a jusqu’à aujourd’hui fait ses preuves à San Francisco. Essayer ne vous coutera rien. De plus… on m’a nommée garante de votre aptitude à reprendre la vie en liberté. Je ne voudrais pas être forcée de vous désigner à une détention à vie dans un institut psychiatrique. S’il vous plait, accepter cette séance, c’est important pour vous.
Les poings de la jeune femme s’étaient crispés sur ses genoux, pinçant sa chair à travers le tissu orangée de sa tenue de prisonnière. Elle jeta un œil sur la droite : deux gardiens étaient là, immobiles et silencieux, prêts à intervenir en cas d’agression manifeste sur la doctoresse. Soit. Eve fit pivoter sa tête sur son cou pour se détendre, puis fixa de ses yeux marron glacials les pupilles sombres du médecin.
- D’accord. Mais je vous conseille de ne rien tenter contre moi… c’est quoi cette méthode, finit-elle avec un soupir. - L’hypnose, répondit Camélia avec un sourire sincèrement satisfait, vous vous endormirez, rien de plus. - J’ai du mal à voir comment vous allez me soigner en me faisant dormir, rétorqua la patiente avec sarcasme. - Faites-moi confiance s’il vous plait.
A cet instant, le docteur Thores se leva avec souplesse, contourna son bureau, et vint s’agenouiller devant Eve. Il y avait déjà quelque chose d’hypnotique dans ses mouvements ; tant que la concernée se trouvait sans voix et se laissa faire. La psychiatre tenait un pendule cristallin qui tournoyait lentement sur lui-même. Bientôt, il se balancerait devant les yeux méfiants mais captivés de la détenue, la plongeant alors dans un sommeil qui la conduirait au-delà de ses rêves… ou plutôt, en plein cœur de ceux-ci.
[***]
Lorsque Eve put enfin distinguer ce qu’il l’entourait, elle se trouvait allongée dans une ruelle inconnue. Elle se redressa lentement et secoua sa chevelure noire pour se remettre les idées en place. A priori, elle se souvenait de son réveil, de sa rencontre avec le docteur Thores, puis il y avait un trou blanc jusqu’à cet instant. Une rapide inspection lui apprit qu’elle portait toujours ses fripes orange éclatant, mais elle n’était manifestement plus en prison. En se remettant sur ses pieds, elle s’aperçut que le soleil avait entamé sa course vers l’horizon, diffusant dans les cieux une lumière rougeoyante qui illuminait de traces sanglantes les pans des immeubles. Eve s’avança lentement jusqu’à sortir du cul-de-sac, serrant et desserrant les poings d’une rage qu’elle peinait à contenir. Une nouvelle fois, voilà comment elle était traitée : pour la remettre en liberté, on avait rien trouvé d’autres que l’endormir avec les méthodes douteuses d’une pseudo-psychiatre puis on l’avait larguée dans la nature comme on se sépare d’un sac poubelle. Et c’était elle la folle dans cette histoire ? Si jamais elle retombait sur Camélia Thores, sur le chef de sa prison, ou même sur n’importe lequel des gardiens, elle lui ferait sentir ce que ça fait de la négliger.
La mine renfrognée, Eve observa les alentours. Il y avait déjà 6 ans qu’elle n’avait pas vu une ville de ses propres yeux et elle n’aurait jamais pensée être fascinée à ce point. Les voitures qui passaient, les gens qui circulaient avec leurs expressions d’empressement, les gosses qui criaient et les jeunes qui s’esclaffaient… tout cela, elle l’avait oublié. Elle porta alors une main fébrile à son cœur, empoignant sa combinaison trop significatif. C’était certain, elle aurait au moins souhaité réintégrer la ville qu’elle avait connu avec sa mère autrement qu’habiller de cette façon… mais manifestement, elle n’y pouvait rien.
Dernière édition par Eve M. Todrovitch le Jeu 11 Aoû - 0:15, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Dim 8 Mai - 21:07 | |
| Le choc avait été si violent ! La voiture avait fait pas loin de quatre tonneaux avant de venir s'emplafonner dans l'écorce dure d'un chêne centenaire qui, lui, n'avait pas bougé d'un pouce. Cieline, elle, avait perdu connaissance après le troisième roulé boulé de la voiture. Jamais elle ne vit les charmants jeunes hommes la sortir du véhicule broyé, jamais elle n'entendit la sirène hurler l'urgence de la situation. Il n'y avait plus que les ténèbres et une impression de légèreté intense. Mais pourquoi avait-elle suivit cette lueur aux confins de son esprit ? Pourquoi, comme un papillon de nuit, avait-elle tournée toute son attention sur cette lueur lointaine ? Avait-elle cru qu'il s'agissait de la sortie du tunnel ? Alors qu'il ne s'agissait que de son entrée...
Le réveil fut au moins aussi brutal que sa perte de connaissance. Les yeux fermés, elle sentit dans son dos la présence rassurante d'un mur rugueux et, sous ses fesses, la froideur de l'asphalte. Un peu rassurée, elle se dit que finalement, tout ceci n'était peut-être qu'un cauchemar. Exténuée par les répétition et les auditions à la chaîne, elle avait dut tomber dans les pommes au milieu de la rue et faire un mauvais rêve. Tout en gardant les yeux fermés, elle écouta les bruits qui l'entouraient. Des allées et venus précipitées, des conversations pressées, des cris d'enfants, des aboiements... et des mauvaises odeurs. Elle devait sûrement s'être écroulée dans une de ces ruelles de San Francisco qui formaient une impasse et où un container à ordure laissait échapper son fumée si particulier. Pour en avoir le cœur net, elle ouvrit doucement les yeux afin de ne pas être à nouveau prise de vertige... Mais ce qu'elle vit lui donna surtout envie de vomir. Une myriade de couleurs et de formes se profilaient sous ses yeux au point qu'elle cru être encore dans un cauchemar. Du brun, du bleu, du rouge, du violet, entremêlés et s’agitant en un entrelacs complexe de formes variées et symétriques. Si Cieline n'avait pas déjà été assise contre un mur, elle serait certainement tombée à la renverse.
Elle ferma les yeux, retrouvant la pénombre paisible de ses paupières. Les ongles crispés sur le sol poussiéreux, elle se rendit compte que sa respiration avait accéléré. Qu'est-ce que c'était que ce bordel ? Elle leva un bras et se pinça si fort qu'elle en poussa un petit cri de douleur. Elle ne rêvait pas, ou alors c'était vraiment un rêve très réaliste ! Elle tenta une nouvelle fois d'ouvrir les yeux et, à nouveau, une armée de couleurs et de formes l'assaillirent. Cette fois-ci, elle s'obligea à garder les yeux ouverts, malgré cette sensation de vertige qui s'emparait d'elle dès qu'elle tournait la tête. C'était vraiment très effrayant. Elle porta ses mains à sa tête et se rendit alors compte qu'elle avait sur les yeux quelque chose de semblable à une paire de lunette. Soulagée, elle comprit que c'était ça qui lui imposait une telle vision. Elle chercha à agripper les branches mais ces lunettes étaient faites à la manière de lunettes de plongées, encadrant son crâne d'un élastique assez large et très serré. Elle passa son doigts dessous mais se rendit compte que, quel que soit le sens dans lequel elle tirait ou poussait, rien ne se passait ; c'était comme si les lunettes étaient fixées à sa tête. Paniquant de plus belle, elle s'y prit à deux mains pour tirer sur l’élastique. Elle tirait, tirait encore, poussant des cris furieux en se débattant, se retrouvant à genoux au milieu de la petite ruelle...
Au bout de dix minute d'une lutte vaine, elle était allongée par terre, les mains crispées sur ses yeux, ou plutôt sur les verres des lunettes qui semblaient bombés, tels deux gros yeux globuleux de mouche. Gémissant comme une enfant mais ne pleurant toutefois pas, elle commença à se redresser. La tête lui tournait à cause de cette étrange vision provoquée par ces grosses lunettes monstrueuses. Appuyée contre le mur, elle se releva avec précaution. Elle ne pouvait pas rester là. Si quelqu'un la voyait ainsi, on la prendrait pour une folle et, si cela venait à se savoir, s'en serait fini de sa carrière qui, cela dit en passant, n'avait pas encore été très loin... Elle fit un pas mais, dès qu'elle bougeait la tête, les formes kaléidoscopiques changeaient, lui provoquant un haut le cœur. Elle cessa donc de bouger et tenta de fixer toutes ses images colorées. Elle voyait une rue... Enfin ce qui semblait être une rue. Les images étaient entre-découpées et multipliées en des dizaines de petits morceaux qui s'imbriquaient les uns dans les autres pour former une sorte de motif qui lui faisaient penser aux alvéoles que fabriquent les abeilles. Rien que d'y songer, elle eut un frisson. Elle comprit alors, avec cette comparaison aux abeilles, qu'elle voyait les choses à la façon d'une grosse mouche... Quelle horreur ! Ces petites choses qu'elle haïssait tant allaient donc lui pourrir la vie jusqu'au bout ?
Elle entendit alors un grognement derrière elle et, par réflexe, elle se retourna d'un coup. Le défilement des couleurs et des formes lui vrillèrent le cerveau et elle sentit son estomac se soulever. Immanquablement, elle sentit son petit déjeuner remonter mais elle parvint à le retenir. La main plaquée sur sa bouche, à deux doigts de vomir, elle aperçut alors en une dizaines d'exemplaires un gros molosse aux crocs découverts qui n'avait pas du tout l'air commode. Avec précaution, elle recula, en oubliant presque l'état dans lequel elle était, et se retrouva dans une rue pleine de gens et qui, maintenant qu'ils la voyaient, ne détachaient plus leur regard d'elle lorsqu'ils lui passaient à coté. Le chien disparut dans la petite ruelle que Cieline avait quittée, la laissant là, plantée au milieu d'un monde qu'elle croyait être le sien et ne sachant pas ce qu'il lui arrivait.
Elle se mit à arpenter la rue, zigzagant au milieu des passants qui l'observaient d'un drôle d'air, ne parvenant pas à comprendre ce qu'elle voyait dans ce kaléidoscope, les mains rivées sur le plastique malléable qui lui enserrait la tête afin de le retirer... sans succès. Elle ne s'était même pas rendue compte que sa belle robe de cuir noir moulante s'était étrangement rayée de jaune, la faisant ressembler à une guêpe géante. Et les lunettes, qui lui faisaient deux gros yeux noirs, n'arrangeaient rien au tableau. |
| | | Eve M. Todrovitch
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| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Dim 8 Mai - 22:25 | |
| Eve passa une main dans ses cheveux. Ce n’était pas le moment de déprimer… elle n’en avait pas vraiment l’habitude de toute façon. Derrière les barreaux, celle qui prenait le temps de verser une larme sur son sort se faisait piétiner par les autres, et ça n’était pas du goût de la paranoïaque. Tout de même, elle ne se remettait pas du manque de convenance dont avait fait preuve l’administration de la prison… elle se vengerait un jour ou l’autre, c’était certain. Le pire était, elle le réalisait désormais, qu’ils ne lui avaient rendu ni ses effets personnels, ni ses vêtements de civils. Pour le coup, c’était intolérable, il fallait qu’elle retourne les chercher.
A peine la jeune femme eut-elle commencé à remonter l’avenue irradiée par la lumière rouge du crépuscule qu’un cri retentit. Elle fit brusquement volte face, pensant qu’on la hélait, mais en réalité, plusieurs paires d’yeux étaient braqués vers un point plus en amont. Les mines interloquées se muaient en grimaces soupçonneuses, puis en expressions de peur ou de dégout. Eve suivit les regards et aperçut à quelques rues devant elle, une inconnue qui déambulait maladroitement dans une robe rayée jaune et noir. Elle fronça les sourcils. Certes, se déguiser en guêpe de façon si handicapante pour défiler ensuite en centre-ville était totalement ridicule. Pourtant, d'après ce qu'elle savait, personne à San Francisco ne se serait arrêté pour si peu. Des excentriques, il y en avait partout… pourquoi faire une histoire d’une femme grimée en apidé ?
La détenue poussa un soupir avec un sourire en coin. Ce n’était pas ses affaires après tout. Elle avait un mauvais pressentiment, comme un goût amer qui lui asséchait la gorge depuis son réveil mystérieux dans la rue. Il fallait qu'elle en ait le cœur net et n’avait donc pas de temps à consacrer aux délires de citadins face à une abeille en talon. Certes, le monde devait sans doute être devenu fou, mais l’avantage était que l’inconnue captait toute l’attention, ce qui permit à la paranoïaque de continuer à marcher en tenue de taularde sans se faire remarquer.
Ce soulagement fut de courte durée. Quelques instants avant qu’Eve ne croise la route de Cieline, un coup de feu retentit et frôla la tête de l’apiphobe avant de briser une vitrine. Le coupable, un gros bonhomme rougeaud au front humide de sueur cria avec véhémence :
- Crève, sale voyageuse !
En une fraction de seconde, la détenue eut l’impression de recevoir un saut d’eau glacée sur la tête. Qu’est-ce que cela pouvait-il bien signifier ? Voyageuse ? D’autres cris s’élevaient progressivement, encourageant l’elipsien planté au beau milieu de la route, revolver tendu. Les yeux marron de la paranoïaque sautèrent de la victime aux métropolitains complètement fous qui louaient son lynchage. Elle comprit que cette dernière attirait leur foudre, pour une raison très obscure. Sans réfléchir un instant de plus, elle attrapa la main de Cieline et l’entraina en courant.
- Écoute moi bien, siffla-t-elle entre ses dents crispées, je ne sais pas trop ce qui se passe, mais je crois que ça ne tourne pas rond ici. Et je t’aide simplement parce que voir autant de gens se liguer contre une personne seule, ça me retourne l’estomac ! - ELLES SONT DEUX ! S’écria une voix paniquée. - Appelez la police et ne les lâchez pas ! Ordonna un timbre rauque avant qu’un second coup de feu ne retentisse.
Cette fois, la balle déchira la combinaison d’Eve au niveau de l’épaule droite et entailla superficiellement sa chair. La douleur fit simplement se pincer ses lèvres, mais la colère qui lui montait empourpra son visage en illuminant ses yeux de démence. Sans s’en rendre compte, elle serra plus fort la main de Cieline qui devait peiner à suivre sa course, handicapée par sa vision d’insecte. Cependant, la paranoïaque n’entendait pas les éventuelles plaintes de sa comparse, elle était trop occupée à fuir les coups de feu tirés par les mentors d’une foule déchainée et à ruminer sa rage. Elle se mit à marmonner en se mordant la lèvre inférieur jusqu’à se faire saigner :
- J’me vengerai… j’vous assure que je vous le ferai tous payer…
A l’angle de l’avenue, un bâtiment délabré et encerclé par des bandes jaunes attira l’œil de la taularde. Des pancartes sur lesquels était marqué « /!\ ATTENTION, BÂTISSE DANGEREUSE, CONTAMINÉE PAR LES VOYAGEURS » s’étalaient sur toute la façade. Ni une, ni deux, Eve incita sa comparse à passer sous les banderoles, et avança jusqu’à la porte abimée qu’elle enfonça d’un coup de pied. Le loquet fragile céda en arrachant un morceau de la serrure en bois. La détenue poussa Cieline à l’intérieur et entra à son tour avant de refermer la porte. Haletante, la jeune femme écoutait les rumeurs de leurs poursuivants qui approchaient tout en restant à bonne distance de l’immeuble. Des cris fusaient parfois, beuglant des injures ou des menaces, mais au moins, les tirs avaient cessés.
Eve lâcha enfin la main de sa complice d’infortune et essuya négligemment le sang qui coulait sur son menton. L’endroit n’était pas rassurant. Il faisait très sombre, la lueur du crépuscule peinant à passer à travers la fenêtre sale surplombant la porte. Il flottait une vieille odeur d’eau croupie, ainsi qu'une poussière d’âcre qui piquait le nez. Comme une toile de fond, on percevait parfois des bourdonnements étouffés, comme si l’un des appartements abritait tout un essaim de mouches. Sur les boites aux lettres vides aux battants usés, les noms étaient illisibles et un escalier dont le tapis était rongé aux mites grimpaient vers des étages obscures et glauques.
- Ils n’ont pas tellement l’air de vouloir entrer, je crois que ça ira pour l’instant.
Elle serra nerveusement les poings en faisant craquer ses jointures avant d’ébouriffer négligemment ses cheveux et de passer sa langue sur ses lèvres ensanglantées.
- Mais faut qu’on trouve un moyen de sortir d’ici… après on se chargera de faire la peau à l'un de ces malades...
Eve ne pensait déjà plus à sa liberté promise. Elle ne pouvait pas croire être à San Francisco et de toute façon, c’était trop lui demander que d’accepter d’être tirer comme un lapin sans riposter.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Lun 9 Mai - 9:40 | |
| Alors qu'elle parcourait la rue en zigzagant tant bien que mal avec sa vision déformée, un passant se dressa devant elle et pointa un revolver sur elle. Il ne se trouvait qu'à quelques mètres d'elle et il ne pouvait pas la rater, même en visant très mal. En fait, elle voyait pas loin de dix personnes identiques, tels des jumeaux et reproduisant exactement les mêmes gestes, appuyer sur la détente. Comme dans une scène au ralentit, elle vit la balle avec précision qui fonçait irrépressiblement sur elle et, un instant, elle comprit sa façon de voir. Elle se décala de quelques centimètres sur le côté en une fraction de seconde, comme mue par un instinct primaire dicté par sa vision étrange des choses, comme une mouche qui dévie toujours de sa trajectoire au bon moment lorsque l'on tente de l'attraper. Le tireur, rageant sans doute d'avoir loupé une cible aussi facile à avoir lui hurla de crever. Un peu surprise et ne comprenant pas tout à fait ce qui venait de se produire, Cieline regarda en tout sens et vit que toute la foule assemblée autour d'elle lui jetait des regard haineux. Le pire c'était qu'elle n'avait aucun moyen de s’échapper, elle était cernée, il y en avait à droite, à gauche, en bas, en haut.... Ah, zut, ça c'était à cause des lunettes... Comment savoir où ils étaient exactement ? Sa vision lui donna un nouveau haut le cœur et, alors qu'elle réprimait son envie de rendre, elle sentit quelqu'un lui agripper la main. Son premier réflexe fut de vouloir se défendre mais la jeune femme qui venait de l'attraper l’entraîna à courir tout en lui soufflant de vagues explications. Elles couraient, s'éloignant de la foule prise de frénésie tel un essaim de guêpes furieuses prêtes à piquer à la moindre occasion. D’ailleurs, un nouveau coup de pistolet retentit mais comme Cieline ne ressentit aucune douleur, elle se rasséréna. Elle n'avait pas été touchée. Mais soudain la main de l'inconnue lui broya la sienne et elle comprit que la balle avait quand même fait mouche. Espérant au fond d'elle-même que sa sauveuse ne soit pas trop gravement touchée, elle continuait de courir, les yeux fermés, faisant entièrement confiance à l'autre. Elle n'avait pas le choix. Si elle avait ouvert les yeux, elle aurait très certainement été incapable de marcher droit malgré l'autre qui la tirait.
Pas un son ne sortait de la bouche de Cieline. Elle était en état de choc et ne comprenait rien de ce qui se passait autour d'elle. Elle entrouvrit les yeux et le paysage difforme qui filait à toute vitesse la déstabilisa et elle sentit ses genoux s'affaisser. Mais la jeune femme qui la retenait avait une poigne forte et elle ne tomba pas. En revanche, elle sentit un horrible craquement et eut soudain beaucoup plus de mal à marcher. Alors qu'elles pénétraient dans un grand bâtiment sombre et délabré, elle n'avait pas vu la petite marche qui lui avait ravi son talon haut. Marchant comme une éclopée aveugle, elle se maudit. Mais une porte se referma sur le tumulte de l'extérieur, plongeant les deux jeunes femmes dans un calme presque anormal. Dehors, on entendait encore les rumeurs de la foule aux abois, mais ce qui effraya le plus Cieline, ce ne fut pas tant les gens à l'extérieur, non... car un étrange bourdonnement s'élevait des étages. Debout au milieu d'une pièce dont elle ne distinguait rien de concret, Cieline était prostrée, les mains plaquées sur ses oreilles, la voix de sa camarade ne lui parvenant plus que faiblement. Elle ne voulait pas entendre ces bourdonnements, elle ne pouvait pas les entendre ! C'était au dessus de ses forces. Un faible gémissement s'échappa de ses lèvres et elle se mit à murmurer rapidement :
« C'est ton imagination, ton imagination et rien d'autre, elles ne sont pas là, pas là du tout, elles ne sont pas là... »
Elle relâcha ses oreilles et, comme une folle furieuse, elle tenta une nouvelle fois de s'extirper de ces lunettes affreuses qui déformaient sa vision en tirant sur le caoutchouc qui ne bougeait pas d'un pouce. S'agenouillant pour ne pas perdre l'équilibre à cause de son talon manquant, elle tirait en pestant :
« Saloperie ! Tu vas t'enlever oui ! Enlève-toi ! En-lè-ve-toiiiiiiiiiii !!!!!
Elle distingua à nouveau les bourdonnement dans les étages et elle eut la chaire de poule. Elle se mit alors à hurler comme une démente :
« ET VOUS FERMEZ-LA !!!!!!!!!! »
L'hystérie commençait à s'emparer d'elle. Elle devait se calmer à tout prit sinon, qui sait ce qu'elle serait capable de faire... |
| | | Eve M. Todrovitch
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| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Lun 9 Mai - 11:38 | |
| L’inconnue ne semblait pas l’avoir écouté. D’un air d’abord ébahi, Eve observa sa consœur se battre vainement avec ses lunettes qui refusaient apparemment de s’écarter de ses yeux. Bien que ce fût un fait des plus étranges, elle ne put s’empêcher d’être interloquée par le comportement acharné de Cieline.
- Et dire que c’est moi qui vois un psy, marmonna la détenue.
Soudainement, l’apiphobe se prit à hurler comme une démente à l’adresse une présence invisible. Surprise par son accès de folie, mais surtout agacée de la voir à se point perdre ses moyens, la paranoïaque se jeta sur elle pour lui plaquer fermement une main sur la bouche en lui étreignant un bras. Les indénombrables facettes de sa paire de lunette la troublaient, de sorte qu’elle ne savait pas exactement où fixer son regard glacé, mais ça ne la déstabilisa pas.
- A quoi tu joues là ?! T’essayes de nous faire tuer ? Sois discrète et boucle-là, ok ?!
Eve maintint sa prise un certain temps puis, quand sa comparse eut l’air calmée, elle s’écarta et se redressa pour essayer de détailler les alentours désormais que sa vue s’était habituée à l’obscurité. Les lieux semblaient être à l’abandon depuis un bon moment. Quelques points d’ombres minuscules déambulaient avec légèreté, certainement des mouches. Malgré les rumeurs venant de la rue qui ne s’atténuaient pas, il régnait dans l’immeuble un silence étouffant et pesant. Ce genre d’endroit délabré ne pouvait pas se tenir à San Francisco… c’était inconcevable.
- Vient, il faut qu’on s’éloigne de la porte, reprit la détenue d’une voix légèrement plus calme. Tu devrais enlever tes chaussures carrément… mais fait attention où tu mets les pieds.
La paranoïaque avançait déjà vers les marches fatiguées et totalement obscures. Elle chercha l’interrupteur de la minuterie à tâtons, presque sans espoir. Lorsqu’elle l’eut trouvé, les lieux s’illuminèrent pourtant d’une lumière jaunâtre qui l’éblouit un instant. Dérangé par cet éclairement soudain, tout un cortège de cafards ayant envahi l’escalier se dispersa avec frénésie. Surprise par cette cascade inattendue, Eve bondit maladroitement en arrière et tomba sur le sol roide et poussiéreux. Elle roula sur le coté pour éviter les blattes marronnâtes, mais cela n’en empêcha pas quelques unes de lui grimper dessus. La jeune femme se débattit vivement pour s’en débarrasser, dégoutée à la simple idée qu’ils soient en contact avec sa combinaison orangée. Deux énormes spécimens s’étaient emmêlés dans ses cheveux, elle dut les en arracher à pleines mains, grognant d’écœurement.
Lorsqu’elle put enfin se remettre sur ses pieds, elle prit plusieurs fois son inspiration bruyamment pour se calmer, puis fixa les étages supérieurs avec méfiance. L’ampoule clignotait par moment, et durant certaines des fractions de secondes plongées dans l’obscurité, Eve avait l’impression de voir s’intercaler des silhouettes blanches légèrement luminescentes. Elle fronça les sourcils puis cligna des yeux en lâchant autant pour elle-même que pour Cieline :
- Des fois, j’aurais presque envie de croire à toutes ces conneries… y’a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond.
Les bourdonnements étaient toujours perceptibles dans le lointain, diffus dans les étages sinistres. A l’extérieur, des sirènes de police se faisaient entendre, approchant semblait-il à grande allure de l’immeuble où s’étaient réfugiées les voyageuses. Inutile de tenter de discuter avec eux, particulièrement dans sa tenue de prisonnière. La paranoïaque savait comment les hommes de loi réagissaient avec les gens comme elle : elle serait tout bonnement ignorée, humiliée, puis renvoyée sans ménagement au pénitencier en passant par un procès à la limite de l’absence totale d’équité.
Son poignet se mit à la démanger. Croyant qu’il s’agissait d’un cafard qui était resté caché dans sa manche, Eve secoua vivement son bras en espérant le déloger, mais bien que la sensation s’estompa, elle ressentait toujours une lourdeur inhabituelle. La détenue retroussa sa manche, grimaçant à cause de son mouvement trop brusque qui avait réveillé sa blessure à l’épaule, et découvrit une grosse montre fabriquée dans un plastique vert parfaitement immonde. L’écran n’affichait rien, mais l'appareil émit brusquement des bips sonores qui résonnaient dans la cage d’escalier vide. Ils étaient espacés de plusieurs secondes, mais l’écart semblait se rétrécir au fur et à mesure que les sirènes de police se faisaient proches.
- Qu’est-ce que c’est que cette blague… ?
La jeune femme essaya de s’en débarrasser mais comme les lunettes de sa comparse, elle refusait totalement de se décrocher de son poignet. De plus en plus intriguée et sans quitter son gadget des yeux, elle déclara à l’adresse de Cieline :
- Je ne sais pas ce qui se passe mais… si tu veux mon avis, on a intérêt à se tirer d’ici. On peut essayer de trouver une issue de l’autre coté… sinon, il restera toujours les égouts.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Lun 9 Mai - 19:50 | |
| Une main vint lui enserrer la bouche. Cela eut l'effet d'une douche glacée et Cieline sentit ses poils se hérisser. Lorsqu'elle comprit que c'était en fait sa nouvelle 'copine' qui lui ordonnait vivement de se taire, elle se calma un peu. C'était étrange, elle était si proche que ses yeux étaient énormes ! Comme grossis par une loupe et...difformes. Au lieu de lui apparaître en amande, ils semblaient ronds comme des billes. Lorsqu'elle fut à nouveau libre de ses mouvements, Cieline comprit la réaction de l'autre. Des cris retentissaient encore dehors, menace planant au dessus de leur tête comme une épée de Damoclès. S'ils forçaient l'entrée, elles étaient cuites. Mais que lui voulaient ces gens ? Elle ne comprenait pas vraiment leur réaction. Ils lui avaient tirés dessus ! Ils avaient voulu la tuer , elle ! C'était incompréhensible. Sous les conseils de sa sauveuse, elle retira ses chaussures... puis, se ravisant, elle les renfila et cassa son deuxième talon. Sa démarche serait étrange mais au moins, elle ne serait pas pieds nus. Une mouche vint alors voleter devant ses yeux et sa première réaction fut de se crisper. Mais lorsqu'elle se rendit compte que ce n'était qu'une mouche inoffensive, elle la chassa d'un geste nonchalant de la main. Pendant ce temps, l'autre jeune femme avait trouvé l’interrupteur et la lumière baigna la pièce de son halo inconstant. Cieline vit alors une armée de choses grouillantes se jeter sur son amie qui en tomba à la renverse. Avec peine, elle reconnu ce qui semblait être des cafards.
« Beurk... » fit-elle, compatissante pour la jeune femme qui se relevait, dégoûtée.
Au loin, une sirène retentit... La police ? Mais venait-elle en amie ou en ennemie ? A en juger par la réaction de l'autre, cette sirène ne présageait rien de bon. L'urgence de la situation fit même oublier à Cieline le bourdonnement incessant des étages supérieurs.
La jeune femme qui se tenait tout proche de Cieline commença alors à se débattre avec quelque chose sur son poignet. A y regarder de plus près... c'était vert, gros et ne semblait pas vouloir se détacher. Des bips en émanaient, de plus en plus pressants, comme un détecteur de métaux.
A la dernière suggestion de sa nouvelle amie, Cieline tenta de la regarder droit dans les yeux mais cela lui sembla impossible à faire, la jeune femme lui apparaissant en des dizaines d'exemplaires. Elle se prit la tête dans les mains et répondit tout en fermant les yeux.
« Pour les égouts ça va être dur, je ne vois rien avec ces lunettes immondes ! Sans toi je n'aurais même pas réussi à atteindre cet endroit. C'est un vrai kaléidoscope, je te vois en dix fois ! Tu te rends compte ? C'est quoi ces conneries ? Et puis c'est quoi ces bip bip ? » ajouta t-elle alors que le bracelet de la jeune femme devenait fou. « Qu'est-ce qu'ils nous veulent à la fin ? » gémit-elle, découragée.
Dehors, la sirène se tut. La camionnette... non, il devait y en avoir plus d'une car trois portes claquèrent avec trop de distance pour appartenir au même véhicule. Figée, Cieline écoutait les pas se rapprocher. Ses yeux lui faisant défaut, elle se concentra sur son ouïe et distingua trois mots
« ...elles sont foutues... »
Elle poussa un petit cri de panique et saisi la jeune femme par le bras, enfin... elle essaya... au bout de trois essais à brasser le vide, elle trouva le bras de l'autre et l’entraîna vers le coté de l'escalier, le long d'un petit couloir faiblement éclairer. Elle touchait le mur de son autre main pour ne pas rentrer dedans et ne pas zigzaguer puis, tout au bout du couloir, elle trouva ce qu'elle cherchait, ce qui semblait être une porte, juste au bas d'autres escaliers.
« Par là... ça devrait mener aux locaux et il y a toujours une lucarne pour aérer. On est pas bien grosses, on devrait passer. » Elle regarda les escaliers... hors de question d'aller se piéger dans les étages. Si elles montaient, elles étaient mortes. Elle avait vécu un certain temps dans ce genre d'immeuble et elle espérait qu'ils soient tous plus ou moins construits sur le même model. Elle laissa le soin a son amie de passer la première.
« Tu vas devoir me guider. » fit-elle en désignant la porte. |
| | | Eve M. Todrovitch
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| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Mar 10 Mai - 9:28 | |
| Eve grimaça à l’écoute de la réticence de sa compagne à rejoindre les égouts. Dans leur situation, il s’agissait sans doute de l’issue la plus sûre, car rien ne garantissait que l’immeuble ne serait pas encerclé dans une quinzaine de minute. Bien que l’idée de partir seule l’ait effleuré, livrer une jeune femme qui avait l’air de toute sauf d’une coupable ferait d’elle une criminelle au même titre que les fous qui la poursuivaient… et elle n’était pas de ce genre là.
- Si je savais ce qu’ils nous veulent, je ne serai peut-être pas ici tiens. Quant aux questions relatives à nos accessoires respectifs, on remettra ça à plus tard ok ?!
A l’extérieur, les sirènes de police se turent. Un silence lourd semblait être tombé sur l'avenue, réduisant les rumeurs bruyantes à de simples murmures grondant. Paradoxalement, l’écart séparant les alertes du bracelet porté par la détenue continuait de se réduire. Eve plaqua une main sur le cadran en espérant étouffer son bip sonore, mais l’effet ne fut pas probant. Cieline s’agrippa maladroitement à son bras avant de lui dicter des initiatives. Soit, ça ne les sauverait certainement pas pour très longtemps, mais au moins, elle se rendait plus utile que lorsqu’elle hurlait comme une possédée.
La paranoïaque se laissa guider un moment, puis l’apiphobe lui annonça qu’elle allait devoir passer la première. La russo-américaine fronça les sourcils en dévisageant les lunettes grotesques de son acolyte :
- Tu n’essaierais pas de faire en sorte que je te serve de bouclier par hasard ?
Elle n’eut le temps de recevoir aucune réponse, car une voix grasse amplifiée par ce qui devait être un mégaphone parvint jusqu’aux fuyardes :
- Voyageuses, vous êtes ici à Elipse, et votre présence n’est pas la bienvenue ! Selon notre loi, toute personne de votre espèce sera capturée et condamnée à la prison ou aux travaux forcées. Toute forme résistance sera punit par la mort pure et simple. Rendez-vous immédiatement, il en va de votre interêt !
Eve n’en croyait pas ses oreilles. Ainsi, ses doutes saugrenus étaient confirmés : cette ville qui lui semblait pourtant incroyablement familière, n’était pas San Francisco. Que signifiait alors cette mascarade ? Une séance d’hypnose et… elle se réveille dans une métropole qui veut la tuer ? C’était un coup monté du chef de la prison, c’était certain. Ils allaient tous en prendre pour leur grade quand elle rentrerait, à commencer par cette pimbêche de psychiatre à deux pièces. Ils paieront tous.
En attendant, la paranoïaque devait se sortir de sa situation délicate. Ce monde était manifestement aussi pourri, voire plus, que celui d’où elle venait. Même si la théorie de la dimension parallèle paraissait inacceptable pour un esprit rationnel comme le sien, elle devait admettre que c’était celle qui sonnait la plus juste pour définir ce qui lui était arrivé. Et puis, ce serait bien le genre des étasuniens de tester leurs inventions secrètes sur des prisonniers comme elle. Qui se soucierait de sa disparition ? Personne.
La minuterie choisit cet instant pour s’éteindre et plonger les deux jeunes femmes dans le noir. Eve sursauta et scruta vivement les ténèbres épaisses pour dégoter un autre interrupteur. La ritournelle stridente de son bracelet l’agaçait si bien qu’elle finit par siffler rageusement « ferme-là ! » et, contre toute attente, l’appareil disparut aussi vite qu’il s’était manifesté, laissant les deux comparses dans un silence glauque.
En tâtonnant proche de la porte, la détenue trouva un autre bouton de minuterie, mais il était cassé. Les voyageuses restèrent donc dans le noir, malgré l’obstination de la paranoïaque, qui défoula sa colère en défonçant la porte à coups de pieds aveugles. Cette dernière céda avec facilité, déjà usée par la rouille et les nuisibles. Plusieurs couinements se firent entendre, combinés à de minuscules bruits de pattes griffus sur le sol dur. Eve crut même sentir quelque chose lui effleurer les chevilles, ce qui lui tira un frisson désagréable.
- Des rats…, souffla-t-elle.
A quelques mètres, sur le mur de droite, un interrupteur brillait, signe qu’il fonctionnait. La détenue aurait bien aimé ne pas être forcée d’y parvenir, mais à l’extérieur, les forces de l’ordre sommaient un dernier avertissement avant la prise de mesures extrêmes. Grimaçant, la russo-américaine fit un premier pas, sentant se bousculer sous ses pieds une foule de rongeurs crasseux qui protestaient avec vigueur. Certains s’agrippaient à son bas de combinaison pour tenter de lui mordre la cheville, mais Eve avait tôt fait de les éjecter d’un mouvement brusque.
- T’as intérêt à avoir raison, menaça-t-elle. Parce que je ne ferai pas ça pour me faire bloquer au bout d’un cul de sac…
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Mer 11 Mai - 8:59 | |
| Alors qu'elles s’apprêtaient à passer la porte, une voix amplifiée se fit entendre. Cieline en eu des frissons. Ils leur en voulaient vraiment, mais pourquoi ? Qu'avaient-elles fait de mal ? Cieline commençait de plus en plus à douter qu'elle soit vraiment à San Francisco. Tout était beaucoup trop farfelu. Elle l'avait peut-être bel et bien eu son accident de voiture et là, elle devait être en plein délire post-traumatique. Ou alors elle ne s'était pas encore réveillée du choc et elle rêvait... Oui, ce ne devait être qu'un rêve... Mais alors pourquoi avait-elle eut mal lorsqu'elle s'était pincée le bras dans cette ruelle ? Et pourquoi tout lui semblait-il si réel ?
La lumière s’éteignit, sortant Cieline du fil de ses pensées et la ramenant à la 'réalité'.
« Eh merde » murmura t-elle à part.
Puis les bips incessants du bracelets de la jeune femme cessèrent, laissant planer un silence angoissant. Un grand bruit retentit alors et Cieline laissa échapper un petit cri avant de comprendre que ce n'était que l'autre qui venait de défoncer la porte qui menait aux locaux communs de l'immeuble. Des rats remontèrent alors, affolés par le bruit soudain, n'hésitant même pas à leur passer sur les pieds.
« Beuh... C'est de pire en pire » se plaignit Cieline, dégoutée.
Alors que sa nouvelle amie l'avertissait qu'elle ne souffrirait pas de se retrouver coincer au bout, elle appuya sur l’interrupteur qui fonctionnait. Cieline referma ce qu'il restait de la porte derrière elles et commença à descendre l'escalier glauque derrière la jeune femme, se tenant à son épaule pour ne pas tomber. Les marches lui apparaissaient grosses et incurvées... Comment ne pas se casser la figure dans ces conditions ? Quelles lunettes horribles ! Qui avait bien put les lui fixer sur le crâne ? Et pourquoi ?
Une fois arrivées en bas, Cieline distingua un long couloir avec, de chaque côtés, des locaux grillagés dont certains contenaient encore les effets personnels de quelque personne, protégés par de gros cadenas rouillés. Et, tout au bout de ce couloir, une faible lumière perçait encore de l'extérieur. La lucarne était étroite, mais en se contorsionnant un peu, elles passeraient. Il leur faudrait se faire la courte échelle par contre.
Elles ne mirent pas longtemps à atteindre la petite fenêtre située en haut du mur et Cieline, fière de ne pas s'être trompée... enfin, surtout rassurée, clama :
« Tu vois ! J'avais raison, on va pouvoir sortir. Et avec un peu de chance, cette fenêtre mène normalement à la cour commune de l'immeuble. On n'aura qu'à escalader le mur pour s'enfuir sans que personne ne nous voit. Ça m’étonnerait beaucoup qu'ils aient aussi encerclé les murs du jardins. Ils ne nous pensent certainement pas capables de nous échapper par là... »
En tout cas, elle l'espérait de tout cœur. Le problème à présent, c'était de réussir à ouvrir la lucarne rectangulaire qui semblait solide et plus rouillée qu'autre chose. Mais vu la façon dont sa nouvelle amie avait défoncé les portes, elle ne se faisait pas trop de souci, elle trouverait bien un moyen, subtil ou forcé... |
| | | Eve M. Todrovitch
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| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Mer 11 Mai - 11:44 | |
| Eve appuya enfin sur l’interrupteur et les derniers rats s’échappèrent en couinant. Un escalier sinistre s’offrait aux jeunes femmes, les rampes rouillées et tordues semblaient amollies par l’humidité ambiante. L’odeur flottante mêlant moisissure et excréments de rongeurs était insupportable, mais il n’était plus question de faire marche arrière. Une fois en bas, un long couloir éclairé par des ampoules clignotantes pendues négligemment au plafond menait à une petite lucarne par laquelle passait la lumière rougeoyante du crépuscule. La détenue aurait bien récupéré quelque chose dans les locaux, mais ils étaient fermés par de gros cadenas qu’elle n’aurait pas le temps d’essayer d’ouvrir.
Elle s’approcha donc du mur en haut duquel trônait leur issue salvatrice, puis aida Cieline à grimper sur le rebord, avant de l’y rejoindre. Désormais qu’elles étaient parvenues à ce stade, la fenêtre dont le loquet rouillé refuserait certainement de bouger demeurait leur dernier obstacle. De son coté, l’apiphobe se lançait dans un monologue grâce auquel elle s’envoyait des fleurs et programmait la suite des évènements avec une certaine naïveté qui aurait pu faire sourire la paranoïaque si elle n’était pas encore en danger de mort.
- Dis-moi, rétorqua-t-elle sèchement, tu n’as jamais eu l’occasion d’avoir vraiment affaire aux flics n’est-ce pas ?
La jeune femme poursuivit avant de laisser le temps à sa comparse de répondre.
- Tant qu’ils n’ont pas attrapé ce qu’ils cherchent, ils peuvent se montrer teigneux. Pas forcément méticuleux justement, mais ils font preuve d’une organisation grossière qui fait que leur échapper est d’autant plus difficile… ce n’est jamais un jeu, et encore moins ici. Alors on se félicitera lorsqu’on sera vraiment en sécurité, et ailleurs que derrière les barreaux.
Eve crut entendre un bruit étouffé en provenance du hall de l’immeuble. Refusant d’attendre pour savoir si ses craintes étaient fondées ou si elles n’étaient que le fruit de son imagination, elle prit son inspiration et mit un violent coup d’épaule dans la vitre. La douleur remonta jusqu’à lui vriller les tempes. Sa position n’était pas des plus confortables, mais elle réitéra l’opération avec une obstination enragée. Au troisième essai, le cadre rouillé de la fenêtre émit un craquement ; au cinquième, il se tordit en fendant légèrement la vitre ; et au neuvième, l’issue fut dégagée dans un concert de bris de verre. La russo-américaine devait serrer les dents pour ne pas que la souffrance qui lui irradiait tout le bras droit lui fasse pousser des hurlements exutoires. Elle incita sa comparse à sortir la première, puis se contorsionna à son tour pour s’extirper tant bien que mal.
Les deux voyageuses avaient effectivement rejoint la cour de l’immeuble. Les quelques plantes laissées en friches avaient poussé de façon désordonnée. Certaines avaient été asséchées par le soleil, d’autres avaient rendu l’âme par manque de nutriments. Eve sillonnait rapidement les sentiers dallés en tenant son épaule meurtrie qui allait certainement être marquée d’un énorme hématome. Ses cheveux noirs collaient son visage à cause de sa sueur et de la poussière grise s’était déposée sur ses cils. Alors qu’elle se demandait si elle parviendrait à escalader l’un des murs avec un bras handicapé, elle aperçut l’un d’eux, éventré et donnant sur une grande place percée d’un cratère énorme.
Surprise, la détenue enjamba les débris de l’enceinte, puis contempla le désastre un brève instant. La route avait été fendue et rendue impraticable, plusieurs boutiques dont les vitrines avaient volé en éclat étaient abandonnées ou flanquées de pancartes annonçant un déménagement ou une fermeture prolongée pour cause de travaux de rénovation. Eve vit une station de métro dont l’accès aux escaliers était obstrué par des barrières orange sur lesquels des panneaux informaient que la ligne était pour l’instant hors service.
- Là-bas ! S’exclama la paranoïaque.
Elle aida Cieline à traverser la rues endommagée, écarta les obstacles afin qu’elles passent, puis les remit en place avant de descendre l’escalier sombre. Une fois parvenues en bas et passés les tourniquets en panne, les deux jeunes femmes auraient été dans le noir total si les spots placés de façon régulière au dessus de la voie ne projetaient pas une série de halos blancs fantomatiques sur les rails crasseuses et sur le quai désert. Ici, les rumeurs de la foule et des équipes de police s’étaient tues. Avisant un banc couvert de poussière, Eve s’y assis s’en prendre la peine de l’essuyer, et poussa un soupir de soulagement :
- Je pense qu’ici, ça ira pour le moment.
Mais à peine eut-elle fini sa phrase qu’elle sursautait. Sur le quai d’en face, une silhouette maigrelette semblait s’être redressée pour les épier… à première vue, il s’agirait d’un garçonnet ou d’une fillette à l’air aussi égaré que l’étaient les deux brunes.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Mer 11 Mai - 15:22 | |
| Pourquoi ? Pourquoi avait-il fait ça ?! Aloïs ne savait pas nager et toute cette eau contaminée qui entrait dans son corps. Son T-shirt blanc lui collait à la peau, ça y est, l’eau le touchait, l’entourait ! Il la sentait s’engouffrer dans sa gorge, remplir ses poumons, et ses doigts se crispaient dans les vagues agités de la piscine. Il voyait trouble, sa poitrine se soulevait aux faibles convulsions de son cœur. Il allait mourir c’était sûr ! S’il ne mourait pas noyé, l’eau l’empoisonnerait ! Mais… son frère, pourquoi ne l’aidait-il pas ? Aloïs apercevait grossièrement sa silhouette à la surface de l’eau, mais il ne bougeait pas. Ce débattre ne servait à rien et tandis qu’il sentait son corps s’engourdir, le garçon tendit la main tout en brisant la dernière bulle d’air qui remontait furtivement vers la liberté. Aloïs aurait tant aimé être une bulle lui aussi. Il serait remonté doucement à la surface puis serait sorti de l’eau. Mais il n’en était pas une et il allait probablement mourir effrayé au fond de cette piscine.
Ploc….ploc….ploc….ploc….ploc
Un bruit étrange et pourtant familier résonnait aux oreilles d’Aloïs. Il se répétait de façon régulière et à chaque fois, le jeune garçon sursautait nerveusement. Mais ce n’est pas tout, un froid glacial avait envahi son corps et il sentait dans son dos les pavés durs d’une ruelle. Aloïs bougea les doigts et effectivement, c’était bien de la pierre. Le jeune garçon ouvrit doucement les yeux. Il apercevait de gigantesques bâtiments et une fumée épaisse s’échappant du conduit de ce qui semblait être une cheminée. Il se redressa difficilement, pour être finalement assis. Se frottant la tête d’une main, il se rappela alors la piscine, l’eau et….plus rien… Aloïs tata ses vêtements mais ils n’étaient pas mouillés, ni même ses cheveux. Pourtant il se revoyait bien, tombant dans la piscine de l’hôtel. Mais finalement, peut-être était-il mort. I n’y avait pas d’autre explication logique, du moins pour l’instant. Le garçon se leva sur ses jambes, puis observa les alentours à la recherche de quelqu’un. Tout ce qu’il vit, ce fut des poubelles, cette ruelle en était remplie. C’est alors qu’Aloïs vit passer ce qui lui parut être une voiture. La ruelle donnait sur une plus grande rue et il entreprit de s’y diriger. Effectivement, il se retrouva noyé dans une foule de passant. Lui qui détestait qu’on le touche, il se colla au mur d’un immeuble. Il leva alors les yeux pour savoir où il était. Mais tout ce qu’il vit, ce fut des immeubles, encore des immeubles et l’astre rougeoyant qui se couchait paisiblement sur d’autres gratte-ciel. La nuit commençait à tomber et le jeune garçon n’avait pas la moindre d’idée de l’endroit où il se trouvait. De nature très peureux, Aloïs commença à paniquer. Cette grande ville devait être San Francisco, mais comment retrouver son hôtel ? Le garçon décida de demander son chemin. Mais les gens qui marchaient dans la rue n’avaient pas l’air de l’écouter. Ils étaient tous très pressés et ne prêtaient pas attention à ce petit agneau égaré. Aloïs se frotta le visage et se rendit compte que quelque chose était écrit sur sa main. C’était une adresse, celle de son hôtel, mais le nom de ce-dernier était à moitié effacé. Le garçon aperçut alors un homme devant une vitrine. Il décida de l’interpeller. Peut-être que cette personne saurait où se trouve son hôtel.
-Sil vous plait … vous savez où se trouve cet endroit ?
Aloïs lui montra la paume de sa main où figurait l’adresse et croisa les doigts pour que cet homme puisse l’aider. Mais la réponse qu’il reçut fut des plus étrange :
-Euh… oui, c’est le grand terrain vague qui se trouve quelques rues plus loin. Il vous suffie de tourner à gauche au bout de la rue puis de traverser encore une autre rue et vous êtes arrivé, lui expliqua-t-il en pointant le doigt dans une direction.
-Merci…
Un terrain vague ? Il se moquait de lui ? Apparemment, il ne connaissait pas du tout l’endroit cet homme. Mais Aloïs intrigué, suivit tout de même l’itinéraire que la personne lui avait donné. En à peine 15 minutes, il arriva dans la rue du soit disant terrain vague. Le jeune garçon hésita au milieu de son chemin, puis bien décidé se remit en route. Il fut horrifié par ce qu’il vit. Un large carré d’herbe et de terre rêche, aucun bâtiment à l’horizon, un véritable trou au milieu de la ville. Aloïs remarqua alors quelque chose, une pancarte plantée devant le terrain vague, bancale et apparemment peu solide. Le garçon s’en approcha et la frotta d’une main pour en enlever la poussière. Il eut à peine le temps de lire ce qui y était écrit qu’elle s’effondra sur le sol. Il y était inscrit la même adresse que celle griffonnée sur sa main. Mais peut-être avait-il fait une erreur ? Après tout il l’avait écrit là pour ne pas l’oublier mais il l’avait peut-être mal recopiée. Impossible. Mais alors… où était l’hôtel ? Aloïs resta figé devant cet endroit étrange, les yeux écarquillés, bouche-bée. Que devait-il faire ? Il ne savait pas où aller, il ne savait pas où il était et il était tout seul. Aloïs se mit à errer dans les rues, déambulant d’un pas mal assuré sur le trottoir éclairé par la lumière agressive des lampadaires. La nuit était tombée, avec son armée de ténèbres et le garçon commençait vraiment à avoir peur. Il s’adossa sur des barrières oranges, exténué par le désespoir. Mais soudain, il entendit un grincement étrange et sentit son corps basculer vers l’arrière. Il ne put se rattraper et il dévala des escaliers, pour enfin atterrir sur du bitume humide et glacé. Aloïs avait très mal et se tint le bras comme pour étouffer la douleur. Il se frotta le dos, les jambes et les bras pour se débarrasser de toute la poussière qui s’était collée sur lui. Mais où était-il encore tombé ? Il se maudit pour être si maladroit, puis scruta les environs. Il y avait des sortes de tourniquet argenté qui d’ailleurs ne tournaient plus. Pour il ne savait quelle raison, Aloïs passa au-dessus et retomba une nouvelle fois. Il pesta des choses incompréhensibles avant de continuer son chemin. Après quelques pas, il se dessina sous ses yeux une longue ligne de métro. Les rails rouillés serpentaient sur plusieurs mètres avant de disparaître dans un énorme trou noir. L’endroit était éclairé par des spots grossiers qui baignait l’espace dans une lumière blanchâtre. Aloïs s’apprêtait à faire demi-tour lorsqu’il entendit du bruit. Deux femmes arrivèrent puis s’assirent sur un banc. Elles se tenaient de l’autre côté de la voie et ne semblaient pas encore l’avoir vu. Enfin si, l’une des deux femmes le fixait. Il fit un pas en arrière, puis finalement leur demanda de l’aide.
-Sil vous plait aidez-moi ! Je suis perdu ! Je ne veux pas rester tout seul !
Aloïs remarqua alors quelque chose de très bizarre. Les deux femmes portaient des vêtements des plus étranges. L’une était vêtue d’une robe à rayures jaunes tout à fait ridicule et semblait porter de grosses lunettes globuleuses et l’autre d’une tenue de prisonnier. Avait-il bien fait de leur demande de l’aide ?
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Jeu 12 Mai - 15:35 | |
| Enfin à l'air libre ! Cela semblait presque trop beau. Mais il leur fallait maintenant quitter la petite cour décrépite. La jeune femme avait fait preuve d'un acharnement qui avait presque réussi à effrayer Cieline en cassant la lucarne. Elle se tenait maintenant l'épaule, signe évident que tout avait un prix... Le mur à moitié éboulé leur permis de passer sans encombre. Lorsqu'elles se retrouvèrent dans la rue, Cieline cru à un tableau apocalyptique. Il n'y avait pas âme qui vive et tout semblait en piteux état. Comme si Dieu lui-même s'était penché sur le monde pour détruire d'un revers de la main la moindre chose se trouvant là. Un calme peu rassurant baignait les environs et Cieline fut tirée de sa contemplation (rendu ardue par ses lunettes) lorsque son amie la saisi par le bras pour la conduire vers le métro.
Une fois qu'elles furent arrivées en bas, la situation sembla un peu moins désespérée. La jeune femme s’assit même sur un banc couvert de poussière. Mais Cieline capta un mouvement sur sa droite. Infime dans cette lumière tamisée et lugubre. Ses nouvelles lunettes l'empêchaient de voir normalement, mais en échange, il semblait qu'elle soit capable de voir à 180 degrés sans avoir à tourner la tête, et le moindre mouvement était capté avec plus de vigilance. Rien ne pouvait plus lui échapper, comme une mouche impossible à attraper et qui semble toujours prévoir nos moindres mouvements, Cieline voyait à présent les choses avec plus de précision, sa vue étant exacerbée. Mais elle était très loin de comprendre totalement ce que tout cela impliquait. Elle savait maintenant comment ces lunettes fonctionnaient mais il lui faudrait beaucoup d’entraînement pour ne plus se casser la figure en marchant sur le sol qui lui apparaissait incurvé...
Pour l'heure, une petite silhouette se profilait sur le quai d'en face, chétive et pour le moins effrayée. Sa voix s'éleva alors, résonnant à travers le métro vide de monde. C'était un garçon mais il avait encore cette féminité de chérubin que conservent certains enfants. Cieline ne put s’empêcher de sourire et, sans même consulter sa nouvelle amie, elle s'engagea vers l'autre côté.
Lorsqu'elle commença à s’approcher du gouffre que représentait la ligne de métro, elle cru voir l'enfant reculer, peut-être de peur ou par méfiance. Elle s'exclama donc, dans le but de le rassurer :
« Ne t'en fait pas, nous sommes un peu perdues nous aussi, on va t'aider, ne bouge pas je te rejoint. »
Elle s'assit sur le bord de la ligne de métro et se laissa tomber au fond. Le rebord arrivait au niveau de son menton et elle se demanda si elle avait fait le bon choix, elle allait avoir du mal à remonter. Elle ne vit pas le rail et trébucha dedans ce qui la fit perdre le peu d'équilibre qu'elle avait encore et elle chuta.
« Ouch... » souffla t-elle en un murmure. *ça fait mal ça...* songea t-elle en se redressant doucement et en époussetant ses mains pleines de poussières et d'autres choses sur sa robe bicolore. Ce ne fut qu'à cet instant qu'elle rendit compte du ridicule de sa tenue.
« QUOI ? » hurla t-elle, affolée « Mais depuis quand ma robe est comme ça ? C'est quoi ce cirque ? Qui a fait ça à ma robe ? Qui a fait ça !!!!!!! »
Elle ne détachait plus son regard de son vêtement et elle sentit des larmes lui monter aux yeux. Non seulement on l'avait affublée d'une paire de lunettes qui aurait sied à merveille à la créature de Frank Einstein, mais en plus, on avait teint sa robe de telle sorte qu'elle avait l'allure d'une grosse guêpe ! C'était injuste, elle n'avait jamais rien fait de mal à personne, elle était gentille, serviable... Bon elle se mettait parfois en colère mais qui pouvait se venter de ne jamais s’énerver. Elle ne méritait vraiment pas ce qui lui arrivait. L'injustice de la situation la vida de tout son courage et elle se laissa retomber sur le sol, des larmes chaudes s’échappant de dessous ses lunettes. Si quelqu'un lui parlait, elle n'entendait pas, trop encrée en elle-même, trop concentrée sur ses lamentations, gémissant comme une enfant. Ce qui la ramena au monde présent, ce furent deux points lumineux qui s’approchaient d'elle en sifflant rageusement. Le métro n'était-il pas condamné ? Et elle qui se trouvait prostrée au milieu des rails ! Ses forces lui revinrent d'un coup... l'adrénaline sûrement, elle se remit debout à une telle vitesse qu'elle en eu le vertige. Mais elle ne serait jamais assez rapide pour remonter à temps... Elle n'allait tout de même pas mourir ici, affublée de la sorte et sans connaître le fin mot de l'histoire ! C'était trop bête. |
| | | Eve M. Todrovitch
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| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Jeu 12 Mai - 16:52 | |
| L’inconnu se révéla être un petit garçon semblait-il tout aussi égaré que les jeunes femmes. Néanmoins, Eve fronça les sourcils en le dévisageant avec méfiance. Et s’il était avec la bande qui les avait poursuivit ? Peut-être venait-il jouer les éclaireurs pleurnichards pour les conduire à se faire arrêter en bonne et due forme ? En maitresse des opérations, la détenue leva vaguement une main en direction de Cieline en murmurant :
- T’approche pas… on n’est pas encore sûres qu’il soit clean…
Malheureusement, l’apiphobe ne l’écouta pas un instant. Attendrie, elle s’avança immédiatement en rassurant l’adolescent et descendit sur les voies. Bouche bée devant la naïveté de sa comparse, la russo-américaine resta figée par la surprise pendant plusieurs secondes. Lorsqu’elle se leva pour aller retenir son acolyte en lui faisant entendre raison, celle-ci s’écroula maladroitement sur les rails et se mit à hurler que quelqu’un avait vandalisé sa robe. Pour Eve qui avait l’habitude de fréquenter des prisonnières, cette hystérie inconvenante lui tapait sérieusement sur le système.
- Ferme là, espèce d’idiote ! lui cria-t-elle en la rejoignant.
Ceci fut certainement une grossière erreur. Contre toute attente, un sifflement se fit entendre, et les phares d’un wagon de métro se découpèrent dans le tunnel sombre qui faisait face aux protagonistes. Les reflets lumineux jaunes épousaient les murs, précédant le véhicule en rendant son approche plus tangible encore. Eve n’avait pas envie de savoir si le conducteur les verrait à temps, tout comme elle n’avait pas envie que sa vie se termine à cet instant pathétique. Lorsque sa partenaire se fut jetée sur ses pieds, elle l’enlaça à la taille grâce à son bras valide et l’écarta vivement de la ligne que suivait le train jusqu’à la plaquer au quai opposé qui jouxtait la voie libre. La paranoïaque ne sut pas s’il s’agissait d’un vrai cortège de transport ou d’un wagon de maintenance. Les appels d’air crées par la vitesse de l’engin ébouriffait sa chevelure sombre et flageolait son corps en la désarçonnant de son équilibre approximatif.
Lorsque le wagon fut passé et que le calme eut à nouveau envahit la gare hors-service, Eve relâcha l’étreinte protectrice qu’elle maintenait autour de la taille de Cieline et lui décocha un coup de poing au visage assez violent pour l’envoyer encore une fois s’effondrer sur les rails. Ses pupilles dilatées par une colère froide, la détenue faisait visiblement un énorme effort sur elle-même pour ne pas rouer de coup sa comparse de galère et finit par abaisser son bras valide dont les doigts se pliaient et s’ouvraient nerveusement.
- Ça, c’est pour avoir faillit causer ma mort par ta connerie. Je te préviens qu'au prochain coup comme ça, je te laisse te débrouiller.
Non mais vraiment. Rien qu’à l’idée que tout cela était arrivé parce que l’apiphobe avait cumulé un manque de vigilance avec une bêtise intolérable, la paranoïaque en avait des frissons qui lui donnaient le vertige. Son cœur battait encore à tout rompre lorsqu’elle se hissa sur le quai où Aloïs se tenait toujours, visiblement effaré. Eve épousseta sa combinaison de prisonnière souillée par de larges traces de suie noire, et porta enfin son attention sur lui. Ses yeux marron coururent sur les traits doux du garçonnet dont les cheveux blonds étaient légèrement ébouriffés. Soit, il n’avait pas l’air méchant à première vue, mais la jeune femme avait l’habitude de ne faire confiance à rien ni personne.
- T’es perdu hein ? Raconte-moi comment ça se fait. Et attention, prévint-elle subitement, si t’es ici pour me livrer aux cinglés qui cherchent à nous tuer là, je t’arrache la langue. Je t’assure que je rigole pas.
Pour manifester que sa demande était sans appel, la détenue fixa son regard glacial dans les pupilles de l’adolescent. Il était parfaitement hors de question qu’elle fasse route avec lui s’il ne justifiait pas de son innocence total qu’en aux mésaventures qu’elle avait déjà enduré dans cette ville étrange. Cependant, il allait tout de même falloir qu'ils bougent... au cas où.
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| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Ven 13 Mai - 22:24 | |
| L’une des deux femmes s’approcha d’Aloïs. Elle était vêtue d’une drôle de robe à rayures jaune et portait des lunettes qui avaient l’air très handicapantes. Apparemment les jeunes femmes étaient également perdues, quelle coïncidence. La femme à robe de guêpe descendit sur les voies du métro pour traverser. Elle était bien imprudente. Elle trébucha sur les rails et tomba au sol. Aussi étrange que cela pouvait paraître, elle n’avait pas remarqué l’étrangeté de ses vêtements. D’ailleurs elle commença à pester en hurlant. Cela déclencha la colère de son amie qui l’insulta d’imbécile. Aloïs recula encore un peu effrayé par tout ce tapage. Soudain, de l’air froid fouetta son visage, et lorsqu’il tourna le regard vers le trou noir de la ligne de métro, il vit comme deux grands yeux ronds qui les regardaient. C’était le métro qui arrivait, accompagné d’un son rauque et terrifiant. Mais la jeune femme ne bougeait pas, elle restait dans sa trajectoire, au milieu des rails. Elle allait se faire écrabouiller ! Aloïs voulut lui attraper le bras mais elle était trop loin et ses jambes ne semblaient plus vouloir lui obéir, comme presque à chaque fois qu’il fallait montrer un peu de courage. Heureusement, son amie réagit à temps et la sauva in extrémis. Aloïs, soulagé, laissa échapper un soupir. Il n’aurait pas aimé voir quelqu’un se faire écraser. D’après le coup de poing que reçut la jeune femme, l’autre n’était pas du tout contente. Elle était même totalement en colère. La femme à robe de guêpe tomba encore une fois sur les rails encrassés de la ligne. Le garçon passa ses mains autour de ses bras lorsque la jeune femme en tenue de prisonnier s’approcha de lui. Elle était assez effrayante et Aloïs n’avait pas envie de se prendre un coup de poing lui aussi. Il se fit donc tout petit et l’écouta avec attention. De quels cinglés parlait-elle ? Cette ville n’était décidément pas très nette. Aloïs n’avait pas très envie non plus de se faire arracher la langue et il décida en conséquence de répondre à la question de la jeune femme.
-Je ne sais pas comment je me suis perdu. D’ailleurs je ne comprends plus rien. Je me suis réveillé dans une ruelle puis quand j’ai voulu retrouver mon hôtel… je n’ai trouvé qu’un terrain vague. Je…je… je veux rentrer chez moi ….
Soudain, une pensée lui traversa l’esprit. Si quelqu’un avait essayé de les tuer, peut-être était-ce parce que c’était des criminelles ? D’ailleurs elles avaient des tenues bizarres…
-Vous n’êtes pas des criminelles n’est-ce pas ? Je ne vous dénoncerais pas je le jure ! Je veux juste rentrer chez moi.
Aloïs eut le cœur serré rien qu’en imaginant qu’il ne rentrerait peut-être jamais chez lui. Il avait froid et il commençait à trembler, oui mais de peur ou de froid ? Peut-être même des deux en fait. Il resserra son étreinte sur ses bras et baissa la tête. La fatigue commençait à s’emparer de lui. Mais ce n’était pas le moment de fermer les yeux.
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| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Sam 14 Mai - 18:39 | |
| Quelque chose dans l’air avait changé, Théobald ne se trouvait plus dans l’espace confiné de sa chambre. Il ouvrit les yeux.
Il était toujours assis en position du lotus, cette drogue indienne qui s’inhalait était un très bon catalyseur, ça avait fini par marcher. Assis au milieu de nulle part l’écrivain se mit a rire. Enfin, enfin il avait la preuve qu’il n’était pas fou, l’univers était bien plus vaste que ce que pouvait en penser tous les prétendus hommes de sciences qui lui avaient rit au nez! Mais avant de jubiler pour de bon, il se devait d’explorer et de comprendre, d’analyser tout, qu’il s’agisse de la méthode qui lui avait permis d’arriver là autant que ce nouveau monde.
Il se relevais quand il aperçu plus loin deux femmes qui avaient l’air très pressées qui s’engouffraient dans ce qui semblait être un métro. Ce monde ressemblait étrangement au sien… Peu être que les univers les plus proches se ressemblaient un peu plus… Il faudrait qu’il se penche sur la question plus tard. Epoussetant son costume il eut une soudaine prise de conscience.
Et si en passant d’un monde a l’autre il avait attiré l’attention d’une de ces entités qu’il voyait en rêve… Tournant la tête en tout sens Théobald senti la sueur froide perler a son front et son souffle se fit plus saccadé, il devait fuir… Oui il le sentait tout près, une présence… Et cette odeur… comme une odeur de poisson tout autour… En proie a la terreur l’écrivain se montait la tête et la peur ne faisait qu’augmenter. C’est deux femmes savaient surement des choses, elles fuyaient peu être la même chose que lui? L’entité en avait peu être après elles aussi? Soudain il se mis a courir vers le métro, il devait se mettre a l’abri…
Il arriva bien vite au même endroit que les premiers voyageurs et se jeta dans le premier coin sombre venu, a porté des regards étonné des autres.
- Il n’est pas ici hein?
La panique perçait dans sa voie et son regard était affolé, baissant les yeux il continua plus calmement.
- Non… non, il serait déjà trop tard pour nous tous… |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Sam 14 Mai - 21:19 | |
| John Cade se réveilla avec une migraine atroce, partagé entre le malaise provoqué par la douleur et le relatif repos – chose si rare – provoqué par son évanouissement. D'ailleurs pourquoi c'était-il évanouit ? Il se souvenait avoir quitté le fourgon et les gardes chargé de l'accompagner puis plus rien. Il avait dû faire une mauvaise chute et s'assommer. Il s'en souviendrait la prochaine fois qu'il n'aurait rien d'autre à faire que de dormir, bien que ça ne risque pas d'arriver de si tôt.
Se redressant alors John se mit en marche, il n'était pas à l'aise ici : trop de lumière. Alors qu'il errait dans l'inconnu il entendit une voix derrière lui. - Où est ma maman ? L'évadé jeta à peine un regard derrière lui, il connaissait cette voix. Un enfant d'environ 6-7 ans le visage caché sous un masque à gaz le suivait en répétant inlassablement ces deux questions, « Tu es ma maman ? Où est ma maman ? » Cade avait depuis longtemps cessé de vouloir répondre et se contentait de le laisser le suivre jusqu'à ce qu'il se lasse et s'en aille – sans doute pour harceler d'autres gens.
A force de marcher John arrive devant un campement, un gros homme semblait penché au dessus d'un tas de bois sans doute destiné à prendre feu. Concentré sur sa tache l'homme n'entendit pas le fou s'approcher et sursauta quand la voix de l'enfant au masque à gaz retentit. - Tu es ma maman ?
Reprenant consistance après cette légère frayeur, l'homme (un marchand itinérant à en juger par son bardât) observa John et l'enfant au masque avant de s'adresser au trentenaire. - Bon sang l'ami vous m'avez fais peur ! Puis au regard de la tenu orange fluo du prisonnier se rembruni suspicieux. - Quels fringues bizarre... Vous venez d'où comme ça ?
Jetant un coup d'œil derrière lui, Cade répondit d'un ton morne en pointant une direction du doigt. - De par là... - De par là hein ? Z'ètes pas un voyageur dites ? C'est que j'ai rien contre ces gars là mais par là (il pointa une direction du doigt) c'est Ellipse et vous pouvez êtres sur que vous y serez pas bien accueillis. John haussa les épaules. - Tous les êtres vivant voyage d'un point à l'autre sans réel but dans cette course de la vie à la mort... - Euh... Ouais mais vous voyez ce que je veux dire... Retournant son regard vers l'enfant implorant sa mère il demanda : - Et lui là qu'est-ce qu'il a ? L'évadé le regarda alors comme si la question était stupide avant de lui répondre. - Il cherche sa mère, je croyais que c'était assez évident comme ça...
Déglutissant lentement le marchand rattrapa une longue veste noire qu'il avait visiblement posé avant de tenter d'allumer son feu. L'étranger commençait à vraiment lui faire peur. - Euh... Ouais bah écoutez je crois que moi je vais y aller hein ? C'est que j'ai du boulot....
Alors que le marchand rassemblait en vitesse ses affaires et se préparait à partir, John se baissa et saisit une grosse pierre. - Elle est bien cette veste. Le marchand ressentit alors une violente douleur dans la nuque puis le monde sembla s'éteindre autour de lui, les derniers mots qu'il entendit furent cette angoissante question : - Où est ma maman ? [….]
John marchait dans Ellipse, ses vêtements oranges de prisonnier désormais tachés de sang et seulement partiellement caché par une longue veste noir qui ne faisait qu'accentuer les couleurs fluo. L'enfant était partit, mais le schizophrène commençait à paniqué, il les sentait ! Les regards braquer sur lui ! Ils savaient ! ILS savaient ! Il fallait qu'il retourne dans l'ombre le temps qu'ILS oublient... Des hurlements, les échos d'une traque, pas lui non... Mais d'autres gens... Mais ILS savaient. Profitant du chaos ambiant comme d'une diversion John pénétra dans la bouche sombre d'un métro et partit se prostré dans un coin sombre. Un fourmillement dans son crâne lui appris qu'un autre de ses compagnons de route venait de faire son apparition. Ses longues jambes osseuse replier contre sa poitrine il attendit patiemment que l'horrible chose perché sur son crâne finisse sa besogne. Il entendit plus qu'il ne vit des gens pénétrer dans le métro. Menace, cri, panique... Le chaos de l'insipide existence ne l'intéressait pas, pourtant une phrase le fit réagir. Sortant la tête de l'ombre il se pencha vers le dernier arrivant, un jeune homme à l'aspect maladif. - Qui ça il ?
Comme il était rare que des personnes réagissent à ses compagnons et qu'il n'était pas au courant de sa nouvelle faculté il ne se rendit pas compte de la vision d'horreur qu'il imposa alors aux individus présent dans le métro. Le cadavre de ce qui avait du être un nouveau-né s'accrochait à son crâne et malgré son évidente putréfaction semblait animé d'un dérangeant simulacre de vie... Lui rongeant peu à peu le cerveau en poussant de petit cri plaintif plus animal qu'humain mais cependant indéfinissables. |
| | | Eve M. Todrovitch
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| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Sam 14 Mai - 23:28 | |
| HRP : John, essaye d'utiliser des couleurs plus claires. Je parle notamment du indigo de ton personnage... il fait mal aux n'oeils T-T
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Après sa menace, le petit blondinet s’était montré plutôt coopératif. Son récit n’avait rien d’un mensonge. Peut-être même était-il trop sincère, car sa situation rappelait immanquablement ce qui était arrivé à la paranoïaque. Le plus troublant était que cela remettait en cause tout son jugement des évènements : l’idée que le gouvernement ait orchestré des expériences ésotériques pseudo-scientistes sur les prisonniers d’état était à jeter aux ordures. Ce mioche effrayé n’avait rien d’un criminel, ni même d’un délinquant mineur. Agacée par son ton plaintif et troublée par la situation, Eve plissa le nez en se frottant l’arrière du crâne. Son bras droit lui faisait toujours mal, marqué par une coupure légère et un bleu enflé qu’elle pouvait sentir à travers sa combinaison. Lorsqu’elle passait sa langue sur ses lèvres, elle sentait les contours de sa plaie et le goût ferreux du sang séché. Soit, elle n’était pas au meilleur de sa forme, mais elle avait connu bien pire.
La jeune femme ignora la question d’Aloïs quant à savoir si elle était une criminelle. Les tribunaux avaient décrétés que oui, ses gardiens également, les gens à l’extérieur qui la jugeraient penseraient sûrement la même chose. Pourtant, elle n’était pas une criminelle… elle se servait juste dans quelque chose que la justice refusait de lui donné depuis toujours : l’équité. Était-ce à ce point incompréhensible ?
L’intervention de Théobald coupa court à ses réflexions. Réagissant au quart de tour, Eve se mit sur la défensive, dévisageant l’intrus en scrutant les environs, mais il n’y avait pas la moindre trace d’un renfort quelconque. Toutes ces apparitions commençaient à sérieusement lui taper sur le système ; elle qui pensait que la gare serait un endroit tranquille, voilà que des gens de plus en plus étranges s’y retrouvaient. Le jeune écrivain avait l’air aussi efficace que Cieline ou Aloïs ; Lassée de jouer les nounous, et soucieuse qu’un surnombre les rende plus facilement repérable, elle lança au jeune homme :
- Je ne sais pas de quoi tu parles, mais si tu es poursuivi par quelqu’un, j’aimerais autant que tu ne le ramènes pas par ici. Alors dégage !
Malheureusement, la brune n’était pas au bout de ses surprises. Voilà qu’une autre voix jaillissait des ténèbres. D’où sortait-il ce type ? Pour apparaitre si soudainement, il devait s’être tapi dans l’ombre depuis longtemps. Que cherchait-il ? Il les suivait ? Il attendait de pouvoir les agresser elle et l’apiphobe ? Il était celui qui suivait l’autre gringalet à lunettes ? Cet inconnu avait une mine inquiétante, étrangement ailleurs.
Froide et méticuleuse, Eve s’avançait lentement pour traverser les rails une nouvelle fois. Théobald était encore le plus proche de John lorsqu’elle lança :
- Cette petite fête a assez durée. Tu foutais quoi dans le noir ? Tu sais pas que les mecs louches comme toi, qui espionnent les gens de façon aussi malsaine, ils me sortent par les oreilles…
Un pas de plus, et voilà que la russo-américaine se trouvait être la plus proche du psychopathe. Toute l’horreur de son hallucination se dévoila à elle aussi clairement que si elle était réelle. Un amas de chair putréfiée qu’elle mis un certain temps à identifier comme étant le cadavre d’un nouveau-né s’agitait avec des forces maigres, grignotant le cerveau à nu de son hôte en poussant des cris plaintifs lancinants. Eve fut figée sur place, intriguée plus que foncièrement dégoutée par ce spectacle surréaliste.
Certes, ce monde était étrange, et avec le témoignage d’Aloïs, elle était de plus en plus encline à croire qu’ils se trouvaient tous actuellement quelque part qui n’existait même pas sur terre. Néanmoins, il lui faudrait encore quelques heures de plus dans cette dimension de détraquée pour admettre comme telle les apparitions morbides de la sorte. Franchissant les derniers mètres qui la séparaient de John, elle l’empoigna à l’encolure et l’attira à elle tout en prenant soin de ne pas toucher le corps frémissant du cadavre, juste sur sa tête. D’aussi près, elle pouvait voit les yeux vairons du taulard, ainsi que sa combinaison orange étrangement semblable à la sienne.
- T’essayes de me rendre cinglée c’est ça ? Range tes artifices, ils m’amuseront pas très longtemps…
Malgré cette menace énoncée distinctement d'une voix assurée et glacée, l'hallucination paraissait si réelle et si tangible que la détenue se mit à douter légèrement quant à sa véritable origine. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Dim 15 Mai - 15:44 | |
| Très étonnés des réactions des personnes se trouvant avec lui dans ce métro, Théobald oublia un peu sa peur. Ainsi si elles avaient été poursuivi elles se pensaient apparemment en sécurité ici, c’était rassurant. Il aperçu aussi une autre personne, un jeune garçon a l’air perdu. Oui… c’était évident! Les mondes a travers l’univers existait depuis toujours, il n’y avait pas de raison qu’il soit le seul voyageur en c’est lieux… Le fait qu’il se retrouve tous au même endroit pouvait découler d’une coïncidence totale… A moins que ce ne soit voulu… Qu’une quelconque entité au-delà de la compréhension n’ai voulu les réunir… Mais dans quel but? Et surtout Est-ce que c’était une bonne chose ou… La peur commençait déjà a remonter quand un personnage pour le moins débraillé et a l’air inquiétant sortit de l’ombre tout près de lui, il avait tout d’un prisonnier en fuite vu sa tenue et son comportement était des plus étrange, lui aussi savait alors? Et cette créature atroce sur sa tête… Qu’est-ce que ça pouvais bien être? Elle le dévorant apparemment mais il n’avait pas l’air de s’en occuper. Une sorte de symbiose défiant la raison? Une hallucination du au choc de son passage? Il ne pu discourir de la question car une des deux femmes l’empoigna d’un air agressif, c’est a ce moment que Théobald tiqua, elle portait aussi une tenue la désignant comme une évadée. Revérifiant les deux autres il vit qu’a première vue ils n’avaient rien a voir. Chose plus étrange encore quand elle se saisi de l’inquiétant personnage Théobald ne vis plus la créature affreuse attaché a sa tête. Pouf! Envolé! Il aurait pu croire que c’était bien son cerveau qui lui jouait des tours sans les paroles de la femme violente. Soudain tout fut clair! Bien sur! Pourquoi les voyageur viendrais tous du même monde? C’était purement planétocentriste! Malgré les apparence ce garçon ne devais pas venir du même monde que Théobald! Peu être venaient-ils tous de monde différends avec des similitudes qui prêtaient a la confusion! Sa curiosité reprenant le dessus toute trace de peur s’était envolé, l’écrivain se redressa, épousseta son costume et s’approcha du garçon, ne le quittant pas des yeux. Avec douceur il s’interposa entre les deux personnage et les séparas.
- Excusez moi. Dit-il gentiment a l’attention de la femme.
Dès qu’il fut entre les deux la vision cauchemardesque réapparu. Faisant fit des aprioris dus a son monde Théobald avait maintenant un sourire passionné, il s’adressa au garçon avec beaucoup de douceur et aussi un peu d’envie.
-Bonjour. Je suis m’appel Théobald. Pourrais je toucher votre tête si ce n’est pas offensant? En tout bien tout honneur bien sur. N’y voyez qu’un intérêt scientifique. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Dim 15 Mai - 17:01 | |
| HRP = T'es pas drôle moi je l'aime bien cette couleur...
Malgré l'agressivité d'Eve, John souriait l'air un peu ailleurs... Elle portait des vêtements un peu comme les siens, et ça c'était drôle.
Elle l'attrapa et continua à le questionner. Cette femme qui le saisissait au col, de quoi voulait elle parler ? - Espionner les gens est dénué de sens tant leurs actions les mènent tous au même point au final...
Cette femme... Elle avait deux yeux...
Deux yeux qui l'observait...
Lui.
Que voulaient-ils ?
Si seulement il pouvait leur demander....
Alors qu'il levait lentement la main vers les yeux de la taularde, Théobald choisi ce moment pour s'interposer plus étrangement intrigué qu'effrayé ou agressif... John n'avait pas l'habitude.
Peut être qu'il ne lui parlait pas à lui ? Le schizophrène se retourna mais il n'y avait qu'un mur sombre derrière lui, un mur sombre qui ne semblait pas enclin à la conversation pour le moment.
Donc c'était bien à lui qu'on parlait...
Mais Pourquoi ? C'était le chien qui l'envoyait ?
Visiblement non il voulait « toucher son crâne »... Étrange... Mais John n'aimait pas qu'on le touche.
Reculant dans l'ombre précipitamment il se hâta de trouver une excuse cohérente. Alors le taulard au crâne rasé dit : -Non pas maintenant mes cheveux sont sales. |
| | | Eve M. Todrovitch
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| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Lun 16 Mai - 7:04 | |
| Les yeux vairons de John étaient plantés dans les siens, signe qu’il l’avait parfaitement entendu, mais il conservait un calme étrange porté par un sourire qui semblait complètement ailleurs. La chose sur son crâne continuait de grignoter son encéphale en couinant, et un frisson glacé ébranla imperceptiblement le corps de la jeune femme. Lentement, elle sentit que les membres de l’homme qu’elle tenait se mettaient en mouvement et sa prise sur le col de se dernier s’affermit, juste au moment où le type à lunette ringarde s’interposa. Il demanda à prendre sa place avec une gentillesse d’un tel décalage avec la situation qu’elle en était presque désarmante.
Eve fit un pas en arrière de façon laconique et instantanément, la vision d’horreur disparut. Elle avait déjà rencontré énormément de personnes dangereuses ou peu fréquentables… mais ce type, prisonnier lui aussi, battait tous les records. Il avait l’air vide ou bien complètement débranché du monde réel. A y regarder de plus près, ses vêtements étaient tachés de sang et la détenue serait prête à parier que ce n’était pas du sang animal. Théobald mit fin à ses réflexions en demandant avec un naturel dérangeant s’il pouvait toucher le crâne du taulard. Un intérêt scientifique qu’il disait ? N’importe quoi, il était complètement cinglé.
Ce dernier mot résonna en échos dans l’enceinte du crâne de la russo-américaine. Cinglé, cinglé, cinglé, cinglé, cinglé… un rire convulsif naquit finalement de sa gorge sèche, rire qu’elle dissimulait vainement par une main faussement placée devant ses lèvres blessées. Tout devenait plus claire après tout… on la prenait pour une folle, on lui recommandait une séance d’hypnose avec une psychiatre, et voilà qu’elle se retrouvait dans un monde de dingues entourée de détraqués. C’était un test ? On cherchait une bonne raison de lui mettre une camisole ? Ou bien ils étaient déjà dans un asile ? Après tout, même le gosse pouvait être un taré. Quant à la femme en robe, il n’y avait pas besoin de creuser longtemps pour s’apercevoir qu’elle avait un grain.
L’hilarité nerveuse d’Eve se calmait, mais pas la colère froide qui circulait dans ses veines. Elle imaginait déjà les sévices qu’elle ferait subir à sa psychiatre quand elle la reverrait… ou plutôt non, pas tout de suite quand elle la reverrait, mais une fois libre des murs du pénitencier. Elle se rendra à son cabinet et l’étranglera avec son pendule, le même avait lequel elle l’avait endormi pour l’expédier dans cet endroit. C’était l’ironie du sort quelque part, et ce furent ces pensées criminelles et fugitives qui apaisèrent légèrement le tourbillon qui tordait les entrailles de la jeune femme.
Néanmoins, que devait-elle faire désormais ? Les évènements étranges se démultipliaient… sa montre bipante, la tenue de Cieline, le crâne dévoré de John… en fait, plus Eve y pensait, moins elle y comprenait quelque chose.
- On règlera ça plus tard, murmura-t-elle pour elle-même, parlant de l’étrange anicroche qu’elle avait eu avec John.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Lun 16 Mai - 20:14 | |
| Après le coup inattendu de la jeune femme, Cieline sentit son esprit vaciller quelque peu. Mais le coup ne devait pas être destiné à lui faire trop mal, ce n'était là qu'une réaction de colère contre sa réaction puérile. Se frottant à l'endroit de l'impact, elle fixait l'autre d'un air mauvais qui s'en prenait maintenant au jeune garçon. Elle était presque effrayante... Elle remonta bien à l’abri sur le quai alors que le garçon tremblait de peur face à la fureur de cette harpie. Elle voulu s'interposer mais, à cet instant, une autre personne apparut.
Ils les avaient donc retrouvés... Mais non, ce n'était en fait qu'une personne de plus égarées dans cette ville de fous. Car fou, il semblait l'être... De même que le deuxième individu qui fit son entré. La comparse de Cieline sembla perdre un peu son sang froid devant cette réunion tupperware et fini même par se diriger vers les deux hommes. Cieline en profita pour s’approcher du jeune garçon effrayé et le saisi par les épaules. Celui-ci sursauta et Cieline tenta de le rassurer en lui murmurant à l'oreille :
« N'aie pas peur. Je m'appelle Cieline. » grand sourire « Je suis sure que tu ne dois pas être loin de chez toi, ça te dis qu'on cherche ensemble ? »
Elle lui lâcha les épaules puisqu'il ne semblait pas apprécier les contacts puis tendit sa main vers le tunnel sombre où se profilait un escalier, remontant sans doute vers la surface, afin qu'il sache vers où elle désirait l'emmener.
Ce qui était certain, c'est qu'elle ne voulait pas rester un instant de plus en compagnie de l'autre brune bagarreuse qui avait osé lui coller un pain. Et puis, elle se dit aussi qu'une telle atmosphère était malsaine pour un enfant. Plus que tout désormais, elle voulait le protéger de cette folie qui semblait s'emparer de tout le monde. Et puis, sa petite bouille d'ange naïf et innocent réveilla en elle une sorte d'instinct maternelle. Elle ne pourrait peut-être pas trop bien le protéger avec ses lunettes qui l’empêchaient de voir ainsi qu'avec ses talons cassés et sa démarche clopinante, mais elle ferait de son mieux. |
| | | Eve M. Todrovitch
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| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Lun 16 Mai - 23:24 | |
| En se retournant vers l’autre quai, Eve s’aperçut que Cieline et Aloïs s’étaient éclipsés sans rien dire. Elle songea avec un détachement naturel que s’ils se faisaient attraper, ils ne pourraient s’en prendre qu’à eux-mêmes. Moins nombreux ils étaient, plus évidement il lui sera de passer inaperçue et d’ailleurs, depuis l’arrivée de ses acolytes masculins, la station hors service ne lui apparaissait plus être un repère des plus accueillants. Sans jeter un regard de plus à John et Théobald, la jeune femme retrouva l’escalier sombre qui la mènerait vers l’extérieur.
Le crépuscule avait poursuivi sa course sans tenir compte de rien. La lueur rouge s’effaçait déjà pour une ombre étoilée, plongeant Elipse dans une nuit où les services de police veilleront certainement de longues heures afin de mettre la main sur les voyageuses en fuite. Après avoir jeté un œil précautionneux aux alentours, Eve quittant la station en passant les barrières orangées qui en bloquaient l’accès. Il n’y avait déjà plus aucune trace de Cieline, ni du blondinet qui l’accompagnait. La zone endommagée avait l’air encore plus sinistre, plongée dans une pénombre inquiétante à cause de l’absence de lumière. Des sirènes se faisaient toujours entendre, lointaine et proche à la fois.
La détenue marcha jusqu’à une vitrine brisée en jetant régulièrement des regards attentifs autour d’elle. Les étagères vides étaient couvertes de poussières, des éclats de verre jonchaient le sol carrelé et le comptoir en bois. Ces derniers lui rappelaient les armes artisanales qui circulaient en prison, comme l’une de celles qui lui avaient été planté dans le coté, manquant de la tuer pour la deuxième fois de sa vie. Là bas, les débris étaient enroulés dans de l’adhésif, afin de ne pas se charcuter la main en attaquant les autres. Si elle en avait eu à disposition, la russo-américaine se serait certainement fabriqué une lame de fortune ; elle ne serait jamais trop équipée dans cette situation assez déstabilisante.
Un coup de vent souffla, balayant un nuage de poussière et trimbalant jusqu’aux pieds de la détenue une page déchirée d’un quotidien local. Elle se pencha pour le ramasser et survola quelques articles qui parlaient très brièvement de l’installation d’un péage sur la Passe de l’envol, du déraillement d’un train suite à un séisme dans les plaines Félicité ou encore d’une nouvelle vague de panique inexpliquée à Techyo. Eve fronça les sourcils à l’évocation de ces lieux dont elle était convaincue qu’ils n’existaient pas. En bas de la page, à coté du numéro 5, Dreamland soir était écrit en petit. La jeune femme avait du mal à y croire et pourtant… les éléments se mettant étonnement bien dans l’ordre. Hypnose. Ville étrange. Accoutrement spécial. Visions. La réponse à ces successions surnaturelles ne pouvaient être que surnaturelle, même si son rationalisme habituel voulait l’empêcher d’y apporter foi.
- On en reparlera chère docteur Thores…, murmura la paranoïaque pour elle-même.
Autre coup de vent, plus frais cette fois. Il apportait avec lui les effluves écœurants d’une canalisation endommagée, incitant Eve à s’éloigner plus encore de la station. Son bras droit lui faisait mal. A travers la déchirure faite la par la balle qui l’avait effleuré, elle pouvait voir que le sang séché avait constitué une croute disgracieuse sur une bosse violacée qui lui couvrait certainement toute l’épaule. Elle avait plutôt intérêt, au cas où, à trouver de quoi se désinfecter assez rapidement. Des vêtements moins voyants ne seraient également pas du luxe… si ses poursuivants pouvaient de pas avoir eu le temps d’enregistrer visuellement son visage, il n’en était sûrement pas de même pour sa combinaison orange.
Elle s’engouffra dans une petite ruelle délabrée, puis une autre. A cette heure-ci, elles étaient désertées, mais la russo-américaine surveillait malgré tout qu’elle ne croisait pas des patrouilles de police où des bandes de délinquants qui chercheraient à lui causer des problèmes. Le mot « Dreamland » lui trottait dans la tête, comme une ritournelle lancinante et elle n’avait pas besoin de se pincer pour savoir que ce « rêve » était on ne peut plus réel.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Mar 17 Mai - 19:45 | |
| Tout allait trop vite ! Aloïs n’arrivait plus à suivre et il se sentait envahi par la peur. Plus la femme habillée en criminel se rapprochait plus les battements de son cœur s’accéléraient. Il la fixait avec un regard craintif et effrayé. Il commença à reculer, mais voila que soudain, surgit des ténèbres un homme encore plus effrayant. Il divaguait dans le couloir lugubre du métro en déblatérant des choses absurdes. La vue de cet homme glaça le sang du jeune garçon, qui eut envie de hurler. Mais tout à coup, un autre homme apparut à son tour, faisant irruption comme un diable qui sort de sa boîte. Aloïs devenait fou, qu’est-ce qui se passait ici !? Pourquoi tout le monde était bizarre ? Que se passait-il dans cette ville ?!
Le jeune garçon se crispait terrifié en repliant ses bras contre sa poitrine. Il ne savait pas quoi faire contre cette peur qui l’enveloppait et il voulait courir, courir aussi loin que possible pour échapper à toute cette scène morbide et incompréhensible. Alors que son regard s’égarait dans l’agitation et que son corps se pétrifiait, il tressaillit quand il sentit des mains lui étreindre les épaules. C’était la femme abeille. Elle lui murmura des paroles rassurantes, se présenta et lui proposa de l’aider à retrouver son chemin. Elle semblait si douce, si gentille, elle lui rappelait sa mère. Aloïs lui fit donc naïvement confiance et la suivit vers un escalier qui les mènerait hors du métro. Elle lui faisait moins peur que les autres et l’enfant commença à s’habituer à ses grosses lunettes.
Une brise fraîche s’engouffra dans le métro et vint se perdre dans les cheveux blonds du garçon. Il jeta un dernier coup d’œil par-dessus son épaule puis remercia Cieline d’une voix douce et enfantine :
-Merci…
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Jeu 19 Mai - 11:47 | |
| La réponse qu’il obtient a sa demande ne fit que renforcer Théobald dans ce qu’il pensait, ce garçon devait bien venir d’un autre monde, il lui parlait de cheveux sale alors qu’il était chauve. Peu être une expression de son monde, toujours est-il qu’il ne voulait pas qu’on le touche. Peu être que chez lui dans son univers, les contacts était proscrit? Le sang sur sa tenue était peu être du a un malentendu? Quelqu’un l’aurait touché et aurait déclenché une réaction violente de sa part? Haaaaa le choc des cultures… Après tout Pizarro avait bien massacré les incas sans vergogne, alors qu’ils étaient du même univers et pour des raison bien plus vil! Il devait se concentrer a le comprendre, non pas a le juger. La femme en orange les avait quitté comme si elle avait quelques chose sur le feu et les deux autres s’éloignait ensemble vers la sortie. Mais dehors… Dehors peu être qu’il ne serais plus a l’abri… A vue d’œil ces deux là étaient aussi des voyageurs d’un autre monde. Le petit venait peu être du sien mais vu la dégaine de la femme elle venait sans aucun doute d’une monde ruche. Il se tourna vers l’homme qui s’était renfoncé dans l’ombre.
- Je reviens tout de suite.
Il courut jusqu’à l’entrée du métro et les interpellas a distance raisonnable, pour ne pas trop élevé la voix.
- Attendez! Ce n’est pas sur dehors! On ferais peu être mieux de passer par les sous sols. Vous n’êtes plus dans votre monde. J’ai étudié la chose pendant des années je peu vous aider!
Ils n’étaient sans doute pas au courant des dangers qui pouvaient les guetter. Si la femmes de toute a l’heure avait l’air de pouvoir s’en sortir, ces deux là avait réellement l’air perdus. Il ne pouvait décemment pas les laisser comme ça. Il se devait au moins d’essayer. Après ça si ils ne voyaient pas ou était leur intérêt il ne pourrait rien faire de plus… Au moins aurait-il essayé. |
| | | Eve M. Todrovitch
Maladie mentale : Troubles paranoïaques
Messages : 316
Feuille de personnage Sac à dos: Pouvoirs : Bourse: 485,5 rubz
| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Jeu 19 Mai - 15:55 | |
| Au bout d’un certain temps, Eve s’arrêta. Elle ne savait plus où elle se trouvait ; parfois cette ville était parfaitement semblable à San Francisco, parfois les dissonances étaient telles qu’il était impossible de les confondre. Beaucoup de bâtiments étaient encore drapés de pans plastifiés, en pleine reconstruction, masqués par des échafaudages vertigineux. La métropole paraissait avoir été frappée par un fléau, une catastrophe naturelle qui avait creusé des cratères encore béants à des endroits incongrus.
Proche d’un quartier populaire étrangement dépeuplé, la détenue s’était assise dans une ruelle, adossée à un mur sale tagué d'insanités délavées par le temps et les intempéries. Dans la grosse benne à ordure face à elle, une famille de criquet crissait en chœur, avec une régularité assommante. La brune vit aussi passer plusieurs rats énormes, crasseux et hirsutes, qui se dépêchaient à trouver une vieillerie à grignoter. Aller savoir pour quelle raison les animaux nuisibles se trouvaient ici plus nombreux qu’à San Francisco…
Avait-elle eu une absence ou s’était-elle assoupie ? Aucune idée, mais lorsqu’Eve rouvrit les paupières qu’elle pensait n’avoir clos que quelques secondes pour réfléchir, le manteau de la nuit lui parut plus épais, perdant à l’horizon les dernières lueurs du crépuscule. Un léger bruit de course résonnait, mais il n’attira l’attention de la voyageuse que lorsqu’il se stoppa brusquement, quelques mètres à sa gauche. Elle tourna la tête et vit, à la faveur d’un lampadaire usé, un adolescent qui devait avoir dix-sept ou dix-huit ans. Ce dernier contemplait la taularde avec des yeux ronds écarquillés. Son air surpris disparut rapidement alors qu’il prenait une grande inspiration. Doucement, il sortit un long couteau de sa poche arrière et déclara d’une voix qui se voulait autoritaire :
- C… C’est toi qu’ils poursuivaient tout à l’heure… tu vas venir avec moi, je t’emmène au poste de police ! Ma… ma mère serait fier de moi si je livrais quelqu’un de ton espèce. - Venir avec toi…, répéta la concernée à mi-voix.
Ses yeux ne quittaient plus la lame qui brillait sous la lumière jaune du lampadaire fatigué. La russo-américaine passa sa langue sur le contour intérieur de ses lèvres ; sa peau écorchée était encore sensible et le goût du sang chatouilla ses papilles. Cette blessure lui rappelait forcément le moment où elle se l’était infligée ; la course poursuite où elle avait aidé Cieline, où tous les passants d’une avenue s’étaient mis à vouloir la tuer. Ne serait-il pas juste qu’elle rende la pareille ?
Lentement, elle se remit sur ses pieds pour faire face au jeune garçon qui la menaçait. Celui-ci fit un pas de recul, mais ne se débina pas. La main qui tenait son couteau tendu tremblait ; pourtant, il raffermit sa prise et poursuivit :
- Je ne te laisserai pas partir, tu ferais mieux de me suivre sans faire d’histoire. - … sans faire d’histoire…, murmura Eve.
Elle eut comme la sensation qu’un liquide glacé était déversé dans ses veines. Se laisser faire ? Être conduite à des autorités inconnues qui voulaient son mal pour des raisons inexistantes ? Se laisser blesser, tirer dessus par une foule complètement folle ? Il en était hors de question. Elle se précipita brusquement sur son agresseur. Surpris par cette révolte inattendue, l’adolescent voulut reculer mais trébucha malencontreusement sur une vieille ordure non identifiable qui faisait le bonheur d’une colonie de fourmis. Dans sa chute, sa tête heurta lourdement le bitume sale et son arme lui échappa des mains. La voyageuse l’immobilisa en se plaçant à califourchon sur son ventre et attrapa fermement son col pour le secouer en lui infligeant de nouveau choc au sol qui l’assommèrent à moitié.
- Tu pensais pouvoir me menacer et t’en tirer comme ça… ? Non… non, non.
Ses yeux marron parfaitement fixés dans ceux du jeune homme s’apprêtant à pousser un hurlement, Eve assena un premier coup qui lui tordit la mâchoire, puis un second qui lui fendilla la pommette droite, puis un autre, et un autre… A chaque fois qu’elle frappait, ses forces nourries par une violence froide, ce n’était pas seulement sa victime qu’elle visait, mais chacun des elipsiens qui l’avaient poursuivit, tous ceux qu’elle mettait dans le même panier et dont elle avait juré de se venger. La douleur de son épaule meurtrie était étouffée par son accès de démence mesurée et finalement, la détenue cessa de cogner la face tuméfiée de l’adolescent que lorsque son crâne émit un craquement sinistre doublée d’un bruit de succion significatif. Une tâche sombre s’élargissait sous la tête méconnaissable du jeune garçon. A la lumière du lampadaire qui clignota une ou deux fois, Eve regardait ses mains couvertes de sang frais qui tremblaient encore, non pas d’horreur ou de remord, mais bien d’une rancœur tout juste apaisée.
Elle se redressa, s’essuya du mieux qu’elle pu sur sa combinaison déjà tâchée, passa une main sur son visage lui aussi éclaboussé de gouttelettes vermeils, et s’éclipsa rapidement. Si elle voulait pouvoir passer la nuit sans se faire prendre, il allait falloir qu’elle mette de la distance entre elle et ce meurtre, mais surtout qu’elle trouve rapidement de quoi se changer. Elle savait comment se débrouiller à San Francisco dans ce genre de situation mais là... c'était différent. Perdue dans ses pensées, la jeune femme ne vit pas venir, au détour d'une ruelle, une autre personne qu'elle heurta douloureusement.
Dernière édition par Eve M. Todrovitch le Lun 23 Mai - 9:55, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Premiers pas à Elipse Ven 20 Mai - 11:21 | |
| Cieline et le jeune garçon avaient à peine eut le temps d'atteindre l'entrée du métro que déjà, l'un des deux hommes qui étaient apparut en bas les avaient rejoint. Ils les interpella et Cieline fut plus qu'enthousiasmée par ses propos. D'après ses dires, il avait étudié les phénomènes tels que celui qu'ils étaient tous en train de vivre... Et s'il possédait la solution pour s'en échapper ? Et s'il était le seul à pouvoir les faire sortir d'ici ? Elle agenouilla auprès du jeune garçon qui semblait toujours aussi effrayé et elle lui murmura d'une voix calme et qui se voulait rassurante :
« Qu'en penses-tu toi ? Il pourrait peut-être nous aider... Et puis, c'est vrai que dehors, avec mon accoutrement, je risque plus d'attirer l'attention sur nous qu'autre chose. Je nous mettrais en danger... Je te mettrais en danger, et ça je ne le veux pas. »
Sans prévenir, elle lui déposa un baiser sur le front et se releva. Elle observa l'étrange homme un instant... Il ne lui inspirait pas spécialement confiance mais s'il représentait leur seule chance de sortir d'ici, elle était prête à courir le risque. Dehors, la nuit était tombée et Cieline ne se voyait vraiment pas parcourir les rues à une heure pareille sans savoir où aller et quoi faire. Elle laissa échapper un soupir de désespoir et commença à faire demi tour vers l'étrange homme qui la regardait d'une bien drôle de façon. Sûrement à cause de ses lunettes. Elle voyait le tunnel comme s'il était cylindrique et multiple et elle trébucha trois fois avant d'arriver à la hauteur de l'homme qui les avait interpellé. Elle lui tendit la main et se présenta :
« Je m'appelle Cieline. Et vous, puis-je savoir qui vous êtes et comment vous êtes arrivé dans cet endroit horrible ? Et, plus important encore, êtes-vous capable de nous en faire sortir ?»
A côté d'elle, elle sentait la présence à la fois réconfortante et rassurante du garçon. Elle ferait tout pour qu'il puisse retrouver sa famille. Et si au passage elle pouvait également retourner chez elle...
Mais une fois rentrée chez elle... que ferait-elle? Elle ne pourrait plus jamais voir le monde de la même façon. Sa vie était changée à tout jamais et, même si elle pouvait reprendre le cour normal de sa vie, comment ferait-elle pour faire comme si de rien n'était. elle ne le pourrait pas. Et, de toute façon, le voulait-elle vraiment? C'est alors qu'elle avait la main tendue vers cet inconnu qui lui offrait un possible espoir de liberté, qu'elle douta d'en vouloir vraiment. Qu'est-ce que le monde qu'elle connaissait avait-il de si enviable finalement? Voulait-elle retrouver son job, sa famille, sa vie si ennuyeuse et qu'elle tentait tous les jours de rendre un peu plus palpitante à travers la comédie... Actrice... Elle ne l'était peut-être devenue que pour échapper à la réalité... Et maintenant qu'elle y échappait vraiment, elle devrait y retourner?
Elle ne savait plus trop quoi penser. Une simple main tendue vers la sortie avait suffit à semer en elle le doute et la confusion. Et puis, elle voulait vraiment élucider le mystère de ses lunettes et de sa tenue qui faisaient d'elle une grosse guêpe aux talons cassés... |
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