Ruelle mal famée [Premiers pas]

C'est dans ce cadre là, assailli et luttant tous les jours contre (ou avec ?) sa phobie que Julian finira quelques temps après avec été agressé par une hystérique religieuse, plus motivé que jamais à fuir ce monde, par ouvrir complètement la porte de son esprit et à entrer dans Dreamland.

Le réveil ne fut pas des plus évident. Ouverture d'un œil... Ouverture de l'autre œil... Se questionner de pourquoi, alors qu'il était en train de s'assoupir dans sa cabane, il est maintenant allongé sur du bitumes... Voilà donc comment se passa les premières secondes en ce nouveau monde, en cette ville d'Elipse.
Durement, il se relève ensuite et observe à haute voix, avec une logique implacable, qu'il n'est clairement plus chez lui. Quelle prouesse d'intelligence de sa part.
Et comme à son habitude, il se met à réfléchir à toute question lui venant à l'esprit du pourquoi et comment il est ici. Aurait-il, comme une personne normale, bu à ne plus être soit-même, au point de s'endormir dans une ruelle étrange de la ville ? Le souvenir d'être rentré chez soi ne serait donc qu'hallucination ?
Mais la seule réponse qu'il obtient est un violent tremblement du bras gauche, signe avant coureur d'une crise phobique à l'idée d'avoir été "normal".

Ce qui le calme momentanément est à l'instant même d'avoir butté dans un corps allongé à terre, ressemblant fortement à l'espèce de fanatique religieuse l'ayant agressé il y a peu. Il se décide de l'aider à se réveiller avec quelques tapotements de pied (gentils, mais un peu fort). Au bout du sixième, ou septième (il ne compte pas - ce serait trop "normal") il prend alors conscience de son accoutrement ridicule.
En effet, reculant de quelques pas, il peut constater revêtir un petit pantalon de toile noir, tout simple, serré par une ceinture tout ce qu'il y a de plus classique, exception faite de la croix religieuse gravée dessus. Le tout avec une chemise basique, convenant à un événement "important", rentrée dans le pantalon, boutonnée jusqu'en haut du col et parfaitement cintrée. Sur la poche de chemise se trouve là aussi une croix.
Pour résumer le tout, une pure tenue de religieux habillé en civil, autrement dit, l'un de ses pires cauchemars, être habillé selon une norme, norme par ailleurs très stricte puisque touchant à la religion.

Il ne lui faut pas plus de 10sec pour trembler de tout son être et retirer à la volée tout vêtement qu'il porte, et les jeter inutilement au loin puisqu'à peine touchés terre, la même tenue est déjà vêtu par sa personne, sans même qu'il ne puisse s'en rendre compte.
Tremblements encore plus fort - Nouvel essai pour se déshabiller, encore un raté - Il semble qu'il ne sache pas encore qu'il a acquit, en arrivant dans ce monde, un pouvoir qu'il va devoir apprivoiser très rapidement, ou tout au moins apprendre à gérer au mieux ses crises.
Bref, tout cela n'aboutit qu'à une chose, des hurlements gutturaux et un repli à terre, la tête entre les mains, collés au genoux - plus précisément, une crise phobique forte.

D'ailleurs, si sa camarade, qu'il semble ne pas encore avoir reconnu, allongée un peu plus loin n'est pas encore réveillée, elle ne devrait de ce fait pas tarder à l'être... Peut être peut-elle l'aider à se calmer ? Pour le moment, rien n'est moins sûr de cela, le temps étant lui même pressant. Quel citoyen ne se dira pas qu'il se passe quelque chose de vraiment étrange dans ces ruelles en entendant tel cri ? Certainement aucun... Et il parait que ces derniers n'apprécient pas vraiment les voyageurs... Il va toutefois leur falloir trouver leur route dans le dédale de ruelles.


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Hrp : Mon premier message :3 Tita ! J'compte sur toi pour te réveiller et nous sortir de la misère dans laquelle je nous mets dès le départ hein :3

-Kýrie, eléison, diabolus eléison....

Le Révérend prononçait ses mots, tout en attendant la fin de la cérémonie. Sa recherche d'un culte "satanique" s'était trouvé fructueuse et assez rapidement, on l'avait mené vers une cérémonie qui devait le mener vers " l'autre monde". Il savait qu'il n'était pas mort, et que les fidèles l'attendrait. Pour eux, c'était comme un messager de Lucifer. Leur yeux étaient émerveillés lorsqu'ils l'avait entendu.

Tout du moins c'est ce qu'il pensait. La vérité était tout autre: les jeunes gens étaient complètement défoncé et ne se rappellerait de rien le lendemain.

Quoi qu'il en fut, Léorio rouvrit les yeux à la fin de son sermon, et un sourire apparut sur ses lèvres. Il reconnaissait la ville, bien qu'elle n'était guère de bon présage. Ellipse, douce Ellipse... Demeure des démons, d'après ce qu'il avait pût voir lors de son précédent passage. Mais il s'efforcerait de se faire discret, cette fois-ci. Bien que sa tenue ne l'aiderait guère, il était encore en tenue de prêtre...

Il s'avança dans les rues désertes de la grande Ellipse. Des ruelles bien trop sombre, où il ne fallait guère rester longtemps... Même si les badauds ne le repéreraient pas rapidement, les voleurs et autres criminels, eux, se chargerait de lui à cœur joie.

Au détour d'une rue, il vit deux personnes, une personne allongée, semblant inconsciente, et un homme semblant chercher à réveiller l'individu. Il remarqua que l'homme avait une tenue religieuse sur lui, et il s'apprêtait à aller le voir, tel un frère voyant un autre frère... Lorsqu'il fut tétanisé par la scène qui suivit. Le jeune homme chercha à se dévêtir, et arracha ses vêtements, mais sous ses vêtements se trouvaient d'autres vêtements similaires. Puis il entendit l'homme crier, le faisant sursauter, et se replier. Ce n'était vraiment pas la chose à faire, dans cette ville...

Le révérend allait prendre les choses en main. Il se rapprocha de l'homme et se baissa pour poser une main sur son épaule, ce qui eut pour effet de faire craquer son dos de manière pure et simple, et le faisant pousser un juron.

- Mon enfant, calmez-vous! Je suis avec vous, mais nous devons vite partir d'ici! Les gens ici ne sont pas très amicaux envers les gens comme vous et moi!

L'homme n'avait pas l'air de se calmer, alors il fit une chose qu'il n'aurait jamais faite en temps normal, mais Dieu et Lucifer le pardonnerait.
Il frappa aussi fort qu'il put l'homme au visage. Ce n'était qu'une petite frappe pour l'individu l'ayant reçu, mais les doigts du vieil homme craquèrent, et il poussa un autre juron. Ils n'avaient pas le temps.

- Veuillez m'excusez, mais il y a urgence!

Il entendait au loin des bruits, et il ne savait si c'était des Ellipsiens ou d'autres individus moins recommandable... Il s'avança vers l'être inanimé, une femme religieuse, à première vue, et la secoua doucement.

- Mademoiselle! Il faut vous réveillez!

Il était avachi, son dos le faisant toujours souffrir. Pourquoi cela devait-il toujours arriver au prêtre qu'il était? Arriver dans une ville, se faire poursuivre à cause de personnes criant pour une raison X ou Y, et devoir fuir... Il n'était plus tout jeune, tout de même !

La prière. C'était le dernier refuge d'Esther depuis cette fameuse rencontre dans le métro. Elle ne supportait pas l'échec, et ce parce que toute sa vie, les échecs de chaque membre de sa famille lui étaient reprochés. Son seul moyen de s'en sortir selon elle, fut la prière. Pendant plusieurs jours elle jeûna et pria comme jamais. Quand enfin, ses prières furent exaucées.

Ce jour-là, Esther pensait en fait rêver. En effet, il lui sembla recevoir des coups, qui ressemblaient fortement aux coups reçus par son père plus jeune. Pas de quoi s'affoler donc, si ce n'est qu'elle perçut peu de temps après des cris. Des cris venus d'outre-tombe. Elle ne comprit pas tout de suite, et cela eu l'effet, non pas de la réveiller, mais au contraire, de la replonger dans son sommeil, comme si elle voulait chercher les réponses à ces cris qu'elle pensait venir de son rêve.

Puis elle entendit une voix chaude et réconfortante, comme celle que pourrait avoir son grand-père qu'elle n'a jamais connu, celui qu'elle aime s'imaginer la portant sur ses genoux étant petite, le seul être lui portant de la compassion pour son œil malade et non du dégoût et de la peur. Peu après, elle sentit des mains la saisir et la secouer doucement tout en prononçant ces mots :

- Mademoiselle! Il faut vous réveillez!

Elle ouvrit un œil, puis le deuxième. Elle n'était pas dans sa chambre comme elle le pensait, et un vieil homme vêtu d'une soutane de prêtre la secouait doucement pour la réveiller.

- Où… où suis-je ?

Elle se releva pour s'asseoir, surprise de se retrouver à même le bitume. Il semblerait qu'elle se trouvait dans les rues de San Francisco, mais sans y être. L'ambiance y était pour le moins différente et beaucoup plus lugubre. Puis regardant à sa droite, elle vit un jeune homme à terre, vêtu lui aussi de vêtements religieux et semblant très mal en point. Rapidement, elle fit le rapprochement avec ses dernières prières et conclut qu'elle avait été envoyée avec ces deux hommes afin de chasser les forces de Satan.

Son sang ne fit qu'un tour et elle se releva en vitesse. Le vieil homme n'arrêtait pas de répéter qu'il fallait partir, sinon il allait nous arriver des bricoles. Elle se rapprocha du jeune homme et le saisit par le bras pour l'aider à se relever.

- Venez mon père, nous devons partir.

Regardant son visage de plus près, Esther fut prise d'un mouvement de recu : ce visage lui semblait étrangement familier. Pourtant elle se souvenait de tous les hommes de Dieu qu'elle avait rencontré, mais pas moyen de mettre un nom sur ce visage. Mais ce n'était pas la priorité pour le moment. Elle passa le bras gauche du jeune homme autour de son cou et passa son bras droit autour de la taille de l'homme, afin de le soutenir et de l'aider à se déplacer le temps qu'il reprenne ses esprits.

Le vieil ecclésiaste, qui semblait connaître le coin comme sa poche, les pressa et elle se mit à lui emboîter le pas, marchant aussi vite que possible avec ce fardeau.

...Un coup de poing... un seul et unique avait suffit à reprendre un peu le dessus sur soi-même...
Julian était maintenant suffisamment connecté à ce qui l'entoure pour comprendre qu'un vieil homme avait rejoint le lieu où il s'était réveillé quelques minutes plus tôt, et semblait vouloir que le petit groupe bouge rapidement d'ici, très rapidement...

A bien y regarder, le vieil homme inspiré confiance malgré sa tenue religieuse, et le ton de ses paroles, du moins les quelques brides entendus, ne laissaient pas le moindre doute sur la véracité de ces dernières.
Mais, encore une tenue religieuse !? Non. Il fallait se contrôler, comme depuis des années, se calmer et agir intelligemment. Ce n'est pas parce que tout trois sont habillés de manière religieuse qu'il faut se laisser aller pour le moment. Enfin, plus facile à dire qu'à faire pour Julian...
Il cesse toutefois de hurler, dans un effort de contrôle, sans pour autant stopper ses tremblements dans leur totalité ni se relever seul.
D'ailleurs... fuir ? Cela est clairement à ce moment même la chose à faire si l'on en croit le prêtre. Oui mais ce serait la normalité alors de fuir; ne faut-il donc pas rester ? Non non non, il faut se contrôler, ne pas laisser ses pulsions et sa phobie prendre le dessus, faire un effort, toutes ces préoccupations, il pourra y réfléchir en temps voulu.

Pensées : Allez ! Bouge toi ! Ça fait des années que tu as ça, et tu t'en sors à chaque fois, tu sais te contrôler ! Tu pourras toujours te déshabiller ou aller où TU veux plus tard ! Fait un effort !

Pendant ce temps, le Prêtre avait réussi à réveiller la jeune femme qui, de toute évidence, comprit elle-aussi la nécessité de quitter ce lieu. Cette religieuse vint immédiatement vers Julian pour l'aider à se relever (de toute manière, l'homme n'apparaissait pas en état de faire cela).

Bon, au moins je suis aidé par une femme, alors que normalement c'est aux hommes qu'on demande de l'aide. Allez, bouge !

Sur ces derniers efforts mentaux, Julian arriva à se relever, difficilement tout de même, et presque calmer entièrement sa crise. Aidé, il ne mit comme il peut à emboîter lui aussi le pas au Prêtre, alors même que de nombreux bruits arrivaient en leur direction, ou tout du moins de par les ruelles derrière eux.

La jeune fille s'était réveillé, et avait aidé le jeune homme tétanisé à se relever, et l'emmenait avec elle à la suite du vieux Léorio, qui avançait tant bien que mal malgré son dos dans les rues d'Ellipse, fuyant ce qu'il pensait être des poursuivants, à une cadence... Lente, malheureusement. C'était sans doute la fuite la plus pitoyable de toute l'histoire de Dreamland.

Le révérend regardait droit devant, à la recherche d'une échappatoire. Et après quelques minutes à courir à une vitesse inexistante, il vit un passage sur le côté.

- Mes enfants, par ici.

Il prit la ruelle étroite et sombre, espérant cependant qu'il ne tomberait pas sur la pire des rues mal famée d'Ellipse. Il se cacha, avec ses compagnons, derrière ce qui semblait être des poubelles. Quelques minutes plus tard, ils entendirent les bruits de pas se rapprocher. Les personnes n'avaient plus l'air très pressé.

- Mais je vous ai dis que j'ai entendu un cri!

- Il y a déjà assez d'animations dans le coin, tu crois pas? Allez, du balai!

Et ils purent entendre les individus partir... Tout du moins, il l'espérait.
Il osa jeter un regard vers la rue d'ou provenait la précédente discussion. Apparemment, personne. Il se mit à couvert à nouveau cependant, profitant de cette intermède pour respirer un coup.

- Que Dieu et Lucifer nous garde, mes enfants! Nous sommes sain et sauf... Pour le moment, cependant.

Bon sang, il était bien trop vieux pour ce genre d'aventures en terra incognita. Pourquoi les démons le défiaient-il ainsi? Ils désiraient qu'il fasse reconnaître à tous la bonté de Lucifer?
Il devait cependant expliquer le peu qu'il savait aux nouveaux arrivants.

- Nous ne sommes cependant pas sortie d'affaire... La dernière fois que je suis arrivé ici, les gens de cette ville me chassait, ainsi que d'autres des nôtres. Nous ne sommes pas les bienvenue ici, et vu ce qu'ils viennent de dire, je doute qu'ils soient enclin à nous accepter en ce moment.

Puis, ses yeux s'écarquillèrent, comme s'il avait eu une illumination. Parfois qu'il pouvait oublier des choses...

- Oh, excusez moi, je ne me suis pas présenté! Je suis le Révérend Léorio Vardonis, ancien prêtre et porteur de ma propre parole... Je considère que...

Puis il s'arrêta. Il avait déjà dis cela la première fois, mais là, ils n'avaient pas le temps.

- Nous n'avons pas le temps pour cela. Vous devez juste savoir qu'ici n'est pas notre monde, mes chers enfants. Nous sommes ici à Ellipse, et certain d'entre nous ont des... effets dérangeants.

Il regardait le jeune homme qui s'était arraché ses vêtements pour avoir exactement la même tenue en dessous. Il ne considérait pas qu'il avait un quelconque pouvoir ici, mais le Révérend savait que le jeune homme, lui, en avait un. Il devait en tout cas trouver un moyen de sortir d'ici vivant, et de trouver de l'aide ailleurs.

- Malheureusement, nous n'avons que nos vêtements pour tout bien personnels. Il va nous falloir sortir de la ville par nous mêmes, mes enfants.

Et le prêtre, comme pour se rassurer et implorer l'aide de Dieu et de Lucifer, repartit dans son Kyrie Eléison personnalisé....

Le jeune prêtre qu'Esther traînait semblait peu à peu reprendre ses esprits. Devant eux, le vieil homme avait beaucoup de peine à marcher et se déplaçait d'un pas plutôt lent pour un homme en fuite. Mais cela arrangeait bien notre pauvre Esther qui avait du mal à supporter tout le poids du jeune révérand.

Ils suivirent le vieil homme dans une ruelle et se cachèrent derrière des poubelles, comme il le leur avait indiqué. Soudain des voix se firent entendre. A ce moment-là, Esther comprit qu'ils étaient bel et bien poursuivi et qu'elle avait bien fait de faire confiance à cet homme. Mais ce moment de bonheur fut de courte durée. Le vieil homme dit :

- Que Dieu et Lucifer nous garde, mes enfants! Nous sommes sain et sauf... Pour le moment, cependant.

Lu... Lucifer? Avait-elle bien entendu, ou était-elle encore dans un état second après son réveil? Tujours est-il qu'elle regarda le vieillard des éclairs dans les yeux. Elle se tourna vers le jeune homme assit à ses côtés, il ne semblait pas avoir relevé . Esther ne savait plus quoi penser. Elle savait qu'il existait des prêtres dissidents, célébrant le culte de Satan et invoquant les démons, elle n'en avait juste jamais rencontré, et n'avait jamais eu à faire face à tout cela...

Inquiète, elle regarda rapidement les poubelles se trouvant à côté d'elle. Elle ne vit malheureusement rien qui aurait pu lui être utile au premier coup d'oeil, et elle n'osa pas se lever pour fouiller plus que ça, de peur de se faire repérer par le vieil homme. D'ailleurs ce dernier se présenta rapidement, c'était le Révérend Léorio Vardonis, et il tenu un discours pour le moins inquiétant, comme quoi nous ne serions pas dans notre monde...

Ne sachant plus où elle en était, Esther voulu se prendre les mains dans le visage. Elle stoppa net son geste quand elle remarqua le dessin d'une croix dans sa main droite. Comment était-ce apparu? Jamais elle ne se serait fait un tatouage, son corps étant pour elle le temple du Saint-Esprit, jamais elle ne se serait permise de le souiller ! Et pourtant le dessin semblait être bien incrusté, et pas prêt de partir...

Sortant de ses pensées, elle entendit le vieil homme prier en latin des sermons qu'elle ne connaissait pas. Elle profita de cet instant de répit pour se tourner vers son autre compagnon de route, et lui posa sa main droite sur l'épaule. L'espace d'une seconde, le jeune homme fut entouré d'un halo de lumière. Surprise, elle eut un moment de recul, puis un sourire éclaira son visage. Oui, ça ne pouvait être que cela, un message de Dieu, ce jeune homme allait l'aider dans la suite de son voyage !

Reprenant rapidement ses esprits, elle chuchota pour le jeune homme :

- Je m'appelle Esther Bunny et je suis une envoyée de Dieu. Je n'ai pas confiance en ce vieil homme, je vous conseille la plus grande prudence à son égard

Elle vit les yeux du jeune homme s'écarquiller et rajouta :

- Je vous expliquerai cela le moment voulu.

Elle se tourna ensuite vers le vieillard, un air agacé sur le visage.

- Dites-moi, prier c'est bien, mais je sais aussi qu'il faut déguerpir quand des personnes nous recherchent, alors soit vous nous aidez et nous conduisez dans cette ville pour le moins étrange, soit moi et mon compagnon de route devrons continuer sans vous.

Bien que son oeil droit soit caché derrière un verre noir, on pouvait voir dans son oeil restant qu'elle ne rigolait pas. Et qu'il ne fallait pas venir la chercher en cet instant précis.

Durant ce que l'on pouvait difficilement appeler "course" ou "fuite", Julian commença à totalement reprendre ses esprits, et arrêter de trembler. Sur la fin, lorsque le Prêtre les amena dans une petite impasse se cacher derrière des poubelles, il pu même faire les 2-3 derniers mètres seuls, avant de s'effondrer, assis contre le mur de la ruelle, à réfléchir aux événements.

Que le Prêtre annonce qu'ils étaient pour le moment sains et saufs soulagea quelque peu la tension mentale qui était la sienne, et il pu presque commencer à souffler un peu.
Deux événements lui firent totalement reprendre pied. Premièrement, l'annonce que le Prêtre, Léorio Vardonis d'après ses dires, fit. Il affirmait que nous étions dans un endroit étrange, pas "normal", et ça, c'était une bonne chose. A bas le monde réel. En plus, il semble que lui et ses nouveaux compagnons ne sont pas les bienvenus. Ils ne rentrent pas dans la norme ! Enfin, ça, il l'avait compris rien qu'à la première phrase du Prêtre, à prier Lucifer de nous garder.
Le second événement fut la main posée sur son épaule par la religieuse nommée Esther... Un effet étrange se produit, son corps émettait de la lumière. L'esprit de Julian devint tout de suite plus clair, plus calme, plus contrôler, par chance pour tous ! En plus, il réagit au fait qu'ils se cachent derrières des poubelles, l'endroit le moins normal où stationner !

Parfait comme situation ! Le problème des vêtements pourraient attendre !

Et se tournant vers les deux individus juste après que Esther puisse avoir ordonné au Prêtre de les aider, ou qu'ils feraient route seuls :

- Euh... Oh... Bonjour... Désolé pour tout à l'heure. J'ai quelques problèmes dirons nous. Essayez de ne pas faire attention. Pour faire court, je m'appelle Julian. Ravis de rencontrer des gens étranges dans une situation la moins normale qui soit ! Mais donc... vous n'êtes pas dans un de mes rêves hein ? C'est un peu... Réel ?

et réagissant aux propos d'Esther :

- Par contre, Mme Bunny, je ne sais pas trop pourquoi vous décidez pour moi de la suite. Enfin je crois que vous m'avez aidé, merci. Mais j'aime bien cet homme, je suis certain qu'il ne nous veut pas de mal. Il n'a pas l'air "normal", et les gens pas "normaux" sont toujours biens, sans masques. Enfin, vous m'avez l'air folle aussi, autant que moi. Je crois que je nous aime bien à n'être pas normaux dans cette ville pas normale.

Puis, par intuition ou image inconsciente :

- Mais, ne nous serions nous pas rencontré précédemment..? Vous me dites quelque chose...

Rejetant la question de lui même, et s'adressant au Prêtre, prêt à écouter toute proposition de sa part, du moment que Mme Bunny suit et que le groupe reste soudé quelques temps :

- Bref, on fait quoi..? Et vous n'auriez pas une cape quelque part ? Je ne supporte pas mes vêtements, vraiment pas. Quoi que je fasse tout à l'heure, ils étaient toujours là, je voudrais les cacher.

Puis il attendit une réponse, content du manque de normalité de tout ce qui arrive.

Apparemment, une fuite en bonne et due forme serait plus complexe que prévue. Tout d'abord, la jeune fille fit des messes basses au jeune homme, après une séance son et lumière suite à un simple contact sur lui. Une de ces capacités? Peut-être, mais il le saurait sans doute bien assez tôt.

Mais ce fut les propos de la religieuse qui fut les plus étranges, vu la situation. La jeune fille cherchait maintenant à lui donner des ordres, alors qu'il les avait aidé? Et bien, Lucifer n'avait peut-être pas été aussi bon avec lui qu'il ne le pensait. Mais il devrait faire avec. Mais le jeune homme qu'ils avaient aidés semblait avoir repris ses esprits, et le défendait, tout en lui demandant la suite des événements.

Il se tourna d'abord vers la femme qui l'avait plus ou moins menacé de prendre la poudre d'escampette.

- Mon enfant, si vous désirez partir seul, c'est votre choix. Mais les démons nous ont fait nous rencontrer pour une bonne raison, croyez-moi. Ils ont des plans pour nous. Et je ne suis que les bons démons, pas les mauvais. Si vous partez, ce seront les mauvais démons qui vous feront vous perdre dans cette ville.

Puis il se tourna vers l'individu lui ayant demandé une cape. Il n'avait malheureusement rien trouvé lors de son précédent séjour. Il lui faudrait trouver une tenue différente de celle-ci d'ailleurs...

- Malheureusement non, mon fils. Je n'ai guère autre chose que ma tenue. Et à en croire ce que j'ai vu, je doute que vous puissiez retirez cet accoutrement ainsi. Pour la suite, il nous faut sortir d'ici au plus vite, mais la dernière fois, je suis revenue dans le monde réel avant de fuir Ellipse... Le Docteur que l'on m'avait fait voir était partie.

Alors qu'il parlait, il se rendit compte de quelque chose d'étrange. Était-ce un mauvais tour des démons? Il écarquilla les yeux, et regarda encore. Rien.

- C'est un tour que me joue mes yeux, ou je n'ai pas d'ombre?

C'était effectivement le cas. Il n'avait plus d'ombre. Mais pourtant, la dernière fois qu'il était venue, il avait une ombre.... Il se dit qu'il y avait sans aucun doute des problèmes plus urgent.

- Le principal soucis, c'est notre tenue extravagante. Il faudrait que quelqu'un se renseigne et sache ou se trouve la sortie de la ville, sans pour autant nous faire repérer comme vous avez pu le faire, mon fils. Sans vouloir vous offenser.

Il n'y avait aucune agressivité dans ses paroles. Seule la vérité se faisait entendre, et le vieil homme parlait d'une voix bienveillante. Il aimait ses nouveaux compagnons, comme Dieu et Lucifer devait les aimer. Puis soudain, il eut une autre idée.

- Si Lucie était là, elle nous aurait aidé mais pour l'heure... Comment étiez-vous vêtu avant de venir ici, Julian? Peut-être qu'avec le temps, votre tenue reviendra... Mais j'ai une autre idée en tête, si cela ne vous dérange pas bien sûr.

Il était peut-être leur sauveur de cette situation, mais il se rendait bien compte que son idée était à double tranchant: il ne savait s'il pourrait faire confiance au jeune homme après la scène phobique qu'il avait eu.

- Pourriez-vous allez vous renseigner rapidement sur les lieux, et si la voie est libre? Notre priorité est de sortir de ces rues et de trouver un refuge loin d'Ellipse. La suite viendra d'elle-même je pense, n'est-ce-pas?

Il regarda à nouveau la jeune fille. Il lui faudrait révéler la vérité à la jeune femme. Mais pour l'heure, il lui donnerait une version courte, ou lui ferait se poser des questions tout du moins. Mais il doutait qu'il puisse changer quoi que ce soit.

-Ma fille, avez-vous déjà vécu un exorcisme? Vous-êtes vous renseignez dans bon nombre d'écritures saintes et moins saintes? Vous pouvez me croire: j'étais un prêtre reconnu, mais j'ai décidé de quitter l'église pour de bonne raisons. Libre à vous de me faire confiance.

Il se releva, et tous purent entendre un craquement sonore, signalant que le vieil homme avait une nouvelle fois bloqué son dos. Il poussa un gémissement tandis que la douleur se fit sentir. Il lui faudra une canne, un jour...

Les paroles de Vardonis résonnaient dans la tête d'Esther. "Mais les démons nous ont fait nous rencontrer pour une bonne raison, croyez-moi. Ils ont des plans pour nous. Et je ne suis que les bons démons, pas les mauvais. Si vous partez, ce seront les mauvais démons qui vous feront vous perdre dans cette ville." Elle n'osait pas y croire, mais cela confirmait bien ses doutes et ses craintes, le vieil homme était bien de ces prêtres qui ont retourné leur veste et choisit de combattre le Dieu tout-puissant au lieu de marcher à ses côtés. C'est bien un comportement qu'elle ne pourrait jamais comprendre...

La suite de son discours, elle ne l'écouta qu'à moitié. Non, elle ne pouvait pas faire confiance à cet homme qui bafouait toute l'éducation qu'elle avait reçue. Son cerveau travaillait à cent à l'heure, se yeux regardaient à gauche et à droite, tournaient sans cesse, elle était totalement perdue... Et en même temps, elle resta tétanisée, de peur que le moindre pas qu'elle fasse lui soit fatal...

Elle resta ainsi 2 minutes qui lui parurent une éternité. Lorsque soudain le révérand se retourna vers elle pour lui parler d'exorcisme. Non, elle n'avait jamais vu d'exorcisme et elle en était bien heureuse jusqu'à présent, mais elle s'était assez renseignée sur le sujet pour comprendre que cet homme ne rigolait pas avec elle. Dans ses yeux, elle percevait maintenant la lueur étrange qu'on les sataniques, tels que cet homme à capuche qu'elle avait rencontré dans le métro...

Sans plus réfléchir, elle se leva et s'élança hors de la ruelle sans que ses compagnons aient le temps de la retenir. elle se mit à hurler en plein milieu de la rue, en tenant son pendentif de la main droite :

- Au secouuuuuurs ! A l'aiiiiiide ! Les démons nous attaquent, Satan veut notre mort !

Deux hommes et une femme firent leur apparition, sortant d'une ruelle transversale. Les deux hommes s'engagèrent rapidement dans la ruelle qu'Esther pointait du doigt, tandis que la femme resta auprès d'Esther pour la protéger, du moins c'est ce qu'elle pensait...

En quelques 10secondes, SON moment de bonheur avait été gâché par Esther. Elle avait réussi à attirer à nous des gens Normaux ! Et profiter tranquillement de la situation anormale ne va plus être possible !

- Mais quelle folle ! Se dit-il à lui-même.

Et là, comme une bulle qui éclate, il comprit d'où lui venait cette impression de la connaître.

Hurlant : - Mais c'est cette put*** de folle du métro ! C'est à cause d'elle que j'ai eu une crise aussi importante depuis longtemps, et elle continu à me pourrir la vie ici ! Dire que j'ai éprouvé de la sympathie pour elle pendant quelques minutes.

Tout en pensant : - Bon... Au moins elle n'est pas normale même parmi les siens, c'est déjà ça...

Et sous la colère de l'arrivée des deux individus pour gâcher la "fête", Julian se lève et se jette dans la benne pour trouver une arme.
Rapidement, il y trouve une barre en fer creuse, du type tuyau pour le gaz.

- Ouai non, c'est classique, ça va pas.

Sur ces mots, il jette la barre dans la benne, et continu de fouiller, jusqu'à trouver un petit plateau en bois dur du jeu de solitaire, quelques pièces encore dessus.

- Parfait ! Parfaitement parfais !

Et il sort pour se précipiter sur les individus, se battre avec eux.

S'adressant au prètre :
- Vous inquiétez pas, je gères ! C'est pas une situation normale tout ça, et ça me connaît ça !

Puis il continu sa course (courte certes, mais il cour). A hauteur des deux hommes, un clignement d'oeil, et sa tenue a changée. Il porte maintenant des baskets, un jean et un t-shirt classique, dans le style des individus en question, surmonté d'une veste ouverte. Comment ?

- Mais c'est quoi le problème avec moi là depuis mon réveil ?!

Sauf que ce moment de blocage, d'hésitation et de résistance mentale à sa phobie, se mordant les lèvres au sang, se disant que ce n'est pas le moment pour ça, le tout ne durant pas plus de 2sec, est suffisante pour que le premier des deux hommes lui donne un coup de poing au visage.
Ce dernier est assez fort pour l'envoyer à terre et entendre râler Julian :

- Brin ! Qu'est ce que vous avez tous à me coller des coups au visages depuis tout à l'heure ? C'est la seconde fois en moins de 15min !

Passablement énervé, Julian se relève et se jette sur les Elipsiens, les frappant à coup de tablette de solitaire, les mordant et essayant de leur tordre les articulations. (ben oui... Se battre à la régulière n'est pas faisable pour lui.)
Toutefois, les coups pleuvent dans la rue, et l'issu de la rixe est loin d'être incertaine.

Durant celle-ci, s'adressant rapidement à Leorio :
- Ehhh ! Le prêtre ! En fait je veux bien de l'aide !

Provient de >>>> Au pays des fous, les givrés sont rois

HRP : ouai je m'incruste ! Wesh =p

+++++++

Instantanément, Selene avait été transportée sur le toit d’un immeuble elipsien. Elle avait reconnu la ville pour ses contours incroyablement semblables à San Francisco, même si son dernier et seul passage ici avait été très court. Les cicatrices de la nuit sanglante marquaient encore la métropole : des échafaudages témoignaient des travaux entamés, tout comme certaines bâtisses étaient condamnées par des bâches et des banderoles « DANGER – NE PAS FRANCHIR LA LIGNE JAUNE ».

Un cri s’éleva en contrebas. Une femme qui criait aux démons, complètement hystérique. Quand l’adolescente se pencha pour voir la scène, la folle était déjà entre les mains d’une jeune du coin alors que dans la ruelle transversale, deux hommes s’engouffraient pour s’approcher d’un vieux et d’un… un type dont les vêtements changèrent d’eux-mêmes. L’adolescente se mordit la lèvre, son rythme cardiaque s’accélérant : il venait de prouver en direct live qu’il était un voyageur. S’en était fini de son cas ! Même si elle n’y avait pas vécu, Selene avait suffisamment entendu parler d’Elipse pour savoir que la tournure que prenaient les choses pour le groupe en contrebas ne disait rien qui vaille.      

Déjà, des têtes curieuses se penchaient aux fenêtres. Des sifflements fusaient, encourageant les voyous qui s’étaient décidés à casser du voyageur pour le fun, ce n’était pas interdit de toute façon. Un ou deux citoyens avaient déjà un portable en main, sûrement en train de prévenir la police. Des officiers seraient là dans une quinzaine de minute, sans aucun doute.

Le sensation d’impuissance de la toquée, mêlée à la douleur qui irradiait sa poitrine fragile à cause du – supposé – geste de James,  déclencha la magie de sa bague d’Unseelie. Le pouvoir ravageur de la mauvaise fée la submergea, retournant son esprit doux pour y puiser toutes ses frustrations et ses rancœurs. Sa chevelure rousse virait au noir, ses deux ailes se déployèrent dans son dos, grand kaléidoscope de couleur. Pleine d’assurance, ses peurs et complexes ordinaires balayés par l’inversion de ses émotions, (Dark) Selene sortit de ses affaires son coupe papier en argent et bondit dans la ruelle où Julian se battait contre un chiffonnier avec les élipsiens.

Ses ailes battaient pour amortir sa chute alors qu’elle activait son objet magique : il se métamorphosa en une épée élégante, incroyablement légère, guidant ses gestes pour la rendre aussi habile à la lame que si elle avait des années d’escrime derrière elle. L’adolescente galvanisée par cette rage qui la faisait se sentir surpuissante ne se priva pas de toucher le sol avec un petit plus de théâtralité. Une main et un genou au sol, sa chevelure d'encre tourbillonnant avec grâce.

Elle s’élança alors, sa rapidité accrue imparable pour le commun des mortels, et enfonça son arme dans l’épaule d’un des deux voyous. Il poussa un hurlement de douleur, lâchant sa prise sur Julian. Son acolyte ne souhaitant pas écoper du même sort, bondit en retrait et dégaina une arme à feu planquée dans sa poche avec des gestes maladroits.

- Vraiment ?! Demanda (Dark) Selene en éclatant d’un rire glacé.

L’elipsien pressa la gâchette, mais l’adolescente possédée par la bague eut le temps de dresser sa main gauche pour activer son magnégide. Tout le chargeur y passa, toutes les balles s’écrasèrent contre son bouclier techyoïte. Inévitablement. A court d’arguments, intimidés par cette créature visiblement trop forte pour eux, les deux locaux s’enfuirent non sans cracher insultes et promesses de mort. Leur complice féminine avait libéré Esther pour déguerpir aussi mais déjà, les sirènes de police se faisaient entendre. Ils avaient 10 minutes, à peine.

- Félicitation, déclara la toquée aux trois jeunes voyageurs en rétractant son épée, vous avez réussi à attirer l’attention de toute une ville en croisade contre les gens comme nous. J’ai pas l’intention de rester ici pour me faire prendre avec vous : donc soit vous me suivez tout de suite et on trouve une planque le temps de savoir comment s’en sortir, soit je vous laisse entre vous pour attendre les flics.

Le prêtre n'eut pas le temps d'avoir la réponse du jeune homme que la jeune femme partit dans un délire frénétique, commençant à demander de l'aide pour chasser du démon. Ce qui eut pour effet de réveiller des souvenirs du jeune homme... Apparemment, ils s'étaient déjà rencontrés, et ça s'était déjà mal passé. Au moins,  ils avaient eut de la chance et n'avaient pas été seuls sans connaissance dans ce charnier.

Julian cherchait une arme, d'après ce qu'avait pu voir le prêtre... Mais il avait choisi un jeu de solitaire à la place d'une barre de fer? Ah, ces jeunes... Dans l'ancien temps, il n'y avait même pas de bagarre de ce genre. Ces dernières années, c'était les molotovs, les barres de fer, et autres cailloux, et maintenant, c'était les jeux de solitaires. L'expression "Qui sine peccato est vestrum, primus in illam lapidem mittat" était à retravailler, de nos jours....

Le prêtre ne voulait en aucun cas participer à cette bagarre. Déjà, car il était trop vieux pour ça et n'avait pas la force. De plus, car si jamais il s'en sortait, il pourrait les aider. Personne n'avait vu son pouvoir, contrairement à celui de Julian qui avait agi comme il l'avait pensé suite à l'arrivée des ellipsiens. Quand à Esther, sa simple action l'avait de toute manière rendue pour cible. La seule chose qui faisait qu'il était victime de cela, c'est qu'il les suivait.

Mais c'était un bon prêtre. Il devait pardonner leur péché. Et puis, Julian était en train de lui demander de l'aide. Il s’apprêtait à déclamer l'un de ses sermons pour demander de l'aide aux démons et à Dieu, lorsqu'une personne ailée et fortement équipé vint à leur aide, agressant l'un des hommes, mais sans le tuer. Au moins, ils étaient partis. La créature venue des cieux leur proposait maintenant de s'enfuir, ou de les laisser face à la police.

- La question ne se pose pas pour moi!

Et il s'enfuit, accompagné de ses compagnons, à l'opposé des sirènes de police, suivant la créature féminine ailée. Le prêtre se demandait si c'était un démon ou un ange. Les ailes translucides et l'apparence même de la créature lui faisait plutôt penser à un démon. Mais même si son rire aurait monté à n'importe qui l'air malsain de la personne à ce moment-là, Léorio ne voyait que de la bonté de la part de Lucifer. Les démons étaient farceurs, il le savait. Mais ils ne l'auraient pas aidés en envoyant quelqu'un de mauvais.

Soudain, il aperçu l'entrée vers ce qui semblait être un métro. D'après la pancarte, c'était effectivement une ligne hors service.

- Par ici mes enfants!

Il s'avança, espérant que son dos ne choisisse pas ce moment-là pour faire des siennes, et écarta les obstacles, laissant tout le monde passer dans le souterrain, puis il remit difficilement les objets en place, et descendit à leur suite.
Un métro passait, mais vide de monde. Les lumières blanches donnait une lueur spectrale aux visages de ses compagnons, notamment de la personne aux ailes étranges, qui semblait habité d'une colère forte. Il s'avança dans la lumière, tel un saint, et tendit sa main vers elle.

- Je tenais à vous remercier, mademoiselle... Je ne sais pas si vous êtes un ange ou un démon qui êtes venue à notre secours, ou quoi que ce soit d'autres... Mais sans vous, nous serions perdus.

Puis il se tourna vers Esther, l'air grave.

- Mademoiselle, vous ne devriez pas en faire qu'à votre tête. Je vous ai dis qu'ici, ce n'était pas chez nous. Nous avons eu de la chance que quelqu'un d'aussi puissant nous soit venue en aide! Cependant... Je vous pardonne vos péchés, ma fille.

Puis il prit place sur le sol, en faisant cependant craquer son dos une nouvelle fois, ce qui eut pour effet de lui couper le souffle quelques instants. Puis il respira un coup et reprit.

- Je ne sais pas vous, mais je ne sais pas comment on pourrait sortir d'ici. Si vous avez une idée, allez y mes enfants.

Il regardait derrière lui, et à la lumière du spot, son ombre était toujours absente. Qu'est ce que cela pouvait signifier?

Les derniers événements, Esther les a vécu dans un état second. En effet, la fille qu'elle pensait être de son côté la retenait maintenant, lui ayant fait une clé de bras. Cependant, elle pu apercevoir Julian bouger dans la ruelle et se défendre avec... Un genre de planche de bois? Sérieusement? Elle ne put s'empêcher de pouffer doucement. Rapidement, elle repris son calme et remarqua que le vieil homme ne bougeait pas, il ne cherchait même pas à s'enfuir... Pourquoi?

La bataille semblait pour le moins mal engagée. Maintenant, Esther s'en voulait. Et si tout ceci n'était que le fruit de son imagination? Et si le prêtre n'était-il en fait qu'un homme de Dieu et que Satan essayait de la posséder pour faire capoter les plans de Dieu? Elle ne pouvait pas être la raison de leur échec. Esther tenta de se débattre mais fut vite rappelée à l'ordre par sa bourreau.

Soudain, cinquième silhouette fit son apparition de la ruelle, et Esther aperçut ce qui lui semblait être... Des ailes ! Oui c'est bien cela ! Et cet ange de Dieu se mit à défendre ses deux compagnons de route. pour elle, le message fut clair, elle s'était trompée sur toute la ligne et devait à présent faire plus confiance à ses heureux camarades de voyage.

Après avoir nettoyé la zone, des sirènes retentirent dans toute la ville. Suivant les conseils de ce nouveau compagnon, qui semblait plutôt être une jeune fille, le révérand enclencha la marche pour s'enfuir, bien vite suivit par tout le monde. Esther eu tout de même un moment d'hésitation, mais Julian la voyant inquiète lui sourit et l'attrapa par le bras pour l'emmener avec eux.

Ils se faufilèrent dans les souterrains où passaient les métros, pour la plupart étrangement vides. faisant une halte, et après avoir eu droit aux remontrances de Léorio, Esther tint à s'excuser platement auprès de lui :

- Excusez-moi mon père, je n'avais pas bien compris le message de notre Dieu tout puissant, j'ai été dupé par Lucifer et ses démons, j'agirais désormais selon vos instructions.

Elle jeta un oeil à Julian qui dévorait des yeux leur nouvelle compagne de route. Se tournant vers elle :

- Avec ce court moment de répit, aurions-nous l'obligeance de savoir qui le Seigneur nous a envoyé pour nous sauver?

A peine sa demande d'aide lancée envers le prêtre qu'il avait vu dans le regard de ce dernier qu'il ne comptait pas venir. Mais ce n'est pas grave, seul ou non, il gagnerait !
Et en fait non, il était clairement débordé, recevant bien plus de coups que ce qu'il pouvait donner avec sa planche de solitaire. Sans compter qu'il avait pu voir Esther se faire quelque peu tordre le bras par celle à qui elle avait demandé de l'aide.

Et là eu un des événements qui chamboula le plus la vie de Julian. Une jeune fille venait d’atterrir au sol, avec deux ailes dans le dos, et sortant d'un stylo (un stylo ! qui devient une épée - vous avez moins normal que ça ?), se permettant même des effets de style sur la fin de son saut. - Stupéfaction pour Julian qui arrêta tout - Cette dernière ne mit pas longtemps à faire fuir l'homme qui tordait fortement l'épaule de Julian, puis, émerveillant celui-ci, arrêta des balles avec une espèce de... bouclier ?

- Sérieusement, je suis arrivé où ? Toutes les 5min, des choses de moins en moins normales arrivent... C'est le paradis ou quoi ?

Cela étant fait, la troisième poursuivante relâcha Esther et fuit à son tour. Puis la nouvelle arrivante leur dit, tout comme le Prêtre l'avait déjà fait, de fuir de toute urgence, les sirènes de police ne laissant pas de doute sur ces paroles.
Prenant le bras de Esther, et rêvassant à propos de Selene qui lui avait fait un sacré choc, couru en suivant le Prêtre. Tout le petit groupe s’enfonça dans une bouche abandonnée de métro, et l'on pu estimer pouvoir souffler un peu. Pas énormément, mais un peu tout de même.

S'adressant alors à Selene :
- Tu ! Tu... Dis moi, tu m'as l'air franchement jeune... mais tu... t'es carrément pas normale ! T'es à l’opposé de toute normalité ! Même les deux ici, la folle et Leorio - apparté à ce denier :J't'aime bien quand même hein ! - qui sont tout sauf normaux, sont pas aussi étranges et loin de la norme que toi... Je... Tu serais pas aussi jeune, je t'aurais directement demandé de venir vivre avec moi ! Mais là, ça ferait détournement de mineure, parce que bon, t'as pas l'air d'être majeure...
Bref ! T'es géniale ! Aussi jeune, et déjà aussi peu dans la norme, j'en aurais rêvé ! Je vais te suivre partout à partir de maintenant ! Je veux te protéger de tout, toi qui ne respecte pas les convenances ! Je ne peux que protéger une prodige de l'étrange comme toi ! Regarde, tes ailes, ton bouclier ?, ta vitesse tout ça... Et puis t'as même attendue pour intervenir j'en suis sûr ! Les gens normaux interviennent de suite, pas toi ! Merci !

C'est à ce moment que Selene perd son "mode" Drak Selene...

- Wahhh ! Tu fais même des transformations comme ça ! S'il te plait, laisse moi te suivre partout ! Par contre, le coup de l'épée, c'est du déjà vu... C'était un peu décevant ce passage là... pourquoi pas une hache ou un marteau ?

Revenant un peu à la réalité :

- Euh... Par contre si on doit fuir, sachez que normalement il y a des tunnels d'aération dans les métros, donc on peut toujours voir à les emprunter hein, je sais comment les utiliser, je l'ai déjà souvent fait... Dans tous les cas, je la suis elle, mais s'il vous plaît, venez avec nous, vous n'êtes vous même carrément pas normaux. Vous me plaisez mine de rien ! dit-il en montrant Selene, puis regardant Esther et Leorio.

Au moins, ils l’avaient suivie. Les sirènes avaient l’air de se rapprocher, inexorablement, et (Dark) Selene devait se retenir de ne pas s’envoler pour se mettre à l’abri de son coté, alors que les autres se feraient attraper. Toutefois, le petit groupe foula bientôt le sol d’une rue rendue impraticable pour les voitures, l’asphalte fendu par une fissure, le béton fracturé. C’était une partie de la ville qui avait été condamnée – faute de mieux – gravement endommagée par un étrange séisme lors de l’exil des voyageurs. Plusieurs stations de métro de la zone, dont celle qu’indiquait le révérend, étaient hors service.

Avant de s’enfoncer dans l’escalier sombre, la toquée aida Léorio à remettre les panneaux « DANGER – DEFENSE D’ENTRER » en place. Sur le quai, les néons qui n’étaient pas encore grillés projetaient des halos spectraux rendant l'endroit lugubre. De vieux débris de cartons, des emballages de fast-food et des tessons de bouteille laissaient croire que les lieux avaient déjà servis de refuge mais pour l’instant, ils étaient déserts. Un metro passa à toute vitesse sur les rails, pratiquement vide. La plupart des gens n’osaient plus prendre cette ligne, sans doute.

La galloise fût alors littéralement ensevelie sous les déclarations passionnées. Entre les remerciements du vieillard, les interrogations de la jeune femme évoquant une apparition divine, et l’exaltation de Julian, elle ne savait plus où donner de la tête. D’ailleurs, la magie prit brusquement fin, la privant de ses ailes et de ses sens sur-développés, lui rendant sa chevelure rousse. La fatigue tomba alors sur ses épaules frêles comme un sac de plomb. Le babillage du phobique des normes lui donnait mal au crâne. Dans d’autres circonstances, elle aurait viré à l’écarlate en riant maladroitement. En voulant s’approcher des bancs poussiéreux pour s’assoir, Selene manqua de s’évanouir et dut se rattraper à Esther pour ne pas tomber.

- Désolé, murmura-t-elle d’une voix faible, je…

Elle ne savait plus comment finir sa phrase. En fait, elle était elle-même sous le choc. Se jeter au cœur d’un combat ? Planter son épée dans l’épaule de quelqu’un ? Un frisson secoua son corps déjà brisé par des tremblements fiévreux. Ça ne lui ressemblait tellement pas… et ça lui faisait peur. Peur parce qu’au fond d’elle-même, elle aimait ne plus être faible. Mais ce n’était pas elle…

Tant bien que mal, l’adolescente réussit à s’assoir et retira son bonnet, son écharpe et son manteau hivernal avec des gestes mal assurés. Elle avait l’impression d’être en feu, mais avait la chair de poule. Désormais en tee-shirt, la lueur blanchâtre des néons crasseux éclairaient ses bras pâles et les cicatrices qui quadrillaient sa chair. Les anciennes, sac-de-nœuds de visages d’épouvantails, et les plus récentes, comme celle qui suivait une veine de son avant-bras gauche – sa dernière tentative de suicide. D’habitude elle se cachait mais cette fois, elle avait déjà assez de mal à rassembler ses esprits.

- Je… je m’appelle Selene, articula-t-elle difficilement, mais je n’ai pas été envoyée par Dieu… je ne crois pas…

Ses yeux noisette se levèrent vers ceux qu’elle avait sauvés. Visiblement, que des personnes pieuses. Cela tira presque un sourire doux à la toquée, familière aux fréquentations très croyantes de sa tante, mais son visage était à moitié paralysé par la fatigue. Et puis d’ailleurs, si c’était vrai ? Si elle n’était pas tombée sur ce toit par hasard ? Peut-être les entités divines de Dreamland étaient derrière son intervention.

- Vous êtes vraiment gentils, ajouta-t-elle en regardant particulièrement Julian, merci. Mais je… je ne suis pas si extraordinaire que ça. Je suis désolée, je ne sais pas comment sortir de cette ville. Je suis coincée, comme vous... Peut-être l’aération… ou les égouts, oui, mais… on risque de se perdre si on n’a pas les plans.

Son cœur s’emballa soudainement dans sa poitrine fragile. Elle prenait consciente qu’ils étaient prisonniers d’une ville de fasciste anti-voyageur, qu’ils avaient la police aux trousses, que leur répit dans une station de métro désaffectée ne pourrait pas être éternel. L’angoisse gonflait dans sa gorge jusqu’à l’étouffer. Consciente d’être encore au centre des regards mais incapable de réprimer son TOC cette fois. Selene essuya le coupe-papier encore dans ses mains sur son short, et entreprit fébrilement de tracer la silhouette d’un de ses amis de paille dans la peau blanche de son bras gauche. Ça y est, elle devait être passée d’ange héroïque à malade mentale, mais au moins, les premiers tracés vermeil sur sa chair l’apaisaient, et déclenchèrent son pouvoir, qui se propagea sur Léorio, Esther et Julian.

La religieuse était venue auprès de lui pour s'excuser platement, bien qu'elle avait encore fait des faux pas durant son discours. Il voulu la contredire, mais il se retint. Il avait vu la scène précédente. Ils auraient le temps d'en reparler une fois sortie d'Elipse. Pour l'heure, ils avaient pour priorité de sortir vivant.

Soudain la créature ailée reprit une forme normale. Humaine. Il n'y avait donc que deux possibilités pour lui, maintenant: Soit c'était un démon qui choisissait maintenant de prendre forme humaine, ce qui lui semblait peu probable. Soit c'était aussi une voyageuse. D'ailleurs après la proposition de Julian pour ce qui était de sortir, la jeune femme qui les avait aidé sembla tomber de fatigue sur Esther. Tandis que la personne se présentait en tant que voyageuse, comme eux, il regardait la peau de la jeune femme. Elle était d'une blancheur froide, mais il apercevait aussi les cicatrices de la jeune fille, ressemblant à de petits épouvantails. Qui avaient pu lui infliger cela? Et pourquoi? C'était inhumain.

Cependant, elle tremblait et semblait encore plus paniqué qu'eux, maintenant. D'ailleurs, le révérend se leva d'un coup lorsqu'il vit la jeune fille empoigner son coupe-papier... Mais ne fit rien lorsqu'il vit comprit. Ces cicatrices étaient toutes les mêmes, et c'était elle qui s'étaient infligés cela. Et elle avait sans doute une bonne raison de faire cela. Il leva un bras en direction de ses compagnons, comme pour les empêcher d'intervenir.

- Laissez-là, mes enfants.

Il se sentit alors se décontracter, comme par magie, comme si... Comme si rien de grave ne se passait. Elle avait fait quelque chose, mais quoi? Il le saurait peut-être un jour. Mais il savait ce qu'il devait faire, maintenant.

Il laissa la jeune fille terminer son oeuvre. Quelqu'un de si jeune.... Qu'avait-elle pu vivre dans le passé? Il se rapprocha de la dénommée Selene, et posa un bras sur son épaule.

- Vous nous avez sauvée, ma fille, et c'est le plus important à mes yeux. Et je suis persuadé que quelqu'un, l'a haut, vous a mis sur notre route. Alors, vous êtes extraordinaire à nos yeux. Et puis, vous connaissez sans doute mieux ce monde que nous.

Il l'aida à se relever, tout en lui souriant doucement. Il avait préféré taire ses avis religieux, pour le moment, préférant rester en paix pour l'heure.

- Évitez simplement de faire ceci devant mes yeux la prochaine fois ma fille. Je pense que vous avez une très bonne raison de vous infligez cela mais... Je pense que je vous en empêcherais la prochaine fois. Je suis un homme d'église, tout de même.

Puis il se retourna vers Julian. Malgré leur première rencontre hurlante, il avait l'air d'être le plus stable et en même temps le plus instable du groupe, sans compter sa propre personne. Il devait compter sur lui, pour l'heure. Mais il lui faudrait aussi se renseigner, savoir comment ils étaient parvenu à venir à Elipse.

- Je compte sur toi, mon fils, pour nous aider à trouver la sortie de cette ville, en toute discrétion. Et pendant ce temps-là, chacun pourra raconter comment il est venu ici, tout du moins ce qu'il se rappelle.

Puis il se tourna à nouveau vers Selene, regardant son collier.

- Pour votre part, vous pourrez nous raconter ce que vous savez de ce monde étrange, et peut-être ce que vous avez vécu. Et ce collier étrange... J'en ai jamais vu de pareil. C'est ce qui vous a permis de nous aider?

Tout en écoutant les réponses et en suivant Julian ou qu'il aille, il commença à entonner une prière de son crû, pour que personne ne vienne les déranger et qu'ils puissent fuir sans encombre. Seul un marmonement du vieillard était audible, ainsi que quelques mots latins comme "Kýrie" et "diabolus"...

Le discours de Julian fut à la fois amusant et agaçant pour Esther. Pour qui se prennait-il à lui parler comme cela? D'autant plus qu'elle se souvenait de ce qu'il avait crié dans la ruelle. Il serait donc ce jeune homme satanique qu'elle avait tenté de raisonner dans le métro il y a peu de temps? Mais comment se faisait-il qu'elle l'avait vu s'illuminer devant elle, dans la ruelle? Etait-elle trompée, dupée depuis tout ce temps? Est-ce vraiment Dieu qui l'a emmenée ici? Quelle question, qui d'autre pourrait faire des miracles pareils !

Elle posa ses yeux sur la créature qui soudainement changea d'apparence: une belle chevelure rousse était apparu, et ils avaient maintenant une jeune adolescente visiblement déboussolée devant eux. Péniblement, Selene décrocha quelques mots et failli tomber, mais heureusement pu s'accrocher à Esther. Celle-ci aida la jeune fille à s'asseoir.

Ils assistèrent ensuite au déshabillage de la jeune fille, et à mesure qu'elle enlevait ses vêtements, Esther écarquillait de plus en plus les yeux. Mais où allait-elle s'arrêter? Quand la peau blanche de la jene fille s'offrit à leurs yeux, Esther ne pu réprimer un frisson. Etait-ce bien des entailles qu'elle apercevait sur ses bras? De la forme de... d'épouvantails? Sans plus de manière, Selene commença à se taillader devant ses 3 compagnons, comme si elle en ressentait le besoin pressant. Les larmes montèrent dans les yeux d'Esther et s'échappèrent aussitôt, et elle reprit ainsi son calme. Etonnant devant une pareille situation.

Le révérand Léorio décida de reprendre les choses en mains : ils n'allaient pas rester à pourrir ici ! Il commanda Julian de prendre les devants, ce qu'il fit sans se faire prier. Il descendit sur les railles et se mit à les remonter. Esther le suivit, ainsi que le révérand et Selene qui avait du mal à marcher seule. Julian stoppa net, l'air mécontent de la route qu'il était en train d'emprunter. Il se tourna et s'engagea dans une bouche d'aération assez grande pour que le cieil homme ne se fasse pas mal au dos.

Au milieu de la conduite, ils trouvèrent ce qui semblait avoir été un refuge pour une autre personne. Esther et Julian étant en avance sur leurs deux autres compagnons commencèrent à fouiller cette vague demeure. L'occasion qui s'offrait à elle permit à Esther de s'excuser auprès de Julian.

- Vous savez, dit-elle, dans ce métro, je ne voulais que votre bien, j'étais vraiment persuadée que vous étiez un adepte du culte satanique, je pense m'être trompée et je voudrais m'excuser si cela a pu avoir un impact mauvais sur votre vie. Mais j'ai confiance en l'avenir, car comme il est dit en Proverbes 13, verset 6 : "La justice garde celui dont la voie est intègre, Mais la méchanceté cause la ruine du pécheur.". Nous en sortirons vainqueurs mon frère, conclut-elle avec le sourire.

Se replongeant dans la fouille de l'habitat, elle mis la main sur un vieil emballage de burger. Il semblait bien lourd ! Elle le déplia par réflexe, en prenant mille précautions. Les restes d'un crayon tomba à terre, et il s'avéra qu'un mini-plan des souterrains y était dessiné. Heureuse de sa trouvaille, Esther appela ses compagnons pour leur faire part de sa trouvaille.

Lorsqu'il vit l'adolescente commencer à se scarifier juste après l'avoir remercié et se dévaloriser, Julian voulu intervenir et la stopper. Toutefois, le Prêtre lui fit signe que non. Ce dernier semblant être quelqu'un qui sait ce qu'il fait, la jeune fille ne fut alors pas stoppée.

Sur ce, un sentiment d'apaisement se fit sentir pour tous (tout du moins il semble). Ce n'était pas plus mal pour reprendre ses esprits et se rendre compte que les habits religieux étaient à nouveau portés par sa personne. Tout du moins la question fut repoussée à nouveau à plus tard, et le groupe commença à fuir par les tunnels d'aération, malgré l'air poisseuse, sous la direction de Julian.

Ce dernier les conduisit donc à travers des chemins peu rassurants, assez sombres, et trempés par l'eau de pluie qui a pu s'infiltrer et croupir sur place. Il stoppa certes net à un moment, mais cela ne dura pas, retrouvant sa route à l'instinct, et à l'habitude de se promener dans de tels lieux dans le monde réel.

Au beau milieu d'une conduite un peu plus sèche que les autres, ils trouvèrent une petit refuse qui semblait avoir abriter quelqu'un il y a maintenant quelques temps déjà. Ils purent s'y poser et prendre le temps de souffler.

Là, Esther lui fit un discours qu'il n'écouta qu'à moitié tant il paraissait fêlé. Mine de rien, Julian trouvait Esther presque sympathique tout de même à être aussi décalée. Pas autant que Leorio ou la oh grande Selene, mais quand même. Il répondit à son discours par un sourire, puis elle partie farfouiller à droite à gauche.

Pendant qu'elle s'amusait dans son coin à fouiller les ordures, Julian prit une planche sur roulette - jouant probablement à l'époque le rôle de table basse - et la casse en morceau de manière à s'en faire des rollers avec des câbles qui pendent d'un coin crasseux du refuge.

Esther demande ensuite à tout le monde de se réunir, leur montrant une carte dessinée à la main qu'elle aurait trouvé dans un emballage hamburgers. Il utilisa alors cette occasion pour parler au groupe d'une petite voix pas forte :
- Bon... je vais faire vite, je n'aime pas parler... Mais bon, vous devez me trouver étrange alors je vais vous expliquer un peu... Les médecins disent que je suis phobie des normes, des règles et tout et tout. Donc faites pas trop attention à certains de mes comportements hein. De toute manière, les normes et les règles c'est pour les nazes, autant vivre de la manière qu'on veut. C'est un peu pour ça que j'arrive à me repérer dans ces tunnels, il y a des petites plaques un peu partout numérotés qui aident les gens à s'y repérer quand ils ont les plans. P'têt à cause de mon "problème" - fait des guillemets avec les doigts - , mais je tilte facile à tous ces trucs là, et je comprends un peu leur logique. Alors avec le plan griffonné en plus, je devrais pouvoir nous trouver au moins une sortie.

En attendant, Leorio, tu sembles - ne m'en veux pas de tutoyer, j'aime pas vouvoyez, c'est trop convenant - mais donc tu sembles connaître le coin... tu penses pouvoir expliquer un peu..? Parce que je bon, à la base j'étais en train de dormir, de tenter des rêves lucides comme tous les soirs, et je me réveille ici quoi... Ou alors mon rêve est super réaliste. Mais vous semblez être vachement vrais, même si super étranges, les mecs de taleur aussi étaient vraiment réalistes. Vous voulez pas me donner vote adresse postale que je viennes voir au réveil si vous existez vraiment..?

Et d'ailleurs, il n'y a pas quelqu'un pour expliquer c'est quoi ce délire que je puisse devenir lumineux tout à l'heure dans la ruelle, ou que mes fringues changent à longueurs de temps... Et comment tu as fais (s'adresse à Selene) pour te "transformer" ? C'est mon rêve hein qui est pas normal ? Ralala c'est super cool que ce soit ou non un rêve.

'fin voilà quoi. Comptez pas trop sur moi pour parler beaucoup plus, ça me stress déjà légèrement - d'habitude ça m'aurait vachement plus stressé, mais depuis que la miss Selene s'est scarifiée je me sens pas mal calme. D'ailleurs, tu veux bien venir à part 30secondes ?

- Julian et Selene s'éloignent pour discuter -
Parlant calmement à Selene :
- Désolé pour tout à l'heure... J'étais... un peu sous le feu de l'action. Je me suis pas contrôlé. Mon petit problème a prit un peu le dessus. Et puis je t'ai vue devenir comme tu es là, plus frêle. Et pour le coup, j'ai encore plus envie de te protéger si tu as aussi un côté faible. Je veux vraiment te soutenir. Et d'ailleurs... Je n'ai pas besoin de trop réfléchir à ça, les convenances et moi hein, mais, voilà quoi...
- à demi-mot, très rapidement - Tu sembles quand même mature, et une différence d'âge c'est trop rien.


Sur ces derniers mots, Julian embrasse Selene sur la joue et fuit, gêné, en roulant sur ses "rollers" jusque un peu plus loin dans le tunnel en lançant :
- Je vais tenter de repérer un peu ! Je reviens, reposez vous et prenez soin de Selene ! Je vais nous sortir de là ! Leorio, répondez moi quand je reviens !

Puis il repart, galérant quelque peu à avancer sur des roues dans un tel environnement. Quelques 20min plus tard, ce dernier revient pour annoncer qu'il a trouvé des tunnels plus "propre", et que cela est bon signe, que l'on pourra s'y tenter sans trop de craintes, bien qu'il soit compliqué d'y accéder, après avoir entendu les explications de Leorio.

Ils ne l’avaient pas prise pour une folle. Au contraire, le doyen de ce jeune groupe renchérit en affirmant qu’elle devait être l’envoyée de Dieu. Selene ne dit rien parce qu’elle se savait pas trop quoi en penser et d’ailleurs, quand la réprimande au sujet de ses scarifications tomba, elle rentra la tête dans ses épaules comme une enfant pas sage prise sur le fait. Elle fût couverte de question encore une fois : raconter ce qu’elle savait de Dreamland, est-ce que c’était son collier qui lui donnait des pouvoirs, … du répit, c’est tout ce dont elle avait besoin pour se remettre. Pourtant, la troupe n’avait pas l’air de cet avis, puisque l’unanimité suivit Julian sur le champ. Secouée de frissons glacés alors que tout son corps fragile lui semblait encore enflammé, la galloise rangea fébrilement ses affaires dans sa hotte pour se mettre en route, tant bien que mal.

- Mon collier n’a rien à voir, glissa-t-elle à mi-voix au révérend, il est censé m’aider à rejoindre un ami… normalement.

Se cœur se pinça douloureusement. Elle était trop gentille pour être complètement rancunière. Et s’il passé des mois, des années, dans ce monde pendant son absence ? Peut-être James avait-il perdu son puzzle, peut-être était-il mort ? La jeune fille ne savait plus trop quoi penser… la sensation de trahison l’empoisonnait, mais elle avait peur d’en vouloir à son seul et unique ami pour un malentendu.

Selene, qui avait suivi assez difficilement, s’appuya sur une paroi pour essayer de récupérer un peu. Esther avait visiblement trouvé quelque chose, un plan des égouts disait-elle, mais cette joie pleine d’espérance n’arriva qu’à faire sourire faiblement la toquée. Elle avait beau avoir été naïve par le passé, elle n’était plus dupe de Dreamland depuis longtemps. L’emballage de burger crasseux sur laquel des coups de crayons avaient été jetés à la va-vite ne pouvait pas être une carte complète des souterrains d’Elipse… la ville était bien trop grande – bien trop complexe.

Elle n’eut pas le temps de faire part de ses inquiétudes : déjà, Julian, qui entamait son discours en affirmant vouloir être court, lâcha une déferlante de mots sur tous ses compagnons de route. Il parlait de sa maladie, expliqua qu’il était un adepte des randonnées dans les conduits d’aération des sous-sols de métro, puis demanda des explications à la benjamine et au doyen… puis évoqua le fait que la blessure qu’elle s’était infligée l’avait apaisé. Encore une fois, elle rentra la tête dans les épaules et détourna ses yeux noisette, comme si on la réprimandait. Elle n’osa pas refuser son a parte au phobique des normes et lui emboîta le pas pour écouter ce qu’il avait sur le cœur.

En vérité, ça la gênait énormément. Elle se sentait tellement indigne de toute l’admiration que lui portaient ces personnes… elles étaient perdue, ça se voyait, un peu déséquilibrée aussi, mais gentilles. Ils avaient l’air de tous compter sur sa force depuis qu’ils l’avaient vue, sous l’influence d’un objet magique, mettre en déroute trois elipsiens lâches et sans charisme. Comment leur dire qu’ils se trompaient ? Qu’elle n’était pas une héroïne, mais plutôt une de ces personnes ballottée par le destin, qui avait su survivre parce que… et bien parce que des gens plus forts l’avaient aidée, et parce qu’elle a eu un peu de chance dans son malheur.

Son aveu refusait de franchir la barrière de ses lèvres rosées portant encore les marques de sa mésaventure avec le Yéti, celles-ci battaient dans le vide, et furent fermée instinctivement lorsque Julian déposa un baisser sur sa joue. Elle vira au rouge alors qu’elle restait figée sur place, comme pétrifiée. Était-ce une preuve d’affection d’un aîné qui souhaitait prendre soin d’une petite sœur ou bien… la phrase qu’il lui avait glissé à demi-mot, comme pour être certain que personne d’autre ne l’entende, résonnait encore étrangement dans sa tête rousse.
« Une différence d’âge, c’est rien »… Son cœur connu un battement bizarre. Vraiment bizarre. Ce type avait quoi… 25 ans ? Il pouvait réellement…

Trop tard pour le retenir, il avait disparu. La galloise se mordit les lèvres, encore un peu angoissée. Au moins, elle arrivait à penser à peu près normalement maintenant qu’on ne l’assommait plus de question. Ces gens comptaient sur elle et il fallait admettre que cette fois, c’était elle la plus expérimentée, la plus forte. Bizarrement, elle ne voulait pas voir de déception dans ses yeux de Julian… c’était bon de se sentir admirée, même pour une moins que rien comme elle. Ça la galvanisait.

Selene revint vers Esther et Léorio, un peu honteuse, le rouge aux joues. Qu’allaient-ils penser ? Avaient-ils vu l’épisode du baiser ? Sans leur laisser le temps de sauter sur le sujet, elle prit la parole d’une voix faible qui s’affirmait de mot en mot :

- Ecoutez… c’est vraiment… très gentil ce que vous m’avez dit. Je ne viens pas du ciel, je viens du même endroit que vous mais… je peux faire de mon mieux pour vous aider. Vous voulez bien qu’on attende euh… votre ami ? Je ferai de mon mieux pour vous expliquer après.

La galloise se laissa glisser le long d’une paroi pour poser ses fesses sur le sol dont il fallait mieux ne pas regarder la propreté de trop près. Elle avait besoin d’un peu de sucre pour se requinquer. Dans sa hotte, elle dénicha les restes de ses Ferrero cailloux. Par politesse, elle en proposa un à ses deux ainés, puis engloutit tout ce qu’il restait. Ses 5 sucres d’orge connurent le même sort. Elle frictionna ses épaules quand un frisson ébranla tout son corps, mais la réconfortante chaleur sucrée se diffusait déjà dans ses membres. Au bout d’un moment, elle se demanda si Julian ne s’était pas perdu et commençait à angoisser à cette idée, mais il reparut, sain et sauf. L’adolescente se remit alors sur ses pieds, remise de sa fatigue harassante, et commença à parler sans oser regarder le jeune homme dans les yeux :

- On t’attendait il… il faut que je vous parle.

Selene prit son inspiration et humecta ses lèvres blessées avant de commencer :

- Comme je l’ai dis, je ne viens pas du ciel. Je suis comme vous, je viens du monde réel… de San Francisco très exactement, aux Etats-Unis. Ici, on est à Dreamland, le monde des rêves. Je sais que ça peut paraître fou, mais c’est la vérité. Votre corps est toujours inconscient là-bas, il n’y a que votre esprit qui est ici. Euh… les gens « comme nous » qui arrivent ici avec une… disons une pathologie mentale, développent des pouvoirs un peu particuliers. Vos problèmes avec les vêtements, la lumière… ça doit être lié à ça. Le fait que je vous ai calmé aussi… je crois. Je suis ici depuis plusieurs semaines maintenant, mais mes pouvoirs ne sont pas très impressionnants. Les ailes et l’épée, c’est grâce à des objets magiques que l'ont m'a donné à…

La toquée eut consciente qu’elle allait les perdre si elle s’engouffrait là-dedans. Un sourire faible fendit son visage pâle alors qu’elle finissait avec une note amère dans la voix :

- Les gens de cette ville, elle pointait le ciel du doigt, détestent les gens comme nous. Ils peuvent nous kidnapper ou nous tuer impunément dans la rue. Et j’ai bien peur que ça, elle désigna le « plan » d’Esther, ne soit pas le plan des conduits d’aération. Pas complet en tout cas… Elipse est beau trop grande pour tenir là-dessus. Et dites-vous bien que même si vous croyez reconnaître des choses… on est pas dans le monde réel.

Ils suivirent ainsi Julian sur plusieurs mètres, agrémentés d'une pause, jusqu'à un refuge. Esther et Julian partirent devant, et le prêtre regarda Selene. Elle avait dit que son collier n'était en aucun cas liés à sa démonstration, et il voulait bien la croire. Ce qui l'étonna en revanche, c'est qu'elle n'avait pas rejoint son ami comme prévu. Un coup du destin? Ou de Dieu et Lucifer réunit? Surement, mais il ne désirait pas que la jeune fille souffre pour les aider.

On les appela alors, et Esther leur présenta une carte des souterrains. Vu l'apparence globale de la carte, ça pouvait tout aussi bien être une carte pour le bistrot du coin. D'ailleurs, il commença à repenser à bon nombre de choses qu'il avait manqués, car il avait suivi les "préceptes du Seigneur". Et si le Vatican avait menti sur cela aussi? Sur les péchés capitaux? Tout ce qu'il n'avait pas fait au nom du seigneur... Mais les anges et les démons l'avaient guidés jusqu'ici. Il se permettrait peut-être plus de choses.

Puis, Julian déclara en quoi consistait sa phobie, et demanda au vieux sage des explications, avant de faire une aparté avec Selene. Il ne chercha pas à comprendre ce qui se disait, mais le bisou fait par Julian le fit sourire. C'était un charmant garçon, il en était certain, et sans doute quelqu'un de sincère.

Il détourna le regard lorsque les deux revinrent, et Julian repartit ensuite en reconnaissance. Ils purent attendre son retour. Léorio trouva non loin un bout de bois qui pouvait lui servir de canne, et le prit avec lui. Cela lui permettrait de faire un bout de chemin plus aisément. Lorsque le jeune homme revint, il voulut répondre au jeune homme, mais la jeune scarifiée parla d'abord. Elle expliqua ce qu'elle savait, et ses craintes concernant la carte.

Le révérend écoutait, attentif, chaque mot qu'elle proclamait. Il se doutait maintenant que ce n'était peut-être pas une créature envoyé par les cieux. Mais il prit la parole ensuite, répondant d'abord à Julian.

- Mon fils, Selene vous a mieux répondu que moi, mais je peux confirmer le principal: ici, ce n'est pas chez nous, mais un endroit dangereux et bizarre. Mais nous nous en sortirons, croyez moi. J'ai confiance. En tout cas, je pense que l'effet de lumière vient d'autre chose. Vous n'aviez pas eu cela lors de votre premier "usage" du pouvoir.

Puis il se tourna vers Selene.

- Ne croyez pas que vous n'êtes pas importante. Vous êtes quelqu'un ayant une nature bonne, et même si vous n'êtes pas une créature de dieu, vous avez mérité mon respect. Je radote peut-être, cependant. En tout cas, un dicton dit: l'union fait la force. La foi, aussi. J'ai foi en notre groupe, bien que très hétéroclite. Et je pense que vous avez raison, pour cette carte.

Il regarda Esther, et se dit que c'était peut-être le moment de revenir à leur précédente conversation.

- Je vais peut-être regretter ce que je vais dire mais... Ce que j'ai dis sur les démons tout à l'heure, je le maintiens. C'est pour moi un mensonge du Vatican, et croyez moi sur parole lorsque je dis ça. Cet exorcisme que j'ai vu... C'était une future mère de famille. Suite à cet exorcisme sur cette croyante exemplaire, elle en est décédé. C'est à partir de là que je me suis renseigné et que j'ai abandonné ma religion. Alors, si vous me croyez mauvais, attachez-moi ou surveillez-moi. Mais ne criez pas sur tout les toits comme la fois précédente. Croyez-vous sincèrement qu'un vieil homme comme moi peut vous faire du mal, surtout entourée comme vous êtes? Vous me battriez à la course, déjà.

Il commença à avancer, aidé par sa canne, lorsqu'un bruit sonore se fit entendre. Il se mit dos au mur et se mit en position assise, souffrant encore une fois de son dos.

- Je suis trop vieux pour ce jeux-là... Je me propose qu'une fois arrivée à la sortie, je vérifie que la voie est libre. Je suis pour le moment plus un poids qu'autre chose, et je pourrais ainsi vous aidez. Et si vous insistez, je peux faire appel à une aide extérieure.

Puis, il se releva, aidé par l'un de ses compagnons, et partit en suivant Julian, aidé par sa canne de fortune.

Esther s'adossa au mur, prise de vertiges. Ce Julian était vraiment pas facile à suivre, il ne pouvait pas se poser calmement, respirer un bon coup et parler comme une personne NORMALE? Elle le vit ensuite prendre Selene à part, elle en profita pour observer le révérand. Il avait vraiment l'air très vieux, et très sage. Julian revint rapidement au milieu du groupe, arracha le morceau de carte des mains d'Esther et fila observer les alentours.

Esther en profita pour réfléchir un peu. Où étaient-ils? Quel était ce monde étrange, ou tout du moins cette ville étrange? Elle avait l'impression d'être en plein rêve, pourtant tout ce qu'il se passait était bel et bien réel ! Ou du moins elle le pensait... Elle se mit ensuite à genoux et se mit à prier. Elle était parvenue ici ainsi, peut-être arriverait-elle à sortir de ce cauchemard de la même manière?

Julian revint au bout de quelque temps, et l'adolescente se mit à leur parler. Esther avait donc raison, ce monde n'était pas réel... Elle a parlé de pouvoirs aussi... Esther regarda sa main droite. Etait-ce une manifestion de ce "pouvoir", cette croix apparue ici tout d'un coup? Mais que faisait-elle? Et pourquoi elle, pourquoi comme cela?

Comme si cela ne suffisait pas, Léorio vint à son tour lui parler, pour réaffirmer ce qu'elle avait entendue une fois. Elle était tellement mal en point par toutes ces nouvelles qu'elle ne put tout écouter. Elle perçut les mon "exorcisme", "démons"... Mais que lui arrivait-il?

Sans plus de manières, le petit groupe se remit en marche. Selene aida Esther à se relever, puis est partie rejoindre Julian en tête de file. Tout un tas de questions se bousculaient dans la tête de la jeune femme. Pourquoi? Comment? Qui? Des questions encore sans réponse...

Epuisée, elle ne tarda pas à sentir ses jambes trembler. Elle voulut s'appuyer contre une paroi, mais son bras faiblit et elle tomba lamentablement au sol. Même cette puanteur et cette crasse ne lui donnèrent pas la force de se relever. Des larmes coulaient maintenant le long de ses joues. Quel était le but de tout cela?

Ses compagnons n'avaient pas remarqué qu'Esther s'était arrêtée. Elle resta seule ainsi, ne se souciant même plus du monde qui l'entourait. Si Dieu l'écoutait encore, pourquoi n'était-il pas encore venu à son secours? N'avait-elle pas déjà assez souffert dans toute sa vie?

Lorsqu'il revint de son "repérage", Julian était relativement satisfait et pensait trouver rapidement une sortie. Ce fut la raison de leur départ soudain peu après le discours de Leorio et Selene.

Ces discours donnèrent à réfléchir à Julian durant la marche. Ce n'était donc pas "le monde réel", qu'était-ce donc exactement comme monde... A vrai dire, il s'attendait à une réponse de ce type. Rien de tout ce qui arrivait depuis son réveil n'était normal.
Ses pensées ressemblèrent à peu près à ça :

Pas le monde réel... pas le monde réel... Ouai, vu ce qu'on voit depuis tout à l'heure, c'est plausible... Mais dans ces conditions, c'est génial ! Un monde où enfin rien n'est normal, quel bonheur. - Regardant Selene - Et puis il y a elle. C'est qu'une ado mais on dirait qu'elle vécu de ces trucs pas possibles. Rah, je ne sais pas trop pourquoi ça me fait cet effet de la regarder ou penser à elle, je ne comprends pas. Il faut vraiment que je la protège, elle est exceptionnelle comparé à moi. Je ne suis rien, si au moins je peux être utile, tout en étant hors norme... En plus, peut être qu'avec un peu de chance... - Julian se mit à rougir tout seul - Ouai quoi, si ce monde est pas normal, même si je m'en fou des convenances, on doit pouvoir faire envoyer bouler quelques années de différences non... Et pi c'est dans la tête que sa compte d'abord... - On vit alors Julian se prendre la tête dans les mains et on l'entendit dire : Rahhh c'est trop compliqué ! sans pour autant que quelqu'un lui dise quoi que ce soit. -

Et il continua à marcher dans ces tunnels, toujours dans ses pensées, ne voyant pas Esther s'écroulant derrière eux, peu avant d'arriver aux tunnels secs.

Et cette histoire de pouvoir... C'est quoi ce gros délire ? Des pouvoirs, c'est absolument délirant à penser, hors norme ! C'est génial, mais effrayant à penser. Enfin, si nos pouvoirs c'est faire de la lumière ou que les fringues changent tout seuls, ça va vite m'énerver. On ne peut pas avoir mieux comme Selene quoi..? Tss.

Et d'ailleurs, faudra que je demande à un moment pourquoi ils nous en veulent comme ça là-haut. C'était marrant tout à l'heure, mais là ça va vite m'ennuyer si c'est tout le temps. Et ça veut dire que si "d'autres" comme nous arrivent ici, ils vont se faire massacrer s'ils sont tous seuls. Pi même s'ils sont pas tous seuls, suffit de voir nous taleur. J'aimerais bien faire quelque chose pour eux, faut pas qu'il arrive quelque chose aux gens hors normes, vraiment. Bah, on verra plus tard, là il y a plus urgent ! Allez op, arrête de penser, et avance !

Et puis d'abord ! C'est quoi ce plan à la con ! Elle (Selene) doit avoir raison, c'est vraiment un foutoir ces conduits, j'arrive même pas à m'y repérer, alors que je fais ça sans soucis d'habitude. C'est quoi sérieusement cette ville...

Et sur cette dernière pensée, il prit alors une pause pour souffler un peu et réfléchir un peu par où prendre, ou où aller. Par chance, ils avaient quand même réussis à atterrir dans des conduits qui semblaient relativement récents, et n'ayant pas pris l'eau encore, ou très peu.
Il se demanda alors pourquoi il avait été aussi pressé de continuer en sentant la fatigue tomber sur ses épaules, et allait proposer de se reposer quand il constata l'absence de Esther, absence lui glaçant les vertèbres avant de se reprendre en questionnant ses camarades :
- Euh... Elle est passée où Esther ? Ça fait bien 20min que je n'ai pas regardé derrière moi, et elle était là à ce moment...

Ce à quoi on ne lui répondit pas, ou tout du moins par une attitude disant clairement qu'ils ne savaient pas.
- Et merde ! Elle en a pas marre de foutre le dawa celle-là... Dans le métro la dernière fois, dans la ruelle taleur, et maintenant ça ? Punaise ! Elle me gave. J'ai beau l'apprécier un peu parce qu'elle est vraiment pas claire, elle me gave ! Je fais quoi, je retourne la chercher ou pas... si j'y vais pas au moins elle arrêtera de m'amener des problèmes... Mais elle est pas dans la norme, je peux pas lui faire ça. Rah, que faire...

Julian croisa alors le regard de Selene, pas plus d'une seconde, mais le croisa quand même. Elle avait décidément des yeux magnifiques et si prenants. Qu'avait-elle vécu pour avoir un regard pareil ? Julian frémit à l'idée qu'elle ait pu vivre des choses horribles, et se jura de tout faire pour que rien ne lui arrive à nouveau. Puis il continua son monologue intérieur :
- Ouai mais elle (Selene). Elle apprécie peut être not' religieuse. Je ne voudrais pas qu'il lui arrive quelque chose en se décidant à aller chercher Esther toute seule, à se perdre ou autre. Ah ! Si j'y vais, elle va bien me voir après ! Et comme ça on récupère l'autre aussi, d'une pierre deux coups. Ouai ça me paraît bien comme ça, c'est une bonne idée.

La décision prise, il regarda le groupe, voyons une adolescente manifestement fatiguée elle-aussi, et un vieillard semblant à bout de force avec sa canne. Il s'adressa alors à eux :

- Bon ! Je vais la chercher, on peut pas la laisser seule. Et puis plus on sera, mieux nous nous en sortirons. Reposez vous ici... Je fais vite vu que ça fait au maximum 20min qu'on la perdu.

Et réagissant qu'il ne s'est jamais présenté à Selene :
- Au fait, je m'appelle Julian. Je compte sur toi pour protéger Leorio si il se passe quoi que ce soit pendant que je vais la chercher. Je fais au plus vite.

Puis il partit, et profitant du sec des tunnels sur le début de la marche arrière, il put avancer assez rapidement grâce à ses "rollers maisons". Ce ne fut plus le cas quand il retrouva les tunnels crasseux. Toutefois, sans se perdre (il lui suffit de suivre les numéros de tunnels, et surtout les traces de passage laissés par ses roues & les pas des deux autres), il retrouva Esther à moitié en train de se noyer dans l'eau en une dizaine de minute de course.
Le retour s'en fut quelque peu plus compliqué. Cette dernière étant à moitié inconsciente, il dut la porter pendant plus de 30minutes, en tentant d'ignorer la fatigue qui pesait sur lui, pour retrouver ses compagnons.
Arrivé, dans un dernier effort, il posa Esther, et voulu demander au groupe si cela les gênés que l'on se repose, qu'il semblait vraiment tard, et qu'il n'en pouvait plus.
Il n'y arriva pas, et s'écroula purement et simplement à terre de fatigue et de stress, se frappant - peut être même déboîtant - l'épaule droite avec toute la force de son poids, celle-ci touchant le sol en premier. La tête ne fut pas en reste en se cognant assez fort elle aussi au niveau du front contre le béton du tunnel.
C'est ainsi que Julian s'endormit brutalement devant ses camarades, par chance dans un lieu plutôt sûr dans l'immédiat, mais d'un sommeil profond tout de même.

Selene se rendait compte qu’être « chef », c’était beaucoup plus difficile que ce qu’elle imaginait. Même si Léorio l’avait appuyée, qu'il avait réitéré ses compliments, elle avait en fait l’impression que ses nouveaux compagnons de route ne réalisaient pas vraiment. Pas tous en tout cas. Pourquoi redonner le départ alors que la meilleure des choses à faire aurait été qu’ils se posent un moment pour discuter ? Ils auraient pu prendre le temps d’assimiler la situation, se renseigner tant qu’elle était en pleine disposition pour répondre, et réfléchir à un plan.

Pensive, l’adolescente offrit sa main et un sourire à la religieuse passionnée pour l’aider à se relever puis se remit à marcher, faute de mieux. Ses méninges tournaient à plein régime, mais elle ne voyait vraiment pas comment elle pouvait les faire s’en sortir. En fait, si elle avait été seule, trouver la sortie aurait été un jeu d’enfant pratiquement : avec sa robe de mariée ensorcelée, elle aurait eu la capacité de passer à travers les murs des égouts, jusqu’à rejoindre les plaines félicités. Sauver les autres, ce n’était pas la même histoire.

La galloise ne voyait pas le trouble qui déroutait son aîné et n’émergea de ses pensées que lorsque Julian fit remarquer qu’Esther avait disparu. Le sang de l’adolescente ne fit qu’un tour : comment avait-elle pu manquer cela ?! Quelqu’un – ou quelque chose – l’avait enlevée ? Est-ce qu’elle s’était réveillée ? L’homme vigoureux du groupe prit la décision de partir à la recherche de leur camarade disparue… seul. Au moins, il s’était présenté, mais s’était précipité pour revenir sur leurs pas avant que Selene n’ait pu le mettre en garde : ils étaient à Dreamland ! Ça pouvaient être un piège, auquel cas séparer leur groupe était la pire des choses à faire. Peut-être simplement que la jeune femme était retournée dans le monde réelle, et il fouillerait les conduits pour rien.

- Il n’écoute pas, murmura-t-elle simplement en se tournant vers le démonomane, il y l’air hyperactif.

Cette pensée la fit sourire alors qu’elle s’asseyait dans un coin. C’était encore la meilleure des choses à faire pour avoir une chance de revoir leurs compagnons de route : rester sur place. Son cœur d’adolescente ne savait pas encore comment cataloguer ce « Julian ». Il avait l’air carrément spécial, excentrique même ; il était à part, même pour un voyageur. Il portait la tenue d’un homme d’église, mais n’avait pas l’air d’en être un. Un pouvoir ? Il s’était plaint que ses vêtements changeaient tout seul.

La toquée avait passé une bonne partie du temps qu’ils avaient eu à attendre à essayer de deviner la pathologie dont souffrait le phobique, mais déclara forfait puisque de toute façon : il n’était pas là pour lui fournir de réponse. Elle s’était presque assoupie quand enfin, des pas résonnèrent dans leur conduite d’aération. Angoissée, Selene bondit sur ses pieds pour voir arriver un Julian exténué qui portait une Esther qui avait l’air inconsciente. Cette dernière fût posée au sol dans un dernier effort de son « sauveur » qui s’effondra d’épuisement. Son épaule produisit un bruit inquiétant qui coupa court à toute tentative de taquinerie visant à pointer du doigt le fait qu’il s’effondrait déjà, alors que la galloise avait eu à tenir debout après bien pire.

Elle avait pâli en se précipitant vers son aîné mais ne savait pas trop si elle devait manipuler son corps. Après un moment d’hésitation, elle se décida au moins à le retourner sur le dos. Une belle bosse se formait déjà sur le front de son acolyte, à l’endroit où sa tête avait heurté le béton ; quant à son bras, elle n’osait pas y toucher. La jeune fille se mordit la lèvre, l’angoisse cédant la place à la panique. S’il était blessé, il aurait besoin de se soigner – voire d’aller à l’hôpital. C’était impensable ici, ils seraient découverts en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire.

- Il faut arrêter de faire ça, souffla-t-elle pour elle-même sans savoir si les autres l’entendaient, ni se séparer, ni partir tout seul.

La rouquine se laissa glisser le long de la paroi à coté du corps inconscient de Julian, se balançant légèrement d’avant en arrière, visiblement toquée. Il ne fallut pas longtemps pour qu’elle tire de son barda son carnet et son crayon afin de griffonner quelques effigies réconfortantes. Leurs corps filiformes et leurs sourires tordus apaisèrent son rythme cardiaque. Son pouvoir se déclencha, une nouvelle fois. Dommage que ça ne soignait pas le maux. Encore un peu plus pâle qu’à l’ordinaire, Selene tourna ses yeux ternes vers le doyen du groupe :

- On ne peut pas le soigner, on a rien pour ! … j’ai rien. S’il a quelque chose de cassé, un traumatisme ou quelque chose comme ça, il faudrait qu’il aille à l’hôpital, mais on risque de se faire prendre.

Machinalement, sa main droite continuait à dessiner alors que les orbes noisette de la jeune fille se perdirent dans le vague, le temps qu’elle réfléchisse. Elle avait bien une idée mais… dans le village du Père Noël, James avait pu se soigner complètement en buvant mon sang, grâce à un objet spécial. Sa poitrine se serra en pensant à lui, mais elle ne dit rien à ce sujet. Elle se contenta d’esquisser avec plus d’entrain de nouvelles silhouettes empaillée.

Cruel dilemme. Après tout, le dentier régénérant, elle pourrait le garder pour elle, ça pouvait être un investissement mais… saura-t-elle un jour s’y résoudre ? Boire du sang pour guérir ? D’autant plus que grâce à ses pouvoirs, elle était rarement blessée. Achèterait-elle un objet qui ne lui servira pas juste pour sauver Julian ? Même si elle était gentille, Dreamland lui avait appris que sa loi était sans pitié. Elle ne pouvait pas dilapider ses économies par sympathie. La gorge amère, elle poussa un soupir.

- Je ne sais pas quoi faire… vous croyez qu’on doit l’emmener quelque part ?

Léorio avançait prudemment, ayant peur de se bloquer définitivement et que ses nouveaux compagnons ait à le porter. Après tout, il n'était pas sénile ! Juste très mal en point. D'ailleurs, sa tenue de chrétien convaincu commençait à être mal en point : entre le bas élimé de par ses précédentes courses et la boue qui avait tâché son habit dominical de ci de là, il commençait à se dire qu'il ressemblait à un clochard.

Tandis que le groupe ralentissait, Julian fit la remarque qu'il manquait quelque chose... Ou plutôt quelqu'un. Pour le coup, Léorio se croyait sénile de pas s'être aperçu plus tôt qu'Esther était aux abonnés absentes. Cependant, ils n'eurent guère le temps de se concerter que le jeune homme était déjà parti à sa recherche... La jeune fille déclara d'ailleurs que l'homme aux vêtements caméléon n'écoutait rien et était hyperactif. Tandis que Léorio s'installa devant elle, il commença à penser à cela. Elle n'avait pas tort. Il n'arrêtait pas de bouger, et lui, tout vieux qu'il était, ne pouvait pas suivre une telle cadence. En fait, il n'était pas mécontent de cette pause forcée.

Après un temps qui parut plutôt court au prêtre, le jeune homme revint, portant la jeune fille inconsciente, avant de s'écrouler dans un craquement sonore. Ceci eut pour effet de faire paniquer la jeune scarifiée, tandis que deux de leur compagnons étaient à terre. Selene semblait désemparé, ne sachant que faire ou comment réagir face à la chute de leur ami. Le prêtre s'avança donc vers le corps gisant sur le sol. Il n'y avait rien de grave à la tête, mais son bras semblait plus préoccupant. Le sage cultiste releva au mieux le vêtement de l'homme pour voir la gravité de la blessure. Mais à première vue, pas de sang. Il se tourna donc vers la seule debout.

- Je ne pense pas que cela soit nécessaire. Il ne perds pas de sang, et il respire bien. Je pense par contre qu'il faudra s'occuper de son bras ici ou attendre d'être sortie d'Elipse. Mais cela risque de l'incommoder.

Il se remit face à Selene, et la fixa longuement, plein de bonté.

- Je pense pour l'heure qu'il faut se reposer et les laisser se reposer, cependant. Je suis moi-même épuisé. Je n'aime pas réellement l'endroit, mais je crois que nous n'avons pas le choix.

Alors qu'il allait s'endormir, il se rappela de l'histoire de l'ombre. Il se tourna à nouveau vers leur sauveuse.

- Dites-moi... C'est normal que je ne possède pas d'ombre alors qu'eux en possède une ?

Il ne trouvait pas cela normal, mais ne savait toujours pas ce que cela signifiait. Un signe de Dieu ou de Lucifer ? Une malédiction ? Juste son imagination ou encore un pouvoir ? Il aurait pu demander à Lucie de l'éclairer sur cela. Mais il ne voulait pas l'appeler. Pas maintenant. Il en aurait peut-être besoin très bientôt, et même si ce n'était qu'une greluche pas très douée, c'était une succube, donc elle pourrait l'aider.

Sur ces pensées, et après la réponse de la toquée, il s'endormit, s'appuyant sur sa canne, ce qui donnait l'impression qu'il veillait sur toutes les personnes dans la salle.

Combien de temps s'était écoulé depuis la "chute" de Julian ? Bonne question.

En tout cas, le réveil était de ceux que personne n'aime. Qui aimerait en effet se réveiller avec un mal de tête à vous la casser en deux, agrémenté d'une bosse aussi grosse qu'une énorme orange, toute violacée (- bon, c'est peut être un peu exagéré là -) ? Tout cela accompagné d'un mal de dos non négligeable pour avoir "dormi" sur un sol bétonné, plus d'une odeur fleurie du parfum remonté des égouts dans les tunnels que le petit groupe à emprunté...

Toutefois, on ne peut pas vraiment dire qu'il sentit l'état de son bras, manifestement déboîté, avant d'essayer de l'utiliser pour se relever. La scène fut presque comique, le bras qui ne bouge pas alors qu'il voulait y mettre tout son poids et Julian qui tente à nouveau de se nourrir du sol, la tête la première.
Un ou deux jurons plus tard, Julian s'assoit en utilisant son bras valide. Il se fallu de peu pour tenter une troisième fois de rendre le béton comestible. Il ne faut pas être médecin pour savoir que se relever trop vite peu provoquer quelques étourdissements, ce qui a eu lieu dans la situation présente.

On put ensuite voir Julian se masser la tempe, grognant à propos du mal de tête, examiner sa bosse (- qu'il considéra donc plus grosse qu'elle ne l'est en réalité -) et constater l'état pitoyable de son bras, par chance, non cassé.
En tentant de reprendre complètement ses esprits, il put voir au milieu du brouillard de son esprit une Esther toujours inconsciente dans un coin, Leorio endormit sur sa canne et enfin, sa muse nouvelle, Selene, en train de somnoler, qui venait de tilter à son réveil. Pour lui, elle était vraiment belle, comme un ange au milieu du brouillard.

Il essaya alors d'articuler comme il put quelques mots faiblards à son encontre, en rigolant difficilement :
- Outch... Je ressemble à quoi alors..? J'ai une belle bosse hein..? Haha.. Oh outch... ça fait mal... Je suis nul hein de m'écrouler pour si peu..?
Le tout suivit d'un nouveau tournis.
- Urgh... Oh, dur le réveil... se... s'est passé quoi depuis... tout à l'heure ?
Et il marqua un temps de pause pour se tapoter le visage avant de reprendre, semblant penser qu'il fallait rassurer sur son état Selene, la pensant inquiète - bien comme il est, et vu l'état, Julian pouvait assurément se tromper complètement.
- Si tu t'inquiètes, faut pas. Je vais... aïe... très bien. Un peu de repos et ça ira. C'est qu'une petite bosse de rien, et le mal de crâne va passer. Et mon bras... Attends !

Julian devait vraiment aimer le goût de la pierre, ce n'était pas possible autrement. En effet, sans attendre le moinde mot de la part de Selene, ce dernier venait de se lever, difficilement, et se jeter dos et épaule contre ce dernier. Le crac qui suivit ne fut pas des plus beaux, mais il semble que l'épaule était au moins remise en place. Le cri étouffé de douleur ne fut pas des plus beaux non plus, mais néanmoins il réussit à le garder au fond de sa gorge, assez audible tout de même à Selene (et probablement au Prêtre si ce dernier s'était réveillé entre temps - Julian avait toutefois d'autres préoccupations plus importantes que de s'en inquiéter).

A genoux de douleur, il adressa à la jeune fille un petit :
- Voilà ! Tout va bien maintenant, reste pu qu'à se reposer pour laisser la douleur passer ! T'sais, j'aime lire les notices, et j'ai chez moi "Le mode d'emploi du p'tit secouriste". Bon j'suis jamais les notices d'hab', mais là il a fallu. Ouille... Ata, laisse moi 2min, faut que je souffle, mais tout va bien... urgh... ouai...
tout en serrant les dents.

Il se rassit alors, sans pour autant essayer de savoir si Selene avait fait ou dit quoi que ce soit, et appuya contre le mur pour souffler un coup le temps de quelques minutes. Une fois ses esprits retrouvés, couplé à un vertige et une majorité de la douleur passée, il reprit pour quelques derniers mots :
- Je crois que t'es celle la plus en état de faire quelque chose en ce moment, ou décider de ce qu'on fait maintenant, enfin, quand on aura soufflé... en plus tu connais déjà le coin d'après ce que tu disais... Donc on fait quoi ? Je suis paumé moi là. Si tu veux bouger, t'inquiète, je suivrais, mais j'en ai marre de courir là, et j'ai un peu faim pour tout avouer... haha...

Julian se remit ensuite tranquillement contre le mur, les yeux clos, sans pour autant s'endormir, juste se reposer.

- J'compte sur toi, je t'écoute...



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HRP : Faudra que Julian se pose un jour à laisser les gens répondre à toutes ses questions... Il est pas possible comme mec T_T
Et ce quoi s't'idiot à lire des notices pour s'amuser :p ?