Hypnose : l'Exil
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 Adeptes ou le retour à la vie

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Jade Martins

Jade Martins


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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeMar 31 Jan - 20:30

Un carré ? Cette simple idée fit grimacer la mauvaise jumelle. Ce genre de coupe rigide très peu pour elle, ça correspondait si peu à sa personnalité que ça ne pouvait que provenir de quelqu’un qui ne la connaissait ni d’Eve ni d’Adam et en effet, avait été émise par la pauvre Naomie. Avant qu’Elie n’ait eu le temps de desserrer les lèvres pour rejeter la proposition sans douceur, Ace s’était mis à rabrouer la nouvelle comme… bah… comme un connard. Il alla même jusqu’à lancer l’idée de l’amener vers les gardiens qui ne pourraient que causer sa perte, mais l’adolescente ne se voyait pas lui en vouloir pour ça. Après tout s’ils avaient eu à le vivre, pourquoi cette fille y échapperait ? Pourquoi juste parce qu’elle avait eu la chance de tomber sur des gens expérimentés elle devait traverser la vie sur une route dépourvue de tout obstacle ? Ce serait trop injuste. Qu’elle apprenne en souffrant, comme ils l’avaient fait.

Elle suivit du regard le pyromane alors qu’il quittait la pièce et que Melena, une fois encore, endossait le rôle de la gentille nounou. Qu’elle se sente obligée de prendre soin de cette fille la dépassait complètement. Elle n’était rien pour eux, rien de plus qu’une passante qui croiserait leur route et mourrait au carrefour suivant. Une vie parmi d’autre, sans intérêt, sans lien, sans rien. Juste… quelqu’un. Mais au moins elle avait eu la décence de s’intéresser à ses amis d’abord, en lui montrant une coupe qui à bien y regarder n’était pas mal du tout.

- Ouais… pourquoi pas… murmura-t-elle pensive.

Ses yeux s’élevèrent du magazine pour s’étrécir aussitôt en remarquant que l’irlandaise s’était décidément trop adoucie. A croire qu’elle se lassait de leur compagnie à Ace et elle, préférant aller chercher chez les petites nouvelles la gentillesse qui leur manquait trop souvent. Les lèvres plissées elle serra les poings jusqu’à en froisser la page qu’elle balança avec rudesse au visage de la pauvre coiffeuse qui avait eu l’idée de la rejoindre à cet instant.

- Faites-moi ça, et faites-moi ça bien.

La psychotique avait appuyé sur le dernier mot en fusillant la pauvre femme du regard, qui manqua d’en laisser tomber la blouse qu’elle avait en main. La colère lui remuait les tripes si bien qu’elle en tremblait presque alors qu’elle enfilait le tissu protecteur. Le soupir de Melena qu’elle prit pour une preuve de pitié mal placée lui transperça le cœur comme un fer de lance et elle serra les accoudoirs si fort que les jointures de ses doigts en blanchirent. Rester calme, garder sa langue dans sa poche, ne pas laisser exploser la bombe de jalousie dont le tic-tac commençait à la rendre folle.

Bientôt les mèches se mirent à tomber en cascade autour de son regard noir dans le cliquetis hypnotisant des ciseaux. La glace terne lui renvoyait son reflet blafard au regard fulminant et derrière son épaule les silhouettes de Melena et Naomie qui – horreur – discutaient. Discuter ?? Comme si elles étaient proches ou amies ou… ou… mais merde elle était rien bordel !

- Vous voulez pas un thé aussi ? cracha-t-elle, venimeuse alors que la coiffeuse terminait enfin son œuvre.

La blouse retirée sans douceur décrivit un arc de cercle pour aller atterrir sur la tête d’une pauvre femme dans l’entrée de la boutique à laquelle Elie n’accorda pas un regard, et encore moins une excuse. Elle avait besoin de prendre l’air, de sortir, de respirer un air non vicié par l’hypocrisie qui commençait à la faire suffoquer. Pas même 5 petites secondes ne furent prises pour vérifier que sa nouvelle coupe lui allait effectivement très bien. En moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire elle se trouva dehors aux côtés de Ace à qui elle lâcha, acerbe :

- Non mais ça commence à m’agacer là… j’ai déjà un chat, j’ai pas besoin d’un chien.

Elle s’adossa au mur de la boutique, son regard azur se perdant dans la contemplation de la rue marchande. Elle se sentait idiote de se mettre en colère comme ça mais c’était plus fort qu’elle, elle enrageait littéralement. Et d’ailleurs maintenant qu’elle avait commencé à l’ouvrir elle ne put s’empêcher de continuer en arborant un air mesquin :

- Et puis franchement, pourquoi risquer notre peau pour la sortir de là ? Si encore à la rigueur elle nous payait ou nous servait d’esclave je dis pas mais là c’est attendre beaucoup trop de nous. Même si Mel’ à l’air de l’apprécier…

Impossible de masquer l’ombre de jalousie qui passa sur son visage alors qu’elle jetait un rapide coup d’œil dans la boutique pour voir ce que les deux autres fichaient.

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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeMar 31 Jan - 21:51

On avait beau réfléchir, il n’y avait pas beaucoup de solutions pour aider Naomie à quitter cette île, du moins sans que ça retombe sur la tronche du trio. Pour une fois, le pyromane avait un peu peur de désobéir aux règles. Des gardiens, tout de même… Ça ne doit pas être si facile que ça à berner ! Surtout que dès qu’ils se rendraient compte de la supercherie, ces derniers pouvaient rapatrier les trois adeptes d’un claquement de doigts grâce à leur ‘tatouage malabar magique’.

En fin de compte, il n’aurait pas dû sortir. Il faisait froid même quand on avait un manteau, et à fortiori quand on ne bougeait pas. ‘Pas non plus très envie de bouger en ville, d’un autre côté… Eh ben… On allait pas faire grand-chose, avec ça ! Ou peut-être qu’il pouvait essayer de fumer pour voir si ça calmait vraiment les nerfs ? Maintenant qu’il avait testé la drogue, c’était pas ça qui allait lui faire du mal… Nan, c’était débile ! La seule chose qu’il aimait dans le fait de fumer c’était le briquet… Et puis il ne comptait pas donner son argent aux pauvres sans raison, non plus. *C’pas marqué ‘Charité-man’, sur mon front…*

- Bon… Tu comptes faire quoi, du coup ? Rentrer et dire « coucou, c’était une blague, j’suis plus fâché ! » ? Haha ! Je t’imagine trop faire ça, tiens. Oh ou sinon on peut toujours aller passer le bonjour aux aubergistes de l’autre coup, là ! Tu sais, ceux qui sont à l’autre bout de la ville.
Ace ne répondit que par son mutisme habituel face aux questions stupides, agrémentant le tout de son visage le plus neutre possible. Non : il ne voulait rien faire de tout ça. Il se faisait chier, c’est tout… Les ballades c’est sympa mais pas quand on est harcelé par les premiers fous à lier venus…

Après 23 passants et demi plus une chèvre – seule unité de temps dont dispose alors notre pyromane – Elie sortit du salon de coiffure, visiblement en rogne contre quelque chose ou quelqu’un. Pourtant la coupe n’était pas ratée du tout ; au contraire, Ace trouvait que ça lui allait vraiment bien. A l’évocation du soi-disant ‘meilleur ami de l’homme’, le Ken comprit de suite qui était la cause de cette soudaine colère.

C’est vrai, ils ne gagnaient rien à l’aider… A priori ! S’il n’y avait aucun gain, alors on pouvait toujours en inventer un et l’esclavagisme fit naître une lueur malsaine dans le regard du pyromane. Avoir quelqu’un à maltraiter, quelqu’un à sa botte qui ne devrait jamais se plaindre et qui se taperait tout le sale boulot… Orgasmique !

- Tu crois pas si bien dire ! Un esclave gratis, ça s’refuse pas. Enfin bon, sinon je vois c’que tu veux dire… Tu sais… Le pyromane regarda la mauvaise jumelle dont la fureur ne semblait pas diminuer. Il la trouvait vraiment jolie quand elle s’énervait. C’était peut-être débile à dire comme ça mais le fait est.

Il avait envie de lui prouver qu’elle n’avait pas à être jalouse de la discussion de Melena et Naomie, ni à envier le fait qu’elles puissent s’apprécier ; il voulait lui dire qu’il était là, lui. Mais comment dire ça avec des mots..? Alors… On pouvait faire une phrase… Ça commencerait par ‘Je’, ou peut-être ‘tu’ ? Ou… Merde, aux chiottes les phrases.

Laissant parler ses sentiments, le pyromane prit la mauvaise jumelle dans ses bras et l’embrassa, tout simplement. Voilà le mot qu’il cherchait. Son cœur battait la chamade alors qu’il serrait Elie dans ses bras ; autour de lui, plus rien n’existait. Rien n’avait jamais eu autant d’importance que l’instant présent.
Alors que ses lèvres quittaient celles d’Elie, il lui murmura les paroles qu’il avait enfin trouvées, les mots qu’il avait enfin le courage de dire :
- Je sais c’que c’est que d’envier les autres, d’avoir peur de perdre un ami… Mais j’veux qu’tu sache que j’serai là pour toi, quoi qu’il arrive. Parce que… Parce que je t’aime.

Ace relâcha son étreinte sur Elie alors que Melena sortait à son tour du bâtiment miteux. Elle les avait vus ? Ça ne lui posait pas de problème. Il avait rarement eu l’occasion d’être aussi honnête dans sa vie, que ce soit avec les autres ou avec lui-même, alors il n’avait pas honte ; il ne voulait pas s’en cacher. Tout comme il ne pouvait effacer ce sourire de son visage alors qu’il regardait la mauvaise jumelle à nouveau. Et tant pis si elle ne l’aimait pas, au moins il lui avait dit. Il n’aurait pas supporté de garder ça pour lui indéfiniment de toute façon.
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeMer 1 Fév - 9:53

Avec deux voix sa faveur l’esclavagisme avait de beaux jours devant lui. La mauvaise jumelle qui avait balancé ça sans réelle réflexion commençait désormais à examiner cette éventualité sous un œil nouveau et le fait d’avoir été esclave elle-même n’arrivait même à freiner le cours de ses réflexions. Pourtant le tatouage « C-2 » qui ornait sa nuque désormais découverte ne soulignait que trop l’aspect cruel de cette pratique, mais pour l’heure ça ne lui paraissait pas important. Mieux encore : ça lui paraissait mérité .

Voir ainsi Naomie et Melena en pleine discussion lui mettait les nerfs à vif. Elle ne savait pas ce qui la retenait encore sur le perron de cette boutique minable… ah si en fait, et c’était les bras d’Ace qui s’étaient refermé autour de son corps. Lorsqu’elle leva un regard surprit vers lui, ce fut pour le voir fondre vers ses lèvres pour y déposer un baiser qui sembla durer des heures. Dans la tête de la psychotique tout s’arrêta brutalement, comme pris dans un écrin de glace. Impossible de réfléchir, ses pensées étaient cristallisées au point d’en paralyser ses mouvements. La seule chose qu’elle arrivait à faire était de rendre le baiser jusqu’à ce que leurs lèvres se séparent.

Elle croyait être arrivée au fond du gouffre de l’incompréhension mais la déclaration du pyromane eut l’effet d’une bombe. Le cœur de l’adolescente rata un battement. C’était… une blague non ? Quoi d’autre ? Elle s’apprêtait d’ailleurs à rire en tapotant l’épaule de son ami mais son expression terriblement sincère stoppa son geste.

- Tu… es sérieux hein ? finit-elle par articuler avec lenteur.

Après avoir menacé de cesser de battre, son cœur s’était désormais lancé dans une course folle, ses battements assourdissant lui donnant l’impression d’être audible depuis l’autre bout de la rue. Elle ne savait ni quoi répondre, ni quoi penser, et la présence de la nécrophobe sortant enfin de la boutique en mauvaise compagnie ne l’aidait pas le moins du monde. Le souvenir de leur dispute puérile était encore frais, et Elie était bien obligée de se rendre à l’évidence : son amie avait raison. Elle n’était pas sure de ce qu’était ce sentiment qui la faisait presque suffoquer mais elle aurait grandement parié qu’il s’agissait d’amour.

Et pourtant… alors que l’idée d’un sentiment partagé aurait dû la réjouir, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir terriblement mal. Pourquoi ? Parce qu’elle n’existait pas pardi. Elle se souvenait vaguement avoir déjà expliqué qu’elle souffrait de dédoublement de personnalité et que son autre « elle » était quelque part ailleurs, mais Ace n’avait pas l’air d’entrevoir toute l’horreur derrière cette déclaration. Comment réagirait-il en apprenant qu’elle n’était que la personnalité récessive, celle qui ne sortait que quand on avait besoin d’elle ? Que leur but actuel était d’annuler l’existence de leurs pouvoirs dans le monde réel ce qui revenait à lui voler son corps durement gagné ? Qu’un jour peut-être, Jade et elle ne feraient plus qu’une et qu’elle disparaitrait ainsi pour toujours ?

Le malaise qui grandissait dans sa poitrine lui donnait le tournis et elle ne pouvait s’empêcher de se demander si ce poison qui s’instillait dans son esprit n’était pas de la peur. Sur un coup de tête elle finit par refermer ses doigts sur ceux d’Ace et planter ses deux orbes bleus dans les sien :

- Moi aussi mais… il faudrait vraiment qu’on discute de certaines choses à l’occasion.

Si seulement ils avaient pu être seuls juste un peu plus longtemps ! Elle ne pouvait plus qu’attendre qu’une occasion se présente, et l’appréhender en même temps. Du coin de l’œil elle capta le regard mi-agacé, mi-amusé de Melena qui ne put s’empêcher de la taquiner avec une remarque bien sentie. Comme seule réponse Elie se rembrunit tout d’abord avant de soupirer et de lui tirer la langue avec un air de défi. Soit, elle n’avait peut-être pas tort, mais pas vraiment raison non plus. Il avait fallu le baiser du pyromane pour mettre de l’ordre dans les pensées de la mauvaise jumelle après tout.

Même si l’idée pouvait paraitre attrayante pour certains, la psychotique ne comptait pas passer la journée devant ce coiffeur à discuter sentiments, surtout pour se faire narguer. Leur restait-il autre chose à faire en ville que d’attendre que le bateau pointe enfin le bout de son nez au port ? Il aurait déjà dû être là depuis un ou deux jours déjà mais la mauvaise météo qui l’avait retardé ne faisait que repousser un peu plus leur départ, juste de quoi leur offrir la possibilité de s’offrir une esclave. D’ailleurs en parlant de ça…

- Naomie, on a réfléchis et… on serait peut-être d’accord pour te sortir de là. Sous conditions, bien sûr… annonça-t-elle avec un mystérieux sourire qui ne présageait rien de bon.

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeMer 1 Fév - 14:29

Pourquoi la regardait-on si bizarrement ? Elle n'avait rien dit de travers, elle n'avait rien de coincé entre les dents... Naomie était très mal à l'aise. Ace commença à l'engueuler. Mais, elle a le droit de dire ce qu'elle pense, merde à la fin ! Elle est arrivé là, elle ne sait même pas comment, elle ne sait même pas pourquoi. Elle ne devrait même pas être en vie d'ailleurs... Le pyromane fini par sortir du salon de coiffure.

Elie avait en fin de compte choisi l'idée de Melena. Apparemment, la proposition de Naomie ne lui avait pas plu. Elle avait fait une de ces têtes... M'enfin. La coiffeuse se mit au travail. L'irlandaise parla alors à l'érémitophobe. Elle lui expliqua qu'elle se trouvait dans une prison et que la ville était condamné. Condamné ? Comment ça ? Ça voudrait dire qu'elle ne pourrait pas partir car elle n'avait pas ce qu'il fallait ? Qu'elle devra moisir ici si ils ne l’aidaient pas ? Avec tous ces gens chelous ? Alors là, hors de question ! Elle ne resterait pas sur cette île maudite toute seule ! Il fallait qu'ils l'emmènent avec elle.

Melena demanda à la New Yorkaise de lui raconter comment elle était arrivé ici. Elie -qui avait fini de se faire couper les cheveux, sorti à son tour, sur les nerfs. Naomie commença alors à conter son histoire.

- J’habitais à New York avec mes parents et mon frère et ma sœur. Je vivais une vie normale. Un jour, j'étais partie dormir chez une amie mais, quand je suis revenu, des policiers m'ont appris que toute ma famille était morte asphyxiée. Je me suis retrouvée seule. On m'a donc confié à ma grand-mère qui habitait à Manhattan. Cette fois-ci, elle mourru de vieillesse. Je me suis encore retrouvée seule. On m'envoya vivre chez mon oncle et ma tante qui habitaient à Los Angeles. J'étais partie en ville faire du shopping et quand je suis revenue, leur maison avait brûlé et ils étaient dedans. Je me suis retrouvée à nouveau seule. On m'envoya dans un orphelinat où plein d'enfants que je côtoyais tous les jours mourraient les uns après les autres. Alors on me plaça dans une famille d'accueil. C'est là-bas que j'ai tenté de me suicider car j'avais peur.

Melena haussa un sourcil, l'air de dire «Peur de quoi ?» Elle enchaîna.

- J’avais peur de me retrouver à nouveau seule car j'avais l'impression de porter la poisse partout où j'allais.

Ayant fini son récit, les larmes aux yeux, Naomie laissa Melena méditer là-dessus. Elle voulait lui faire comprendre que, s'ils ne voulaient pas d'elle, elle avait des moyens de disparaître de leur vie. Ce n'était pas un problème. Après tout, se jeter dans un tas de zombies -si cette histoire était vrai- ça pourrait être drôle. Comme s'ils étaient un groupe de fans et toi une star très célèbre. C'était comme si tu te jetait sur eux et qu'ils te rattrapaient et t'acclamaient... Sauf que, les zombies, ça te bouffe, ça te démembre, ça te... Naomie laissa cette folie de côté et suivi Melena qui c'était levé pour sortir.

Dehors, dans le froid de Freedoom, elles retrouvèrent Ace et Elie. La mauvaise jumelle adressa à la petite nouvelle un sourire très louche en lui annonçant qu'ils voulaient bien l'aider, mais à certaines conditions. Naomie imagina le pire...
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Melena Autumn

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeMer 1 Fév - 15:22

Melena lui avait simplement demandé comment elle était arrivé sur l’île, mais Naomie prit sa simple question comme une invitation à lui raconter sa vie. Comment réagir face à cela ? Cette suite de malheurs ponctués de « je me suis retrouvée seule » ressemblait presque à un plaidoyer, pour la convaincre de ne pas l’abandonner sur Freedoom, mais au fond, dans ce qui restait de son cœur morcelé, l’irlandaise comprenait ce que ressentait l’érémitophobe. Elle aussi avait perdu sa seule famille et s’était retrouvée seule du jour au lendemain. Pire encore, elle avait récemment eu à revoir sa mère, et à la tuer de ses propres mains. Au moins, la new-yorkaise avait eu du courage là où elle en avait manqué : celui d’essayer de mettre fin à sa vie, et de presque réussir d’ailleurs, si sa présence dans Dreamland était vraiment du à une perte de connaissance dans le monde réel. Même si entre temps, Anney lui avait dit que ce n’était pas la réponse qu’elle attendait.

La nécrophobe avait levé les yeux vers Elie quand cette dernière était partie, une remarque acerbe en prime, mais elle avait été tellement surprise par son comportement qu’elle n’avait pas pu réagir avant qu’elle soit à l’extérieur. Ne restait donc plus dans le salon qu’elle et Naomie. Elle ne savait pas quoi lui dire, il n’y avait rien à dire en réalité : elle la comprenait, mais ça ne changeait rien. Son regard gris fuyait les orbes bleus de son interlocutrice alors qu’elle lui faisait un signe de tête vers la porte pour lui annoncer qu’elle sortait. Elle avait l’impression de se tourner le dos à elle-même, c’était insupportable.

Bien que le couple se fût appliqué à s’écarter quand Melena retrouva la rue froide de la ville-prison, cette dernière avait bien vue à travers la porte vitrée qu’ils étaient en train de s’embrasser. Elle s’arrêta, épiant tour à tour Elie et Ace comme s’ils allaient soudainement lui annoncer quelque chose d’officiel, mais devant l’absence de réaction, elle argua quand même son amie en disant :

- Tu t’es décidée vite finalement !

La taquinerie dans son regard tempérait son ton plus dur alors qu’elle détaillait l’allure de la mauvaise jumelle avec sa coupe courte. Ça lui allait vraiment bien, et s’il n’y avait eu ni le pyromane, ni la nouvelle voyageuse, elle se serait permise d’aller la prendre dans ses bras en gage de réconciliation. La pensée que son amie puisse avoir une relation amoureuse la titillait toujours étrangement dans le fond, mais l’irlandaise n’arrivait pas à vraiment identifier ce sentiment. Ce n’était pas vraiment de la jalousie, peut-être simplement un retour de sa propre solitude, comme pour lui rappeler qu’elle ne trouverait jamais personne pour lui aller. Mais après tout, elle s’en fichait : l’amour, c’était bon pour les autres, non ?

La proposition de faire sortir Naomie lui fit lever un sourcil. Compte tenu du discours que tous les deux avaient tenu auparavant, ça n’annonçait rien de vraiment charitable, mais la nécrophobe était prête à les suivre. Quand bien même la jeune new-yorkaise lui renvoyait un écho de sa propre situation, Dreamland lui avait appris que l’empathie et la compassion ne suffisait pas pour attirer les bonnes grâces des autres. Il fallait toujours se battre, faire ses preuves, mûrir, et apprendre à faire face à l’adversité. Quelque part, l’érémitophobe avait eu de la chance de tomber sur les adeptes, non ? Sans eux, elle se serait retrouvée seule dans une ville morte, condamnée à se faire dévorer à 18h sans autre porte de sortie.

Pourtant, avant de se concentrer sur le cas de la voyageuse à faire s’évader, Melena voulait faire quelque chose pour leur amitié, afin d’être certaine que leur trio ne risquait pas de pâtir des tensions qui avaient l’air de s’installer.

- Je veux bien que vous me parliez de ces conditions, mais…, commença-t-elle lentement, Ace, tu permets que je t’emprunte Elie deux secondes ? demanda-t-elle avec un sourire en coin amusé.

Sans attendre de répondre, elle attrapa la psychotique par la main et s’éloigna avec elle de plusieurs mètres, laissant le pyromane et Feufolé seuls avec Naomie. Une fois certaine d’être hors de portée de leurs oreilles, sous l’enseigne d’un vieux bar dont l’intérieur poussiéreux et dévasté devait être synonyme d’une fermeture précipité organisée par les zombies, la nécrophobe capta les yeux bleus de sa complice pour lui sourire. Son regard ne put s’empêcher de dévier vers ses pieds alors qu’elle commençait timidement :

- Elle… est super ta coupe, elle te va vraiment bien !

Ce n’était évidemment pas le vif du sujet, mais Melena n’était pas pressée de l’aborder. Elle marqua une pause avant de reprendre à mi-voix :

- Je suis… désolée pour tout à l’heure… j’ai été conne de te harceler comme ça. Mais… t’inquiète pas hein ?! J’étais pas sérieuse en disant que j’allais embrasser Ace, il est… sympa, mais je ressens pas… ce genre de chose pour lui.

Ce n’était décidément pas facile, mais ça avait été dit. Ponctuant la fin de sa déclaration, une brise glaciale vint faire danser les mèches noires qui débordaient de son bonnet argenté.

- Si jamais… quelque chose ne va pas… tu sais que peux me le dire hein ?

La nécrophobe ne savait pas vraiment pourquoi elle disait ça. Peut-être parce qu’elle avait vu percevoir les résidus de son trouble au fond de ses yeux lorsqu’elle était sortie de chez la coiffeuse ; ou bien avait-elle peur que Ace se trouve ne pas être le prince charmant idéal. Melena se rendait compte à quel point elle s’était attachée à la mauvaise jumelle, et comme elle ne tolérerait pas que quelqu’un puisse la faire souffrir. Ce n’était pas de l’amour, mais inutile d’essayer de l’avouer : ce serait sans doute mal interprété, et ça ne les rapprocherait pas.
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeMer 1 Fév - 23:25

S’il était sérieux ? Oh, il l’était rarement, mais cette fois-ci c’était l’exception. Il n’avait jamais été aussi sérieux. Le pyromane fit oui de la tête pour toute réponse. C’était peut-être un peu précipité, un peu tout ce qu’on voudrait mais à quoi bon perdre son temps..? La timidité ça n’apporte rien, au contraire. ‘Faut savoir oser, de temps en temps !

Son cœur s’emballa à nouveau lorsqu’elle lui fit par à son tour de ses sentiments. Pourtant… Il y avait ce ‘mais’. Quoi, ‘mais’ ?? Là aussi il acquiesça, même s’il envisageait déjà tout et n’importe quoi. Il ne lui plaisait pas ? Elle ne savait pas ? Elle… Elle avait déjà un petit ami ? Non, ça on s’en fout, en fait..
Ace décida cependant de ne pas s’en faire. Si ça se trouve ce n’était rien de bien grave, juste une mise au clair ou un truc du genre. Il n’avait surtout pas envie de gâcher ce moment, cet instant.

Enfin l’envie de parler un peu plus tard était compréhensible, d’un autre côté. Mel ricanait dans son coin tandis que la nouvelle ne comprenait toujours pas ce qui se passait. Ah si seulement elle savait le sort que le trio lui réservait… Hu hu hu ! Prétextant qu’elle voulait être au parfum, Mel ‘emprunta’ Elie sans attendre réellement de réponses ; le pyromane n’eut donc pas d’autre choix que de rester planté là, en compagnie de deux boulets en puissance. Les dévisageant tour à tour, il se demandait intérieurement ce qu’il avait fait pour les mériter.

- Boooon… Vu qu’on m’a confisqué maJE LE SAVAIS !! Je le savais !! ♪♫ Alors tu vois, je suis pas si naïf que ça, heeeeeein ? Feufolé alternait danse aérienne et clins d’œil à l’adresse de son créateur qui, dépité, arborait sa plus belle poker face. *Nan… Franchement… FRANCHEMENT !! J’ai fait quoi pour mériter ce boulet !?* Enfin moi je dis ça, mais y a pas de mal, hein ! T’es grand, et tout, alors bon voilà. Enfin quand même, je suis content pour toi, quoi ! C’est super ! Depuis le temps que tu restes enfermé chez toion a compris...ou que tu traines avec tes potes dec’est bon !ou queSTOOP !! Ace tentait à présent d’attraper son esprit de feu pour lui clouer le bec. D’une manière ou d’une autre. Il trouverait. Les efforts étant vains, il se contenta de le chasser comme on chasse un animal, à coup de ‘ouste’ et de grands gestes. Plus collant que collant, Feu revenait toujours, mais le Ken réussit à négocier un temps de parole.

- Chier, ça donne pas envie de s’investir dans l’social ! Bon, mademoiselle, t’es sympa, et tout, voilà. ‘Fin j’vais t’le dire maint’nant, comme ça on évite les ambiguïtés : j’en ai rien à cirer de ta vie, passée, présente ou future. Oké ? Ouais. Moi non plus j’ai pas été bien r’çu quand j’suis arrivé. ‘Faut t’faire une raison. Ou ‘comment tuer un début de discussion en une leçon’. Il n’avait pas envie de connaitre Naomie. Pas tant qu’elle ne se serait pas fait une place dans leur groupe. Par pur égoïsme, bien sûr ; car elle lui rappelait trop son arrivée à lui, alors s’il fallait abandonner quelqu’un sur cette île pour que cette personne y crève, autant que ça soit une inconnue qu’une amie. Logique simple, et acceptée à l’unanimité par Personnellement Ace lui-même.

Paradoxalement, maintenant qu’il avait dit ça, le blanc qui suivit semblait attendre qu’on le remplisse. De mots. *Merde, les mots. Je vous déteste.* Ce silence devenait presque gênant et… Et qu’est-ce que Mel pouvait bien raconter à Elie !? Si elle se lançait dans une campagne tue-l’amour, ça allait barder ! On a pas le droit de se mêler de la vie des gens comme ça ! C’est l’injustice de l’absent qui a toujours tort. Ou alors il s’inquiétait pour rien, mais voilà… On a pas de temps à soi sur cette île !

- Je sais pas comment t’faire sortir d’ici. J’en ai aucune idée. Mais si par malheur tu d’vais passer les épreuves des gardiens – en admettant qu’t’arrives à la cinquième – pour ton bien, choisis quelqu’un qu’tu connais pas. Ou même quelqu’un qu’tu déteste.
Il croisa les bras pour revenir s’adosser contre l’habitation vétuste, resserrant son manteau pour ne plus subir la morsure du froid.
- C’est normal qu’tu piges pas, là, maint’nant. Et si t’as pas à rencontrer ces connards c’est pas plus mal d’ailleurs. En fait, j’espère qu’tu comprendras jamais c’conseil. *Parc’que ça voudrait dire que t’aurais jamais à passer ces conneries d’épreuves. Et qu’tu f’ras pas les mêmes erreurs que nous…*

Il avait beau penser exclusivement à sa petite personne, il concevait pourtant que personne ne méritait d’endurer ça sans l’avoir mérité. C’était tout bonnement dégueulasse. Enfin… Dans quelques jours il partirait d’ici, et il découvrirait le reste de ce monde. A quoi ressemblait-il ? Qu’y avait-il à voir et quel était cet endroit magnifique dont lui avait parlé Melena ? Il avait envie de voir tout ça. N’importe quoi tant qu’il ne retournait pas ici, dans cet enfer stérile et gelé.

Alors qu’il avait arrêté de parler, détournant la tête comme pour fuir toute tentative sociale, Feufolé s’était approché discrètement de Naomie pour lui glisser à l’oreille :
- T’en fais pas : il dit ça mais il est pas si méchant qu’il en a l’air. Moi je t’aime bien, moi ! Ce serait super si tu pouvais venir avec nous, vraiment. Je suis sûr qu’ils trouveront une solution !
A croire qu’Ace avait sacrifié son peu d’optimisme sur le sujet pour en faire cadeau à Feufolé, ce dernier semblant pour l’heure incapable de pensées négatives. L’un se contrefichait plus ou moins de la survie de la Ne-Yorkaise tandis que l’autre faisait tout pour la mettre en confiance et l’accepter dans le petit groupe. Opposés complémentaires, en somme ; pour le meilleur comme pour le pire.
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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeJeu 2 Fév - 13:07

L’emprunter ? Le terme fit tiquer l’œil d’Elie. Les nouvelles allaient décidément bien vite dans les petites villes, mais si sa langue s’apprêtait à claquer pour rabrouer son amie, la remarque avortée d’Ace dans son dos la fit taire. Alors ils étaient vraiment en couple… trop habituée aux histoires de lycée passant presque à coup sûr par des entremises entres amies ou la célèbre phrase « tu veux sortir avec moi ? », l’adolescente accueillit la nouvelle avec une certaine surprise. Non pas que ça la dérange mais elle aurait quand même apprécié d’avoir une discussion sérieuse avant d’officialiser tout ça et surtout… si on partait sur le principe d’un baiser partagé conduisant à une situation de couple, elle aurait déjà dû sortir à l’heure actuelle avec Georges et Melena.

C’est cette dernière qui la tira de ses réflexions pour lui dire que sa coupe lui allait bien et qu’elle était désolée pour leur récente dispute. A vrai dire avec un peu de recul la mauvaise jumelle voyait bien qu’elle avait pris la mouche pour pas grand-chose et que le seul crime dont s’était rendue coupable son amie était d’être trop curieuse. Elle s’exposa d’ailleurs de nouveau à la potentielle colère d’Elie en soulignant le trouble qui animait ses traits.

- Merci, même si j’aurais préféré un peu plus long. Maintenant on peut voir mon marquage de bétail, c’est pas vraiment classe, s’amusa-t-elle en frappant négligemment sa nuque tatouée, Et tu n’as pas à t’excuser. Je m’énerve vite j’en suis consciente, et j’étais tellement dans le flou que j’ai eu l’impression que tu me forçais la main.

Ses orbes bleus dérivèrent jusqu’à la silhouette d’Ace qui avait engagé la conversation avec Naomie. Même s’il paraissait toujours peu agréable, le fait de le voir discuter avec cette fille titillait sa jalousie. En plus elle était plutôt jolie, cette sale petite… Un raclement de gorge de l’irlandaise la rappela à sa propre conversation et elle refit face à son interlocutrice sans réussir à masquer l’agacement qui la gagnait.

- Je sais pas quoi te dire… je devrais être heureuse tu vois, mais il sait rien de moi. Je me vois pas le lui cacher, pour ma maladie et tout, le fait que je vais finir par disparaitre et…

Sa voix se brisa et elle dû inspirer profondément pour ne pas laisser éclater sa rage et sa frustration en cassant les tibias d’une gosse qui passait un peu trop près.

- Je vais devoir lui en parler. Mais soit il va fuir soit… franchement personne mérite ça non ? Je me vois pas lui imposer d’avoir une copine à temps partiel, et seulement en CDD. Il serait plus tranquille avec un caniche comme cette fille, là, cracha-t-elle en désignant vaguement la silhouette de l’érémitophobe, Au moins elle existerait vraiment.

Au final elle n’avait fait que reculer pour mieux sauter, son pied s’encastrant avec violence dans une poubelle métallique qui fut projetée jusqu’au milieu de la route pour y déverser un flot d’ordures malodorantes. Peu importait le regard des passants, les murmures des mères conseillant à leur enfants de se tenir éloignés de cette folle furieuse qu’elle était à leurs yeux, Elie ne voyait plus que l’injustice dont elle était victime, et Ace indirectement.

Tout le monde voulait la voir disparaitre à commencer par les habitants de cette île, et ses propres parents qui avaient envoyé Jade chez Parkinson pour « régler son problème ». Mais pourquoi en était-elle un d’ailleurs ? Elle qui n’avait fait que protéger son double de tout son cœur pour éviter que le même genre d’incident que ce jour-là ne se reproduise ? Même Jade la laissait mourir sans regret.

- Comment tu veux que je lui dise ça ? souffla-t-elle, les poings serrés.

Ses douleurs à l’estomac choisirent ce moment pour se réveiller, la poussant à se plier en deux. Elle se rattrapa à l’épaule fragile de Melena et se redressa péniblement, le front couvert de sueurs froides.

- Nan, laisse tomber. Je me débrouillerais bien.

Dans une ultime tentative pour retrouver sa contenance elle se redressa une main toujours plaquée sur l'estomac et entraina la nécrophobe vers l'autre moitié de leur quatuor. En parler ne faisait que lui faire du mal, alors autant se taire et revenir sur des sujets plus pressants comme les modalités de sortie de ce missile à tête chercheuse qui les suivait partout.


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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeSam 4 Fév - 21:11

Son tatouage de bétail ? C’était vrai qu’elle n’avait jamais vu cette marque, sans doute infligée pendant la période où ils avaient été traités comme des bêtes. Ces souvenirs étaient à la fois flous et cuisants, comme la bande défilante d’un vieux film qui n’était pourtant que sa propre vie, ou son propre cauchemar à Dreamland. Néanmoins, avec le recul et les derniers évènements de Freedoom, son combat dans l’arène lui paraissait ridicule, une épreuve de pacotille. Si elle retournait se battre contre les Loups de la Croix Blanches en compagnie d’Ace et Elie, il n’y aurait aucun doute sur l’issue finale ; que valaient cinq bandits comparés à un golem de chair ?

Ce n’était cependant pas le moment de songer à sa monstruosité croissante, et son amie la ramena sur terre en lui confiant ce qui la rongeait. C’était exactement ce dont Melena lui avait parlé chez le marabout, et ce à quoi elle avait répondu que de toute façon, il fallait sauver Jade. C’était vrai, elles ne pouvaient pas laisser tomber la bonne jumelle, perdue quelque part dans le monde des rêves sans ses protectrices attitrées, mais la problématique de la condition de sa copie conforme restait entière : elle disparaitrait, n’existerait plus qu’en tant que personnalité secondaire d’une autre entité.

Le cœur de l’irlandaise se serra lorsqu’il fut évoqué que Naomie ferait une bien meilleure petite amie pour le pyromane. Que répondre ? Elle-même ne se faisait pas à l’idée de perdre celle qui avait été sa rivale, son ennemie, alors comment trouver le bon coté de la chose ? Il n’y en avait juste pas. La part lupine de Jade était condamnée à n’être qu’une bête sauvage qu’on voulait faire disparaitre, la fondre dans son tout originel, et la nécrophobe s’en voulait de l’avoir aussi souhaité à un moment. Désormais, elle ne voulait se séparer ni de Elie, ni de sa bonne réplique, mais les équations de leurs problèmes n’admettaient pas cette solution.

Ses yeux gris se perdirent dans la contemplation passive des ordures déversées dans la rue. Sa gorge était sèche, ses lèvres refusaient de lui fournir une réponse et heureusement, la mauvaise jumelle l’entraina vers le trio qui discutait sans attendre qu’elle ne parle. Il était peut-être mieux qu’elle ne dise rien sans doute ? Mais avant de la lâcher, Melena pressa amicalement la main douce de son amie, pour tenter de lui faire comprendre qu’elle ne l’abandonnerait pas. Que voulait-elle faire d’autre ? Si elle avait su comment tout arranger, elle l’aurait fait, très certainement.

Alors qu’Elie prenait la parole pour expliquer les conditions de la traversée de Naomie, l’irlandaise ne pouvait s’empêcher de regarder la psychotique. Cette dernière dégageait une aura tellement forte, tellement propre à celle de quelqu’un né pour enfoncer des portes à coups de pieds, mais elle dissimulait en réalité une véritable faiblesse émotionnelle, un immense trou socio-affectif qui la rongeait, même si elle ne le montrait pas. Un sourire triste étira légèrement les lèvres pâles de la nécrophobe qui trouva finalement un grand intérêt à la boite de ses bottes. L’impuissance, c’était horrible.

Prêtant une oreille à l’explication de ses amis, elle comprit que ceux-ci voulaient utiliser la pauvre nouvelle comme esclave pendant une semaine, en échange de sa place sur le bateau. La sensibilité anesthésiée de Melena ne broncha pas ; à peine soupira-t-elle en se souvenant des confidences qui lui avaient été faites par la concernée. Elle, Elie et Ace avaient subi les épreuves pour sortir non ? L’horreur illimitée et la vente de leur âme pour une place à bord d’un cargo sinistre. A côté, l’offre qu’ils faisaient à l’érémitophobe était incroyablement honnête, voire même trop : c’était comme avoir été ruiné pour les autres au final. Face à l’adolescente qui n’avait pas l’air particulièrement convaincue, l’irlandaise confirma d’une voix laconique :

- Nous, on a risqué nos vies et commis… des choses atroces pour avoir le droit de partir d’ici… c’est vraiment un cadeau qu’on te fait là, faut que tu le comprennes…

Rompant totalement le caractère sérieux de la scène, un pigeon énorme apparu de nulle par dans un roucoulement joyeux et lâcha juste aux pieds de la nécrophobe une lettre et un étrange présent avant de reprendre de l’altitude pour disparaitre dans les nuages blancs. Intriguée, elle se baissa et découvrit un masque en plastique avec une grande lanière noire élastique à l’effigie d’une tête de pigeon à l’expression plutôt stupide, si tant est que ces oiseaux puissent avoir l’air intelligent. La lettre associée se résumait à un petit mot :

La SPFDU vous remercie d’avoir été à combattre les actes d’un terroriste dans la forêt incarnation. Nous vous offrons ce petit souvenir en médaille de votre courageuse participation.

S’en suivait une notice d’explication de l’objet qui s’avérait être un masque magique permettant de communiquer avec les pigeons.

- Su-per…, lâcha simplement Melena.
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeSam 4 Fév - 22:05

Bon, c’était bien confirmé : se livrer ne servait à rien. La seule réponse qu’elle eut fut une légère pression sur sa main qui ne fit qu’augmenter sa frustration. Pas de réponse concrète parce qu’on ne pouvait rien faire pour l’aider voilà tout. Elle se trouvait dans une saleté de cul de sac et aucune solution acceptable sous la main. C’était si… si… rageant ! Elie avait un besoin imminent de relâcher la pression sur autre chose qu’une benne à ordures. N’importe quoi. Tiens, cette fille par exemple, cette « Naomie » aussi collant qu’un vieux chewing-gum sous une semelle.

La mauvaise jumelle se planta devant elle, un sourire crispé sur les lèvres. Malgré l’envie d’envoyer chier la terre en terre qui lui prenait aux tripes à chaque fois qu’elle entrevoyait Ace dans son champs de vision, elle réussit à se contrôler, conservant un ton au calme relatif alors qu’elle croisait les bras pour déballer le plan qu’elle avait en tête.

- Bon, comme tu as pu le comprendre on est loin d’être des bons samaritains. Mais si tu acceptais de nous servir d’esclaves pendant une bonne semaine je consentirais à tenter de te sortir en douce par le prochain bateau.

Devant la tête que tira Naomie un rire moqueur s’échappa des jolies lèvres de la psychotique. Ses yeux s’étrécirent, jaugeant la fille qui lui faisait face avant de reprendre :

- Ça te parait peut-être exagéré, mais je suis pas chienne. Pour que tu te rendes bien compte de la situation dans laquelle tu te trouves et du caractère avantageux de ce marché, on va te laisser la nuit pour y réfléchir. On se retrouvera ici même demain vers… 10 heures du mat’ ? Si tu as survécu bien sûr. Je suis persuadée qu’une nuit à fuir une bande de zombies te montrera que c’est le seul choix viable qui se présente à toi.

Puis ce fut le tour de Melena d’argumenter sur le fait que le prix était plus qu’abordable en comparaison de ce qu’ils avaient vécu eux-mêmes pour pouvoir quitter cette île de malheur. Ce n’était que trop vrai. La seule chose qui empêchait Elie d’en demander plus était la certitude de ne pas supporter le regard niais de Naomie plus de quelques jours avant de faire une overdose. Et puis… l’idée d’avoir une autre fille obéissant au doigt et à l’œil à Ace attisait le feu de la jalousie au creux de son estomac.

Alors qu’un pigeon venait apporter un drôle de cadeau à la nécrophobe, un autre passa à son intention pour lui déposer une… sorte de pistolet futuriste assez moche. La notice révéla qu’il s’agissait en réalité d’un lanceur de fiente ce qui laissa Elie circonspecte. Un… enfianteur… ? Et c’était censé servir à quoi cette connerie ? Elle le calla tout de même dans la poche de son manteau, juste au cas où.

L’église la plus proche sonna alors 16h, tintement lent et lugubre dans l’air glacial. Même s’il était encore tôt, il commençait à faire sombre dans la rue étroite et envahie par les nappes de brouillard. Un écran de neige fondu commençait à tomber doucement, puis plus fort, glaçant nos compagnons jusqu’aux os malgré leurs nouveaux manteaux. Prenant ça comme un signal de départ, Elie resserra autour de son corps frigorifié l’étoffe écarlate qui l’enveloppait puis attrapa la main du pyromane.

- On doit rentrer, on se voit demain… enfin si tu as de la chance !

Ce défi lancé elle s’éloigna, étrangement réchauffée par le contact des doigts pourtant gelés de son –petit- ami. Retourner à la tour ne la réjouissait pas, mais c’était pourtant réconfortant de savoir que là-bas sa chambre l’attendait, un endroit où elle pourrait enfin aborder ce qui la torturait même si les conséquences risquaient d’être néfastes. La psychotique était bien déterminée à profiter de ce contact, même si ce n’était que pour le temps du retour, savourer cette sensation que pour l’instant elle était aimée.

Il était presque 16h30 quand ils poussèrent la porte du repaire des gardiens de l’île, comme toujours empuantis par l’odeur de pourriture qui y régnait en seigneur et maitre. Les zombies leur jetèrent un regard morne avant de retourner à leurs occupations… comme se ronger les doigts jusqu’à l’os où retrouver leurs tibias égarés.

- Home sweet home, ironisa Elie en chassant la neige de ses vêtements.


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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 0:10

Les messes basses terminées, Elie et Melena revinrent auprès des deux autres voyageurs, une lueur malsaine dans le regard. La mauvaise jumelle avait-elle dévoilé son idée de faire esclave la jeune arrivante en échange d’un passage en douce ? C’était probable, après tout l’idée était excellente. En tant qu’adeptes de la tour, la philosophie de la paresse commençait à être intégrée mais si avoir un esclave à sa botte se révélerait sympa, il faudrait réfléchir à un moyen de berner Kay et Chayan. Pour le coup, c’était serré.

Elie n’y allait pas par quatre chemins mais au moins le message était passé. De son côté, Ace esquissait un sourire sadique rien qu’à voir la tête de Naomie ; l’idée d’être l’esclave des adeptes ne lui plaisait pas du tout, oh ça non ! Mais comme on lui fit remarquer, elle n’avait pas vraiment le choix si elle voulait quitter cette île. Pourquoi ne subirait-elle pas quelques épreuves, après tout..? Le pyromane appuyait le ‘défi’ que lançait Elie à l’érémitophobe. Passer UNE petite nuit dehors ne lui ferait pas de mal, ou alors si elle y reste, c’est qu’elle ne valait pas la peine qu’on se fatigue pour elle. Simple, efficace et rapide. Et même pas besoin de rester auprès d’elle pour voir si elle se débrouillait : seul le résultat compterait.

C’était ingénieusement sadique, mais n’était-ce pas l’esprit du coin ? D’ailleurs il se demandait ce qu’il allait faire faire à Naomie une fois que cette dernière serait à sa botte. Il avait déjà tout un tas d’idée, des tas de projets que son égo démesuré ainsi que son goût pour le pouvoir lui pondaient à la chaîne. Des idées industrielles : pas toutes bonnes, parfois un peu nazes, mais toujours bonnes à prendre. C’est pas tous les jours qu’on est chef !

Deux pigeons le tirèrent de sa rêverie, moins par leur présence que par ce qu’ils larguaient au pieds des deux filles. Bombardés par des volatiles, maintenant..? Et quoi d’autre ?
Les colis renfermaient chacun un objet et Elie sembla la plus chanceuse en découvrant un pistolet au design douteux. Melena écopa d’un… masque de pigeon tout à fait charmant… Dans un style un peu spécial. A quoi ça pouvait bien servir, ce truc immonde ?

Evidemment, Feufolé ne put s’empêcher de ramener sa pomme, donner son avis – inutile, ceci dit en passant – comme il en avait tant l’habitude…
- Hm ! Ça me rappelle un film dont j’ai oublié le titre.. Mais tu sais, Naomie, ils n’ont pas tort. Et puis d’ailleurs tu verras tout ça dans hmmm deux heures. Je te conseille de te trouver une bonne planque solide et tout ; enfin j’dis ça, j’dis rien, hein. ‘Toi qui vois, tu fais comme tu veux. Maaaais bon moi j’aimerais bien que tu survives. Et puis si tu meurs, ben… Tant pis. C’est la vie, j’ai envie de dire. Donc voilà si tu meures, j’ai été ravi de te rencontrer et euh.. Hey ! Attendez-moi !
Son babil ininterrompu avait tant distrait l’esprit violet qu’il n’avait pas remarqué que les trois adeptes étaient déjà partis. Heureusement, il ne mit pas longtemps à parcourir la dizaine de mètres qui le séparait du trio. Et là encore, il continua de déblatérer des choses sans importances, apportant un bruit de fond négligeable. A qui parlait-il, au juste ?

Le pyromane avait déjà arrêté de prêter attention au décor environnant, distrait par le contact de la main de la mauvaise jumelle avec la sienne. Il se tenait à côté d’elle, se laissant presque aller sur un petit nuage, bien inconscient de toutes les pensées qui torturaient Elie.
Il lui sembla bien que quelque chose la préoccupait alors qu’ils arrivaient au pied de la tour. Etait-ce cette chose qu’elle voulait lui dire ? Il se posait un nombre incroyable de questions et avait du mal à se dire que tout viendrait en temps voulu.

- Et donc c’est comme ça que j’ai vu le papier cadeau – tu sais, celui de l’autre coup, là – et je me suis tout de suite dit « c’est le top ! ».
- Ouais, super histoire, mec… *mis à part que j’ai rien écouté jusqu’à présent…* Pfou ! J’pensais pas dire ça mais ça fait du bien d’rentrer. ‘Fait froid, mine de rien sur c’t’île…
Il ne le disait pas mais il était surtout content de ne pas avoir à faire monter Naomie en douce dans la tour… Passer les épreuves des gardiens aurait été impossible pour elle de toute façon. Rien que la première : elle était seule, donc ça équivaudrait à un suicide. Et c’est plus facile de tuer que de se suicider, à priori.

Une nouvelle fois les relents putrides vinrent chatouiller agréablement les narines du Ken qui se retroussèrent par réflexe. Il passa le rez-de-chaussée en vitesse pour aller appeler l’ascenseur. Ce dernier ne se fit pas attendre ; en fait personne ne semblait l’avoir utilisé dans la journée à part eux. A nouveau le grillage ouvragé se refermé derrière eux et le ding manqua de faire sursauter Ace qui se réjouissait de sa proximité avec Elie. Feufolé aussi, se réjouissait. Il semblait heureux que son créateur ait apprécié son histoire et il ne lui en fallait pas plus pour qu’il arbore son sourire de chat que la lueur de ses yeux rendait presque sournois.

En sortant de l’ascenseur, une idée de sortie pour le lendemain vint à l’esprit du pyromane :
- Tiens en parlant d’bateau, y d’vait pas arriver aujourd’hui ? Ça vous dirait qu’après avoir récupéré la miss, demain, on aille faire un tour sur les quais ; histoire de voir c’qu’il en est. Hm ?
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Melena Autumn

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 1:37

Une cloche lugubre sonna quatre coups qui résonnèrent dans l’air glacial. De la neige fondue se mettait à tomber, la frigorifiant malgré son manteau épais, son bonnet et son écharpe. Elie attrapa la main d’Ace, sans aucun complexe, comme une petite amie récupérait son conjoint, et fit demi-tour pour prendre la direction de leur lieu de résidence. Melena regarda Naomie un certain temps, comme si pour la première fois depuis la fin des épreuves, son cœur avait un sursaut de vie. Cette fille qui n’avait rien fait à personne, qui avait même tenté de se suicider par désespoir, elle la laissait seule en proie aux zombies. Était-elle réellement de la même nature que les gardiens ? Qu’un monstre insensible et sadique ? Pourtant, elle venait de le dire : c’était peu cher payé comparé à ce que elle avait enduré.

- Bonne chance, souffla-t-elle en faisant volte face.

Pendant toute la route retour qui fut celle des voyageurs vers la tour de Freedoom, on pouvait reconnaitre les habitués qui savaient – ou supposaient – leurs maisons assez solides pour résister à l’assaut qui se ferait dans les deux heures, et ceux qui s’agitaient déjà pour trouver quelques renforts supplémentaires. L’anneau de tombes qui cerclait leur récente demeure paraissait plus sinistre encore sous l’intempérie et Melena aurait pu être contente de pouvoir s’abriter si les zombies du RDC n’avait pas été là pour l’accueillir avec leur apathie habituelle. Encore une fois, l’odeur de la mort était beaucoup plus forte ici, comme si elle ressentait instinctivement la présence des cadavres inanimés sous l’humus. Elle s’empressa donc de se réfugier dans l’ascenseur qui les conduisit au douzième, dans leurs quartiers privés.

- Si tu veux, souffla simplement l’irlandaise en retirant son bonnet humide. Ses cheveux noirs cascadèrent sur ses épaules couvertes de neige, ballet sombre autour de son visage ivoirin. J’vais me reposer un peu… on se retrouve plus tard ?

Même s’il faisait plus chaud ici qu’à l’extérieur, ce n’était pas encore du confort optimum, mais il fallait reconnaitre que c’était mieux que pour les pauvres pleupleus qui devraient passer la nuit dans une cabane ridicule. Et Naomie, comment allait-elle s’en sortir ? La nécrophobe tenta de se persuader qu’elle s’en fichait en se rendant dans sa chambre, réalisant que quelqu’un avait eu la gentillesse de couvrir le trou béant d’une planche de bois, mais en vérité, une part de son esprit restait focalisé dessus. Ses arguments étaient pourtant sans faille, et sa compassion humaine avait du mal à se frayer un chemin parmi les décombres de ses émotions, mais subsistait l’interrogation : en quoi suis-je différente des gardiens ?

Elle ne voulait pas être un monstre. Ce n’est pas ce qu’aurait voulu Anney après s’être sacrifiée pour elle ; mais en réalité, il y avait déjà longtemps qu’elle avait fait des choses que sa mère n’aurait pas approuvées. Un profond soupir pour chasser toutes ces considérations parasites, et elle retira son manteau d’un mouvement vif pour se rendre auprès de la machine à laver ; elle s’était trop battue pour être libre, elle ne devait de compte à personne. Voilà tout. Sa combinaison était propre, elle n’avait plus qu’à l’étendre dans la buanderie, et elle pourrait la remettre le lendemain : fini la jupe et les vêtements miquitzliens totalement inappropriés au contexte.

Un détour par la cuisine lui permis d’ouvrir le frigo pour se rendre compte qu’il était plein de denrées comestibles et à première vue en meilleur état que ce qui se trouvait en ville. Les adeptes étaient vraiment logés comme des princes, ou quelque chose d’approchant. Néanmoins, Melena réalisa qu’elle n’avait pas vraiment faim et donc fit ce qu’elle avait prévu de faire : se reposer. Elle ne l’avait pas vraiment fait depuis leur retour des épreuves et le contre coup des efforts qu’ils avaient fournis commençaient à peser sur ses épaules fragiles. Si le réveil lui avait permis de ressourcer ses forces physiques, son mental avait besoin de se débrancher pour ne pas imploser de façon inattendue.

Une fois dans sa tanière impersonnelle, la nécrophobe retira ses bottes pour se glisser sous sa couette pour la première fois. Elle n’était pas spécialement parfumée, mais ne sentait pas mauvais. On ne pouvait au moins pas reprocher ça aux gardiens : l’entretien de leurs larbins était correct. Dans le silence ambiant qui l’enveloppait, la solitude la rattrapa comme un vieux démon oublié. Avec toutes ses mésaventures Dreamland, elle avait toujours eut quelqu’un pour dormir à ses cotés, depuis un ensemble de voyageur sur le SM à Jade ou Elie les derniers temps. Ça faisait vraiment bizarre, comme un retour à 0. Ace et son amie devaient certainement profiter d’être seule pour commencer à jouir de leur nouveau statut, et ils avaient raison.

Elle ne l’entendait pas et l’avait pas de fenêtre, mais imaginait la neige froide qui s’écrasait contre la tour, une morosité envahissant qui se rependait comme une maladie dans les rues miséreuses, ou jusqu’au plus profond de son cœur. Ses pensées pour Jade revinrent à la surface, amoureuses et résignées, inquiètes surtout, malgré les questions qui planaient toujours depuis la première épreuve. Lentement, le sommeil la tirait à lui, aussi glacial que Freedoom.
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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 1:50

Gagner l’ascenseur fut un soulagement pour Elie. Avec l’intervention de Naomie, l’adolescente avait eu l’impression que l’équilibre parfait de leur trio s’en était trouvé perturbé. Comme un grain de sable dans l’engrenage, la jeune femme lui laissait à penser qu’elle serait l’instrument de la ruine de leur amitié. L’air pensif et tourmenté de Melena ne faisait que confirmer ses craintes : même si elle avait appuyé leur idée on voyait bien qu’abandonner la phobique pour la nuit la torturait intérieurement.

A la sortie de l’ascenseur, la proposition d’Ace ne reçut qu’un accueil mitigé de la part de l’irlandaise qui s’éclipsa aussitôt. Elie pour sa part hocha la tête énergiquement. Ça faisait partie de leurs plans de se barrer le plus vite possible de ce caillou gelé paumé au milieu de l’océan, et plus vite ce serait fait mieux elle se porterait.

- Ca me va aussi. Avec un peu de chance on pourra partir dans la journée !

Puis le silence s’imposa, légèrement gêné. Sans Melena pour faire d’eux un « groupe d’amis », il n’était plus qu’un « jeune couple », situation à laquelle la psychotique était tout sauf habituée. Mais surtout… le moment de la discussion approchait et n’était pas pour la mettre à l’aise. La main toujours dans celle d’Ace, elle l’entraina jusque sa chambre avant de changer d’avis sans même chercher à expliquer ce qu’elle cherchait au juste. Elle lui avait dit plus tôt non ? Et vu son air grave c’était évident qu’elle ne cherchait pas à l’entrainer sous une couette pour une partie de jambes en l’air.

Une fois arrivés, Elie laissa le pyromane passer devant et referma la porte de sa chambre derrière elle. Ace s’était installé sur l’un des fauteuils qui occupaient le coin à sa droite, et au lieu de le rejoindre elle resta plantée à l’entrée, se mordillant la lèvre. Par où commencer ? Sa main se porta machinalement à ses cheveux pour y glisser ses doigts mais ne rencontra que du vide avant de retomber inerte le long de son corps. Cheveux plus courts, c’était vrai… elle soupira.

- Ace… tu te souviens que j’avais dit souffrir d’un dédoublement de personnalité, et que j’avais un autre moi qui se baladait quelque part ? Même que c’était elle qui m’avait ordonné de vous tuer ?

Le pyromane acquiesça, quoi que peu convaincu. Il fallait admettre qu’il avait eu autre chose à faire à l’époque que de prêter grande attention à ce qu’elle racontait, surtout que leur relation était loin d’être au beau fixe à ce moment-là. C’était même peu dire : ils venaient tout bonnement de s’entretuer.

- Et bien dans le monde réel, sans ce bug lié à notre altération on partage le même corps. Enfin c’est évident mais c’est pas la question, le fait est que c’est elle qui est au commande, moi je suis juste un bonus utile. En fait je sors que pour la défendre quand elle est en danger, la psychotique marqua une pause puis reprit avec amertume, Et si je suis arrivée là la première fois c’est parce qu’on suit une thérapie pour me faire disparaitre.

Elle s’adossa à la porte et bascula sa tête en arrière. Regarder le plafond d’un gris mortellement ennuyeux était bien plus facile que d’affronter le regard d’Ace. Et s’il la jugeait ? Et s’il prenait peur ? Son cœur se serra au point de l’en faire suffoquer et elle se mordit de nouveau la lèvre, plus violemment. Un fin filet de sang coula jusque son menton avant d’être essuyé négligemment. Impossible de s’arrêter maintenant qu’elle était lancée, l’hésitation ne serait pas tolérée.

- D’ailleurs, notre objectif une fois sortis de là, c’est de retrouver nos ombres pour nous soigner, c’est-à-dire me faire perdre mon corps du monde réel. Je voulais que tu le saches, et que tu comprennes aussi qu’un jour je… je risque de disparaitre.

Ses mains tremblaient désormais, animées par la colère et le désespoir. C’était injuste ! Tellement injuste ! Pourquoi est-ce qu’on tentait de la supprimer alors qu’elle n’avait jamais fait qu’aider ? Pourquoi celle qui gênait n’était pas l’autre, celle paralysée par la peur et incapable d’agir pour son propre bien ? Comme une bête de somme elle s’était tuée à la tâche et maintenant on l’emmenait à l’abattoir le sourire aux lèvres. Monde à la con.

Réunissant son courage, elle consentit à abaisser les yeux vers Ace qui la fixait les yeux ronds comme si son cerveau avait du mal à visualiser la finalité du raisonnement. Dans l’esprit d’Elie les mots s’entortillaient, se rebellaient et refusaient de sortir, et pourtant, elle n’était pas allée jusque-là pour rien.

- Si ça te gêne, si tu sais que tu pourras pas supporter un truc aussi tordu je comprendrais t’inquiètes pas. Mais dis le moi tout de suite avant que…

« Je ne puisse plus m’empêcher de t’aimer » refusèrent de franchir ses lèvres, mais l’essentiel était dit.


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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 13:45

Oui, bon, soit elles étaient fatiguées, soit elles se fichaient bien d’aller voir la tronche du bateau. Ace proposait ça pour qu’ils puissent voir comment faire monter quelqu’un en douce, les choses à faire et à ne pas faire mais si personne n’en avait rien à foutre, ben tant pis. Naomie aura qu’à faire du ski nautique, tiens…

Melena préféra se retirer pour aller se reposer, laissant seuls Elie et Ace. Un silence gêné s’ensuivit car le pyromane savait bien que si la mauvaise jumelle choisirait un moment pour lui dire ce qui la tourmentait, ça serait celui-ci. Et ça ne manqua pas : elle l’entraina jusque dans sa chambre où il s’installa sur un fauteuil. Resté fiché comme un piquet dans ce genre de situation c’était pas son truc. Il réfléchissait déjà à ce que pouvait bien vouloir lui dire la mauvaise jumelle. Elle allait lui dire que finalement elle ne l’aimait pas ? Qu’elle s’était trompée mais qu’ils pourraient quand même rester amis ? Ohh !! So cruel !!

Il observa Elie alors qu’elle cherchait ses mots, ne faisant ainsi qu’augmenter encore la pression, l’appréhension de se voir révéler quelque chose de terrible. Et puis elle sembla enfin trouver la force de parler. Une rapide recherche dans ses souvenirs et il se souvenait effectivement d’un dédoublement de personnalité, ou quelque chose du genre. Il acquiesça lentement, se demandant ce qu’il pouvait bien y avoir de grave là-dedans. Ils s’étaient entre tués, certes, mais ils étaient vivants maintenant. Aucune raison de s’en faire pour… Il allait dire ‘si peu’, mais en soi c’était déjà assez gros, mine de rien.

Dans la suite du discours d’Elie, le Ken tiqua sur quelques mots mais ce n’est vraiment qu’à l’évocation de la thérapie qu’il saisit toute la portée de ce que venait de lui dire la mauvaise jumelle. Son cœur venait de rater un battement alors que son cerveau se vidait littéralement, lui donnant une sensation affreuse de vertige. Il n’avait aucun mot, aucun geste, aucune pensée qui puisse décrire ce choc et même le roi de l’éloquence ne pipait mot, pour une fois. Se contentant d’un simple « hmm.. », Feufolé se déplaçait lentement de gauche à droite comme s’il ne savait plus sur quel pied danser.

Sans laisser le temps à Ace de récupérer ses esprits, Elie embrayait déjà sur ce qu’elle appelait l’objectif de leur voyage. Ça se résumait presque à…
Il ne savait pas quel sentiment était le plus fort en cet instant. La tristesse ? La colère ? la frustration ? Ou bien un mélange sordide des trois ? Ce qu’elle venait de lui avouer c’était qu’elle n’était selon elle qu’un vulgaire pouvoir comme pouvait l’être Feu’ pour lui. Un simple « bug »… Un… « bonus ». C’était injuste et ça l’énervait.

Mais même s’il ne savait pas comment le dire dans l’instant, il était déjà certain que jamais il ne ferait machine arrière. Il resta bien une minute à sélectionner les mots qu’il voulait placer mais c’était une sorte de paradoxe entre ‘trop’ et ‘aucun’. Et puis une nouvelle fois la conclusion s’imposa comme « aux chiottes mon cerveau incapable » alors que celle qui possédait son cœur lui proposait de faire machine arrière. Autant s’arracher le palpitant !

- Non ! répondit-il du tac au tac même s’il ne savait toujours pas ce qu’il voulait dire pour enchaîner. Je… J’m’attendais pas à c’que tu me dise que tu sois… Mais merde, t’existe, t’es là et tout alors pourquoi..? *pourquoi tu dis que t’es pas réelle alors que moi je t’aime réellement…*
Il se leva d’un bond. Ras le cul d’être assis. C’est chiant.
- Bon, merde. J’ai jamais été doué pour les longs discours touchants, t’façon.
Pour moi tu seras jamais un rêve ou quoi. Je t’aime, et ça c’est réel ! T’as le droit de vivre ; dis pas que t’es qu’un bug, c’est pas vrai !


Ace sentait la frustration s’emparer de lui. Il serra les poings alors qu’il détournait le regard. Son corps était comme ravagé par les flammes et même s’il arrivait à digérer ça, il y aurait toujours des cicatrices. C’était peut-être la pire des flammes, celle qu’on s’inflige à soi-même.
Mais le feu n’est dangereux que quand on ne le contrôle pas. Ravalant colère et frustration, le pyromane se concentra sur ce que son cœur lui disait. Car il était le seul en droit de parler et qu’à l’inverse de ce qu’il avait cru avant de venir dans ce monde, il était capable de bons sentiments lui aussi.

S’approchant d’Elie, il prit ses mains dans les siennes en la fixant dans les yeux. - Peut-être qu’un jour tu… disparaitras vraiment… Mais en attendant j’veux passer le plus de temps possible avec toi. On sait pas quand ça arrivera, t’as pas à t’refuser de vivre à cause de ça ! Il vint plaquer les mains de la mauvaise jumelle contre son cœur puis reprit : je t’aime. Pour de vrai. Ecoutes ton cœur et dis-moi si toi aussi tu m’aimes ; c’est la seule chose qui compte.
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 14:24

Le refus brutal l’avait fait sursauter, envoyant son dos heurter douloureusement la porte et sa poignée saillante qui s’enfonça dans le creux de ses reins. Elie lâcha un grognement étouffé alors que son cœur s’emballait et que son cerveau lâchait prise. Les paroles d’ace se répercutaient sur les parois de son crâne à l’infini, dénuées de sens jusqu’à ce que ses neurones lui traduisent laborieusement le tout. Il l’aimait. Peu importe qu’elle existe ou non, et que de toute façon pour lui, elle était réelle. Son cœur battait si fort à présent qu’elle avait l’impression qu’il allait jaillir de sa poitrine d’un moment à l’autre, fusée miniature, pour l’aller s’écraser sur le mur d’en face.

Voir fondre vers elle le pyromane avant qu’il ne se saisisse de ses mains ne l’aida en rien à remettre en marche la machine détraqué qu’était son système émotionnel. Il était proche, trop proche. Aucune issue à l’horizon. On attendait d’elle qu’elle ouvre la bouche mais les mots restaient coincés dans sa gorge et la faisaient suffoquer. Et pourquoi réagissait-elle si violemment ? Peut-être parce qu’elle ne se serait jamais attendu à ça, tout simplement. Quelqu’un qui l’aime et qui l’accepte, mais seulement en amie et ce malgré son existence précaire… ça ressemblait juste à un rêve. Un rêve doux et agréable mais qui vous laissait un arrière-goût amer au réveil quand on réalisait que rien n’était vraiment réel.

Sauf que ça l’était non ? A vrai dire elle n’était plus sure de rien mis à part une chose : elle aimait ce mec. Qu’il soit un fils à papa doublé d’un connard égocentrique ne changeait rien au fait qu’il était aussi franc, protecteur et adorable quand il le voulait. Elle l’aimait tout entier, pour ses défauts comme pour ses qualités, si bien qu’elle finit par réussir à articuler à mi-voix :

- Je t’aime.

Le dire enfin avait l’effet magique de donner corps à ces sentiments, comme si le prononcer enfin rendait tout plus concret, plus facile aussi.

- Je t’aime ! répéta-t-elle plus fort.

C’était le meilleur remède qu’elle aurait pu trouver contre son trouble. Dans les mains d’Ace les siennes arrêtèrent de trembler, et son regard accrocha le sien avant qu’elle ne l’embrasse avec autant d’assurance que la première fois où elle n’avait rien eu à craindre, peut-être même plus encore. Le brouillard d’appréhension se dissipa pour laisser placer à une sérénité telle qu’en n’en avait jamais connu. Ses bras s’enroulèrent autour du cou du pyromane pour prolonger cette délicieuse sensation de chaleur, de réalité.

Sans même s’en rendre compte, elle repoussa Ace jusqu’à ce qu’il bute contre le lit et qu’ils tombent tous deux à la renverse, mais il en aurait fallu plus pour arrêter la psychotique. C’était totalement dingue mais… elle voulait vraiment lui prouver qu’elle ne mentait pas, et que ce qu’il venait de lui dire comptait plus pour elle que toutes les déclarations du monde. Elle voulait sceller leur engagement, même si ça semblait précipité ou stupide, à vrai dire elle n’avait jamais été vraiment douée pour réfléchir. La mauvaise jumelle était une femme d’action et le prouvait bien une fois encore.

La présence de Feufolé ou le souvenir de sa première expérience avec Melena, toutes ces considérations étaient loin, très loin de son esprit alors qu’elle déposait en baiser dans le creux du cou de celui qu’elle cataloguait mentalement comme « son homme ». Sauvagement possessive elle comptait bien ne jamais le laisser s’échapper. Jamais.

Le battement du cœur de son partenaire contre sa peau était la seule chose dont elle avait besoin. Les mots étaient devenus obsolètes. Elle se fichait bien de disparaitre un jour s’il pouvait la faire ce sentir aussi vivante tous les jours de cette vie écourtée qu’il lui restait à vivre. Fébrile sa main défaisait déjà les boutons de son manteau écarlate alors que la passion finissait d’emporter sa raison. Qu’on la catalogue de fille facile, ou d’inconsidérée… tout ça n’avait pas d’importance. Elle l’aimait et elle était libre voilà tout !

- Ne reviens jamais sur ce que tu as dit d’accord ? lui souffla-t-elle à l’oreille alors que la bretelle de sa robe glissait à son tour.

Plus aucun retour en arrière n’était permis. La trahison serait impardonnable. Elie était de ses femmes qui brûlait, ardente, jusqu’à la combustion totale de leur raison…

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 16:02

C’était tout ce qu’il y avait à dire : « je t’aime ». Ils avaient survécu à toutes les épreuves, et dans survivre il y a vivre ; profiter de l’instant présent. Ces quelques mots prononcés par Elie restaient gravés dans l’esprit du pyromane alors qu’elle l’embrassait ; il ne s’était jamais senti autant léger que maintenant, dans cette bulle qui les englobait tous deux et autour de laquelle plus rien n’existait.

Le jeune couple s’étreignait avec passion ; aucun ne voulait voir l’autre s’éloigner ne serait-ce qu’un instant, et ils tombèrent ensemble sur le lit sans vraiment avoir remarqué avoir bougé à un moment donné.
- Oh.. Hu hu ! j’vais vous laisser, les enfants, hein ? lâcha l’esprit de feu avant de passer à travers le mur pour se retrouver dans le couloir. Il ricanait bêtement alors qu’il se donnait pour tâche de monter la garde ; ça serait idiot d’être interrompus par un importun ! Il avait eu le nez creux lors de la seconde épreuve ; il connaissait bien Ace, après tout et se félicitait de lui avoir fait ouvrir les yeux, au moins indirectement, se couronnant du titre d’entremetteur sans aucune raison. Ça lui ferait une nouvelle histoire à raconter. Ou pas.

Ace, quant à lui, n’avait même pas entendu son invocation s’en aller. Son cœur battait encore plus fort, il avait déjà du mal à avoir accès à son cerveau mais le baiser que déposa la jumelle dans son coup fut fatal à ce dernier : déconnexion totale. Il avait chaud, trop chaud, et enleva son manteau pour le balancer à côté sans se demander où était cet ‘à côté’. Ils allaient vraiment… le faire ? Ça ne faisait qu’une journée à peine mais autant était-ce court, autant le temps se ralentissait considérablement à chaque fois qu’ils étaient ensemble. Chaque minute devenait heure et désormais chaque battement de cœur réitérait ces « je t’aime » qui aux yeux du pyromane ne seraient jamais assez pour prouver à Elie combien il l’aimait.

Faire machine arrière ? Hors de question. Il était sûr de lui, certain de ses sentiments et de ses désirs, il voulait se vouer corps et âme dans ce couple, quitte à en mourir le jour où ils devraient se dire adieu.
- J’te l’promets lui murmura-t-il en déposant un baiser en dessous de l’oreille. Il déboutonna sa chemise mais rien n’y faisait : il avait l’impression de se trouver dans un brasier où son corps tout entier brûlait mais d’amour, cette fois.

Ses mains se promenaient sur le corps de la mauvaise jumelle, la caressant ; il aurait voulu l’envelopper, la serrer encore plus fort dans ses bras. Instinctivement, il passa sa main gauche dans les cheveux d’Elie, remarquant la couleur violacée de son membre. Elle avait pris une toute autre signification, depuis son arrivée ici. C’était sa malédiction, le symbole de sa solitude. C’était maintenant un contrat en chair et en os sur lequel on pouvait voir le sceau de la tour qu’il partageait avec Elie. Leurs destins s’étaient croisés pour s’entrelacer.

D’un geste assuré, il enleva sa ceinture. Elle le serrait trop et puis il n’allait pas en avoir besoin, de toute façon. Et puis soudain : révélation… « j’ai pas de capotes… » Choix cornélien et souvent à l’issue fatale… Entre celles que cela refroidissait, ceux qui ne le disait pas et se faisaient traiter d’ordure par la suite, et on en passe… Bon, les règles étaient peut-être différentes dans le monde des rêves, mais il ne voulait pas créer de problèmes. Pas à Elie.

- Et toi, t’es sûre d’le vouloir ? J’ai pas pensé à prendre de capotes en arrivant ici..
Oui, bon, ok… Niveau tact on repassera et y a des trucs plus romantiques, mais il n’avait pas envie de partir sur des mauvaises bases. Enfin ça restait quand même le point charnière : quitte ou double ; mais il ne se sentait pas non plus de devenir papa à 23 ans… mais une partie de son cerveau encore active lui criait "c'est pas grave !! Osef !! Tu l'aimes ou t'es une merde ?"
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 16:43

La promesse murmurée au creux de son oreille lui donnait l’impression d’être si légère qu’elle aurait pu s’envoler. D’ailleurs n’était-ce pas déjà le cas ? Tout était si doux, si fou, si flou, qu’elle en perdait pied. Ses vêtements la quittaient les uns après les autres sans même qu’elle ne réalise être la cause de leur disparition, trop obnubilée par la sensation du corps brûlant d’Ace contre sa peau. Elie n’était déjà plus qu’en sous-vêtements quand la ceinture du pyromane décida de se faire la malle en laissant à la place une question qui faisait tâche. Avec ou sans capote ?

Arrêtée dans son élan la mauvaise jumelle haussa un sourcil, à cheval sur son compagnon qui put observer à loisir le corps de celle qui s’offrait à lui. A vrai dire elle n’y pensait même pas, elle n’avait pas eu ce genre de problème avec Melena mais maintenant qu’il en parlait... Pensive elle s’effleura les lèvres du bout de ses doigts fins. Oh et puis merde ! On était pas à ça près ! Elle haussa les épaules en éclatant de rire, un sourire mutin éclairant son visage.

- J’en suis sure, et puis c’est un rêve non ? C’est pas en faisant quelque chose ici que je choperais la chtouille ou un môme !

Sur ces belles paroles elle envoya au diable les principes, les angoisses terre-à-terre et le jean d’Ace par la même occasion. S’ensuivit un tourbillon de chairs, de plaisirs et de cris peu soucieux de déranger le voisinage. Ils étaient actuellement dans un monde qui n’appartenait qu’à eux, un monde égoïste mais terriblement délicieux…

De longues, bien longues minutes plus tard, Elie enroulée dans son drap jouait avec l’une de ses mèches d’ébène, la tête calée contre le torse du pyromane. Elle se sentait vidée, complètement lessivée, et contrairement à sa première expérience elle ne regrettait rien. Ses parents l’auraient sûrement étripés s’ils avaient appris ce qu’elle venait de faire mais ça l’importait autant que le cours de la bourse ou la culture du rutabaga. Elle était à Ace, et il était à elle. Quel mal y avait-il là-dedans ?

Son esprit voguait à présent entre une envie de sommeil lancinante et le besoin de parler, d’en apprendre plus sur lui. Que savait-elle de lui à par son nom d’ailleurs ? Même pas son âge, c’était pour dire… L’adolescente se redressa sur un coude pour plonger son regard azur dans celui du Ken, l’air songeur. Après avoir arboré une moue légèrement boudeuse, ses lèvres s’entrouvrirent pour déverser les questions qui lui trottaient en tête, en vrac et sans chercher le moins du monde à les organiser.

- Je veux que tu me parles de toi. Par exemple… ton âge, ou ce que tu fais dans la vie… ta famille, tes loisirs – à part cramer des trucs hein – enfin… j’ai envie de te connaitre. J’ai l’impression d’en savoir déjà beaucoup, mais quand je réfléchis je me rends compte que je connais même pas ton nom de famille.

La mauvaise jumelle fronça les sourcils tout en dessinant des arabesques du bout du doigt sur la peau du pyromane. Si Jade apprenait ce qui venait de se passer, elle la tuerait probablement comme la fois où Elie avait osé se coller à Maxim à moitié nue. Parce que « c’était son corps à elle aussi ». Si la pauvre venait à découvrir la vie sexuelle de son double elle risquait de tourner de l’œil sous le coup de l’émotion.

- Nan mais imagine que je veuille parler de toi à ma famille : « salut ! Bon bah voilà, j’ai un mec qui s’appelle Ace et… et voilà ». Ca le fait pas. Déjà que je vois gros comme une maison que Jade va m’arracher les yeux…

Un profond soupir s’échappa de ses lèvres avant qu’elle ne réalise qu’elle s’emportait peut-être un peu. Après tout ils s’étaient dit s’aimer et avaient couché ensemble, ils ne venaient pas de se marier. Elle leva les yeux au ciel en ébouriffant sa tignasse et se laissa retomber sur le dos. Sa main s’agita pour signifier de ne pas faire attention à son babil alors qu’elle ajoutait :

- Laisse tomber, je crois que ça m’a retourné le cerveau, elle marqua une pause et ajouta avec un léger sourire, Mais c’était bien.

La voix de Feu’ choisit ce moment pour s’élever de l’autre côté du panneau de bois. Il tentait apparemment de convaincre quelqu’un de ne pas pénétrer dans la pièce. La voix de ce « quelqu’un » ressemblait drôlement à celle de Melena. Et… merde. Où avait-elle bien pu balancer sa culotte ?

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Melena Autumn

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 18:19

C’était le glas de 18h qui l’avait réveillée, la tirant de son sommeil glacé et sans rêve. Son statut de privilégiée la gardait loin de l’horreur, à l’écart des hordes de morts-vivants qui allaient désormais se disperser dans la ville maudite pour tuer sauvagement, sans réfléchir, sans but. Une atrocité à l’état pur. Melena se redressa, ses cheveux noirs désordonnés dévorant ses traits blêmes, ses yeux gris plissés détaillaient la pièce alors que se restituaientt petit à petit les souvenirs de sa présence dans ce lit. Sa solitude lui fit un choc, évidement pas encore réhabituée à se lever sans être en compagnie de quelqu’un. Quelque part, ça avait du bon : celui de lui permettre de prendre un peu de recul, de réfléchir, de mimer grossièrement sa vie du monde réel. Mais aussi, elle ne pouvait désormais que se rendre compte du point auquel Jade lui manquait.

Parce qu’elle n’arrivait plus à rester enfermée dans sa chambre maintenant qu’elle était réveillée, l’adolescente quitta le cocon de sa couette, se coiffa rapidement avec ses longs doigts fins et sortit pour prendre la direction de la chambre d’Elie. Elle avait envie de lui parler, ou juste de la voir même. Les épreuves étaient finies depuis un moment, mais le contrecoup n’était pas encore complètement tombé, il l’attirait vers le gouffre petit à petit, pour l’y larguer beaucoup plus tard.

La présence du petit esprit violet devant la porte de son amie lui mit la puce à l’oreille : Ace était aussi avec elle ? Et pourquoi on avait refourgué Feufolé au poste de vigil ? On avait pas besoin de gardien quand on ne faisait rien de douteux, n’est-ce pas ? A l’idée que la mauvaise jumelle puisse déjà s’être offert au pyromane, le cœur de l’irlandaise se serra, mais elle s’efforça de sourire en arrivant à hauteur du pouvoir espiègle :

- Je peux rentrer ?

Bien entendu, l’accès lui fut refusé. C’était trop beau de croire que ses deux comparses étaient en train de parler de la pluie et du beau temps, voire à simplement se déclamer des poèmes. Ce qui lui faisait le plus mal ? Sans doute parce que le même corps qu’elle avait très certainement donné à Ace sans hésiter, Elie l’avait utilisé pour tenter de la détruire et piétinant ses sentiments. Qu’elle ait réussi à lui pardonner était une chose, mais la cicatrice était toujours présente, elle.

Dans la cuisine, Sven était en train de boire un café en lisant le Dreamland soir. D’ailleurs, un hibou passa à travers le mur pour apporter le sien à la nécrophobe qui le prit sans conviction et le jeta sur la table avant de s’assoir, sans même chercher à l’ouvrir. Consciente que l’adepte la regardait, elle réajusta le col ample de son haut en toile pour ne pas qu’il dénude l’une de ses épaules blanches, et finit par lever ses yeux gris pour demander sèchement :

- Quoi ?! J’ai pas le droit de m’assoir ici ?
- Bien sûr que si. Quelque chose ne va pas ? s’enquit calmement son ainé sans relever sa brusquerie.
- Non, ça va, coupa rudement l’adolescente.

Pourtant, quelque chose de lourd lui écrasait la poitrine. Si elle ne le lâchait pas, elle savait qu’elle risquait de s’étouffer, de craquer, de devenir folle. C’était à Elie qu’elle voulait parler, mais elle était occupée à faire des papouilles au pyromane, il ne restait plus que cet inconnu intriguant, étrangement paternel avec les novices qu’ils étaient. Melena ouvrit la bouche, prête à se confier, mais aucun son ne passait l’enclos de ses lèvres. Rien ne voulait sortir, tout comme les pleurs qui restaient prisonniers de ses yeux où se reflétaient ses troubles. Sven ne pourrait rien pour elle, elle le sentait… seule la mauvaise jumelle réussirait à lui faire éviter le précipice, mais même en la voyant, elle n’oserait peut-être rien lui avouer.

- Y’a rien…, répéta-t-elle avec amertume, rien du tout.

Son regard s’égara sur les gros titres du Dreamland soir, mais il n’y avait rien de spécialement intéressant sinon d’autres rapports sur les dérèglements magico-météorologiques. Seule une entête se démarquait : un article sur un homme désespéré qui était mort dans une ascension mal équipée des Monts Infinis, il avait averti vouloir aller rencontrer les Dieux et leur demander de ressusciter sa femme et ses enfants morts dans un incendie accidentel.

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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 19:14

La mauvaise jumelle ne s’était pas posé la question non plus apparemment mais elle fit remarquer avec justesse à Ace qu’il s’agissait du monde des rêves ; seuls leurs esprits étaient ici. ‘Pas plus mal, dans un sens. Elle était vraiment adorable comme ça. Esquissant un sourire amusé, le Ken donna pour seule réponse un haussement d’épaules signifiant « t’as pas tort ».

Pour un rêve, c’en était un plutôt pas mal, quand même. Il senti son pantalon se faire la malle on ne sait où, puis ils s’offrirent l’un à l’autre dans un tourbillon passionnel. Les deux corps s’étreignirent et fusionnèrent pour un moment de pur bonheur, de pur plaisir.
Les sentiments eux-mêmes se troublaient, l’atmosphère était torride et le pyromane aima comme jamais, se délectant de chaque instant.

Lorsque chacun eut atteint ses limites, il se cala confortablement sur un oreiller alors qu’Elie venait poser sa tête contre son torse. Ace caressait les cheveux d’Elie alors que le sommeil s’emparait de lui petit à petit. Il repensait à un peu tout ; toutes les idées qui s’imposaient pêle-mêle dans sa tête en se disant que finalement il y avait toujours des instants qui valaient la peine d’être vécus, des hauts et des bas. Etrangement, le souvenir des épreuves ne se manifestèrent pas, bannis de cette atmosphère tranquille dans laquelle ils respiraient encore bruyamment, tentant de calmer un palpitant qui était passé au bord de la syncope.

Ses paupières commençaient à se fermer mais la mauvaise jumelle avait envie de parler. De le… Connaitre ? C’est vrai qu’ils n’avaient pas vraiment eu le temps de parler ni même eu de temps tout court, en fin de compte.
A chaque question posée, Ace essayait de faire un résumé dans sa tête, trouver de quoi raconter sans passer pour un blaireau. C’est vrai que si un jour il devaient se présenter à la famille ou aux amis, passer pour des inconnus l’un pour l’autre… Ben c’était pas l’idéal…

Il cherchait encore par quoi commencer mais finalement non, elle ne voulait plus savoir. Bon… Plus tard, alors. C’était bien ? Seulement ‘bien’ ? Il n’était pas très doué niveau adjectifs non plus mais ça le titilla juste assez pour que la question revienne en filigrane de temps à autres.
- Ouais, c’était super lâcha-t-il, songeur. Oui, bon, il avait dit qu’il était pas doctorant en argumentation, merde !

De l’autre côté du couloir, des voix assez familières s’élevèrent. Feufolé et Melena, à coup sûr.
L’esprit avait vu arriver la thanatophobe et s’était de suite placé devant la porte ; il aurait même croisé les bras… S’il en avait eu. Mel lui demanda si elle pouvait entrer, ce à quoi il répondit à la négative.
- Hm-mm ! Stop ! Personne n’entre, je monte la garde. Attention, Feufolé méchant ; veuillez laisser un message après le bip sonore… BIP ! Hey, tu laisses pas de message ? Bon, ben je dirai que t’es venu, alors. No problem. A plus tard !
Elle s’était éloignée sans rien dire, une pointe de tristesse ou un sentiment du genre se lisant sur son visage.

Dans la chambre, Elie s’agitait, cherchant quelque chose. Hm… Ses sous-vêtements, probablement. Sans quitter sa position, Ace tourna la tête pour apercevoir la culote de la mauvaise jumelle. Il tendit le bras et la lui tendit avec un sourire en coin
- C’est ça qu’tu cherches ? T’en fais pas, si elle avait voulu entrer, Feu’ aurait gueulé encore plus fort… c’bien la seule chose qu’on puisse attendre de lui…

Une fois qu’Elie eut attrapé sa culotte, le pyromane s’étira comme un chat. Il aurait bien aimé pioncer un peu, mais si on s’obstinait à venir les déranger c’était pas cool.
Bougeant sa tête de gauche à droite, il chercha ses vêtements à lui. Il n’en trouvait aucun depuis le lit. Chier.. Il se leva donc et trouva un à un ses habits qu’il enfila sans grande conviction. *On était mieux, dans le lit…*

- Bon, j’vais voir pourquoi Feu’ s’excite, j’reviens. Il sortit de la chambre pour retrouver son compagnon, toujours fidèle au poste.
- Alors c’était bien ? - T’as vraiment aucune gêne, toi… - Hm… Nan. Ah, au fait : Mel est passée vous faire un p’tit coucou, mais elle a pas laissé de message. Elle est partie par là. indiqua-t-il en voletant dans la direction souhaitée.
- Ok. commenta simplement le pyromane.

De retour dans la chambre, il trouva Elie pour lui faire un compte rendu (ou dénoncer la trouble-fête, en d’autres termes).
- C’était Mel, mais on sait pas ce qu’elle voulait. Tu crois qu’elle a compris ce qu’on faisait..?
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 20:05

Le « super » d’Ace sonna à ses oreilles de manière aussi peu satisfaisante que le « bien » à celle de son compagnon de chambrée mais Elie tenta de ne pas se vexer et mettre ça sur le compte de sa première fois avec un homme. Après tout on ne pouvait pas être bonne partout non ? Ou pas du premier coup. Mais malgré cette constatation évidente la psychotique brûlait de l’envie de demander plus de détails techniques ou soyons fous, une seconde mi-temps. Malheureusement le besoin de s’habiller et presto lui revint à l’esprit alors qu’elle rattrapait sa petite culotte de justesse. La taquinerie lacée au passage lui tira un sourire en coin et elle y répliqua du tac-o-tac :

- Oui c’est ça, mais attention à ce que tu dis si tu veux pouvoir me la retirer une autre fois…

Elle se glissa dans ses sous-vêtements sans perdre de temps pour partir à la recherche, à demi nue, du reste de son attirail qui avait eu la fâcheuse idée de s’éparpiller un peu partout dans la pièce, comme s’ils avaient pu trouver le sol fertile et y pousser. Sa tâche était remplie à moitié quand Ace lui annonça aller voir ce qui se passait dehors, l’abandonnant dans la chambre. La psychotique profita de ce laps de temps pour achever de mettre la main sur tout ce qu’elle avait perdu et se rendre présentable, autant que faire se peut quand il s’agit de se coiffer avec les doigts.

Lorsque le Ken repointa son nez dans la chambre où flottait une légère odeur de fauve – l’inconvénient de ne pas avoir de fenêtre sautait à présent au visage de la mauvaise jumelle – Elie avait retrouvé une allure décente même si sa robe de soirée invitait irrémédiablement à remettre le couvert. Et si elle était encore d’humeur coquine, elle fut vite refroidie par le rapport concernant Melena. Alors elle l’avait bien reconnu…

- Bien sûr qu’elle a compris, elle est pas née de la dernière pluie mais j’ai peur qu’elle le prenne mal après ce qu’il s’est pa…

S’interrompant brusquement, Elie se mordit la lèvre et détourna les yeux. Même si elle pensait que son amie risquerait de se sentir mal vis-à-vis de leur nuit à San Francisco, elle ne se voyait pas le balancer de but en blanc à Ace. Même si ça finirait forcément par ressortir, et que laisser les vieilles histoires moisir dans les placards était la meilleure manière d’empirer la situation lorsqu’elles en ressortiraient… oh et puis merde ! Après tout, fallait bien le dire un jour non ?

La mauvaise jumelle soupira en ébouriffant ses cheveux à l’arrière de son crâne puis entrouvrit la porte pour jeter un coup d’œil dans le couloir. Personne à part Feu’ et son regard de chat, elle pouvait entrer dans le vif du sujet sans risquer de voir la nécrophobe réclamer le silence. Elle referma la porte et se planta devant Ace, l’air légèrement contrariée.

- Tu sais, au début je m’entendais pas du tout avec Melena parce qu’elle est amoureuse de mon autre « moi », Jade, et qu’elle tentait de m’évincer. Alors un soir à San Francisco je suis venu la voir en pleine nuit et je me suis fait passer pour mon double. On l’a fait, tu t’en doutes, et après j’lui ai balancé grosso modo dans la gueule qu’elle était qu’une grosse merde qui la méritait pas vu qu’elle arrivait pas à nous différencier.

Un silence s’installa, et avant qu’Elie n’ait pu se décider sur la raison qui motivait Ace à garder sa langue soudée à son palais, elle ajouta :

- Enfin… après on a fini par s’entendre même si c’est pas la question, le fait est que je l’ai vraiment blessé ce jour-là et que j’ai peur que ça ait ravivé tout ça, elle pencha la tête de côté les yeux plissés et grommela, Ça fait chier, j’ai besoin d’être fixée maintenant.

Sur un coup de tête elle quitta la pièce, sans réaliser la bombe qu’elle venait de lâcher. La seule chose à laquelle elle était capable de penser était que son amie broyait encore du noir. Par sa faute. Comme si elle ne pouvait pas être heureuse sans faire souffrir les autres, sous l’effet d’un effet papillon particulièrement vicieux. Une fois dans la cuisine elle s’arrêta net en apercevant l’irlandaise cachée derrière son DreamlandSoir. Abaissant les feuillets avec fermeté quitte à la froisser, elle lança de but en blanc :

- Ça va ? Non mais je tiens à être sûre que ça va. Ace et moi on s’est un peu laissé emporter, mais faut pas te faire du mal pour ça… on est amie non ? C’est pas parce qu’on cou… qu’on est ensemble qu’on t’oublie.

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 20:25

Ace parlait d'épreuves, de gardiens... Naomie de comprenait rien. Elle avait limite envie de lui dire «Rooh, mais ta gueule !» tellement elle était sur les nerfs. Elle en avait marre que tout le monde la méprise, que personne ne veuille l'aider. En plus, Feufolé n'arrêtait pas de s'exciter pour elle ne sait quelle raison. Lorsque l'érémitophobe entendit Elie faire tomber une poubelle, elle failli se retourner et demander de faire attention en criant. Mais elle se retint, préférant éviter toute représailles de la part de la mauvaise jumelle.

Après leur discussion, Melena et Elie revinrent vers Naomie et Ace. Ils expliquèrent à la New Yorkaise que le seul moyen pour qu'elle sorte de cet endroit lugubre était d'être leur esclave pendant une semaine. Le mot esclave la fit réagir. Quoi ?! Et puis quoi encore ?! Elie sourit, elle avait dû remarqué la grimace de Naomie. Cette dernière s'imaginait déjà les multiples tâches que ce trio allait lui infliger. Elle frissonna. «Vaudrait mieux que je ne pense pas à ça.» Et elle avait raison, d'autres choses plus dangereuses l'attendait.

Elie lança un défi à l'érémitophobe : survivre à une invasion de zombies jusqu'à 10 heures du matin. Elle sera seule, bien sûr. Il fallait qu'elle trouve une planque bien solide. Apparemment, eux, ils auront un endroit bien confortable et sécurisé où dormir cette nuit, à l'abri des zombies affamés. Elle leur jetta un regard noir pour leur montrer qu'elle sera là, en chair et en os, le lendemain matin. Ils la laissèrent en bas de la tour des gardiens. Elle se retrouvait livré à elle même. Il était 16h30 et elle n'avait plus beaucoup de temps pour trouver un endroit où se réfugier.

Naomie traversa les rues sombres de Freedoom. Elle détestait par dessus tout être seule dans des endroits terrifiants. Surtout que tout le monde la regardait bizarrement, sûrement parce qu'elle bougeait la tête partout pour trouver un abri, comme un radar. Elle le trouva enfin, ce petit nid douillet. C'était une petit cabane en bois, avec un toit un taule et un tissu faisant office de porte. Elle n'aimait pas dormir -ou être tout court- dans des endroits sales. Elle ne supportait pas les mauvaises odeurs et les saletés. Mais, elle n'avait pas le choix. Elle se mit à chercher de quoi renforcer cette planque misérable.

>> Direction un refuge, quelque part à Freedoom
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Melena Autumn

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 21:40

Elle n’avait lu que quelques lignes de l’article sur l’alpiniste suicidaire quand les feuilles de son journal furent subitement abaissées pour laisser apparaitre le doux visage d’une Elie encore légèrement échevelée. Nouvelle preuve à charge de sa récente activité, mais les questions qu’elle posa de but en blanc à la nécrophobe l’empêchèrent de parler la première. Le mot que la psychotique avait faillit lâcher malencontreusement se termina de lui-même dans son esprit emmêlé. Inutile de cacher le trouble qui se lovait au fond de ses yeux, son amie le sentirait sûrement de toute façon. Plus pudique, elle tourna la tête vers Sven pour lui signifier d’un regard qu’elle aimerait qu’il les laisse seule. Avec un sourire amusé, il s’éclipsa avec son café, laissant les deux adolescentes en tête à tête dans la cuisine. Ce n’était toujours pas l’endroit le plus propice à une discussion privée, parce qu’un autre adepte ou même Fisher pourrait débarquer d’un moment à l’autre, mais soit.

- Ça va, répondit Melena avec hésitation, je… vous faites ce que vous voulez, je comprends que… vous ayez envie d’être tous les deux. J’ai l’habitude d’être un peu toute seule, je crois que je survivrai. Laisse moi juste le temps d’oublier ce qui s’est passé entre toi et…

Elle était sincère, mais la silhouette du pyromane se dessina dans le dos de la mauvaise jumelle, l’incitant au silence. C’était presque scientifiquement inévitable, une fois que le couple était réuni, malgré qu’elle soit contente pour Elie, la sensation d’être de trop bataillait durement dans son cœur épars, et les mauvais souvenirs n’aidaient en rien. Incapable de se taire sous le besoin de vider son sac, l’irlandaise poursuivit malgré tout :

- En fait… j’ai peur… d’être comme les gardiens, tu vois ? On a fait tellement de choses horribles… même si tous ces gens voulaient qu’on crève… je me demande, qu’est-ce qui nous rend différents d’eux maintenant ?

Au fur et à mesure qu’elle parlait, sa voix se brisait et sa gorge se serrait tellement qu’elle n’arrivait plus à produire aucun son. Une grande inspiration résolu à peine son problème. Une larme solitaire roula sur ses joues pâles, elle l’essuya sèchement de la paume d’une main, sans laisser cette faiblesse prendre le dessus.

- Je ne ressens rien pour tout ceux qui sont en train de se faire tuer dehors, même pas pour Naomie… j’ai jamais vraiment aimé les gens, pas du tout même, mais là… j’ai l’impression de devenir folle… je suis folle Elie, je le suis…

En un flash sournois, elle eut l’impression de revoir ses mains couvertes de sang, comme après la deuxième épreuve. Ses images étaient gravées dans ses souvenirs au fer rouge, comme une boite de pandore qu’elle essayait de sceller, mais qui s’obstinait à se rouvrir régulièrement. Pour fuir cette vision, Melena ferma les paupières. Elle tremblait de la tête au pied, l’impression d’être en pleine chute libre lui donnait la nausée, mais elle n’osait pas attraper la main de son amie pour se raccrocher à quelque chose.

- J’ai l’impression de ne même plus être humaine, souffla-t-elle douloureusement.

L’irlandaise poussa un profond soupir, son regard perdu dans le vide. Elle repensait à Jade, elle était la raison de tout cela n’est-ce pas ? L’élément qui rendait cohérent ces atrocités en chaine, cette mutation vers des êtres incarnés par l’horreur. Un sourire moqueur étira alors les lèvres de la nécrophobe, à son propre encontre, elle lâcha amèrement :

- Je suis désolé… je parle que de moi, alors que je sais que tu ne vas pas bien non plus. Et…

Elle jeta un regard à Ace, puis à Elie, à Ace, à Feufolé… puis haussa les épaules. Ils devaient sans doute s’être parlé depuis, elle ne pouvait pas croire que son amie ait couché avant même d’avoir expliqué à son conjoint ce qu’elle voulait :

- Je crois que je te l’ai pas dit tout à l’heure… mais je ne veux pas que tu disparaisses Elie. Vraiment pas. Et si je pouvais trouver une façon de te faire rester je…

« Je ferai ce qu’il faut pour que ça marche ». Elle n’osait pas le dire, parce qu’elle n’était pas encore certaine d’avoir la force de tenir cette promesse, mais c’était un début. Déjà, rien n’avait changé, mais avoir vidé son sac lui permis d’aller un peu mieux, suffisamment pour arrêter de trembler et passer une main dans ses cheveux noirs qui dégagea ses yeux gris. Le trouble dans ses iris s’était dissipé, laissant pour l’instant s’étendre un apaisement fragile.
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 22:27

Après ce qu’il s’est passé ? Mais passé quoi ? Les épreuves ? Ace n’était pas sûr de comprendre mais à voir la réaction d’Elie, ça avait son importance. Il était décidé à ne pas lâcher le morceau si facilement mais la mauvaise jumelle lui évita cette peine. Refermant la porte sur Feufolé qui ne se gêna pas pour traverser le mur, elle fixa le pyromane avant de lui dévoiler le fin mot de l’histoire.

Ce fut déjà assez spécial au début… Melena qui n’aimait pas Elie parce qu’elle aimait son double… C’était difficile à se représenter pour Ace qui avait connu les filles alors que leur amitié était déjà scellée. Jade… La personnalité d’origine. Apparemment source de conflits, également.
L’œil du pyromane tiqua lorsqu’Elie lui avoua qu’elles « l’avaient fait ». Bon, soit, mais ce qu’il n’arriva pas à digérer c’était la suite : Elie avait couché avec Mel juste pour mieux la démolir. A fortiori d’être une méthode qui dépassait jusqu’à celles d’Ace, ce dernier ne put s’empêcher de faire un récapitulatif parallèle des deux histoires Elie/Mel et Elie/lui.

Comme Mel, il avait commencé par haïr Elie, puis l’aimer. Ils l’avaient fait, eux aussi. Pas besoin d’être un génie pour savoir qu’on pouvait faire les mêmes conclusions. L’œil sévère, le Ken analysait la probable finalité de leur après-midi entre amoureux sous un œil différent, sous un rapport qu’il espérait de tout son cœur être faux.

Il laissa Elie quitter la chambre pour aller chercher Melena tandis qu’il cogitait toujours. Il imaginait ce qu’il deviendrait si l’histoire devait se répéter, s’il devait être un Melena n°2. C’était à s’en arracher le cœur, vraiment !
Le pyromane cessa de se torturer en se persuadant qu’il se trompait. Il se mit en route pour aller rejoindre les filles. A la cuisine, donc, comme lui indiqua Feufolé. En chemin, il croisa Sven qui lui adressa un salut de la tête en plus d’un sourire amusé. *S’kyveu, lui !?* se demandait le Ken tout en lui rendant un salut parfaitement hypocrite.

A peine fut-il arrivé que Melena le vit et changea de sujet. Il n’était pas dupe : elle comptait dire autre chose ! *Bon ben c’est tout, hein..*
La perplexité se lisait sur son visage alors qu’il s’avançait jusqu’au percolateur pour se servir une tasse de café. Malgré ça, il écoutait tout de même la conversation. Ce qui les rendait différents des gardiens ? Mais c’était évident, non !? Après quelques secondes de réflexion, Ace se rendit compte que non, ça n’était plus aussi évident que ça, maintenant… Pire : il ne pouvait s’empêcher d’adhérer à la pensée de la nécrophobe. Seraient-ils devenus des monstres ?

Non. Lui, il avait toujours été un connard. Il n’avait pas changé. Voir les gens crever ne lui avait jamais rien fait mis à part deux exceptions en tout et pour tout dans sa vie – deux fois la même personne.
Il ne se réjouissait pas du malheur des autres : il s’amusait à en vivre. C’était différent. S’il n’avait pas trainé dans les bas-quartiers, il n’aurait jamais rencontré sa bande de dealers, il n’aurait jamais commencé à en vendre. Mais ça l’amusait de récolter du blé sur la gueule des pauvres. C’était proprement dégueulasse mais c’était comme ça. Quand on n’a personne pour vous guider, on va où on croit vouloir aller.

Mais maintenant il avait Elie et toutes ces conneries du monde réel n’avaient plus aucune importance. Bien sûr, ça ne l’empêcherait pas de haïr autant le monde mais il avait beaucoup gagné, beaucoup appris durant ces derniers jours.
Lui non plus n’avait plus l’impression d’être humain par moment, mais c’qui nous rend différent d’eux c’est qu’on peut toujours changer. S’remettre en question. Eux, tout c’qu’y savent faire c’est faire souffrir. Il prit une pause pendant laquelle il but une gorgée de café chaud, se retournant pour s’adosser contre le mur.

- Naomie ? C’est un cadeau qu’on lui fait. Est-c’qu’on l’oblige à buter des gens ? Nan. Rien qu’pour ça on est plus humain qu’ces crevards de gardiens.
Bien sûr c'était une philosophie ambiguë de sa part, mais s'il devait remettre en cause ses propres convictions, autant s'arracher le cerveau et aller monter la garde au rez-de-chaussée comme un bon zombie bien con.

Il était vivant, humain et il savait aimer. Trois choses que les gardiens ne savaient pas faire ; trois choses qui lui permettaient de clamer haut et fort qu'il n'était pas comme eux.
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeLun 6 Fév - 16:39

Sven s’était éclipsé et à peine eut-il franchit la porte de la cuisine, son mug à la main, que Melena l’abreuva d’un flot de réponses, mais surtout de questions. Elle disait aller bien, qu’ils avaient le droit de vivre leur vie comme ils l’entendaient mais en parallèle affichait un teint blême effrayant, mais la suite fut pire encore. Elle avait peur d’elle-même, de ce qu’elle était devenue. Pas une simple inquiétude due à la nature de ses pouvoirs, mais celle de voir son âme pervertie, dégradée au stade de résidu vaguement humain où ne persistait plus que le dégoût, la haine et l’égoïsme. Plus elle parlait plus le front de la mauvaise jumelle se plissait. Elle osait vraiment les assimiler aux gardiens ?!

Ils n’avaient rien, mais carrément rien en commun ! Cette simple idée la révoltait jusqu’aux tréfonds de son âme, et elle ne put qu’acquiescer à l’écoute des arguments d’Ace qui avait surgit dans son dos peu de temps auparavant et s’occupait désormais à se faire un café. Même si elle n’aurait pas formulé les choses comme ça, que la « forme » était différente, le fond restait inchangé. Et il se résumait à « non », voire même « non mais ça va pas la tête ?! ».

L’adolescente attira une chaise à elle et se laissa tomber dessus tout en fixant son amie. Les mots tourbillonnaient dans sa tête, s’enchevêtrant dans un réseau tordus qu’elle hésita à exprimer. Mais pourquoi hésiter après tout ? Elle voulait une réponse, elle l’aurait. Jusque-là dire ce qu’elle pensait avec toujours réussi à la mauvaise jumelle alors aucune raison de changer de technique.

- On est pas comme ces connards, même un aveugle s’en rendrait compte. Peut-être que tu ressens rien pour les gens de dehors, mais tu penses pas que t’as de bonnes raisons pour ça ? Ils nous ont abandonné quand on avait besoin d’eux ! Les aider en retour ce serait pas de la gentillesse, mais de la faiblesse. Tendre l’autre joue c’est juste des conneries chrétiennes. Mais malgré ça, on est resté corrects avec eux. C’est pas nous qui envoyons des zombies les massacrer. On les insulte, on les malmène un peu mais bordel on est en colère ! On a le droit de l’exprimer non ? C’est pas comme si on leur tapait sur la gueule !

Au fil de son discours elle s’était emportée, envoyant valser un malchanceux moulin à poivre qui s’était trouvé dans la trajectoire de son bras brutalement déplié pour exprimer l’intensité de la narration. Sans y accorder d’importance elle se remit debout et attrapa le menton de Melena entre ses doigts pour la forcer à la regarder dans les yeux.

- T’es pas un monstre. Tu as fait preuve de compassion en nous soignant non ? Tu t’es sacrifié pour nous. Et tu peux aussi aimer, avoir des remords et être triste, rire aussi… alors dis-moi en quel honneur tu pourrais être rabaissée au rang de sous-merde émotionnelles que sont les gardiens ?

Elle relâcha sa prise, le visage enflammé par la colère qu’elle n’avait pas su réprimé. Mais comme le calme après la tempête elle se sentait d’un coup plus calme même si la sérénité ne serait jamais totalement de la partie pour son caractère tumultueux. Le grognement sourd de son estomac marqua la fin de la discussion mieux que n’importes quels mots et elle se détourna aussitôt pour filer vers les placards.

Une fois les portes ouvertes, Elie put constater que même s’ils étaient des putains d’enfoirés, les gardiens ne comptaient pas les laisser mourir de faim. Il y avait là de quoi nourrir un régiment et rien que d’observer les aliments soigneusement alignés elle s’imaginait foule de bons petits plats à concocter, le plus vite possible de préférence. Alors qu’elle piochait allègrement dans les réserves pour les aligner sur le plan de travail, elle balança par-dessus son épaule :

- Au fait, c’est gentil. De dire que tu veux pas que je disparaisse et que tu veux trouver une solution mais c’est juste de l’optimisme. Par contre si tu veux être utile tu peux éplucher les pommes de terre, puis elle ajouta à l’adresse d’Ace, Tu peux t’occuper des carottes ?

Elle retroussa ses manches avant de se saisir d’un morceau de bœuf imposant et d’un hachoir qui l’était tout autant. La lame resta en suspension au-dessus de la viande quelques secondes avant de tomber dans un bruit sec, se relever et tomber encore à un rythme effréné. Seconder sa mère à presque tous les repas avait des avantages en plus d’être chronophage.

- J’ai trop la dalle, alors je vais mettre la dose… j’espère que vous avez faim. Mais tiens pendant qu’on cuisine, on peut en profiter pour parler nan ? Je disais justement à Ace qu’on savait rien les uns des autres. On pourrait se poser des questions à tour de rôle, sur n’importe quoi comme… euh… exemple : Mel’, t’as un loisir ou une passion ?

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeLun 6 Fév - 17:54

Melena ne s’attendait pas à susciter autant de réaction, mais une chose était sûre à cet instant précis, elle adorait ses amis. Que ce soit la réponse calme du pyromane, ou la diatribe enflammée d’Elie qui lui avait pris son menton entre ses doigts pour la forcer à croiser son regard, ils avaient su l’atteindre au cœur, lui apporter une lumière qu’elle avait perdu. Oui, elle était vivante, elle aimait, elle pleurait, et ce simple fait la rendait meilleure que les gardiens, infiniment meilleure. Regonflée par ce constat, l’irlandaise s’y accrocha comme à une bouée et sourit devant le réalisme de la mauvaise jumelle qui lui demandait d’éplucher les patates. Même la sensation d’être mise à part s’était éclipsée, ne lui laissant que la douce impression que leur trio était plus fort que tout. Plus fort que la mort.

- Merci beaucoup tous les deux… vous avez raison, souffla-t-elle, sincère, en se levant pour récupérer le nécessaire.

Dans un tiroir rempli de couvert, elle trouva un couteau-éplucheur et dans l’un des placards, un saladier qu’elle rempli d’eau avant de le poser sur la table. Avant de se rassoir, elle se lava les mains et prit un sac neuf où se serraient des pommes de terres énormes. Rien que l’idée d’un repas cuisiné par son amie lui mettait l’eau à la bouche, son alimentation se constituait exclusivement de cadavres et de barres de céréales depuis plusieurs jours et peu s’en fallait pour qu’elle perde l’habitude des aliments « normaux ».

Melena rejeta sa longue chevelure d’ébène dans son dos avant de se mettre à la tâche, le bruit du hachoir s’imposant en polyphonie de son éplucheur qui dénudait les patates. Son amie proposa alors de discuter pour apprendre à se connaitre, et ce fut à son tour de parler en première. Bien que ce n’était pas son truc d’étaler sa vie, Elie et Ace n’étaient plus n’importe qui pour elle, tant qu’elle accueillit l’activité avec un sourire franc. Sourire. Elle venait de se souvenir comment faire, grâce aux remontrances du jeune couple.

- Une passion ? Pas vraiment… je dois pas être une fille très intéressante, la nécrophobe rit brièvement, dans le monde réel, j'étais très souvent toute seule parce que… je ne m’entends pas avec les gens de mon âge, voire les gens en général. Ça me dérange pas trop. Par contre, j’aime bien euh… m’isoler loin de la ville. Genre les balades en forêt, les parcs naturels, ce genre de chose… je sais, ça doit paraitre idiot mais… petite, j’habitais avec ma mère dans un petit village d’Irlande avec une forêt juste à coté ; j’y étais tout le temps. Je m’inventais un monde, des aventures, je grimpais aux arbres, j’approchais les animaux… tout sauf jouer avec les autres enfants.

Elle marqua une pause. A l’évocation d’Anney, sa gorge s’était nouée, mais l’heure n’était plus à une nouvelle déprime. Pour combattre l’ombre qui s’étendait déjà au dessus d’elle, Melena fit s’agrandir sont sourire en déposant une deuxième pomme de terre dans son saladier plein d’eau.

- ‘Fin, maintenant je fais plus tout ça, mais ça me plait toujours autant de me retirer dans un petit coin de « nature », même si à Londres, ce n’est pas facile.

C’était assez difficile de parler de soi en réalité, parce qu’on ne pense pas vraiment à avoir continuellement le recul nécessaire pour pouvoir se présenter, surtout quand on avait une vie bouleversée qui se résumait à risquer sa vie dans un monde parallèle depuis environ un mois onirique. Les éléments lui revenaient petit à petit, et c’est avec un peu plus d’assurance qu’elle ajouta :

- J’aime beaucoup lire aussi, je crois que ça occupait une grosse partie de mon temps, précisa la nécrophobe en s’interrompant dans sa besogne, je peux classer ça comme loisir alors ? J’ai lu plein de trucs… autant des bouquins modernes fantastiques ou science fiction que des un peu moins « marrants » mais ça m’intéresse…

En fait, elle occupait son temps à plusieurs activités que faisaient les gens qui ne sortaient pas régulièrement avec leurs amis. La lecture, les jeux de réflexions, écouter de la musique, regarder des films… elle avait même déjà essayé le piano droit qui trônait dans le salon des Clothild, mais n’était pas assez régulière dans sa pratique pour développer un niveau convenable. Par peur d’ennuyer ses amis, Melena préféra garder toutes ces choses pour plus tard – peut-être – et relança la balle en disant :

- A mon tour ! Comme j’ai déjà discuté avec Jade… je connais certaines choses qui te concerne Elie, alors je vais commencer par Ace, tu veux bien ? Elle se tourna vers le pyromane. Tu as quel âge en fait ? Tu fais quoi dans la vie ?

Sa sixième patate rejoignait son saladier. Une fusée traversa ses pensées, lui rappelant qu’elle ne connaissait même pas le nom de famille de son ainé. Un petit sourire amusé sur ses lèvres pâles, elle lui lança un regard amical de ses yeux gris :

- En fait, je sais même pas vraiment comment tu t’appelles, alors on va tout recommencer. Melena Autumn, informa-t-elle en inclina légèrement la tête pour mimer une parodie de révérence, et toi ?

A ses yeux, il ne manquait plus que la bonne jumelle pour compléter ce beau tableau de complicité. Grâce à ces deux caractérielles, l’irlandaise avait réussi à soulever le poids qui l’écrasait et désormais, elle se sentait envahie d’une chaleur apaisante, un réconfort sans nom.
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeLun 6 Fév - 21:44

Si Ace avait réussi à garder un certain calme, le discours d’Elie compensa tant il était animé. On voyait presque des flammes dans les yeux de la mauvaise jumelle. Il se contenta de hocher la tête, approuvant l’argumentation bien mieux construite que la sienne tout en sirotant son café ; rajoutant du sucre sans réelle conviction sur l’effet qu’il aurait sur ce jus de chaussette.

Le pyromane en était encore à se demander ce qui lui avait valu ce regard si enjoué de la part de Sven alors que la mauvaise jumelle dévalisait les tiroirs. Il s’écarta nonchalamment pour la laisser disposer du plan de travail comme elle l’entendait puis se vit confier la tâche d’éplucher les carottes. D’abord surpris, il remarqua que sa compagne était très sérieuse en lui demandant ça.
- Euh… ben ouais, j’suppose..

De toute sa vie il n’avait jamais eu à cuisiner, ni même à aider à le faire. Il y avait les domestiques, pour ça. Ou sa mère, en de très rares occasions. Mais lui ? Jamais. Il se lava les mains, prit un éplucheur et commença à éplucher avec grande application les légumes. Il se disait qu’il devait avoir l’air d’un sacré crétin à faire ça et le fait de savoir Feufolé au-dessus de son épaule pour l’épier n’aidait en rien.

L’idée du jeu style ‘action ou vérité’ vint à point pour lui éviter de cogiter sur des sujets plus ou moins débiles et le Ken apprécia grandement de ne pas passer en premier.
Melena leur exposa ses hobbies et passe-temps sans qu’aucun ne plaise réellement à Ace. Là où elle disait préférer la forêt il n’aimait rien autant que la ville ; la lecture c’était pas son truc – et ça se voyait – et le piano… Il se savait incapable de jouer d’un tel instrument. Ça demandait patience, application et régularité : trois qualités qu’il n’avait pas pour ce genre de choses. C’était ce genre de choses où il fallait apprécier l’échec pour progresser. Et la phase un était inconcevable pour lui, tout simplement.

Par contre, il était sur la même longueur d’onde pour ce qui était des gens. Un point commun, au moins. Il apprit même qu’elle venait d’Irlande, alors qu’il l’avait prise pour une native de San Francisco. C’était bien vrai : ils ne se connaissaient pas… Du moins, ils connaissaient leurs caractères, leurs prénoms, mais pas leurs passés respectif. C’était assez amusant, d’apprendre à connaitre pour de vrai celles qui avaient enduré les cinq épreuves avec lui.

Il tendait juste l’oreille, mais toute son attention fut retenue par les questions que lui posaient Melena. Enfin surtout le « tu fais quoi dans la vie ? ». On se contenterait du niveau d’études, pour le coup. Elle modifia rapidement sa question pour en inclure une autre : le nom. C’était la seule chose qu’il aimait dans sa famille : son nom. Il lui apportait reconnaissance, respect et argent. Que demander de plus ? Peut-être une famille dont la présence n’est pas que virtuelle ? Oui, c’était un bon début.

La révérence de Mel à l’adresse du pyromane le fit rire alors qu’il la mimait à son tour en se présentant
- Ace Ridley. Enchanté, mademoiselle. Nan euh sinon j’ai 23 ans et j’suis en études d’économie. Mes vieux veulent que j’reprenne l’entreprise familiale plus tard. Il détourna le regard avant d’ajouter, amer : et ‘faut croire qu’j’ai pas mon mot à dire. T’façon, s’en foutent, j’suis sûr… ‘Fin bref, voilà… Lolilol…

Instinctivement, il gardait un œil sur Feufolé, en espérant que celui-ci ne mette pas l’ambiance en dévoilant les mauvaises cartes trop tôt. Par chance il n’avant encore rien dit, mais c’était peut-être le calme avant la tempête. Aucune émotion ne filtrait et pourtant Ace avait l’impression que l’esprit de feu se marrait intérieurement. Saloperie !

- En même temps, vu l’quartier dans l’quel j’habite, j’ai bien l’temps d’me faire chier… Y a jamais rien à faire. Pacific Heights, ‘voyez où c’est ? D’ailleurs en parlant de quartier, il tenait sa question pour Elie :
- Et toi, Elie ? T’habites dans quel coin ? demanda-t-il d’un air léger. Il allait ajouter en plaisantant « comme ça je sais où toquer si tu me manques trop » mais se souvint qu’à leur retour dans le monde réel elle n’existerait peut-être plus… Il eut un pincement au cœur à cette idée et préféra donc taire ce qui pourrait être mal pris.

Il retourna à ses carottes en attendant la réponse, mais également pour cacher ce pessimisme dont il aurait du mal à se défaire. Lui aussi il aurait donné n’importe quoi pour qu’elle ne disparaisse pas lorsque Jade serait soignée, mais les personnes les plus puissantes qu’il avait rencontrées dans ce monde étaient les gardiens et il n’était même pas sûr qu’eux-mêmes possèdent un tel pouvoir.
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