Hypnose : l'Exil
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 Adeptes ou le retour à la vie

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Melena Autumn

Melena Autumn


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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 1:37

Une cloche lugubre sonna quatre coups qui résonnèrent dans l’air glacial. De la neige fondue se mettait à tomber, la frigorifiant malgré son manteau épais, son bonnet et son écharpe. Elie attrapa la main d’Ace, sans aucun complexe, comme une petite amie récupérait son conjoint, et fit demi-tour pour prendre la direction de leur lieu de résidence. Melena regarda Naomie un certain temps, comme si pour la première fois depuis la fin des épreuves, son cœur avait un sursaut de vie. Cette fille qui n’avait rien fait à personne, qui avait même tenté de se suicider par désespoir, elle la laissait seule en proie aux zombies. Était-elle réellement de la même nature que les gardiens ? Qu’un monstre insensible et sadique ? Pourtant, elle venait de le dire : c’était peu cher payé comparé à ce que elle avait enduré.

- Bonne chance, souffla-t-elle en faisant volte face.

Pendant toute la route retour qui fut celle des voyageurs vers la tour de Freedoom, on pouvait reconnaitre les habitués qui savaient – ou supposaient – leurs maisons assez solides pour résister à l’assaut qui se ferait dans les deux heures, et ceux qui s’agitaient déjà pour trouver quelques renforts supplémentaires. L’anneau de tombes qui cerclait leur récente demeure paraissait plus sinistre encore sous l’intempérie et Melena aurait pu être contente de pouvoir s’abriter si les zombies du RDC n’avait pas été là pour l’accueillir avec leur apathie habituelle. Encore une fois, l’odeur de la mort était beaucoup plus forte ici, comme si elle ressentait instinctivement la présence des cadavres inanimés sous l’humus. Elle s’empressa donc de se réfugier dans l’ascenseur qui les conduisit au douzième, dans leurs quartiers privés.

- Si tu veux, souffla simplement l’irlandaise en retirant son bonnet humide. Ses cheveux noirs cascadèrent sur ses épaules couvertes de neige, ballet sombre autour de son visage ivoirin. J’vais me reposer un peu… on se retrouve plus tard ?

Même s’il faisait plus chaud ici qu’à l’extérieur, ce n’était pas encore du confort optimum, mais il fallait reconnaitre que c’était mieux que pour les pauvres pleupleus qui devraient passer la nuit dans une cabane ridicule. Et Naomie, comment allait-elle s’en sortir ? La nécrophobe tenta de se persuader qu’elle s’en fichait en se rendant dans sa chambre, réalisant que quelqu’un avait eu la gentillesse de couvrir le trou béant d’une planche de bois, mais en vérité, une part de son esprit restait focalisé dessus. Ses arguments étaient pourtant sans faille, et sa compassion humaine avait du mal à se frayer un chemin parmi les décombres de ses émotions, mais subsistait l’interrogation : en quoi suis-je différente des gardiens ?

Elle ne voulait pas être un monstre. Ce n’est pas ce qu’aurait voulu Anney après s’être sacrifiée pour elle ; mais en réalité, il y avait déjà longtemps qu’elle avait fait des choses que sa mère n’aurait pas approuvées. Un profond soupir pour chasser toutes ces considérations parasites, et elle retira son manteau d’un mouvement vif pour se rendre auprès de la machine à laver ; elle s’était trop battue pour être libre, elle ne devait de compte à personne. Voilà tout. Sa combinaison était propre, elle n’avait plus qu’à l’étendre dans la buanderie, et elle pourrait la remettre le lendemain : fini la jupe et les vêtements miquitzliens totalement inappropriés au contexte.

Un détour par la cuisine lui permis d’ouvrir le frigo pour se rendre compte qu’il était plein de denrées comestibles et à première vue en meilleur état que ce qui se trouvait en ville. Les adeptes étaient vraiment logés comme des princes, ou quelque chose d’approchant. Néanmoins, Melena réalisa qu’elle n’avait pas vraiment faim et donc fit ce qu’elle avait prévu de faire : se reposer. Elle ne l’avait pas vraiment fait depuis leur retour des épreuves et le contre coup des efforts qu’ils avaient fournis commençaient à peser sur ses épaules fragiles. Si le réveil lui avait permis de ressourcer ses forces physiques, son mental avait besoin de se débrancher pour ne pas imploser de façon inattendue.

Une fois dans sa tanière impersonnelle, la nécrophobe retira ses bottes pour se glisser sous sa couette pour la première fois. Elle n’était pas spécialement parfumée, mais ne sentait pas mauvais. On ne pouvait au moins pas reprocher ça aux gardiens : l’entretien de leurs larbins était correct. Dans le silence ambiant qui l’enveloppait, la solitude la rattrapa comme un vieux démon oublié. Avec toutes ses mésaventures Dreamland, elle avait toujours eut quelqu’un pour dormir à ses cotés, depuis un ensemble de voyageur sur le SM à Jade ou Elie les derniers temps. Ça faisait vraiment bizarre, comme un retour à 0. Ace et son amie devaient certainement profiter d’être seule pour commencer à jouir de leur nouveau statut, et ils avaient raison.

Elle ne l’entendait pas et l’avait pas de fenêtre, mais imaginait la neige froide qui s’écrasait contre la tour, une morosité envahissant qui se rependait comme une maladie dans les rues miséreuses, ou jusqu’au plus profond de son cœur. Ses pensées pour Jade revinrent à la surface, amoureuses et résignées, inquiètes surtout, malgré les questions qui planaient toujours depuis la première épreuve. Lentement, le sommeil la tirait à lui, aussi glacial que Freedoom.
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 1:50

Gagner l’ascenseur fut un soulagement pour Elie. Avec l’intervention de Naomie, l’adolescente avait eu l’impression que l’équilibre parfait de leur trio s’en était trouvé perturbé. Comme un grain de sable dans l’engrenage, la jeune femme lui laissait à penser qu’elle serait l’instrument de la ruine de leur amitié. L’air pensif et tourmenté de Melena ne faisait que confirmer ses craintes : même si elle avait appuyé leur idée on voyait bien qu’abandonner la phobique pour la nuit la torturait intérieurement.

A la sortie de l’ascenseur, la proposition d’Ace ne reçut qu’un accueil mitigé de la part de l’irlandaise qui s’éclipsa aussitôt. Elie pour sa part hocha la tête énergiquement. Ça faisait partie de leurs plans de se barrer le plus vite possible de ce caillou gelé paumé au milieu de l’océan, et plus vite ce serait fait mieux elle se porterait.

- Ca me va aussi. Avec un peu de chance on pourra partir dans la journée !

Puis le silence s’imposa, légèrement gêné. Sans Melena pour faire d’eux un « groupe d’amis », il n’était plus qu’un « jeune couple », situation à laquelle la psychotique était tout sauf habituée. Mais surtout… le moment de la discussion approchait et n’était pas pour la mettre à l’aise. La main toujours dans celle d’Ace, elle l’entraina jusque sa chambre avant de changer d’avis sans même chercher à expliquer ce qu’elle cherchait au juste. Elle lui avait dit plus tôt non ? Et vu son air grave c’était évident qu’elle ne cherchait pas à l’entrainer sous une couette pour une partie de jambes en l’air.

Une fois arrivés, Elie laissa le pyromane passer devant et referma la porte de sa chambre derrière elle. Ace s’était installé sur l’un des fauteuils qui occupaient le coin à sa droite, et au lieu de le rejoindre elle resta plantée à l’entrée, se mordillant la lèvre. Par où commencer ? Sa main se porta machinalement à ses cheveux pour y glisser ses doigts mais ne rencontra que du vide avant de retomber inerte le long de son corps. Cheveux plus courts, c’était vrai… elle soupira.

- Ace… tu te souviens que j’avais dit souffrir d’un dédoublement de personnalité, et que j’avais un autre moi qui se baladait quelque part ? Même que c’était elle qui m’avait ordonné de vous tuer ?

Le pyromane acquiesça, quoi que peu convaincu. Il fallait admettre qu’il avait eu autre chose à faire à l’époque que de prêter grande attention à ce qu’elle racontait, surtout que leur relation était loin d’être au beau fixe à ce moment-là. C’était même peu dire : ils venaient tout bonnement de s’entretuer.

- Et bien dans le monde réel, sans ce bug lié à notre altération on partage le même corps. Enfin c’est évident mais c’est pas la question, le fait est que c’est elle qui est au commande, moi je suis juste un bonus utile. En fait je sors que pour la défendre quand elle est en danger, la psychotique marqua une pause puis reprit avec amertume, Et si je suis arrivée là la première fois c’est parce qu’on suit une thérapie pour me faire disparaitre.

Elle s’adossa à la porte et bascula sa tête en arrière. Regarder le plafond d’un gris mortellement ennuyeux était bien plus facile que d’affronter le regard d’Ace. Et s’il la jugeait ? Et s’il prenait peur ? Son cœur se serra au point de l’en faire suffoquer et elle se mordit de nouveau la lèvre, plus violemment. Un fin filet de sang coula jusque son menton avant d’être essuyé négligemment. Impossible de s’arrêter maintenant qu’elle était lancée, l’hésitation ne serait pas tolérée.

- D’ailleurs, notre objectif une fois sortis de là, c’est de retrouver nos ombres pour nous soigner, c’est-à-dire me faire perdre mon corps du monde réel. Je voulais que tu le saches, et que tu comprennes aussi qu’un jour je… je risque de disparaitre.

Ses mains tremblaient désormais, animées par la colère et le désespoir. C’était injuste ! Tellement injuste ! Pourquoi est-ce qu’on tentait de la supprimer alors qu’elle n’avait jamais fait qu’aider ? Pourquoi celle qui gênait n’était pas l’autre, celle paralysée par la peur et incapable d’agir pour son propre bien ? Comme une bête de somme elle s’était tuée à la tâche et maintenant on l’emmenait à l’abattoir le sourire aux lèvres. Monde à la con.

Réunissant son courage, elle consentit à abaisser les yeux vers Ace qui la fixait les yeux ronds comme si son cerveau avait du mal à visualiser la finalité du raisonnement. Dans l’esprit d’Elie les mots s’entortillaient, se rebellaient et refusaient de sortir, et pourtant, elle n’était pas allée jusque-là pour rien.

- Si ça te gêne, si tu sais que tu pourras pas supporter un truc aussi tordu je comprendrais t’inquiètes pas. Mais dis le moi tout de suite avant que…

« Je ne puisse plus m’empêcher de t’aimer » refusèrent de franchir ses lèvres, mais l’essentiel était dit.


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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 13:45

Oui, bon, soit elles étaient fatiguées, soit elles se fichaient bien d’aller voir la tronche du bateau. Ace proposait ça pour qu’ils puissent voir comment faire monter quelqu’un en douce, les choses à faire et à ne pas faire mais si personne n’en avait rien à foutre, ben tant pis. Naomie aura qu’à faire du ski nautique, tiens…

Melena préféra se retirer pour aller se reposer, laissant seuls Elie et Ace. Un silence gêné s’ensuivit car le pyromane savait bien que si la mauvaise jumelle choisirait un moment pour lui dire ce qui la tourmentait, ça serait celui-ci. Et ça ne manqua pas : elle l’entraina jusque dans sa chambre où il s’installa sur un fauteuil. Resté fiché comme un piquet dans ce genre de situation c’était pas son truc. Il réfléchissait déjà à ce que pouvait bien vouloir lui dire la mauvaise jumelle. Elle allait lui dire que finalement elle ne l’aimait pas ? Qu’elle s’était trompée mais qu’ils pourraient quand même rester amis ? Ohh !! So cruel !!

Il observa Elie alors qu’elle cherchait ses mots, ne faisant ainsi qu’augmenter encore la pression, l’appréhension de se voir révéler quelque chose de terrible. Et puis elle sembla enfin trouver la force de parler. Une rapide recherche dans ses souvenirs et il se souvenait effectivement d’un dédoublement de personnalité, ou quelque chose du genre. Il acquiesça lentement, se demandant ce qu’il pouvait bien y avoir de grave là-dedans. Ils s’étaient entre tués, certes, mais ils étaient vivants maintenant. Aucune raison de s’en faire pour… Il allait dire ‘si peu’, mais en soi c’était déjà assez gros, mine de rien.

Dans la suite du discours d’Elie, le Ken tiqua sur quelques mots mais ce n’est vraiment qu’à l’évocation de la thérapie qu’il saisit toute la portée de ce que venait de lui dire la mauvaise jumelle. Son cœur venait de rater un battement alors que son cerveau se vidait littéralement, lui donnant une sensation affreuse de vertige. Il n’avait aucun mot, aucun geste, aucune pensée qui puisse décrire ce choc et même le roi de l’éloquence ne pipait mot, pour une fois. Se contentant d’un simple « hmm.. », Feufolé se déplaçait lentement de gauche à droite comme s’il ne savait plus sur quel pied danser.

Sans laisser le temps à Ace de récupérer ses esprits, Elie embrayait déjà sur ce qu’elle appelait l’objectif de leur voyage. Ça se résumait presque à…
Il ne savait pas quel sentiment était le plus fort en cet instant. La tristesse ? La colère ? la frustration ? Ou bien un mélange sordide des trois ? Ce qu’elle venait de lui avouer c’était qu’elle n’était selon elle qu’un vulgaire pouvoir comme pouvait l’être Feu’ pour lui. Un simple « bug »… Un… « bonus ». C’était injuste et ça l’énervait.

Mais même s’il ne savait pas comment le dire dans l’instant, il était déjà certain que jamais il ne ferait machine arrière. Il resta bien une minute à sélectionner les mots qu’il voulait placer mais c’était une sorte de paradoxe entre ‘trop’ et ‘aucun’. Et puis une nouvelle fois la conclusion s’imposa comme « aux chiottes mon cerveau incapable » alors que celle qui possédait son cœur lui proposait de faire machine arrière. Autant s’arracher le palpitant !

- Non ! répondit-il du tac au tac même s’il ne savait toujours pas ce qu’il voulait dire pour enchaîner. Je… J’m’attendais pas à c’que tu me dise que tu sois… Mais merde, t’existe, t’es là et tout alors pourquoi..? *pourquoi tu dis que t’es pas réelle alors que moi je t’aime réellement…*
Il se leva d’un bond. Ras le cul d’être assis. C’est chiant.
- Bon, merde. J’ai jamais été doué pour les longs discours touchants, t’façon.
Pour moi tu seras jamais un rêve ou quoi. Je t’aime, et ça c’est réel ! T’as le droit de vivre ; dis pas que t’es qu’un bug, c’est pas vrai !


Ace sentait la frustration s’emparer de lui. Il serra les poings alors qu’il détournait le regard. Son corps était comme ravagé par les flammes et même s’il arrivait à digérer ça, il y aurait toujours des cicatrices. C’était peut-être la pire des flammes, celle qu’on s’inflige à soi-même.
Mais le feu n’est dangereux que quand on ne le contrôle pas. Ravalant colère et frustration, le pyromane se concentra sur ce que son cœur lui disait. Car il était le seul en droit de parler et qu’à l’inverse de ce qu’il avait cru avant de venir dans ce monde, il était capable de bons sentiments lui aussi.

S’approchant d’Elie, il prit ses mains dans les siennes en la fixant dans les yeux. - Peut-être qu’un jour tu… disparaitras vraiment… Mais en attendant j’veux passer le plus de temps possible avec toi. On sait pas quand ça arrivera, t’as pas à t’refuser de vivre à cause de ça ! Il vint plaquer les mains de la mauvaise jumelle contre son cœur puis reprit : je t’aime. Pour de vrai. Ecoutes ton cœur et dis-moi si toi aussi tu m’aimes ; c’est la seule chose qui compte.
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 14:24

Le refus brutal l’avait fait sursauter, envoyant son dos heurter douloureusement la porte et sa poignée saillante qui s’enfonça dans le creux de ses reins. Elie lâcha un grognement étouffé alors que son cœur s’emballait et que son cerveau lâchait prise. Les paroles d’ace se répercutaient sur les parois de son crâne à l’infini, dénuées de sens jusqu’à ce que ses neurones lui traduisent laborieusement le tout. Il l’aimait. Peu importe qu’elle existe ou non, et que de toute façon pour lui, elle était réelle. Son cœur battait si fort à présent qu’elle avait l’impression qu’il allait jaillir de sa poitrine d’un moment à l’autre, fusée miniature, pour l’aller s’écraser sur le mur d’en face.

Voir fondre vers elle le pyromane avant qu’il ne se saisisse de ses mains ne l’aida en rien à remettre en marche la machine détraqué qu’était son système émotionnel. Il était proche, trop proche. Aucune issue à l’horizon. On attendait d’elle qu’elle ouvre la bouche mais les mots restaient coincés dans sa gorge et la faisaient suffoquer. Et pourquoi réagissait-elle si violemment ? Peut-être parce qu’elle ne se serait jamais attendu à ça, tout simplement. Quelqu’un qui l’aime et qui l’accepte, mais seulement en amie et ce malgré son existence précaire… ça ressemblait juste à un rêve. Un rêve doux et agréable mais qui vous laissait un arrière-goût amer au réveil quand on réalisait que rien n’était vraiment réel.

Sauf que ça l’était non ? A vrai dire elle n’était plus sure de rien mis à part une chose : elle aimait ce mec. Qu’il soit un fils à papa doublé d’un connard égocentrique ne changeait rien au fait qu’il était aussi franc, protecteur et adorable quand il le voulait. Elle l’aimait tout entier, pour ses défauts comme pour ses qualités, si bien qu’elle finit par réussir à articuler à mi-voix :

- Je t’aime.

Le dire enfin avait l’effet magique de donner corps à ces sentiments, comme si le prononcer enfin rendait tout plus concret, plus facile aussi.

- Je t’aime ! répéta-t-elle plus fort.

C’était le meilleur remède qu’elle aurait pu trouver contre son trouble. Dans les mains d’Ace les siennes arrêtèrent de trembler, et son regard accrocha le sien avant qu’elle ne l’embrasse avec autant d’assurance que la première fois où elle n’avait rien eu à craindre, peut-être même plus encore. Le brouillard d’appréhension se dissipa pour laisser placer à une sérénité telle qu’en n’en avait jamais connu. Ses bras s’enroulèrent autour du cou du pyromane pour prolonger cette délicieuse sensation de chaleur, de réalité.

Sans même s’en rendre compte, elle repoussa Ace jusqu’à ce qu’il bute contre le lit et qu’ils tombent tous deux à la renverse, mais il en aurait fallu plus pour arrêter la psychotique. C’était totalement dingue mais… elle voulait vraiment lui prouver qu’elle ne mentait pas, et que ce qu’il venait de lui dire comptait plus pour elle que toutes les déclarations du monde. Elle voulait sceller leur engagement, même si ça semblait précipité ou stupide, à vrai dire elle n’avait jamais été vraiment douée pour réfléchir. La mauvaise jumelle était une femme d’action et le prouvait bien une fois encore.

La présence de Feufolé ou le souvenir de sa première expérience avec Melena, toutes ces considérations étaient loin, très loin de son esprit alors qu’elle déposait en baiser dans le creux du cou de celui qu’elle cataloguait mentalement comme « son homme ». Sauvagement possessive elle comptait bien ne jamais le laisser s’échapper. Jamais.

Le battement du cœur de son partenaire contre sa peau était la seule chose dont elle avait besoin. Les mots étaient devenus obsolètes. Elle se fichait bien de disparaitre un jour s’il pouvait la faire ce sentir aussi vivante tous les jours de cette vie écourtée qu’il lui restait à vivre. Fébrile sa main défaisait déjà les boutons de son manteau écarlate alors que la passion finissait d’emporter sa raison. Qu’on la catalogue de fille facile, ou d’inconsidérée… tout ça n’avait pas d’importance. Elle l’aimait et elle était libre voilà tout !

- Ne reviens jamais sur ce que tu as dit d’accord ? lui souffla-t-elle à l’oreille alors que la bretelle de sa robe glissait à son tour.

Plus aucun retour en arrière n’était permis. La trahison serait impardonnable. Elie était de ses femmes qui brûlait, ardente, jusqu’à la combustion totale de leur raison…

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 16:02

C’était tout ce qu’il y avait à dire : « je t’aime ». Ils avaient survécu à toutes les épreuves, et dans survivre il y a vivre ; profiter de l’instant présent. Ces quelques mots prononcés par Elie restaient gravés dans l’esprit du pyromane alors qu’elle l’embrassait ; il ne s’était jamais senti autant léger que maintenant, dans cette bulle qui les englobait tous deux et autour de laquelle plus rien n’existait.

Le jeune couple s’étreignait avec passion ; aucun ne voulait voir l’autre s’éloigner ne serait-ce qu’un instant, et ils tombèrent ensemble sur le lit sans vraiment avoir remarqué avoir bougé à un moment donné.
- Oh.. Hu hu ! j’vais vous laisser, les enfants, hein ? lâcha l’esprit de feu avant de passer à travers le mur pour se retrouver dans le couloir. Il ricanait bêtement alors qu’il se donnait pour tâche de monter la garde ; ça serait idiot d’être interrompus par un importun ! Il avait eu le nez creux lors de la seconde épreuve ; il connaissait bien Ace, après tout et se félicitait de lui avoir fait ouvrir les yeux, au moins indirectement, se couronnant du titre d’entremetteur sans aucune raison. Ça lui ferait une nouvelle histoire à raconter. Ou pas.

Ace, quant à lui, n’avait même pas entendu son invocation s’en aller. Son cœur battait encore plus fort, il avait déjà du mal à avoir accès à son cerveau mais le baiser que déposa la jumelle dans son coup fut fatal à ce dernier : déconnexion totale. Il avait chaud, trop chaud, et enleva son manteau pour le balancer à côté sans se demander où était cet ‘à côté’. Ils allaient vraiment… le faire ? Ça ne faisait qu’une journée à peine mais autant était-ce court, autant le temps se ralentissait considérablement à chaque fois qu’ils étaient ensemble. Chaque minute devenait heure et désormais chaque battement de cœur réitérait ces « je t’aime » qui aux yeux du pyromane ne seraient jamais assez pour prouver à Elie combien il l’aimait.

Faire machine arrière ? Hors de question. Il était sûr de lui, certain de ses sentiments et de ses désirs, il voulait se vouer corps et âme dans ce couple, quitte à en mourir le jour où ils devraient se dire adieu.
- J’te l’promets lui murmura-t-il en déposant un baiser en dessous de l’oreille. Il déboutonna sa chemise mais rien n’y faisait : il avait l’impression de se trouver dans un brasier où son corps tout entier brûlait mais d’amour, cette fois.

Ses mains se promenaient sur le corps de la mauvaise jumelle, la caressant ; il aurait voulu l’envelopper, la serrer encore plus fort dans ses bras. Instinctivement, il passa sa main gauche dans les cheveux d’Elie, remarquant la couleur violacée de son membre. Elle avait pris une toute autre signification, depuis son arrivée ici. C’était sa malédiction, le symbole de sa solitude. C’était maintenant un contrat en chair et en os sur lequel on pouvait voir le sceau de la tour qu’il partageait avec Elie. Leurs destins s’étaient croisés pour s’entrelacer.

D’un geste assuré, il enleva sa ceinture. Elle le serrait trop et puis il n’allait pas en avoir besoin, de toute façon. Et puis soudain : révélation… « j’ai pas de capotes… » Choix cornélien et souvent à l’issue fatale… Entre celles que cela refroidissait, ceux qui ne le disait pas et se faisaient traiter d’ordure par la suite, et on en passe… Bon, les règles étaient peut-être différentes dans le monde des rêves, mais il ne voulait pas créer de problèmes. Pas à Elie.

- Et toi, t’es sûre d’le vouloir ? J’ai pas pensé à prendre de capotes en arrivant ici..
Oui, bon, ok… Niveau tact on repassera et y a des trucs plus romantiques, mais il n’avait pas envie de partir sur des mauvaises bases. Enfin ça restait quand même le point charnière : quitte ou double ; mais il ne se sentait pas non plus de devenir papa à 23 ans… mais une partie de son cerveau encore active lui criait "c'est pas grave !! Osef !! Tu l'aimes ou t'es une merde ?"
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 16:43

La promesse murmurée au creux de son oreille lui donnait l’impression d’être si légère qu’elle aurait pu s’envoler. D’ailleurs n’était-ce pas déjà le cas ? Tout était si doux, si fou, si flou, qu’elle en perdait pied. Ses vêtements la quittaient les uns après les autres sans même qu’elle ne réalise être la cause de leur disparition, trop obnubilée par la sensation du corps brûlant d’Ace contre sa peau. Elie n’était déjà plus qu’en sous-vêtements quand la ceinture du pyromane décida de se faire la malle en laissant à la place une question qui faisait tâche. Avec ou sans capote ?

Arrêtée dans son élan la mauvaise jumelle haussa un sourcil, à cheval sur son compagnon qui put observer à loisir le corps de celle qui s’offrait à lui. A vrai dire elle n’y pensait même pas, elle n’avait pas eu ce genre de problème avec Melena mais maintenant qu’il en parlait... Pensive elle s’effleura les lèvres du bout de ses doigts fins. Oh et puis merde ! On était pas à ça près ! Elle haussa les épaules en éclatant de rire, un sourire mutin éclairant son visage.

- J’en suis sure, et puis c’est un rêve non ? C’est pas en faisant quelque chose ici que je choperais la chtouille ou un môme !

Sur ces belles paroles elle envoya au diable les principes, les angoisses terre-à-terre et le jean d’Ace par la même occasion. S’ensuivit un tourbillon de chairs, de plaisirs et de cris peu soucieux de déranger le voisinage. Ils étaient actuellement dans un monde qui n’appartenait qu’à eux, un monde égoïste mais terriblement délicieux…

De longues, bien longues minutes plus tard, Elie enroulée dans son drap jouait avec l’une de ses mèches d’ébène, la tête calée contre le torse du pyromane. Elle se sentait vidée, complètement lessivée, et contrairement à sa première expérience elle ne regrettait rien. Ses parents l’auraient sûrement étripés s’ils avaient appris ce qu’elle venait de faire mais ça l’importait autant que le cours de la bourse ou la culture du rutabaga. Elle était à Ace, et il était à elle. Quel mal y avait-il là-dedans ?

Son esprit voguait à présent entre une envie de sommeil lancinante et le besoin de parler, d’en apprendre plus sur lui. Que savait-elle de lui à par son nom d’ailleurs ? Même pas son âge, c’était pour dire… L’adolescente se redressa sur un coude pour plonger son regard azur dans celui du Ken, l’air songeur. Après avoir arboré une moue légèrement boudeuse, ses lèvres s’entrouvrirent pour déverser les questions qui lui trottaient en tête, en vrac et sans chercher le moins du monde à les organiser.

- Je veux que tu me parles de toi. Par exemple… ton âge, ou ce que tu fais dans la vie… ta famille, tes loisirs – à part cramer des trucs hein – enfin… j’ai envie de te connaitre. J’ai l’impression d’en savoir déjà beaucoup, mais quand je réfléchis je me rends compte que je connais même pas ton nom de famille.

La mauvaise jumelle fronça les sourcils tout en dessinant des arabesques du bout du doigt sur la peau du pyromane. Si Jade apprenait ce qui venait de se passer, elle la tuerait probablement comme la fois où Elie avait osé se coller à Maxim à moitié nue. Parce que « c’était son corps à elle aussi ». Si la pauvre venait à découvrir la vie sexuelle de son double elle risquait de tourner de l’œil sous le coup de l’émotion.

- Nan mais imagine que je veuille parler de toi à ma famille : « salut ! Bon bah voilà, j’ai un mec qui s’appelle Ace et… et voilà ». Ca le fait pas. Déjà que je vois gros comme une maison que Jade va m’arracher les yeux…

Un profond soupir s’échappa de ses lèvres avant qu’elle ne réalise qu’elle s’emportait peut-être un peu. Après tout ils s’étaient dit s’aimer et avaient couché ensemble, ils ne venaient pas de se marier. Elle leva les yeux au ciel en ébouriffant sa tignasse et se laissa retomber sur le dos. Sa main s’agita pour signifier de ne pas faire attention à son babil alors qu’elle ajoutait :

- Laisse tomber, je crois que ça m’a retourné le cerveau, elle marqua une pause et ajouta avec un léger sourire, Mais c’était bien.

La voix de Feu’ choisit ce moment pour s’élever de l’autre côté du panneau de bois. Il tentait apparemment de convaincre quelqu’un de ne pas pénétrer dans la pièce. La voix de ce « quelqu’un » ressemblait drôlement à celle de Melena. Et… merde. Où avait-elle bien pu balancer sa culotte ?

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Melena Autumn

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 18:19

C’était le glas de 18h qui l’avait réveillée, la tirant de son sommeil glacé et sans rêve. Son statut de privilégiée la gardait loin de l’horreur, à l’écart des hordes de morts-vivants qui allaient désormais se disperser dans la ville maudite pour tuer sauvagement, sans réfléchir, sans but. Une atrocité à l’état pur. Melena se redressa, ses cheveux noirs désordonnés dévorant ses traits blêmes, ses yeux gris plissés détaillaient la pièce alors que se restituaientt petit à petit les souvenirs de sa présence dans ce lit. Sa solitude lui fit un choc, évidement pas encore réhabituée à se lever sans être en compagnie de quelqu’un. Quelque part, ça avait du bon : celui de lui permettre de prendre un peu de recul, de réfléchir, de mimer grossièrement sa vie du monde réel. Mais aussi, elle ne pouvait désormais que se rendre compte du point auquel Jade lui manquait.

Parce qu’elle n’arrivait plus à rester enfermée dans sa chambre maintenant qu’elle était réveillée, l’adolescente quitta le cocon de sa couette, se coiffa rapidement avec ses longs doigts fins et sortit pour prendre la direction de la chambre d’Elie. Elle avait envie de lui parler, ou juste de la voir même. Les épreuves étaient finies depuis un moment, mais le contrecoup n’était pas encore complètement tombé, il l’attirait vers le gouffre petit à petit, pour l’y larguer beaucoup plus tard.

La présence du petit esprit violet devant la porte de son amie lui mit la puce à l’oreille : Ace était aussi avec elle ? Et pourquoi on avait refourgué Feufolé au poste de vigil ? On avait pas besoin de gardien quand on ne faisait rien de douteux, n’est-ce pas ? A l’idée que la mauvaise jumelle puisse déjà s’être offert au pyromane, le cœur de l’irlandaise se serra, mais elle s’efforça de sourire en arrivant à hauteur du pouvoir espiègle :

- Je peux rentrer ?

Bien entendu, l’accès lui fut refusé. C’était trop beau de croire que ses deux comparses étaient en train de parler de la pluie et du beau temps, voire à simplement se déclamer des poèmes. Ce qui lui faisait le plus mal ? Sans doute parce que le même corps qu’elle avait très certainement donné à Ace sans hésiter, Elie l’avait utilisé pour tenter de la détruire et piétinant ses sentiments. Qu’elle ait réussi à lui pardonner était une chose, mais la cicatrice était toujours présente, elle.

Dans la cuisine, Sven était en train de boire un café en lisant le Dreamland soir. D’ailleurs, un hibou passa à travers le mur pour apporter le sien à la nécrophobe qui le prit sans conviction et le jeta sur la table avant de s’assoir, sans même chercher à l’ouvrir. Consciente que l’adepte la regardait, elle réajusta le col ample de son haut en toile pour ne pas qu’il dénude l’une de ses épaules blanches, et finit par lever ses yeux gris pour demander sèchement :

- Quoi ?! J’ai pas le droit de m’assoir ici ?
- Bien sûr que si. Quelque chose ne va pas ? s’enquit calmement son ainé sans relever sa brusquerie.
- Non, ça va, coupa rudement l’adolescente.

Pourtant, quelque chose de lourd lui écrasait la poitrine. Si elle ne le lâchait pas, elle savait qu’elle risquait de s’étouffer, de craquer, de devenir folle. C’était à Elie qu’elle voulait parler, mais elle était occupée à faire des papouilles au pyromane, il ne restait plus que cet inconnu intriguant, étrangement paternel avec les novices qu’ils étaient. Melena ouvrit la bouche, prête à se confier, mais aucun son ne passait l’enclos de ses lèvres. Rien ne voulait sortir, tout comme les pleurs qui restaient prisonniers de ses yeux où se reflétaient ses troubles. Sven ne pourrait rien pour elle, elle le sentait… seule la mauvaise jumelle réussirait à lui faire éviter le précipice, mais même en la voyant, elle n’oserait peut-être rien lui avouer.

- Y’a rien…, répéta-t-elle avec amertume, rien du tout.

Son regard s’égara sur les gros titres du Dreamland soir, mais il n’y avait rien de spécialement intéressant sinon d’autres rapports sur les dérèglements magico-météorologiques. Seule une entête se démarquait : un article sur un homme désespéré qui était mort dans une ascension mal équipée des Monts Infinis, il avait averti vouloir aller rencontrer les Dieux et leur demander de ressusciter sa femme et ses enfants morts dans un incendie accidentel.

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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 19:14

La mauvaise jumelle ne s’était pas posé la question non plus apparemment mais elle fit remarquer avec justesse à Ace qu’il s’agissait du monde des rêves ; seuls leurs esprits étaient ici. ‘Pas plus mal, dans un sens. Elle était vraiment adorable comme ça. Esquissant un sourire amusé, le Ken donna pour seule réponse un haussement d’épaules signifiant « t’as pas tort ».

Pour un rêve, c’en était un plutôt pas mal, quand même. Il senti son pantalon se faire la malle on ne sait où, puis ils s’offrirent l’un à l’autre dans un tourbillon passionnel. Les deux corps s’étreignirent et fusionnèrent pour un moment de pur bonheur, de pur plaisir.
Les sentiments eux-mêmes se troublaient, l’atmosphère était torride et le pyromane aima comme jamais, se délectant de chaque instant.

Lorsque chacun eut atteint ses limites, il se cala confortablement sur un oreiller alors qu’Elie venait poser sa tête contre son torse. Ace caressait les cheveux d’Elie alors que le sommeil s’emparait de lui petit à petit. Il repensait à un peu tout ; toutes les idées qui s’imposaient pêle-mêle dans sa tête en se disant que finalement il y avait toujours des instants qui valaient la peine d’être vécus, des hauts et des bas. Etrangement, le souvenir des épreuves ne se manifestèrent pas, bannis de cette atmosphère tranquille dans laquelle ils respiraient encore bruyamment, tentant de calmer un palpitant qui était passé au bord de la syncope.

Ses paupières commençaient à se fermer mais la mauvaise jumelle avait envie de parler. De le… Connaitre ? C’est vrai qu’ils n’avaient pas vraiment eu le temps de parler ni même eu de temps tout court, en fin de compte.
A chaque question posée, Ace essayait de faire un résumé dans sa tête, trouver de quoi raconter sans passer pour un blaireau. C’est vrai que si un jour il devaient se présenter à la famille ou aux amis, passer pour des inconnus l’un pour l’autre… Ben c’était pas l’idéal…

Il cherchait encore par quoi commencer mais finalement non, elle ne voulait plus savoir. Bon… Plus tard, alors. C’était bien ? Seulement ‘bien’ ? Il n’était pas très doué niveau adjectifs non plus mais ça le titilla juste assez pour que la question revienne en filigrane de temps à autres.
- Ouais, c’était super lâcha-t-il, songeur. Oui, bon, il avait dit qu’il était pas doctorant en argumentation, merde !

De l’autre côté du couloir, des voix assez familières s’élevèrent. Feufolé et Melena, à coup sûr.
L’esprit avait vu arriver la thanatophobe et s’était de suite placé devant la porte ; il aurait même croisé les bras… S’il en avait eu. Mel lui demanda si elle pouvait entrer, ce à quoi il répondit à la négative.
- Hm-mm ! Stop ! Personne n’entre, je monte la garde. Attention, Feufolé méchant ; veuillez laisser un message après le bip sonore… BIP ! Hey, tu laisses pas de message ? Bon, ben je dirai que t’es venu, alors. No problem. A plus tard !
Elle s’était éloignée sans rien dire, une pointe de tristesse ou un sentiment du genre se lisant sur son visage.

Dans la chambre, Elie s’agitait, cherchant quelque chose. Hm… Ses sous-vêtements, probablement. Sans quitter sa position, Ace tourna la tête pour apercevoir la culote de la mauvaise jumelle. Il tendit le bras et la lui tendit avec un sourire en coin
- C’est ça qu’tu cherches ? T’en fais pas, si elle avait voulu entrer, Feu’ aurait gueulé encore plus fort… c’bien la seule chose qu’on puisse attendre de lui…

Une fois qu’Elie eut attrapé sa culotte, le pyromane s’étira comme un chat. Il aurait bien aimé pioncer un peu, mais si on s’obstinait à venir les déranger c’était pas cool.
Bougeant sa tête de gauche à droite, il chercha ses vêtements à lui. Il n’en trouvait aucun depuis le lit. Chier.. Il se leva donc et trouva un à un ses habits qu’il enfila sans grande conviction. *On était mieux, dans le lit…*

- Bon, j’vais voir pourquoi Feu’ s’excite, j’reviens. Il sortit de la chambre pour retrouver son compagnon, toujours fidèle au poste.
- Alors c’était bien ? - T’as vraiment aucune gêne, toi… - Hm… Nan. Ah, au fait : Mel est passée vous faire un p’tit coucou, mais elle a pas laissé de message. Elle est partie par là. indiqua-t-il en voletant dans la direction souhaitée.
- Ok. commenta simplement le pyromane.

De retour dans la chambre, il trouva Elie pour lui faire un compte rendu (ou dénoncer la trouble-fête, en d’autres termes).
- C’était Mel, mais on sait pas ce qu’elle voulait. Tu crois qu’elle a compris ce qu’on faisait..?
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 20:05

Le « super » d’Ace sonna à ses oreilles de manière aussi peu satisfaisante que le « bien » à celle de son compagnon de chambrée mais Elie tenta de ne pas se vexer et mettre ça sur le compte de sa première fois avec un homme. Après tout on ne pouvait pas être bonne partout non ? Ou pas du premier coup. Mais malgré cette constatation évidente la psychotique brûlait de l’envie de demander plus de détails techniques ou soyons fous, une seconde mi-temps. Malheureusement le besoin de s’habiller et presto lui revint à l’esprit alors qu’elle rattrapait sa petite culotte de justesse. La taquinerie lacée au passage lui tira un sourire en coin et elle y répliqua du tac-o-tac :

- Oui c’est ça, mais attention à ce que tu dis si tu veux pouvoir me la retirer une autre fois…

Elle se glissa dans ses sous-vêtements sans perdre de temps pour partir à la recherche, à demi nue, du reste de son attirail qui avait eu la fâcheuse idée de s’éparpiller un peu partout dans la pièce, comme s’ils avaient pu trouver le sol fertile et y pousser. Sa tâche était remplie à moitié quand Ace lui annonça aller voir ce qui se passait dehors, l’abandonnant dans la chambre. La psychotique profita de ce laps de temps pour achever de mettre la main sur tout ce qu’elle avait perdu et se rendre présentable, autant que faire se peut quand il s’agit de se coiffer avec les doigts.

Lorsque le Ken repointa son nez dans la chambre où flottait une légère odeur de fauve – l’inconvénient de ne pas avoir de fenêtre sautait à présent au visage de la mauvaise jumelle – Elie avait retrouvé une allure décente même si sa robe de soirée invitait irrémédiablement à remettre le couvert. Et si elle était encore d’humeur coquine, elle fut vite refroidie par le rapport concernant Melena. Alors elle l’avait bien reconnu…

- Bien sûr qu’elle a compris, elle est pas née de la dernière pluie mais j’ai peur qu’elle le prenne mal après ce qu’il s’est pa…

S’interrompant brusquement, Elie se mordit la lèvre et détourna les yeux. Même si elle pensait que son amie risquerait de se sentir mal vis-à-vis de leur nuit à San Francisco, elle ne se voyait pas le balancer de but en blanc à Ace. Même si ça finirait forcément par ressortir, et que laisser les vieilles histoires moisir dans les placards était la meilleure manière d’empirer la situation lorsqu’elles en ressortiraient… oh et puis merde ! Après tout, fallait bien le dire un jour non ?

La mauvaise jumelle soupira en ébouriffant ses cheveux à l’arrière de son crâne puis entrouvrit la porte pour jeter un coup d’œil dans le couloir. Personne à part Feu’ et son regard de chat, elle pouvait entrer dans le vif du sujet sans risquer de voir la nécrophobe réclamer le silence. Elle referma la porte et se planta devant Ace, l’air légèrement contrariée.

- Tu sais, au début je m’entendais pas du tout avec Melena parce qu’elle est amoureuse de mon autre « moi », Jade, et qu’elle tentait de m’évincer. Alors un soir à San Francisco je suis venu la voir en pleine nuit et je me suis fait passer pour mon double. On l’a fait, tu t’en doutes, et après j’lui ai balancé grosso modo dans la gueule qu’elle était qu’une grosse merde qui la méritait pas vu qu’elle arrivait pas à nous différencier.

Un silence s’installa, et avant qu’Elie n’ait pu se décider sur la raison qui motivait Ace à garder sa langue soudée à son palais, elle ajouta :

- Enfin… après on a fini par s’entendre même si c’est pas la question, le fait est que je l’ai vraiment blessé ce jour-là et que j’ai peur que ça ait ravivé tout ça, elle pencha la tête de côté les yeux plissés et grommela, Ça fait chier, j’ai besoin d’être fixée maintenant.

Sur un coup de tête elle quitta la pièce, sans réaliser la bombe qu’elle venait de lâcher. La seule chose à laquelle elle était capable de penser était que son amie broyait encore du noir. Par sa faute. Comme si elle ne pouvait pas être heureuse sans faire souffrir les autres, sous l’effet d’un effet papillon particulièrement vicieux. Une fois dans la cuisine elle s’arrêta net en apercevant l’irlandaise cachée derrière son DreamlandSoir. Abaissant les feuillets avec fermeté quitte à la froisser, elle lança de but en blanc :

- Ça va ? Non mais je tiens à être sûre que ça va. Ace et moi on s’est un peu laissé emporter, mais faut pas te faire du mal pour ça… on est amie non ? C’est pas parce qu’on cou… qu’on est ensemble qu’on t’oublie.

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 20:25

Ace parlait d'épreuves, de gardiens... Naomie de comprenait rien. Elle avait limite envie de lui dire «Rooh, mais ta gueule !» tellement elle était sur les nerfs. Elle en avait marre que tout le monde la méprise, que personne ne veuille l'aider. En plus, Feufolé n'arrêtait pas de s'exciter pour elle ne sait quelle raison. Lorsque l'érémitophobe entendit Elie faire tomber une poubelle, elle failli se retourner et demander de faire attention en criant. Mais elle se retint, préférant éviter toute représailles de la part de la mauvaise jumelle.

Après leur discussion, Melena et Elie revinrent vers Naomie et Ace. Ils expliquèrent à la New Yorkaise que le seul moyen pour qu'elle sorte de cet endroit lugubre était d'être leur esclave pendant une semaine. Le mot esclave la fit réagir. Quoi ?! Et puis quoi encore ?! Elie sourit, elle avait dû remarqué la grimace de Naomie. Cette dernière s'imaginait déjà les multiples tâches que ce trio allait lui infliger. Elle frissonna. «Vaudrait mieux que je ne pense pas à ça.» Et elle avait raison, d'autres choses plus dangereuses l'attendait.

Elie lança un défi à l'érémitophobe : survivre à une invasion de zombies jusqu'à 10 heures du matin. Elle sera seule, bien sûr. Il fallait qu'elle trouve une planque bien solide. Apparemment, eux, ils auront un endroit bien confortable et sécurisé où dormir cette nuit, à l'abri des zombies affamés. Elle leur jetta un regard noir pour leur montrer qu'elle sera là, en chair et en os, le lendemain matin. Ils la laissèrent en bas de la tour des gardiens. Elle se retrouvait livré à elle même. Il était 16h30 et elle n'avait plus beaucoup de temps pour trouver un endroit où se réfugier.

Naomie traversa les rues sombres de Freedoom. Elle détestait par dessus tout être seule dans des endroits terrifiants. Surtout que tout le monde la regardait bizarrement, sûrement parce qu'elle bougeait la tête partout pour trouver un abri, comme un radar. Elle le trouva enfin, ce petit nid douillet. C'était une petit cabane en bois, avec un toit un taule et un tissu faisant office de porte. Elle n'aimait pas dormir -ou être tout court- dans des endroits sales. Elle ne supportait pas les mauvaises odeurs et les saletés. Mais, elle n'avait pas le choix. Elle se mit à chercher de quoi renforcer cette planque misérable.

>> Direction un refuge, quelque part à Freedoom
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Melena Autumn

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 21:40

Elle n’avait lu que quelques lignes de l’article sur l’alpiniste suicidaire quand les feuilles de son journal furent subitement abaissées pour laisser apparaitre le doux visage d’une Elie encore légèrement échevelée. Nouvelle preuve à charge de sa récente activité, mais les questions qu’elle posa de but en blanc à la nécrophobe l’empêchèrent de parler la première. Le mot que la psychotique avait faillit lâcher malencontreusement se termina de lui-même dans son esprit emmêlé. Inutile de cacher le trouble qui se lovait au fond de ses yeux, son amie le sentirait sûrement de toute façon. Plus pudique, elle tourna la tête vers Sven pour lui signifier d’un regard qu’elle aimerait qu’il les laisse seule. Avec un sourire amusé, il s’éclipsa avec son café, laissant les deux adolescentes en tête à tête dans la cuisine. Ce n’était toujours pas l’endroit le plus propice à une discussion privée, parce qu’un autre adepte ou même Fisher pourrait débarquer d’un moment à l’autre, mais soit.

- Ça va, répondit Melena avec hésitation, je… vous faites ce que vous voulez, je comprends que… vous ayez envie d’être tous les deux. J’ai l’habitude d’être un peu toute seule, je crois que je survivrai. Laisse moi juste le temps d’oublier ce qui s’est passé entre toi et…

Elle était sincère, mais la silhouette du pyromane se dessina dans le dos de la mauvaise jumelle, l’incitant au silence. C’était presque scientifiquement inévitable, une fois que le couple était réuni, malgré qu’elle soit contente pour Elie, la sensation d’être de trop bataillait durement dans son cœur épars, et les mauvais souvenirs n’aidaient en rien. Incapable de se taire sous le besoin de vider son sac, l’irlandaise poursuivit malgré tout :

- En fait… j’ai peur… d’être comme les gardiens, tu vois ? On a fait tellement de choses horribles… même si tous ces gens voulaient qu’on crève… je me demande, qu’est-ce qui nous rend différents d’eux maintenant ?

Au fur et à mesure qu’elle parlait, sa voix se brisait et sa gorge se serrait tellement qu’elle n’arrivait plus à produire aucun son. Une grande inspiration résolu à peine son problème. Une larme solitaire roula sur ses joues pâles, elle l’essuya sèchement de la paume d’une main, sans laisser cette faiblesse prendre le dessus.

- Je ne ressens rien pour tout ceux qui sont en train de se faire tuer dehors, même pas pour Naomie… j’ai jamais vraiment aimé les gens, pas du tout même, mais là… j’ai l’impression de devenir folle… je suis folle Elie, je le suis…

En un flash sournois, elle eut l’impression de revoir ses mains couvertes de sang, comme après la deuxième épreuve. Ses images étaient gravées dans ses souvenirs au fer rouge, comme une boite de pandore qu’elle essayait de sceller, mais qui s’obstinait à se rouvrir régulièrement. Pour fuir cette vision, Melena ferma les paupières. Elle tremblait de la tête au pied, l’impression d’être en pleine chute libre lui donnait la nausée, mais elle n’osait pas attraper la main de son amie pour se raccrocher à quelque chose.

- J’ai l’impression de ne même plus être humaine, souffla-t-elle douloureusement.

L’irlandaise poussa un profond soupir, son regard perdu dans le vide. Elle repensait à Jade, elle était la raison de tout cela n’est-ce pas ? L’élément qui rendait cohérent ces atrocités en chaine, cette mutation vers des êtres incarnés par l’horreur. Un sourire moqueur étira alors les lèvres de la nécrophobe, à son propre encontre, elle lâcha amèrement :

- Je suis désolé… je parle que de moi, alors que je sais que tu ne vas pas bien non plus. Et…

Elle jeta un regard à Ace, puis à Elie, à Ace, à Feufolé… puis haussa les épaules. Ils devaient sans doute s’être parlé depuis, elle ne pouvait pas croire que son amie ait couché avant même d’avoir expliqué à son conjoint ce qu’elle voulait :

- Je crois que je te l’ai pas dit tout à l’heure… mais je ne veux pas que tu disparaisses Elie. Vraiment pas. Et si je pouvais trouver une façon de te faire rester je…

« Je ferai ce qu’il faut pour que ça marche ». Elle n’osait pas le dire, parce qu’elle n’était pas encore certaine d’avoir la force de tenir cette promesse, mais c’était un début. Déjà, rien n’avait changé, mais avoir vidé son sac lui permis d’aller un peu mieux, suffisamment pour arrêter de trembler et passer une main dans ses cheveux noirs qui dégagea ses yeux gris. Le trouble dans ses iris s’était dissipé, laissant pour l’instant s’étendre un apaisement fragile.
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Fév - 22:27

Après ce qu’il s’est passé ? Mais passé quoi ? Les épreuves ? Ace n’était pas sûr de comprendre mais à voir la réaction d’Elie, ça avait son importance. Il était décidé à ne pas lâcher le morceau si facilement mais la mauvaise jumelle lui évita cette peine. Refermant la porte sur Feufolé qui ne se gêna pas pour traverser le mur, elle fixa le pyromane avant de lui dévoiler le fin mot de l’histoire.

Ce fut déjà assez spécial au début… Melena qui n’aimait pas Elie parce qu’elle aimait son double… C’était difficile à se représenter pour Ace qui avait connu les filles alors que leur amitié était déjà scellée. Jade… La personnalité d’origine. Apparemment source de conflits, également.
L’œil du pyromane tiqua lorsqu’Elie lui avoua qu’elles « l’avaient fait ». Bon, soit, mais ce qu’il n’arriva pas à digérer c’était la suite : Elie avait couché avec Mel juste pour mieux la démolir. A fortiori d’être une méthode qui dépassait jusqu’à celles d’Ace, ce dernier ne put s’empêcher de faire un récapitulatif parallèle des deux histoires Elie/Mel et Elie/lui.

Comme Mel, il avait commencé par haïr Elie, puis l’aimer. Ils l’avaient fait, eux aussi. Pas besoin d’être un génie pour savoir qu’on pouvait faire les mêmes conclusions. L’œil sévère, le Ken analysait la probable finalité de leur après-midi entre amoureux sous un œil différent, sous un rapport qu’il espérait de tout son cœur être faux.

Il laissa Elie quitter la chambre pour aller chercher Melena tandis qu’il cogitait toujours. Il imaginait ce qu’il deviendrait si l’histoire devait se répéter, s’il devait être un Melena n°2. C’était à s’en arracher le cœur, vraiment !
Le pyromane cessa de se torturer en se persuadant qu’il se trompait. Il se mit en route pour aller rejoindre les filles. A la cuisine, donc, comme lui indiqua Feufolé. En chemin, il croisa Sven qui lui adressa un salut de la tête en plus d’un sourire amusé. *S’kyveu, lui !?* se demandait le Ken tout en lui rendant un salut parfaitement hypocrite.

A peine fut-il arrivé que Melena le vit et changea de sujet. Il n’était pas dupe : elle comptait dire autre chose ! *Bon ben c’est tout, hein..*
La perplexité se lisait sur son visage alors qu’il s’avançait jusqu’au percolateur pour se servir une tasse de café. Malgré ça, il écoutait tout de même la conversation. Ce qui les rendait différents des gardiens ? Mais c’était évident, non !? Après quelques secondes de réflexion, Ace se rendit compte que non, ça n’était plus aussi évident que ça, maintenant… Pire : il ne pouvait s’empêcher d’adhérer à la pensée de la nécrophobe. Seraient-ils devenus des monstres ?

Non. Lui, il avait toujours été un connard. Il n’avait pas changé. Voir les gens crever ne lui avait jamais rien fait mis à part deux exceptions en tout et pour tout dans sa vie – deux fois la même personne.
Il ne se réjouissait pas du malheur des autres : il s’amusait à en vivre. C’était différent. S’il n’avait pas trainé dans les bas-quartiers, il n’aurait jamais rencontré sa bande de dealers, il n’aurait jamais commencé à en vendre. Mais ça l’amusait de récolter du blé sur la gueule des pauvres. C’était proprement dégueulasse mais c’était comme ça. Quand on n’a personne pour vous guider, on va où on croit vouloir aller.

Mais maintenant il avait Elie et toutes ces conneries du monde réel n’avaient plus aucune importance. Bien sûr, ça ne l’empêcherait pas de haïr autant le monde mais il avait beaucoup gagné, beaucoup appris durant ces derniers jours.
Lui non plus n’avait plus l’impression d’être humain par moment, mais c’qui nous rend différent d’eux c’est qu’on peut toujours changer. S’remettre en question. Eux, tout c’qu’y savent faire c’est faire souffrir. Il prit une pause pendant laquelle il but une gorgée de café chaud, se retournant pour s’adosser contre le mur.

- Naomie ? C’est un cadeau qu’on lui fait. Est-c’qu’on l’oblige à buter des gens ? Nan. Rien qu’pour ça on est plus humain qu’ces crevards de gardiens.
Bien sûr c'était une philosophie ambiguë de sa part, mais s'il devait remettre en cause ses propres convictions, autant s'arracher le cerveau et aller monter la garde au rez-de-chaussée comme un bon zombie bien con.

Il était vivant, humain et il savait aimer. Trois choses que les gardiens ne savaient pas faire ; trois choses qui lui permettaient de clamer haut et fort qu'il n'était pas comme eux.
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeLun 6 Fév - 16:39

Sven s’était éclipsé et à peine eut-il franchit la porte de la cuisine, son mug à la main, que Melena l’abreuva d’un flot de réponses, mais surtout de questions. Elle disait aller bien, qu’ils avaient le droit de vivre leur vie comme ils l’entendaient mais en parallèle affichait un teint blême effrayant, mais la suite fut pire encore. Elle avait peur d’elle-même, de ce qu’elle était devenue. Pas une simple inquiétude due à la nature de ses pouvoirs, mais celle de voir son âme pervertie, dégradée au stade de résidu vaguement humain où ne persistait plus que le dégoût, la haine et l’égoïsme. Plus elle parlait plus le front de la mauvaise jumelle se plissait. Elle osait vraiment les assimiler aux gardiens ?!

Ils n’avaient rien, mais carrément rien en commun ! Cette simple idée la révoltait jusqu’aux tréfonds de son âme, et elle ne put qu’acquiescer à l’écoute des arguments d’Ace qui avait surgit dans son dos peu de temps auparavant et s’occupait désormais à se faire un café. Même si elle n’aurait pas formulé les choses comme ça, que la « forme » était différente, le fond restait inchangé. Et il se résumait à « non », voire même « non mais ça va pas la tête ?! ».

L’adolescente attira une chaise à elle et se laissa tomber dessus tout en fixant son amie. Les mots tourbillonnaient dans sa tête, s’enchevêtrant dans un réseau tordus qu’elle hésita à exprimer. Mais pourquoi hésiter après tout ? Elle voulait une réponse, elle l’aurait. Jusque-là dire ce qu’elle pensait avec toujours réussi à la mauvaise jumelle alors aucune raison de changer de technique.

- On est pas comme ces connards, même un aveugle s’en rendrait compte. Peut-être que tu ressens rien pour les gens de dehors, mais tu penses pas que t’as de bonnes raisons pour ça ? Ils nous ont abandonné quand on avait besoin d’eux ! Les aider en retour ce serait pas de la gentillesse, mais de la faiblesse. Tendre l’autre joue c’est juste des conneries chrétiennes. Mais malgré ça, on est resté corrects avec eux. C’est pas nous qui envoyons des zombies les massacrer. On les insulte, on les malmène un peu mais bordel on est en colère ! On a le droit de l’exprimer non ? C’est pas comme si on leur tapait sur la gueule !

Au fil de son discours elle s’était emportée, envoyant valser un malchanceux moulin à poivre qui s’était trouvé dans la trajectoire de son bras brutalement déplié pour exprimer l’intensité de la narration. Sans y accorder d’importance elle se remit debout et attrapa le menton de Melena entre ses doigts pour la forcer à la regarder dans les yeux.

- T’es pas un monstre. Tu as fait preuve de compassion en nous soignant non ? Tu t’es sacrifié pour nous. Et tu peux aussi aimer, avoir des remords et être triste, rire aussi… alors dis-moi en quel honneur tu pourrais être rabaissée au rang de sous-merde émotionnelles que sont les gardiens ?

Elle relâcha sa prise, le visage enflammé par la colère qu’elle n’avait pas su réprimé. Mais comme le calme après la tempête elle se sentait d’un coup plus calme même si la sérénité ne serait jamais totalement de la partie pour son caractère tumultueux. Le grognement sourd de son estomac marqua la fin de la discussion mieux que n’importes quels mots et elle se détourna aussitôt pour filer vers les placards.

Une fois les portes ouvertes, Elie put constater que même s’ils étaient des putains d’enfoirés, les gardiens ne comptaient pas les laisser mourir de faim. Il y avait là de quoi nourrir un régiment et rien que d’observer les aliments soigneusement alignés elle s’imaginait foule de bons petits plats à concocter, le plus vite possible de préférence. Alors qu’elle piochait allègrement dans les réserves pour les aligner sur le plan de travail, elle balança par-dessus son épaule :

- Au fait, c’est gentil. De dire que tu veux pas que je disparaisse et que tu veux trouver une solution mais c’est juste de l’optimisme. Par contre si tu veux être utile tu peux éplucher les pommes de terre, puis elle ajouta à l’adresse d’Ace, Tu peux t’occuper des carottes ?

Elle retroussa ses manches avant de se saisir d’un morceau de bœuf imposant et d’un hachoir qui l’était tout autant. La lame resta en suspension au-dessus de la viande quelques secondes avant de tomber dans un bruit sec, se relever et tomber encore à un rythme effréné. Seconder sa mère à presque tous les repas avait des avantages en plus d’être chronophage.

- J’ai trop la dalle, alors je vais mettre la dose… j’espère que vous avez faim. Mais tiens pendant qu’on cuisine, on peut en profiter pour parler nan ? Je disais justement à Ace qu’on savait rien les uns des autres. On pourrait se poser des questions à tour de rôle, sur n’importe quoi comme… euh… exemple : Mel’, t’as un loisir ou une passion ?

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeLun 6 Fév - 17:54

Melena ne s’attendait pas à susciter autant de réaction, mais une chose était sûre à cet instant précis, elle adorait ses amis. Que ce soit la réponse calme du pyromane, ou la diatribe enflammée d’Elie qui lui avait pris son menton entre ses doigts pour la forcer à croiser son regard, ils avaient su l’atteindre au cœur, lui apporter une lumière qu’elle avait perdu. Oui, elle était vivante, elle aimait, elle pleurait, et ce simple fait la rendait meilleure que les gardiens, infiniment meilleure. Regonflée par ce constat, l’irlandaise s’y accrocha comme à une bouée et sourit devant le réalisme de la mauvaise jumelle qui lui demandait d’éplucher les patates. Même la sensation d’être mise à part s’était éclipsée, ne lui laissant que la douce impression que leur trio était plus fort que tout. Plus fort que la mort.

- Merci beaucoup tous les deux… vous avez raison, souffla-t-elle, sincère, en se levant pour récupérer le nécessaire.

Dans un tiroir rempli de couvert, elle trouva un couteau-éplucheur et dans l’un des placards, un saladier qu’elle rempli d’eau avant de le poser sur la table. Avant de se rassoir, elle se lava les mains et prit un sac neuf où se serraient des pommes de terres énormes. Rien que l’idée d’un repas cuisiné par son amie lui mettait l’eau à la bouche, son alimentation se constituait exclusivement de cadavres et de barres de céréales depuis plusieurs jours et peu s’en fallait pour qu’elle perde l’habitude des aliments « normaux ».

Melena rejeta sa longue chevelure d’ébène dans son dos avant de se mettre à la tâche, le bruit du hachoir s’imposant en polyphonie de son éplucheur qui dénudait les patates. Son amie proposa alors de discuter pour apprendre à se connaitre, et ce fut à son tour de parler en première. Bien que ce n’était pas son truc d’étaler sa vie, Elie et Ace n’étaient plus n’importe qui pour elle, tant qu’elle accueillit l’activité avec un sourire franc. Sourire. Elle venait de se souvenir comment faire, grâce aux remontrances du jeune couple.

- Une passion ? Pas vraiment… je dois pas être une fille très intéressante, la nécrophobe rit brièvement, dans le monde réel, j'étais très souvent toute seule parce que… je ne m’entends pas avec les gens de mon âge, voire les gens en général. Ça me dérange pas trop. Par contre, j’aime bien euh… m’isoler loin de la ville. Genre les balades en forêt, les parcs naturels, ce genre de chose… je sais, ça doit paraitre idiot mais… petite, j’habitais avec ma mère dans un petit village d’Irlande avec une forêt juste à coté ; j’y étais tout le temps. Je m’inventais un monde, des aventures, je grimpais aux arbres, j’approchais les animaux… tout sauf jouer avec les autres enfants.

Elle marqua une pause. A l’évocation d’Anney, sa gorge s’était nouée, mais l’heure n’était plus à une nouvelle déprime. Pour combattre l’ombre qui s’étendait déjà au dessus d’elle, Melena fit s’agrandir sont sourire en déposant une deuxième pomme de terre dans son saladier plein d’eau.

- ‘Fin, maintenant je fais plus tout ça, mais ça me plait toujours autant de me retirer dans un petit coin de « nature », même si à Londres, ce n’est pas facile.

C’était assez difficile de parler de soi en réalité, parce qu’on ne pense pas vraiment à avoir continuellement le recul nécessaire pour pouvoir se présenter, surtout quand on avait une vie bouleversée qui se résumait à risquer sa vie dans un monde parallèle depuis environ un mois onirique. Les éléments lui revenaient petit à petit, et c’est avec un peu plus d’assurance qu’elle ajouta :

- J’aime beaucoup lire aussi, je crois que ça occupait une grosse partie de mon temps, précisa la nécrophobe en s’interrompant dans sa besogne, je peux classer ça comme loisir alors ? J’ai lu plein de trucs… autant des bouquins modernes fantastiques ou science fiction que des un peu moins « marrants » mais ça m’intéresse…

En fait, elle occupait son temps à plusieurs activités que faisaient les gens qui ne sortaient pas régulièrement avec leurs amis. La lecture, les jeux de réflexions, écouter de la musique, regarder des films… elle avait même déjà essayé le piano droit qui trônait dans le salon des Clothild, mais n’était pas assez régulière dans sa pratique pour développer un niveau convenable. Par peur d’ennuyer ses amis, Melena préféra garder toutes ces choses pour plus tard – peut-être – et relança la balle en disant :

- A mon tour ! Comme j’ai déjà discuté avec Jade… je connais certaines choses qui te concerne Elie, alors je vais commencer par Ace, tu veux bien ? Elle se tourna vers le pyromane. Tu as quel âge en fait ? Tu fais quoi dans la vie ?

Sa sixième patate rejoignait son saladier. Une fusée traversa ses pensées, lui rappelant qu’elle ne connaissait même pas le nom de famille de son ainé. Un petit sourire amusé sur ses lèvres pâles, elle lui lança un regard amical de ses yeux gris :

- En fait, je sais même pas vraiment comment tu t’appelles, alors on va tout recommencer. Melena Autumn, informa-t-elle en inclina légèrement la tête pour mimer une parodie de révérence, et toi ?

A ses yeux, il ne manquait plus que la bonne jumelle pour compléter ce beau tableau de complicité. Grâce à ces deux caractérielles, l’irlandaise avait réussi à soulever le poids qui l’écrasait et désormais, elle se sentait envahie d’une chaleur apaisante, un réconfort sans nom.
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeLun 6 Fév - 21:44

Si Ace avait réussi à garder un certain calme, le discours d’Elie compensa tant il était animé. On voyait presque des flammes dans les yeux de la mauvaise jumelle. Il se contenta de hocher la tête, approuvant l’argumentation bien mieux construite que la sienne tout en sirotant son café ; rajoutant du sucre sans réelle conviction sur l’effet qu’il aurait sur ce jus de chaussette.

Le pyromane en était encore à se demander ce qui lui avait valu ce regard si enjoué de la part de Sven alors que la mauvaise jumelle dévalisait les tiroirs. Il s’écarta nonchalamment pour la laisser disposer du plan de travail comme elle l’entendait puis se vit confier la tâche d’éplucher les carottes. D’abord surpris, il remarqua que sa compagne était très sérieuse en lui demandant ça.
- Euh… ben ouais, j’suppose..

De toute sa vie il n’avait jamais eu à cuisiner, ni même à aider à le faire. Il y avait les domestiques, pour ça. Ou sa mère, en de très rares occasions. Mais lui ? Jamais. Il se lava les mains, prit un éplucheur et commença à éplucher avec grande application les légumes. Il se disait qu’il devait avoir l’air d’un sacré crétin à faire ça et le fait de savoir Feufolé au-dessus de son épaule pour l’épier n’aidait en rien.

L’idée du jeu style ‘action ou vérité’ vint à point pour lui éviter de cogiter sur des sujets plus ou moins débiles et le Ken apprécia grandement de ne pas passer en premier.
Melena leur exposa ses hobbies et passe-temps sans qu’aucun ne plaise réellement à Ace. Là où elle disait préférer la forêt il n’aimait rien autant que la ville ; la lecture c’était pas son truc – et ça se voyait – et le piano… Il se savait incapable de jouer d’un tel instrument. Ça demandait patience, application et régularité : trois qualités qu’il n’avait pas pour ce genre de choses. C’était ce genre de choses où il fallait apprécier l’échec pour progresser. Et la phase un était inconcevable pour lui, tout simplement.

Par contre, il était sur la même longueur d’onde pour ce qui était des gens. Un point commun, au moins. Il apprit même qu’elle venait d’Irlande, alors qu’il l’avait prise pour une native de San Francisco. C’était bien vrai : ils ne se connaissaient pas… Du moins, ils connaissaient leurs caractères, leurs prénoms, mais pas leurs passés respectif. C’était assez amusant, d’apprendre à connaitre pour de vrai celles qui avaient enduré les cinq épreuves avec lui.

Il tendait juste l’oreille, mais toute son attention fut retenue par les questions que lui posaient Melena. Enfin surtout le « tu fais quoi dans la vie ? ». On se contenterait du niveau d’études, pour le coup. Elle modifia rapidement sa question pour en inclure une autre : le nom. C’était la seule chose qu’il aimait dans sa famille : son nom. Il lui apportait reconnaissance, respect et argent. Que demander de plus ? Peut-être une famille dont la présence n’est pas que virtuelle ? Oui, c’était un bon début.

La révérence de Mel à l’adresse du pyromane le fit rire alors qu’il la mimait à son tour en se présentant
- Ace Ridley. Enchanté, mademoiselle. Nan euh sinon j’ai 23 ans et j’suis en études d’économie. Mes vieux veulent que j’reprenne l’entreprise familiale plus tard. Il détourna le regard avant d’ajouter, amer : et ‘faut croire qu’j’ai pas mon mot à dire. T’façon, s’en foutent, j’suis sûr… ‘Fin bref, voilà… Lolilol…

Instinctivement, il gardait un œil sur Feufolé, en espérant que celui-ci ne mette pas l’ambiance en dévoilant les mauvaises cartes trop tôt. Par chance il n’avant encore rien dit, mais c’était peut-être le calme avant la tempête. Aucune émotion ne filtrait et pourtant Ace avait l’impression que l’esprit de feu se marrait intérieurement. Saloperie !

- En même temps, vu l’quartier dans l’quel j’habite, j’ai bien l’temps d’me faire chier… Y a jamais rien à faire. Pacific Heights, ‘voyez où c’est ? D’ailleurs en parlant de quartier, il tenait sa question pour Elie :
- Et toi, Elie ? T’habites dans quel coin ? demanda-t-il d’un air léger. Il allait ajouter en plaisantant « comme ça je sais où toquer si tu me manques trop » mais se souvint qu’à leur retour dans le monde réel elle n’existerait peut-être plus… Il eut un pincement au cœur à cette idée et préféra donc taire ce qui pourrait être mal pris.

Il retourna à ses carottes en attendant la réponse, mais également pour cacher ce pessimisme dont il aurait du mal à se défaire. Lui aussi il aurait donné n’importe quoi pour qu’elle ne disparaisse pas lorsque Jade serait soignée, mais les personnes les plus puissantes qu’il avait rencontrées dans ce monde étaient les gardiens et il n’était même pas sûr qu’eux-mêmes possèdent un tel pouvoir.
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeMar 7 Fév - 17:43

S’affairer dans la cuisine avait un côté reposant, peut-être tout simplement parce que c’était une activité « normale ». Entre les massacres, les épreuves, les voyages… ils en oubliaient presque ce qu’était la vie, la vraie. Celle où l’on allait à l’école ou au travail, où l’on rentrait épuisés mais heureux. Un quotidien monotone et tranquille qui n’était pas sans hauts et sans bas, mais qu’on ne pouvait qu’apprécier après avoir traversé si souvent l’enfer qu’était Dreamland. Ecouter ses amis parler de tout ça était un bienfait supplémentaire pour Elie qui s’acharnait toujours sur son morceau de viande avec dextérité.

Le moins qu’on puisse dire était que les loisirs de Melena n’avaient rien de surprenant. Calme et solitude, deux mots qui convenaient parfaitement à l’irlandaise et ses hobbies y correspondaient à la perfection, au point même que la mauvaise jumelle se surprenne à se demander comment elles faisaient pour s’entendre avec des caractères si opposés. La forêt, les oiseaux tout ça… c’était bien joli mais c’était trop dénué de confort et d’intérêt pour lui plaire.

Ce fut ensuite au tour d’Ace de parler de lui, et El’ tiqua légèrement au nom de Ridley. Ca lui disait vaguement quelque chose mais elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus, mais la révélation suivante suffit à lui faire oublier cette impression dérangeante. 23 ans ? Pourquoi il paraissait plus… enfin moins…

Elle pencha la tête sur le côté, s’interrompant l’espace de quelques secondes pour observer son petit ami qui se débrouillait aussi bien avec un économe qu’elle avec un banjo, pour ainsi dire très mal. Il faisait si jeune pourtant, si fier et maladroit ! Non pas que ça remette en cause ses sentiments, mais 6 ans restaient un fossé lorsque l’on n’avait que 17 ans. D’ailleurs au niveau légal ça n’était pas hors la loi, ce qu’ils venaient de faire dans sa chambre ? L’adolescente se promit de faire des recherches sur le sujet une fois de retour à San Francisco.

Outre son âge, il habitait chez les friqués de Pacific Heigh et faisait des « études d’économie » pour ne rien faire à moitié. Ca n’avait pas l’air de le réjouir mais la psychotique ne put s’empêcher de grimacer malgré tout, surtout lorsque son tour arriva. Où elle habitait hein ? La bonne blague ! Dire qu’on venait de Mission district après ça c’était comme se ramener habillée en pouilleuse au bal de fin d’année. Ça te foutait la honte. Malheureusement esquiver la question n’était pas acceptable surtout venant de celle qui avait lancé le jeu.

- Mission district, dans une petite maison avec mes parents et mes deux frères. Ok c’est peut-être pas très classe mais… j’aime ce quartier. C’est convivial et même si ça craint c’est le seul endroit où je me sens chez moi.

Son travail sur la viande terminée elle se tourna vers les fourneaux pour se saisir d’une poêle et y laisser tomber un morceau de beurre et les morceaux de viande. Tournant le dos aux autres elle pouvait conservée sa fierté qu’elle sentait mise en danger par sa classe sociale désastreuse. Et pourtant elle disait vrai : elle aimait son quartier malgré l’horreur qui s’y était déroulé sous ses yeux.

- Mon père est ouvrier en bâtiment et ma mère est femme au foyer, du coup on a pas trop les moyens de bouger de toutes façons, mais la maison est sympa. Hein Melena ? Au fait je suppose que moi aussi je suis sensée me présenter alors… Jade Elie Martins pour vous servir, annonça-t-elle en mimant une révérence face à sa poêle.

Au silence surprit qui suivi elle pivota légèrement pour jeter un regard dans son dos et ajouter très sérieusement :

- Bah quoi c’est vrai, on s’appelle Jade. Mais quand il a fallu me nommer après on m’a filé le deuxième prénom parce que… soyons francs… Jade 1 et Jade 2 c’était pas la classe, mais théoriquement, ça reste mon nom.

Elle tira la langue et revint à ses fourneaux où la viande revenait à feu vif pour y ajouter deux cuillères de farine. Les conseils de sa mère sur la cuisson et d’autres détails qui l’agaçaient plus qu’autre chose à l’époque lui revenaient en tête avec une clarté impressionnante. Mais ce n’était pas le moment de s’extasier sur sa mémoire ou sur ses dons culinaires : c’était celui de repasser la bombe à Melena. La mauvaise jumelle se creusa la tête un moment et finit par lâcher faute de mieux :

- Bon Mel’… hum… dis moi donc les 3 choses qui t’agacent par-dessus tout ! C’est toujours bon à savoir si je veux pas finir dans ton coffre un jour de bourde !

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeMar 7 Fév - 18:51

La révérence du pyromane la fit rire à son tour. Ainsi, il s’appelait Ace Ridley, avait 23 ans et faisait des études en économies. Tout comme pour la mauvaise jumelle, ce fut son âge qui figea un instant l’adolescente. Comment avouer qu’elle n’était qu’une gamine de 17 ans après ça ? Il allait peut-être les prendre pour des enfants et ne plus jamais les estimer comme jusqu’à lors, non ? Son ainé le détourna de ses pensées pessimistes en parlant de ses parents : visiblement, les affaires familiales n’allaient pas fort chez lui, mais il dévia vite le sujet en parlant de son lieu de résidence. En bonne britannique qui n’était en réalité à San Francisco que depuis quelque jours, Melena se souvenait avoir déjà entendu le nom de Pacific Heights, mais ne savait absolument pas où c’était. Proche du Pacifique sans doute.

Le tour de la psychotique était arrivé et malgré sa réticence à parler de son quartier, elle prit la parole pour confier quelques bribes de sa vie. En fait, pour tout ce qui tenait de la géographie locale de la métropole d’où étaient originaires ses comparses, l’irlandaise se sentait légèrement à part. Elle ne pouvait rien commenter, mais déduisait de la discussion que l’endroit où habitaient les Martins n’était pas de la même classe que là où était Ace. Personnellement, la nécrophobe ne pouvait rien en dire ; certes, Mission District lui avait visiblement paru moins bien fréquenté que Hayes Valley, où logeait la sœur de sa mère adoptive, mais elle n’avait pas non plus eu de problème. D’ailleurs, c’était vrai que la maison de son amie était sympa, et elle l’appuya en hochant la tête avec un grand sourire.

La présentation de la mauvaise jumelle cependant, la fit suspendre l’épluchage de sa dixième pomme de terre. Jade Elie Martins ? C’était vrai que malgré le petit – mais à la fois si long – moment qu’elle les connaissait, jamais elle n’avait pensé à demander l’origine de l’appellation de la deuxième personnalité. Rien ne semblait plus logique désormais et Melena s’en voulait de ne pas y avoir pensé avant. Au tirage de langue taquin, elle répondit par un sourire absent : ça faisait toujours étrange lorsqu’on croyait connaitre les gens et qu’en réalité, on s’aperçoit ne connaitre que si peu de chose…

C’était de nouveau à son tour. Elle leva les yeux au ciel pour tenter de cerner ce qui lui déplaisait le plus. La plaisanterie de son amie suscita un instant la source de ses craintes, lui rappelant sournoisement qu’elle incarnait l’horreur qu’elle détestait, mais la force du discours que lui avait tenu Elie quelques minutes plus tôt continuait de l’immuniser contre les déprimes malvenues.

- Ce qui m’agace par-dessus tout…, répéta-t-elle, je dirai… les gens qui croient que tout leur est dû, qui réclament en attendant qu’on obéisse au doigt et à l’œil…

Sans se rendre compte que ces premiers critères pouvaient rappeler le pyromane qui épluchait des carottes en sa compagnie, ses lèvres se tendirent en une ébauche de baiser alors qu’elle continuait de trifouiller dans sa mémoire. Ce n’était pas facile de se souvenir ce qui l’agaçait au quotidien alors qu’elle n’avait pas vécu une journée normale depuis plus d’un mois dans le monde des rêves.

- Je dirai… les types qui ne pensent qu’avec ce qu’ils ont sous la ceinture ? Comme… mon ex-petit ami ?

Elle aurait aussi pu citer Liam, mais lui, il ne l’agaçait pas, il l’a dégoutait purement et simplement. Si elle avait l’occasion de le tuer, elle le ferait, et ce serait un service rendu à la communauté. Toutefois, ses pensées s’égaraient, alors Melena les ramena à ce qu’elle dévoilait pour expliquer :

- Ça a été mon seul petit ami de toute ma vie en fait. Je sais même plus trop pourquoi j’avais accepté de sortir avec lui… il était un peu plus vieux, je venais d’emménager à Londres, j’devais penser que ça me ferait un peu oublier l’accident. Mais… j’étais assez distante, j’aimais pas trop le contact et tout… et tout ce qu’il a trouvé à faire au bout de même pas 2 semaines, c’est de m’emmener chez lui pour presque me forcer à… à le faire. Du coup… j’me suis enfuie.

L’irlandaise avait digressé et se souvenait avoir déjà raconté ça à Jade. Néanmoins, cet exemple fut parfait pour lui permettre de raccrocher le train avec un petit rire qui masquait imparfaitement le trouble que lui laissait encore cet épisode :

- Je sais que j’ai dérivé mais… si je dis que les gens qui cherchent à imposer un contact physique m’agacent, ça marche ?

En fait, elle aurait pu tout résumer à « je n’aime pas grand monde et pratiquement toutes les personnes autour de moi m’agacent », mais ça aurait été triché. Elie et Ace étaient des exceptions inexplicable, tout comme Jade, ou plutôt si : leurs liens étaient plus profonds qu’une simple fréquentation journalière, parce qu’ils avaient vécu des choses ensembles qui n’arrivaient nulle part ailleurs, pour le meilleur et pour le pire. De l’amusement dans la voix, elle recommença à éplucher ses patates en ajoutant :

- Ou bien je peux dire que je supporte difficilement le rose, que la musique rap me sort par les oreilles et que ne pas avoir de lait froid le matin quand j’en ai envie me met de mauvaise humeur.

Les couleurs qui lui montait aux jours s’accompagnaient de fourmis qui venaient danser dans les muscles de son visage ivoirin. Ce n’était pas souvent qu’elle déballait sa vie de la sorte, ce n’était même que la seconde fois, dans la mesure où la première élue avait été la bonne jumelle. Prête à repasser la balle, elle leva ses yeux gris vers son ainé en lui adressant un sourire :

- Bon, monsieur Ace Ridley, quels sont vous hobbies ? Vous faites quoi en dehors d’aller en cours ? elle rit brièvement avant d’ajouter, mais avant, tu nous donnerais quel âge à Elie et moi ?
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeMar 7 Fév - 21:52

« Mission district » avait répondu Elie, somme toute assez gênée de répondre. Pourquoi ? Parce qu’elle n’habitait pas dans un quartier emmerdant à souhait ? Non, franchement, y avait pas de quoi… Ace était déjà passé quelques fois là-bas, en de rares occasions. Et ce quartier lui convenait largement plus que Pacific Heights même s’il fallait reconnaitre que sa maison avait un certain confort.
- Ouais, limite j’préfère ce genre de quartier que d’moisir à Pacific’…

Ses parents avaient l’air de gens tout à fait honorables, dit comme ça et à part la différence de classe qui n’avait pas de réelle importance pour le pyromane, c’était au contraire la chance d’avoir grandi dans une famille potentiellement plus liée que la sienne. Si Elie souffrait de dédoublement de personnalité… enfin si Jade… en souffrait, c’est qu’il avait dû lui arriver quelque chose de pas forcément chouette (peut-être un rapport avec Amber ?), mais au moins elle avait des gens pour veiller sur elle… Quand Alexander est mort, Ace avait dû affronter ça seul. Comme d’habitude. Toujours.

A son tour, la mauvaise jumelle se présenta, dans son nom complet également. C’est vrai que de ce point de vue, elles étaient une seule donc deux noms en un.
- C’est clair que Jade 1 et Jade 2 c’est très raffiné, très recherché ! Haha. Ou sinon, on peut te donner un surnom, comme ça ça évite l’ambiguïté des prénoms, hein ? Que dirais-tu de... Bah… en fait j’ai pas d’idée, là, tout de suite. Mais dès que je trouve, je te fais signe !! Enfin… Façon de parler !

La question posée à Melena était assez ardue : on a souvent du mal à répondre à ce genre de question sans réfléchir assez longtemps. Ace tenta d’y répondre lui aussi dans sa tête en attendant que la nécrophobe ne trouve. Ah… A première vue, ça semblait une liste tout à fait normale qu’elle leur énonçait ; à ceci près que le Ken se retrouvait presque dans ce qui ressemblait à une description d’un type précis de personne : le connard. « presque » !

Effectivement, il y avait une personne en particulier qu’elle avait en tête. Rassuré que ça ne soit pas lui, Ace écouta l’histoire avec calme. C’était relaxant de penser à autre chose qu’à rien ou à des actes abominables. Il avait un peu l’habitude de ce genre de conversations avec ses potes de San Fran’ mais ça partait rapidement dans tous les sens, aussi n’assistait-il pas souvent à ces soirées bière/foot/pizza, préférant superviser les opérations du lendemain depuis chez lui, même s’il s’y sentait affreusement seul. C’était paradoxal et frustrant, mais il s’y était fait.

- Hein ? Ah ouais, mes hobbies. Désolé, j’étais en train d’penser à un truc. Vous ? J’en sais rien, 19 ? 20 ? Chui pas doué pour ces trucs-là…
Sinon quand j’ai pas cours j’aime bien trainer du côté de Golden Gate Park avec des potes. C’est un peu not’ lieu d’rendez-vous ; on squatte. Ou sinon j’vais un peu chez eux quand ça m’les brise de rentrer. J’aime pas l’monde mais j’aime pas non plus êt’tout seul h24. C’est trop chiant.

- Oui, et de ce côté-là, t’es pas gâté : y a jamais personne à la maison.
- … Ouais… ‘Fin j’vais pas vous raconter comment ça s’passe chez moi, c’que j’ai déjà terminé : r-i-e-n. Ouais, sinon j’aime bien m’balader. J’habite entre Lafayette Park et Alta Plaza Park donc c’est cool. Y a aussi les magasins d’fringues, ça vaut l’détour.

Le pyromane remarquait qu’il s’était peut-être un peu laissé emporter en révélant qu’il zonait à Golden Gate Park. La réputation de cet endroit n’était plus à faire. Et puis de toute façon, on s’en fout : c’était dit. A part ça, j’ai pas vraiment de hobbie, j’fais c’qui m’chante quand j’veux et c’est suffisant. Ah, et comme z’en doutes un peu, maint’nant : ma grande passion c’est d’allumer des feux, incendier tout et n’imp’. On pourrait dire que j’aime les livres aussi, nan ? Mais pas pour les mêmes raisons hahaha !

C’était vraiment une des blagues les plus pitoyables qu’il avait dit et il faudrait beaucoup de chance pour que ça fasse rire quelqu’un d’autre que lui. – Et que Feufolé. Ace réfléchit un instant à une question qu’il pourrait poser tout en continuant d’éplucher ses carottes. Il en avait déjà épluché quatre !! Un bref coup d’œil dans le saladier de Melena mina son moral en voyant qu’elle avait déjà dépassé la dizaine, facilement. Une chose était sure : il ne compterait pas la cuisine dans ses hobbies avant un bon moment !

- Elie, à ton tour ! Si j’pige bien, vous avez déjà passé un bon p’tit bout d’temps à Dreamland, nan ? C’est quoi ton meilleur souvenir, la chose qui t’as l’plus marqué ? C’que bon à part Freedoom, moi j’connais rien alors j’dis pas non à un p’tit voyage le temps d’un récit.
- Oh oui, on veut savoir !! Vous avez dû vivre des aventures sympa, non ? Moi j’adorerais rencontrer Tiger Woods, un jour !! Pff c’pas une aventure, ça… ouais, mais ça serait classe quand même !
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeMer 8 Fév - 17:27

Le portrait que peignait Melena était si proche du caractère d’Ace qu’Elie hésitait à s’éclaircir la gorge pour le lui signaler, mais heureusement celui qu’elle pointa du doigt en exemple type n’était autre que son premier –et unique- petit ami. Un sacré salaud du point de vue de la mauvaise jumelle. C’était le genre de dragueur trop entreprenant dont elle massacrait la gueule dans le monde réel, qui croyaient pouvoir tripoter Jade au cinéma ou dans une fête et qui ne gagnait au final qu’une visite chez le dentiste ou un beau plâtre tout neuf. Rien que d’y penser la moutarde lui montait au nez, mais elle réussit à faire passer sa rage sur les 4 pauvres carottes du pyromane qu’elle se mit à découper en rondelles.

Puis suivit l’oignon qu’elle éplucha puis hacha, les larmes aux yeux, en continuant d’écouter les révélations de ses camarades. L’évaluation pitoyable de l’âge de ces demoiselles lui tira un rire moqueur mais elle se retint de couper son petit ami qui en était à expliquer que ses loisirs se résumaient à zoner, seul ou accompagner. Ah oui, et cramer des trucs bien sûr. Alors que son tour menaçait de revenir encore comme un boomerang, la psychotique ajouta ses différentes découpes à la viande qui cuisait toujours et susurra, narquoise :

- Alors Mr Ridley, vous faites la sortie des écoles ? Parce que Melena et moi n’avons que 17 ans tu sais ? En plus tu nous vieillis, c’est très mal perçu par les dames…

Un sourire taquin éclaira son visage alors qu’elle agitait négligemment son couteau pour exprimer ce qui arrivait à ceux qui manquaient de tact envers la gente féminine. Puis vint le moment de réfléchir à la question qu’on lui avait posé et… ce fut le trou noir. Son meilleur souvenir ? Est-ce qu’elle en avait eu un bon déjà ? Elle avait beau chercher, tout ne lui semblait qu’une suite d’emmerdes. Et encore, c’était un euphémisme.

Le silence s’instaura peu à peu alors qu’elle ajoutait à sa préparation du concentré de tomate, du sel et du poivre. Elle aurait voulu trouver quelque chose de gai, mais rien ne voulait lui venir à l’esprit. Oh, il y avait bien quelques moments fugaces mais ils étaient si pâle en comparaison des horreurs qu’elle avait traversé que tout lui semblait négligeable.

- Mon meilleur souvenir à Dreamland… bordel elle est pas facile celle-là, articula-t-elle finalement, l’air pensive, Je sais même pas si j’en ai eu un seul.

Les sourcils froncés elle agita sa spatule dans un geste machinal, remuant son plat sans même y penser. Il lui fallait un truc, n’importe quoi. Dire qu’elle n’avait rien de ce genre n’était pas une réponse satisfaisante, alors quoi ?

- Pfff… y’a bien le jour où je suis arrivée, j’ai vendu un mec qui se transformait en chauve-souris à une animalerie. C’était plutôt marrant, surtout qu’il s’en est sorti dès qu’il est redevenu humain. Tu le connais d’ailleurs Mel’, c’est Gabriel, il était sur le Slavedog Millionnaire avec nous. Bosser dans le colisée à Sextus aussi c’était pas mal maintenant que j’y pense, rien que pour voir Jade faire une course en char ! C’te gogole avait montré ses nichons à un gladiateur pour qu’il rentre dans un mur, ça valait le coup d’œil !

Un rire franc s’échappa de ses lèvres alors qu’elle se repassait la scène. Non vraiment, c’était fendard ! Bien plus souriante qu’auparavant elle versa la sauce madère à son mélange ainsi qu’un cube de bouillon, un demi-litre d’eau chaude et – soyons fous- un demi-litre de vin qu’elle avait déniché dans un placard. Après avoir couvert le tout et baissé le feu au minimum, elle se tourna vers ses compagnons et ajouta, un poil plus sérieuse :

- Mais tu sais Ace, c’est loin d’être drôle ici, même en dehors de Freedoom. Tous les voyageurs arrivent dans une ville où l’on nous hait, et là-bas ils avaient lancé après notre arrivée une sorte de monstrueuse chasse à l’homme. On se faisait tous massacrer… et à peine dehors les survivants se sont fait choper par des esclavagistes. Je sais pas ce qui est arrivé à Melena et Jade après ça, mais on m’avait vendu à un scientifique maboul qui m’a enfermé dans un labo bourré de pièges, sans eau ni nourriture. C’est ça Dreamland, et c’est pas vraiment ce qu’on peut qualifier de « fun » ou de « classe », n’est-ce pas Feu’ ?

Inconsciemment elle se gratta la nuque où elle avait été marqué comme une bête. Même si elle avait regagné sa liberté légalement, il n’en restait pas moins vrai qu’ici ça ne restait qu’une illusion. D’un continent à l’autre les lois changeaient, les mœurs aussi. Il suffisait de quelques kilomètres pour passer d’être adulés à criminels en fuite.

- Mais bref… Mel’, t’auras peut-être un truc plus drôle en stock ?


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Melena Autumn

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeMer 8 Fév - 20:10

Melena leva un sourcil surpris en apprenant que son ainé lui donnait 19 ou 20 ans. Elle espérait que cette erreur venait du fait qu’elle pouvait avoir l’air plus mature que les autres adolescents de son âge, parce qu’il s’était planté de 2 à 3 ans en plus, ce qui n’était pas vraiment flatteur. En tout cas, hormis le fait de brûler des trucs, il n’avait pas non plus de passion notable et dévorante. Sa petite plaisanterie vaseuse sur les livres tira un léger sourire en coin à l’irlandaise, qui achevait l’épluchage de ses patates. Il devait y en avoir assez désormais, quoique veuille en faire la mauvaise jumelle. Cette dernière soulignait d’ailleurs que le pyromane s’était trouvé une copine bien plus jeune que lui et la nécrophobe hocha la tête, amusée, en se remettant debout.

Devant l’avancée de la préparation du repas, son estomac cria famine. Le premier VRAI diner depuis… longtemps. Très longtemps. La question qui avait été posée à Elie n’était pas facile, et bien que Melena reconnaissait avoir elle-même parlé à Ace d’endroits plus sympas que Freedoom, elle était loin d’avoir de quoi en faire un office du tourisme. Des anecdotes que cita la psychotique, l’irlandaise connaissait déjà celle du Colisée : Jade la lui avait racontée au banquet qui avait succédé leur première journée d’esclave, alors qu’elles revoyaient le dit gladiateur qui s’était pris un mur pour avoir été distrait par sa paire de seins. C’était cette même soirée où les deux amies s’étaient langoureusement embrassées afin de simuler un lien de couple et échapper aux avances des combattants masculins. Le souvenirs des lèvres de la bonne jumelle lui revint, fugace, mais l’absorba assez longtemps pour qu’elle n’émerge que lorsque son tour de parole était revenu.

- Un truc plus drôle ? Euh… nous on avait été vendues au Colisée de Sextus avec Jade et… à la fin de la première soirée, on avait quitté leur banquet quotidien avec une de leurs bouteilles de tord-boyaux locale. Je ne sais plus trop pourquoi on a fait ça, mais le fait est qu’on a été rapidement complètement bourrée et… c’était drôle… au début.

En effet, juste au début, parce que la suite s’était beaucoup trop vite envenimée jusqu’à devenir complètement désastreuse. Néanmoins, c’était le premier souvenir un minimum amusant qui était revenu à la nécrophobe, dans la mesure où ses pensées divaguaient déjà dans les eaux de son épisode sextusien. Préférant se rediriger vers quelque chose de plus légers, histoire de ne pas plomber l’ambiance avec le récit de son combat déséquilibré dans l’arène, elle embraya :

- Sinon, il y avait Gloutoniskaïa ! C’est une ville magique, au sud d’Elipse. Je n’ai pas vraiment eu le temps d’en profité, j’y étais pour un boulot, mais… faut avouer que c’est une jolie ville, incroyable dans tous les sens du terme et… comme c’est une ville de mages, les voyageurs ne sont que des touristes lambda à coté, on est tranquilles.

C’était vrai, même si son enquête n’avait pas été évidente et qu’entre Myia et Alexander, elle n’avait pas été aidée. Distraite un instant par les bonnes odeurs qui émanaient de la cuisine d’Elie, Melena jeta un œil au mélange qui mijotait, avant de reprendre, un sourire doux sur les lèvres :

- Il y a eu Formatek aussi… c’est une ville High-Tech, dans la mécanoplaine… ce n’est pas trop mon truc pourtant, et on ne peut pas dire qu’on y soit arrivée de la meilleure façon qui soit avec Jade… mais après l’esclavage, et plusieurs jours de voyage à pieds, c’était un vrai havre. On a pu se trouver un hôtel… moyen pour les gens de là-bas, mais super classe pour nous. C’est là que j’ai acheté ma combinaison, mes bottes et mon sac… on avait enfin pu dormir dans un lit aussi, après des mois dans la cale d’un vieux bateau, et le reste à la belle étoile… c’était cool.

Les yeux perdus dans le vague, elle revisitait ce court moment de soulagement dans leur périple, interrompu par les lutins de Noël venus réclamer leur aide. Indirectement, ils les avaient aidées, parce qu’elles cherchaient justement à atteindre Techyo pour retrouver la mauvaise jumelle, mais il y avait une nette différence de confort. L’irlandaise poussa pourtant un soupir en allant se laver les mains pour les débarrasser des petits morceaux de pomme de terre y étant accrochés.

- Mais bon… ce n’était jamais vraiment par plaisir… à Formatek, c’était juste une étape avant Techyo, on cherchait à rejoindre Elie. Je n’ai encore rien fait par plaisir à Dreamland… sauf notre petite balade de toute à l’heure.

Un sourire teinté de tristesse étira ses lèvres pâles alors qu’elle désigna son saladier plein de patate d’une index, comme une enfant qui attend de sa mère la suite des instructions.

- J’ai terminé au fait. Tu veux que j’en fasse quoi ?

L’irlandaise ne s’était jamais estimée bonne cuisinière. Pourtant, avec Anney, elle mettait souvent la main à la pâte et adorait même préparer des choses seules. Cette passion s’était perdue une fois chez les Clothild, parce qu’elle avait pris l’habitude de s’isoler dans sa chambre et de ne rien partager de particulier avec Cécilia. Ce n’était pourtant pas faute de sa tutrice d’avoir essayé de nouer le contact avec l’adolescente associable.

Le tour du pyromane revenait, mais la nécrophobe n’avait aucune idée de quoi lui demander. Ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie, elle ne préférait pas poser de questions sur ses parents, et elle avait bien compris au travers ses hobbies qu’il n’avait pas d’attrait particulier pour certaine chose. En présence d’Elie, aborder le sujet de ses ex n’était pas forcément le plus judicieux. Haussant les épaules avec une moue signifiant son manque d’inspiration, Melena hasarda :

- Ace… imaginons que tu ne sois jamais arrivé à Dreamland et tout ça. Tu te serais vu où dans 10 ans ?

Oui, car désormais, qu’ils y croient ou pas, leur futur était inévitablement bouleversé, à jamais. Ce qui arrivait aux exilés n’était sans doute que les prémices des possibles déséquilibres entre les deux mondes mais déjà… leur vie ne pourrait plus être la même, plus jamais.
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeMer 8 Fév - 22:47

Ah bon ? 17 ans ? Fail. Il riait à moitié à la remarque d’Elie, car même s’il les avait averti qu’il n’était pas franchement doué dans l’évaluation de l’âge ça l’emmerdait quand même qu’on lui fasse remarquer qu’il avait tort.
- Ouais, bon, j’me suis planté c’tout… Mais j’disais pas ça méchamment, ‘fin vous paraissez plus mature que certaines nanas de 17 ans, quoi…
- Haha ouais, mais t’as perdu quand même !! Toi ta gueule. répondit-il sèchement.

S’ensuivit un silence assez gêné du point de vue du pyromane. Il s’en foutait, de savoir s’il était plus vieux qu’elles ou pas. Il aimait Elie et Melena faisait partie des rares personnes qu’il appréciait ; il ne lui en fallait pas plus. Les qu’en-dira-t-on étaient le dernier de ses soucis. A fortiori qu’il était adepte de la tour donc on lui devait le respect ! Il n’avait pas à justifier ses sentiments ni même qui il était.

Elie mit longtemps à répondre à la question, à tel point qu’Ace commençait à désespérer de trouver un endroit plus beau que cette île qu’était Freedoom. C’était le monde des rêves alors pourquoi elle faisait sonner ça comme si ça tenait plutôt du cauchemar ??
Mais il fallait tout de même avouer que les deux anecdotes étaient assez amusantes, preuve que ce monde ne proscrivait pas l’humour, heureusement.
- Ouaip. ‘Fin ça dépend de quel côté on se place, encore une fois. Mais effectivement, y a plus cool que de se faire lyncher, comme activité. Moi après je m’en fiche, tout me passe à travers hu hu hu ! Même les insultes ! ajouta-t-il ironiquement à l’adresse du Ken qui roula les yeux.
- Pourquoi ça s’appelle Dreamland, alors..? demanda-t-il distraitement.

Il espérait que Melena ait d’avantage de souvenirs joyeux à lui raconter ; d’ailleurs ne lui avait-elle pas parlé d’un endroit qu’elle avait apprécié ?
Mis à part leurs aventures en tant qu’esclaves, il n’y avait qu’à Glouton… Machin chose qu’elles semblait vraiment avoir passé du bon temps sans se préoccuper de qui voudrait leur tête. Ça ne donnait presque pas envie de partir au final… Pourquoi, de toute façon, si on était traités comme des animaux partout ailleurs ?

- Z’avez l’air d’en avoir chié, mine de rien… On ira où du coup ? C’que le bateau, là… Il va nous emmener dans un coin où on veut nous crever, j’parie… Mais j’pige pas pourquoi ces connards nous détestent ! On leur a rien fait, concrètement, si ??
- Nous directement, pas grand-chose, non. On a juste ravagé la ville et tué une cinquantaine d’innocents, c’est rien de concret, en effet… Le petit esprit se mit à ricaner en voletant dans la salle, bien conscient que Ace ne pourrait rien contre lui.

Le pyromane avait été absorbé par le récit à tel point qu’il en avait cessé toute activité et n’avait épluché que ses quatre légumes. C’était toujours mieux que rien, mais ça l’énervait quand même. Qui avait eu l’idée de créer un outil aussi débile que l’épluche-légumes !? Ça marchait même pas bien, cette connerie ! Evidemment, ça ne pouvait pas être lui qui l’utilisait mal…

Voyant la moue hésitante de la nécrophobe, Ace se douta bien que c’était son tour de répondre à la question suivante qui tomba : lui dans dix ans. Aussitôt sa mine s’assombrit. Parler de ses projets ? Il n’en avait aucun. Aucun dont il voulait leur parler, ou bien aucun qui n’ait déjà été décidé pour lui.
Avec une rancœur incroyable dans la voix, il se décida finalement à répondre tout en jouant avec son économe.
- Pff ! Dans dix ans, hein ? Tu sais, c’est pas parc’que j’suis arrivé ici qu’ça changera grand-chose. J’vous l’ai dit : j’ai pas le choix. Dans dix ans j’aurai fini mes putains d’études d’éco de merde et je bosserai peut-être à côté de mon geeeeen-tiiiil pâaaa-pâaaa et ma mômaaan, à moins qu’ils crèvent entre-temps, auquel cas j’écope de leur fauteuil chez Ridley Inc. A voir.

Il avait effectivement de l’ambition ; il avait souvent rêvé de s’enfuir, quitter cet avenir prédéterminé mais la seule chose qui faisait tourner le monde c’était l’argent et même si dealer était un job rentable, il n’aurait jamais autant de fric que s’il se laissait embrigader par son vieux.

- … Je sais pas c’que j’ferai dans dix ans. Chui pas chaud pour c’qu’on attend d’moi mais j’ai pas d’idées non plus ; tout c’que j’sais faire c’est trainer avec mes potes ou être seul chez moi. Tout le monde s’fout bien d’savoir c’que j’veux être. J’les enculerai à sec quand j’aurai assez d’influence !!
Il se sentait bouillir intérieurement. Il serrait l’outil de cuisine si fort dans sa main qu’il ne se rendit compte qu’après-coup qu’il s’était coupé avec, ce qui en soi était un exploit non négligeable.

Balançant le couteau à travers la pièce ; billet aller simple d’un coin à un autre, il alla passer sa main meurtrie sous l’eau froide. Le flot continu apaisait les picotements et le calmait un petit peu.
- J’ai aucune raison d’retourner dans l’vrai monde… D’une part j’en ai rien à foutre et puis si Elie n’existe qu’à Dreamland alors je veux pas rentrer. De toute façon personne ne m’attend. Personne ne m’a jamais attendu, alors c’est directement chié.
- Sans compter que dans le monde réel, j’existe pas non plus, à priori !
- Ouais enfin toi… Rhooo allez, je suis sûr que tu tiens à moi ! … Hein ? … Même pas un petit peu..? T’es con, évidemment que j’t’aime bien.. Même si t’as la langue un peu trop bien pendue à mon goût. plaisanta-t-il.

- Hmmm.. bon, une question. Lui aussi commençait à sécher. Il ne savait pas trop quoi demander et pourtant il était sûr d'avoir des questions en réserve. Au moins une : y avait-il un lien entre la maladie d'Eli-... "Jade" et la mort d'Amber ? Mais il ne voulait pas demander ça. C'était encore trop tôt, et ça ne le regardait pas, en fin de compte. Il n'avait pourtant que cette idée en tête, il posa cette dernière de manière assez détournée, permettant une esquive à la mauvaise jumelle si elle le souhaitait. Il posa sa question assez prestement, prenant bien soin de faire avorter la question qu'armait Feufolé qui - comme on s'en doute - tournerait autour du golf ou une ânerie du genre.

- Elie, si tu pouvais remonter l'temps pour modifier une chose, ça serait quoi ? Puis, pour signifier implicitement qu'il n'attendait pas forcément la réponse tournant autour d'Amber, il osa une petite blague pour détendre l'atmosphère : heh attention, si tu m'dis "pas t'rencontrer" j'vais m'fâcher haha !
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeJeu 9 Fév - 16:40

L’histoire « drôle » de Melena laissa Elie sur le cul. Jade ? Se saouler ? Même si elle avait tendance à fuir la réalité par n’importe quel moyen y compris les pilules magiques du capitaine Mikles, elle n’aurait jamais imaginé que son double serait capable de se bourrer la gueule. Elle savait rigoler bien sûr, mais la bonne jumelle était censée représenter la faiblesse et la modération. Où était la modération là-dedans ? Sans parler de l’irlandaise qui n’avait pas plus un profil de pochtronne… comme quoi, on croyait connaitre les gens, ou soit même et au final on n’était que des étrangers. C’était un peu triste.

Les autres belles anecdotes semblaient sorties d’un guide touristique ventant les charmes de Formatek et de Gloutoniskaïa. A l’évocation de son nom le regard de la psychotique s’assombrit. Oh, alors comme c’était pour la chercher c’était pas par plaisir ?

- Sympa… grommela-t-elle, inaudible.

Contrariée elle ne put s’empêcher d’adresser une moue boudeuse à Melena lorsqu’elle lui demanda quoi faire de ses pommes de terre. L’envie de l’envoyer chier ne fut modéré que parce qu’elle se souvint qu’à l’époque elles ne se connaissaient que de vue et nourrissaient chacune l’une pour l’autre des sentiments peu amicaux. Désignant le récipient bouillonnant du pouce, elle répondit un peu abruptement :

- Faut les couper en quatre et les ajouter au reste dans 30 minutes.

Elie s’en voulait d’être aussi susceptible, mais c’était plus fort qu’elle, c’était comme si elle aurait dû être consciente de la finalité de leur relation et juger en conséquence. C’était absurde, illogique, mais la colère l’était souvent. Ce fut Ace qui la tira de sa bouderie en tenant un discours plus que défaitiste. C’était comme s’il n’était maitre de rien, même pas de sa vie, lui qui avait pourtant l’air si sûr de lui ! Il se comportait comme un prince capricieux et vantard mais lorsqu’on l’écoutait parler de lui on ne sentait plus que de la rancœur et du défaitisme. L’adolescente pinça les lèvres et s’approcha de lui pour lui attraper la main, mais arrêter son geste à la dernière minute lorsqu’il clama qu’il ne voyait pas d’intérêt à quitter Dreamland si elle n’existait qu’ici.

Le cœur de la mauvaise jumelle avait raté un battement avant de s’emballer. Jamais elle n’aurait cru qu’on puisse tenir ce genre de discours pour elle, si bien qu’elle avait du mal à réaliser que tout ça était réel. Ses doigts se refermèrent sur du vide alors qu’elle laissait retomber son bras le long de son corps, détaillant le visage du pyromane qui semblait plus sincère que jamais. « Pourquoi » était la question qui lui venait en tête mais elle n’arrivait pas à la formuler et préféra répondre à la question concernant leurs projets futurs.

- Je sais pas où le bateau accoste en fait… près du désert je suppose. Impossible de savoir quelle opinion on aura de nous dans le coin, mais même si on n’a rien fait personnellement la plupart des dreamlandiens qui nous détestent ont leurs raisons. Beaucoup de voyageurs sont de vrais enfoirés qui prennent ce monde pour un terrain de jeu, alors ils nous rendent juste la pareille. Ils s’en foutent qu’on soit les bons voyageurs, on est tous mis dans le même panier.

Elle passa sa main dans ses cheveux, s’étonnant encore qu’ils soient si courts. Puis la question qui lui était destinée tomba comme un couperet qui coupa toute réflexion sur les rapports entre habitants locaux et étrangers. Elle coupa toute réflexion, peu importe leur sujet à vrai dire. Elie réussit tout de même à rire à la blague de son petit ami, mais tout ça sonnait faux. L’envie de rire était loin, très loin de son esprit, dans une ruelle sombre de San Francisco.

Attirant une chaise à elle d’une main tremblante, la psychotique se laissa tomber dessus et ferma les yeux. Ça ne fit que rendre les choses bien pires, les souvenirs affluant sur l’écran formé par ses paupières closes. Elle rouvrit ses yeux brutalement et se mordit la lèvre alors que ses doigts se mettaient à pianoter sur le plan de travail. Melena savait déjà, et si elle comptait vraiment s’engager avec Ace il finirait aussi par être mis au courant alors… autant le faire maintenant.

- Je remonterais jusqu’à mes 14 ans, et je dirais à Amber de courir avant qu’il ne soit trop tard et que ces connards ne la violent et la tuent sous mes yeux. Ou rien que de nous séparer Jade et moi quelques secondes plus tôt… pour pouvoir la sauver. Elle méritait pas ça, personne le mérite.

Elie se sentait nauséeuse tant la colère et le remord lui nouait les entrailles. Elle se releva sur un coup de tête et partit en direction du couloir, lâchant par-dessus son épaule alors qu’elle se dirigeait vers un endroit, n’importe lequel tant qu’elle pourrait y hurler tout son soûl :

- Ce jeu ne m’amuse plus, j’me tire.

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Melena Autumn

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeJeu 9 Fév - 18:42

Melena sentait que le jeu se dégradait au fur et à mesure. Après tout, quoi de plus normal lorsqu’on tentait d’inciter des individus meurtris à parler d’eux ? Certaines blessures étaient encore trop présentes, voire même trop actuelle. Ainsi, tandis qu’elle découpait son lot de pomme de terre de la façon dont lui avait rudement demandé la mauvaise jumelle, Ace peignait un tableau sans couleur de son avenir qui lui fit regretter d’avoir demandé. Seule la touche concernant Elie était en demi-teinte, à la fois belle et cruelle. Une pointe de jalousie toucha même le cœur de l’adolescente : non pas qu’elle soupirait auprès du pyromane, mais au fond, elle aussi aurait aimé avoir une personne capable de dire qu’elle préférait rester dans un monde virtuel pour elle. D’ailleurs, si jamais c’était elle qui était repartie seule à Dreamland, est-ce que Jade et Elie seraient revenues la chercher ? Il y avait de fortes chances que non, parce qu’à l’époque, la plus forte des personnalités aurait sans doute convaincu l’autre que ce n’était pas nécessaire.

L’étau de solitude revint en force étreindre l’irlandaise, une vieille amie qu’avec le temps, elle réalisait vouloir écarter définitivement. Le bruit du couteau qui avait traversé la pièce l’avait fait sursauter, la ramenant au présent et à l’échange qui s’assombrissait de minutes en minutes. Lorsqu’Ace posa sa question, Melena se mordit les lèvres d’avance. Elle savait quelle serait la réponse, parce que son amie lui avait déjà raconté, parce que c’était tout simplement la raison de son existence. Le visage d’Amber bien vivante, s’imposa à son esprit. Elle ne l’avait rencontré qu’une poignée de seconde, mais elle lui avait déjà paru si adorable, si attachante, et si complice avec sa sœur. Pourquoi des gens comme elle subissaient des choses aussi horribles ? Alors que les coupables, comme Liam, continuaient de vivre.

Entendre racontée la tragédie une seconde fois ne lui parut pas moins difficile que la première. Consciente du malaise que devait ressentir la psychotique, la nécrophobe s’apprêtait à dire que le jeu avait assez duré, mais la concernée l’avait devancée. Son découpage de patate venait de se terminer. Elle leva les yeux vers Ace, silencieuse, cherchant simplement à lui dire quelque chose comme « t’en fais pas, on va la voir tous les deux ».

L’irlandaise largua son économe dans l’évier, se lava rapidement les mains, puis prit le chemin du couloir pour retrouver son amie. Elle reviendrait la remplacer auprès de la casserole si besoin, mais pour l’instant, elle voulait lui montrer qu’elle était aussi là pour la soutenir, qu’elle n’avait plus à faire face à ses démons seule. Bien sûr, ni Melena, ni Ace ne pourraient faire revivre Amber ; mais ils pourraient peut-être apporter un peu de lumière dans toute l’ombre qui oppressait la mauvaise jumelle ?! Juste un peu.

Il fut d’abord assez difficile de la retrouver dans les appartements des adeptes, dans la mesure où la psychotique n’était pas dans sa chambre, mais un grand fracas résonna bientôt dans l’étage, accompagné de hurlements qui permettaient de la localiser à l’oreille. Ainsi, Elie fut retrouvée dans une salle de bain dont les portes de la cabine de douche avaient été défoncées – sans doute à coups de pieds –, au milieu d’une mare de serviettes tombées avec le bris de l’étagère qui les soutenait. La nécrophobe n’était pas certaine que ce désordre plaise à Fisher, surtout après qu’ils aient fait un trou dans le sol et brûlé une partie de la collection de film des gardiens. Manquerait plus qu’on les prive de bateau pour les faire toute nettoyer, mais pour l’heure, c’était surtout pour son amie que s’inquiétait Melena.

Ses yeux gris se levèrent vers Ace, cherchant du soutien dans sa présence. Peut-être que c’était mieux que ce soit lui qui la stoppe en la prenant dans ses bras, non ? La mauvaise jumelle allait finir par se faire mal, mais l’irlandaise ne savait pas quoi dire pour attirer son attention. Passant une main nerveuse dans ses cheveux, elle se hasarda en tendant une main vers son amie :

- Elie… arrête s’il te plait, tu vas te…

Impossible, sa gorge se nouait ; ça lui paraissait tellement stupide. La psychotique avait déjà mal, une douleur impossible à guérir, une vieille cicatrice rouverte sauvagement cette même après-midi. Son bras retomba le long de son corps ; elle se sentait tellement nulle dans ces moments là...
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Ace Ridley

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeJeu 9 Fév - 21:56

Mais quel con… Il aurait dû prévoir, anticiper la réaction d’Elie. Pourquoi il avait demandé alors qu’il savait que ça risquait la catastrophe nucléaire !? Il resta un moment à regarder le robinet couler dans un mutisme profond alors que la mauvaise jumelle quittait la pièce. Le pyromane ne se retourna qu’après quelques secondes – temps nécessaire à réaliser l’ampleur de sa gaffe – pour croiser le regard de Melena. On lisait dans ses yeux qu’elle s’inquiétait elle aussi, et c’est donc sans hésitation que les deux amis partirent en même temps à la recherche d’Elie.

En chemin, Ace n’arrivait pas à faire autre chose que se maudire intérieurement, au point de vouloir se claquer la tête contre un mur. Feufolé les suivait sans afficher d’émotion particulière et fort heureusement : sans commentaire aucun. Il semblait avoir compris que la meilleure chose à faire pour son créateur dans l’immédiat était l’aider à chercher la mauvaise jumelle.

Le Ken sursauta en entendant le brouhaha émanant d’une salle de bain un peu plus loin. Imaginant le pire, il pressa le pas et arriva sur les lieux du crime où on déplorait déjà le décès d’une porte et de plusieurs autres choses. Ace resta un moment interdit avant d’oser pénétrer dans la pièce. La fureur d’Elie était effrayante mais il pouvait toujours voir celle qu’il aimait à travers ces traits rongés par la colère.

Melena tenta de raisonner la tornade dévastatrice mais elle avorta sa tentative. De toute façon c’était à lui de le faire. Il était responsable de ça, et même si assumer les conséquences de ses actes n’était pas l’apanage du pyromane, il savait que s’il devait faire une exception c’était maintenant.
Il posa sa main sur l’épaule de la nécrophobe comme pour lui dire qu’il prenait le relai. A mesure qu’il tentait d’approcher Elie, il craignait de se prendre un meuble perdu (une balle aurait été un projectile cent fois moins dangereux)

Bon, l’approcher sans rien dire n’était pas utile non plus, d’un autre côté. Il s’était approché suffisamment pour être sûr d’être entendu, à défaut d’être écouté.
- Elie… Arrête ça, tu vas t’faire mal, Mel a raison… Calme-toi… Elle ne semblait pas très encline à l’écouter aussi Ace ne se ménagea pas et attrapa les poings de la jumelle, l’empêchant ainsi de malmener son corps et le mobilier. Il se persuadait qu’il ne faisait pas ça pour lui faire mal, mais dut raffermir son emprise sur les poignets d’Elie.
- Arrête, t’en as fait assez. Ecoute-moi… Je.. Je suis désolé. Vraiment. J’aurais pas dû t’poser cette question. Chuis vraiment trop con. Je sais ; je sais que c’est dur mais s’il te plaît arrête de te faire du mal comme ça ! Je veux pas que tu te blesse à cause de moi.

Il n’était pas certain d’avoir capté toute l’attention d’Elie et il fallait reconnaitre qu’elle avait de la force. Il avait du mal à la contenir et finit par s’avancer d’un pas, plaquant les poings d’Elie contre son torse.

- Si tu tiens à frapper quelque chose, alors frappe-moi. J’l’ai mérité, nan ? Casse-moi la gueule si ça t’fais plaisir. C’est d’cette manière que j’ai pigé que cogner contre n’importe quoi ça défoulait pas. Alors si tu veux frapper pour c’que t’as pas pu éviter…
Mais si tu t’fais mal parc’que tu crois que t’aurais pu éviter ça, j’te laisserai pas faire. T’y pouvais rien, tu pouvais pas savoir c’qu’il allait arriver !!


Il la regardait droit dans les yeux, cherchant à atteindre sa raison ; faisant son nécessaire pour que ses mots parviennent jusqu’à elle-même s’il ne trouvait pas les formules parfaites pour exprimer ce qu’il ressentait.
- Tout à l’heure… Quand j’étais shooté, tu m’as dit qu’c’était l’rôle des amis de s’aider, de parler quand ça allait pas. J’étais out mais ça j’m’en souviens. Mais chuis pas un modèle. Toi tu vaux mieux qu’moi sur c’point-là alors ravale ta colère, utilise-la pour un truc qui en vaut le coup.

Il relâchait sa poigne sur Elie, caressant ses mains en les maintenant toujours plaquées contre lui.
- Oublie cette épreuve à la con, oublie ma question. J’suis sûr qu’Amber a été heureuse de t’revoir et qu’elle a envie qu’tu continues ta vie, que tu ailles bien. T’as été une sœur en or pour elle, ça s’voyait trop. Tu nous a protégés, Mel et moi ; t’es vraiment quelqu’un d’bien alors laisse pas les mauvais souv’nirs polluer les bons. Et souviens-toi que je t’aime et que j’serai toujours là. Pour toi. J’suis juste un peu trop stupide, mon cerveau barre en couille il se pencha vers elle pour l’embrasser.

Ses lèvres quittèrent celles d’Elie pour lui murmurer mais mon cœur sait que quand on est ensemble tout va bien ; y peut rien nous arriver.
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Jade Martins

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MessageSujet: Re: Adeptes ou le retour à la vie   Adeptes ou le retour à la vie - Page 3 Icon_minitimeSam 11 Fév - 12:52

Elle avait réussi à se contrôler jusqu’au moment de quitter la pièce, puis ses pas s’était accélérés progressivement jusqu’à ce qu’elle finisse par courir le long des couloirs de pierres nues. Pour aller où ? N’importe quel endroit ferait l’affaire, l’adolescente finit donc par s’arrêter devant une porte au hasard et la claquer derrière elle. Son sang lui donnait l’impression de bouillir dans ses veines à l’évocation de ce jour funeste, mais pire encore cela ne faisait que lui rappeler qu’au lieu de racheter son erreur, elle n’avait fait que s’enfoncer lors de ses retrouvailles avec Amber. Se séparer un peu plus tôt pour la sauver ? La bonne blague ! Elle n’avait été capable que de lui tordre le cou comme une vulgaire volaille sous prétexte que si elle ne le faisait pas sa sœur ne l’aimerait plus. Juste une putain d’excuse qui ne valait rien, un comportement égoïste. Elle aurait pu… elle aurait DÛ trouver une solution pour s’en sortir à deux.

Sans même jeter un regard aux alentours pour savoir où elle venait de mettre les pieds, Elie donna un coup de pied magistral à la première chose qui se présenta à elle. La porte de la douche se fissura, et un second coup la fit voler en éclat en une pluie de verre qui vint miner le sol carrelé. Mais ça n’empêcha pas la mauvaise jumelle de frapper à nouveau l’armature en plastique qui ne maintenait plus que des fragments tranchants, puis de se saisir de toutes les breloques posées sur une étagère pour les envoyer s’écraser au sol alors qu’elle poussait un hurlement de rage.

Frapper, détruire, hurler, jusqu’à ce que tout ne soit plus qu’un immense chaos. De toute façon elle ne savait faire que ça. Détruire. Dire qu’on protégeait n’était qu’une justification ridicule à la violence et l’égoïsme. En réalité elle détestait juste les autres et elle-même, cette espèce humaine si faible qui laissait le mal se répandre dans le monde et dans leur cœur, celle à cause de qui des enfoirés pouvaient égorger des gamines dans des ruelles sombres. Elle frappait encore et encore parce qu’elle ne savait faire que ça, qu’elle était née pour ça.

Ses poumons lui donnaient l’impression de brûler et ses mains en sang la picotaient douloureusement alors qu’Ace et Melena franchirent le seuil de la salle de bain transformée en champ de bataille. Dans sa crise Elie ne les remarqua même pas, pas plus que la supplication de l’irlandaise ne parvint à ses oreilles. Seule la colère dominait, foulant au pied ses autres sentiments en n’épargnant que le dégoût et la frustration. La psychotique ne remarqua le pyromane que lorsque ses mains se refermèrent sur ses poignets, et son premier réflexe fut de se débattre pour recouvrer sa liberté.

Ils ne comprenaient pas, ils ne comprenaient rien. Ni l’un ni l’autre n’était responsable de la mort de leur proche. Ils étaient tristes bien sûr mais leur conscience était tranquille alors qu’elle… elle était une meurtrière, une incapable, d’une lenteur et d’un égoïsme atterrant. Ne plus se faire mal ? Mais pourquoi faire ? Elle le méritait. Ce n’était rien en comparaison de l’horreur qu’Amber avait vécu par deux fois.

- Laisse-moi tranquille ! rugit Elie en se débattant comme une forcenée.

Ses mains tentèrent une nouvelle fois de s’arracher à la prise qui les maintenait fermement et faillit y arriver, mais Ace avait une sacrée poigne. Pourquoi est-ce qu’il fallait qu’ils tentent de l’arrêter ? Pourquoi est-ce qu’ils n’essayaient pas de comprendre qu’elle en avait besoin pour ne pas devenir folle ?! La mauvaise jumelle faillit mordre son petit ami dans une poussée d’agressivité mais les mots qui parvenaient peu à peu son encéphale la stoppèrent dans son geste. Elle valait mieux que ça ? Utiliser sa colère pour autre chose ? De belles paroles mais qui sonnaient vides. La réalité était qu’elle ne savait que faire du mal aux gens. Maxim, Lily, Moriccio, Alexander, Melena et même Ace ! Alors être capable de faire quelque chose de bien de sa rage ? Rien n’était moins sûr.

Alors pourquoi était-il si gentil, pourquoi se blâmait-il, pourquoi était-il si sûr qu’elle était une fille bien ? Elie avait fini par arrêter de se débattre, tremblant seulement de colère contenue. La baiser que le pyromane déposa sur ses lèvres lui donna l’impression que tout son univers se dégonflait comme un ballon de baudruche. Elle se sentait vide, frustrée… mais accablée surtout.

L’adolescente fondit soudain en larme, muant sa rage en désespoir. Ses mains en sang s’accrochèrent au cou d’Ace comme à une bouée de sauvetage et Elie laissa aller son visage inondé de larmes contre le torse de son compagnon. Elle aurait voulu lui dire qu’il se trompait mais se surprenait à espérer qu’il ait raison. Plus que ça, elle le désirait du plus profond de son cœur.

- Je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée… répétait-elle inlassablement entre deux sanglots.

La saccage qu’elle venait de commettre venait seulement de lui sauter aux yeux, ses conséquences aussi. Et si on les virait ou qu’on leur refusait le bateau à cause de ça ? Elle ne se le pardonnerait jamais.

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