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| Par-delà la mort [deuxième épreuve] | |
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Ace Ridley
Maladie mentale : Pyromane
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Sam 22 Oct - 23:00 | |
| Et les filles d’aller dormir. Mais où allait le monde.. ? Aucune d’entre elles n’avais visiblement l’envie de poursuivre toute discussion et Ace se retrouva rapidement le seul encore debout. Le plan qu’ils avaient décidé semblait convenir, bien qu’il ne soit pas parfait. Comme le monde est chiant quand on est mort… Rien à faire, personne à qui parler, le pyromane subissait ce manque d’activité avec d’autant plus de peine que la seule idée qui ne quitterait jamais son crâne s’imposait maintenant d’elle-même, découlant de cette ambiance morte : le feu !
Il jeta un coup d’œil alentours dans l’espoir que quelque combustible soit apparu comme par magie ; désespoir. Les minutes passèrent, horriblement longues. Omnies vulnerant, ultima necat. Il passé l’après-midi à regarder le Soleil poursuivant sa course à travers le brouillard jusqu’à l’horizon. L’étoile avait beau être une boule de feu, ça n’avait que très peu affecté son besoin d’en voir un vrai. D’en allumer un, n’importe pourvu que ça brûle.
Une fois le Soleil couché, une obscurité peu rassurante tomba sur la ville. Six heures sonnaient et les filles se levèrent aussitôt. Si elles paraissaient prêtes à décapiter des cadavres, Ace hésitait cependant. Il n’était pas sûr de vouloir le faire, après tout. L’imaginer c’est facile, le faire c’est… Il chassa tant bien que mal le doute de son esprit. Il se leva et se dirigeant vers la sortie, il claqua des doigts. Aussitôt ses sbires le suivaient, le regard vide mais néanmoins fixé vers la ville comme si l’appel était inaliénable. Fussent-ils sous les ordres du jeune homme, ils crevaient d’envie de bouffer des citoyens, ça se sentait. Ils étaient beaucoup plus agités qu’avant. Et c’était pas une mauvaise chose.
Les choses étaient un peu différentes du point de vue de Ace. Bosser de nuit c’était pour les techniciens de surface, pas pour lui. Il avait l’impression d’être un ramasseur de merdes ambulant. Youpi ! Allons à travers la ville pendant des heures… - Pff ça m’fait déjà chier. Ça aurait été plus simple si les zombies étaient comptés comme des citoyens… On en a 5 chacun, pas besoin de se déplacer, merde… Ça va durer longtemps ? Il se plaignait tel un enfant mécontent dont les répliques du style "On rentre quand ? On est bientôt arrivé ?" ont le don de vous énerver royalement.
La vue de la horde déferlant sur la ville lui remit les idées en place. Après tout son job n’était pas si différent du leur. A ceci près qu’il se déplaçait trois fois plus lentement faute de motivation. Des gens hurlaient au loin, une femme hurlait, des pleurs aussi. D’autres cris… Il hésita un moment à faire marche arrière, tant pis pour la troisième épreuve ; mais d’une part se retrouver seul ne l’enchantait pas et d’autre part, entendre le massacre sans le voir avait quelque chose de vraiment dérangeant. Résigné, il allongea le pas en priant – avec son amabilité légendaire – ses zombies de faire de même.
Une fois arrivé en ville, il remarqua que les pourris connaissaient admirablement toutes les ficelles de leur métier. Un cadavre à demi mangé gisait là, tandis qu’un enfant semblait avoir rampé jusqu’au cadavre de sa mère avant de se faire arracher les jambes puis de se faire tout simplement tuer. Soirée joyeuse en perspective !
Non loin de l’entrée de la ville, un zombie sortait d’une maison avec un morceau de jambe entre les dents. La porte semblait avoir été enfoncée violemment et Ace tenta sa chance. Il passa devant le zombie, bon appétit… puis entra dans la maison (peut-on vraiment appeler cet endroit maison ?? hu hu !) jadis habitée par la jambe actuellement mastiquée et sa propriétaire qui gisait non loin de là. Charmant ! Ace fila dans la cuisine, renversant tous les tiroirs. Il trouva deux fourchettes, une cuillère, quatre assiettes dont une cassée, donna un coup de poing dans un placard contre lequel il venait de se cogner, puis ENFIN !! Il trouva un… Couteau de cuisine… - … Bon… Au moins cette connerie est pas à bout rond… Emportant sa trouvaille, il s’accroupit à quelques centimètres de la victime puis prit une grande inspiration. D’un coup sec il trancha la gorge de la femme. Du sang jaillit, pas encore coagulé dans les veines. La viande était fraîche mais bordel c’que c’était dur à couper, une tête !!
Au bout de trois bonnes minutes d’acharnement contre les nerfs, veines et vertèbres, il tenait finalement la tête sanguinolente dans sa main, le couteau dans l’autre. Avec l’obscurité, il pouvait se permettre de la sortir sans que trop de monde fasse attention à sa brûlure. Du moins il l’espérait.
Il sortit finalement de la maison, puis confia la tête à l’un de ses sbires. Et la bouffe pas ! ordonna-t-il à ce dernier en pointant son doigt vers la tête. Il fit signe à ses putrides de le suivre. Il devait rejoindre Elie et Melena, mais s’il trouvait quelques têtes au passage, il cracherait pas dessus. Le seul point négatif de la journée : ses fringues étaient clairement foutues !
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| | | Jade Martins
Maladie mentale : Troubles dissociatifs de la personnalité
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Dim 23 Oct - 15:34 | |
| Ils étaient d’accord. Peu enthousiastes mais d’accord. Elie les comprenait bien, elle aussi y allait à reculons à vrai dire même si l’idée de ne pas avoir à tuer elle-même lui retirait presque tous ses scrupules. Plus rien à se reprocher, plus de morts sur la conscience… les cadavres n’en avaient que faire d’avoir une tête ou non et c’était ça qui était important. Ses mains ne seraient plus salies par le petit jeu macabre des gardiens de la tour, et son âme non plus. Une victoire totale, du moins de son point de vue, et rien de tel pour vous donner la motivation suffisante pour une nuit de labeur morbide.
Chacun était parti de son côté et elle se trouvait désormais en seule compagnie de ses zombies, trépignant d’envie de rejoindre leurs compagnons pour mutiler, torturer et tuer. Elle leur intima de se taire avec aigreur tout en pressant le pas pour se rapprocher de la ville. Arrivée après la horde le spectacle qu’elle avait devant les yeux était celui de la désolation. Les quelques inconscients qui avaient trainé bravé le couvre-feu n’étaient plus en état de fanfaronner. Tripes à l’air, cou rompu, morceaux de chair manquant à l’appel, visage figée dans une ultime expression d’horreur viscérale… L’un d’eux qui avait été trainé sur toute la longueur de la rue avait laissé dans la terre une longue trainée de sang ainsi que quelques ongles pour avoir tenté de s’agripper au sol dans un effort désespéré.
Pitié, compassion, révolte. Ces sentiments se bousculaient dans le corps sans vie de la psychotique qui préféra détourner les yeux pour ne pas perdre de vue son objectif. Trouver un moyen de transport et une arme… bon… par où commencer ?
- Vous là… cherchez moi un véhicule en état de marche. Si c’est une voiture c’est le top, si c’est une charrette ne bouffez pas les chevaux et… oh et puis vous avez pigé. Déguerpissez et revenez quand vous aurez trouvé quelque chose ou que je vous sifflerais.
L’enseigne rouillée d’une menuiserie attira ses yeux morts, bercée par la brise nocturne. Probablement le lieu où se fournir en planches et autres matériaux pour rafistoler sa maison et tenir une nuit ou deux de plus, un commerce dont le propriétaire devait se faire des couilles en or sur le malheur des autres. Une proie parfaite pour un pillage en règle. Accélérant sa marche, l’adolescente ne s’arrêta qu’une fois plantée devant la porte. Fermée bien sûr. Elle cessa bien vite de secouer la poignée pour faire le tour de la bâtisse à la recherche d’une fenêtre qu’on avait oublié de fermer, d’une cave mal verrouillée, n’importe quoi qui lui permettrait d’entrer à l’intérieur. Elle fit chou blanc mais dans son malheur elle trouva tout de même quelque chose d’intéressant.
Dans l’arrière cours où le propriétaire coupait le bois nécessaire à ses travaux se trouvait une hache plantée dans un rondin. Elle était vieille mais on l’entretenait avec un soin visible et c’est avec une satisfaction tout aussi évidente qu’Elie la retira du bois où elle était fichée pour la poser en équilibre sur son épaule. C’était lourd mais une telle arme lui permettrait de décapsuler les têtes presque aussi vite que des bouteilles de bière. La mauvaise jumelle rejoignit donc la rue avec sa trouvaille avant de glisser deux doigts de sa main libre dans sa bouche pour siffler et…
- Merde, j’ai plus de souffle. J’avais complètement zappé.
Grand moment de solitude où il lui sembla percevoir un ricanement moqueur. Simple produit de son imagination du moins elle préférait le penser.
- Hey la Bat’ team ! Ramenez vos miches de suite ou j’essaye ma hache sur vos sales gueules putréfiées !
Les gémissements portés par le vent furent d’abord les seules réponses qui lui parvinrent, puis le son d’une roue métallique qui couinait. Son regard se porta vers la ruelle dont provenait le bruit et ses yeux s’écarquillèrent de stupeur. C’était… une blague ? Le joker, son expression oscillant entre l’apathie et la fierté, revenait vers elle avec une petite bicyclette rose avec deux petites roues sur les côtés et un panier en métal devant. Il devait appartenir à l’origine à un enfant de 5 ans et était si inapproprié pour ce qu’elle comptait faire du véhicule qu’elle mit un certain temps à organiser le flot d’insultes qui se bousculaient sous son crâne.
- Mais… tu es complètement demeuré ou juste un abruti congénital fini ?
Dernière édition par Jade Martins le Dim 23 Oct - 15:49, édité 1 fois | |
| | | Melena Autumn
Maladie mentale : Thanatophobie
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Dim 23 Oct - 15:48 | |
| Sans encore précisément savoir ce qu’elle cherchait, Melena s’était élancée dans la ville, ses larbins sur les talons. Parfois, dans la cohorte de zombie qui déferlait, elle se faisait bousculer et un frisson de terreur dégoutée vrillait tout son corps de morte. Chaque fois, elle pensait son heure venue, imaginait ses semblables bestiaux se jeter sur elle pour arracher sa peau recousue à pleine dents, mais rien de cela ne se passait. En s’écartant un peu des habitations, et donc du gros de l’attaque, l’adolescente tomba sur une vieille écurie fermée par une poutre en bois moisi. Aidée par ses hommes de mains, elle n’eut aucun mal à l’enlever de ses encoches pour ouvrir la bâtisse.
A l’intérieur, des chevaux somnolaient ou dormaient dans ses box miteux, amorphes, habitués à la musique quotidienne des cris et des gémissements. Dans le fond, la lumière de la lune qui perçait par les murs abimés révélait une sorte de charrette en état de fonctionner – bien que visiblement usagers – et tout le matériel nécessaire à l’entretien des animaux et de l’attelage. Frissonnant à l’idée de traverser les épaisses ténèbres, alors qu’elle-même n’était désormais plus qu’une créature de l’ombre, Melena marqua une pause de plusieurs secondes avant de se décider à avancer.
Les bêtes restaient silencieuses, pas plus inquiètes de voir quatre putrides traverser leur habitacle que s’il s’agissait de leur propriétaire. En fouillant parmi tout ce qui était méticuleusement suspendu à de vieux crochets rouillés, la nécrophobe réussit à dégoter harnais, mord, rennes, et sangles dont elle avait besoin. Elle s’occupa ensuite d’aller chercher l’un des chevaux dans son box. Redoutant un coup de sabot, elle s’approcha doucement de son heureux élu encore debout qui suivait ses mouvements de ses grands yeux noirs. Avant de réduire à néant la distance qui les séparait, l’irlandaise posa délicatement une main sur ses naseaux en murmurant :
- Ne t’inquiète pas d’accord ? Je ne te ferai rien…
Harnacher la bête lui demanda une bonne quinzaine de minute, et le résultat n’était certainement pas très conformiste. Les rares fois où elle avait fait de l’équitation ne lui avait pas appris comment atteler un cheval à une vieille charrette d’un âge passé, mais l’important était que l’ensemble tienne bon pour la nuit. Juste avant de partir, elle aperçut une fourche qui lui faisait de l’œil : ça pouvait toujours être utile, sait-on jamais. La jeune fille l’embarqua donc et entreprit de quitter l’écurie. Elie et Ace devaient certainement l’attendre désormais.
En regagnant la rue, suivie toujours par ses zombies-larbins, outre le fait d’impliquer dans ce carnage un animal qui n’avait rien demandé à personne, ou celui de devoir décapiter des charognes, un mauvais pressentiment lui noua l’estomac. Une sorte de présage sur lequel elle n’arrivait pas à mettre le doigt, qui semblait pourtant sur le point de leur tomber dessus. Ses yeux morts scrutèrent le ciel qui ne lui apporta aucune réponse autre que sa clarté lugubre, mais des grognements qui se rapprochèrent la firent regarder sur sa gauche : Liam et Yoru revenaient, l’un portant ce qui ressemblait à un morceau de lavabo brisé, l’autre une scie à bois légèrement émoussée.
Surprise de l’efficacité de ses acolytes, Melena s’empara sèchement des deux objets en évitant d’entrer en contact avec leurs mains décharnées et leur ordonna de la suivre. L’objectif était désormais leur point de rendez-vous, afin de coordonner leur fauchage. L’irlandaise devait retraverser une zone de vielles bicoques qui avaient été sévèrement endommagée par la horde. Là où les murs et les fenêtres avaient été éventrés, des cadavres gisaient parfois sur les parvis, grignotés, déchirés, mutilés. L’un d’eux poussa d’ailleurs un gémissement rauque : il n’était pas encore mort. C’était un homme massif à la peau d’ébène. Les écorchures de ses poings montraient qu’il avait lutté jusqu’au bout, réduisant sans doute certains putrides en tas de chairs et d’os, mais il avait succombé à la vague.
En voyant passer la nécrophobe, il tendit vers elle une main agonisante, sans se rendre compte qu’elle n’était aussi qu’un zombie. Parmi ses râles, un « aidez moi » secoua la jeune fille. Que devait-elle faire ? Il lui manquait plusieurs morceaux du visage, trois doigts, et un grand nombre de lambeaux de chair. Melena était tétanisée devant ce spectacle horrifiant, la peur qu’il ne se change brusquement en charogne vorace l’empêchait d’approcher, et l’idée que l’achever abrègerait ses souffrances ne l’effleura pas. Le destin décida de lui épargner la décision de s’enfuir ou non, en la personne de la faucheuse, qui s’empara de cet inconnu alors qu’elle n’avait pas bougé le petit doigt.
Si elle avait encore été capable de respirer, l’irlandaise aurait sans doute été au bord de l’hyper ventilation, mais rien d’autre ne secouait son corps que ses tremblements terrorisés. Une seule pensée constructive pu voir le jour dans son encéphale obscure : si seulement elle pouvait avoir une carrure similaire à manier pour se défendre dans les prochaines épreuves…
Aussitôt, dans un concert de craquement de vieux bois qui se dilate, une volute de fumée noire s’éleva depuis la terre brumeuse, dessinant un coffre assez grand pour contenir une personne. Melena recula d’un bond, se heurta même à Fisher, mais le processus se poursuivait : le conteneur s’ouvrit en grinçant et un lot de fil argentés luisant à la lune s’échappa pour s’enrouler magiquement autour du mort. Ils devinrent alors invisibles et la carcasse fut soulevée de terre avec une légèrement insoupçonnable, pour être déposée dans le coffre qui se referma et se dématérialisa immédiatement.
Ses yeux sans vie écarquillés, l’irlandaise resta longtemps à se demander quel pouvoir venait-elle d’activer, s’il s’agissait bien d’un pouvoir. Ce fut un hurlement suraigu qui la tira de ses pensées en déchirant la nuit. Elle réfléchira à tout cela plus tard, il fallait qu’elle rejoigne Elie et Ace désormais, et elle était en retard.
[HRP : mon message était déjà assez long comme ça, alors je ne suis pas aller jusqu'aux retrouvailles... mais celui de vous deux qui raconte le premier notre réunion pourra dire que Mel' arrive la dernière en tirant derrière elle la dite charrette.]
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| | | Ace Ridley
Maladie mentale : Pyromane
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Dim 23 Oct - 21:54 | |
| Aucune trace des filles dans les rues de la ville. C’est sûr que s’ils étaient tous trois en mouvement sans s’être prédéfini de point de rendez-vous, on allait pas aller loin… Putain d’organisation, ouais… Enfin bref ! Ace avait sa première tête, ses zombies et son couteau de cuisine qu’il espérait sincèrement pouvoir troquer contre quelque chose de mieux d’ici la fin de la soirée. Ducon semblait heureux d’être utile, fut-ce simplement de porter une tête. A croire qu’ils avaient encore des sentiments… Troublant.
Les cadavres ne manquaient pas et bientôt le pyromane s’exaspéra de son outil misérable. - Va me chercher un truc qui coupe. Un vrai. Je veux pas de ciseaux de gonzesse, pigé ? Si tu trouves une tronçonneuse il se pourrait que la soirée soit plus marrante que prévue. dit-il à Stan. Si ce gros sac à merde avait compris un tiers de ce que son maître sui avait dit, c’était un miracle. Mais il semblait qu’il avait compris la bonne partie et s’éclipsa pour trouver de quoi trancher plus aisément la tête de ces gueux.
Cela gênait Ace de ne pas savoir si la nuit était froide ou non. Détail futile, mais qui a son importance quand on est mort. On est comme déconnecté de la réalité et c’est vraiment pas agréable. Il s’agenouilla près d’un second cadavre auquel il coupa la tête sans broncher. C’était un gars, la trentaine, apparemment. De belle carrure, bref : un beau morceau de steak. Il devait s’appeler Gus. Ouais, il avait une tête à se nommer Gus.
Confiant la tête à l’autre bras de Ducon, il se releva et continua sa route, visitant cet arc-en-ciel de sang, de morceaux de chair, de pierre grise et de terre infertile qu’était la ville à cette heure-ci. Avec en prime : concerto de cris de douleur en hurlement mineur. Hm ? Ah !! Un pleur de nourrisson bémol ! Quel spectacle, mes amis.. Quel spectacle !!! Il secoua la tête, passant ses doigts sur ses yeux. *C’est pas l’moment de péter un câble… Des têtes, c’est tout ce que tu as à trouver, bordel c’est pas compliqué !![/color]
L’envie d’allumer un feu se déclara. Un besoin de foyer qui n’avait su partir en cendre malgré l’occupation. Le pyromane en fut distrait au point d’oublier les têtes : là-bas… Du feu !! Dans une maison, un départ de flamme semblait s’être déclaré, de la fumée s’échappait par la porte et par les fenêtres tandis que l’intérieur baignait dans un halo orangé qui suivait le mouvement de la flamme. Elle était là, dansante, chaleureuse… Même s’il était incapable de la ressentir physiquement, Ace avait l’impression que la chaleur l’envahissait. Il s’approchait toujours plus, ne pouvant s’arrêter en chemin. Il avait presque envie… De toucher le feu… De le voir de toujours plus près… Il était là, l’attendait, l’appelait !
Le dernier pas qu’il fit fut le pas de trop. A peine eut-il posé le pied à terre que la flamme s’éteignit brusquement. NOOOOOOOON !! Il n’avait pu retenir ce cri de frustration et alors qu’il hurlait, la flamme se ralluma aussitôt, comme si elle avait entendu le désespoir de Ace. Ho… Cette fois, il était dubitatif. Il avait [i]vu la flamme s’éteindre… Comment diable avait-elle pu… Boh ! ‘Pas important. Il s’approcha doucement. Il n’était plus qu’à une dizaine de mètres de son but. Une fois arrivé devant la fenêtre par laquelle il avait vu la flamme pour la première fois, il resta là à la regarder pendant quelques minutes. Ou alors étaient-ce des heures ? Elle était si belle, elle l’attendait derrière sa prison de verre. Quittant des yeux son amour, il entra dans la maison apparemment déjà vidée de toute vie. Il approcha ses mains tremblantes du feu. Il voulait le toucher, l’apprivoiser, le nourrir comme l’animal sauvage et farouche qu’il était. Petite chose, il ne te manquait pas grand-chose pour que tu devienne un monstre de destruction et c’est là ce qui te rend fascinant…
La flamme s’était déclarée sur un rideau posé sur un comptoir, une bougie était venue choir dessus, pendant l’attaque surement. D’ailleurs le reste de la maison semblait en belle pagaille. Et Ace de trouver de quoi alimenter le feu… Il lui donnait tout ce qui se trouvait à portée de main et qui lui permettait de ne pas quitter la flamme des yeux. Finalement, il détacha son regard de celle-ci. Il fouilla la maison pendant cinq bonnes minutes. Gloire !! Il venait de trouver un bout de bois et une petite bouteille d’alcool. Ah oui ! Et une scie à métaux. Mais ça c’était accessoire. Il enroula un tissu autour du bâton, l’imbiba d’alcool et pria son ami de venir s’y installer, ce qu’il fit sans rechigner.
Avec son nouvel ami, Ace se sentait invincible !! Il sortit de la maison avec un sourire qui lui faisait trois fois le tour du visage. Les gens raconteront que cette nuit-là ils ont vu un zombie porter une torche et gambader guilleret dans les rues sanglantes de Freedoom. Dès que la lueur de sa torche dessinait l’ombre d’un cadavre au bout d’une rue, Ace se ruait dessus, confiant sa torche à un de ses sbires et tranchait la tête à l’aide de sa scie. C’était salement dégueulasse mais c’était le dernier de ses soucis. Il avait gardé la bouteille d’alcool sur lui pour en verser sur le tissu lorsque la flamme tendait à s’éteindre. Hors de question de se séparer de son seul ami. Il devait faire quoi à part récolter les têtes, au fait ?? … Trou de mémoire… Ça devait pas être important.
Il avait jusque-là récolté sept têtes, occupant ainsi trois zombies et demi. Ace ouvrait la marche et son équipe de sorciers vaudou le suivaient, empoignant les têtes qu’ils s’étaient vus confiées. Encore trois et il faudrait trouver une brouette ou autre pour pouvoir transporter plus de points bonus- euh.. De têtes. Au détour d’une ruelle particulièrement sombre, le pyromane et son feu se trouvèrent nez à nez avec un homme encore bien vivant. Et armé. Ça devait avoir un lien, d’ailleurs… Le type était plutôt du style musclé et il devait être au moins ceinture noire de taï-kwen-pelle, à n’en point douter… Etonnant, vous dis-je ! - Je’m disais bien qu’ça puait, ce soir. Vous ! Vous êtes pas comme eux. Je sais pas c’que ça veut dire mais une chose est sûre : j’ai jamais vu tel massacre ! Il a fallu que j’me retrouve enfermé dehors passé 18h, mais j’te préviens, jeune couille : je sais m’défendre ! dit-il en brandissant la pelle en direction du pyromane qui n’en avait strictement rien à foutre. - Hey, Bozo ! Rien à branler que tu saches te défendre ou pas… Moi et le feu on doit récupérer des têtes. Et j’ai un peu la flemme de te tuer et ça abimerait mon feu… Bon ! C’est pas tout ça, mais j’dois y aller ! Moi et mon feu on a encore du pain sur la planche. Salut ! et Ace de passer devant l’homme abasourdi. Bouche bée, il regarda passer le cinglé et ses cinq larbins avant de reprendre ses esprits. Alors ça… S’il survivait, il se jurait de raconter ça à ses enfants dès le lendemain !
Ace quant à lui ne prêta aucune attention à ce qui pouvait encore déambuler dans la ville. Seul l’intéressait son feu – et les têtes. A l’exception près de ce bruit au bout de la rue. Il vit une ombre passer, puis une autre, et tout un cortège. Ca devait être soit Elie soit Melena. Ou peut-être les deux. Après tout, il avait perdu pas mal de temps à courir les rues. Il préféra continuer seul. Il n'avait aucune raison d'avoir peur, de toute façon. Pas besoin, tant qu’il avait son feu ! Son feu qui le protégeait. Jamais il n’aurait à avoir peur tant que-...
...
- MEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEERDE !!! Le feu… Il s’est éteint… lâcha-t-il. Sa gorge se serrait alors qu’il retrouvait peu à peu ses esprits. Obnubilé par son feu, il avait comme survolé la scène, en tant que spectateur. Mais maintenant qu’il se rendait compte qu’il avait été bien plus que ça, il avait envie de vomir. Il l’aurait fait si son corps lui avait permis. Au lieu de ça il se contenta de lâcher sa torche d’un geste las, tête baissée, comme un enfant dont le jouet viendrait de se casser. Sa vraie nature reprit le dessus. Sans feu il n'y avait plus de joie. Rien d'autre que cette solitude étouffante que des masques portant le nom de "coopération" n'effaceraient jamais. Il canalisa sa tristesse dans cette iracibilité qui - avec l'habituel dédain - définissait si bien la personnalité odieuse de Ace.
Son "merde" avait été puissant et nul doute que les filles l'aient entendu, peu importe leur localisation. Il y avait des chances que ce soit elles qui soient passées et il hésita à les rejoindre. Cependant son orgueil lui interdisait. Lui, se ramener et leur dire "salut ! je suis tout seul et j'ai peur ! Câlin ?" Pff ! Au summum du ridicule ! Il se promettait de garder cette blague pour une autre fois. Il fit demi-tour et continua sa route en trainant des pieds. Si elles voulaient le rejoindre, qu'elles ne se gênent pas. Lui, il avait une déprime à faire, là. | |
| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Mer 26 Oct - 20:52 | |
| Pour toute réponse le Joker lui adressa un regard vide. Il se contentait de rester immobile les deux mains sur les poignées à frange du petit vélo alors que les insultes entraient par une oreille et ressortait par… euh… celle qu’il avait eu à une lointaine époque. Une nouvelle bouffée de colère monta en Elie dont les doigts se crispèrent sur le manche de sa hache. Inspirer, expirer, inspirer, exp… ah zut, elle ne pouvait plus c’était vrai. Comment garder son calme précaire alors ?
- PUTAIN DE MERDE ! beugla-t-elle soudain en enfonçant son arme dans le mur d’une maison proche.
C’est dans un nouveau concert d’insultes qu’elle retira la lame avec difficulté pour se tourner de nouveau vers son zombie. Où étaient les autres d’ailleurs ? Elle les avait pourtant appelés…
Son ordre lui revint alors en mémoire avec clarté. Elle leur avait dit de revenir quand elle les sifflerait où quand ils auraient trouvé, et ils étaient fort probablement qu’ils obéiraient bêtement au pied de la lettre. Son incapacité à produire ne serait-ce qu’une once de sifflement lui fit crisper les poings alors qu’elle tapait rageusement dans un caillou. Et s’ils ne trouvaient rien, ils ne reviendraient jamais ? Hors de question de laisser les choses se passer ainsi ! Elle prit donc son problème, et le Joker, à bras le corps sans laisser trop de temps se perdre. Il fallait battre le fer tant qu’il était chaud.
- Trouve les moi et vite ! Traine pas en route et… HEY ! Attend-moi quand même pauvre tâche !
La psychotique se mit à trottiner derrière son zombie qui ne ralentit qu’à peine, tournant à droite puis à gauche et encore à gauche, se perdant dans un dédale de petites rues étroites. Le poids de la hache ne ralentissait même pas sa course, à croire que la fatigue faisait partie du paquetage que les gens laissaient derrière eux à leur mort. Elle avait l’impression d’être un rat courant à l’aveuglette dans un labyrinthe de plexiglas mais heureusement cette impression disparue lorsque le Joker et elle débouchèrent sur une petite place pavée.
Auprès d’une des maisons qui bordaient la place, ses quatre zombies manquant à l’appel s’acharnaient autour d’un vieux tacot rongé par la rouille. Elie les fixa un moment éberluée, à les regarder tirer sur les portières, tenter de forcer le coffre et enfin se mettre à pousser le véhicule faute de mieux. Ils se stoppèrent brutalement à sa vue comme des enfants pris à fauter et la punition qu’ils attendaient ne tarda pas à venir.
- Mais vous foutez quoi là ?! Je suis censée faire quoi d’une voiture qui démarre même p…
- MA VOITURE ! s’écria un homme offusqué depuis l’interstice entre deux planches qui masquaient sa fenêtre.
- Toi ta gueule sauf si tu veux que j’étrenne ma hache sur ta face de rat ! rétorqua-t-elle sans se soucier d’être discrète.
Des murmures indignés s’élevèrent de la maison délabrée avant que les yeux disparaissent de l’espace étroit d’où ils épiaient. Il fallait croire que les menaces avaient porté leurs fruits. La mauvaise jumelle ordonna dès lors à toute sa troupe de la suivre sans faire d’histoire jusqu’à leur point de rendez-vous qui était bien entendu la tour. Sauf que personne ne semblait l’avoir compris. De colère mais aussi pour passer le temps Elie revint donc sur ses pas, abattant la lame aiguisée de sa hache sur les cous des victimes de la nuit qui croisaient sa route.
Tchac-tchac, une tête de moins, tchac-tchac, un bouquet sanglant aux creux de leurs poings…
Ce n’est que lorsqu’elle eut récolté une 10ène de tête que Melena daigna enfin pointer son nez avec en prime une charrette attelée à un cheval de trait. Où avait-elle bien pu dénicher ça ?
- T’as mis le temps, j’ai failli attendre… grommela Elie sans se soucier du sang qui gouttait de la lame de son arme et des trophées que portaient ses sbires avec fierté.
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| | | Melena Autumn
Maladie mentale : Thanatophobie
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Mer 26 Oct - 21:40 | |
| Levant ses yeux vers l’horizon obscur, Melena gardait le cap de la tour. Le bon sens – si tant est qu’il aurait pu être jugé comme ça – aurait était qu’elle récolte déjà des têtes sur sa route, histoire de gagner du temps ; mais en vérité, elle s’en sentait incapable. L’idée de s’agenouiller près d’un cadavre, de lui scier le cou comme elle le ferait d’un rondin de bois et de repartir avec sa tête comme si de rien était… elle était là, l’horreur ultime, qui lui retournait l’estomac rien qu’en y pensant. Pourtant, que pouvait-elle craindre d’autre dans cette mort intermédiaire ? Ses mains étaient déjà tâchées de sang. Dix-sept ans et criminelle multirécidiviste, voilà ce que lui avait appris Dreamland.
Le bruit d’une hache qui s’abattait la tirait de ses pensées. L’irlandaise aperçut la mauvaise jumelle, plus menaçant que jamais, son arme dégoulinant d’un sang sombre et chacun de ses zombies portant les trophées de son début de nuit. La jeune fille fit se stopper le cheval qu’elle avait emporté, lui accordant machinalement une caresse sur les naseaux pour le rassurer mais en réalité, la bête avait déjà l’habitude de voir des cadavres. Melena par contre, la vue des yeux morts des têtes tranchées lui procurait des frissons horrifiés. « Toi aussi » souffla une voix glacée dans son crâne, « toi aussi tu devras le faire ». Dans le sillage d’Elie, des corps sans vie et décapités jonchaient le sol envahi par une brume froide, et d’autres carcasses, trainées hors de leurs maisons dévastées par des zombies, offraient bien plus de butin encore.
D’une voix blanche, presque éteinte, l’adolescente rétorque un faible « désolé » en s’approchant de son conteneur à pas lents. Avec des gestes lourds, comme si ses bras pesaient soudainement dix tonnes, elle récupéra sa scie pour la montrer à sa complice :
- J’ai trouvé ça moi…
A bien y réfléchir, elle aurait préféré la hache. C’était rapide, net ; la lame s’abattait et tranchait, point. Son outil était plus perfide, car il l’obligerait à rester pencher sur sa victime, appuyée sur son crâne s’il faut, pour séparer lentement chair, muscles et os. L’envie de confier cette tâche à ses zombies était très forte, mais les recommandations des gardiens avaient été claires… ils devaient trancher les cous eux-mêmes.
- Tu peux charger tes… euh… têtes… là dedans.
Parler, même d’une voix aussi faible, alimentait la nausée qui nouait son estomac silencieux. Fuyant le regard de son amie, elle avisa le corps d’un vieil homme dont un bras avait été emporté par la horde. Son sang avait déjà coagulé dans ses veines flétries, il serait sa première victime. Melena s’approcha, doucement, tout son corps saisi de violents tremblements. Mon dieu que ça l’horrifiait, que ça la terrifiait. Côtoyer la mort de si près était insoutenable, elle ne pouvait pas le toucher, c’était au dessus de ses forces. Si elle avait été encore vivante, son teint aurait viré au blafard maladif, des sueurs froides auraient envahis sa peau et elle aurait rendu ses derniers repas… mais il n’en était rien.
- Fi-Fisher et Alex, ve-venez, commença-t-elle en tremblant. T-Tenez-le… fermement, faut pas qu’il… bouge.
Son cerveau ne fit pas attention au double sens grotesque de ses ordres, il ne répondait plus. Lorsque ses sbires eurent parfaitement immobilisé le cadavre, l’irlandaise ferma les yeux et appuya sa lame contre la chair pliée du cou. Elle sentit la gorge molle s’enfoncer légèrement, ses mains tremblaient tellement qu’on aurait pu croire que la scie lui échapperait d’un moment à l’autre, mais elle réussit à garder le contrôle de ses bras pour faire un mouvement d’aller-retour saccadé mais efficace.
Plus sa besogne se poursuivait, plus elle réalisait comme c’était mille fois plus dur que ce qu’elle avait imaginé. Ne pas regarder, ne pas réfléchir à ce qu’elle coupait, voilà ce qui l’aidait à continuer. Sans contact avec la charogne, elle oublierait presque la mission qui lui était confiée ; et quand enfin elle sentit que sa lame ne meurtrissait plus que le sol poussiéreux, elle se releva et commanda laconiquement :
- Mets la tête dans la charrette Fisher.
Seulement une, et il lui en fallait beaucoup plus. Melena avait envie de pleurer, mais c’était impossible désormais, elle devait se plier à sa tâche, jusqu’à ce que le jour se lève et sonne la fin de leur monstrueuse récolte.
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| | | Ace Ridley
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Mer 26 Oct - 22:32 | |
| Ace ne savait plus où aller… En fait, il n’avait jamais su où aller mais avoir un feu à portée de main lui donnait confiance en lui. Il fut tenté de retourner à l’endroit où il avait trouvé cette flamme mais impossible de savoir par où passer. Avoir eu l’occasion de transporter cet être dansant l’avait calmé mais rien ne vaut un feu que l’on allume soi-même et il savait que bientôt cette envie reviendrait. Ça ne le dérangeait pas en temps normal mais dans le coin il ne semblait pas y avoir de bureau de tabac dans lequel se procurer ne serait-ce qu’un briquet, ni même un paquet d’allumettes.
Ses zombies ne semblaient pas comprendre ce qui se passait. Pourquoi Ace faisait demi-tour. C’était simple, il n’avait pas envie de retourner auprès des filles. Il les attendrait à la tour ou les y rejoindrait. Et elles devaient déjà avoir récolté pas mal de têtes tandis que lui n’en avait qu’une dizaine. Il fallait trouver un moyen de transporter plus de têtes ! Il se mit donc à arpenter une nouvelle fois les rues sombres de Freedoom. Croisant de temps à autres un zombie, un groupe de zombies, un groupe de zombie mangeant un cadavre, un groupe de zombies mangeant un groupe de cadavre… Merde ! Ils étaient combien, en tout !? S’ils provenaient tous du cimetière qu’était la tour, alors c’était impressionnant que tant de cadavres puissent somnoler sous leurs pieds durant la journée, à fortiori quand on voit leur force lors d’attaques groupées.
Ace arriva enfin vers un quartier qui semblait beaucoup moins touché que les autres. Les maisons y étaient plus grandes et semblaient surtout beaucoup plus solides. Les toits approximatifs de tôle avaient laissé place à des tuiles résistantes en apparence et certaines maisons se payaient même le luxe d’avoir des barreaux aux fenêtres. Alors c’était ça, être riche ici ? A n’en point douter, le pyromane avait rejoint le quartier riche de la ville, tant déconseillé par Elie. Aux dernières nouvelles, les citoyens y étaient concentrés et armés ; l’équipe de Ace n’avait donc que peu de chance de récolter des têtes par ici. Par contre, pour ce qui était de trouver un charriot ou un bidule du genre, on avait touché le jackpot !
Il s’enfonça dans les rues du quartier riche, se faisant le plus discret possible. S’ils se faisaient repérer, les habitants n’auraient sans doute pas de pitié pour eux. Au détour d’une maison aux poutres apparentes et massives, se trouvait une sorte de jardin, ou plutôt un terrain car à l’évidence, rien ne semblait vouloir pousser ici. *Tu m’étonnes… Moi non plus j’apprécierais pas qu’on me plante ici songea-t-il en regardant une… Un… Une… Sorte de… Plante… Morte.. ? Hm… La flore était aussi dégueulasse que ce qui peuplait la tour.
En quittant le pseudo-végétal des yeux, il aperçut une brouette calée contre le mur de la maison qu’il venait de contourner. Elle ne semblait plus toute jeune, mais ça devrait suffire à transporter au moins une dizaine de têtes supplémentaires. Posant les mais sur les poignées de l’objet, il regarda des deux côtés au cas où quelqu’un serait témoin de son vol. C’était plus un réflexe qu’autre chose, mais une fois le rituel effectué, il se sentit plus à l’aise. Il fit rouler la brouette d’avant en arrière pour voir si elle ne grinçait pas. Tout semblait en bon état, il invita donc ses zombies à déposer les têtes précédemment coupées dans la brouette jusqu’à ce que celle-ci soit pleine. Les dix têtes y tenaient, cela signifiait qu’il avait donc la possibilité de récolter une autre dizaine de têtes avant de rentrer. Ces dernières ne furent pas difficiles à trouver.
Il marcha pendant quelques minutes, juste le temps de sortir du quartier riche pour découvrir le premier cadavre auquel il scia la tête. Il commençait à s’y habituer, mais il commençait surtout à se faire chier. Il donna sa scie à Ducon, son zombie préféré. Tiens. Tu m’as vu faire, nan ? Alors maintenant c’est toi qui scie. Moi j’en ai ras le cul. S’approchant d’un autre cadavre fraîchement mordillé qu’il désigna du doigt, il invita Ducon à faire son office. Celui-ci s’exécuta et ô miracle !! Il avait compris !! Regarder faire était largement plus sympa du point de vue de Ace et là au moins, c’était dans ses cordes.
Il pouvait donc profiter à loisir de regarder les cadavres dans la nuit brumeuse sans devoir être confronté à la vue du sang ou des chairs déchirées. Seul le bruit de la scie qui raclait contre la peau, les muscles, puis enfin la colonne vertébrale se faisait entendre. L’on pouvait dire avec précision si le cadavre était frais ou pas grâce au son que produisait la scie lorsqu’elle tranchait les veines et artères dans lesquelles le sang s’était plus ou moins coagulé. Le bruit du liquide contre la chair que l’on sciait était indicible… On ressentait presque la douleur. Au final, le pyromane préféra reprendre la scie en main. Être simple spectateur n’était pas si amusant, en fin de compte…
La nuit semblait bien avancée et il avait désormais ne vingtaine de têtes en sa possession. Il garda néanmoins la scie avec lui alors qu’il ordonnait à ses putrides d’entamer le chemin du retour. Il ne savait pas où en étaient Melena et Elie, ni même si tout s’était bien passé, mais s’il avait promis de ne pas faire de coups fourrés, ils s’étaient également mis d’accord pour attaquer ensemble. Or le plan avait changé alors pour l’aide… Elles se démerderaient. Il continuait de marcher en direction de la tour. A nouveau cette chape de plomb s’abattait sur lui. Ce devait être plus psychologique qu’autre chose mais le fait de devoir à nouveau affronter les gardiens ne le rassurait pas le moins du monde… Et pourtant ça n’était que le commencement…
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| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Jeu 27 Oct - 18:48 | |
| Le sang à moitié coagulé s’était joint à la terre pour tâcher son jean qui était désormais raidi par un mélange de crasse et d’hémoglobine mais Elie ne s’en rendait même pas compte. Elle se trouvait dans sa petite bulle d’amertume, s’évertuant à considérer les corps étendus au sol comme de simples dommages collatéraux. La vue des chairs mutilées auraient dû lui retourner l’estomac mais celui-ci restait tristement inerte dans son état morbide en lui rendant du même coup la tâche plus facile. Le mieux restait encore de s’imaginer égorger un cochon, ou trancher de simples buches de bois. Même si ce contact mou et fibreux ainsi que ces bruits de succion dégueulasses, muscles et cartilages contre lame de métal, n’avaient rien de végétal.
C’est la lame rouillée en dents de scie que lui montrait Melena qui la sortie de sa transe maladive. Le souvenir fugace du film Saw lui revint alors qu’une grimace survenait pour déformer ses jolis traits encrassés. Couper une tête avec ça risquait de s’avérer long… et éprouvant. L’idée de céder sa hache ne lui vint pas malgré un élan de compassion pour la nécrophobe, Elie se contentant d’un regard vaguement compatissant coulé dans sa direction avant de détourner la tête du spectacle qui ne tarderait pas à venir. Elle ne perçu le moment du lever de rideau qu’au son de la lame qui entaillait un coup, va et vient qui se déroulaient dans un concert de sons poisseux et du craquement des os qui cédaient.
Décidant que ce moment était tout choisit pour charger ses trophées dans la charrette, la psychotique ordonna sèchement à la Bat’ team de foutre tout ce barda glauque à l’arrière avant d’aller flatter les naseaux du cheval qui se semblait pas s’offusquer le moins du monde de se faire tripoter par un cadavre.
- Gentil… tu es un bon cheval, souffla-t-elle à l’oreille de l’animal qui se contenta de fouetter l’air d’un coup de queue.
Lorsqu’elle se décida enfin à quitter le canasson des yeux, Melena avait fini sa triste besogne et semblait au bord des larmes. Sûrement qu’elle en aurait pleuré toutes les larmes de son corps si on lui en avait laissé la possibilité. La mauvaise jumelle aurait pu aller lui tapoter l’épaule et lui murmurer des paroles réconfortantes mais au lieu de ça elle fila droit vers son amie pour la remettre debout, sa main libre enserrant fermement l’épaule gauche de l’irlandaise.
- T’as fait le plus dur, c’est pas le moment de flancher. On a du pain sur la planche.
Son regard bleu et dur transperçait celui fuyant de l’adolescente qui lui faisait face. Malgré l’épreuve que cela représentait pour sa comparse Elie se refusait de bosser pour deux. Elle avait fait le larbin assez longtemps et pour quel résultat ? Se laisser sacrifier sur l’hôtel de l’égoïsme de sa moitié. On ne lui ferait pas deux fois.
- Batman ! Tu nous emmèneras là où les corps sont les plus nombreux. Catwoman, le joker, Mr Freeze et double-face vous vous occuperez de nous aligner les corps sagement. Je veux pas courir partout ça va nous faire perdre du temps. Un bel alignement vous pigez ? Avec environ deux mètres entre chaque futur trophée.
Les zombies s’entreregardèrent avant d’enfin se décider à bouger vers l’est, avec une vitesse désespérément lente.
- Passez la seconde bordel ! s’égosilla Elie tout en grimpant sur la charrette et se saisissant des rennes.
Passer ses nerfs sur ces bouts de chairs mortes était l’exutoire parfait pour libérer la tension qui menaçait de la faire exploser pour de bon d’un moment à l’autre. Elle n’était qu’une adolescente après tout, pas une tueuse et encore moins une profanatrice de cadavres, même si le destin en avait voulu autrement.
Elle attendit que Mel’ grimpe à ses côtés pour mettre en route l’attelage, les rennes claquant sur les flancs maigrichons de la bête de somme. Les têtes à l’arrière roulaient d’une paroi à l’autre, s’entrechoquant dans une mélodie funèbre qu’Elie s’efforça d’ignorer en se mettant à chantonner à mi-voix, ses yeux étrécis jusqu’à ne plus être que deux fentes :
- Y’avait des gros crocodiles et des orangs-outangs, des affreux reptiles et des jolis moutons blancs… y’avait des chats, des rats, des éléphants, il ne manquait personne…
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| | | Melena Autumn
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Jeu 27 Oct - 19:41 | |
| Elle se serait effondrée si elle n’était pas déjà par terre, mais Elie vint soudainement la soulever pour la remettre sur pieds. Le plus dur ? Mais qu’était le plus dur à ses yeux, pour elle qui n’était qu’une moitié d’âme ? Une parcelle de personnalité née pour se battre et protéger. La mauvaise jumelle était-elle seulement capable d’imaginer ce qui ravageait les entrailles mortes de la nécrophobe ? Pouvait-elle-même avoir une idée de ce qu’éprouvait une personne entière devant un tel carnage, en ayant pour mission de trancher des têtes à la scie. Dans l’horreur qui faisait trembler tout son corps de zombie, Melena se sentait seule, infiniment seule, car elle n’avait pas l’impression d’être comprise. Elle évitait le regard transperçant de son amie, sans pouvoir ne serait que les humidifier de larmes, puis recouvrit sa liberté sur ses jambes flageolantes. Des ordres furent donnés aux parodies morbides de super-héros, règles auxquelles l’irlandaise n’objecta rien. Elles étaient venues pour ça de toute façon, et aucune excuse ne lui venait pour enrayer le processus. Proposer d’attendre Ace n’aurait pas été naturel, ni bien accueilli ; la nuit ne les attendait pas elle, et courait avec une étrange malice. Les cris et les gémissements qui s’élevaient vers le ciel clair et glacial devenaient mélodie ambiante, comme le chant des oiseaux dans une forêt. On s’y habituait avec une rapidité effrayante, mais peut-être était-ce la solution pour ne pas devenir cinglée.
Absente, Melena grimpa sur la charrette. Lorsque les têtes commencèrent à s’entrechoquer les uns contre les autres, développant une sonate de chairs mortes, elle se boucha fermement les oreilles, yeux fermés, attendant que ce cauchemar se termine. Elle n’arrivait même pas à croire qu’elle était toujours là, qu’elle n’avait pas renoncé, mais son objectif venait briller devant ses yeux chaque fois que l’envie d’abandonner se manifestait : elle faisait ça pour vivre.
Une fois à destination, elle se redressa fébrilement et s’adressa à ses zombies d’une voix éteinte :
- Yoru, Liam, Georges, aidez les à… installer les cadavres. Alex et Fisher, vous rester avec moi… vous allez me tenir ceux que je vais couper.
C’est ainsi qu’une véritablement usine d’horreur se déploya dans l’une des rues les plus misérables de Freedoom. Entre des rangées de vieilles bicoques à moitié écroulées, murs et fenêtres brisés par la horde, une file interminable de cadavres s’étendait plus loin que l’irlandaise n’osait regarder. En s’efforçant de ne pas y penser, elle s’approcha du premier corps – une jeune femme dont le visage était méconnaissable tellement il avait été mutilé – et s’agenouilla à ses cotés. Abaissant ses paupières encore une fois, elle attendit que ses sbires putrides soient eux-aussi en place, puis scia, scia… ses mouvements saccadés vinrent au bout de ce cou au bout d’un temps infiniment trop long, puis elle passa au suivant.
Si le dégout pouvait être personnifié, alors il s’agissait de Melena ce soir là. Ce corps de morte était une véritable prison à émotions, désespérément inerte. Combien de trophées eut-elle découpé lorsqu’elle se décida à faire une pause pour tenter de reprendre le contrôle de ses bras tremblants. Neuf ? Dix ? Douze ? Quinze ? Elle n’avait pas compté, elle n’avait pas envie de compter. Par instinct de survis, sont cerveau avait juste pris note des cinq premiers, histoire que les gardiens lui laissent au moins la chance de poursuivre.
L’adolescente se releva, sa combinaison tâchée par les giclées de sang reçues des cadavres qui étaient encore trop frais. Sa lame dégoulinait. Dans ses mains résonnaient les vibrations des os qui craquaient, des chairs qui cédaient, des cartilages qui se morcelaient. Dos au carnage pour tenter d’imprégner dans son esprit le moins d’image possible, elle ordonna :
- Tous mes… zombies, chargez les têtes dans la charrette maintenant.
Même en fuyant du regard, il restait la hache d’Elie qui s’abattait régulièrement, la chanson des cris et des pleurs dans tout la ville-prison, la basse continue des grognements bestiaux des morts-vivants…
[HRP : si on a bien compris Ace, tu as fini ta nuit de récolte n'est-ce pas ? Parce qu'on ne conclura pas la notre immédiatement, mais en encore 1 ou 2 messages chacune. Ce sera fait ce soir normalement, donc tu n'auras pas trop à attendre mais sinon... tu peux trouver matière à reposter si tu y tiens lol] | |
| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Ven 28 Oct - 7:57 | |
| Si l’enfer était pavé de bonnes intentions, le leur l’était de cadavres mutilés dont les yeux morts fixaient la lune dont la face blafarde diffusait la seule lumière qui éclairait la scène. Les corps s’alignaient sur une distance considérable, signe du zèle de leurs sous-fifres pour cette occupation moralement déficiente. Il y avait bien plus qu’elles ne pourraient en trancher mais Elie n’avait pas la force d’ordonner aux zombies d’arrêter, toute son énergie étant actuellement monopolisée par le maniement de son arme.
Bucheronne de l’au-delà, sa hache retombait avant d’entreprendre son ascension et de chuter encore et encore jusqu’à tremper complètement le jean de la mauvaise jumelle qui se surprit à penser qu’elle ne pourrait jamais le ravoir, même en le filant à un pressing. La surprise fut d’autant plus grande quand la pensée qui suivi fut que de toute façon ces vêtements n’étaient même pas à elle. Tant d’insensibilité faisait-elle d’elle un monstre ? C’était pourtant le seul moyen qui se présentait à elle pour préserver son équilibre mental précaire : mettre de la distance et une bonne dose d'humour noir. Se dire qu’ils n’étaient tous que des chimères aidait aussi beaucoup.
- C’est vrai quoi… ils n’existent pas. Ce ne sont que les produits de nos rêves, juste des… des…
Elle ne trouvait pas les mots. « Chose » était trop virulent, mais elle ne trouvait aucune parole qui colle à sa vision de la situation. Ce n’était que des inventions, des dérives mentales, les expressions de leurs méandres cérébraux. Personne n’était mis en prison pour avoir massacré un rêve, ce serait tout bonnement ridicule.
Ses pensées dérivaient ainsi sagement alors qu’elle accomplissait sa triste besogne avec sur les lèvres cette chanson idiote qui ne l’avait plus quitté depuis la charrette. Les têtes s’empilaient dans leur transport alors que Batman s’évertuait à les transporter suite à un ordre qui avait claqué comme un fouet dans l’air nocturne. Le charnier puant devait embaumer à plusieurs lieux à la ronde mais les sinus non fonctionnels d’Elie la préservaient de ce désagrément. Elle pouvait se concentrer et abattre un maximum de travail avant l’aube.
**Abattre… joli. Faudra que je le note.**
Un rire sans joie s’échappa de ses lèvres, particulièrement inconvenant au beau milieu du concert de gémissement et de cris qui s’élevait dans une rue proche. Cette anormalité s’éteignit complètement dans sa gorge lorsque ses yeux tombèrent sur son prochain trophée qui, apparemment, n’était pas encore mort. L’enfant à ses pieds n’avait plus que trois doigts à la main gauche et un trou béant rempli de sang à la place du nombril, mais elle n’en fixait pas moins son regard effrayé sur elle. Elie cru lire le mot « pitié » sur les lèvres pâles de la gosse et tressaillit.
Elle posa un genou à terre, glissant ses doigts sous la nuque de la petite qui lui rappelait étrangement Ella, au détail près qu’elle était blonde et non rousse. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir que c’était trop tard et qu’elle était condamnée, mais le cœur sans vie de la mauvaise jumelle se révoltait à l’idée de la tuer elle-même. Sauf que… c’était la seule chose qu’elle pouvait faire pour elle. Elie se redressa donc à contrecœur, souleva sa hache les yeux mi-clos et l’abattit sur le cou vibrant de terreur de l’enfant. La gerbe de sang encore frais fut si forte qu’elle en éclaboussa son visage et la poussa à reculer de quelques pas le temps de bien intégrer ce qu’elle venait de faire.
** Je n’avais pas le choix.**
Mais était-ce vrai ? N’aurait-elle pas pu trouver un moyen de la soigner ? Rappeler Labeau Nefaie pour dégoter une potion de soin avec ce qu’il restait de ses économies ? Bien sûr qu’elle l’aurait pu, elle n’avait pas voulu voilà tout. Se sacrifier pour un inconnu, à l’existence douteuse qui plus est, était au-dessus de ses forces.
Elle espéra que Melena n’avait rien vu, ça semblait d’ailleurs le cas tant celle-ci semblait absorbée dans son petit monde d’horreur. C’était bien assez dur de subir sa propre mauvaise opinion d’elle-même et rien n’était moins sûr qu’elle puisse supporter les brimades d’une camarade sur des questions douteuses de morale.
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| | | Melena Autumn
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Ven 28 Oct - 9:47 | |
| Ses sbires avaient fini de charger ses trophées macabres dans la charrette et revinrent vers elle, alors qu’elle n’avait pas bougé. Dans le mécanisme régulier d’Elie, elle perçut un sursaut, une hésitation, mais n’y fit pas attention. Sans doute se lassait-elle de ce carnage, si sa part d’humanité était suffisamment grande pour cela. Melena écarquilla les yeux en réalisant les pensées qui défilaient dans sa tête à l’égard de sa complice. Que lui avait-elle fait pour qu’elle se montre si odieuse, même au travers d’un fil de paroles qu’elle n’entendait pas ? Toute cette horreur lui faisait perdre la tête, complètement, pourtant, il faudrait qu’elle y retourne. Bientôt.
Ses pensées s’éclipsèrent vers la dernière chose qu’elle avait dite à Cécilia avant de quitter sa voiture, encore. Comme cela avait été le cas à cet instant du monde réel, son cœur se serra, même mort. « A demain » avait-elle dit, avec tout le naturelle du monde, alors que sa mère adoptive s’inquiétait pour elle, et que l’adolescente savait pertinemment qu’elle s’engageait dans une aventure dangereuse.
- C’est mieux qu’elle ne sache pas …, murmura-t-elle au vent glacial qui soufflait paresseusement. C’est mieux qu’elle ne sache pas…
Oui, car si jamais Melena lui avait parlé de Dreamland, jamais sa tutrice de l’aurait laissée repartir. Ce qui d’ailleurs aurait été totalement fondé et juste ; qui permettrait de son plein gré à sa fille mineure et frêle de partir seule dans un monde où elle pouvait mourir à chacun de ses pas ? Comment réagirait Cécilia si elle ne revenait pas ? Est-ce qu’elle serait effondrée ? L’irlandaise savait que oui, au fond, mais n’avait pas envie de l’admettre. Pourtant, elle se tourna vers Fisher qui était le plus proche, sans regarder sa face décomposée, et lui dit en secouant légèrement la tête :
- Il faut que je puisse vivre… et rentrer chez moi… sinon, elle va être triste. Je crois…
La nécrophobe avait perdu la tête ; ou quelque chose comme ça. Le fait de parler à un zombie ne lui avait pas sauté aux yeux, elle se détourna simplement pour retourner auprès de la longue ligne de cadavres, dont une grande partie gisait désormais sans têtes. Les survivants auraient une drôle de surprise le lendemain, qui ne les fera d’ailleurs sans doute pas rire du tout, mais ça n’était pas son problème.
Sans un mot, Melena se pencha près d’un mort du troisième âge, ordonna à Yoru et Georges de l’aider, puis reprit sa sale besogne sans même une attention pour Elie. La mélodie de la scie qui abime chair et os s’éleva comme si elle ne s’était jamais interrompue. Les yeux fermés, toujours à la plus grande distance possible du cadavre, la jeune fille découpait ses trophées sinistres en essayant de vider son encéphale. Dans son crâne, tout n’était désormais plus qu’un carambolage, un accident monstrueux, prémices d’une folie qui la guettait très certainement.
Jamais plus elle ne serait la même désormais, jamais plus elle n’arriverait à dormir dans le monde réel, sans que les images de ce massacre ne reviennent la hanter. Sa vie était fichue, à cause de ce Parkinson qui ne savait même pas ce qu’il faisait, lâche de surcroit. S’il fallait haïr quelqu’un à accuser comme la cause de toutes ses souffrances, alors ce serait lui…
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| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Ven 28 Oct - 11:24 | |
| Elle entendait comme à travers un mur épais la voix de Melena qui semblait se parler à elle-même, à moins que ce ne soit à l’un de ses zombies à la tête vide. La voir devenir maboul l’ébranlait légèrement mais elle avait trop à faire pour préserver sa propre santé mentale pour s’inquiéter de celle des autres.
La vision de la charrette pleine à craquer de têtes sanguinolentes semblait irréelle à la clarté de la lune qui descendait peu à peu vers un horizon qui s’éclaircissait légèrement. Elie avait totalement perdu la notion du temps et s’ébroua comme si elle sortait d’un long sommeil lorsqu’une horloge proche sonna 4 coups. Il était déjà si tard ? Ou si tôt ? Elle ne savait plus vraiment où elle en était mais à croire la quantité de trophées qu’elles avaient réuni il y avait fort à parier que ce soit vraiment le cas. La nuit finirait bientôt et cette épreuve avec elle.
- Melena je… crois qu’on en a assez.
Et c’était peu dire. Combien y avait-il de morceau de cadavre dans cette carriole ? Une cinquantaine au bas mot, bien plus sûrement… peut-être même cent. La plus grosse partie était de son fait, il fallait bien avouer que sa hache s’était révélé l’outil parfait pour décapiter leurs victimes. En deux ou trois coups les têtes quittaient les cous. Propre, net et précis, du travail d’orfèvre.
Une envie de vomir menaça de pointer son nez avant que son corps se souvienne qu’il avait rendu les armes depuis belle lurette. La mauvaise jumelle se contenta donc de jeter son arme sur le tas sanglant et de se tourner vers ses zombies, l’air hagard. Il fallait faire quelque chose pour éviter que la carriole ne sème son contenu pendant le trajet et dans l’état actuel des choses elle ne se sentait pas de faire les recherches elle-même. Mieux valait déléguer.
- Trouvez-moi une bâche et des cordes, assez pour recouvrir la charrette et lié le tout de manière à ne pas perdre de… de trophées en route.
Ils s’éparpillèrent comme une nuée de papillons. El’ les regarda s’éloigner un instant jusqu’à ce qu’ils soient engloutis par l’obscurité et seulement alors se tourna vers l’irlandaise toujours penchée sur un corps, la scie à la main. L’adolescente voulu lui dire que c’était bon, que c’était fini et qu’elle n’avait plus besoin de faire ça mais les mots lui restèrent en travers de la gorge.
D’une démarche de somnambule elle se rapprocha de Mel’ et posa une main amicale sur son épaule. Elle pouvait sentir les épaisses sutures sous le tissu de sa combinaison, sensation qui lui tira une grimace. La psychotique tira légèrement son amie en arrière, posant son autre main sur celle qui tenait la scie rouillée.
- Arrête… on a ce qu’il faut t’as plus besoin de faire ça.
Sa voix n’était plus qu’un souffle à peine audible alors qu’elle enroulait ses bras autour du corps de Melena, sa poitrine amorphe collée contre son dos. Aucun de leurs deux cœurs ne battaient ce qui rendait cette étreinte angoissante et terrible, Elie se força malgré tout à la maintenir jusqu’à ce que l’irlandaise relâche son outil couvert d’hémoglobine. Sa main droite glissa alors jusqu’à saisir celle de sa camarade pour la remettre debout et la forcer à plonger ses yeux gris dans les siens. Le trouble qui s’y lisait était palpable mais elle n’y pouvait rien, le mal était déjà fait. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’elle saurait surmonter cette épreuve et tourner la page.
Elie la prit alors une nouvelle fois dans ses bras mais de face cette fois, glissant sa main dans l’épaisse chevelure de la nécrophobe dans un geste maternel qu’elle n’avait pas dû connaitre depuis longtemps. Elle la berçait légèrement comme elle aurait pu le faire avec une enfant, autant pour rassurer Melena que pour elle-même, se persuader qu’elle était toujours humaine.
- On va réussir, on va surmonter tout ça et on quittera cette île maudite. Ne t’inquiètes pas, je suis là...
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| | | Melena Autumn
Maladie mentale : Thanatophobie
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Ven 28 Oct - 12:56 | |
| Il lui semblait vaguement que la voix de la mauvaise jumelle s’élevait dans les airs, à son attention de surcroit, mais elle ne savait plus trop. Ses gestes étaient devenus mécaniques, machinaux, comme un androïde de la mort dont l’objectif était figé dans l’éternité. Environ une trentaine, c’était le nombre de têtes qu’elle avait scié, même si elle ne s’en souvenait pas. Femmes, enfants, vieillards, adolescents, elle avait tout charcuté, tous décapités avec horreur, comme si la simple mort ne suffisait pas.
Elle sursauta lorsque la main de la psychotique se posa sur son épaule. Tirée en arrière, elle avait l’impression que son corps ne lui appartenait plus ; qu’elle était là… mais plus là. « Plus besoin de faire ça » ? Pourquoi est-ce qu’elle le faisait déjà ? Pour le compte d’un couple de sadique, pour une promesse de liberté aussi fragile que du polyester. L’étreinte de son amie lui procura quelque chose entre apaisement et dégoût. C’était Elie, mais aussi un zombie. Mais Elie, mais un zombie. Pourtant, elle ne bougea pas, trop lasse, trop désorientée. Sa main droite lâcha son outil couvert de sang et de morceaux de chair, ses yeux rencontrèrent le ciel.
Tout cela n’était qu’un cauchemar, n’est-ce pas ? Le pire, le plus atroce de tous ses cauchemars. La main de la mauvaise jumelle se glissa dans la sienne, elle se remit sur ses pieds, dociles, incapable de résister. Ses yeux morts étaient l’écran de son trouble, véritable fresque de son désarroi. Nouvelle étreinte, les doigts d’Elie se glissèrent dans sa chevelure avec douceur. D’abord, elle revit l’hôtel d’Union Square où elles avaient partagé une intimité sensuelle, puis l’image de sa mère s’imposa, plus forte. Melena avait oublié leurs états de mortes. En réponse, elle enlaça aussi la psychotique et la pressa fort, comme si cet effort allait finir par faire sortir les cascades de larmes qu’elle avait envie de verser.
Ne pas pouvoir pleurer était horrible, une véritable torture. Fermant les yeux, elle se laissait aller aux doux mouvements de son amie qui la berçait, accrochant sa raison à chacune de ces précieuses secondes pour ne pas la perdre dans le néant. Elie lui promit encore de s’en sortir, de la protéger. Cette fois, l’irlandaise savait que contre l’absolu, sa complice ne pouvait rien, mais elle avait envie de la croire, elle n’avait plus que ça.
Les gestes maternels la détendaient pourtant. Il y avait tellement longtemps qu’elle ne s’était pas laissé allé à ce genre de manifestations… elle avait toujours repoussé Cécilia, sans grandes raisons au final. Si elle ne pouvait pas pleurer, elle avait envie de parler, ça l’aiderait un peu à oublier. La mauvaise jumelle était plus petite qu’elle, alors elle ne pu appuyer sa joue que sur son crâne, doucement, puis murmura :
- Elle s’appelait Anney… Anney Autumn… ça fait longtemps que je l’ai pas vue… elle est morte.
Pourquoi est-ce qu’elle disait cela ? Peut-être parce que dans les résidus de folie qui lui restaient, ou bien dans la clarté de conscience qui se raccrochait à l’étreinte d’Elie, elle reconnaissait les bras de sa mère.
- J’ai eu peur… le jour de l’accident, j’ai eu peur de mourir… et elle, elle me regardait… je crois qu’elle était déjà… mais elle me regardait. Peut-être qu’elle m’attendait ? … mais je ne voulais pas mourir, j’avais peur, peur, peur…
Elle pressa fortement ses paupières. Ni larmes, ni douleur, c’était désespérant. Elle ouvrit alors les yeux : ses sbires zombies contemplaient la scène, l’air hébétés, mais elle les ignora. Il fallait qu’elle termine, son flot de paroles presque incompréhensible remplaçait ses pleurs, elle irait mieux après… peut-être.
- Tu crois que j’aurais dût mourir ? … je serai pas là aujourd’hui, je n’aurais pas fait ça…
Toute la force de sa détresse appuyait sur sa voix vibrante. La mort la poursuivait-elle ou la fuyait-elle ? Elle était tellement omniprésente depuis son arrivée à Dreamland, mais ce manège la rendait folle. Si jamais elle avait suivi sa mère en Angleterre, rien de tout cela n’existerait, ce cauchemar serait resté une chimère sans vie, sans raison à consumer. Néanmoins, les « si » n’avaient aucune puissance, sinon celle de nourrir le désespoir. Melena s’écarta de son amie, les yeux évitant de croiser son regard, puis murmura d’une voix faible qui témoignait du même coup qu’elle avait reprit ses esprits :
- C’est bon… on y va…
Elle n’avait pas attendu de réponse car elle n’était pas sûre de vouloir l’entendre. Sous doute n’y croirait-elle pas de toute façon, sa tristesse et son horreur plus grandes que tout en cet instant.
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| | | Jade Martins
Maladie mentale : Troubles dissociatifs de la personnalité
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Sam 29 Oct - 18:20 | |
| Elles restèrent ainsi un long moment, corps morts étroitement enlacés alors que Melena déversait sur Elie un flot de paroles. Les digues avaient lâchées suite aux assauts furieux de la peur et de l’horreur mêlées, poussant l’irlandaise à enfin parler d’elle. La mauvaise jumelle se rendit compte au fil des révélations qu’elle n’avait à vrai dire jamais cherché à s’intéresser réellement à la vie de sa camarade. Elle savait qu’elle avait été adopté, qu’elle développait sciemment ou non un fort côté asocial mais c’était bien tout. Comme tout être noyé dans son malheur El’ avait été jusqu’alors persuadée être la seule à souffrir réellement et à avoir un lourd passé. O combien elle se trompait…
Voir un proche mourir, elle savait ce que c’était et ne pouvait que compatir. Et contrairement à elle Melena n’avait même pas pu voir venir cet évènement tragique, n’avait personne à blâmer. Rien d’étonnant à ce qu’elle soit si amère et mélancolique, même si la psychotique se refusait à céder à de tels sentiments de faiblesse. Jade les avait gardés, grand bien lui fasse.
Ses lèvres s’entrouvrirent à plusieurs reprises, cherchant les mots qu’il fallait sans jamais les trouver. Melena mit fin à ses efforts inutiles en la priant de partir. Ce fut un véritable soulagement pour l’adolescente dont le don pour les paroles réconfortantes était peu développé, et comme pour ne pas laisser l’occasion de continuer cette discussion se présenter, ses zombies revinrent à cet instant avec une énorme bâche qui claquait au vent ainsi qu’un rouleau de cordes épaisses. Il ne lui vint même pas à l’esprit de se renseigner sur l’endroit où ils avaient pu dénicher ça.
- Ouais. On va juste les laisser bâcher le charriot, répondit-elle simplement, les bras ballant.
Elie désigna leur véhicule d’un geste vague avant d’ordonner à ses larbins d’outre-tombe :
- Recouvrez la charrette, et faites en sorte qu’aucune tête ne puisse tomber pendant le trajet. Vite !
La bat’ team se mit en branle, masquant leurs trophées macabres à leur vue. Ça n’effaçait pas leurs fautes mais permettait au moins de taire un peu ce qu’elles avaient fait, l’espace de quelques instants. Et l’oublier ne faisait que souligner l’absence d’Ace. La nuit était passée sans qu’il reparaisse, sale traitre fainéant ! Hors de question de partager le fruit de leur labeur avec un lâche qui avait décampé en leur laissant faire tout le boulot. N’était pas né celui qui prendrait Elie Martins pour une imbécile.
Une fois le tas de tête emballé comme un cadeau de noël la corde faisant office de ruban décoratif, les deux jeunes filles grimpèrent dans la charrette pour rejoindre la tour de la paresse. Le chemin était long et chaotique, la pauvre bête tirant l’attelage ayant un mal de chien à tracter le poids monstrueux auquel on l’avait attaché. Le temps que Melena et Elie arrivent aux pieds de la sculpture monstrueuse qui abritait la plus grosse partie du cimetière de Freedoom le soleil avait pointé à l’horizon pour le teinter de rose brumeux. La vue était magnifique ou du moins aurait pu l’être sans les montagnes de cadavres abandonnés dans les rues.
La horde s’en était donnée à cœur joie cette nuit, probablement sur ordre des gardiens. La mauvaise jumelle aurait mis sa main à couper que les survivants se souviendraient de cette nuit encore longtemps même si la mort était pour eux leur triste quotidien. La population avait diminué d’un bon cinquième et ils n’avaient pu à dire vrai décapiter que le 10ème des victimes de la nuit. Si seulement ils avaient eu plus de temps…
La carriole pénétra dans la tour, le cheval de trait devenant nerveux et manquant de se cabrer lorsque ses yeux fous tombèrent sur les silhouettes des deux gardiens. Elie saute de voiture et entreprit du mieux qu’elle put de « déballer » son cadeau, la charrette vomissant à la chute de la bâche un véritable flot de têtes aux cous tranchés. Vint ensuite la lourde tâche d’entasser leurs trophées dans des cercles tracés à la poudre d’os sur le sol et qui délimitaient leurs gains respectifs. Si la mauvaise jumelle répartit avec équité entre Melena et elle, elle se garda bien de ne donner ne serait-ce qu’une tête à Ace.
- Lâcheur, grommela-t-elle entre ses dents alors qu’elle posait la dernière tête sur son tas bien garni.
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| | | Melena Autumn
Maladie mentale : Thanatophobie
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Sam 29 Oct - 19:12 | |
| Les zombies de la mauvaises jumelles revenaient, et pour cette fois, avaient parfaitement compris la tâche qui leur était incombée. Melena apprécia que son amie ne dise rien quant à son flot de paroles, elle savait que rien ne la réconforterait, plus jamais, toute réponse aurait été inutile. Les sbires de la psychotique travaillaient eux, mais ses pensées s’étaient encore envolées loin de son cauchemar. Pourrait-elle un jour se confier à quelqu’un ? A Cécilia ? Si elle avouait avoir décapité des dizaines de cadavres dans une ville de condamnés, on lui rétorquerait certainement qu’elle devenait folle ou pire… que ça n’était qu’un rêve.
C’était la vérité pourtant, son corps endormi était physiquement loin de toutes ses horreurs, mais son esprit venant d’être marqué au fer rouge. Rouge sang. L’irlandaise grimpa machinalement sur la charrette et serra ses genoux contre elle. Doucement, ce fut à son tour de fredonner l’air d’une mélodie qui lui était revenue en tête en parlant de sa mère. Elle ne se souvenait plus comment s’appelait la chanson, ni l’artiste, ni même des paroles, mais cette musique l’enveloppait dans une mélancolie sucrée qui chassait son effondrement intérieur.
A l’approche de la tour, le soleil se levait. Glacée comme la nuit qui s’achevait, à croire qu’il n’était qu’une image en carton habilement soulevé par un système de poulies. Melena se demanda si un jour, elle le reverrait ailleurs que dans cette prison maudite vivante et libre. Et San Francisco ? Et Londres ? Elle ferma les yeux, ses paupières pressées contre ses genoux. Ce furent les remous du cheval agité par la présence des gardiens qui lui fit relever la tête ; ça y est, elles y étaient.
Visiblement, Ace était déjà là. La jeune fille ne comprenait pas trop pourquoi il s’était défilé à leur plan, préférant faire bande à part, mais il était désormais impossible de revenir en arrière. Le flot de tête qui s’écroula de la charrette, jusqu’à lors retenu par la bâche, lui tira un frisson de terreur horrifiée. Si Elie entreprit elle-même de les entasser dans son cercle, prenant soin d’en laisser exactement le même nombre à sa complice, l’irlandaise fit l’effort de chercher de ses yeux morts le zombie qu’elle voulait voir obéir et lui ordonna avec une sorte de satisfaction maigrelette :
- Fisher ! Entasse mes… trophées, dans ce cercle.
Sa voix avait faibli sur la fin de la phrase, mais elle désigna l’emplacement lui étant destiné en narguant le véritable intendant du regard. Le mort-vivant concerné s’exécuta fidèlement, comme il était censé le faire, puis l’adolescente croisa les bras en essayant de se redonner un semblant de contenance devant les maitres des lieux. Elle était sale, tâchée de terre et de sang, mais elle l’avait fait non ? N’est-ce pas là ce que ces deux sadiques avaient voulu ? C’était pour vivre. Se répétait-elle en boucle pour se justifier. Pour récupérer mon corps, et partir d’ici.
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| | | Le Marchand de sable
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| Sujet: Re: Par-delà la mort [deuxième épreuve] Dim 30 Oct - 15:44 | |
| Kay et Chayan avaient attendu sagement vacant à leurs rares occupations ou, le plus souvent, se languissant dans leurs trônes à la hauteur de leur démesure. C’est Ace qui vint le premier rompre leur ennui, la gardienne lui désignant simplement d’un geste de la main l’endroit ou déposer ses trouvailles. Les filles revinrent bien plus tard mais aussi bien plus chargées, vision qui fit naitre sur les deux visages d’outre-tombe des sourires qui n’avaient vraiment rien de rassurant. Ils avaient toujours aimé induire en erreur les potentiels adeptes et le moins qu’on puisse dire était que ceux-là étaient tombés dans le panneau. Une fois les tas de trophées empilés soigneusement par le trio, le couple consentit à se lever pour se rapprocher d’eux avec un air de satisfaction horripilant sur leurs facies morbides. Chayan agita alors la main au-dessus de chaque amoncellement, geste vague et qui paraissait anodin… à tort. Si les têtes coupées d’Elie et Melena ne bronchèrent pas, 6 de celles d’Ace ouvrirent brusquement les yeux. Leurs plaintes déchirantes s’élevèrent alors que leurs yeux blanchâtres se braquaient sur le pyromane pour souligner sa culpabilité. - Il ne nous a pas coupés ! Il ne nous a pas tranchés ! Usurpateur ! Menteur ! Tricheur !Fisher attrapa les restes humains trop bavards pour les tirer du tas et les jeter en vrac dans une fosse commune proche. Ils avaient rempli leur tâche, le repos éternel leur était donc offert. S’agissait maintenant de décider de la sentence pour celui qui avait enfreint les règles de l’épreuve… - Saisissez-vous de lui, et assurez-vous qu’il ne remue pas.L’ordre claqua comme un fouet et des mains décomposées assurèrent sans tarder leur prise sur les membres couturés du jeune homme. Il fut bientôt en position de victime en attente d’écartelage et les morts le maintinrent dans cette position inconfortable jusqu’à la fin du résultat de l’épreuve. Trois morts-vivants sortirent de la foule pour aller compter les têtes et porter les résultats à leurs maitres qui les accueillirent avec un sourire d’autant plus large. C’est Kay qui pris alors la parole, sa longue chevelure brune ne cachant qu’à peine son expression de mauvaise augure. - Et bien… vous avez fini l’épreuve à n’en pas douter. Chacun possède au moins 5 têtes qu’il a coupé lui-même et vous avez même trouvé le moyen de moins fatiguant de procéder néanmoins…- … vous avez été stupides.- Très stupides. Et trop zélés. Quelqu’un connait-il la définition de paresse ici ?Le couple macabre secoua la tête de dépit avant d’échanger un regard de connivence. - Visiblement non. Vous auriez dû vous en tenir aux 5 têtes mais maintenant que le mal est fait il vous faudra faire avec. Nous vous offrons donc les armes promises en fonction de ce que vous nous avez rapporté…- Melena, Elie et leurs 52 têtes respectives auront, pour le temps de la troisième épreuve seulement, un révolver. Quant à Ace et ses 14 têtes il écopera d’un lance pierre professionnel. Les munitions sont limitées à 20 par personnes, faites en bon usage.Ce fut alors au tour de Kay de se lancer dans une série de mouvements étranges à la limite du risible… alors que les corps des voyageurs recouvraient peu à peu leurs aspects initiaux et leur vitalité. Les coutures disparaissaient, la peau retrouvait son éclat, leurs cœurs recommencèrent à battre… Ils attendirent sagement de les voir tous trois de nouveau en vie pour s’approcher du pyromane toujours maintenu pour lui briser trois orteils et trois doigts, avec une lenteur consciencieuse et sadique. - Et ça, c’est pour avoir triché. Un os brisé pour chaque infraction. Ecoute mieux les règles la prochaine fois mon mignon.Direction la troisième épreuve | |
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