Hypnose : l'Exil
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 Adeptes ou le retour à la vie

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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeMar 7 Fév - 17:43

S’affairer dans la cuisine avait un côté reposant, peut-être tout simplement parce que c’était une activité « normale ». Entre les massacres, les épreuves, les voyages… ils en oubliaient presque ce qu’était la vie, la vraie. Celle où l’on allait à l’école ou au travail, où l’on rentrait épuisés mais heureux. Un quotidien monotone et tranquille qui n’était pas sans hauts et sans bas, mais qu’on ne pouvait qu’apprécier après avoir traversé si souvent l’enfer qu’était Dreamland. Ecouter ses amis parler de tout ça était un bienfait supplémentaire pour Elie qui s’acharnait toujours sur son morceau de viande avec dextérité.

Le moins qu’on puisse dire était que les loisirs de Melena n’avaient rien de surprenant. Calme et solitude, deux mots qui convenaient parfaitement à l’irlandaise et ses hobbies y correspondaient à la perfection, au point même que la mauvaise jumelle se surprenne à se demander comment elles faisaient pour s’entendre avec des caractères si opposés. La forêt, les oiseaux tout ça… c’était bien joli mais c’était trop dénué de confort et d’intérêt pour lui plaire.

Ce fut ensuite au tour d’Ace de parler de lui, et El’ tiqua légèrement au nom de Ridley. Ca lui disait vaguement quelque chose mais elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus, mais la révélation suivante suffit à lui faire oublier cette impression dérangeante. 23 ans ? Pourquoi il paraissait plus… enfin moins…

Elle pencha la tête sur le côté, s’interrompant l’espace de quelques secondes pour observer son petit ami qui se débrouillait aussi bien avec un économe qu’elle avec un banjo, pour ainsi dire très mal. Il faisait si jeune pourtant, si fier et maladroit ! Non pas que ça remette en cause ses sentiments, mais 6 ans restaient un fossé lorsque l’on n’avait que 17 ans. D’ailleurs au niveau légal ça n’était pas hors la loi, ce qu’ils venaient de faire dans sa chambre ? L’adolescente se promit de faire des recherches sur le sujet une fois de retour à San Francisco.

Outre son âge, il habitait chez les friqués de Pacific Heigh et faisait des « études d’économie » pour ne rien faire à moitié. Ca n’avait pas l’air de le réjouir mais la psychotique ne put s’empêcher de grimacer malgré tout, surtout lorsque son tour arriva. Où elle habitait hein ? La bonne blague ! Dire qu’on venait de Mission district après ça c’était comme se ramener habillée en pouilleuse au bal de fin d’année. Ça te foutait la honte. Malheureusement esquiver la question n’était pas acceptable surtout venant de celle qui avait lancé le jeu.

- Mission district, dans une petite maison avec mes parents et mes deux frères. Ok c’est peut-être pas très classe mais… j’aime ce quartier. C’est convivial et même si ça craint c’est le seul endroit où je me sens chez moi.

Son travail sur la viande terminée elle se tourna vers les fourneaux pour se saisir d’une poêle et y laisser tomber un morceau de beurre et les morceaux de viande. Tournant le dos aux autres elle pouvait conservée sa fierté qu’elle sentait mise en danger par sa classe sociale désastreuse. Et pourtant elle disait vrai : elle aimait son quartier malgré l’horreur qui s’y était déroulé sous ses yeux.

- Mon père est ouvrier en bâtiment et ma mère est femme au foyer, du coup on a pas trop les moyens de bouger de toutes façons, mais la maison est sympa. Hein Melena ? Au fait je suppose que moi aussi je suis sensée me présenter alors… Jade Elie Martins pour vous servir, annonça-t-elle en mimant une révérence face à sa poêle.

Au silence surprit qui suivi elle pivota légèrement pour jeter un regard dans son dos et ajouter très sérieusement :

- Bah quoi c’est vrai, on s’appelle Jade. Mais quand il a fallu me nommer après on m’a filé le deuxième prénom parce que… soyons francs… Jade 1 et Jade 2 c’était pas la classe, mais théoriquement, ça reste mon nom.

Elle tira la langue et revint à ses fourneaux où la viande revenait à feu vif pour y ajouter deux cuillères de farine. Les conseils de sa mère sur la cuisson et d’autres détails qui l’agaçaient plus qu’autre chose à l’époque lui revenaient en tête avec une clarté impressionnante. Mais ce n’était pas le moment de s’extasier sur sa mémoire ou sur ses dons culinaires : c’était celui de repasser la bombe à Melena. La mauvaise jumelle se creusa la tête un moment et finit par lâcher faute de mieux :

- Bon Mel’… hum… dis moi donc les 3 choses qui t’agacent par-dessus tout ! C’est toujours bon à savoir si je veux pas finir dans ton coffre un jour de bourde !

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeMar 7 Fév - 18:51

La révérence du pyromane la fit rire à son tour. Ainsi, il s’appelait Ace Ridley, avait 23 ans et faisait des études en économies. Tout comme pour la mauvaise jumelle, ce fut son âge qui figea un instant l’adolescente. Comment avouer qu’elle n’était qu’une gamine de 17 ans après ça ? Il allait peut-être les prendre pour des enfants et ne plus jamais les estimer comme jusqu’à lors, non ? Son ainé le détourna de ses pensées pessimistes en parlant de ses parents : visiblement, les affaires familiales n’allaient pas fort chez lui, mais il dévia vite le sujet en parlant de son lieu de résidence. En bonne britannique qui n’était en réalité à San Francisco que depuis quelque jours, Melena se souvenait avoir déjà entendu le nom de Pacific Heights, mais ne savait absolument pas où c’était. Proche du Pacifique sans doute.

Le tour de la psychotique était arrivé et malgré sa réticence à parler de son quartier, elle prit la parole pour confier quelques bribes de sa vie. En fait, pour tout ce qui tenait de la géographie locale de la métropole d’où étaient originaires ses comparses, l’irlandaise se sentait légèrement à part. Elle ne pouvait rien commenter, mais déduisait de la discussion que l’endroit où habitaient les Martins n’était pas de la même classe que là où était Ace. Personnellement, la nécrophobe ne pouvait rien en dire ; certes, Mission District lui avait visiblement paru moins bien fréquenté que Hayes Valley, où logeait la sœur de sa mère adoptive, mais elle n’avait pas non plus eu de problème. D’ailleurs, c’était vrai que la maison de son amie était sympa, et elle l’appuya en hochant la tête avec un grand sourire.

La présentation de la mauvaise jumelle cependant, la fit suspendre l’épluchage de sa dixième pomme de terre. Jade Elie Martins ? C’était vrai que malgré le petit – mais à la fois si long – moment qu’elle les connaissait, jamais elle n’avait pensé à demander l’origine de l’appellation de la deuxième personnalité. Rien ne semblait plus logique désormais et Melena s’en voulait de ne pas y avoir pensé avant. Au tirage de langue taquin, elle répondit par un sourire absent : ça faisait toujours étrange lorsqu’on croyait connaitre les gens et qu’en réalité, on s’aperçoit ne connaitre que si peu de chose…

C’était de nouveau à son tour. Elle leva les yeux au ciel pour tenter de cerner ce qui lui déplaisait le plus. La plaisanterie de son amie suscita un instant la source de ses craintes, lui rappelant sournoisement qu’elle incarnait l’horreur qu’elle détestait, mais la force du discours que lui avait tenu Elie quelques minutes plus tôt continuait de l’immuniser contre les déprimes malvenues.

- Ce qui m’agace par-dessus tout…, répéta-t-elle, je dirai… les gens qui croient que tout leur est dû, qui réclament en attendant qu’on obéisse au doigt et à l’œil…

Sans se rendre compte que ces premiers critères pouvaient rappeler le pyromane qui épluchait des carottes en sa compagnie, ses lèvres se tendirent en une ébauche de baiser alors qu’elle continuait de trifouiller dans sa mémoire. Ce n’était pas facile de se souvenir ce qui l’agaçait au quotidien alors qu’elle n’avait pas vécu une journée normale depuis plus d’un mois dans le monde des rêves.

- Je dirai… les types qui ne pensent qu’avec ce qu’ils ont sous la ceinture ? Comme… mon ex-petit ami ?

Elle aurait aussi pu citer Liam, mais lui, il ne l’agaçait pas, il l’a dégoutait purement et simplement. Si elle avait l’occasion de le tuer, elle le ferait, et ce serait un service rendu à la communauté. Toutefois, ses pensées s’égaraient, alors Melena les ramena à ce qu’elle dévoilait pour expliquer :

- Ça a été mon seul petit ami de toute ma vie en fait. Je sais même plus trop pourquoi j’avais accepté de sortir avec lui… il était un peu plus vieux, je venais d’emménager à Londres, j’devais penser que ça me ferait un peu oublier l’accident. Mais… j’étais assez distante, j’aimais pas trop le contact et tout… et tout ce qu’il a trouvé à faire au bout de même pas 2 semaines, c’est de m’emmener chez lui pour presque me forcer à… à le faire. Du coup… j’me suis enfuie.

L’irlandaise avait digressé et se souvenait avoir déjà raconté ça à Jade. Néanmoins, cet exemple fut parfait pour lui permettre de raccrocher le train avec un petit rire qui masquait imparfaitement le trouble que lui laissait encore cet épisode :

- Je sais que j’ai dérivé mais… si je dis que les gens qui cherchent à imposer un contact physique m’agacent, ça marche ?

En fait, elle aurait pu tout résumer à « je n’aime pas grand monde et pratiquement toutes les personnes autour de moi m’agacent », mais ça aurait été triché. Elie et Ace étaient des exceptions inexplicable, tout comme Jade, ou plutôt si : leurs liens étaient plus profonds qu’une simple fréquentation journalière, parce qu’ils avaient vécu des choses ensembles qui n’arrivaient nulle part ailleurs, pour le meilleur et pour le pire. De l’amusement dans la voix, elle recommença à éplucher ses patates en ajoutant :

- Ou bien je peux dire que je supporte difficilement le rose, que la musique rap me sort par les oreilles et que ne pas avoir de lait froid le matin quand j’en ai envie me met de mauvaise humeur.

Les couleurs qui lui montait aux jours s’accompagnaient de fourmis qui venaient danser dans les muscles de son visage ivoirin. Ce n’était pas souvent qu’elle déballait sa vie de la sorte, ce n’était même que la seconde fois, dans la mesure où la première élue avait été la bonne jumelle. Prête à repasser la balle, elle leva ses yeux gris vers son ainé en lui adressant un sourire :

- Bon, monsieur Ace Ridley, quels sont vous hobbies ? Vous faites quoi en dehors d’aller en cours ? elle rit brièvement avant d’ajouter, mais avant, tu nous donnerais quel âge à Elie et moi ?
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeMar 7 Fév - 21:52

« Mission district » avait répondu Elie, somme toute assez gênée de répondre. Pourquoi ? Parce qu’elle n’habitait pas dans un quartier emmerdant à souhait ? Non, franchement, y avait pas de quoi… Ace était déjà passé quelques fois là-bas, en de rares occasions. Et ce quartier lui convenait largement plus que Pacific Heights même s’il fallait reconnaitre que sa maison avait un certain confort.
- Ouais, limite j’préfère ce genre de quartier que d’moisir à Pacific’…

Ses parents avaient l’air de gens tout à fait honorables, dit comme ça et à part la différence de classe qui n’avait pas de réelle importance pour le pyromane, c’était au contraire la chance d’avoir grandi dans une famille potentiellement plus liée que la sienne. Si Elie souffrait de dédoublement de personnalité… enfin si Jade… en souffrait, c’est qu’il avait dû lui arriver quelque chose de pas forcément chouette (peut-être un rapport avec Amber ?), mais au moins elle avait des gens pour veiller sur elle… Quand Alexander est mort, Ace avait dû affronter ça seul. Comme d’habitude. Toujours.

A son tour, la mauvaise jumelle se présenta, dans son nom complet également. C’est vrai que de ce point de vue, elles étaient une seule donc deux noms en un.
- C’est clair que Jade 1 et Jade 2 c’est très raffiné, très recherché ! Haha. Ou sinon, on peut te donner un surnom, comme ça ça évite l’ambiguïté des prénoms, hein ? Que dirais-tu de... Bah… en fait j’ai pas d’idée, là, tout de suite. Mais dès que je trouve, je te fais signe !! Enfin… Façon de parler !

La question posée à Melena était assez ardue : on a souvent du mal à répondre à ce genre de question sans réfléchir assez longtemps. Ace tenta d’y répondre lui aussi dans sa tête en attendant que la nécrophobe ne trouve. Ah… A première vue, ça semblait une liste tout à fait normale qu’elle leur énonçait ; à ceci près que le Ken se retrouvait presque dans ce qui ressemblait à une description d’un type précis de personne : le connard. « presque » !

Effectivement, il y avait une personne en particulier qu’elle avait en tête. Rassuré que ça ne soit pas lui, Ace écouta l’histoire avec calme. C’était relaxant de penser à autre chose qu’à rien ou à des actes abominables. Il avait un peu l’habitude de ce genre de conversations avec ses potes de San Fran’ mais ça partait rapidement dans tous les sens, aussi n’assistait-il pas souvent à ces soirées bière/foot/pizza, préférant superviser les opérations du lendemain depuis chez lui, même s’il s’y sentait affreusement seul. C’était paradoxal et frustrant, mais il s’y était fait.

- Hein ? Ah ouais, mes hobbies. Désolé, j’étais en train d’penser à un truc. Vous ? J’en sais rien, 19 ? 20 ? Chui pas doué pour ces trucs-là…
Sinon quand j’ai pas cours j’aime bien trainer du côté de Golden Gate Park avec des potes. C’est un peu not’ lieu d’rendez-vous ; on squatte. Ou sinon j’vais un peu chez eux quand ça m’les brise de rentrer. J’aime pas l’monde mais j’aime pas non plus êt’tout seul h24. C’est trop chiant.

- Oui, et de ce côté-là, t’es pas gâté : y a jamais personne à la maison.
- … Ouais… ‘Fin j’vais pas vous raconter comment ça s’passe chez moi, c’que j’ai déjà terminé : r-i-e-n. Ouais, sinon j’aime bien m’balader. J’habite entre Lafayette Park et Alta Plaza Park donc c’est cool. Y a aussi les magasins d’fringues, ça vaut l’détour.

Le pyromane remarquait qu’il s’était peut-être un peu laissé emporter en révélant qu’il zonait à Golden Gate Park. La réputation de cet endroit n’était plus à faire. Et puis de toute façon, on s’en fout : c’était dit. A part ça, j’ai pas vraiment de hobbie, j’fais c’qui m’chante quand j’veux et c’est suffisant. Ah, et comme z’en doutes un peu, maint’nant : ma grande passion c’est d’allumer des feux, incendier tout et n’imp’. On pourrait dire que j’aime les livres aussi, nan ? Mais pas pour les mêmes raisons hahaha !

C’était vraiment une des blagues les plus pitoyables qu’il avait dit et il faudrait beaucoup de chance pour que ça fasse rire quelqu’un d’autre que lui. – Et que Feufolé. Ace réfléchit un instant à une question qu’il pourrait poser tout en continuant d’éplucher ses carottes. Il en avait déjà épluché quatre !! Un bref coup d’œil dans le saladier de Melena mina son moral en voyant qu’elle avait déjà dépassé la dizaine, facilement. Une chose était sure : il ne compterait pas la cuisine dans ses hobbies avant un bon moment !

- Elie, à ton tour ! Si j’pige bien, vous avez déjà passé un bon p’tit bout d’temps à Dreamland, nan ? C’est quoi ton meilleur souvenir, la chose qui t’as l’plus marqué ? C’que bon à part Freedoom, moi j’connais rien alors j’dis pas non à un p’tit voyage le temps d’un récit.
- Oh oui, on veut savoir !! Vous avez dû vivre des aventures sympa, non ? Moi j’adorerais rencontrer Tiger Woods, un jour !! Pff c’pas une aventure, ça… ouais, mais ça serait classe quand même !
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeMer 8 Fév - 17:27

Le portrait que peignait Melena était si proche du caractère d’Ace qu’Elie hésitait à s’éclaircir la gorge pour le lui signaler, mais heureusement celui qu’elle pointa du doigt en exemple type n’était autre que son premier –et unique- petit ami. Un sacré salaud du point de vue de la mauvaise jumelle. C’était le genre de dragueur trop entreprenant dont elle massacrait la gueule dans le monde réel, qui croyaient pouvoir tripoter Jade au cinéma ou dans une fête et qui ne gagnait au final qu’une visite chez le dentiste ou un beau plâtre tout neuf. Rien que d’y penser la moutarde lui montait au nez, mais elle réussit à faire passer sa rage sur les 4 pauvres carottes du pyromane qu’elle se mit à découper en rondelles.

Puis suivit l’oignon qu’elle éplucha puis hacha, les larmes aux yeux, en continuant d’écouter les révélations de ses camarades. L’évaluation pitoyable de l’âge de ces demoiselles lui tira un rire moqueur mais elle se retint de couper son petit ami qui en était à expliquer que ses loisirs se résumaient à zoner, seul ou accompagner. Ah oui, et cramer des trucs bien sûr. Alors que son tour menaçait de revenir encore comme un boomerang, la psychotique ajouta ses différentes découpes à la viande qui cuisait toujours et susurra, narquoise :

- Alors Mr Ridley, vous faites la sortie des écoles ? Parce que Melena et moi n’avons que 17 ans tu sais ? En plus tu nous vieillis, c’est très mal perçu par les dames…

Un sourire taquin éclaira son visage alors qu’elle agitait négligemment son couteau pour exprimer ce qui arrivait à ceux qui manquaient de tact envers la gente féminine. Puis vint le moment de réfléchir à la question qu’on lui avait posé et… ce fut le trou noir. Son meilleur souvenir ? Est-ce qu’elle en avait eu un bon déjà ? Elle avait beau chercher, tout ne lui semblait qu’une suite d’emmerdes. Et encore, c’était un euphémisme.

Le silence s’instaura peu à peu alors qu’elle ajoutait à sa préparation du concentré de tomate, du sel et du poivre. Elle aurait voulu trouver quelque chose de gai, mais rien ne voulait lui venir à l’esprit. Oh, il y avait bien quelques moments fugaces mais ils étaient si pâle en comparaison des horreurs qu’elle avait traversé que tout lui semblait négligeable.

- Mon meilleur souvenir à Dreamland… bordel elle est pas facile celle-là, articula-t-elle finalement, l’air pensive, Je sais même pas si j’en ai eu un seul.

Les sourcils froncés elle agita sa spatule dans un geste machinal, remuant son plat sans même y penser. Il lui fallait un truc, n’importe quoi. Dire qu’elle n’avait rien de ce genre n’était pas une réponse satisfaisante, alors quoi ?

- Pfff… y’a bien le jour où je suis arrivée, j’ai vendu un mec qui se transformait en chauve-souris à une animalerie. C’était plutôt marrant, surtout qu’il s’en est sorti dès qu’il est redevenu humain. Tu le connais d’ailleurs Mel’, c’est Gabriel, il était sur le Slavedog Millionnaire avec nous. Bosser dans le colisée à Sextus aussi c’était pas mal maintenant que j’y pense, rien que pour voir Jade faire une course en char ! C’te gogole avait montré ses nichons à un gladiateur pour qu’il rentre dans un mur, ça valait le coup d’œil !

Un rire franc s’échappa de ses lèvres alors qu’elle se repassait la scène. Non vraiment, c’était fendard ! Bien plus souriante qu’auparavant elle versa la sauce madère à son mélange ainsi qu’un cube de bouillon, un demi-litre d’eau chaude et – soyons fous- un demi-litre de vin qu’elle avait déniché dans un placard. Après avoir couvert le tout et baissé le feu au minimum, elle se tourna vers ses compagnons et ajouta, un poil plus sérieuse :

- Mais tu sais Ace, c’est loin d’être drôle ici, même en dehors de Freedoom. Tous les voyageurs arrivent dans une ville où l’on nous hait, et là-bas ils avaient lancé après notre arrivée une sorte de monstrueuse chasse à l’homme. On se faisait tous massacrer… et à peine dehors les survivants se sont fait choper par des esclavagistes. Je sais pas ce qui est arrivé à Melena et Jade après ça, mais on m’avait vendu à un scientifique maboul qui m’a enfermé dans un labo bourré de pièges, sans eau ni nourriture. C’est ça Dreamland, et c’est pas vraiment ce qu’on peut qualifier de « fun » ou de « classe », n’est-ce pas Feu’ ?

Inconsciemment elle se gratta la nuque où elle avait été marqué comme une bête. Même si elle avait regagné sa liberté légalement, il n’en restait pas moins vrai qu’ici ça ne restait qu’une illusion. D’un continent à l’autre les lois changeaient, les mœurs aussi. Il suffisait de quelques kilomètres pour passer d’être adulés à criminels en fuite.

- Mais bref… Mel’, t’auras peut-être un truc plus drôle en stock ?


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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeMer 8 Fév - 20:10

Melena leva un sourcil surpris en apprenant que son ainé lui donnait 19 ou 20 ans. Elle espérait que cette erreur venait du fait qu’elle pouvait avoir l’air plus mature que les autres adolescents de son âge, parce qu’il s’était planté de 2 à 3 ans en plus, ce qui n’était pas vraiment flatteur. En tout cas, hormis le fait de brûler des trucs, il n’avait pas non plus de passion notable et dévorante. Sa petite plaisanterie vaseuse sur les livres tira un léger sourire en coin à l’irlandaise, qui achevait l’épluchage de ses patates. Il devait y en avoir assez désormais, quoique veuille en faire la mauvaise jumelle. Cette dernière soulignait d’ailleurs que le pyromane s’était trouvé une copine bien plus jeune que lui et la nécrophobe hocha la tête, amusée, en se remettant debout.

Devant l’avancée de la préparation du repas, son estomac cria famine. Le premier VRAI diner depuis… longtemps. Très longtemps. La question qui avait été posée à Elie n’était pas facile, et bien que Melena reconnaissait avoir elle-même parlé à Ace d’endroits plus sympas que Freedoom, elle était loin d’avoir de quoi en faire un office du tourisme. Des anecdotes que cita la psychotique, l’irlandaise connaissait déjà celle du Colisée : Jade la lui avait racontée au banquet qui avait succédé leur première journée d’esclave, alors qu’elles revoyaient le dit gladiateur qui s’était pris un mur pour avoir été distrait par sa paire de seins. C’était cette même soirée où les deux amies s’étaient langoureusement embrassées afin de simuler un lien de couple et échapper aux avances des combattants masculins. Le souvenirs des lèvres de la bonne jumelle lui revint, fugace, mais l’absorba assez longtemps pour qu’elle n’émerge que lorsque son tour de parole était revenu.

- Un truc plus drôle ? Euh… nous on avait été vendues au Colisée de Sextus avec Jade et… à la fin de la première soirée, on avait quitté leur banquet quotidien avec une de leurs bouteilles de tord-boyaux locale. Je ne sais plus trop pourquoi on a fait ça, mais le fait est qu’on a été rapidement complètement bourrée et… c’était drôle… au début.

En effet, juste au début, parce que la suite s’était beaucoup trop vite envenimée jusqu’à devenir complètement désastreuse. Néanmoins, c’était le premier souvenir un minimum amusant qui était revenu à la nécrophobe, dans la mesure où ses pensées divaguaient déjà dans les eaux de son épisode sextusien. Préférant se rediriger vers quelque chose de plus légers, histoire de ne pas plomber l’ambiance avec le récit de son combat déséquilibré dans l’arène, elle embraya :

- Sinon, il y avait Gloutoniskaïa ! C’est une ville magique, au sud d’Elipse. Je n’ai pas vraiment eu le temps d’en profité, j’y étais pour un boulot, mais… faut avouer que c’est une jolie ville, incroyable dans tous les sens du terme et… comme c’est une ville de mages, les voyageurs ne sont que des touristes lambda à coté, on est tranquilles.

C’était vrai, même si son enquête n’avait pas été évidente et qu’entre Myia et Alexander, elle n’avait pas été aidée. Distraite un instant par les bonnes odeurs qui émanaient de la cuisine d’Elie, Melena jeta un œil au mélange qui mijotait, avant de reprendre, un sourire doux sur les lèvres :

- Il y a eu Formatek aussi… c’est une ville High-Tech, dans la mécanoplaine… ce n’est pas trop mon truc pourtant, et on ne peut pas dire qu’on y soit arrivée de la meilleure façon qui soit avec Jade… mais après l’esclavage, et plusieurs jours de voyage à pieds, c’était un vrai havre. On a pu se trouver un hôtel… moyen pour les gens de là-bas, mais super classe pour nous. C’est là que j’ai acheté ma combinaison, mes bottes et mon sac… on avait enfin pu dormir dans un lit aussi, après des mois dans la cale d’un vieux bateau, et le reste à la belle étoile… c’était cool.

Les yeux perdus dans le vague, elle revisitait ce court moment de soulagement dans leur périple, interrompu par les lutins de Noël venus réclamer leur aide. Indirectement, ils les avaient aidées, parce qu’elles cherchaient justement à atteindre Techyo pour retrouver la mauvaise jumelle, mais il y avait une nette différence de confort. L’irlandaise poussa pourtant un soupir en allant se laver les mains pour les débarrasser des petits morceaux de pomme de terre y étant accrochés.

- Mais bon… ce n’était jamais vraiment par plaisir… à Formatek, c’était juste une étape avant Techyo, on cherchait à rejoindre Elie. Je n’ai encore rien fait par plaisir à Dreamland… sauf notre petite balade de toute à l’heure.

Un sourire teinté de tristesse étira ses lèvres pâles alors qu’elle désigna son saladier plein de patate d’une index, comme une enfant qui attend de sa mère la suite des instructions.

- J’ai terminé au fait. Tu veux que j’en fasse quoi ?

L’irlandaise ne s’était jamais estimée bonne cuisinière. Pourtant, avec Anney, elle mettait souvent la main à la pâte et adorait même préparer des choses seules. Cette passion s’était perdue une fois chez les Clothild, parce qu’elle avait pris l’habitude de s’isoler dans sa chambre et de ne rien partager de particulier avec Cécilia. Ce n’était pourtant pas faute de sa tutrice d’avoir essayé de nouer le contact avec l’adolescente associable.

Le tour du pyromane revenait, mais la nécrophobe n’avait aucune idée de quoi lui demander. Ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie, elle ne préférait pas poser de questions sur ses parents, et elle avait bien compris au travers ses hobbies qu’il n’avait pas d’attrait particulier pour certaine chose. En présence d’Elie, aborder le sujet de ses ex n’était pas forcément le plus judicieux. Haussant les épaules avec une moue signifiant son manque d’inspiration, Melena hasarda :

- Ace… imaginons que tu ne sois jamais arrivé à Dreamland et tout ça. Tu te serais vu où dans 10 ans ?

Oui, car désormais, qu’ils y croient ou pas, leur futur était inévitablement bouleversé, à jamais. Ce qui arrivait aux exilés n’était sans doute que les prémices des possibles déséquilibres entre les deux mondes mais déjà… leur vie ne pourrait plus être la même, plus jamais.
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeMer 8 Fév - 22:47

Ah bon ? 17 ans ? Fail. Il riait à moitié à la remarque d’Elie, car même s’il les avait averti qu’il n’était pas franchement doué dans l’évaluation de l’âge ça l’emmerdait quand même qu’on lui fasse remarquer qu’il avait tort.
- Ouais, bon, j’me suis planté c’tout… Mais j’disais pas ça méchamment, ‘fin vous paraissez plus mature que certaines nanas de 17 ans, quoi…
- Haha ouais, mais t’as perdu quand même !! Toi ta gueule. répondit-il sèchement.

S’ensuivit un silence assez gêné du point de vue du pyromane. Il s’en foutait, de savoir s’il était plus vieux qu’elles ou pas. Il aimait Elie et Melena faisait partie des rares personnes qu’il appréciait ; il ne lui en fallait pas plus. Les qu’en-dira-t-on étaient le dernier de ses soucis. A fortiori qu’il était adepte de la tour donc on lui devait le respect ! Il n’avait pas à justifier ses sentiments ni même qui il était.

Elie mit longtemps à répondre à la question, à tel point qu’Ace commençait à désespérer de trouver un endroit plus beau que cette île qu’était Freedoom. C’était le monde des rêves alors pourquoi elle faisait sonner ça comme si ça tenait plutôt du cauchemar ??
Mais il fallait tout de même avouer que les deux anecdotes étaient assez amusantes, preuve que ce monde ne proscrivait pas l’humour, heureusement.
- Ouaip. ‘Fin ça dépend de quel côté on se place, encore une fois. Mais effectivement, y a plus cool que de se faire lyncher, comme activité. Moi après je m’en fiche, tout me passe à travers hu hu hu ! Même les insultes ! ajouta-t-il ironiquement à l’adresse du Ken qui roula les yeux.
- Pourquoi ça s’appelle Dreamland, alors..? demanda-t-il distraitement.

Il espérait que Melena ait d’avantage de souvenirs joyeux à lui raconter ; d’ailleurs ne lui avait-elle pas parlé d’un endroit qu’elle avait apprécié ?
Mis à part leurs aventures en tant qu’esclaves, il n’y avait qu’à Glouton… Machin chose qu’elles semblait vraiment avoir passé du bon temps sans se préoccuper de qui voudrait leur tête. Ça ne donnait presque pas envie de partir au final… Pourquoi, de toute façon, si on était traités comme des animaux partout ailleurs ?

- Z’avez l’air d’en avoir chié, mine de rien… On ira où du coup ? C’que le bateau, là… Il va nous emmener dans un coin où on veut nous crever, j’parie… Mais j’pige pas pourquoi ces connards nous détestent ! On leur a rien fait, concrètement, si ??
- Nous directement, pas grand-chose, non. On a juste ravagé la ville et tué une cinquantaine d’innocents, c’est rien de concret, en effet… Le petit esprit se mit à ricaner en voletant dans la salle, bien conscient que Ace ne pourrait rien contre lui.

Le pyromane avait été absorbé par le récit à tel point qu’il en avait cessé toute activité et n’avait épluché que ses quatre légumes. C’était toujours mieux que rien, mais ça l’énervait quand même. Qui avait eu l’idée de créer un outil aussi débile que l’épluche-légumes !? Ça marchait même pas bien, cette connerie ! Evidemment, ça ne pouvait pas être lui qui l’utilisait mal…

Voyant la moue hésitante de la nécrophobe, Ace se douta bien que c’était son tour de répondre à la question suivante qui tomba : lui dans dix ans. Aussitôt sa mine s’assombrit. Parler de ses projets ? Il n’en avait aucun. Aucun dont il voulait leur parler, ou bien aucun qui n’ait déjà été décidé pour lui.
Avec une rancœur incroyable dans la voix, il se décida finalement à répondre tout en jouant avec son économe.
- Pff ! Dans dix ans, hein ? Tu sais, c’est pas parc’que j’suis arrivé ici qu’ça changera grand-chose. J’vous l’ai dit : j’ai pas le choix. Dans dix ans j’aurai fini mes putains d’études d’éco de merde et je bosserai peut-être à côté de mon geeeeen-tiiiil pâaaa-pâaaa et ma mômaaan, à moins qu’ils crèvent entre-temps, auquel cas j’écope de leur fauteuil chez Ridley Inc. A voir.

Il avait effectivement de l’ambition ; il avait souvent rêvé de s’enfuir, quitter cet avenir prédéterminé mais la seule chose qui faisait tourner le monde c’était l’argent et même si dealer était un job rentable, il n’aurait jamais autant de fric que s’il se laissait embrigader par son vieux.

- … Je sais pas c’que j’ferai dans dix ans. Chui pas chaud pour c’qu’on attend d’moi mais j’ai pas d’idées non plus ; tout c’que j’sais faire c’est trainer avec mes potes ou être seul chez moi. Tout le monde s’fout bien d’savoir c’que j’veux être. J’les enculerai à sec quand j’aurai assez d’influence !!
Il se sentait bouillir intérieurement. Il serrait l’outil de cuisine si fort dans sa main qu’il ne se rendit compte qu’après-coup qu’il s’était coupé avec, ce qui en soi était un exploit non négligeable.

Balançant le couteau à travers la pièce ; billet aller simple d’un coin à un autre, il alla passer sa main meurtrie sous l’eau froide. Le flot continu apaisait les picotements et le calmait un petit peu.
- J’ai aucune raison d’retourner dans l’vrai monde… D’une part j’en ai rien à foutre et puis si Elie n’existe qu’à Dreamland alors je veux pas rentrer. De toute façon personne ne m’attend. Personne ne m’a jamais attendu, alors c’est directement chié.
- Sans compter que dans le monde réel, j’existe pas non plus, à priori !
- Ouais enfin toi… Rhooo allez, je suis sûr que tu tiens à moi ! … Hein ? … Même pas un petit peu..? T’es con, évidemment que j’t’aime bien.. Même si t’as la langue un peu trop bien pendue à mon goût. plaisanta-t-il.

- Hmmm.. bon, une question. Lui aussi commençait à sécher. Il ne savait pas trop quoi demander et pourtant il était sûr d'avoir des questions en réserve. Au moins une : y avait-il un lien entre la maladie d'Eli-... "Jade" et la mort d'Amber ? Mais il ne voulait pas demander ça. C'était encore trop tôt, et ça ne le regardait pas, en fin de compte. Il n'avait pourtant que cette idée en tête, il posa cette dernière de manière assez détournée, permettant une esquive à la mauvaise jumelle si elle le souhaitait. Il posa sa question assez prestement, prenant bien soin de faire avorter la question qu'armait Feufolé qui - comme on s'en doute - tournerait autour du golf ou une ânerie du genre.

- Elie, si tu pouvais remonter l'temps pour modifier une chose, ça serait quoi ? Puis, pour signifier implicitement qu'il n'attendait pas forcément la réponse tournant autour d'Amber, il osa une petite blague pour détendre l'atmosphère : heh attention, si tu m'dis "pas t'rencontrer" j'vais m'fâcher haha !
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeJeu 9 Fév - 16:40

L’histoire « drôle » de Melena laissa Elie sur le cul. Jade ? Se saouler ? Même si elle avait tendance à fuir la réalité par n’importe quel moyen y compris les pilules magiques du capitaine Mikles, elle n’aurait jamais imaginé que son double serait capable de se bourrer la gueule. Elle savait rigoler bien sûr, mais la bonne jumelle était censée représenter la faiblesse et la modération. Où était la modération là-dedans ? Sans parler de l’irlandaise qui n’avait pas plus un profil de pochtronne… comme quoi, on croyait connaitre les gens, ou soit même et au final on n’était que des étrangers. C’était un peu triste.

Les autres belles anecdotes semblaient sorties d’un guide touristique ventant les charmes de Formatek et de Gloutoniskaïa. A l’évocation de son nom le regard de la psychotique s’assombrit. Oh, alors comme c’était pour la chercher c’était pas par plaisir ?

- Sympa… grommela-t-elle, inaudible.

Contrariée elle ne put s’empêcher d’adresser une moue boudeuse à Melena lorsqu’elle lui demanda quoi faire de ses pommes de terre. L’envie de l’envoyer chier ne fut modéré que parce qu’elle se souvint qu’à l’époque elles ne se connaissaient que de vue et nourrissaient chacune l’une pour l’autre des sentiments peu amicaux. Désignant le récipient bouillonnant du pouce, elle répondit un peu abruptement :

- Faut les couper en quatre et les ajouter au reste dans 30 minutes.

Elie s’en voulait d’être aussi susceptible, mais c’était plus fort qu’elle, c’était comme si elle aurait dû être consciente de la finalité de leur relation et juger en conséquence. C’était absurde, illogique, mais la colère l’était souvent. Ce fut Ace qui la tira de sa bouderie en tenant un discours plus que défaitiste. C’était comme s’il n’était maitre de rien, même pas de sa vie, lui qui avait pourtant l’air si sûr de lui ! Il se comportait comme un prince capricieux et vantard mais lorsqu’on l’écoutait parler de lui on ne sentait plus que de la rancœur et du défaitisme. L’adolescente pinça les lèvres et s’approcha de lui pour lui attraper la main, mais arrêter son geste à la dernière minute lorsqu’il clama qu’il ne voyait pas d’intérêt à quitter Dreamland si elle n’existait qu’ici.

Le cœur de la mauvaise jumelle avait raté un battement avant de s’emballer. Jamais elle n’aurait cru qu’on puisse tenir ce genre de discours pour elle, si bien qu’elle avait du mal à réaliser que tout ça était réel. Ses doigts se refermèrent sur du vide alors qu’elle laissait retomber son bras le long de son corps, détaillant le visage du pyromane qui semblait plus sincère que jamais. « Pourquoi » était la question qui lui venait en tête mais elle n’arrivait pas à la formuler et préféra répondre à la question concernant leurs projets futurs.

- Je sais pas où le bateau accoste en fait… près du désert je suppose. Impossible de savoir quelle opinion on aura de nous dans le coin, mais même si on n’a rien fait personnellement la plupart des dreamlandiens qui nous détestent ont leurs raisons. Beaucoup de voyageurs sont de vrais enfoirés qui prennent ce monde pour un terrain de jeu, alors ils nous rendent juste la pareille. Ils s’en foutent qu’on soit les bons voyageurs, on est tous mis dans le même panier.

Elle passa sa main dans ses cheveux, s’étonnant encore qu’ils soient si courts. Puis la question qui lui était destinée tomba comme un couperet qui coupa toute réflexion sur les rapports entre habitants locaux et étrangers. Elle coupa toute réflexion, peu importe leur sujet à vrai dire. Elie réussit tout de même à rire à la blague de son petit ami, mais tout ça sonnait faux. L’envie de rire était loin, très loin de son esprit, dans une ruelle sombre de San Francisco.

Attirant une chaise à elle d’une main tremblante, la psychotique se laissa tomber dessus et ferma les yeux. Ça ne fit que rendre les choses bien pires, les souvenirs affluant sur l’écran formé par ses paupières closes. Elle rouvrit ses yeux brutalement et se mordit la lèvre alors que ses doigts se mettaient à pianoter sur le plan de travail. Melena savait déjà, et si elle comptait vraiment s’engager avec Ace il finirait aussi par être mis au courant alors… autant le faire maintenant.

- Je remonterais jusqu’à mes 14 ans, et je dirais à Amber de courir avant qu’il ne soit trop tard et que ces connards ne la violent et la tuent sous mes yeux. Ou rien que de nous séparer Jade et moi quelques secondes plus tôt… pour pouvoir la sauver. Elle méritait pas ça, personne le mérite.

Elie se sentait nauséeuse tant la colère et le remord lui nouait les entrailles. Elle se releva sur un coup de tête et partit en direction du couloir, lâchant par-dessus son épaule alors qu’elle se dirigeait vers un endroit, n’importe lequel tant qu’elle pourrait y hurler tout son soûl :

- Ce jeu ne m’amuse plus, j’me tire.

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Melena Autumn

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeJeu 9 Fév - 18:42

Melena sentait que le jeu se dégradait au fur et à mesure. Après tout, quoi de plus normal lorsqu’on tentait d’inciter des individus meurtris à parler d’eux ? Certaines blessures étaient encore trop présentes, voire même trop actuelle. Ainsi, tandis qu’elle découpait son lot de pomme de terre de la façon dont lui avait rudement demandé la mauvaise jumelle, Ace peignait un tableau sans couleur de son avenir qui lui fit regretter d’avoir demandé. Seule la touche concernant Elie était en demi-teinte, à la fois belle et cruelle. Une pointe de jalousie toucha même le cœur de l’adolescente : non pas qu’elle soupirait auprès du pyromane, mais au fond, elle aussi aurait aimé avoir une personne capable de dire qu’elle préférait rester dans un monde virtuel pour elle. D’ailleurs, si jamais c’était elle qui était repartie seule à Dreamland, est-ce que Jade et Elie seraient revenues la chercher ? Il y avait de fortes chances que non, parce qu’à l’époque, la plus forte des personnalités aurait sans doute convaincu l’autre que ce n’était pas nécessaire.

L’étau de solitude revint en force étreindre l’irlandaise, une vieille amie qu’avec le temps, elle réalisait vouloir écarter définitivement. Le bruit du couteau qui avait traversé la pièce l’avait fait sursauter, la ramenant au présent et à l’échange qui s’assombrissait de minutes en minutes. Lorsqu’Ace posa sa question, Melena se mordit les lèvres d’avance. Elle savait quelle serait la réponse, parce que son amie lui avait déjà raconté, parce que c’était tout simplement la raison de son existence. Le visage d’Amber bien vivante, s’imposa à son esprit. Elle ne l’avait rencontré qu’une poignée de seconde, mais elle lui avait déjà paru si adorable, si attachante, et si complice avec sa sœur. Pourquoi des gens comme elle subissaient des choses aussi horribles ? Alors que les coupables, comme Liam, continuaient de vivre.

Entendre racontée la tragédie une seconde fois ne lui parut pas moins difficile que la première. Consciente du malaise que devait ressentir la psychotique, la nécrophobe s’apprêtait à dire que le jeu avait assez duré, mais la concernée l’avait devancée. Son découpage de patate venait de se terminer. Elle leva les yeux vers Ace, silencieuse, cherchant simplement à lui dire quelque chose comme « t’en fais pas, on va la voir tous les deux ».

L’irlandaise largua son économe dans l’évier, se lava rapidement les mains, puis prit le chemin du couloir pour retrouver son amie. Elle reviendrait la remplacer auprès de la casserole si besoin, mais pour l’instant, elle voulait lui montrer qu’elle était aussi là pour la soutenir, qu’elle n’avait plus à faire face à ses démons seule. Bien sûr, ni Melena, ni Ace ne pourraient faire revivre Amber ; mais ils pourraient peut-être apporter un peu de lumière dans toute l’ombre qui oppressait la mauvaise jumelle ?! Juste un peu.

Il fut d’abord assez difficile de la retrouver dans les appartements des adeptes, dans la mesure où la psychotique n’était pas dans sa chambre, mais un grand fracas résonna bientôt dans l’étage, accompagné de hurlements qui permettaient de la localiser à l’oreille. Ainsi, Elie fut retrouvée dans une salle de bain dont les portes de la cabine de douche avaient été défoncées – sans doute à coups de pieds –, au milieu d’une mare de serviettes tombées avec le bris de l’étagère qui les soutenait. La nécrophobe n’était pas certaine que ce désordre plaise à Fisher, surtout après qu’ils aient fait un trou dans le sol et brûlé une partie de la collection de film des gardiens. Manquerait plus qu’on les prive de bateau pour les faire toute nettoyer, mais pour l’heure, c’était surtout pour son amie que s’inquiétait Melena.

Ses yeux gris se levèrent vers Ace, cherchant du soutien dans sa présence. Peut-être que c’était mieux que ce soit lui qui la stoppe en la prenant dans ses bras, non ? La mauvaise jumelle allait finir par se faire mal, mais l’irlandaise ne savait pas quoi dire pour attirer son attention. Passant une main nerveuse dans ses cheveux, elle se hasarda en tendant une main vers son amie :

- Elie… arrête s’il te plait, tu vas te…

Impossible, sa gorge se nouait ; ça lui paraissait tellement stupide. La psychotique avait déjà mal, une douleur impossible à guérir, une vieille cicatrice rouverte sauvagement cette même après-midi. Son bras retomba le long de son corps ; elle se sentait tellement nulle dans ces moments là...
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeJeu 9 Fév - 21:56

Mais quel con… Il aurait dû prévoir, anticiper la réaction d’Elie. Pourquoi il avait demandé alors qu’il savait que ça risquait la catastrophe nucléaire !? Il resta un moment à regarder le robinet couler dans un mutisme profond alors que la mauvaise jumelle quittait la pièce. Le pyromane ne se retourna qu’après quelques secondes – temps nécessaire à réaliser l’ampleur de sa gaffe – pour croiser le regard de Melena. On lisait dans ses yeux qu’elle s’inquiétait elle aussi, et c’est donc sans hésitation que les deux amis partirent en même temps à la recherche d’Elie.

En chemin, Ace n’arrivait pas à faire autre chose que se maudire intérieurement, au point de vouloir se claquer la tête contre un mur. Feufolé les suivait sans afficher d’émotion particulière et fort heureusement : sans commentaire aucun. Il semblait avoir compris que la meilleure chose à faire pour son créateur dans l’immédiat était l’aider à chercher la mauvaise jumelle.

Le Ken sursauta en entendant le brouhaha émanant d’une salle de bain un peu plus loin. Imaginant le pire, il pressa le pas et arriva sur les lieux du crime où on déplorait déjà le décès d’une porte et de plusieurs autres choses. Ace resta un moment interdit avant d’oser pénétrer dans la pièce. La fureur d’Elie était effrayante mais il pouvait toujours voir celle qu’il aimait à travers ces traits rongés par la colère.

Melena tenta de raisonner la tornade dévastatrice mais elle avorta sa tentative. De toute façon c’était à lui de le faire. Il était responsable de ça, et même si assumer les conséquences de ses actes n’était pas l’apanage du pyromane, il savait que s’il devait faire une exception c’était maintenant.
Il posa sa main sur l’épaule de la nécrophobe comme pour lui dire qu’il prenait le relai. A mesure qu’il tentait d’approcher Elie, il craignait de se prendre un meuble perdu (une balle aurait été un projectile cent fois moins dangereux)

Bon, l’approcher sans rien dire n’était pas utile non plus, d’un autre côté. Il s’était approché suffisamment pour être sûr d’être entendu, à défaut d’être écouté.
- Elie… Arrête ça, tu vas t’faire mal, Mel a raison… Calme-toi… Elle ne semblait pas très encline à l’écouter aussi Ace ne se ménagea pas et attrapa les poings de la jumelle, l’empêchant ainsi de malmener son corps et le mobilier. Il se persuadait qu’il ne faisait pas ça pour lui faire mal, mais dut raffermir son emprise sur les poignets d’Elie.
- Arrête, t’en as fait assez. Ecoute-moi… Je.. Je suis désolé. Vraiment. J’aurais pas dû t’poser cette question. Chuis vraiment trop con. Je sais ; je sais que c’est dur mais s’il te plaît arrête de te faire du mal comme ça ! Je veux pas que tu te blesse à cause de moi.

Il n’était pas certain d’avoir capté toute l’attention d’Elie et il fallait reconnaitre qu’elle avait de la force. Il avait du mal à la contenir et finit par s’avancer d’un pas, plaquant les poings d’Elie contre son torse.

- Si tu tiens à frapper quelque chose, alors frappe-moi. J’l’ai mérité, nan ? Casse-moi la gueule si ça t’fais plaisir. C’est d’cette manière que j’ai pigé que cogner contre n’importe quoi ça défoulait pas. Alors si tu veux frapper pour c’que t’as pas pu éviter…
Mais si tu t’fais mal parc’que tu crois que t’aurais pu éviter ça, j’te laisserai pas faire. T’y pouvais rien, tu pouvais pas savoir c’qu’il allait arriver !!


Il la regardait droit dans les yeux, cherchant à atteindre sa raison ; faisant son nécessaire pour que ses mots parviennent jusqu’à elle-même s’il ne trouvait pas les formules parfaites pour exprimer ce qu’il ressentait.
- Tout à l’heure… Quand j’étais shooté, tu m’as dit qu’c’était l’rôle des amis de s’aider, de parler quand ça allait pas. J’étais out mais ça j’m’en souviens. Mais chuis pas un modèle. Toi tu vaux mieux qu’moi sur c’point-là alors ravale ta colère, utilise-la pour un truc qui en vaut le coup.

Il relâchait sa poigne sur Elie, caressant ses mains en les maintenant toujours plaquées contre lui.
- Oublie cette épreuve à la con, oublie ma question. J’suis sûr qu’Amber a été heureuse de t’revoir et qu’elle a envie qu’tu continues ta vie, que tu ailles bien. T’as été une sœur en or pour elle, ça s’voyait trop. Tu nous a protégés, Mel et moi ; t’es vraiment quelqu’un d’bien alors laisse pas les mauvais souv’nirs polluer les bons. Et souviens-toi que je t’aime et que j’serai toujours là. Pour toi. J’suis juste un peu trop stupide, mon cerveau barre en couille il se pencha vers elle pour l’embrasser.

Ses lèvres quittèrent celles d’Elie pour lui murmurer mais mon cœur sait que quand on est ensemble tout va bien ; y peut rien nous arriver.
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeSam 11 Fév - 12:52

Elle avait réussi à se contrôler jusqu’au moment de quitter la pièce, puis ses pas s’était accélérés progressivement jusqu’à ce qu’elle finisse par courir le long des couloirs de pierres nues. Pour aller où ? N’importe quel endroit ferait l’affaire, l’adolescente finit donc par s’arrêter devant une porte au hasard et la claquer derrière elle. Son sang lui donnait l’impression de bouillir dans ses veines à l’évocation de ce jour funeste, mais pire encore cela ne faisait que lui rappeler qu’au lieu de racheter son erreur, elle n’avait fait que s’enfoncer lors de ses retrouvailles avec Amber. Se séparer un peu plus tôt pour la sauver ? La bonne blague ! Elle n’avait été capable que de lui tordre le cou comme une vulgaire volaille sous prétexte que si elle ne le faisait pas sa sœur ne l’aimerait plus. Juste une putain d’excuse qui ne valait rien, un comportement égoïste. Elle aurait pu… elle aurait DÛ trouver une solution pour s’en sortir à deux.

Sans même jeter un regard aux alentours pour savoir où elle venait de mettre les pieds, Elie donna un coup de pied magistral à la première chose qui se présenta à elle. La porte de la douche se fissura, et un second coup la fit voler en éclat en une pluie de verre qui vint miner le sol carrelé. Mais ça n’empêcha pas la mauvaise jumelle de frapper à nouveau l’armature en plastique qui ne maintenait plus que des fragments tranchants, puis de se saisir de toutes les breloques posées sur une étagère pour les envoyer s’écraser au sol alors qu’elle poussait un hurlement de rage.

Frapper, détruire, hurler, jusqu’à ce que tout ne soit plus qu’un immense chaos. De toute façon elle ne savait faire que ça. Détruire. Dire qu’on protégeait n’était qu’une justification ridicule à la violence et l’égoïsme. En réalité elle détestait juste les autres et elle-même, cette espèce humaine si faible qui laissait le mal se répandre dans le monde et dans leur cœur, celle à cause de qui des enfoirés pouvaient égorger des gamines dans des ruelles sombres. Elle frappait encore et encore parce qu’elle ne savait faire que ça, qu’elle était née pour ça.

Ses poumons lui donnaient l’impression de brûler et ses mains en sang la picotaient douloureusement alors qu’Ace et Melena franchirent le seuil de la salle de bain transformée en champ de bataille. Dans sa crise Elie ne les remarqua même pas, pas plus que la supplication de l’irlandaise ne parvint à ses oreilles. Seule la colère dominait, foulant au pied ses autres sentiments en n’épargnant que le dégoût et la frustration. La psychotique ne remarqua le pyromane que lorsque ses mains se refermèrent sur ses poignets, et son premier réflexe fut de se débattre pour recouvrer sa liberté.

Ils ne comprenaient pas, ils ne comprenaient rien. Ni l’un ni l’autre n’était responsable de la mort de leur proche. Ils étaient tristes bien sûr mais leur conscience était tranquille alors qu’elle… elle était une meurtrière, une incapable, d’une lenteur et d’un égoïsme atterrant. Ne plus se faire mal ? Mais pourquoi faire ? Elle le méritait. Ce n’était rien en comparaison de l’horreur qu’Amber avait vécu par deux fois.

- Laisse-moi tranquille ! rugit Elie en se débattant comme une forcenée.

Ses mains tentèrent une nouvelle fois de s’arracher à la prise qui les maintenait fermement et faillit y arriver, mais Ace avait une sacrée poigne. Pourquoi est-ce qu’il fallait qu’ils tentent de l’arrêter ? Pourquoi est-ce qu’ils n’essayaient pas de comprendre qu’elle en avait besoin pour ne pas devenir folle ?! La mauvaise jumelle faillit mordre son petit ami dans une poussée d’agressivité mais les mots qui parvenaient peu à peu son encéphale la stoppèrent dans son geste. Elle valait mieux que ça ? Utiliser sa colère pour autre chose ? De belles paroles mais qui sonnaient vides. La réalité était qu’elle ne savait que faire du mal aux gens. Maxim, Lily, Moriccio, Alexander, Melena et même Ace ! Alors être capable de faire quelque chose de bien de sa rage ? Rien n’était moins sûr.

Alors pourquoi était-il si gentil, pourquoi se blâmait-il, pourquoi était-il si sûr qu’elle était une fille bien ? Elie avait fini par arrêter de se débattre, tremblant seulement de colère contenue. La baiser que le pyromane déposa sur ses lèvres lui donna l’impression que tout son univers se dégonflait comme un ballon de baudruche. Elle se sentait vide, frustrée… mais accablée surtout.

L’adolescente fondit soudain en larme, muant sa rage en désespoir. Ses mains en sang s’accrochèrent au cou d’Ace comme à une bouée de sauvetage et Elie laissa aller son visage inondé de larmes contre le torse de son compagnon. Elle aurait voulu lui dire qu’il se trompait mais se surprenait à espérer qu’il ait raison. Plus que ça, elle le désirait du plus profond de son cœur.

- Je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée… répétait-elle inlassablement entre deux sanglots.

La saccage qu’elle venait de commettre venait seulement de lui sauter aux yeux, ses conséquences aussi. Et si on les virait ou qu’on leur refusait le bateau à cause de ça ? Elle ne se le pardonnerait jamais.

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeSam 11 Fév - 22:36

Ace prit le relai et réussit à calmer la mauvaise jumelle, non pas seulement avec sa poigne resserrée autour de ses poignets, mais aussi grâce à une déclaration qui donna presque à Melena la sensation d’être de trop. Elle regardait le pyromane comme si elle ne le connaissait pas, et c’était pratiquement le cas. Avec Elie, il était tellement différent de cet odieux connard qu’il était en temps normal… presque l’opposé total. Ça se passait de commentaires, on ne pouvait que constater et se faire petit. L’irlandaise ne voulait pas estimer la durée que pourrait avoir cette relation si idéale entre ses deux amis ; tant que ça fonctionnait, ça irait, non ?

Les pleurs de la psychotique lui firent mal, mais elle avait la sensation qu’elle ne devait pas encore intervenir. La laissant profiter du torse de son petit ami, la nécrophobe préféra plutôt visiter une armoire à pharmacie qui avait échappé au massacre pour en retirer de quoi soigner la mauvaise jumelle. Il n’y avait pas à dire : il y avait bien plus de choses que dans la bicoque misérable où un enfant les avait aidées par sa naïveté touchante. Melena retira de quoi nettoyer les plaies et un rouleau de bandage avant de s’approcher en douceur du couple et de poser sa main sur l’épaule d’Elie afin d’attirer son attention.

- Je vais soigner tes mains, articula-t-elle simplement.

La psychotique sanglotait toujours, visiblement réticente aux soins. L’irlandaise lui attrapa donc un bras, juste assez fermement pour lui faire comprendre qu’elle ne laisserait pas tomber, mais assez doucement pour ne pas avoir l’air de l’arracher à sa bouée de sauvetage qu’incarnait Ace. Ses yeux gris se plongèrent dans les orbes humides de son amie alors qu’elle lui déclarait :

- Ça changera rien de te faire mal toute seule tu le sais ?! Alors laisse-moi te soigner !

La nécrophobe se mordit la lèvre, conscience du désarroi qui bouleversait la mauvaise jumelle à cet instant, mais c’était la vérité. S’automutiler ne ressuscitait pas les morts, ça n’était là qu’une punition puérile qu’on s’infligeait à soi-même pour prétexter expier des fautes, qui parfois n’existaient pas. Non, quand on était coupable, il était déjà bien assez lourd de continuer à vivre avec son fardeau pour avoir besoin de s’écorcher ; et dans le cas d’Elie, la culpabilité était une chimère dont elle devait se débarrasser. Ce n’était pas de sa faute si Amber était morte, et se blesser en le croyant ne faisait que renforcer la victoire des salauds qui l’avaient tuée et bafouer sa mémoire. Tout en s’occupant de nettoyer les plaies de son amie, au milieu d’un champ de bataille qui leur vaudrait sans doute de belles remontrances, elle lui dit à son tour, d’une voix vibrante sous l'effet d'un filet d’émotion :

- Ace a raison… ce n’était pas ta faute Elie, je vois même pas comment tu peux oser penser ça.

Pourtant, elle n’était pas la mieux placée pour l'affirmer, elle qui ressassait sans arrêt sa responsabilité dans la mort de sa mère. Si jamais elle n’avait pas été figurer dans ce film londonien, jamais elle et Anney n’auraient eu à prendre la route si tard, n’est-ce pas ? Jamais elles ne se seraient trouvées sur la trajectoire de ce chauffard, jamais leur véhicule n’aurait été projeté contre la glissière de sécurité. Elles seraient sans doute toutes les deux encore en Irlande, vivant une vie modeste et banale, mais désormais incroyablement précieuse aux yeux de Melena.

- Tu n’as même pas le droit de le penser… Amber t’en voudrait, lâcha-t-elle dans un souffle en songeant à sa génitrice.

Cette dernière aussi en avait voulu à sa fille d’avoir demandé à mourir avec elle. Les défunts, du moins, les proches aussi exceptionnels que ne l’était Anney pour la nécrophobe, ou sa petite sœur pour Elie, n’avaient pas envie qu’on passe notre vie à les pleurer. Ils voulaient qu’on continue à vivre le mieux possible. C’était le mieux qu’on puisse leur offrir non ? Mais c'était tellement difficile…

L’irlandaise avait fini de nettoyé les chairs blessées et entamait l’opération du bandage. Pour cette fois, les rôles avaient été inversés. A vrai dire, avec le développement de son pouvoir de goule, Melena avait déjà tellement de fois soigné ses amis dans un laps de temps très court qu’elle commençait à se demander si ce n’était pas elle qui devrait endosser la tenue d’infirmière de la bande.
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeDim 12 Fév - 21:19

Parfois il fallait laisser les gens se défouler. Décompresser comme ils le pouvaient… Mais le pyromane était intervenu et ne le regrettait pas. Il avait lu dans les yeux d’Elie qu’elle en avait besoin, qu’elle souhaitait qu’il la lâche mais il ne pouvait s’y résoudre. Pas tant qu’elle se ferait du mal ce faisant. Bientôt la mauvaise jumelle réussit à contenir sa rage et à reprendre le dessus tant bien que mal ; pleurant toutes les larmes de son corps.

Ça le tuait de la voir dans un tel état. Par sa faute, en plus ! Il la serra dans ses bras, alors que dans sa tête il répétait comme un écho ces « je suis désolé » car c’était d’avantage à lui de le dire. Mais s’excuser n’était pas un des talents majeurs du pyromane qui avait donc beaucoup de mal à le formuler.
En revanche il aurait tout donné, il aurait fait n’importe quoi pour que la blessure en elle se referme.

Pour ce qui était des mains, Melena vint s’en charger, ayant déniché une trousse de soins dans une des étagères jusqu’alors épargnées.
Maintenant qu’Elie était d’avantage réceptive, la nécrophobe tentait de lui exposer son point de vue. Elle avait raison sur toute la ligne même si ça serait peut-être difficile pour la mauvaise jumelle d’accepter ça avant un petit moment… Ace n’avait aucune idée de la douleur de ce genre de douleur. Il avait effectivement perdu quelqu’un qui lui était cher, mais jamais jusqu’à aujourd’hui il ne s’était senti responsable de sa mort !

Et même là, Melena apportait un élément de réponse : lui non plus n’y était pour rien. Aucun d’eux n’était responsable de quoi que ce soit ! C’était une sorte de fatalité accablante qui était tombée sur eux et jamais ils n’y pourraient quoi que ce soit. Certaines personnes souhaitaient remonter le temps, mais en y réfléchissant, c’est parce que les événements se sont passés de cette manière qu’ils étaient eux-mêmes aujourd’hui. Si Alexander n’était pas mort, si Elie n’avait pas perdu Amber et si Mel n’avait pas eu à affronter la mort de sa mère… Rien ne serait ainsi et ils ne se seraient même pas rencontrés.

Ces problèmes somme toute assez similaires en quelques points étaient l’origine de leurs maladies et par-là même de leur rencontre. C’était terrible à dire mais de chaque situation on pouvait en tirer de bonnes conclusions. Ace ne se reconnaissait pas dans ce qu’il pensait à l’heure actuelle mais c’était toujours plus constructif de penser comme ça que de se laisser à la dépression…

Le petit groupe semblait perdu dans ses pensées respectives après ces vérités troublantes. Chacun devait penser à ceux qu’ils avaient perdus par deux fois, et la clé était de se tourner vers le présent.
- L’union fait la force, non ? Ensembles vous arriverez à surmonter ça, j’en suis sûr ! Et sinon… Y a toujours les antidépresseurs. Ah mais je dis pas ça méchamment, hein ! Hu hu !

Venant de l’esprit violet, c’était déjà à un niveau élevé de compassion même si ça n’était pas au goût de tous. Il savait que ça n’était pas dans son intérêt d’éveiller de nouveaux conflits mais avec toutes ces émotions, il avait envie de parler. Discuter de choses sympas sans que ça dégénère ou que ça n’offense l’un des trois voyageurs. Mais mis à part le golf, il n’avait pas vraiment d’idées précises.
Feufolé restait donc silencieux pendant qu’il cherchait un sujet de conversation viable ; denrée rare de nos jours…

- Ouais, il a pas tort. –Pour l’union, hein. Les antidépresseurs j’ai testé t’à l’heure et à part repeindre les robes de sorcières c’pas franch’ment efficace… Quand Mel aura fini d’te soigner, on pourra déstresser en mangeant un bout ; ça a l’air super bo-LE MANGER !!
- Hein ? quoi, kesst’a, toi encore ? Ben pour manger, ‘faudrait faire attention à ce que ça cuise pas trop, je suppose ! Et c’est pas Fisher qui va aller gentiment éteindre le feu !

Ace grognait, mécontent d’avoir été coupé par son esprit même si ce dernier n’avait pas complètement tort. Ce que le pyromane redoutait, c’était surtout qu’une Pas malintentionnée s’aventure à tester ses potions dans leur nourriture.
Ainsi, une fois les mains de la mauvaise jumelle bandées, le pyromane suivit les filles jusqu’à la cuisine. Par chance, personne ne semblait avoir touché à rien. Son regard se posa sur l’économe qui avait atterri dans le coin de la pièce, près de l’entrée. Il se baissa pour le ramasser, constatant par la même occasion que sa main – même si elle avait arrêté de saigner – portait toujours la coupure qu’il s’était infligée tout à l’heure. En fin de compte c’était bien la même chose… Il s’était laissé emporter.

Mais ça n’était pareil que d’un point de vue rétrospectif car à l’inverse d’Elie, le pyromane pourrait toujours remédier à son futur, le changer. Amber, elle… Elle était partie pour toujours. L’espace d’un instant, il arriva à entrevoir la détresse que pouvait vivre la mauvaise jumelle. Il jeta négligemment l’épluche-légumes dans l’évier avant de prendre une chaise et se laisser tomber dessus.
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeMar 14 Fév - 17:48

Lorsque la main de Melena s’était posée sur son épaule pour l’arracher à son étreinte, Elie refusa tout d’abord comme une enfant têtue. Tout était tellement chaotique dans son cerveau perturbé qu’elle avait l’impression délirante qu’elle éclaterait en morceau si on lui arrachait le point d’ancrage que représentait Ace. Elle aurait voulu pouvoir se calmer, adhérer à ces belles paroles que lui servaient ses amis sur un plateau d’argent mais c’était plus fort qu’elle, elle n’y arrivait pas. Même si la mauvaise jumelle ne le comprenait pas encore, c’était peut-être tout simplement parce qu’elle était née de cet échec cuisant qui marquait son âme au fer rouge. Là pour que ce genre de choses ne se reproduise pas, parce qu’elle avait déjà échoué une fois.

Devant la persévérance de sa camarade, la portoricaine finit par céder de mauvaise grâce et laissa ses mains aux bons soins de la nécrophobe. Sans la chaleur des bras d’Ace autour d’elle son self control s’effritait. Elle dû serrer les dents pour garder son semblant de sang-froid, toujours ponctué de quelques sanglots. Pleurer… pleurer comme une gosse… elle se dégoûtait. Elle n’était pas si faible non ? Ravalant rageusement les pleurs qui s’accumulaient au fond de sa gorge, la psychotique était parfaitement silencieuse lorsque Mel’ acheva son travail.

Ses doigts étaient emmaillotés dans des bandages, lui donnant des allures de momie, mais son esprit était bien loin de ces considérations esthétiques. Les mots de son amies flottaient, brumeux et presque vides de sens. Elle n’avait pas le droit de penser ça ? Amber lui en voudrait ? Elle était morte, deux fois morte, et elle n’était plus capable d’en vouloir à qui que ce soit.

- Si tu le dis… marmonna la mauvaise jumelle pour mettre un terme à la conversation.

Elle n’était pas encore prête à comprendre, et préférait donc rester bêtement butée sur sa certitude d’être la cause de tout, y compris de l’effet de serre, de la crise financière et de la guerre en Irak, mais mieux valait garder ça pour elle et faire semblant d’adhérer à l’idéologie locale. D’ailleurs Feu’ et Ace lui offraient une magnifique diversion en les entrainant de nouveau vers la cuisine pour « déstresser ». C’est sans grande motivation qu’elle les suivit pour se laisser tomber à son tour sur un tabouret. L’horloge indiquait 19h03, ce qui voulait dire qu’il ne restait plus que 5 minutes avant d’ajouter les pommes de terre et 25 pour servir. Et pendant ce temps ? Il faudrait parler, hélas.

Malgré leurs efforts l’atmosphère étaient plombée purement et simplement. L’adolescente aurait voulu dire quelque chose mais rien ne lui venait à l’esprit mis à part « c’est de ta faute », « quand Fisher saura vous allez le sentir passer » et d’autres joyeusetés du même acabit. Les yeux rivés sur ses bandages elle cherchait un sujet de conversation, n’importe lequel comme… euh…

- Vous avez déjà joué au golf ?

Pathétique, à croire que l’esprit flamboyant qu’invoquait Ace lui avait aussi cramé les neurones. Elle agita la tête de dépit en faisan signe à Feufollé que ce n’était pas une perche qu’elle lui tendait et que d’ailleurs elle la reprenait aussi sec.

Le silence qui suivit était peut-être pire au final, brisé seulement par le clapotis provenant de la casserole et le tic-tac de l’horloge. En tendant l’oreille on pouvait même entendre les râles des zombies et les cris des inconscients qui n’avaient pas respecté le couvre-feu, une musique lugubre qui vous poussait à penser. Et pour l’heure, Elie pensait à ses parents qui devaient être morts d’inquiétude de ne pas les trouver, Melena et elle. Les rumeurs sur l’apparition de personnes aux pouvoirs étranges devaient se répandre et si le lien avec la méthode de Parkinson était fait, les flics avaient peut-être même déboulés à la maison.

La psychotique grimace en se pinçant l’arête du nez. Si on partait par là ils avaient peut-être embarqué Jade, qui sait ? Seraient-elles seulement en sécurité à leur retour de chez le sorcier vaudou ? Elle allait un peu vite en besogne mais les choses finiraient par tourner ainsi qu’elle le veuille ou non. Les gens craignaient la différence et ils étaient devenus différents. Menaçants même.

- Dites… vous pensez qu’on sera en sécurité dans le monde réel ? Je veux dire… avec cette conne qui s’amuse à transformer les gratte-ciels en esquimaux et tous les autres excités qui utilisent leurs pouvoirs là-bas à tort et à travers, on a peut-être déjà les flics au cul, elle ajouta à l’adresse d’Ace avec un sourire qui tirait plus sur le rictus, Enfin toi t’es tranquille, mais nous on a de bons dossiers psy qui n’attendent que de nous griller. Peu importe le monde, c’est la merde.

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeMer 15 Fév - 14:31

Ils reprirent finalement la direction de la cuisine, après que ce soit le seul individu de leur groupe dénué d’estomac qui leur rappela que le diner risquait de brûler s’ils ne s’en occupaient pas. Suivant le mouvement, elle s’assit à son tour sur une chaise et posa ses coudes sur la table pour appuyer sa tête entre ses mains. Le clapotis de la casserole ponctuait le silence pesant qui les enveloppait, et si la mauvaise jumelle le brisa brièvement pour demander s’ils avaient déjà joué au golf, il s’étendit de longues minutes encore.

Melena n’avait pas envie de subir un autre discours de la boule de feu sur ce sport, et d’ailleurs, elle n’y avait effectivement jamais joué. De temps en temps, son tuteur allait faire une partie avec des amis à lui, mais l’adolescente n’avait jamais daigné l’accompagner, surtout pas quand Cecilia avait cru bien faire en lui glissant que l’un des partenaires de jeu de Jackson avait un fils de son âge avec qui elle pourrait discuter. A l’extérieur, l’invasion des zombies faisait rage, s’infiltrant pernicieusement jusque dans les appartements privés de la tour de Freedoom, en toile de fond sonore sinistre.

La question d’Elie lui fit lever ses yeux gris, même si du même coup, ses entrailles s’étaient crispées d’angoisse. Si elles seraient en sécurité dans le monde réel ? Non, c’était évident que non. En toute logique, connaissant les réactions des dirigeants de leur dimension, les voyageurs seraient vus comme des monstres, des bêtes à apprivoiser ou éradiquer, mais jamais comme des êtres humains. Plus jamais. On les traquerait, on les emprisonnerait sous prétexte de les « guérir » mais en réalité, ils deviendraient tous des sujets d’expérience, des cobayes. Les scientifiques masqueront leurs agissements avec de belles phrases, comme quoi leur « espèce » était une porte ouverte vers toute sorte de possibilités d’évolution, que toutes ces actions étaient douloureuses mais nécessaires.

La nécrophobe ferma les paupières, comme si cela allait chasser la vérité du même coup. L’inquiétude absorbait le peu de couleur qu’elle arborait en général, lui donnant cet air maladif inspirant l’impression qu’elle avait s’évanouir d’un moment à l’autre. La gorge nouée, elle fit pourtant l’effort de se redresser pour répondre :

- Ça serait peut-être pire là-bas… ici, on n’est pas vu partout comme des créatures à annihiler. Y’a des villes qui nous acceptent, et en cas de coup dur, on a toujours quelques options de secours... comme les objets qu’on a acheté. Dans le monde réel… si les gouvernements lancent l’armée après nous, je suis pas sûre que nos pouvoirs nous sauvent longtemps… et ce sera pas juste une ville ou une région qui nous déteste, mais le monde entier.

Était-ce pessimiste ? Était-ce la dure réalité ? Melena ne savait plus très bien. Bien sûr, il existerait aussi des gens qui seraient du coté des voyageurs, il y a toujours des gens assez altruistes pour ça. Mais la peur l’emporterait, dénaturerait les esprits, incitant les uns à se cacher, les autres à se venger, d’autres encore à dominer, et tous les cinglés ayant été exilés deviendront une menace internationale, sans distinction. Ensuite, si ce n’était pas les mesures anti-voyageurs qui auraient raison d’eux, ce serait leur mal étrange dût à la perte d’une partie de leur âme. Et quand bien même ils retrouveraient ces parts manquantes, une fois dans le collimateur des hautes autorités, on ne faisait plus marche arrière. L’adolescente se mordit la lèvre inférieure ; elle avait 17 ans, mais n’avait déjà plus de vie.

- C’est con, ajouta-t-elle avec difficulté, mais on est presque mieux lotis ici que chez nous maintenant…

Presque. Dans le monde réel, on ne lui avait pas encore demandé de tuer sa mère, on ne lui avait pas encore fait affronter de golem géant, ni décapiter des dizaines de cadavres. Ceci dit, nul doute que l’horreur que recèlerait une traque institutionnalisées des voyageurs à grande échelle aux États-Unis équivaudrait – voire surpasserait – celle dont étaient capables les dreamlandiens.

Melena eut un vertige. Pour distraire son corps qui s’engourdissait à cause de l’angoisse, elle se mit debout et se dirigea vers la casserole pour y ajouter les pommes de terre ; il était l’heure de toute façon. Ça sentait vraiment bon et si elle n’avait pas si faim de « vraie » nourriture, toutes ces considérations lui auraient coupé l’appétit. Une seule perspective lui laissait de l’espoir dans le cas où la situation du monde réel devenait aussi désastreuse qu’elle le prévoyait : elle serait avec Elie, et cette dernière était une complice de choix quand il s’agissait de combattre l’impossible.
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeMer 15 Fév - 16:29

L’ambiance étant plombée au possible, chacun faisait un effort surhumain pour combler ce vide qui s’était créé, ce silence gênant. Ace ne savait pas du tout quoi dire ou quoi faire, attendant simplement que quelque chose se passe. S’il se voulait impassible, le fait est qu’il ne savait pas sur quel pied danser.

Elie proposa finalement un début de conversation qu’elle fit avorter d’un simple geste de main. Le vif intérêt qu’on avait pu lire sur le visage de Feufolé pendant un cours instant venait de s’envoler, ce qui se traduisit chez lui par une perte significative d’altitude ; comme un ballon qui se dégonfle lentement. Le pyromane le regardait de haut, bras croisés, prêt à empêcher tout débordement ou départ de feu incontrôlé. Le golf était un sport sympa mais pas quand cet esprit violet en parlait. Et il était hors de question de lui tendre cette perche.

Reflexion faite, Ace n’avait fait du golf qu’une fois ou deux. Un loisir très apprécié de son père qui gardait ses clubs comme des reliques sacro-saintes. C’était à peine si cet idiot se serait acheté d’autres clubs pour ne pas salir ou abimer ses précieux bijoux… Pitoyable. Toujours est-il que le pyromane avait accompagné son père pendant quelques parties, mais seulement parce que Alexander était là aussi – ce dernier refusait toujours de jouer, d’ailleurs. Et puis le travail prit à nouveau le pas sur les rares moments de vie de famille accordés aux Ridley ; résultat : Ace n’avait plus pratiqué ce sport depuis des lustres. Saurait-il encore y jouer..?

Chacun semblait garder sa réponse pour soi et seuls s’exprimaient vraiment les zombies au-dehors. Leurs râles inexpressifs étaient toujours aussi inquiétants même si le pyromane se savait à l’abri de ce massacre. On entendait assez distinctement les hurlements des pauvres victimes. Tiens ? Une femme… Environ la vingtaine, peut-être… Eviscérée. Ah non : la jugulaire ! Ou pas. Allez, quinze points sur une jeune femme de 20 ans attaquée à la jugulaire ! Quitte à écouter les mouches vo-.. Les zombies bouffer, autant s’en amuser, non ? Les zombies ne monteraient jamais jusqu’à cet étage donc aucune raison d’en avoir peur.

La seconde question émanant de la mauvaise jumelle sembla d’avantage réfléchie. Ace leva la tête pour la fixer alors qu’il essayait de se mettre en situation. Lui, il n’avait aucun problème à ce niveau-là : il était seul chez lui, et de toute façon personne n’était jamais là à part lui. Les flics pourront bien aller se faire foutre pour rentrer ! On n’emmerde pas les Ridley. Il avait bien une petite idée mais il fallait qu’il demande aux habitants de la maison si ça ne les dérangeait pas. Il se posa donc la question et non, ça ne le dérangeait pas.. Eh oui, la solitude casanière favorise grandement les monologues et discutions en face à face avec soi-même. Drôle… Et moche.

Melena semblait évoquer une menace dans le monde réelle mais Ace ne voyait pas trop quoi. L’armée à leurs trousses ? Quand même, c’était un peu gros, là… ‘Fallait pas exagérer ! Par un gros effort de son cerveau, il essaya d’établir un parallèle avec les pouvoirs et le monde réel.
- ‘Ttendez, là… ‘Voulez dire que genre si j’me réveille j’aurais encore mes pouvoirs ? On les garde ?? J’croyais qu’on les avait qu’ici, moi ! C’était un peu la énième révélation de la journée pour le Ken. Il tentait d’imaginer ce qu’il pourrait faire avec ses pouvoirs dans le monde réel. Il serait vu comme une sorte de super-héros !! Ou alors une bête de foire… Si on écoutait Mel, les voyageurs seraient traités comme les X-men : des menaces à éradiquer ou à parquer en quarantaine jusqu’à ce que mort s’ensuive. C’était pas très joyeux comme perspective d’avenir. Il avait un empire à bâtir, merde ! Il était un peu le fils d’un des plus importants PDG de la ville, juste pour info ! Qu’ils essaient de l’embarquer, tiens ! Qu’ils viennent le chercher !

- No stress les filles : j’ai la solution. Z’avez qu’à v’nir chez moi ! lança-t-il en pointant ses pouces sur lui, arborant son plus beau sourire commercial.
- Vu qu’y a jamais personne chez moi, on s’ra tranquille ! Y a d’la place, et les flics penseront jamais à s’pointer là-bas. ‘Fin c’vous qui voyez, j’force personne. Juste ça m’ferai chier qu’on vous choppe, quoi. - Ah ! Toujours aussi magnanime, mon grand ! Mais question : comment tu comptes faire pour te réveiller, hm ? Ou alors ce sont Elie et Melena qui viennent directement chez toi, mais vu que tu fermes toujours à clé, ça risque d’être assez difficile…

Il n’avait pas pensé à ça du tout… Se réveiller n’était pas un problème en soi pour Elie et lui grâce au pouvoir de Melena mais la question était aussi : avait-il assez de temps pour bouger son fion et aller ouvrir la porte avant de retourner au pays des rêves ? L’absence d’Elie n’avait pas duré très longtemps la dernière fois… Et si elles étaient loin de chez lui, ça n’arrangeait pas ! Il réfléchit un instant à comment mettre en pratique ce plan. Il savait à peu près conduire, mais il voulait tout de même éviter les accidents autant que possible. Demander à Stan ? Pff ! Ce connard valait même pas la peine de vivre après ce qu’il avait refourgué au pyromane ! Les autres ? Ces abrutis se bougeraient jamais pour rien. Les faveurs c’était pas la politique de la maison. Et hors de question qu’on laisse Elie et Mel entre leurs mains !
- Ouaieuh ça encore… On peut passer par un autre coin, mais vous êtes où en ville, là ? C’que si on se sert d’ton pouvoir, Mel, ben… Z’aurez p’têt pas assez d’temps pour venir… Ou sinon vous avez quelqu’un qui peut vous y amener discrétos ?
- Ouais, ça va être la partie coton. C’est bête, on va devoir trouver autre chose si on n’arrive pas à résoudre ce problème. à moins que vous vouliez rester où vous êtes, après tout. Ça c’est très faisable et ça coûte rien en énergie ! Haha !

C'était facile à dire pour lui qui n'avait pas ce genre de problème. Feu' n'existait même pas réellement alors il se fichait bien d'être attrapé (ce qui était déjà impossible même à Dreamland)... Il chercha néanmoins une solution à proposer, au cas où. Ca lui ferait une occasion de parler un peu plus, au moins !
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeMer 15 Fév - 19:16

Le tableau que peignait Melena était noir, très noir… un peu mélodramatique sur les bords même. Il fallait quand même espérer que leur gouvernement aurait la présence d’esprit de chercher à comprendre ce qui leur arrivait non ? Ils n’allaient pas juste les enfermer dans un labo comme un vulgaire rat pour pratiquer tout un tas d’expériences sur eux… et puis dans ce domaine elle avait déjà donné. Quant à mobiliser jusque l’armée il faudrait un délai plus conséquent pour ça, à l’heure actuelle seuls des flics de San Francisco pourraient les attendre sur le pas de la porte.

Cette idée semblait faire des émules du côté d’Ace qui se voyait déjà grimé en X-man, si bien qu’Elie s’en voulait presque de briser ses rêves. Pourtant il serait on ne peut plus normal à son réveil pour ne pas avoir été exilé violemment par cette entité inconnue, ce n’était pas plus mal d’ailleurs. Soit, il n’aurait pas de pouvoirs, mais il n’aurait pas non plus cette maladie qui les rongeait progressivement jusqu’à les tuer à petit feu s’ils n’avaient pas la présence d’esprit de changer régulièrement de monde.

L’énergie que ces hypothèses avaient apporté au pyromane était contagieuse et chassait, au moins un peu, les idées noires qui affluaient sous la caboche de la mauvaise jumelle. Il avait l’air motivé pour les héberger s’il le fallait et cette déclaration tira un rire à Elie qui secoua la tête, perplexe. Ses parents allaient définitivement faire une attaque si elle leur annonçait aller vivre chez son mec de 23 ans à l’autre bout de la ville par « sécurité ». De quoi faire sortir le fusil de sous le lit de Mr Martins pour plomber le cul de ce Casanova moderne.

Puis ce fut au tour des réelles complications de débouler. Qui viendrait chercher qui ? Où, quand et comment ? Avaient-elles des amis ou des moyens de transport ? Et quel était l’âge du capitaine ? El’ leva les yeux au ciel avant de rétorquer nonchalamment :

- Bien sûr que j’ai quelqu’un…, elle désigna ses pieds chaussés de ballerines et ajouta ironiquement, Mes pieds.

L’adolescente se leva pour aller touiller le repas qui dégageait déjà de délicieux effluves. Ça lui rappelait la cuisine de sa mère, insinuant dans son cœur un brin de nostalgie. Elle ne savait pas encore comment s’y prendre pour rejoindre la maison de son compagnon mais dans le pire des cas il leur restait leurs jambes comme elle venait si bien de le dire.

- On est à mission district là, chez une sorte de sorcier vaudou un peu louche. Je peux toujours passer à la maison emprunter la vieille buick de mon père, mais le hic c’est que s’il nous voit revenir comme des fleurs il va me décapiter. On avait promis qu’on viendrait à Dreamland avec eux et on s’est barré avant qu’ils se réveillent, ils vont l’avoir mauvaise.

Portant la cuillère en bois à ses lèvres elle gouta la sauce et opina du chef, satisfaite. Si son paternel risquait de la priver de sortie pour les 10 prochaines années, au moins elle n’avait pas raté son plat. Alors qu’elle reposait l’ustensile elle vit Pas du coin de l’œil dans l’embrassure de la porte de la cuisine, sûrement attirée par l’odeur. Lorsqu’elle se vit repérée, l’orientale s’éclipsa comme une ombre sous le regard noir d’Elie. Cette connasse de sorcière pouvait toujours attendre si elle croyait qu’elle allait la nourrir. Chacun sa merde comme dirait l’autre.

La mauvaise jumelle se détourna de la porte pour fixer Ace avec un léger sourire en coin en se rappelant la manière dont il avait réagi à l’hypothèse x-men, un vrai gosse malgré ses 23 ans. Il avait beau s’enflammer, il restait un grand enfant, c’était peut-être pour ça que la différence d’âge ne les gênait pas. Mais ça n’empêcha pas la psychotique de fouler ses espoirs au pied non sans humour.

- Par contre Ace, je suis désolée de te décevoir mais tu devras attendre pour enfiler un slip par-dessus ton pantalon. Seuls les « exilés » comme nous gardent leurs pouvoirs, les gens altérés et malades. A moins qu’il ne t’arrive la même chose que nous, ce que je ne te souhaite pas, tu tiendras plus de Clark Kent que de superman mon chou.

C’était stupide, mais ça lui faisait du bien. Plus elle discutait d’autre chose, même de sujets puérils et stupides, plus l’ombre d’Amber perdait son emprise sur son cœur. Les remords étaient toujours là bien sûr, mais un voile opaque les recouvrait, pour l’instant du moins. L’adolescente se dirigea vers la porte pour la fermer et empêcher de nouvelles intrusions, après quoi elle s’arrêta une main calée sur la hanche.

- Bon, vous savez quoi ? On va passer par la maison chercher Jade et la voiture, si jamais y’a un problème on se débrouillera à pattes. Et puis y’a aussi le bus. Faudrait juste que tu nous donnes ton adresse Ace, je me vois pas faire tout Pacific heights en sonnant à chaque porte pour trouver où t’habites. D’ailleurs… t’es chez tes parents ou… ?

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeMer 15 Fév - 20:31

La proposition de Ace de les héberger la surprit tellement qu’elle sursauta. Certes, elle avait déjà pensé à lui demander un coup de main pour payer le marabout, mais de la à emménager chez lui… il y avait un monde. Il y avait très – très – peu de chance que Cecilia accepte que sa fille adoptive parte habiter chez un jeune homme qu’elle ne connaissait pas, pour ne pas dire qu’il n’y en avait aucune. Bien sûr, lui dire la vérité au sujet de ce qui lui arrivait pourrait jouer en sa faveur, mais… il y avait tellement de choses qui se bousculaient dans sa tête. S’ils venaient à savoir, les Halleberry ne l’accepteraient sans doute pas, et risquaient même de la dénoncer à la police. Si cette dernière n’était pas déjà débarquée chez eux pour la trouver et dans ce cas… l’adolescente aurait de gros ennuis si elle rentrait.

La mauvaise jumelle répondit la première aux problèmes que souleva Feufolé et fit grimacer Melena lorsqu’elle sous-entendit faire le trajet à pieds. Certes, elle ne savait pas quelle distance séparait les deux quartiers, mais si les autorités quadrillaient réellement la ville pour aller pêcher chez eux les voyageurs dont ils avaient pu trouver l’adresse, ça n’allait pas être évident en plus d’être fatiguant. Le plus sûr restait de ne pas s’exposer à l’extérieur, mais en effet, les parents Martins risquaient de ne pas voir d’un très bon œil l’opération solo des deux amies. La nécrophobe redoutait l’entrevue alors qu’elle n’était même pas de la famille.

Elle était tellement distraite qu’elle n’aperçut pas Pas qui avait été attirée par l’odeur de la cuisine et s’était enfuie aussitôt repérée. La plaisanterie d’Elie qui comparait Ace à superman la fit sourire, mais ce semblant d’hilarité qui avait éclairé son visage blême s’évanouit lorsqu’il fut question de se réveiller pour partir se planquer chez le pyromane. A son ton, l’irlandaise sentait que son amie prévoyait de faire le transfert sous peu et même s’il était évident que plus tôt ils réagiraient, mieux ce serait, elle redoutait déjà de jouer à cache-cache dans le monde réel. C’était étrange, mais elle se sentait plus forte, plus compétente, à Dreamland.

Alors que la psychotique soumettait ses options à Ace, Melena passa une main dans ses cheveux noir ébène, écartant momentanément son front ivoirin avant que sa frange ne reprenne ses droits. Il restait une solution, mais… comme les autres, comme comportait des risques non négligeables. Malgré tout, elle se tourna vers son amie pour lui dire :

- Je pense que je pourrais aussi appeler ma tutrice si besoin… je ne lui ais pas encore raconté mais… je pense qu’elle serait pour nous aider… j’en suis sûre, conclut-elle avec une ébauche de sourire mélancolique.

Mais, et si la police s’était déjà présentée chez les Halleberry ? Si leur maison était déjà sous-surveillance ? Si on suivait Cecilia ? Alors sans le vouloir, celle-ci conduirait les autorités droit sur les adolescentes, puis chez les Ridley. Pourtant, si c’était le cas, il y avait de fortes chances que les Martins héritent du même dispositif, à une différence près.

- En fait, je ne sais pas si c’est une bonne idée, reprit Melena en laissant tomber ses épaules de déception, si les flics la suivent pour me retrouver, ça fera tout foirer…

Sa voix avait faibli au fur et à mesure qu’elle avançait son contre-argument. Ce qu’elle n’osait pas dire, c’était que si les flics débarquaient chez les Martins pour arrêter Jade, ils ne pouvaient pas penser que son autre personnalité se trouverait ailleurs, et ne pousseraient pas les recherches à son sujet.

Le cœur de la nécrophobe s’emballait à l’idée que la bonne jumelle puisse, dans le monde réel, être déjà entre les mains de la police. Que feraient-ils d’elle si c’était le cas ? Même avec leur pouvoir, la perspective que le trio gagnant parvienne à la faire évader était maigre. Si seulement les objets pouvaient aussi traverser les dimensions, l’irlandaise aurait fait un bon usage de sa dame blanche, au moins pour rejoindre son amie, mais sans… le simple fait d’entrer là où on la gardait pour la localiser serait un problème. Serrant les poings jusqu’à ce que ses ongles s’enfoncent dans ses paumes d’une blancheur de craie, elle murmura :

- Il faut qu’on se dépêche de rentrer pour mettre Jade en sécurité dans le monde réel…

Qu’est-ce que qui la poussait à s’investir autant pour une fille qu’elle ne connaissait finalement depuis très peu de temps ? La réponse était si simple que Melena n’arrivait pas à l’assimiler : la psychotique était sa meilleure amie, sa seule amie même avant qu’elle ne s’attache à Elie et Ace. Les vrais amis, on ne les laisse pas tomber…
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeMer 15 Fév - 21:48

Elles étaient donc restées dans le coin de Mission District. Ace esquissa une grimace alors qu’il évaluait la distance. C’était une sacrée trotte, à pieds ! Ça leur prendrait un bail si elles ne pouvaient pas prendre le bus ou quoi.

La mauvaise jumelle quitta un instant la conversation pour jeter un œil au plat qui décidément sentait rudement bon ! De son côté, Ace cherchait un moyen de résoudre le problème. Personne dans son entourage ne pouvait l’aider et si on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le fait est qu’il ne pourrait pas se réveiller seul ! Hm… Dans quel était était-il, d’ailleurs ? Etait-il un minimum présentable ? Normalement oui…

Bon en admettant qu’il y ait un bus qui passe par Pacific’, ça pouvait être vite torché, mais pour ça, le pyromane n’en avait strictement aucune idée… Il se déplaçait en voiture privée ou en taxi, pas en bus… Côtoyer des gens méprisant et méprisables qui ont la gentille attention de vous faire partager leur proximité et accessoirement leurs odeurs de sueur, ‘pas soft. De toute façon il était pas comme ces gens. Mais parmi ces gens il y avait Elie et Mel… Mais non, elles étaient trop différentes, elles n’avaient rien à voir avec ces crétins du bas peuple. Il leur aurait volontiers payé le taxi, une limousine, même. Mais quand on est overshooté, on signe mal les chèques, généralement. Triste.

Bon, question réflexion, c’était assez déviant et aucune solution ne fut trouvée lorsqu’Elie revint à eux. Alors il fallait être exilé pour profiter de ses pouvoirs..? Exilé c’est avoir cette maladie ? Hm… Finalement, il préférait être normal mais sain. Ça devait pas être un truc facile à vivre. Et lui comme un con qui s’en était royalement foutu la dernière fois… Rhaa ! Y avait vraiment de quoi se cogner la tête contre les murs !
- Ooooh, miiiince ! plaisanta le pyromane en arborant un air frivole. Remarque, disposer de ses pouvoirs dans le monde réel ça doit être un sacré bordel… ‘Suffit d’un malade un peu trop entreprenant et il devient chieur publique numéro un ! ‘Pas étonnant que les flics soient en rogne. Et le monde était construit de sorte que dans une même minorité, même les innocents payent pour les coupables. En temps normal ça ne lui faisait pas grand-chose, mais peut-être parce qu’aujourd’hui il était aussi de cette minorité, celle qu’il aimait l’était aussi ! Si quelqu’un osait la toucher… Ça allait chier !

- Ouais, t’as plutôt intérêt à prendre la bagnole ou l’bus, c’que j’habite pas tout près… J’suis au 2056 Jackson Street. Et ouais, c’est aussi chez mes vieux cons. Mais t’inquiète, j’les vois quoi… deux fois dans l’année..? Nan, j’exagère mais limite… C’est près d’l’ambassade d’Allemagne donc si vous vous perdez ‘pouvez toujours d’mander.
- Ouais, quand vous serez devant vous reconnaitrez, c’est obligé. Si c’est fermé devant passez par derrière, on a caché une clé dans le pot du ficus, dans le jardin. Enfin… Si tu l’as pas changée de place entre-temps... ? - nan, elle est toujours là.

Ce n’était pas le choix le plus facile, c’est vrai… La demeure des Ridley était certes un endroit sûr mais s’il y avait plus près.. D’ailleurs Melena se proposa comme hôte, avant de prendre conscience que les flics avaient peut-être déjà fouillé sa maison. On n’était pas loin de la paranoïa, tout de même. Mais c’était légitime. Ils étaient là, dans un monde irréel et leurs corps physiques avaient été laissés sans réelle défense. Y a de quoi paniquer un peu..

Cependant Ace acquiesça sur le fait qu’il valait mieux se dépêcher comme le préconisait la nécrophobe. - Clair, plus tôt ça s’ra fait, plus tôt vous s’rez tranquilles. Et si vous avez b’soin de quoi qu’ce soit dans l’monde réel, hésitez pas à m’réveiller, j’trouverais bien un moyen d’me rendormir au pire…
D’abord garantir la sécurité et la bonne installation, on verrait les détails plus tard. Aujourd’hui il recevait des filles à la maison et il n’était même pas là pour les accueillir. C’était vraiment très chic. D’un raffinement sans précédent !
- ‘Fin bon sinon on a plusieurs chambres donc prenez celles que vous voulez, y a pas d’souçi là d’ssus.

Feufolé était passé à travers la porte pour aller voir quelque chose dans le couloir, très certainement. Il revint après quelques secondes sans rien dire, comme il en avait l’habitude dès que son éloquence pouvait être un atout.
Ace quant à lui se dirigea vers la casserole pour respirer de plus près les bonnes odeurs. Ça lui mettait l’eau à la bouche et il profita d’un instant d’inattention de la part des filles pour imiter Elie et goûter la sauce le plus discrètement possible. Hé hé ! C’était drôlement bon.
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeMer 15 Fév - 23:00

Vous marinez chez vos harengs ? Ca faisait un peu technique de drague vaseuse ce genre de question, mais Elie s’en fichait bien et d’ailleurs elle avait bien fait de demander car c’était le cas. Si Ace avait beau dire que ses paternel passait une fois l’an, elle ne pouvait s’empêcher d’appréhender une rencontre. Non pas que leur opinion sur elle la dérange où l’intéresse mais juste… parce qu’elle ne voulait pas mettre son copain dans la merde tout simplement. Il allait probablement se prendre une foule de remarques désagréables s’il ramenait deux minettes même pas majeures et sans le sous, de quoi plomber la réputation auquel le jeune homme semblait tenir autant qu’à son portefeuille.

Enfin passer par derrière comme des voleuses restait bien plus potable que d’aller chez la tutrice de Melena, aussi gentille soit-elle. Fallait pas se leurrer : si elles trouvaient les flics chez elle, y’en aurait aussi dans la famille de l’irlandaise, ce qui signifiait se jeter bêtement dans la gueule du loup. Son amie sembla venir aux mêmes conclusions car elle renia aussitôt la paternité de cette proposition pour revenir à l’initiale qui consistait à squatter chez le pyromane.

2056 Jackson street hein ? Elie tenta de mémoriser l’adresse tout en se demandant en parallèle ce qu’était au juste un ficus. Oh, probablement un truc avec des feuilles… l’adolescente pencha la tête sur le côté, les sourcils froncés. Non mais vraiment y’avait pas à dire, la botanique c’était pas son truc. Mel’ se débrouillerait pour deux, elle était la hippie du groupe non ? Les balades en forêt ça lui connaissait.

- Ouais bah hein, tu chercheras le ficus Mel’, parce que si c’est moi qui m’en charge on va se taper tous les pots de fleurs du jardin, rétorqua Elie en s’accoudant au plan de travail.

Ace avait profité de ce créneau pour goûter au plat et lorsque la mauvaise jumelle tourna la tête vers lui tout était déjà en place. Elle n’eut même pas le loisir de se demander ce qu’il fichait devant la casserole que la nécrophobe glissa avec inquiétude qu’il fallait récupérer Jade et fissa. Cette tâche devait toujours dormir sur le canapé, les flics n’auraient qu’à se la balancer sur l’épaule pour l’emmener sans qu’elle fasse preuve de résistance. Mais là où Mel’ voyait une fatalité, Elie se contentait d’y voir une légère perte de temps.

Insensible ? Loin de là, mais elle connaissait son double et ses capacités. Jade n’aurait qu’à jouer les passe-muraille pour se tirer de l’endroit où la flicaille l’aurait fourré, par conséquent elle ne risquait rien et la liberté lui tendait les bras. Mel’ et elle n’avaient malheureusement pas les mêmes dons et allaient devoir faire primer leur propre sécurité si elles voulaient un happy end.

La proposition du Ken concernant les chambres tira un sourire malicieux à la psychotique qui s’approcha l’air de rien jusque se planter devant lui, levant la tête à s’en faire un torticolis pour le fixer dans les yeux. Avait-elle déjà remarqué qu’il était aussi grand ? Le brin de fille chassa cette pensée parasite et parodia d’une voix sensuelle :

- Faites attention monsieur Ridley, il se pourrait bien que je choisisse la vôtre…

Après un regard entendu elle le contourna l’air de rien pour s’attarder un peu sur la cuisson du plat. C’était presque prêt, ne restait plus qu’à dresser la table. Elie farfouilla dans les placards pour dénicher assiettes, couverts et verres et les répartis à la va-vite sur la table de la cuisine. Une fois fait elle ramena la tambouille jusque le reste et ordonna à ses amis de s’asseoir d’un geste impérieux de sa main armée d’une louche en fer blanc. Le dîner était servi.

Une fois assise la portoricaine servit généreusement tout le monde et inspira profondément avant de goûter. On disait que l’odeur participait autant que le plaisir du palais et elle ne pouvait que plussoyer. Ce n’est qu’après 3 bouchées pour calmer son estomac encore agité par les douleurs dû à l’utilisation du dentier qu’elle se remit à parler, les dents de sa fourchette appuyées sur sa lèvre inférieure :

- Je pense qu’on tentera de te réveiller si tu l’es pas… c’est mieux qu’on vienne tous par le même moyen, surtout que le sorcier a dit qu’il pourrait nous vendre le moyen d’aller et venir tout seul. Ça nous laisserait une liberté de mouvement non négligeable. D’ailleurs t’es arrivé comment ici ? demanda-t-elle soudain en fronçant les sourcils.

A vrai dire elle ne s’était jamais posée la question mais maintenant ça l’intriguait. S’il était chez lui il y avait peu de chance que ce soit de l’hypnose, si elle pouvait le réveiller ce n’était pas un coma… alors quoi ? Une méthode alternative comme Melena et elle ? L’épisode du cachet d’extasy lui revint alors en mémoire, lui tirant une légère grimace. La drogue devenait une option décidément bien réaliste tout d’un coup…

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Melena Autumn

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeJeu 16 Fév - 1:09

L’adresse du pyromane lui trottait toujours en tête, tout comme la cachette de la clef que la mauvaise jumelle lui avait demandé de trouver. Ce que l’adolescente n’avait pas osé soulever, de peur de se perdre dans des détails qui n’étaient pas encore d’actualité, c’était que le terme « ficus » ne désignait qu’un genre de plusieurs plantes – assez connues d’ailleurs en réalité – et non pas un spécimen en particulier. Il faudrait simplement que les Ridley n’aient pas plusieurs pots de ficus différents si les jeunes filles ne voulaient pas avoir à tous les retourner jusqu’à retrouver la clef salvatrice.

Le fait qu’Ace leur demande de ne pas « hésiter » à le réveiller si elles avaient besoin de quelque chose fit sourire Melena. Bien évidement qu’elles allaient le réveiller – si c’était possible ; elles n’allaient pas débarquer chez lui, à Pacific Heights, et s’incruster dans la maisonnée comme si de rien était pendant qu’il pique un roupillon. Il y a de fortes chances que les domestiques – du moins, s’il y en avait, ce qui était probable – ne laissent pas faire les intruses, et n’avalent pas facilement qu’elles aient été autorisées à entrer par le propriétaire lui-même, par le biais d’un rêve partagé.

Elie rebondit plutôt sur le sujet des chambres, parodiant une voix de femme sensuelle pour annoncer qu’elle choisirait sans doute celle de son petit ami. L’irlandaise ne dit rien, mais ses yeux gris se baissèrent vers ses mains blanches qui se trituraient encore nerveusement les peaux. Arriverait-elle à dormir seule dans un lit inconnu, dans une grande maison qu’elle ne connaissait pas plus, dans un monde où elle n’était plus la bienvenue ? Il y avait de fortes chances que comme très souvent depuis son rendez-vous chez Parkinson, elle n’arrive pas – ou presque – à fermer l’œil. Ce n’était pourtant pas encore l’heure de ces considérations, et de toute manière, elle ne préparait pas un séjour de vacances. Pourtant, elle enviait son amie : mine de rien, elle aurait aimé pouvoir partager ces moments d’adversité avec une personne qu’elle aimait et dont l’amour était réciproque.

Sans le dire, Melena se surprit à imaginer que Jade était là, juste à ses cotés, et qu’elle lui adressait l’un de ses sourires radieux dont elle avait le secret en prenant sa main dans la sienne. Les chances qu’elles soient ensembles un jour étaient minimes, pour ne pas dire inexistantes, mais cette fille qui lui était pourtant si différente, lui apportait quelque chose d’extraordinaire qu’elle ne trouvait pas ailleurs.

Elle fut tirée de son imagination par la mauvaise jumelle qui mettait la table. Ses yeux gris s’attardèrent sur ses traits, si semblables, si différents. L’expression changeait tout son visage, l’aura transformait son charisme, et si l’enveloppe était pratiquement identique à celle pour laquelle son cœur battait – à une coupe de cheveux près – la nécrophobe éprouvait pour la psychotique qu’une amitié née dans l’entraide et cristallisée dans l’horreur. Elle se plaça correctement face à la table lorsque Elie le demande et reçut sa portion de nourriture avec un grand sourire, presque les larmes aux yeux.

Mentalement, Melena compta depuis combien de temps elle n’avait rien mangé de tel, mettant de coté le petit déjeuner dans l’auberge auquel elle n’avait pas touché et le diner chez les Halleberry, où elle n’avait qu’effleurer son entrée. L’image d’Union Square se dessina lentement, puis la pizzeria où l’irlandaise et les jumelles s’étaient régalées en sortant de chez Parkinson. Quelques heures de bien être, volées au temps qui les oppressait, ignorant leur situation catastrophique et leur futur incertain. Inconsciemment, l’établissement s’imposa comme le point de retour, l’endroit où elle voudrait retourner quand tout sera fini : déguster une bonne pizza 4-fromages avec ses amis les plus précieux – ses seuls amis en fait – et se souvenir de Dreamland comme d’un rêve. Vision utopique, mais c’était l’unique ilot d’espoir qui subsistait dans son océan de pessimisme.

Elie demanda au pyromane comment il avait traversé les mondes. Savourant sa première bouchée du plat qui était, disons le, délicieux, Melena se remémorait la première entrevu avec le concerné dans la calèche de Fisher. Ce n’était sûrement pas une discussion qui resterait dans les annales de leur trio, mais Ace avait dit, en essayant de communiquer avec Logan, avoir l’habitude avec les camés, ou quelque chose comme ça. L’adolescente avala ce qu’elle avait dans la bouche et plongea son regard dans celui de son ami pour lui de but en blanc :

- Tu te drogues ?

Certes, en tact, elle aurait pu faire mieux, mais son ainé n’était ni un bébé, ni un môme, il n’allait pas se cacher sous la table pour si peu. Et puis, ils étaient tous complices désormais, non ? Ils s’étaient un peu dévoilés, ils connaissaient leurs faiblesses mutuelles, les filles l’avaient vu en princesse délurée, défoncé, déjanté, même dénudé en ce qui concernait la mauvaise jumelle. Il ne pourrait pas garder le secret éternellement.
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeJeu 16 Fév - 20:15

Le jardin des Ridley était certes fleuri mais il n’y avait qu’un seul ficus dans leur jardin, ça ne serait pas difficile de le trouver – à fortiori si Mel s’y connaissait en herboristerie. Ace affichait un sourire en coin, fier d’être passé inaperçu dans sa tentative de goûter le plat mitonné par sa copine en avant-première.

Comme on pouvait s’y attendre, Elie avait rebondi sur le « n’importe quelle chambre » et son choix agrandit le sourire du pyromane qui lui adressa un clin d’œil complice. Comme il l’avait dit, ça ne posait aucun problème et Ace avait pris soin de congédier tous les domestiques avant d’essayer la merde que Stan lui avait refilée. ‘Prenez des vacances’ avait-il dit à ces crétins. Les plus zélés avaient d’abord refusé mais on ne refuse rien à un Ridley, surtout quand ce dernier se montre assez impatient et le fait sentir en poussant un puissant ‘dehors !! Fouttez-moi l’camp !!’. Ouais, ça c’était le top.

Tout en s’installant à table, Ace réfléchissait aux difficultés qu’Elie et Mel pourraient rencontrer. Ah, et il y aurait Jade, aussi. Il avait toujours autant de mal avec ça… Peut-être parce qu’il ne l’avait jamais vu ?

Pour ce qui était de chez lui, les filles n’auraient aucun mal à pénétrer dans la maison c’était sûr, mais peut-être d’avantage à trouver sa chambre. D’ailleurs pourquoi le réveiller si c’était pour se rendormir..? Jusque-là, la pilule marchait super bien, à priori. A moins qu’à son réveil il ne découvre une marre de vomi autour de lui… Mais soit, il prendrait le truc du sor-… Du QUOI ??
Un sorcier… Ben voyons. Un autre dealer, surement, mais se revendiquer ‘sorcier’ c’était vraiment du fouttage de gueule puissance dix… Enfin, tant que sa merde marchait…

Le pyromane s’arrêta de mâcher, le temps que son cerveau redémarre de sa panne ponctuelle après la question d’Elie. Il ne leur avait pas dit et leur avouer serait une misère, très certainement… Lentement, il leva la tête pour fixer tour à tour la mauvaise jumelle et la nécrophobe. Que pouvait-il dire..? Melena était déjà proche de la vérité mais se considérer comme drogué, non ! Non, je me drogue pas.. Enfin… C’était juste… Merde !

Il se cala sur le dossier de sa chaise et rassembla ses idées pour commencer depuis le début.
- Disons qu’j’avais entendu parler des r’cherches d’un psy’ sur l’hypnose récemment. J’ai voulu fouiller par moi-même mais quand j’ai appris qu’y s’était fait la malle, ce connard, j’ai dû trouver aut’chose. Et il se trouve que j’ai un pote… Enfin.. Une connaissance qui m’a déniché une sorte de drogue expérimentale sensée avoir les mêmes effets qu’une séance d’hypnose. Et j’me suis r’trouvé ici… Mais c’est juste une connaissance, hein !

- Qui ça, Stan ? Haha s’il t’entendait… Tu vas quand même pas renier tes potes, non ? C’est pas parce que vous vendez de la-
Plus vite que l’éclair, Ace avait attrapé sa serviette et s’en servait pour chasser Feu’, lui courant après en rageant. Ce petit con venait de le mettre dans une merde impossible !! Entre deux coups de serviettes lui passant au travers, le petit esprit de feu continuait à parler comme si de rien n’était, sur un ton toujours aussi malicieusement désagréable : - Moah, mais c’est pas grave, voyons ! T’as pas à avoir honte ou quoi.. Moi je disais ça juste comme ça ! Après, si t’as pas envie d’en parler…

Finalement, le Ken enragé avait réussi à repousser Feu’ hors de la cuisine, lui claquant la porte au nez. Ce fut bien inutile car à peine Ace revint s’asseoir que Feu’ passa au travers de cette dernière pour revenir prendre place à quelques dizaines de centimètres de son créateur. Ses yeux brillaient d’une lueur presque malsaine. L’avait-il fait exprès, ce salaud !? Ace voyait rouge et se sentait vraiment en mauvaise position, allant même jusqu’à penser que son invocation ne lui voulait que du mal, pendant un instant.

- Bref…
Il essaya de se calmer un peu avant de continuer ; trouver une excuse pour ne pas passer pour le dealer du coin même si toute réflexion faite… C’était ce qu’il était : un dealer. Pire encore, c’était lui qui organisait, qui répartissait ses ‘potes’ dans des zones bien précises. Il était une sorte de parrain de la drogue à deux francs cinquante, un mac envoyant ses gagneuses lui chercher du fric de la façon la plus dégueulasse possible. Savoir qu’Elie vivait dans un de ces quartiers où ses dealers étaient susceptibles de passer pour refourguer lui serra le ventre au point qu’il n’arriva plus à toucher à son plat, quand bien même il était délicieux.

- Ça sert à rien d’le cacher, maint’nant : ouais, mes potes sont des dealers. C’est grâce à ça qu’j’ai pu avoir mon ticket pour c’monde. J’ai pas osé vous l’dire tout à l’heure ; j’savais pas comment vous l’prendriez…
Il baissa à nouveau les yeux, triturant un bout de viande avec sa fourchette. Quoi, après ça ? Certainement rien de très réjouissant. Quelle personne saine d’esprit accepterait de se faire héberger par un dealer junior ? C’était vraiment le moment de merde de la soirée pour lui.
Ace savait pourquoi et comment il avait connu ces types. Pour lui, les raisons étaient acceptables ; mais Elie serait-elle du même avis ? Est-ce qu’elle allait encore vouloir de lui après ça ? *Putain, Feu’ j’te jure que t’as pas intérêt à dev’nir matériel c’que sinon ça va chier pour ta gueule…*

Le pyromane se racla la gorge tout en essayant d’articuler ce qui devait être une parole rassurante.
- Y a pas d’merde, chez moi. Et les gars viennent jamais dans l’coin, j’vous promet qu’y a rien à craindre. M’enfin si vous voulez plus, j’comprends.
Il se sentait bloqué à cause de son cercle d’ ‘amis’. A l’époque il avait voulu s’ouvrir un peu, trouver des gens qui le comprendraient ; mais aujourd’hui c’est parce qu’il connaissait ces gens qu’il allait peut-être se retrouver à nouveau seul. Il fallait qu’il se rattrape, qu’il montre qu’il était digne de confiance. Jamais il ne mettrait en danger Elie, ni même Mel ou Jade.

- Feu’ j’vais vraiment t’briser la gueule un jour…
- Y a pas d’quoi, mon grand ! Hm… Ceci dit, si ça peut vous rassurer je connais Ace depuis un moment. C’est pas le genre de type à vous laisser dans les problèmes ; s’il cous dit que vous ne craignez rien vous pouvez le croire !
Qu’est-ce que c’était ? Une sorte de remord qui poussait l’esprit de feu à se rattraper, à réparer sa bourde en sortant Ace de cette situation gênante ? Peu importe, c’était sympa.
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeJeu 16 Fév - 21:50

Si elle n’avait fait qu’un sous-entendu, Melena avait mis les deux pieds dans le plat en posant la question de but en blanc. Le laps de temps qu’Ace prit pour chercher ses mots était long, trop long, si bien que lorsqu’il prit la parole pour nier il avait déjà perdu toute crédibilité. Sous son « non » hurlait un « oui » avec la puissance d’un ouragan. Le voir mentir impunément figea Elie, sa fourchette à quelques centimètres de sa bouche. Il allait vraiment s’en tenir à cette version en sachant pertinemment qu’elles connaissaient déjà la réponse ?

La suite fut plus satisfaisante, bien heureusement. Faisant preuve de franchise une fois n’est pas coutume, son petit ami avoua qu’il avait absorbé une drogue censée reproduire l’hypnose d’un certain docteur en lequel la mauvaise jumelle n’eut aucun mal à reconnaître ce cher Parkinson. La seule zone d’ombre était pourquoi il avait voulu expérimenter ça au juste. Fier comme un paon, le pyromane aimait ce qu’il était, jusqu’à sa maladie mentale. Elie l’imaginait difficilement commencer une thérapie de son plein gré.

Elle s’était remise à manger comme si de rien était, d’ailleurs pour elle le sujet était définitivement clos mais Feufollé vint jeter un pavé dans la mare, la statufiant de nouveau. « C’est parce que vous vendez de la… » ? De la QUOI ? La réponse était évidente pourtant, mais la psychotique refusait de l’admettre. Ace était loin d’être un ange, mais de là à trainer avec des dealers il y avait un monde ! La mauvaise jumelle se surprit à espérer qu’il nierait une fois encore même ce n’était qu’un nouveau mensonge mais au lieu de ça il choisit la carte de la franchise.

La faim d’Elie s’était envolée alors que dans son esprit les fils de pensées s’entrecroisaient, se liaient, se brisaient... jusqu’à former une immense toile d’araignée dans laquelle elle se trouvait engluée comme un insecte pris au piège. Stan, ce nom elle le connaissait, c’était celui d’un enfoiré qui refourguait sa came pas loin de son lycée. Est-ce que c’était ce mec louche dont il parlait ? C’était ça ses « potes » ?

- Je connais un « Stan » qui refourgue ses saloperies pas loin de chez moi. Le truc à la mode en ce moment c’est le… c’est quoi déjà ? Dream-quelque chose… burster je crois. Un mec de ma classe en a acheté et a fini dans le coma. Mort cérébrale qu’ils ont dit, sa voix se perdait, brumeuse, alors qu’elle reprenait les yeux fixés sur son assiette, N’empêche c’est logique maintenant. Il a dû atterrir à Dreamland et crever.

Sa fourchette retomba soudain dans son assiette encore bien remplie, projetant des gouttelettes écarlates sur la table. Si sa bouche souriait, ses yeux eux ne riaient pas. La dernière tirade de la boule de feu violette pour défendre les valeurs du pyromane fit légèrement trembler ses mains, réaction qu’elle camoufla en les plaquant avec force sur la table.

Elle aimait Ace, vraiment, mais ça c’était… c’était juste trop. C’était le genre de mecs avec qui il trainait qui enlisaient un peu plus chaque jour son quartier dans la délinquance, la violence et les abus. C’était peut-être même eux, allez savoir, qui avaient fournis les enfoirés qui avaient fait la peau d’Amber. L’adolescente n’arrivait pas à se décider quant à savoir s’il fallait en rire ou en pleurer. Par défaut elle était juste en colère, vraiment en colère.

On disait qu’en amour il fallait faire preuve de franchise et aussi savoir pardonner, mais El’ n’arrivait pas à se convaincre qu’elle en était capable. Pourtant à chaque fois qu’elle levait les yeux sur le pyromane son cœur se pinçait comme pour lui reprocher de lui en vouloir pour son passé. Le passé c’était le passé hein ? Les gens changeaient, elle était bien placée pour le savoir. Et puis il l’avait accepté telle qu’elle était, folle et incomplète, irréelle même. La psychotique serra les poings avant de passer sa main sur son visage dans l’espoir de se calmer. Comment on était censé faire déjà ? Ah oui, inspirer et expirer profondément… de la merde oui !

- Tu… tu vas continuer ça ? En revenant je veux dire.

Malgré le calme apparent qu’elle arrivait à conserver, sa main droite qui tordait sa fourchette à angle droit la trahissait. Elle avait vraiment besoin de broyer un truc, et un ustensile de cuisine était largement préférable à la jolie gueule de son mec. Avec la fourchette au moins, on avait pas de regret.

- Parce que je veux bien que le passé soit le passé, tout ça tout ça, mais… c’est chez moi que ça se passe. C’est mes potes qui achètent ce que tes potes vendent et qui les tuent à petit feu. J’ai un petit frère tu vois, et ça me ferait vraiment, mais vraiment chier que ce Stan lui fourre un jour un sachet de pilules dans la main.

Le couvert de mauvaise qualité cassa net dans un bruit métallique.

- Tu comprends ?

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Melena Autumn

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeVen 17 Fév - 19:49

En posant sa question, Melena n’était pas certaine d’avoir pensé que la réponse était positive, ou bien d’avoir simplement espéré que le pyromane lui donne une explication convenable. A l’instar d’Elie, la fourchette à quelques centimètres de sa bouche, elle avait attendu pendant toute l’hésitation gênée du concerné. Après son discours sur sa « connaissance » qui lui avait filé une drogue qui imitait les effets de l’hypnose, l’irlandaise avait consentit à enfournée sa bouchée, suspicieuse mais silencieuse. A Londres, le trafic de stupéfiants dans la sphère du lycée n’était pas non plus anodin et dans ce cadre là, généralement, quand on citait un « pote » pour finalement le recadrer comme une vague connaissance, ça n’était jamais très sincère. Pas besoin de sortir beaucoup pour retenir des bribes de cet univers.

Toutefois, la nécrophobe ne souhaitait pas insister : parce qu’Ace était son ami, et que chercher à l’enfoncer aux yeux de la mauvaise jumelle, qui semblait également accepter la réponse, n’aurait pas été très sympa. Quelques jours plus tôt seulement, elle l’aurait fait avec une mesquinerie à peine dissimulée.

Malgré son vœu de silence, quelqu’un d’autre – à savoir la boule de feu violette qui ne savait pas tenir sa langue – lâcha comme une bombe ce que le pyromane n’avait visiblement pas envie de dévoiler. Il vendait de la… drogue ? Melena avala sa bouchée et reposa sa fourchette, stupéfaite. C’était une chose de savoir que certains de ses camarades de classe consommaient de la merde de temps en temps, même de se faire accoster en rentrant des cours par un individu qui lui proposait de lui faire un prix ; c’était une tout autre chose de se dire que l’un de ses meilleurs amis – car après tout, étant le seul, il ne pouvait qu’être le meilleur – était un dealer de daube avéré.

Les explications sincères d’Ace ne changèrent pas grand-chose. L’irlandaise continuait de le fixer de ses yeux gris ébahis, papillonnant parfois des paupières comme pour chasser une illusion. Ne sachant finalement pas quoi dire dans l’immédiat, elle passa une main dans ses cheveux pour caler ses mèches rebelles derrière une oreille et reprit ses couverts pour faire son compte à une bouchée de viande. Elie prit la parole en première, étrangement calme, mais la vision de la fourchette qu’elle tordait parlait aussi bien que si elle était en train de hurler. La nécrophobe commençait à la connaitre assez pour savoir que c’était ce qui risquait d’arriver au cou du pyromane s’il poursuivait son activité une fois de retour dans le monde réel.

Le bruit métallique s’imposa comme le paroxysme de cette allégorie. Melena abandonna momentanément son repas pour poser une main sur celle de son amie, cherchant à la fois à la calmer et à symboliser son soutien. Ses yeux gris se levèrent alors vers ceux de Ace, appuyant ce que sa petite amie venait de lui demander. L’une des phrases de ce dernier, affirmant ses craintes d’avouer sa condition à ses comparses, revint en mémoire de l’irlandaise, qui choisit de rebondir dessus :

- Je comprends que tu ais eu peur de nous le dire mais… tu n’aurais pas pu garder le secret indéfiniment, tu crois pas ?! C’est toujours mieux maintenant qu’une fois devant les faits…

Elle poussa un petit soupir en levant les yeux au ciel. Le pyromane était le plus vieux, pourtant, face aux deux adolescentes, il faisait penser à un petit frère qui attendait la sentence de ses ainées. La nécrophobe eut un léger sourire en haussant les épaules :

- Et puis… ça a tellement mal commencé entre nous que je crois que tu n’étais plus vraiment à ça près.

Une poignée de seconde, elle laissa échapper son rire cristallin. C’était rarement elle qui cherchait à détendre l’atmosphère, mais entre celle qui bouillonnait intérieurement et celui qui ne savait plus où se mettre, il fallait bien qu’elle fasse un geste non ?! D’autant plus que ça l’aidait à oublier les cris qui filtraient jusque dans la cuisine, l’horreur qu’ils ignoraient sciemment en mangeant à leur faim, alors que d’autres crevaient dans la misère à l’extérieur. Voulant appuyer la demande implicite d’Elie sans jouer la moralisatrice, Melena ajouta sur un ton léger qui cherchait à masquer la gravité de la situation :

- Enfin ceci dit… je crois que ma tutrice va déjà avoir du mal à accepter que je parte chez un mec de 23 ans qu’elle ne connait pas, alors je vais éviter de lui avouer que tu as trempé dans le trafic de drogue.

Sous cette remarque à moitié lâchée en plaisantant, se cachait une crainte bien plus réelle qu’elle n’osait pas émettre à haute voix de peur de passer pour une parano : si jamais les flics enquêtaient aussi sur le Dreambuster et qu’ils remontaient jusqu’au fils Ridley ?! Manquerait plus qu’ils arrêtent aussi les deux adolescentes en leur bricolant un statut de complice. « Voyageuse », ça faisait sans doute déjà assez lourd sur son casier judiciaire, pas besoin d’y ajouter « trafiquante ».
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeVen 17 Fév - 21:48

L’ami Feufolé avait beau faire ce qu’il pouvait pour réparer sa bourde, ça n’épargnait en rien Ace des reproches émanant de ses deux amies. On pouvait dire qu’il les méritait, en quelque sorte. Même si lui et sa bande n’étaient pas directement responsables : qui achète leur drogue ? Des imbéciles. Si les gens arrêtaient d’acheter leur merde, certes ils ne feraient plus de bénéfice mais au moins le problème serait réglé ! Dealer, c’est juste répondre à un besoin ; vendre un service. On palie un manque par un autre manque mais certains ne savent pas être heureux autrement que par la drogue.

Bien que persuadé par ses convictions, savoir que cet abruti à casquette vendait près de l’endroit où vivait Elie rendait Ace assez mal à l’aise. Comme si elle avait pu souffrir indirectement des agissements du pyromane et sa bande. Mais plus inquiétant, Stan se permettait de vendre le Dreamburster à des lycéens inconscients ! Tout tournait à cent à l’heure dans le crâne du Ken. Il ne pouvait pas passer à côté de ça, il fallait trouver un moyen de contacter les gars pour remettre de l’ordre dans tout ça. Empêcher qu’on remonte jusqu’à lui à cause de ça. Il suffisait de mettre en parallèle les voyageurs et cette drogue et tout s’écroulait ; adieu liberté et va pour 200 ans de taule.

Derrière ces accusations et cette question rhétorique, on ne lui laissait pas le choix : s’il voulait continuer à ne plus mourir – la première épreuve lui ayant suffi à ce compte-là – il avait tout intérêt à stopper ses activités.
Malgré le fait qu’il soit convaincu de ce qu’il pensait, Ace regardait tour à tour la mauvaise jumelle, la fourchette… Le deuxième bout de fourchette… Il ne pouvait s’empêcher de voir un mini-lui dans la fourchette. Dessiner sa tête sur le couvert aurait eu le même effet. Bien sûr qu’il ferait tout ce qu’il pourrait pour que le frère d’Elie ne touche jamais à cette connerie. Seuls les gens lâches et idiots ont besoin de drogue. Mais ces arguments perdaient en poids à chaque seconde alors que le Ken se remémorait avaler le cachet d’extasy quelques heures plus tôt. Il était lâche et idiot ? Soit oui, soit il fallait changer de paradigme.

La main de Melena vint s’additionner au cadre charmant de la pièce ; « Ace décapité, acte I scène 2 ».
Ace leva les yeux pour croiser le regard des deux amies. Bordel, elles voulaient vraiment le faire culpabiliser comme un malade ou quoi !? Il en était presque à croire qu’elles n’étaient pas si différentes des autres personnes, assises sur leurs préjugés, ne voyant en lui qu’un vulgaire criminel indigne de confiance. Et pourtant si elles auraient voulu le lyncher, aucun doute qu’elles l’auraient déjà fait… Ace aurait très bien pu le garder, ce secret. Mais c’était sans compter sur la boule de feu loquace.

Malgré les tentatives de la nécrophobe pour détendre l’atmosphère, le pyromane était pourtant devant le fait accompli et même si le terme ne lui plaisait pas, il était bien « trempé dans le trafic de drogue ». Il n’avait jamais considéré ça dans ce sens, avec ces mots-là. Ça prenait un tout autre sens bien moins respectable.

- J’vous ai d’jà dit : si ça pose trop d’blem… Ou tout simplement si ça vous fait chier d’venir maint’nant qu’vous savez ça, j’vous empêche pas, moi.
Mais y a plusieurs raisons pour lesquelles j’peux pas arrêter du jour au lendemain. On a p’têt commencé « mal » mais pour moi c’juste dans la continuité : ces types sont mes seuls potes que j’ai dans le monde réel, vous pouvez comprendre ? J’ai pas eu la chance de tomber sur des gens sympa qui prenaient soin d’moi. Quand Alexander est mort j’ai dû m’démerder seul. Alors ok, j’ai pas choisi les meilleurs, n’empêche sans eux j’serai pas là aujourd’hui.


Le pyromane piqua sèchement un morceau de viande et le porta à sa bouche. Pendant qu’il mastiquait, il laissait un nouveau blanc s’installer, le temps de résumer ce qu’il voulait dire et aussi ne pas s’emporter pour rien. S’énerver ne ferait que détruire toute crédibilité. Il agita sa fourchette en l’air comme pour remarquer un point important, le temps d’avaler sa bouchée. ‘Pas le moment de perdre la main dans la discussion.
- hm.. Et puis si j’coupe les ponts direct, comment j’leur dit d’arrêter d’vendre le Dreamburster ? Comment j’leur dit d’arrêter de vendre à Mission’ ? J’vends pas la drogue personnellement : j’me charge de l’organisation. Je ‘manage’. Quand vous m’réveillerez j’leur passerait un coup de fil, ça évitera qu’les flics remontent jusqu’ici si jamais ils interceptent une pilule.

Il vivait ça comme le vivrait un enfant coincé la main dans le sac : ‘promis madame, je le referai plus ! Promis !’. Si Elie et Mel n’avaient pas été si proches de lui, ça lui aurait fait un sacré coup. Ce genre de choses était les sujets à éviter si on souhaitait entretenir des relations sociales et là, même si elles ne voulaient pas l’admettre, une nouvelle barrière venait de s’imposer inconsciemment entre eux. Il était le dealer fils à papa de 23 ans, elles étaient les jeunes filles de 17 ans issues de la classe moyenne. Mais bordel comment ça aurait pu être viable sans Freedoom !?

Ace semblait avoir épuisé sa réserve d’arguments, à son grand dam. En même temps il tentait de défendre l’indéfendable. Il savait qu’en continuant il avait tort mais c’était pas si facile de se sortir de ce genre d’histoires ! Qu’est-ce qui lui assurait qu’il le ne subirait aucune revanche de la part de ses anciens amis du monde réel s’ils apprenaient que Môssieu Ridley les lâchait ? Se réveiller à l’hôpital pour remarquer qu’on a gentiment rangé un couteau dans votre ventre pendant votre sommeil c’est pas toujours agréable. Le pyromane était peut-être versatile, impulsif au sang chaud mais ce sang c’était le sien et il n’avait pas envie de le voir se répandre partout !


____________________________________
Ça continue par-là, dans le monde réel !


Dernière édition par Ace Ridley le Sam 18 Fév - 13:46, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 4 Icon_minitimeVen 17 Fév - 23:19

Dehors, les hurlements des victimes s’éloignaient au fur et à mesure que la horde nettoyait les environs proches du cimetière avant de se tourner vers le cercle intérieur de la ville. Dans la cuisine, un même presque silence gênant régnait. Melena tenta de le briser en faisant preuve d’humour, forte de l’envie d’être l’élément fédérateur pour cette fois au moins mais la mauvaise jumelle n’avait aucune envie de rire. La sensation des doigts de la nécrophobe sur les siens lui parvenaient à peine, comme si ses membres étaient engourdis. Ne restait plus que la froideur du métal dans sa paume crispé.

Même si son amie avait raison sur le fait qu’il valait mieux l’apprendre maintenant de la bouche d’Ace que de le découvrir inopinément, Elie ne pouvait pas s’empêcher de ronger son frein. Si seulement il avait répondu « oui » à sa question ! Mais non, il se justifiait, il minaudait, il contournait. Tout ce qu’il leur servait était une série de « oui mais… », où le « mais » était déjà de trop. Qui avait besoin d’enfoirés en guise de potes ? Et elles, elles comptaient pour du beurre ? Et puis pour la vente du Dreamburster il suffisait de faire courir une sale rumeur dans le quartier pour que les acheteurs potentiels se dérobent pour revenir aux bons vieux produits.

Tout ça, c’était qu’un ramassis d’excuses. Le pire était qu’il semblait presque les bouder suite à leurs réactions.

Elle lui en voulait de se braquer, de ne pas vouloir changer pour elle, mais elle s’en voulait aussi d’en demander autant si rapidement. Cette dualité à laquelle elle était pourtant habituée lui retournait le cerveau, la plongeant dans un mutisme bougon qui ne prit fin que lorsque son petit ami acheva complètement son plaidoyer.

- Ouais, je suppose que ça veut dire que tu comprends pas.

Sa main se relâcha doucement, libérant la demi-fourchette qui tomba en cliquetant sur la table. Prendre sur soi était l’une des choses les plus difficiles qu’elle avait jamais eu à faire, et faire des concessions tenait des travaux d’Hercule. Pourtant elle sentait qu’elle devait faire un geste, un pas, n’importe quoi. Quelque chose qui montrait qu’elle comprenait quand même un peu, au fond, malgré la rage qui faisait bouillir ses entrailles.

Elie se leva lentement, les yeux clos alors qu’elle tentait de maitriser l’incendie dans le creux de son estomac. Un truc, fallait trouver un truc… n’importe quoi et vite avant qu’elle ne s’emporter et fracasse sur la jolie gueule de son mec la première chaise qui lui passerait à portée. Un truc comme…

- Viens là, ordonna-t-elle, péremptoire, alors qu’elle saisissait Ace par le col de chemise pour le forcer à se lever.

Tout portait à croire que ses nerfs avaient finalement lâché et qu’elle allait tenter – avec ou sans résultat – de le réduire en bouillie. Pourtant une fois qu’elle l’eut trainé jusqu’au couloir, hors de vue de l’irlandaise, elle se contenta de le plaquer contre le mur pour l’embrasser avec passion (... huhu). Ce n’est qu’après de longues secondes qu’elle s’écarta, plantant alors son index dans le torse du pyromane au niveau de son sternum.

- Ok je dis rien, je dis rien pour cette fois mais… promets que tu feras quelque chose. Je t’aime trop pour appliquer mon plan B qui consistait à t’encastrer un tabouret dans ta jolie gueule, mais j’ai besoin d’être sûr que ce que tu dis c’est pas que du vent. Donnant donnant. Et puis…

Elle posa la main droite du pyromane sur son sein gauche, ajoutant avec une mimique provoquante :

- ...franchement, tes potes là, est-ce qu’ils ont ça ? Non, donc on les surclasse à l’aise !

Faisant brutalement volteface, la mauvaise jumelle planta le Ken dans le couloir pour rejoindre la cuisine où Melena devait déjà croire qu’ils étaient soit passé au meurtre, soit à une partie de bête à deux dos. Bupbuuuup ! Tout faux ! Elie ne s’immobilisa qu’une fois au milieu de la cuisine où elle frappa dans ses mains pour attirer l’attention, non sans grimacer lorsque ses blessures se rappelèrent à elle. Ils avaient assez mangé et discuté, il était plus que temps de s’attacher un peu plus à leur corps potentiellement en danger dans le monde réel.

- Bon, on y va ? Je sens qui si je reste une minute de plus ici je vais encore péter un truc… sors ta faux Mel’, qu’on s’attaque enfin aux choses sérieuses.

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