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| Par-delà la mort [deuxième épreuve] | |
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Melena Autumn
Maladie mentale : Thanatophobie
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Mer 26 Oct - 21:40 | |
| Levant ses yeux vers l’horizon obscur, Melena gardait le cap de la tour. Le bon sens – si tant est qu’il aurait pu être jugé comme ça – aurait était qu’elle récolte déjà des têtes sur sa route, histoire de gagner du temps ; mais en vérité, elle s’en sentait incapable. L’idée de s’agenouiller près d’un cadavre, de lui scier le cou comme elle le ferait d’un rondin de bois et de repartir avec sa tête comme si de rien était… elle était là, l’horreur ultime, qui lui retournait l’estomac rien qu’en y pensant. Pourtant, que pouvait-elle craindre d’autre dans cette mort intermédiaire ? Ses mains étaient déjà tâchées de sang. Dix-sept ans et criminelle multirécidiviste, voilà ce que lui avait appris Dreamland.
Le bruit d’une hache qui s’abattait la tirait de ses pensées. L’irlandaise aperçut la mauvaise jumelle, plus menaçant que jamais, son arme dégoulinant d’un sang sombre et chacun de ses zombies portant les trophées de son début de nuit. La jeune fille fit se stopper le cheval qu’elle avait emporté, lui accordant machinalement une caresse sur les naseaux pour le rassurer mais en réalité, la bête avait déjà l’habitude de voir des cadavres. Melena par contre, la vue des yeux morts des têtes tranchées lui procurait des frissons horrifiés. « Toi aussi » souffla une voix glacée dans son crâne, « toi aussi tu devras le faire ». Dans le sillage d’Elie, des corps sans vie et décapités jonchaient le sol envahi par une brume froide, et d’autres carcasses, trainées hors de leurs maisons dévastées par des zombies, offraient bien plus de butin encore.
D’une voix blanche, presque éteinte, l’adolescente rétorque un faible « désolé » en s’approchant de son conteneur à pas lents. Avec des gestes lourds, comme si ses bras pesaient soudainement dix tonnes, elle récupéra sa scie pour la montrer à sa complice :
- J’ai trouvé ça moi…
A bien y réfléchir, elle aurait préféré la hache. C’était rapide, net ; la lame s’abattait et tranchait, point. Son outil était plus perfide, car il l’obligerait à rester pencher sur sa victime, appuyée sur son crâne s’il faut, pour séparer lentement chair, muscles et os. L’envie de confier cette tâche à ses zombies était très forte, mais les recommandations des gardiens avaient été claires… ils devaient trancher les cous eux-mêmes.
- Tu peux charger tes… euh… têtes… là dedans.
Parler, même d’une voix aussi faible, alimentait la nausée qui nouait son estomac silencieux. Fuyant le regard de son amie, elle avisa le corps d’un vieil homme dont un bras avait été emporté par la horde. Son sang avait déjà coagulé dans ses veines flétries, il serait sa première victime. Melena s’approcha, doucement, tout son corps saisi de violents tremblements. Mon dieu que ça l’horrifiait, que ça la terrifiait. Côtoyer la mort de si près était insoutenable, elle ne pouvait pas le toucher, c’était au dessus de ses forces. Si elle avait été encore vivante, son teint aurait viré au blafard maladif, des sueurs froides auraient envahis sa peau et elle aurait rendu ses derniers repas… mais il n’en était rien.
- Fi-Fisher et Alex, ve-venez, commença-t-elle en tremblant. T-Tenez-le… fermement, faut pas qu’il… bouge.
Son cerveau ne fit pas attention au double sens grotesque de ses ordres, il ne répondait plus. Lorsque ses sbires eurent parfaitement immobilisé le cadavre, l’irlandaise ferma les yeux et appuya sa lame contre la chair pliée du cou. Elle sentit la gorge molle s’enfoncer légèrement, ses mains tremblaient tellement qu’on aurait pu croire que la scie lui échapperait d’un moment à l’autre, mais elle réussit à garder le contrôle de ses bras pour faire un mouvement d’aller-retour saccadé mais efficace.
Plus sa besogne se poursuivait, plus elle réalisait comme c’était mille fois plus dur que ce qu’elle avait imaginé. Ne pas regarder, ne pas réfléchir à ce qu’elle coupait, voilà ce qui l’aidait à continuer. Sans contact avec la charogne, elle oublierait presque la mission qui lui était confiée ; et quand enfin elle sentit que sa lame ne meurtrissait plus que le sol poussiéreux, elle se releva et commanda laconiquement :
- Mets la tête dans la charrette Fisher.
Seulement une, et il lui en fallait beaucoup plus. Melena avait envie de pleurer, mais c’était impossible désormais, elle devait se plier à sa tâche, jusqu’à ce que le jour se lève et sonne la fin de leur monstrueuse récolte.
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| | | Ace Ridley
Maladie mentale : Pyromane
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Mer 26 Oct - 22:32 | |
| Ace ne savait plus où aller… En fait, il n’avait jamais su où aller mais avoir un feu à portée de main lui donnait confiance en lui. Il fut tenté de retourner à l’endroit où il avait trouvé cette flamme mais impossible de savoir par où passer. Avoir eu l’occasion de transporter cet être dansant l’avait calmé mais rien ne vaut un feu que l’on allume soi-même et il savait que bientôt cette envie reviendrait. Ça ne le dérangeait pas en temps normal mais dans le coin il ne semblait pas y avoir de bureau de tabac dans lequel se procurer ne serait-ce qu’un briquet, ni même un paquet d’allumettes.
Ses zombies ne semblaient pas comprendre ce qui se passait. Pourquoi Ace faisait demi-tour. C’était simple, il n’avait pas envie de retourner auprès des filles. Il les attendrait à la tour ou les y rejoindrait. Et elles devaient déjà avoir récolté pas mal de têtes tandis que lui n’en avait qu’une dizaine. Il fallait trouver un moyen de transporter plus de têtes ! Il se mit donc à arpenter une nouvelle fois les rues sombres de Freedoom. Croisant de temps à autres un zombie, un groupe de zombies, un groupe de zombie mangeant un cadavre, un groupe de zombies mangeant un groupe de cadavre… Merde ! Ils étaient combien, en tout !? S’ils provenaient tous du cimetière qu’était la tour, alors c’était impressionnant que tant de cadavres puissent somnoler sous leurs pieds durant la journée, à fortiori quand on voit leur force lors d’attaques groupées.
Ace arriva enfin vers un quartier qui semblait beaucoup moins touché que les autres. Les maisons y étaient plus grandes et semblaient surtout beaucoup plus solides. Les toits approximatifs de tôle avaient laissé place à des tuiles résistantes en apparence et certaines maisons se payaient même le luxe d’avoir des barreaux aux fenêtres. Alors c’était ça, être riche ici ? A n’en point douter, le pyromane avait rejoint le quartier riche de la ville, tant déconseillé par Elie. Aux dernières nouvelles, les citoyens y étaient concentrés et armés ; l’équipe de Ace n’avait donc que peu de chance de récolter des têtes par ici. Par contre, pour ce qui était de trouver un charriot ou un bidule du genre, on avait touché le jackpot !
Il s’enfonça dans les rues du quartier riche, se faisant le plus discret possible. S’ils se faisaient repérer, les habitants n’auraient sans doute pas de pitié pour eux. Au détour d’une maison aux poutres apparentes et massives, se trouvait une sorte de jardin, ou plutôt un terrain car à l’évidence, rien ne semblait vouloir pousser ici. *Tu m’étonnes… Moi non plus j’apprécierais pas qu’on me plante ici songea-t-il en regardant une… Un… Une… Sorte de… Plante… Morte.. ? Hm… La flore était aussi dégueulasse que ce qui peuplait la tour.
En quittant le pseudo-végétal des yeux, il aperçut une brouette calée contre le mur de la maison qu’il venait de contourner. Elle ne semblait plus toute jeune, mais ça devrait suffire à transporter au moins une dizaine de têtes supplémentaires. Posant les mais sur les poignées de l’objet, il regarda des deux côtés au cas où quelqu’un serait témoin de son vol. C’était plus un réflexe qu’autre chose, mais une fois le rituel effectué, il se sentit plus à l’aise. Il fit rouler la brouette d’avant en arrière pour voir si elle ne grinçait pas. Tout semblait en bon état, il invita donc ses zombies à déposer les têtes précédemment coupées dans la brouette jusqu’à ce que celle-ci soit pleine. Les dix têtes y tenaient, cela signifiait qu’il avait donc la possibilité de récolter une autre dizaine de têtes avant de rentrer. Ces dernières ne furent pas difficiles à trouver.
Il marcha pendant quelques minutes, juste le temps de sortir du quartier riche pour découvrir le premier cadavre auquel il scia la tête. Il commençait à s’y habituer, mais il commençait surtout à se faire chier. Il donna sa scie à Ducon, son zombie préféré. Tiens. Tu m’as vu faire, nan ? Alors maintenant c’est toi qui scie. Moi j’en ai ras le cul. S’approchant d’un autre cadavre fraîchement mordillé qu’il désigna du doigt, il invita Ducon à faire son office. Celui-ci s’exécuta et ô miracle !! Il avait compris !! Regarder faire était largement plus sympa du point de vue de Ace et là au moins, c’était dans ses cordes.
Il pouvait donc profiter à loisir de regarder les cadavres dans la nuit brumeuse sans devoir être confronté à la vue du sang ou des chairs déchirées. Seul le bruit de la scie qui raclait contre la peau, les muscles, puis enfin la colonne vertébrale se faisait entendre. L’on pouvait dire avec précision si le cadavre était frais ou pas grâce au son que produisait la scie lorsqu’elle tranchait les veines et artères dans lesquelles le sang s’était plus ou moins coagulé. Le bruit du liquide contre la chair que l’on sciait était indicible… On ressentait presque la douleur. Au final, le pyromane préféra reprendre la scie en main. Être simple spectateur n’était pas si amusant, en fin de compte…
La nuit semblait bien avancée et il avait désormais ne vingtaine de têtes en sa possession. Il garda néanmoins la scie avec lui alors qu’il ordonnait à ses putrides d’entamer le chemin du retour. Il ne savait pas où en étaient Melena et Elie, ni même si tout s’était bien passé, mais s’il avait promis de ne pas faire de coups fourrés, ils s’étaient également mis d’accord pour attaquer ensemble. Or le plan avait changé alors pour l’aide… Elles se démerderaient. Il continuait de marcher en direction de la tour. A nouveau cette chape de plomb s’abattait sur lui. Ce devait être plus psychologique qu’autre chose mais le fait de devoir à nouveau affronter les gardiens ne le rassurait pas le moins du monde… Et pourtant ça n’était que le commencement…
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| | | Jade Martins
Maladie mentale : Troubles dissociatifs de la personnalité
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Jeu 27 Oct - 18:48 | |
| Le sang à moitié coagulé s’était joint à la terre pour tâcher son jean qui était désormais raidi par un mélange de crasse et d’hémoglobine mais Elie ne s’en rendait même pas compte. Elle se trouvait dans sa petite bulle d’amertume, s’évertuant à considérer les corps étendus au sol comme de simples dommages collatéraux. La vue des chairs mutilées auraient dû lui retourner l’estomac mais celui-ci restait tristement inerte dans son état morbide en lui rendant du même coup la tâche plus facile. Le mieux restait encore de s’imaginer égorger un cochon, ou trancher de simples buches de bois. Même si ce contact mou et fibreux ainsi que ces bruits de succion dégueulasses, muscles et cartilages contre lame de métal, n’avaient rien de végétal.
C’est la lame rouillée en dents de scie que lui montrait Melena qui la sortie de sa transe maladive. Le souvenir fugace du film Saw lui revint alors qu’une grimace survenait pour déformer ses jolis traits encrassés. Couper une tête avec ça risquait de s’avérer long… et éprouvant. L’idée de céder sa hache ne lui vint pas malgré un élan de compassion pour la nécrophobe, Elie se contentant d’un regard vaguement compatissant coulé dans sa direction avant de détourner la tête du spectacle qui ne tarderait pas à venir. Elle ne perçu le moment du lever de rideau qu’au son de la lame qui entaillait un coup, va et vient qui se déroulaient dans un concert de sons poisseux et du craquement des os qui cédaient.
Décidant que ce moment était tout choisit pour charger ses trophées dans la charrette, la psychotique ordonna sèchement à la Bat’ team de foutre tout ce barda glauque à l’arrière avant d’aller flatter les naseaux du cheval qui se semblait pas s’offusquer le moins du monde de se faire tripoter par un cadavre.
- Gentil… tu es un bon cheval, souffla-t-elle à l’oreille de l’animal qui se contenta de fouetter l’air d’un coup de queue.
Lorsqu’elle se décida enfin à quitter le canasson des yeux, Melena avait fini sa triste besogne et semblait au bord des larmes. Sûrement qu’elle en aurait pleuré toutes les larmes de son corps si on lui en avait laissé la possibilité. La mauvaise jumelle aurait pu aller lui tapoter l’épaule et lui murmurer des paroles réconfortantes mais au lieu de ça elle fila droit vers son amie pour la remettre debout, sa main libre enserrant fermement l’épaule gauche de l’irlandaise.
- T’as fait le plus dur, c’est pas le moment de flancher. On a du pain sur la planche.
Son regard bleu et dur transperçait celui fuyant de l’adolescente qui lui faisait face. Malgré l’épreuve que cela représentait pour sa comparse Elie se refusait de bosser pour deux. Elle avait fait le larbin assez longtemps et pour quel résultat ? Se laisser sacrifier sur l’hôtel de l’égoïsme de sa moitié. On ne lui ferait pas deux fois.
- Batman ! Tu nous emmèneras là où les corps sont les plus nombreux. Catwoman, le joker, Mr Freeze et double-face vous vous occuperez de nous aligner les corps sagement. Je veux pas courir partout ça va nous faire perdre du temps. Un bel alignement vous pigez ? Avec environ deux mètres entre chaque futur trophée.
Les zombies s’entreregardèrent avant d’enfin se décider à bouger vers l’est, avec une vitesse désespérément lente.
- Passez la seconde bordel ! s’égosilla Elie tout en grimpant sur la charrette et se saisissant des rennes.
Passer ses nerfs sur ces bouts de chairs mortes était l’exutoire parfait pour libérer la tension qui menaçait de la faire exploser pour de bon d’un moment à l’autre. Elle n’était qu’une adolescente après tout, pas une tueuse et encore moins une profanatrice de cadavres, même si le destin en avait voulu autrement.
Elle attendit que Mel’ grimpe à ses côtés pour mettre en route l’attelage, les rennes claquant sur les flancs maigrichons de la bête de somme. Les têtes à l’arrière roulaient d’une paroi à l’autre, s’entrechoquant dans une mélodie funèbre qu’Elie s’efforça d’ignorer en se mettant à chantonner à mi-voix, ses yeux étrécis jusqu’à ne plus être que deux fentes :
- Y’avait des gros crocodiles et des orangs-outangs, des affreux reptiles et des jolis moutons blancs… y’avait des chats, des rats, des éléphants, il ne manquait personne…
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| | | Melena Autumn
Maladie mentale : Thanatophobie
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Jeu 27 Oct - 19:41 | |
| Elle se serait effondrée si elle n’était pas déjà par terre, mais Elie vint soudainement la soulever pour la remettre sur pieds. Le plus dur ? Mais qu’était le plus dur à ses yeux, pour elle qui n’était qu’une moitié d’âme ? Une parcelle de personnalité née pour se battre et protéger. La mauvaise jumelle était-elle seulement capable d’imaginer ce qui ravageait les entrailles mortes de la nécrophobe ? Pouvait-elle-même avoir une idée de ce qu’éprouvait une personne entière devant un tel carnage, en ayant pour mission de trancher des têtes à la scie. Dans l’horreur qui faisait trembler tout son corps de zombie, Melena se sentait seule, infiniment seule, car elle n’avait pas l’impression d’être comprise. Elle évitait le regard transperçant de son amie, sans pouvoir ne serait que les humidifier de larmes, puis recouvrit sa liberté sur ses jambes flageolantes. Des ordres furent donnés aux parodies morbides de super-héros, règles auxquelles l’irlandaise n’objecta rien. Elles étaient venues pour ça de toute façon, et aucune excuse ne lui venait pour enrayer le processus. Proposer d’attendre Ace n’aurait pas été naturel, ni bien accueilli ; la nuit ne les attendait pas elle, et courait avec une étrange malice. Les cris et les gémissements qui s’élevaient vers le ciel clair et glacial devenaient mélodie ambiante, comme le chant des oiseaux dans une forêt. On s’y habituait avec une rapidité effrayante, mais peut-être était-ce la solution pour ne pas devenir cinglée.
Absente, Melena grimpa sur la charrette. Lorsque les têtes commencèrent à s’entrechoquer les uns contre les autres, développant une sonate de chairs mortes, elle se boucha fermement les oreilles, yeux fermés, attendant que ce cauchemar se termine. Elle n’arrivait même pas à croire qu’elle était toujours là, qu’elle n’avait pas renoncé, mais son objectif venait briller devant ses yeux chaque fois que l’envie d’abandonner se manifestait : elle faisait ça pour vivre.
Une fois à destination, elle se redressa fébrilement et s’adressa à ses zombies d’une voix éteinte :
- Yoru, Liam, Georges, aidez les à… installer les cadavres. Alex et Fisher, vous rester avec moi… vous allez me tenir ceux que je vais couper.
C’est ainsi qu’une véritablement usine d’horreur se déploya dans l’une des rues les plus misérables de Freedoom. Entre des rangées de vieilles bicoques à moitié écroulées, murs et fenêtres brisés par la horde, une file interminable de cadavres s’étendait plus loin que l’irlandaise n’osait regarder. En s’efforçant de ne pas y penser, elle s’approcha du premier corps – une jeune femme dont le visage était méconnaissable tellement il avait été mutilé – et s’agenouilla à ses cotés. Abaissant ses paupières encore une fois, elle attendit que ses sbires putrides soient eux-aussi en place, puis scia, scia… ses mouvements saccadés vinrent au bout de ce cou au bout d’un temps infiniment trop long, puis elle passa au suivant.
Si le dégout pouvait être personnifié, alors il s’agissait de Melena ce soir là. Ce corps de morte était une véritable prison à émotions, désespérément inerte. Combien de trophées eut-elle découpé lorsqu’elle se décida à faire une pause pour tenter de reprendre le contrôle de ses bras tremblants. Neuf ? Dix ? Douze ? Quinze ? Elle n’avait pas compté, elle n’avait pas envie de compter. Par instinct de survis, sont cerveau avait juste pris note des cinq premiers, histoire que les gardiens lui laissent au moins la chance de poursuivre.
L’adolescente se releva, sa combinaison tâchée par les giclées de sang reçues des cadavres qui étaient encore trop frais. Sa lame dégoulinait. Dans ses mains résonnaient les vibrations des os qui craquaient, des chairs qui cédaient, des cartilages qui se morcelaient. Dos au carnage pour tenter d’imprégner dans son esprit le moins d’image possible, elle ordonna :
- Tous mes… zombies, chargez les têtes dans la charrette maintenant.
Même en fuyant du regard, il restait la hache d’Elie qui s’abattait régulièrement, la chanson des cris et des pleurs dans tout la ville-prison, la basse continue des grognements bestiaux des morts-vivants…
[HRP : si on a bien compris Ace, tu as fini ta nuit de récolte n'est-ce pas ? Parce qu'on ne conclura pas la notre immédiatement, mais en encore 1 ou 2 messages chacune. Ce sera fait ce soir normalement, donc tu n'auras pas trop à attendre mais sinon... tu peux trouver matière à reposter si tu y tiens lol] | |
| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Ven 28 Oct - 7:57 | |
| Si l’enfer était pavé de bonnes intentions, le leur l’était de cadavres mutilés dont les yeux morts fixaient la lune dont la face blafarde diffusait la seule lumière qui éclairait la scène. Les corps s’alignaient sur une distance considérable, signe du zèle de leurs sous-fifres pour cette occupation moralement déficiente. Il y avait bien plus qu’elles ne pourraient en trancher mais Elie n’avait pas la force d’ordonner aux zombies d’arrêter, toute son énergie étant actuellement monopolisée par le maniement de son arme.
Bucheronne de l’au-delà, sa hache retombait avant d’entreprendre son ascension et de chuter encore et encore jusqu’à tremper complètement le jean de la mauvaise jumelle qui se surprit à penser qu’elle ne pourrait jamais le ravoir, même en le filant à un pressing. La surprise fut d’autant plus grande quand la pensée qui suivi fut que de toute façon ces vêtements n’étaient même pas à elle. Tant d’insensibilité faisait-elle d’elle un monstre ? C’était pourtant le seul moyen qui se présentait à elle pour préserver son équilibre mental précaire : mettre de la distance et une bonne dose d'humour noir. Se dire qu’ils n’étaient tous que des chimères aidait aussi beaucoup.
- C’est vrai quoi… ils n’existent pas. Ce ne sont que les produits de nos rêves, juste des… des…
Elle ne trouvait pas les mots. « Chose » était trop virulent, mais elle ne trouvait aucune parole qui colle à sa vision de la situation. Ce n’était que des inventions, des dérives mentales, les expressions de leurs méandres cérébraux. Personne n’était mis en prison pour avoir massacré un rêve, ce serait tout bonnement ridicule.
Ses pensées dérivaient ainsi sagement alors qu’elle accomplissait sa triste besogne avec sur les lèvres cette chanson idiote qui ne l’avait plus quitté depuis la charrette. Les têtes s’empilaient dans leur transport alors que Batman s’évertuait à les transporter suite à un ordre qui avait claqué comme un fouet dans l’air nocturne. Le charnier puant devait embaumer à plusieurs lieux à la ronde mais les sinus non fonctionnels d’Elie la préservaient de ce désagrément. Elle pouvait se concentrer et abattre un maximum de travail avant l’aube.
**Abattre… joli. Faudra que je le note.**
Un rire sans joie s’échappa de ses lèvres, particulièrement inconvenant au beau milieu du concert de gémissement et de cris qui s’élevait dans une rue proche. Cette anormalité s’éteignit complètement dans sa gorge lorsque ses yeux tombèrent sur son prochain trophée qui, apparemment, n’était pas encore mort. L’enfant à ses pieds n’avait plus que trois doigts à la main gauche et un trou béant rempli de sang à la place du nombril, mais elle n’en fixait pas moins son regard effrayé sur elle. Elie cru lire le mot « pitié » sur les lèvres pâles de la gosse et tressaillit.
Elle posa un genou à terre, glissant ses doigts sous la nuque de la petite qui lui rappelait étrangement Ella, au détail près qu’elle était blonde et non rousse. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir que c’était trop tard et qu’elle était condamnée, mais le cœur sans vie de la mauvaise jumelle se révoltait à l’idée de la tuer elle-même. Sauf que… c’était la seule chose qu’elle pouvait faire pour elle. Elie se redressa donc à contrecœur, souleva sa hache les yeux mi-clos et l’abattit sur le cou vibrant de terreur de l’enfant. La gerbe de sang encore frais fut si forte qu’elle en éclaboussa son visage et la poussa à reculer de quelques pas le temps de bien intégrer ce qu’elle venait de faire.
** Je n’avais pas le choix.**
Mais était-ce vrai ? N’aurait-elle pas pu trouver un moyen de la soigner ? Rappeler Labeau Nefaie pour dégoter une potion de soin avec ce qu’il restait de ses économies ? Bien sûr qu’elle l’aurait pu, elle n’avait pas voulu voilà tout. Se sacrifier pour un inconnu, à l’existence douteuse qui plus est, était au-dessus de ses forces.
Elle espéra que Melena n’avait rien vu, ça semblait d’ailleurs le cas tant celle-ci semblait absorbée dans son petit monde d’horreur. C’était bien assez dur de subir sa propre mauvaise opinion d’elle-même et rien n’était moins sûr qu’elle puisse supporter les brimades d’une camarade sur des questions douteuses de morale.
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| | | Melena Autumn
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Ven 28 Oct - 9:47 | |
| Ses sbires avaient fini de charger ses trophées macabres dans la charrette et revinrent vers elle, alors qu’elle n’avait pas bougé. Dans le mécanisme régulier d’Elie, elle perçut un sursaut, une hésitation, mais n’y fit pas attention. Sans doute se lassait-elle de ce carnage, si sa part d’humanité était suffisamment grande pour cela. Melena écarquilla les yeux en réalisant les pensées qui défilaient dans sa tête à l’égard de sa complice. Que lui avait-elle fait pour qu’elle se montre si odieuse, même au travers d’un fil de paroles qu’elle n’entendait pas ? Toute cette horreur lui faisait perdre la tête, complètement, pourtant, il faudrait qu’elle y retourne. Bientôt.
Ses pensées s’éclipsèrent vers la dernière chose qu’elle avait dite à Cécilia avant de quitter sa voiture, encore. Comme cela avait été le cas à cet instant du monde réel, son cœur se serra, même mort. « A demain » avait-elle dit, avec tout le naturelle du monde, alors que sa mère adoptive s’inquiétait pour elle, et que l’adolescente savait pertinemment qu’elle s’engageait dans une aventure dangereuse.
- C’est mieux qu’elle ne sache pas …, murmura-t-elle au vent glacial qui soufflait paresseusement. C’est mieux qu’elle ne sache pas…
Oui, car si jamais Melena lui avait parlé de Dreamland, jamais sa tutrice de l’aurait laissée repartir. Ce qui d’ailleurs aurait été totalement fondé et juste ; qui permettrait de son plein gré à sa fille mineure et frêle de partir seule dans un monde où elle pouvait mourir à chacun de ses pas ? Comment réagirait Cécilia si elle ne revenait pas ? Est-ce qu’elle serait effondrée ? L’irlandaise savait que oui, au fond, mais n’avait pas envie de l’admettre. Pourtant, elle se tourna vers Fisher qui était le plus proche, sans regarder sa face décomposée, et lui dit en secouant légèrement la tête :
- Il faut que je puisse vivre… et rentrer chez moi… sinon, elle va être triste. Je crois…
La nécrophobe avait perdu la tête ; ou quelque chose comme ça. Le fait de parler à un zombie ne lui avait pas sauté aux yeux, elle se détourna simplement pour retourner auprès de la longue ligne de cadavres, dont une grande partie gisait désormais sans têtes. Les survivants auraient une drôle de surprise le lendemain, qui ne les fera d’ailleurs sans doute pas rire du tout, mais ça n’était pas son problème.
Sans un mot, Melena se pencha près d’un mort du troisième âge, ordonna à Yoru et Georges de l’aider, puis reprit sa sale besogne sans même une attention pour Elie. La mélodie de la scie qui abime chair et os s’éleva comme si elle ne s’était jamais interrompue. Les yeux fermés, toujours à la plus grande distance possible du cadavre, la jeune fille découpait ses trophées sinistres en essayant de vider son encéphale. Dans son crâne, tout n’était désormais plus qu’un carambolage, un accident monstrueux, prémices d’une folie qui la guettait très certainement.
Jamais plus elle ne serait la même désormais, jamais plus elle n’arriverait à dormir dans le monde réel, sans que les images de ce massacre ne reviennent la hanter. Sa vie était fichue, à cause de ce Parkinson qui ne savait même pas ce qu’il faisait, lâche de surcroit. S’il fallait haïr quelqu’un à accuser comme la cause de toutes ses souffrances, alors ce serait lui…
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| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Ven 28 Oct - 11:24 | |
| Elle entendait comme à travers un mur épais la voix de Melena qui semblait se parler à elle-même, à moins que ce ne soit à l’un de ses zombies à la tête vide. La voir devenir maboul l’ébranlait légèrement mais elle avait trop à faire pour préserver sa propre santé mentale pour s’inquiéter de celle des autres.
La vision de la charrette pleine à craquer de têtes sanguinolentes semblait irréelle à la clarté de la lune qui descendait peu à peu vers un horizon qui s’éclaircissait légèrement. Elie avait totalement perdu la notion du temps et s’ébroua comme si elle sortait d’un long sommeil lorsqu’une horloge proche sonna 4 coups. Il était déjà si tard ? Ou si tôt ? Elle ne savait plus vraiment où elle en était mais à croire la quantité de trophées qu’elles avaient réuni il y avait fort à parier que ce soit vraiment le cas. La nuit finirait bientôt et cette épreuve avec elle.
- Melena je… crois qu’on en a assez.
Et c’était peu dire. Combien y avait-il de morceau de cadavre dans cette carriole ? Une cinquantaine au bas mot, bien plus sûrement… peut-être même cent. La plus grosse partie était de son fait, il fallait bien avouer que sa hache s’était révélé l’outil parfait pour décapiter leurs victimes. En deux ou trois coups les têtes quittaient les cous. Propre, net et précis, du travail d’orfèvre.
Une envie de vomir menaça de pointer son nez avant que son corps se souvienne qu’il avait rendu les armes depuis belle lurette. La mauvaise jumelle se contenta donc de jeter son arme sur le tas sanglant et de se tourner vers ses zombies, l’air hagard. Il fallait faire quelque chose pour éviter que la carriole ne sème son contenu pendant le trajet et dans l’état actuel des choses elle ne se sentait pas de faire les recherches elle-même. Mieux valait déléguer.
- Trouvez-moi une bâche et des cordes, assez pour recouvrir la charrette et lié le tout de manière à ne pas perdre de… de trophées en route.
Ils s’éparpillèrent comme une nuée de papillons. El’ les regarda s’éloigner un instant jusqu’à ce qu’ils soient engloutis par l’obscurité et seulement alors se tourna vers l’irlandaise toujours penchée sur un corps, la scie à la main. L’adolescente voulu lui dire que c’était bon, que c’était fini et qu’elle n’avait plus besoin de faire ça mais les mots lui restèrent en travers de la gorge.
D’une démarche de somnambule elle se rapprocha de Mel’ et posa une main amicale sur son épaule. Elle pouvait sentir les épaisses sutures sous le tissu de sa combinaison, sensation qui lui tira une grimace. La psychotique tira légèrement son amie en arrière, posant son autre main sur celle qui tenait la scie rouillée.
- Arrête… on a ce qu’il faut t’as plus besoin de faire ça.
Sa voix n’était plus qu’un souffle à peine audible alors qu’elle enroulait ses bras autour du corps de Melena, sa poitrine amorphe collée contre son dos. Aucun de leurs deux cœurs ne battaient ce qui rendait cette étreinte angoissante et terrible, Elie se força malgré tout à la maintenir jusqu’à ce que l’irlandaise relâche son outil couvert d’hémoglobine. Sa main droite glissa alors jusqu’à saisir celle de sa camarade pour la remettre debout et la forcer à plonger ses yeux gris dans les siens. Le trouble qui s’y lisait était palpable mais elle n’y pouvait rien, le mal était déjà fait. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’elle saurait surmonter cette épreuve et tourner la page.
Elie la prit alors une nouvelle fois dans ses bras mais de face cette fois, glissant sa main dans l’épaisse chevelure de la nécrophobe dans un geste maternel qu’elle n’avait pas dû connaitre depuis longtemps. Elle la berçait légèrement comme elle aurait pu le faire avec une enfant, autant pour rassurer Melena que pour elle-même, se persuader qu’elle était toujours humaine.
- On va réussir, on va surmonter tout ça et on quittera cette île maudite. Ne t’inquiètes pas, je suis là...
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| | | Melena Autumn
Maladie mentale : Thanatophobie
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Ven 28 Oct - 12:56 | |
| Il lui semblait vaguement que la voix de la mauvaise jumelle s’élevait dans les airs, à son attention de surcroit, mais elle ne savait plus trop. Ses gestes étaient devenus mécaniques, machinaux, comme un androïde de la mort dont l’objectif était figé dans l’éternité. Environ une trentaine, c’était le nombre de têtes qu’elle avait scié, même si elle ne s’en souvenait pas. Femmes, enfants, vieillards, adolescents, elle avait tout charcuté, tous décapités avec horreur, comme si la simple mort ne suffisait pas.
Elle sursauta lorsque la main de la psychotique se posa sur son épaule. Tirée en arrière, elle avait l’impression que son corps ne lui appartenait plus ; qu’elle était là… mais plus là. « Plus besoin de faire ça » ? Pourquoi est-ce qu’elle le faisait déjà ? Pour le compte d’un couple de sadique, pour une promesse de liberté aussi fragile que du polyester. L’étreinte de son amie lui procura quelque chose entre apaisement et dégoût. C’était Elie, mais aussi un zombie. Mais Elie, mais un zombie. Pourtant, elle ne bougea pas, trop lasse, trop désorientée. Sa main droite lâcha son outil couvert de sang et de morceaux de chair, ses yeux rencontrèrent le ciel.
Tout cela n’était qu’un cauchemar, n’est-ce pas ? Le pire, le plus atroce de tous ses cauchemars. La main de la mauvaise jumelle se glissa dans la sienne, elle se remit sur ses pieds, dociles, incapable de résister. Ses yeux morts étaient l’écran de son trouble, véritable fresque de son désarroi. Nouvelle étreinte, les doigts d’Elie se glissèrent dans sa chevelure avec douceur. D’abord, elle revit l’hôtel d’Union Square où elles avaient partagé une intimité sensuelle, puis l’image de sa mère s’imposa, plus forte. Melena avait oublié leurs états de mortes. En réponse, elle enlaça aussi la psychotique et la pressa fort, comme si cet effort allait finir par faire sortir les cascades de larmes qu’elle avait envie de verser.
Ne pas pouvoir pleurer était horrible, une véritable torture. Fermant les yeux, elle se laissait aller aux doux mouvements de son amie qui la berçait, accrochant sa raison à chacune de ces précieuses secondes pour ne pas la perdre dans le néant. Elie lui promit encore de s’en sortir, de la protéger. Cette fois, l’irlandaise savait que contre l’absolu, sa complice ne pouvait rien, mais elle avait envie de la croire, elle n’avait plus que ça.
Les gestes maternels la détendaient pourtant. Il y avait tellement longtemps qu’elle ne s’était pas laissé allé à ce genre de manifestations… elle avait toujours repoussé Cécilia, sans grandes raisons au final. Si elle ne pouvait pas pleurer, elle avait envie de parler, ça l’aiderait un peu à oublier. La mauvaise jumelle était plus petite qu’elle, alors elle ne pu appuyer sa joue que sur son crâne, doucement, puis murmura :
- Elle s’appelait Anney… Anney Autumn… ça fait longtemps que je l’ai pas vue… elle est morte.
Pourquoi est-ce qu’elle disait cela ? Peut-être parce que dans les résidus de folie qui lui restaient, ou bien dans la clarté de conscience qui se raccrochait à l’étreinte d’Elie, elle reconnaissait les bras de sa mère.
- J’ai eu peur… le jour de l’accident, j’ai eu peur de mourir… et elle, elle me regardait… je crois qu’elle était déjà… mais elle me regardait. Peut-être qu’elle m’attendait ? … mais je ne voulais pas mourir, j’avais peur, peur, peur…
Elle pressa fortement ses paupières. Ni larmes, ni douleur, c’était désespérant. Elle ouvrit alors les yeux : ses sbires zombies contemplaient la scène, l’air hébétés, mais elle les ignora. Il fallait qu’elle termine, son flot de paroles presque incompréhensible remplaçait ses pleurs, elle irait mieux après… peut-être.
- Tu crois que j’aurais dût mourir ? … je serai pas là aujourd’hui, je n’aurais pas fait ça…
Toute la force de sa détresse appuyait sur sa voix vibrante. La mort la poursuivait-elle ou la fuyait-elle ? Elle était tellement omniprésente depuis son arrivée à Dreamland, mais ce manège la rendait folle. Si jamais elle avait suivi sa mère en Angleterre, rien de tout cela n’existerait, ce cauchemar serait resté une chimère sans vie, sans raison à consumer. Néanmoins, les « si » n’avaient aucune puissance, sinon celle de nourrir le désespoir. Melena s’écarta de son amie, les yeux évitant de croiser son regard, puis murmura d’une voix faible qui témoignait du même coup qu’elle avait reprit ses esprits :
- C’est bon… on y va…
Elle n’avait pas attendu de réponse car elle n’était pas sûre de vouloir l’entendre. Sous doute n’y croirait-elle pas de toute façon, sa tristesse et son horreur plus grandes que tout en cet instant.
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| | | Jade Martins
Maladie mentale : Troubles dissociatifs de la personnalité
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Sam 29 Oct - 18:20 | |
| Elles restèrent ainsi un long moment, corps morts étroitement enlacés alors que Melena déversait sur Elie un flot de paroles. Les digues avaient lâchées suite aux assauts furieux de la peur et de l’horreur mêlées, poussant l’irlandaise à enfin parler d’elle. La mauvaise jumelle se rendit compte au fil des révélations qu’elle n’avait à vrai dire jamais cherché à s’intéresser réellement à la vie de sa camarade. Elle savait qu’elle avait été adopté, qu’elle développait sciemment ou non un fort côté asocial mais c’était bien tout. Comme tout être noyé dans son malheur El’ avait été jusqu’alors persuadée être la seule à souffrir réellement et à avoir un lourd passé. O combien elle se trompait…
Voir un proche mourir, elle savait ce que c’était et ne pouvait que compatir. Et contrairement à elle Melena n’avait même pas pu voir venir cet évènement tragique, n’avait personne à blâmer. Rien d’étonnant à ce qu’elle soit si amère et mélancolique, même si la psychotique se refusait à céder à de tels sentiments de faiblesse. Jade les avait gardés, grand bien lui fasse.
Ses lèvres s’entrouvrirent à plusieurs reprises, cherchant les mots qu’il fallait sans jamais les trouver. Melena mit fin à ses efforts inutiles en la priant de partir. Ce fut un véritable soulagement pour l’adolescente dont le don pour les paroles réconfortantes était peu développé, et comme pour ne pas laisser l’occasion de continuer cette discussion se présenter, ses zombies revinrent à cet instant avec une énorme bâche qui claquait au vent ainsi qu’un rouleau de cordes épaisses. Il ne lui vint même pas à l’esprit de se renseigner sur l’endroit où ils avaient pu dénicher ça.
- Ouais. On va juste les laisser bâcher le charriot, répondit-elle simplement, les bras ballant.
Elie désigna leur véhicule d’un geste vague avant d’ordonner à ses larbins d’outre-tombe :
- Recouvrez la charrette, et faites en sorte qu’aucune tête ne puisse tomber pendant le trajet. Vite !
La bat’ team se mit en branle, masquant leurs trophées macabres à leur vue. Ça n’effaçait pas leurs fautes mais permettait au moins de taire un peu ce qu’elles avaient fait, l’espace de quelques instants. Et l’oublier ne faisait que souligner l’absence d’Ace. La nuit était passée sans qu’il reparaisse, sale traitre fainéant ! Hors de question de partager le fruit de leur labeur avec un lâche qui avait décampé en leur laissant faire tout le boulot. N’était pas né celui qui prendrait Elie Martins pour une imbécile.
Une fois le tas de tête emballé comme un cadeau de noël la corde faisant office de ruban décoratif, les deux jeunes filles grimpèrent dans la charrette pour rejoindre la tour de la paresse. Le chemin était long et chaotique, la pauvre bête tirant l’attelage ayant un mal de chien à tracter le poids monstrueux auquel on l’avait attaché. Le temps que Melena et Elie arrivent aux pieds de la sculpture monstrueuse qui abritait la plus grosse partie du cimetière de Freedoom le soleil avait pointé à l’horizon pour le teinter de rose brumeux. La vue était magnifique ou du moins aurait pu l’être sans les montagnes de cadavres abandonnés dans les rues.
La horde s’en était donnée à cœur joie cette nuit, probablement sur ordre des gardiens. La mauvaise jumelle aurait mis sa main à couper que les survivants se souviendraient de cette nuit encore longtemps même si la mort était pour eux leur triste quotidien. La population avait diminué d’un bon cinquième et ils n’avaient pu à dire vrai décapiter que le 10ème des victimes de la nuit. Si seulement ils avaient eu plus de temps…
La carriole pénétra dans la tour, le cheval de trait devenant nerveux et manquant de se cabrer lorsque ses yeux fous tombèrent sur les silhouettes des deux gardiens. Elie saute de voiture et entreprit du mieux qu’elle put de « déballer » son cadeau, la charrette vomissant à la chute de la bâche un véritable flot de têtes aux cous tranchés. Vint ensuite la lourde tâche d’entasser leurs trophées dans des cercles tracés à la poudre d’os sur le sol et qui délimitaient leurs gains respectifs. Si la mauvaise jumelle répartit avec équité entre Melena et elle, elle se garda bien de ne donner ne serait-ce qu’une tête à Ace.
- Lâcheur, grommela-t-elle entre ses dents alors qu’elle posait la dernière tête sur son tas bien garni.
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| | | Melena Autumn
Maladie mentale : Thanatophobie
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Sam 29 Oct - 19:12 | |
| Les zombies de la mauvaises jumelles revenaient, et pour cette fois, avaient parfaitement compris la tâche qui leur était incombée. Melena apprécia que son amie ne dise rien quant à son flot de paroles, elle savait que rien ne la réconforterait, plus jamais, toute réponse aurait été inutile. Les sbires de la psychotique travaillaient eux, mais ses pensées s’étaient encore envolées loin de son cauchemar. Pourrait-elle un jour se confier à quelqu’un ? A Cécilia ? Si elle avouait avoir décapité des dizaines de cadavres dans une ville de condamnés, on lui rétorquerait certainement qu’elle devenait folle ou pire… que ça n’était qu’un rêve.
C’était la vérité pourtant, son corps endormi était physiquement loin de toutes ses horreurs, mais son esprit venant d’être marqué au fer rouge. Rouge sang. L’irlandaise grimpa machinalement sur la charrette et serra ses genoux contre elle. Doucement, ce fut à son tour de fredonner l’air d’une mélodie qui lui était revenue en tête en parlant de sa mère. Elle ne se souvenait plus comment s’appelait la chanson, ni l’artiste, ni même des paroles, mais cette musique l’enveloppait dans une mélancolie sucrée qui chassait son effondrement intérieur.
A l’approche de la tour, le soleil se levait. Glacée comme la nuit qui s’achevait, à croire qu’il n’était qu’une image en carton habilement soulevé par un système de poulies. Melena se demanda si un jour, elle le reverrait ailleurs que dans cette prison maudite vivante et libre. Et San Francisco ? Et Londres ? Elle ferma les yeux, ses paupières pressées contre ses genoux. Ce furent les remous du cheval agité par la présence des gardiens qui lui fit relever la tête ; ça y est, elles y étaient.
Visiblement, Ace était déjà là. La jeune fille ne comprenait pas trop pourquoi il s’était défilé à leur plan, préférant faire bande à part, mais il était désormais impossible de revenir en arrière. Le flot de tête qui s’écroula de la charrette, jusqu’à lors retenu par la bâche, lui tira un frisson de terreur horrifiée. Si Elie entreprit elle-même de les entasser dans son cercle, prenant soin d’en laisser exactement le même nombre à sa complice, l’irlandaise fit l’effort de chercher de ses yeux morts le zombie qu’elle voulait voir obéir et lui ordonna avec une sorte de satisfaction maigrelette :
- Fisher ! Entasse mes… trophées, dans ce cercle.
Sa voix avait faibli sur la fin de la phrase, mais elle désigna l’emplacement lui étant destiné en narguant le véritable intendant du regard. Le mort-vivant concerné s’exécuta fidèlement, comme il était censé le faire, puis l’adolescente croisa les bras en essayant de se redonner un semblant de contenance devant les maitres des lieux. Elle était sale, tâchée de terre et de sang, mais elle l’avait fait non ? N’est-ce pas là ce que ces deux sadiques avaient voulu ? C’était pour vivre. Se répétait-elle en boucle pour se justifier. Pour récupérer mon corps, et partir d’ici.
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| | | Le Marchand de sable
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Dim 30 Oct - 15:44 | |
| Kay et Chayan avaient attendu sagement vacant à leurs rares occupations ou, le plus souvent, se languissant dans leurs trônes à la hauteur de leur démesure. C’est Ace qui vint le premier rompre leur ennui, la gardienne lui désignant simplement d’un geste de la main l’endroit ou déposer ses trouvailles. Les filles revinrent bien plus tard mais aussi bien plus chargées, vision qui fit naitre sur les deux visages d’outre-tombe des sourires qui n’avaient vraiment rien de rassurant. Ils avaient toujours aimé induire en erreur les potentiels adeptes et le moins qu’on puisse dire était que ceux-là étaient tombés dans le panneau. Une fois les tas de trophées empilés soigneusement par le trio, le couple consentit à se lever pour se rapprocher d’eux avec un air de satisfaction horripilant sur leurs facies morbides. Chayan agita alors la main au-dessus de chaque amoncellement, geste vague et qui paraissait anodin… à tort. Si les têtes coupées d’Elie et Melena ne bronchèrent pas, 6 de celles d’Ace ouvrirent brusquement les yeux. Leurs plaintes déchirantes s’élevèrent alors que leurs yeux blanchâtres se braquaient sur le pyromane pour souligner sa culpabilité. - Il ne nous a pas coupés ! Il ne nous a pas tranchés ! Usurpateur ! Menteur ! Tricheur !Fisher attrapa les restes humains trop bavards pour les tirer du tas et les jeter en vrac dans une fosse commune proche. Ils avaient rempli leur tâche, le repos éternel leur était donc offert. S’agissait maintenant de décider de la sentence pour celui qui avait enfreint les règles de l’épreuve… - Saisissez-vous de lui, et assurez-vous qu’il ne remue pas.L’ordre claqua comme un fouet et des mains décomposées assurèrent sans tarder leur prise sur les membres couturés du jeune homme. Il fut bientôt en position de victime en attente d’écartelage et les morts le maintinrent dans cette position inconfortable jusqu’à la fin du résultat de l’épreuve. Trois morts-vivants sortirent de la foule pour aller compter les têtes et porter les résultats à leurs maitres qui les accueillirent avec un sourire d’autant plus large. C’est Kay qui pris alors la parole, sa longue chevelure brune ne cachant qu’à peine son expression de mauvaise augure. - Et bien… vous avez fini l’épreuve à n’en pas douter. Chacun possède au moins 5 têtes qu’il a coupé lui-même et vous avez même trouvé le moyen de moins fatiguant de procéder néanmoins…- … vous avez été stupides.- Très stupides. Et trop zélés. Quelqu’un connait-il la définition de paresse ici ?Le couple macabre secoua la tête de dépit avant d’échanger un regard de connivence. - Visiblement non. Vous auriez dû vous en tenir aux 5 têtes mais maintenant que le mal est fait il vous faudra faire avec. Nous vous offrons donc les armes promises en fonction de ce que vous nous avez rapporté…- Melena, Elie et leurs 52 têtes respectives auront, pour le temps de la troisième épreuve seulement, un révolver. Quant à Ace et ses 14 têtes il écopera d’un lance pierre professionnel. Les munitions sont limitées à 20 par personnes, faites en bon usage.Ce fut alors au tour de Kay de se lancer dans une série de mouvements étranges à la limite du risible… alors que les corps des voyageurs recouvraient peu à peu leurs aspects initiaux et leur vitalité. Les coutures disparaissaient, la peau retrouvait son éclat, leurs cœurs recommencèrent à battre… Ils attendirent sagement de les voir tous trois de nouveau en vie pour s’approcher du pyromane toujours maintenu pour lui briser trois orteils et trois doigts, avec une lenteur consciencieuse et sadique. - Et ça, c’est pour avoir triché. Un os brisé pour chaque infraction. Ecoute mieux les règles la prochaine fois mon mignon.Direction la troisième épreuve | |
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