Un voyage casse-bonbons

Était-ce trop tard pour leur dire que le « vous avez des questions ? » était juste là pour la forme ? Leur temps était précieux et extrêmement limité, c'était évident qu'il n'avait pas le temps de creuser tous les points abordés et pourtant ! Entre les interrogations de James, celles de Fanny... Liam avait du mal à savoir par où commencer. Et il n'était pas sûr non plus que les réponses conviendraient. Rétorquer au gamin qu'il suffirait de lyncher Steve en règle risquait par exemple d'être mal accueilli. Bon sang... qu'est-ce que c'était fatiguant de devoir tout prendre avec des pincettes... Mais il fallait se rendre à l'évidence : il avait besoin d'argent. Et pour réussir cette mission et être payé il fallait collaborer avec une bande de bisounours débiles. Tout le monde le prenait pour un homme cruel mais ce monde l'était bien plus que lui.

- Bien sûr qu'on s'en méfie. On doit tous les capturer, mais c'est encore celui qui nous posera le moins de problèmes. Si possible, on les garde en vie.

Le tueur s'alluma une nouvelle clope, laissant à sa déclaration le temps d'imprégner les esprits. Il était primordial que ces gosses intègrent l'idée de tuer si besoin. Et s'il pensait que Fanny pourrait s'y plier sans trop de mal, pour James c'était une autre paire de manches. Après une longue bouffée de nicotine il reprit, désignant avec un sourire en coin l'apparition flottant au-dessus de Rochel :

- Quant à ce que je fais... je lui rends son sommeil plus agréable. C'est mon côté bon samaritain.

Son sourire s'élargit lorsque la femme indistincte susurra un on ne peut plus clair « fais moi l'amour ». Merci qui, hum ?Rochel semblait s'agiter, étrangement pas aussi détendu qu'il n'aurait dû. A croire que Blanche Neige était frigide. Fanny, à l'inverse, se lançait dans une campagne de séduction massive. Proposition suggestive, regard lourd de sens et... disparition de vêtements. Et bien, elle mettait le paquet ! Mais si l'entre-jambes du violeur n'était pas insensible à la manœuvre, son cerveau ne se laissait pas berner si facilement.

Ses yeux dévoraient chaque parcelle de peau nue alors qu'il tirait une nouvelle bouffée de son cancer en tube. C'était fou comme elle se répétait sans même sans rendre compte. Je veux à tout prix mon jouet, quitte à vendre mon corps... jolie formule, une vraie déception quand on savait qu'elle était vide de sens. A l'instar de Bobby the Kid, Liam leva une main pour arrêter la jeune femme dans son discours, prêt à lui expliquer avec amusement là où le bât blessait.

- J'aurais accepté ta proposition avec plaisir ma belle mais tu sembles oublier un petit détail. Il avança la main comme pour englober l'un des seins nus de l'obsessionnelle mais ses doigts furent stoppés à un petit centimètre de leur but. Tu es intouchable. Et si c'est juste pour que je me branle en te regardant... je passe mon tour. C'est bien trop cher payé.

Quant au reste de la proposition, c'était du grand délire. Faire croire à une partouze générale ? Pourquoi faire ? Surtout que leurs invités devaient être assez proches à présent pour pouvoir les observer. D'ailleurs pourquoi tenter d'attirer des gens avec qui on avait rendez-vous ? Cette beauté était décidément décérébrée mais ce n'était vraiment pas le moment de réitérer les erreurs du passé. Et puis... à la longue c'était presque drôle. Un peu comme une blague récurrente, terriblement pathétique mais à qui la répétition donnait un charme désuet.

Leur belle au bois dormant coupa soudain court à la conversation en se réveillant brusquement. S'il ne pipa mot, le moins qu'on puisse dire était qu'il avait l'air de s'être levé du mauvais pied, surtout à en croire le vol plané qu'il venait d'offrir aux petits cadeaux de Liam. Ce dernier lâcha un rire moqueur, suivant Rochel du regard alors qu'il quittait le bâtiment. Son sourire s'étira un peu plus lorsque des éclats de voix leur parvinrent, laissant entendre que leurs invités étaient enfin arrivés. Le trentenaire souffla à Fanny un « laisse tomber ton plan bizarre » juste avant qu'ils ne pénètrent dans la pièce, après quoi il les invita à entrer, l'air complètement décontracté.

- Restez pas à la porte ! Entrez, entrez... et ne faites pas attention à Blanche-Neige : il est de mauvais poil au réveil. Liam leur adressa un clin d'oeil complice avant de porter sa cigarette à sa bouche. Concernant Carl, il est parti en ville chercher de quoi déplacer la gosse en mode Bouddha. Elle est enfermée dans les chiottes.

Conformément à ce qu'ils avaient décidé, Anna se mit à frapper frénétiquement la porte, demandant de l'aide, hurlant que c'était du kidnapping et d'autres conneries du genre. Les sanglots d'angoisse mirent un terme à la démonstration, replongeant l'endroit dans le silence. L'ex taulard mit une main au coin de sa bouche, comme s'il allait faire une confidence, avant de murmurer :

- Putain qu'est-ce que je déteste les chiards. Elle a failli bouffer notre beauté fatale avant qu'on n'arrive à la priver de son « appétit ».

Les regards des invités convergèrent vers Fanny, complètement nue. Son corps présentait encore de-ci de-là les marques du combat qui les avaient opposé à l'enfant. Si la chair s'était globalement reconstruite, on pouvait encore voir des cicatrice en forme de marques de dents... même s'il fallait avouer que les trois hommes avaient l'air bien plus intéressés qu'autre chose par l'absence de vêtements.

Rendre son sommeil plus agréable ? Bizarrement dans la bouche de Liam ça sonnait pas pareil que dans celle de quelqu'un d'autre. On savait ce qui était agréable pour lui et il doutait que les objets mit entre les mains de Rochel fasse plaisir à ce dernier. Après la proposition de Fanny, voilà que maintenant c'était le songe qui s'y mettait. Il était vraiment entouré d’obsédé.
La fille ne voulait décidément pas laisser tomber son envie et s'était tout simplement désaper comme si de rien était. Les joues de James s'enflammèrent et il détourna la tête. Qu'est ce qu'il foutait là ?
Le pire c'était qu'elle proposait de s'amuser tous ensemble ! L'adolescent se retint de partir en courant loin de ces fous, ne pouvant pas laisser Rochel tout seul avec eux.

- Sortez moi de là...

Murmura t-il. Ou que les méchants se dépêchent d'arriver histoire d'en finir rapidement et qu'il puisse retrouver Dakota. Au moins elle était pas une obsédé, elle !

Rochel coupa la conversation palpitante entre les deux pervers en se réveillant, jetant les objets de Liam au passage avant de quitter les lieux.

- Je savais bien que ça lui plairait pas...

Songea t-il à voix haute alors que d'autres voix se faisaient entendre dehors. Visiblement leurs invités étaient arrivés. Et il y avait toujours une Fanny à poil. A voir qui faisait le plus tâche dans le paysage entre lui, rouge comme une pivoine, et elle. Liam était déjà partie dans son rôle de vilain, enfin il l'était à la base de toute façon, il était juste pas dans le camp de ceux là. Anna aussi s'était mis à jouer les victimes dans les toilettes.
James avait un doute sur la beauté fatale de Fanny, mais bon il était mal placé pour juger ce genre de chose. Et vu comment les mecs la regardaient ils semblaient d'accord. L'adolescent devait faire diversion pour que Liam puisse utiliser son fouet, et tiens Fanny avait qu'à faire des galipettes avec l'un des garçons pour satisfaire ses envies sexuelles.

- En attendant Carl si on buvait ?

Il n'était même pas certains que le frigo contenait à boire mais bon...James alla dans la mini-cuisine et ouvrit le réfrigérateur, se retrouvant soulagé de tomber sur des bouteilles. Bon, il savait pas ce que ça contenait, peut être une genre de bière ? Peu importe, l'adolescent vida le pack et revient avec 6 bouteilles, les coinçant entre sa poitrine et son bras avant de les distribuer d'une main tremblante. C'était pas sa faute, il essayait de paraître calme, décontracté comme Liam mais c'était pas un expert. Il avait peur de foirer.

- Ça pas été facile d'attraper la dévoreuse, comme l'a dit le vieux elle a failli bouffer la demoiselle et elle m'a pas loupé aussi

Il montra son bras, où la trace de dents avait traversé son vêtement bien ensanglanté. Un peu plus il en aurait perdue son bras si il avait pas eu le réflexe de le dégager violemment.

- Mais bon, sans mal on arrive à rien et ce qui compte c'est qu'elle soit coincé avec nous

Conçue t-il en buvant une gorgée de sa bouteille avant de réprimer une grimace de dégoût. C'était dégueulasse, un mélange entre l'alcool et le sucre, on ne savait pas vraiment lequel des deux goûts dominaient, ou était à vomir. De toute façon les toilettes étaient occupés. Ou bien c'était tout simplement que James n'avait jamais bu vraiment d'alcool et se retrouvait à ne pas le supporter. Mais vu la tête que faisait ses interlocuteurs ça se voyait que la boisson avait du mal à passer.
L'adolescent se retrouva obligé d'aller se vider dans l'évier, qui était de toute façon plus proche que la cuvette des toilettes.

Manifestement, son idée n'intéressait personne, et elle s'était mise nue pour rien, excepté pour profiter du plaisir d'être regardée. En plus, aucun de ses chers compagnons ne prit même la peine de répondre et de l'envoyer poliment bouler, juste aucune réponse, juste ignorée, ce qui frustra quelque peu Fanny.

Mais son début de mauvaise humeur ne s'arrêta pas là, Liam en rajoutant une couche et lui refusant un simple service pour les lunettes. Bon sang, avec une capote, pouvoir ou pas pouvoir, il y aurait tout de même de quoi faire, et qui savait si au court du temps elle ne le maîtriserait pas assez pour le neutraliser suffisamment longtemps pour complètement s'amuser ? Quel rabat-joie. Sans compter que l'on devait maîtriser les mecs qui allaient arriver, et que l'un d'eux avait les fameuses lunettes, ça ne coûterait rien d'y faire attention et de les récupérer...

Puis vint Rochel qui semblait de mauvaise humeur au réveil, et qui sorti du poste frontière en moins de temps qu'il n'en fallu pour le dire, jetant complètement à travers la pièce les charmants jouets qu'avaient offerts Liam. Quel dommage de manquer de les abîmer avant même utilisation.

M'enfin, pas le temps de se poser beaucoup plus de questions, ou de ruminer sa frustration, leurs futurs non-copains étaient rentrés dans le poste frontière et questionnaient sur Carl. On répondit pour elle, et tout ce qu'elle avait eu à faire, c'était d’exhiber ses blessures encore bien apparentent. Le rôle lui convenait parfaitement, surtout que dans l'immédiat, elle n'avait pas envie d'en faire plus.

Tout du moins, cela fut viable les premières secondes. Leurs regards tout sauf sains, plutôt dans le thème du lubrique, la mirent instantanément de bonne humeur. Elle qui avait l'habitude d'être regardée, et qu'on ne lui résiste pas énormément, était frustrée depuis son arrivée. A part Liam, aucun des deux autres n'était le moins du monde intéressé par le moindre câlin avec elle, son « pouvoir », encore qu'il faille presque appeler ça une malédiction, n'aidait pas vraiment.

En attendant, James – rouge comme une pivoine – avait prit la main sur la scène en proposant de boire un peu, et eu même la chance de trouver des bières dans le mini-frigo. Et il aurait justifié ça comment s'il n'y avait rien eu ? Par un « oups » ? Bah, en fait dans le pire des cas, il serait juste passé pour un idiot, en soi, c'était une bonne diversion pour laisser leur charmant pervers de copain s'occuper de donner son coup de fouet.

Dans tous les cas, elle refusa la canette proposée. Non pas qu'elle n'aime pas l'alcool, mais la bière ne tenait pas les premières places dans son classement de boissons préférées. Et une bière d'ici, un pays où tout est en sucrerie, ça ne devait pas être bien fameux à part pour les habitants du coin. Et à en voir la tête que le petit groupe fit en goûtant les canettes, elle avait eu raison. James fit même preuve d'une magnifique scène, toute digne de lui, en allant se vider dans l'évier. Quelle petite nature était-il...

Il fallait tout de même garder l'attention sur eux, et elle présupposa que son tour vint. Pour quelqu'un qui avait l'habitude de jouer toute sorte de rôle, elle n'eut aucun mal à ne rien montrer des idées quelle avait derrière la tête, ne jetant même pas un œil sur Liam. Il était bien assez compétent à ce qu'elle avait pu voir pour qu'il fasse bien sa part du travail.

Ainsi, elle se leva, toujours nue, et s'approcha de celui qui avait plusieurs gourdes sur lui. À ce qu'elle avait comprit, c'était le plus dangereux. Se collant à lui – chose possible grâce à ses habits – et prenant la bière immonde qu'elle jeta plus loin, elle usa de sa voix la plus aguichante en plus de son regard le plus suggestif et proposa, doucement à l'oreille de l'homme :

- Ça te dit de t'amuser un peu pendant qu'on attend, à deux, ou avec tes potes ? Plutôt que boire cette bière qui semble immonde...

Et plus fort, sans chuchoter et en tentant de à la fois de passer la main sur la joue de l'hydrophobe tout en approchant au maximum ses lèvres des siennes :

- Par contre, comme tu le vois, je suis une voyageuse avec un pouvoir de merde. Alors, si tu veux jouer, j'espère que tu as des capotes sur toi. Si oui, je suis tout à toi, ou à vous comme tu veux. Parce que bon, mes potes sont tous des frustrés, et j'ai des besoins moi...

Sans compter que les bosses clairement visibles dans les pantalons de ces messieurs semblaient dire qu'ils ne devaient pas être intéressés par la proposition...

Dehors, Rochel put enfin profiter de la solitude que lui offrait la nuit étoilée. Les décors sombres lui rappelaient le rêve qu'il venait de faire, bien que pour une fois, ce dernier ne l'ait pas réveillé en sursaut. C'était à peine s'il pouvait qualifier la fin de cauchemar en soi, bien que la douleur psychologique soit bien réelle, elle. Plus insidieuse aussi : quoi de plus cruel que de vous faire miroiter ce que vous n'avez pas pour vous rappeler avec cruauté que vous l'avez perdu dans des circonstances tragiques ?

L'insomniaque s'adossa au mur de la bâtisse, profitant indirectement des lumières et des bruits qui lui parvenaient car même s'il préférait être seul, il ne voulait pas non plus se perdre dans des réflexions et souvenirs amers ; tout ces bruits parasites lui permettaient de s'abrutir en partie, son esprit brouillé et ses yeux gonflés faisant le reste.

Ceci dit, qu'il en ait envie ou non, il serait bien forcé de rentrer tôt ou tard à cause des frissons de froid dus à son réveil proche et à la fraîcheur nocturne. Pourtant, il ne pouvait se résoudre à le faire tant qu'il n'aurait pas digéré ce flot de sentiments ambiguës qui l'assaillaient.

A l'intérieur du poste frontière, les trois chasseurs de primes avaient accepté de se poser pour boire un coup, étant visiblement plus accoutumés à l'alcool local que James. Si Fanny constituait en soi une diversion efficace, ces derniers n'étaient cependant pas assez stupides pour accepter la requête de la nymphomane : ils avaient un plan dont l'importance critique les empêchait de se détendre réellement. Les conséquences d'un échec de leur part seraient désastreuses : leur entourloupe, leur larcin, leurs persécutions... tout serait dévoilé et ils ne donnaient pas cher de leur peau dans ce cas-là.

- Désolé, minette. On va essayer de rester un peu professionnels, ça te dérange pas ? Je vois même pas comment tu peux songer à baiser maintenant alors qu'on est là pour une tueuse en série cannibale !
Le phobique de l'eau n'empêcha cependant pas la toquée de rester sur ses genoux : un peu de contact avec une femme faisait toujours plaisir.
Des trois compagnons, c'était tout de même le chasseur de primes dreamlandien qui restait le plus alerte, lançant des regards accusateurs en direction de l'hydrophobe qui s'allouait du bon temps alors même que la raison motivant ce « bon temps » était des plus louches. Il avait l'habitude des plans foireux et là, ça y ressemblait quand même pas mal.

- Une bière, une pute et un canapé... Il en faut rarement plus pour distraire un homme, hein Alister, commenta le chasseur à l'adresse de son compagnon hydrophobe. Ce dernier mit quelques secondes à relever la pique mais une fois les engrenages de son cerveau ayant fait la majeure partie du boulot, son visage se referma et il posa sa bière à côté de lui. Ses traits durcis trahissaient une certaine appréhension, désormais, et il prit la liberté de faire se lever Fanny en la poussant légèrement.

Chance ou malchance, ce fut le moment que choisit le phobique des rêves pour entrer. En refermant la porte derrière lui, l'hydrophobe sursauta et se retourna. L'impatience de ne pas voir arriver Carl se lisait sur son visage.
- Jef' a raison, on va arrêter un peu les conneries : où est Carl ? Il devrait être là, depuis le temps !
Rochel haussa les épaules. Vraiment, il ne savait pas où était Carl.. ce n'était pas de la mauvaise volonté de sa part.
- Je l'ignore, c'est la vérité ! Je dormais ; je ne sais même pas où on est. Liam, où est Carl ? Et qui sont ces types ?

Les regards convergèrent vers Liam, tant du côté des chasseurs de primes que de celui des voyageurs. Toffee, resté silencieux jusqu'à présent, avait rongé son frein depuis l'arrivée de l'escouade. Mais les questions de Rochel achevèrent de briser les derniers remparts de sa patience mise à l'épreuve depuis trop longtemps déjà :
- Ce sont de méprisables félons, murmura-t-il en serrant les dents. Hélas, son manque de respect ne passa pas inaperçu : Alister se leva brusquement, ouvrant une de ses gourdes dont le contenu jaillit pour venir fouetter le barman au visage.
- Qu'est-ce que tu veux, toi ? Reste à ta place, connard !
- Ali' ! Jeffrey avait hélé son camarade dans l'espoir de calmer le jeu mais ce dernier lui fit un signe bien assez explicite : tant pis pour Carl ; fini la causette.

Il n'en fallut pas plus pour que Steeve, le petit nerveux de la bande, ne bondisse sur la première cible venue, exécutant des mouvements experts dans le but de l'intimider :
- 5 ans, motherfucker ! J'ai fait 5 ans de karaté, moi ! Je suis ceinture noire 4e dan ! J'vais te buter ta tête dans la face !

Rochel, complètement perdu, saisit cependant la nécessité de se battre. Il voulut utiliser son pouvoir mais craignait de faire plus de dégâts qu'autre chose, en endormant par exemple un allié au lieu d'endormir un ennemi. Des yeux, il chercha un objets pour se défendre et trouva une clé à molette. Bien qu'assez petite, cette dernière lui permettrait au moins de mettre hors d'état de nuire l'un des voyageurs. Deux autres « plop » retentirent, signe qu'Alister venait d'ouvrir deux gourdes supplémentaires dont le contenu n'attendait qu'une chose : qu'on lui désigne une cible.

Le sourire de Liam perdait peu à peu de sa lumière au fil de l'improvisation de ses camarades. Non pas que les idées étaient mauvaises en soi mais elles manquaient terriblement de naturel. James n'avait visiblement pas bu un seul verre d'alcool de sa vie et transpirait le malaise en proposant sa tournée générale. Fanny quant à elle dégageait la même impression que ces plantes carnivores, exhalant leurs parfums dans le seul but de ne faire ensuite qu'une bouchée de vous. Même s'il n'aimait pas la tournure que prenait les choses, il ne comprenait que trop la méfiance croissante du trio de chasseurs de primes.

Lorsque la porte d'entrée claqua, se refermant sur Rochel, le tueur en profita pour récupérer discrètement son fouet d’obéissance alors que les regards convergeaient vers le nouveau venu. Son radar à emmerdes sentait une belle odeur de poudre. Il allait falloir se montrer rapide et inventif s'il voulait pouvoir rattraper le coup et sortir le groupe indemne de là. Où juste lui dans le pire des cas.

Contrairement à ses compagnons qui avaient plutôt le réflexe de tenter de calmer le jeu, attirant l'attention sur eux, l'hypersexuel quant à lui faisait profil bas. De là où il était il pouvait avoir le dos d'Alister, il fallait juste attendre que l'opportunité se présente... et c'est ce qui arriva lorsque l'hydrophobe tourna la tête vers Jeffrey dans l'espoir de se voir désigner sa prochaine victime, laissant Liam en plein dans son angle mort. Erreur fatale.

Le fouet fendit l'air dans un claquement sec, frappant le dos de sa cible. Le regard d'Alister devint vague, et avant même qu'il n'ai eut le temps de balancer les traditionnels promesses de servilité, le tueur gueula à son intention :

- Occupe-toi de Jeff' !

Ce dernier, peu ravi de la tournure des choses, tenta de tirer sur le violeur qui plongea derrière le canapé. Le rayon soporifique du grand zat' heurta le mur et s'évanouit, le chasseur de prime pestant allègrement. Depuis son abris, Liam pouvait entendre James aux prises avec Steeve et Alister qui tombait au sol, endormi par les deux dernières charges du grand zat' de Jeff'. Une idée trottait bien dans la tête du tueur mais si ses compagnons n'étaient pas assez réactifs ça risquait de mal se passer. Cela dit... ce n'était pas comme si les blesser lui posait un problème de conscience. Et puis l'esprit de sacrifice c'était important, surtout quand il s'agissait du sacrifice des autres.

Liam se saisit de la chaîne à sa cheville, l'allongeant de manière drastique avant de donner au boulet un mouvement de rotation rapide, comme s'il s'était agit de manier une minuscule masse d'armes. Alors qu'il se levait, quittant sa cachette comme un diable sortant de sa boite, il lança son ridicule projectile en hurlant à l'adresse de ses camarades :

- COUCHEZ-VOUS !

Tant pis pour ceux qui tardaient à réagir. Le bouletmania devint si énorme et lourd qu'il remplit bientôt tout l'espace disponible, envoyant valser contre le mur le mobilier et les imprudents encore debout dans un craquement d'os. Lorsqu'il réduisit la taille de son arme jusqu'à celle d'un vulgaire bijoux de cheville, il put constater l'ampleur des dégâts : Steeve et Jeffrey s'étaient échoués de chaque côté de la porte d'entrée, la gueule ensanglantée. Ils respiraient encore, du moins c'est ce qu'on pouvait déduire à la vue des bulles écarlates qui se formaient régulièrement sous leur nez qui pissait allègrement le sang, et c'était pas plus mal. Quant à ses camarades... il aurait tout le loisir de voir s'ils étaient encore vivants et entiers après avoir fourrés les chasseurs de prime dans son sac-à-dos.

Une fois encore, Liam saucissonna soigneusement ses « otages » avec l'aide de l'un d'entre eux en guise de cerise sur le gâteau. Un ou deux coups de pied dans les côtes d'Allister avec suffit à le réveiller et il s'était ensuite fait un plaisir à l'aider à bourrer ses camarades dans le sac à contenance infinie. Le tueur avait bien essayé au passage de récupérer le matériel de Jeffrey mais il fallait croire qu'heurter un énorme boulet de fonte n'aidait pas à prendre soin de ses affaires. Les lunettes étaient en miettes, la fiole de potion brisée et le grand zat' n'était plus qu'une version extrêmement aplatie de lui-même.

- Et merde... j'y suis peut-être allé un peu fort.

Il laissa retomber la carcasse métallique sur le sol et se dirigea vers les toilettes pour ouvrir la porte en grand. Anna se tenait tout au fond de la pièce minuscule, plaquée contre le mur. Le fracas avait dû l'effrayer comme pas possible vu les tremblements dont ses membres étaient victimes... L'hypersexuel lui ébouriffa les cheveux avec tendresse avant de poser un genou à terre pour lui expliquer la suite du programme.

- C'est fini ma belle, on a attrapé les méchants. On va aller récupérer ce qu'ils ont volé puis on ira voir le maire... quand tout sera fini, tu pourras continuer à rêver tranquillement mais d'ici là j'ai besoin que tu restes avec nous, d'accord ? Tu n'es pas en sécurité toute seule.

A en croire la position que Carl avait indiqué sur sa carte, la pépite en chocolat n'était pas cachée bien loin. La récupérer serait un jeu d'enfant, après quoi ils n'auraient plus qu'à mettre un terme à ces histoires de dévoreurs, prendre leur paye et se tirer de ce bled paumé. Oui... un bel happy end auquel les mecs comme lui n'avaient pas souvent droit. Raison de plus pour rester prudent jusqu'au bout.

Et l'oscar du pire acteur est attribué à...James Brooks ! En même temps il avait jamais dit qu'il était doué pour mentir ni pour jouer la comédie. Encore moins pour entamer une discussion avec des inconnus, qui pouvait à tout moment lui trancher la tête. Alors il y avait vraiment de quoi pour lui, d'être stressé !
Et près de l'évier, une fois remis de sa tentative désastreuse d'alcool, il doutait sérieusement que le jeu de Fanny, enfin ça n'en était même pas un à vrai dire, ferait mouche. Les trois hommes préféraient rester à la raison de leur venue. Oui bah en attendant plus le temps passait plus la mascarade risquait de tourner court.
Rochel revint parmi eux, annulant un espoir que ça soit Carl chez leur invité. Et la réponse du voyageur n'aidait en rien à la situation. James regarda Liam, en espérant que ce dernier trouve quelque chose pour les sauver, mais tout ce qui sortie fut une phrase de Toffee. Une seule phrase qui brisa le mince fil qui maintenait le calme dans cette pièce.
L'adolescent ne pouvait s'empêcher de penser que ça y'était, c'était la fin. Le phobique de l'eau avait déjà sortie ses gourdes prêt à faire "feu" et un autre gars s'excitait déjà à faire du karaté. Ce qui en soit était moins effrayant que se faire noyer.

Liam trouva une faille, allez savoir laquelle, et fouetta l'hydrophobique lui ordonnant d'attaquer Jeff. Et James se retrouvait à devoir éviter un karatéka. L'adolescent courait dans la pièce, se cachant derrière les meubles. Ce mec était flippant et alors qu'il essayait de fuir à nouveau, le pied de Steeve le cogna en pleine poitrine, lui coupant le souffle avant de se faire éjecter sur le sol. Ses yeux se remplirent de larmes à cause de la douleur, et de la fin qui approchait. Il peinait à respirer alors qu'à travers son regard mouillé, l'autre approchait prêt à lui faire la prise de la mort.
Il n'arrivait même pas à crier à l'aide, tout ce qu'il souhaitait c'était disparaître avant de se faire hacher menu, être un bibendum tout mou. Son voeu se retrouva exaucé, activant son pouvoir James se transforma en patoufs, surprenant son adversaire. Des secondes précieuses puisque Liam hurla de se coucher avant qu'un énorme boucan se fasse entendre.

L'adolescent pensait qu'il était mort, avant de se rendre compte qu'il avait les yeux ouverts, et ne se rappelaient pas les avoir rouverts. A vrai dire c'était le calme plat et James se redressa sur ses 50 centimètres.

- Oh zut je me suis transformé

C'était la deuxième fois que ça lui arrivait. De sa petite hauteur il ne voyait pas très bien ce qu'il se passait mais Liam et son nouveau toutou semblait occuper avec les deux autres près de la porte. Les meubles étaient fracassés contre le mur.

- Mais il s'est passé quoi....?

Liam disparut pour aller chercher Anna, et lorsqu'ils revinrent, la fillette se retrouva trop près de James, et courut vers lui pour lui faire un gros câlin.

- Ah...oui y'avait ça aussi...

Décidément, c'était quoi tout ces cons frustrés qu'elle croisait par ici ? Il ne s'était jamais autant fait repousser en aussi peu de temps. À en croire que dans ce monde ne venaient que des impuissants, pas même des hommes, sauf à la limite Liam, même si ce connard qui avait l'air d'un pervers l'avait repoussé aussi.

Oh que Fanny était frustrée. Déjà qu'elle n'avait rien demandée pour ce qui était de se retrouver dans cette situation, elle avait au moins fait l'effort de participer, d'aider et de tenter de boucler rapidement le tout. Elle avait même manqué de se faire bouffer par une gamine, qui en soi n'y était pour rien puisqu'elle avait eu peur. Mais dans tous les cas, elle avait donné de sa personne, et il n'y avait pas moyen de passer ne serais-ce que 5 minutes tranquilles à s'amuser au moins vite fait avec quelqu'un.

Bordel, qu'était-ce que juste 5 minutes ? Rien du tout. Juste de quoi tirer un coup rapidement et tout le monde était content... Mais non, on acceptait plus ou moins sans broncher de la mater et de la garder sur les genoux, mais pas un seul des types n'avait dit oui à ses propositions quand bien même elles pouvaient avoir la fonction de distraction de leurs adversaires en même temps.

Elle en avait particulièrement ras la casquette de tout ce qui se passait : Pas un bout de peau caché de visible, et même son pouvoir l’empêchait de toucher directement qui que se soit...  Et le fil des événements n'aida pas vraiment la jeune femme à rester calme. Leurs « invités » semblaient se douter de quelque chose, et l'étrange Toffee cru bon de l'ouvrir pour que tout parte en live. Le siège humain de Fanny se leva sans même faire attention à elle, prêt à en mettre plein la tête à quiconque n'était pas dans son camp, et elle, elle faisait copain-copain avec le sol de bonbon.

Il n'en fallu pas plus pour que tout cela l'énerve au plus haut point. Elle rampa vite fait bien fait derrière le canapé pour récupérer ses habits, et fuit sans demander son reste dans la partie « garage » du poste frontière.

Et là, tout juste le temps de se rhabiller de son débardeur et short en jean qu'un bruit plus qu'assourdissant se fit entendre dans la pièce d'à côté, le mur mitoyen pliante et craquant légèrement. Que cela vienne d'un ami ou d'un ennemi, elle était bien contente de ne pas être restée en compagnie des autres.

Mais il fallait tout de même savoir ce qui était arrivé, et c'est pourquoi après quelques minutes elle tenta un coup d’œil en entrouvrant la porte, porte qui ne tint absolument pas sur ses gonds et s'écroula au sol. Par chance, elle put constater que la bataille était terminée en faveur de son camps, et qu'elle n'aurait pas à fuir fissa. Par malchance, elle put aussi remarquer que ses rêves de lunettes de vision s'étaient envolés, ces dernières ayant été broyées par on ne sait quoi. La pièce en entière était d'ailleurs broyée tout court...

Pour leurs adversaires, Fanny eut la surprise de voir que l'un d'eux mettait les deux autres, plus ou moins... vivant ? dans le sac de Liam. C'était en soi proprement ahurissant de penser qu'il existait un sac comme celui-ci. Il lui en faudrait un du même style aussi, pour y stocker sa future collection de morceaux de peau. En attendant, elle ne pourrait pas commencer pour le moment, les pieds du dernier des adversaires disparaissant dans le sac. Tant pis, ça serait pour plus tard.

Elle fini par s'approcher de Liam, sans se préoccuper du reste de ses compagnons, et demanda clairement, simplement, quelle était la suite du programme...

L'envie de combattre était chez Rochel encore moins présente que celle d'aller se recoucher, et ce n'était pas peu dire. Malgré sa nuit, le manque de sommeil accumulé l'empêchait de se sentir réellement reposé et son esprit encore brumeux assimilait mal le passage abrupte du calme et de la douceur nocturne à l'ambiance électrique dont l'étincelle mit immanquablement le feu aux poudres. En temps normal, il aurait probablement voulu calmer le jeu et inviter les belliqueux à se calmer mais il sentait que cette fois-ci, il ne pourrait pas vraiment faire grand-chose à ce stade-là.

D'ailleurs il ne put rien faire du tout à cause de l'intervention musclée de Liam. Il comprit d'ailleurs à retardement la mise en garde de son aîné et ce fut le boulet géant apparu de nulle part qui se chargea de le mettre à terre. Sonné, la vision troublée, Rochel essaya de ramper jusqu'à une paroi afin de se relever. Il avait eu de la chance de se trouver dans le coin de la pièce car dans le cas contraire, il se serait tout simplement fait assommer ou pire encore : écraser à mort...

- Je suis juste sorti deux minutes... Comment une situation peut dégénérer comme ça en seulement DEUX minutes ?! Ce monde est absurde, murmura l'insomniaque davantage pour lui-même qu'à l'attention de ses collègues. Tout s'était passé si vite, il n'avait rien compris.
Tout ce qu'il pouvait constater, c'était que l'hydrophobe avait pris la place d'esclave, remplaçant Carl et... enfournant ses propres camarades dans un sac à priori sans fond. Les yeux plissés, consterné devant cet illogisme défiant toutes les lois connues de la physique, Rochel abandonna assez rapidement l'idée de vouloir trouver un sens à tout ça. Il conclut donc par un haussement d'épaules sceptique : réfléchir à tout ça le fatiguait inutilement.

- Je suppose que vous aviez vos raisons de faire ça... enfin j'imagine.. Il se pinça l’arête du nez et inspira profondément avant de poursuivre : par pitié, dites-moi qu'on en a fini pour ce soir...
Il ne s'imaginait pas qu'il n'aurait fallu à leur équipe qu'une seule nuit pour boucler l'affaire. Le fouet d'obéissance avait fait des merveilles.

De son côté, Anna câlinait James de gré ou de force – et elle était forte dans tous les sens du terme, pour son âge – avec un air ravi. Mais son sourire s'effaça lorsqu'elle tendit l'oreille en direction de l'extérieur. En prêtant attention, on pouvait en effet entendre un bruit confus, diffus, assez lointain et incertain mais qui se faisait néanmoins de plus en plus audible.
- Ils... Ils sont de retour, gémit-elle la gorge serrée. En conséquence de son stress grandissant, l'enfant serrait James encore plus fort qu'avant dans ses petits bras potelés.
Interloqué, Rochel demanda de manière assez insistante :
- Qui est de retour ?
- Les Grands Dévoreurs !

L'insomniaque ne sut quoi répondre à cela. Carl ne leur avait-il pas dit qu'il était responsable de l'apparition des bêtes ? Et n'était-ce pas Anna qui perpétuait le reste des actions qu'on attribuait aux Grands Dévoreurs ? Pourtant, les grognements et halètements se faisaient de plus en plus proche, de sorte qu'il devenait de moins en moins légitime de douter de leur existence. Au loin, des aboiements graves retentissaient dans la nuit ; aucun doute à présent : il existait d'autres dévoreurs.

C'était absolument incompréhensible étant donné qu'il n'y avait eu jusqu'alors aucune trace de ces derniers, aucun indice concernant leur existence, aucun méfait qui ne puisse être expliqué à travers le prisme Carl/Anna.
- On doit encore aller chercher la pépite mais si ces choses sont réelles, ça devient sérieusement dangereux de sortir... du moins à considérer qu'ils nous incluent dans leur régime alimentaire. Anna, tu ne nous avais rien dit de tout ça, pourquoi ?
- Ben... vous avez jamais demandé ? A chaque fois, la question qu'on me pose c'est « est-ce que c'est toi la Grande Dévoreuse ?! », parodia-t-elle en imitant une voix d'adulte sévère. moi j'ai dit, hein : c'est pas moi ! C'est des mensonges que c'est moi parce que c'est pas moi.
En effet, cela faisait sens... d'une manière assez spéciale mais indéniable au demeurant.
En entendant un nouvel aboiement, la fillette courut se cacher entre les jambes de Liam. Désemparé, le dépressif jeta un regard interrogateur en direction de ce dernier. La décision lui revenait à lui davantage que la fille nymphomane ou que James qui, de toute façon et au vu de son état, n'était pas en mesure de faire quoi que ce soit pour régler le problème.

S'il décidait qu'il fallait y aller, alors Rochel suivrait et apporterait son aide autant que faire se peut. En revanche, lui pensait plus prudent de rester ici pour le reste de la nuit et attendre l'aube. Au diable ces molosses : ils avaient déjà élucidé une grande partie du problème et la pépite pouvait bien attendre, selon lui. Mais c'était là avant tout la flemme induite par la fatigue et la peur qui parlaient davantage que sa raison.

Il savait bien qu'il y aurait forcément une couille dans le potage. Comme un violent retour de karma dans sa tronche, Liam comprit aux grognements qui s'élevaient à l'extérieur qu'ils allaient bientôt avoir à faire à la troisième facette des grands dévoreurs... et la situation ne s'annonçait pas bien. James s'était changé en peluche et était désormais juste bon à se faire câliner par Anna, Fanny fidèle à elle-même faisait office de belle plante verte et Rochel avait l'air d'avoir autant envie de se battre que de se lancer dans une carrière de danseur de ballet. Et encore, c'était sans parler de la gamine et du grand échalas à grande gueule. Qui restait-il pour finir ce qu'ils avaient commencé ? Liam Baldwin et son esclave personnel pardi ! A croire qu'on ne pouvait vraiment compter que sur soi.

Entre les demandes de flash info, celle de plan express et les sous-entendus lâches, Liam ne savait plus où donner de la tête si bien que les premiers mots qui franchirent sa bouche furent « mais vous allez fermer vos trappes à ordures ?! ». Si ce n'était pas vraiment une interjection qui déclenchait sourires et bonne humeur, elle eut au moins de mérite de lui obtenir le silence. Enfin... silence était un grand mot. Dehors les grognements allaient croissant ce qui ne voulait dire qu'une chose : les dévoreurs seraient bientôt à leur porte.

- On ne peut pas se permettre d'attendre le matin. Ces trucs dehors sont aussi les dévoreurs, au même titre que la bande d'abrutis. Et ce n'est pas dit qu'on puisse leur mettre la main dessus au petit matin. Si vous préférez vous terrer ici c'est votre problème, mais si vous tenez à toucher votre part il va falloir mettre la main à la pâte.

Il ponctua sa phrase en chargeant d'un geste sec son magnum. La saison de la chasse était ouverte à Candyland et le tueur comptait bien faire une hécatombe. S'il était traditionnellement un amoureux des armes blanches, le poids du flingue dans sa main était d'un certain réconfort. Ça provoquait en lui une vague de nostalgie, écho de sa jeunesse dans la rue, entre magouille, vol, rapt, meurtre, viol et plus si affinités.

Sans attendre de voir qui aurait l'audace de le suivre, l'ex taulard ouvrit la porte d'un coup de pied et se fondit dans la nuit, Allister sur les talons. Pour motiver les troupes, il lâcha tout de même avant de disparaître avec un dramatisme calculé :

- Mais n'oubliez pas : les murs ne vous protégerons pas d'eux.

Et malgré le plaisir malsain qu'il prenait à faire flipper les autres, il ne le disait pas que pour ça. Le plus important c'était qu'il le pensait sincèrement. Le poste frontière se trouvait au milieu de nulle part et les seuls êtres vivants à la ronde s'y trouvaient concentrés. Même s'ils se barricadaient, cela n'empêcherait pas les prédateurs de les atteindre et de n'en faire qu'une bouchée. Tenir le rôle de la proie ce n'était vraiment pas un truc de Baldwin et puis... il était déjà échauffé, non ? Autant finir la nuit en apothéose !

- Allez Contrex ! On va faire regretter à ces bouffeurs de bonbecs de nous avoir pris pour cible...

A la lueur de la lune, Liam pouvait discerner des ombres mouvantes se déplaçant à quatre pattes. Elles étaient rapides, ces saloperies, et dans l'obscurité à moins qu'elles ne s'approchent plus il était plus judicieux d'économiser les balles. Tirer au hasard n'était pas un luxe qu'il pouvait se payer vu le prix des munitions dreamlandiennes. Heureusement ces bêtes étaient affamées et par conséquent plutôt conciliantes. Trois arrivaient de face et à en croire l'exclamation étouffée du phobique de l'eau, d'autres tentaient de les prendre en tenaille...

Le premier dévoreur bondit, dévoilant à la pâle lumière sélénite ses traits lupins. Ils ressemblaient plus ou moins à des loups gavés d'hormones de croissance. Les babines retroussées, l'animal visait la gorge mais tout ce qu'il obtint fut une balle entre les deux yeux. Réduit en charpie par la puissance de l'arme, le haut du crâne vola en éclat alors que la carcasse de l'animal échouait lamentablement sur le sol. Mais il en fallait plus pour stopper le reste de la meute qui dépassait déjà le cadavre de leur congénère, prêts à en découdre.

Ils étaient trop nombreux. C'était si évident que Liam ne prit pas le temps de réfléchir, faisant grandir son boulet à vitesse grand V après que le duo ait pris appui dessus. Les prédateurs déjà lancés heurtèrent l'obstacle de fonte de plein fouet dans un concert de cris de douleur. En équilibre instable, le violeur préféra rendre à son boulet sa taille initiale, abattant une fois à terre trois des cinq dévoreurs qui les encerclaient avant qu'ils ne reprennent du poil de la bête.

Autour d'eux, des bruissements indiquaient l'arrivée de nouveaux invités alors qu'ils n'en avaient même pas fini avec les premiers...

- All', tiens-les en respect autant que tu peux, je vais essa...

Il s'interrompit à la vue de silhouettes désespérément humaine. Plissant les yeux pour reconnaître le nouvel arrivant, en sourire se dessina sur les lèvres de Liam alors qu'il évitait de justesse l'assaut d'un loup géant en perdant un pan de chemise dans la manœuvre.

- J'ai rarement été aussi content de te voir Blanche-Neige... DANS TON DOS !

Il pensait que la guerre était finie, enfin libéré de cette ville prochainement mais non. Anna n'avait pas tout dit au groupe de voyageurs, enfin apparemment ils n'avaient pas posé la question pour le savoir. C'était le genre de réflexion à donner des baffes même si c'était vrai. La petite n'avait fait que se déclarer non coupable face aux accusations des gens, sans se préoccuper de notifier qu'il y avait encore d'autres coupables. Du coup James se retrouvait coincé dans les bras d'Anna, heureusement qu'il était tout mou sinon il serait mort étouffer tellement elle le serrait fort.

Rochel ne voulait pas sortir dehors pour les combattre et Liam, lui, était plus pour aller attaquer plutôt que d'attendre pour se faire bouffer. Dans son état James ne pouvait évidemment pas faire grand chose, à part se faire déchiqueter en milles morceaux de poupées...Et que dire après quand ces bouts redeviendraient humains.
Combien de temps ça durait sa transformation ? Moins d'une heure il lui semblait...Mais assez de temps pour finir en charpie.

- J'peux pas faire grand chose au cas où t'aurais pas remarqué !

Répliqua t-il au conseil de Liam. Bon peut être que sous cette allure il pouvait faire apparaître des objets, mais vu qu'il était réduit peut être que son pouvoir aussi. Il se sentait quand même légèrement coupable de ne pas porter main forte, encore plus lorsque Rochel disparue à son tour dehors. Pour l'instant il était à l'abri mais peut être qu'une visite surprise allait faire son apparition.

- C'est quand même bizarre que ces bêtes soient apparus maintenant...Et comment elles savent qu'on est là ?

Songea t-il tout haut. Tout ça allait pas l'aider à en venir aux armes. Et il ne savait même pas à quoi ressemblait leurs ennemis. Tout ce qu'il entendait c'était des coups de feux, de Liam sans doute et des grognements de douleurs. James décida de s'occuper utile et demanda à Anna de fouiner dans les tiroirs à la recherche de quoi faire des flammes. Peut être qu'à Dreamland aussi, les bêtes avaient peur du feu.

Oh qu'elle était contente que tout soit terminé. Elle pourrait enfin souffler un coup, et se soigner convenablement, au calme. Encore qu'elle avait une dent conte les habitants du coin après ce qu'ils lui avaient fait, et qu'elle quitterait rapidement la ville avant d'avoir envie de la brûler toute entière. Le repos ne se ferait qu'après...

Mais alors que ces maigres rêves faisaient leur chemin dans sa tête, ses plans furent tout chamboulés par quelques grognements manifestement non amicaux à l'extérieur du poste frontière. Et aussi par le visage blanc d'Anna qui annonçait pratiquement de but en blanc après la question de Rochel qu'ils étaient loin d'en avoir terminé, et qu'il y avait toujours des Grands Dévoreurs en liberté.

Simplement – magnifique –, ou pas. Fanny en avait absolument ras la casquette, mais bon, si elle voulait que l'on ne s'en prenne plus à cette gamine, il n'y avait pas le choix que de terminer le boulot dans lequel elle était tombée en arrivant dans ce monde.

Le temps de ces réflexions, et du petit discours logique de Liam, qu'il partait à la chasse aux créatures avec son esclave qui serait un allié de choix. Peu après, Rochel suivait lui aussi. Aucun des deux n'avait pu entendre la réflexion loin d'être fausse de James. Pourquoi spécialement attaquer le poste frontière alors qu'ils allaient habituellement en ville ? Il faudrait vraiment garder ce détail en tête, peut être que quelqu'un les contrôlait, et ça, ce serait vraiment gênant pour leur survie.

C'est sur cet état d'esprit qu'elle lança un petit « T'as pas tord, va falloir qu'on fasse attention, mais là j'crois qu'il faut qu'on y aille au moins réglé le présent problème, y'en a ras la casquette de tout ça... » à James avant de partir en courant sur les traces de monsieur le dormeur, non pas sans avoir attrapé un pied d'une chaise brisée par Liam durant la bagarre. Il fallait au moins pouvoir se défendre un minimum...

Quand elle arriva sur les lieux, et malgré qu'il fasse noir, elle put remarquer que Liam et son esclave avaient déjà abattu un sacré nombre de créatures qui ressemblaient à s'y méprendre à des loups, en plus gros... Carl n'était-il pas un invocateur de loups... ? Bizarre... En tout cas, il en restait encore beaucoup qui tournaient autour des ses petits camarades, ce qui n'était pas à leur avantage.

Et jaugeant la situation, elle put réagir au quart de tour quand elle remarqua que Rochel allait se faire attraper par derrière par l'un des monstres. Heureusement qu'elle était venue en courant et s'était stoppée à peine à 2 pas de ce derniers. Ainsi, elle se lança en avant et envoya un grand coup du pied de chaise sur la trajectoire de la créature qui prit le morceau de sucre dur en plein sur le museau. Cela fut par chance suffisant pour stopper celui-ci dans son attaque, mais certainement pas suffisant pour le mettre hors jeu. La preuve en fut qu'il se jeta à nouveau sur la jeune fille, qui se protégea en mettant l'arme en bouclier. Le loup l'attrapa, et ne voulait pas le lâcher. Fanny devait lutter pour qu'il ne le lui arrache pas des mains.

Et maintenant que monsieur le dormeur avait pu se rendre compte de la situation, il pourrait peut être l'achever, parce que ce n'était pas avec son arme de fortune qu'elle réussirait à faire grand chose, surtout immobilisé comme ça. Sans compte que d'autres bêtes arrivaient « en renfort » de leur copain...

Elle râla plus ou moins sous l'effort en direction de son camarade :

- Rochel, si t'as quelque chose en réserve, c'est maintenant ou jamais... C'est pas que mon pied de chaise va pas tenir 15 ans, mais un peu quand même...

Et en effet, sur le pied en sucre d'orge, on pouvait voir quelques craquelures se faire sous la force des mâchoires de l'animal qui le mordait si fort...

La voix de la raison hurlerait à des gens normaux de ne pas sortir, de rester à l'intérieur en se tenant prêts à se défendre en cas de besoin... mais Liam était tout sauf quelqu'un de normal et bien sage. La solution de l'attaque semblait s'être naturellement imposée dans son esprit, si bien que Rochel n'envisageait même pas l'éventualité de le convaincre de repenser son idée : c'eût été peine perdue.

L'insomniaque haussa les épaules, peu emballé par cette tactique risquée et trop peu fructueuse à son goût. D'ailleurs il ne comprenait même pas pourquoi Liam voulait affronter ces monstres. Ne pouvaient-ils pas se contenter de les éviter jusqu'à l'aube ?
Liam sortit de manière théâtrale, tel un héros aux idéaux nobles et vaillants ; cela tira un roulement d'yeux de la part de Rochel. Loin de lui l'idée de brimer l'ex-taulard mais ce n'était pas ce genre d'idéaux qui faisaient tourner le monde. Ceci dit, il apprécia l'effort de motivation des troupes, et comme il l'avait promis : si Liam sortait, il l'accompagnait.

Rochel poussa la porte du poste frontière avec flegme, sans chercher à savoir si Fanny viendrait ou non. Dans tous les cas, James avait exprimé son désir de rester avec Anna et l'insomniaque avait arbitrairement validé cette requête d'un hochement de tête avant de partir. Il fallait bien avouer que dans ce corps-là, l'adolescent ne pouvait plus grand-chose physiquement, et il suffisait que ses pouvoirs soient inutiles dans ce genre de cas pour qu'il devienne totalement impuissant face aux Dévoreurs. C'était son choix et le phobique le respectait.
- Très bien, mais restez prudents. Anna, je te confie James ; tu en prendras soin, n'est-ce pas ?

La porte se referma avant qu'il n'obtienne de réponse. La question était rhétorique et de toute façon, il plaçait déjà toute sa confiance dans les compétences de James et Anna en tant que voyageurs.
En parlant d'Anna, cette dernière semblait refuser catégoriquement de relâcher l'étreinte qu'elle exerçait sur James peluche. Fanny sortit de la bâtisse à son tour, rejoignant Liam et Rochel dans leur lutte, puis Anna profita de cette intimité pour répondre à la question de James sur un ton soujours aussi anxieux :
- Ils ont toujours su où j'étais. Depuis qu'ils sont apparus ils m'ont retrouvée même quand je me cachais, parfois.

Sans faire davantage état de ses sentiments vis-à-vis de la situation, elle obéit à son nouvel ami et se mit en tête d'ouvrir chaque tiroir qu'elle pouvait atteindre. Derrière chaque porte, ils purent trouver des choses plus ou moins inutiles à l'exception d'une édition du Dreamland Soir rangée à côté d'un bocal de bonbons que la boulimique attrapa également pour son usage personnel.
- Papa il dit que le journal ça brûle bien mais si tu veux mon avis, faire du feu au pays des bonbons c'est un peu idiot. C'est pas facile de trouver quelque chose qui ne soit pas en sucre, ici.

A l'extérieur, Rochel s'était avancé pour faire un signe de main à Liam qui ne lui répondit que par un hurlement incohérent dans l'esprit de l'insomniaque.
- Hein ?
Le temps qu'il prit pour se retourner aurait été amplement suffisant pour que la bête le morde mortellement. Au lieu de ça, Fanny s'était interposée avec un pied de chaise en sucrerie que l'animal mâchait déjà, l'abîmant un peu plus à chaque seconde. Sa dentition impressionnante fit frissonner le phobique à l'idée qu'il aurait pu, lui aussi, finir en casse-croûte.

Il s'efforça néanmoins à mettre sa peur de côté pour secourir Fanny. Armant sa jambe en prenant recul, il élança son pied pour heurter l'animal dans les côtes. Il ne voulut même pas savoir s'il avait brisé ses os ou s'il l'avait tué ; il ne supportait pas ce genre de violence... mais elle était ici nécessaire.
Son coup de pied toucha sa cible de plein fouet et envoya le chien rouler sur le côté, lequel lâcha un cri de douleur avant de décamper dans l'obscurité de la nuit. Le regard de l'insomniaque se reporta alors vers Fanny dont l'arme semblait sur le point de tomber en miettes à chaque seconde.
- Je... suppose que je dois te remercier.. Sans toi, je serais probablement mort. Alors merci. Il agrémenta ses paroles d'un sourire qu'il força pour le rendre perceptible. Son âme était à mille lieues de ce genre de sentiment positif, rendant l'expression difficile, mais il voulait au moins témoigner sa gratitude à celle qui venait de lui sauver la vie.

Se tournant vers Liam et Alister, il désigna l'un des cadavres de loup d'un mouvement de tête.
- Qu'est-ce que vous comptez en faire, maintenant ? On le livre au maire en guise de preuve ? Personnellement je ne sais pas si ça le convaincra de laisser Anna tranq-.... Attendez... Il tendit l'oreille, enjoignant ses collègues à faire de même. Les grognements semblaient s'éloigner d'eux, c'était la bonne nouvelle. Mais il y en avait également une mauvaise qui découlait de la première :
- On dirait qu'ils se dirigent vers la ville, non ?
Le hurlement strident d'un candylandien résonna au loin, confirmant l'hypothèse de Rochel.
- J'ignore dans combien de temps va se lever le soleil mais je ne peux pas laisser ces gens se faire massacrer ! Allez chercher la pépite si vous y tenez, moi je vais voir ce que je peux faire là-bas.

Liam avait beau avoir raison en disant qu'on ne pouvait rien pour ceux qui étaient morts. Mais en l'occurrence, on pouvait encore sauver ceux qui ne l'étaient pas ; la pépite avait aux yeux de Rochel bien moins de valeur qu'une vie humaine, si tant est que l'on puisse parler d'humains pour qualifier les habitants de Dreamland. Il courait à une vitesse modérée pour ne pas arriver essoufflé mais dévalait quand même la pente de la formation rocheuse qui entourait la ville pour faire au plus vite. Peut-être serait-il seul à protéger les candylandiens – après tout, il n'avait demandé à personne de le suivre et ne les aurait pas obligés à le faire – mais cette éventualité ne semblait pas réellement importante au moment où Rochel en prit conscience.

Sur la route, il croisa le panneau « Bienvenue à Candyland ! » qu'ils avaient passé en arrivant. Ce dernier gisait au sol, amputé d'un de ses deux pieds. Le tout pour le tout : Rochel agrippa le second pied et le brisa d'un coup de talon bien placé. Désormais armé d'une canne de sucre d'orge d'un diamètre assez respectable, il pouvait théoriquement faire face à quelques assaillants le temps de trouver une meilleure tactique à plus long terme.

Si Rochel avait autant de réflexes qu'une fougère, Fanny était la pour compenser... et heureusement. Liam s'était déjà détourné du duo pour s'occuper de ses propres soucis qui se résumait pour l'heure à un dévoreur particulièrement agressif l'ayant pris pour cible. S'il ne lui avait arraché qu'un pan de chemise au premier assaut, Liam chuta au second sous le poids de la bête qui avait profité de la diversion offerte par l'agression du phobique. Le souffle de la bête exhalait un mélange d'odeurs sucrées et de putréfaction, comme si quelqu'un s'était amusé à ajouter des morceaux de cadavre à une fournée de cupcakes. De quoi vous retourner l'estomac à la première bouffée inhalée. Le tueur tenait le dévoreur à distance de sa gorge assez longtemps pour qu'Allister vienne lui prêter main forte. Un ou deux coups de fouet aqueux suffirent à lui offrir l'opportunité de se saisir de son couteau papillon pour le planter dans la gorge du monstre. Un flot de sang épais s'écoula le long de son bras, imbibant sa chemise du liquide poisseux, alors que la créature mourante s'ébranlait de spasmes avant de s'écrouler sur le flanc.

Liam dû s'acharner un moment pour libérer son arme, et plus encore pour s'extirper de sous sa victime. Il devait avoir une allure encore plus inquiétante qu'à l'accoutumée mais c'était le cadet de ses soucis. Avec un soin maniaque il essuya la lame sanglante sur son pantalon et la rangea dans sa poche avant d'observer la conclusion du combat entre Blanche-neige, Peggy la cochonne et le grand méchant loup. Ils avaient eu droit à un happy end visiblement et à la grande surprise de l'ex-taulard : Rochel en redemandait. Voilà qu'il se proclamait défenseur de la veuve et de l'orphelin en pâte d'amande, prêt à braver des hordes de prédateur pour le plaisir de suivre sa morale. C'était aussi comique qu'admirable, le violeur l'aurait même applaudit si la prudence ne l'en avait pas empêché. Ce n'était vraiment pas le moment d'appeler ces chiens-chiens aux pieds.

- Pourquoi pas ? Vu toute la merde que je trimbale je ne suis pas à un loup près.

Il posa son sac au sol et fit signe à Allister d'y faire entrer le plus petit des cadavres. Que l'esclave se démène, il avait à parler -et à recharger son arme accessoirement, ce qu'il fit aussitôt. C'était bien beau ces histoires de sauvetage, mais il y avait un fossé entre se battre à l'aveuglette pour sauver son cul et le faire pour sauver celui des autres. En ville, il y aurait plus de loups, plus de dangers, plus de chances de crever. Cela dit, c'était vrai qu'il y avait une probabilité non négligeable de voir leur paye gonfler s'ils avaient la « gentillesse » de venir à l'aide des clampins cachés derrière leurs murs en pain d'épices. Si c'était le côté chevalier blanc de Rochel qui le motivait, pour Liam c'était sa bourse. Deux raisonnements drastiquement différents menant à une même conclusion... c'était tellement fascinant !

Mais son camarade était trop pressé pour attendre sa réponse. Il avait déjà filé sans demander son reste, courant vers la ville comme s'il avait le diable aux trousses. Liam lâcha un rire moqueur avant de tourner la tête vers All' qui avait fini sa tâche non sans difficultés. Mais il n'en avait pas encore fini avec lui... tout comme Carl, il dut à son  tour sacrifier ses pouvoirs avant d'être ligoté puis fourré dans le sac. Ce machin était une vraie petite merveille ! S'il l'avait eu dans le monde réel il ne se serait pas fait serré pour le kidnapping de ces deux petits cons... Il en était à peu près à ce stade de pensées quand il déboîta violemment l'épaule d'Allister pour qu'il puisse passer l'ouverture du sac, le fourrant dans son paquetage comme s'il s'était agit d'un vulgaire sac de couchage. Une fois sa tâche finie, il se tourna vers Fanny avec un sourire de prédateur.

- Tu es prête ma belle ? On en encore du pain sur la planche.

Sans attendre de réelle réponse, il chargea son sac sur son dos comme s'il n'avait contenu que des plumes et se mit à courir à la suite de Rochel. Il avait pris pas mal de retard et le phobique n'était plus en vue. Tout ce qui restait pour le guider c'était les hurlements des loups et les cris de douleur et de peur des candylandiens. Il aurait mis sa main à couper que Blanche-neige avait pris cette direction, Excalibur à la main. C'est donc sans aucune hésitation qu'il se dirigea à l'oreille vers ce qu'il appelait mentalement « le cœur du merdier ».

La ville était à feu et à sang... enfin... à caramel plutôt. Une meute d'une vingtaine de dévoreurs avait pris d'assaut la ville, grignotant allègrement trottoirs, maisons et habitants. La scène éclairée par la pâle clarté lunaire était apocalyptique, mais parmi toutes ces personnes terrifiées il en restait une qui se battait tant bien que mal à l'aide d'une énorme canne à sucre. Rochel tentait de fracasser le crâne d'un monstre qui avait pris pour cible un petit ourson en guimauve.

C'était assez étrange pour le tueur de jouer le rôle de la cavalerie mais... il pouvait bien s'y faire pour cette fois. Arrivant dans le dos de la créature, il n'eut pas grand mal à l'égorger d'un geste expert avant d'adresser à Rochel un large sourire amusé.

- De rien, c'était un plaisir !

Il se tourna pour examiner les environs. Les bêtes étaient nombreuses et les plus proches avaient déjà remarqué le meurtre de leur congénère. Combien de temps avant qu'ils ne leur sautent à la gorge ? Le temps de trouver une bonne idée pour se sortir de ce guêpier, il fallait l'espérer.

- Tu as un plan ou on continue à improviser ? J'ai pas trop l'habitude de chasser le loup en meute, pour te parler franchement, mais ça me gène pas de continuer à l'instinct... tant qu'il me reste des balles.

Avec un journal ils allaient pas aller bien loin. C'était si énervant de ne pas pouvoir être utile et si il arrivait quelque chose à ses compagnons il s'en voudrait énormément. Quelque chose d'autre aussi le tracassait. Anna affirmait que ces bêtes arrivaient toujours à la retrouver. Pourquoi elle ? De quelle manière ? C'était vraiment bizarre. Peut être qu'ils avaient un grand chef, et que la petite sans le vouloir l'avait mit en colère.

- Tu crois qu'ils ont un maître et qu'il te cherche pour x raison ?

Proposa t-il, bien que cela lui paraissait vraiment trop gros. Mais bon à Dreamland on pouvait s'attendre à tout. En tout les cas tout ça ne faisait pas avancer le schmilblick.

Et puis d'un coup tout était devenue silencieux dehors, il n'y avait plus aucun bruit de combat. James demanda à Anna de s'approcher d'une fenêtre pour voir discrètement ce qui se passait. Il n'avait plus personne, à part des cadavres de grands loups.
L'adolescent retrouva soudainement sa forme humaine, se retrouvant dans une étreinte au niveau de ses hanches.

- Ah bah c'est pas trop tôt

C'était tout de même pas très drôle d'être réduit à l'état de poupée, sur les autres c'était beaucoup moins dérangeant. Il sortie du bâtiment mais aucune trace des autres. Un cri digne d'un film d'horreur le fit sursauter. Il venait de loin. Et il ne pouvait venir que d'un Candylandien ce qui amenait à penser que les bêtes avaient renoncés aux voyageurs pour s'attaquer à plus faibles.
Maintenant que James avait retrouvé ses pleins pouvoirs pas question de rester les bras croisés.
Il se tourna vers Anna et Tofee.

- Allons en ville aider les habitants, ce qui permettra en plus des autres prisonniers, de montrer qu'elle est innocente

Argumenta t-il. Bien évidemment il faudra garder un oeil sur elle pour pas qu'elle se fasse dévorer.
Il leur fallu plus de temps que les autres pour rejoindre la ville, comme Anna avait des plus petites jambes que les deux hommes.

C'était une véritable guerre qui s'était déroulé à Candyland. La vision et l'odeur lui donnait envie de vomir, mais il avait pas mangé depuis un bail et à vrai dire il aurait sans doute plus faim pendant longtemps. C'est en fouillant dans ses poches que James se rendit compte qu'il n'avait pas d'armes pour se défendre, hormis un coupe papier mais il fallait vraiment aller à l'attaque frontal.
Finalement c'était bien beau de jouer au super héros, jusqu'à ce qu'on se rende compte qu'on était qu'un simple adolescent. Le stress monta laissant Jules prendre le contrôle.

- Occupe toi de la mioche

Ordonna t-il à Toffee avant de rejoindre les autres voyageurs qui étaient bien entourés. Et bien dans quel merdier ils s'étaient encore mis ceux là, à vouloir sauver la veuve et l'orphelin. Jules imagina une grosse enclume dans sa tête au dessus des loups qui étaient proches du trio. L'objet apparut de nulle part et vint s'écraser sur les bêtes, en éliminant deux ou trois. Bien évidemment cette magnifique scène attira l'attention sur lui, parce qu'il était pas non plus caché derrière une poubelle.
Le voyageur arracha un volet qui avait déjà été bien entamé en guise d'arme. Il devait se rapprocher de Rochel ou de Liam. L'une des bêtes se jeta la gueule ouverte sur lui, et il le frappa avec le volet en chocolat comme si il s'agissait d'une batte de base-ball. Envoyé au tapis, l'animal était beaucoup sonné ou inconscient peu importe, il avait juste besoin de s'ouvrir une voie.

Après avoir échappé de justesse à se faire bouffer le bras, c'est que ça avait une sacrée mâchoire ces bêtes là, Jules arriva enfin auprès des deux autres hommes, Fanny était intouchable, et prit celui le plus proche pour faire un câlin.

- Serre moi dans tes bras

Au vue de la situation cela pouvait paraître étrange une demande pareille mais ça manquait un peu de bête dans son équipe. Jules se transforma en pedo bear et ne perdit pas une seconde de plus pour aller aiguiser ses griffes sur ces loups mutés.

Finalement, Rochel n'était pas quelqu'un de méchant. Il n'avait pas hésité du tout à rendre la pareille à la jeune fille en envoyant un coup de pied magnifique dans la créature, cette dernière ne demandant pas ses restes et fuyant en criant de douleur. Fanny eut même le droit à des remerciements à quoi elle répondit :

- De rien, mais je peux te retourner le merci là, donc t'inquiète, on est quitte.

En attendant, elle était contente de relâcher la pression sur ses bras. Ils étaient loin d'être soignés et l'effort fait pour résister à la force du loup lui rendait les membres lourds et encore quelque peu lancinants d'une douleur légère. Si la bataille continuait, il lui faudrait faire attention à ne pas trop forcer sans quoi elle pourrait bien se retrouver sans défense. Mais à en croire les événements, les loups les quittaient pour se diriger droit vers la ville. Souffler s'avérerait ainsi possible...

Rochel, par contre, ne semblait pas avoir l'intention de souffler une seule seconde, et filait déjà en ville pour continuer le combat, si l'on pouvait nommer cela comme ça. Fanny n'aurait jamais pariée qu'un gros dormeur comme lui se révélerait aussi actif en telle situation, et en resta littéralement bouche bée.

N'ayant pas l'intention de suivre immédiatement le mouvement, préférant la compagnie de Liam, elle le regarda s'occuper du corps mort d'un des loups, puis de celui de son esclave. Décidément, il était vraiment plein de ressources, et son sac était véritablement pratique. Plus tard, elle ne dirait pas non si elle avait la possibilité d'en avoir un, bien que pour le moment, vu ses maigres possessions, quasi-inexistantes, le besoin ne s'en faisait pas ressentir.

La pause prit fin quand son compagnon se décida lui aussi à suivre Rochel en ville, l'invitant à en faire de même avec un sourire à faire froid dans le dos au moindre lapin qui passerait dans le coin. Il aurait été idiot de sa part de rester seule ici, des loups traînant peut être encore dans le coin. Il n'y eut donc même pas besoin de réfléchir à sa réponse qu'elle accompagnait déjà le mouvement.

L'arrivée en ville lui fit lâcher un « Wahou » tant le carnage s'avérait digne d'un film catastrophe. On assistait là à un véritable assaut final, et non pas les pseudos-escarmouches des nuits précédentes. Le seul hic de la scène ? Les créatures étaient réelles, et ce n'était pas un film. Se faire attraper et égorger signifiait la fin, pas de « continue » et de timer débutant à 10. Regardant son pied de chaise, elle eut un petit rire presque nerveux. Il faudrait se débrouiller avec ça, de gré ou de force.

Elle fut presque jalouse, quand ils rejoignirent le phobique, du couteau de Liam et de la superbe coupe en pleine gorge d'une créature qu'il avait exécuté. Elle osa poser une question durant l'action, alors même que de multiples adversaires s'approchaient, énervés de la mort de certains des leurs :

- Vous avez pas une arme pour moi ? Mieux que mon pied de chaise hein ?

La question resta en suspend avec l'arrivée de leur quatrième comparse, et la chute d'une énorme enclume vraisemblablement provoquée par le nouvel arrivant. Oh que Fanny aurait donné beaucoup pour avoir un pouvoir ou une arme un minimum utile quand elle voyait comme les autres se débrouillaient... Elle hallucina encore plus quand, après avoir fait un câlin à l'un des hommes de l'équipe, il se transforma en ours – ou plutôt pedobear à bien y regarder – avec de sacrées griffes. À croire qu'elle ne servait à rien du tout.

Quoi qu'il en soit, vu le nombre d'adversaires, il n'était pas certain que cela suffise. Il y aurait vraiment besoin d'autres renforts. Son vœu fut en partie exaucé par l'activation de son pouvoir d'Halloween, provoquant en face d'elle, et la faisant sursauter, l'apparition d'un homme de bien une tête de plus qu'elle et déguisé en Joker de Batman. Et le même sourire effrayant collait à son visage sans qu'il y ait même besoin du maquillage.

Il prononça d'un voix doucereuse, dangereuse à n'en point douter :
- Auriez vous besoin de moi jolie demoiselle ?

Elle n'eut pas besoin de prononcer quoi que ce soit. Rien qu'en promenant son regard sur la scène, il avait comprit, et continua :
- Je vois. Pas de soucis.

Et à voir le sourire qui s'était encore agrandie et le regard meurtrier de l'homme, Fanny ne chercha pas à le contrarier. Elle savait qu'il les aiderait et surtout, qu'il aimerait tuer les bêtes qui assaillaient le groupe. Le regardant faire, elle put le voir s'approcher du premier adversaire qui se jeta à sa gorge. En un geste éclair qu'elle n'eut pas le temps de distinguer, le loup s'était écroulé à ses côtés, complètement éventré.

Ne voulant pas le laisser faire tout le travail, ce qui était de toute manière impossible, elle se lança elle-même sur une bête isolée qui s'était stoppée pour regarder d'un regard craintif le papa de Melvin, et lui fracassa la tête d'un coup du pied de chaise. Manifestement, son arme tenait encore bon, et ce n'était pas une mauvaise chose.

D'autres bêtes arrivant, elle n'eut pas vraiment le temps de savoir ce que feraient ses compagnons, se contentant de rester proche de son nouvel « allié » et de couvrir comme elle pouvait ses arrières. À voir comment la situation tournerait.

Le membre 'Fanny Melycena' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Halloween' :

A chaque pas, le corps endolori de Rochel lui rappelait qu'il manquait de sommeil : crampes, points de côtés, étoiles devant les yeux... L'insomniaque ne s'arrêta pas pour autant. Il sentait le devoir l'appeler : il devait aider les candylandiens, même s'il devait tomber de sommeil à nouveau à la fin des combats. Cette idée ne le réjouissait pas du tout mais il savait également qu'il ne se serait jamais pardonné d'avoir refusé de sauver ces gens d'une mort certaine sous prétexte qu'il était fatigué.

Arrivé dans les rues, le chaos et l'anarchie déchiraient en lambeaux les derniers semblants de société : les loups dévoraient habitations et candylandiens sans discernement tandis que les habitants, effrayés et désespérés, n'hésitaient pas à user des poings pour entrer de force chez ceux dont les habitations n'avaient pas encore cédé, pour chasser les occupants des voitures afin de se les approprier ou encore pour se disputer une arme ou un objet de défense...

Confondu par tant de désordre, le jeune homme eut du mal à se focaliser sur sa mission : par où devait-il aller, que devait-il faire pour aider tous ces gens, par quoi commencer ?
Une meute de loup l'aida à se décider alors que celle-ci pourchassait une personne. Agrippant son poteau en sucre d'orge, il asséna un coup violent dans le torse d'un loup ; la coupure nette de la canne sucrée en faisant une lance acérée, celle-ci transperça la chair. L'animal tomba à terre, gémissant et glapissant de douleur ; il se contorsionna quelques instants avant de trépasser dans un dernier soupir.

Le phobique osait à peine regarder le cadavre, dégoûté par ses propres actions. La vue de tout ce sang et la simple idée qu'IL était responsable de cela le rendait malade.
Pour peu, il aurait vomi... Si seulement il avait quelque chose d'autre à renvoyer que de la bile et si le reste de la meute ne s'était pas retournée vers lui, menaçante.
Tous crocs dehors, les dévoreurs semblaient prêts à lui bondir dessus. Il les attendit et lorsque le premier d'entre eux fit un pas dans sa direction, il s'élança à son tour, hurlant, et cogna le monstre sur le haut du crâne.
Le choc parcourut l'arme de fortune et remonta jusque dans les bras de Rochel, lui arrachant un cri de douleur lorsque la plaie à son bras droit se rouvrit. Il en avait visiblement trop fait...

En un éclair, il se retourna et tomba nez à nez avec Liam. Le phobique des rêves devait avoir senti sa présence instinctivement mais mit quelques secondes à comprendre que le taulard venait de lui sauver la peau en égorgeant un loup qui avait sans doute tenté de le prendre à revers.
- Liam, vous êtes venu, en fin de compte ! Je... Non, à vrai-dire je comptais continuer à improviser. Le seul plan que j'ai, c'est « essayer de ne pas mourir ».
C'était moins un plan qu'un objectif mais c'était la seule chose qui lui permettait de légitimer ses actions irréfléchies : il voulait aider le peuple de Candyland mais encore une fois, il n'avait vu sa personne que comme un moyen, un outil dans l'équation pour parvenir à une issue quelconque.

- Les habitants paniquent, il faut qu'on se débarrasse des dévoreurs. C'est ce soir ou jamais !
Entre temps, Fanny et un autre voyageur étaient arrivés. La jeune femme demanda une arme mais l'insomniaque, incapable de répondre à sa requête, brandit son bâton avec un air désolé. Il n'avait rien d'autre et il doutait que l'efficacité de son arme de fortune soit plus grande que celle du pied de table de la dermatophile.

L'autre voyageur, sombre et d'apparence assez violent, intima qu'on l'enlace ; Rochel ne parvint pas à comprendre le but de la manœuvre, malheureusement...
- Excusez-moi..? Est-ce qu'on se connaît ? Désolé mais on n'a pas vraiment le temps pour un câlin, là...
Il lança un regard insistant à Liam, espérant que celui-ci se joigne à lui pour appuyer son avis. Ce nouveau voyageur arrivait vraiment au mauvais endroit au mauvais moment..

Pourtant, l'hypersexuel n'en fit rien et accepta de câliner le jeune homme qui se transforma immédiatement en ours à l'apparence inquiétante du point de vue de Rochel. La bête se rua sur les loups et commença à les mutiler de ses griffes puissantes. Le sang jaillissait de part et d'autre de la rue dans un spectacle macabre d'une violence inouïe.

- Euh... bon, j'ai pas tout compris mais bref.. J'ai pas vraiment de plan à vous proposer, désolé. Il faut seulement qu'on tue autant de dévoreurs que possible et, si possible, qu'on parvienne à calmer les gens.
Pour la première étape, cela ne semblait pas très compliqué étant donné que les loups, attirés par les hurlements et aboiement de leurs congénères, se rassemblaient autour des voyageurs afin de prêter main forte à leurs camarades canins déjà au combat. La meute se regroupait et il fallait agir si l'on ne voulait pas se faire submerger par leur nombre croissant.

Rochel débrancha à nouveau son cerveau et s'efforça de tuer les loups qui s'aventuraient un peu trop près de lui à son goût. Bien que donner la mort ne lui plaise nullement, il tentait de garder à l'esprit qu'il le faisait pour le bien commun et que c'était là un moindre mal de tuer une meute que de sacrifier toute une ville.

- Fanny, restez près de nous tant que vous n'aurez pas trouvé une meilleure arme ! Je.. Essayons de nous couvrir les uns les autres !
A l'aide de son bâton, il plantait, frappait et tranchait. Petit à petit, la sucrerie fondait à cause du sang poisseux et chaud qui s'accumulait sur elle, émoussant la pointe et fragilisant l'arme toute entière. Un nouveau loup tomba sous les coups de l'insomniaque dont l'épaule saignait toujours et cet ultime choc acheva de briser la lance de fortune. Le point positif, c'était que Rochel disposait désormais d'une lame toute neuve et bien aiguisée... Le point négatif : cette lame avait à présent la taille d'un poignard ou d'une petite épée, ce qui l'exposait beaucoup plus aux griffes et crocs des bêtes du fait qu'il devait s'en rapprocher davantage pour les attaquer.

Il préféra prendre un peu de recul pour chercher des yeux une arme plus appropriée mais la meute ne lui laissait à chaque fois que quelques secondes pendant lesquelles il ne trouvait rien à sa convenance, pour le moment.
- Mais c'est pas vrai... Couché, sale bête !!
Il fut tenté d'utiliser son pouvoir pour endormir ses assaillants mais craignait que l'effet ne cause plus de tort à son propre groupe, aussi abandonna-t-il l'idée.

Essayer de ne pas mourir ? Liam était plutôt doué pour ça, la preuve : il était encore là et pourtant sa vie avait été loin d'être un long fleuve tranquille. Il avait survécu à son père alcoolique, aux petits truands de banlieue, aux flics et à ses codétenus. Ce n'était pas une bande de loups bourrés aux hormones qui auraient sa peau. L'improvisation ce n'était pas si mal, son instinct se débrouillait souvent bien mieux que son cerveau dans ce genre de cas... tout simplement parce qu'il ne leur offrait pas le temps nécessaire à la réflexion.

- Habitants à sauver ou pas, si on ne les tue pas ils auront notre peau. C'est une motivation suffisante pour donner de ma personne, Blanche-Neige.

S'ils pouvaient sauver quelques habitants ce ne serait que du bonus. Tout comme la demande de Fanny, tiens. Une blague comme ça, on en entendait pas tous les jours ! Liam eut un mal fou à se retenir de rire à cette demande de charité. Comment cette fille pouvait être aussi naïve ? Elle pensait vraiment que des gens seraient assez dingues pour lui filer leur matos payé avec de l'argent durement gagné, juste pour ses beaux yeux ? Dreamland allait rapidement se charger de la redescendre sur terre...

Le tueur s'apprêtait à l'envoyer paître, doigt d'honneur dans du papier doré, mais une idée soudaine scella ses lèvres l'espace d'une demi seconde. Il était hors de question de lui filer son couteau, son magnum ou son fouet d'obéissance mais... oui, il pouvait bien lui donner ça. Un sourire malsain flottant sur ses lèvres, il lança à la jeune femme son martinet à 5 lanières qu'il avait ramassé avant de quitter le poste-frontière. C'était loin d'être un arme meurtrière mais on ne pourrait pas lui reprocher d'être radin. Et puis émoustiller un peu plus cette Marie-couche-toi-là par l'utilisation de son pouvoir était tellement tentant !

- Je peux pas te céder plus que ça, à prendre ou à laisser !

Il esquiva un loup qui bondissait sur lui, profitant de la danse pour ouvrir le ventre de la bête du coup jusqu'à l'aine. Alors que le dévoreur tombait au sol, déversant ses tripes sur le sol de chocolat, Liam essuya la lame sur son jean avec un naturel déconcertant, comme s'il avait déjà reproduit cette acte un nombre incalculable de fois. Mais le malaise n'avait pas le temps de s'installer entre les voyageurs. Il y avait trop de cris, trop de loups... et la demande incongru de Jules acheva de masquer l'expérience dérangeante de Liam dans le domaine du meurtre.

Un... câlin ? L'ex-taulard n'était pas fan de ceux plein de tendresse où l'on gardait nos vêtements, et l'autre type n'était pas praticable pour l'instant. N'importe qui de normalement constitué aurait d'ailleurs envoyé chier l'adolescent mais cette facette du gosse était bien plus maligne que l'autre. Il ne devait pas demander ça pour rien et... bon ok, avouons-le, le violeur n'était pas contre l'idée d'un collé-serré. Il aurait fallu être fou pour refuser une occasion de tâter de la fesse, même brièvement. L'hypersexuel enlaça donc Jules, profitant de la proximité pour en découvrir plus sur l'anatomie de son « collègue » temporaire mais ne put hélas poursuivre bien longtemps. Une gifle ? Des insultes ? Non, juste une transformation en parodie réaliste de Pedobear. Si Liam n'était pas difficile, il n'était pas zoophile pour autant. Il relâcha l'étreinte avec une grimace et regarda l'homme-ours partir en guerre pour déterminer qui régnerait sur le monde animal. C'était... frustrant.

Ce n'était pas l'homme qui venait d’apparaître qui allait solutionner sa misère sexuelle, d'ailleurs. Grimé en Joker, il avait l'expression d'un bon gros sociopathe des familles. Liam connaissait assez de mec comme lui pour les reconnaître à vue. La vraie question à présent était : ami ou ennemi ? Vu l'échange qu'il tint avec Fanny ils n'avaient pas trop de soucis à se faire mais... il faudrait garder un œil sur lui, juste au cas où. Sur lui et sur la dizaine de loups qui tentait de les encercler, doucement mais sûrement.

Agir. Vite. Sans réfléchir, Liam mit un genou à terre pour se saisir de la chaîne de son bouletmania qui s'allongea alors qu'il se redressait. Pas le temps de leur tirer dessus, encore moins de se les faire à la lame. Le temps d'en abattre un il en aurait trois sur le dos. Alors que s'il pouvait tous les avoir d'un coup...

- A mon signal, vous vous baissez. Si vous ne le faites pas, je serai pas tenu pour responsable.

Il agrémenta sa remarque d'un clin d’œil. Il n'y avait plus qu'à espérer pour eux que le souvenir du combat au poste-frontière était encore assez vivace. Le tueur commença à faire tournoyer la chaîne de plus en plus vite, puis lorsque l'un des loups se ramassa sur ses pattes pour bondir,  il cria « à terre ! », allongea la chaîne, fit grandir le boulet et augmenta son poids tout en effectuant une rotation sur lui même. L'énorme masse de fonte envoya voler la dizaine de dévoreurs qui les encerclait dans un concert de craquement d'os et de jappements. Entraîné par le poids, le violeur chuta au sol et fut traîné sur deux bons mètres avant d'avoir la présence d'esprit d'alléger son arme.

Ses avant-bras étaient salement égratignés, mais ce n'était qu'un maigre coût, comparativement au résultat obtenu. Il se remit debout tant bien que mal, jetant un œil aux alentours pour constater les dégâts dans un camp comme dans l'autre. Bon... ils ne s'en tiraient pas si mal que ça.

- Vous voyez, vous commencez à prendre le pli !

Liam n'eut pas le loisir de tâter longtemps Jules, et encore heureux. Ce dernier avait d'autres chats à fouetter, et en occurrences des loups garous, que de faire câlin-câlin. Pouvoir se transformer en ours c'était cool mais la manière d'y arriver l'était moins. Il était pas très fan de ce genre de chose, sauf si ça venait de James. Et encore, il lui était déjà arriver d'envoyer bouler son créateur.

Enfin bref, Jules le pédobear s'éclatait comme un fou à essayer ses jolies griffes. Oh ses adversaires ne l'épargnait pas non, il ne savait pas vraiment si le sang sur son pelage était le sien ou celui des ennemis. Sans doute les deux en même temps. Un autre homme était venue les rejoindre en joker, qui lui rappelait le gosse qui avait demandé des bonbons pour Halloween. La même tenue à vrai dire et ça sonnait trop coïncidence pour ne pas dire qu'il s'agissait d'un pouvoir.
Toute aide était la bienvenue vu le nombre qu'était les loups garous. Jules commençait à fatiguer, et eut juste le temps de se coucher au sol lorsque Liam cria se mettre à terre. L'hypersexuel se fit trainer quelques mètres, arrachant un rictus au pedobear. Allez savoir si il rigolait ou si il se disait que ça devait faire mal. Sans doute les deux.

Une dizaine de loups garous avaient été mis hors d'état de nuire mais il en restait tout de même assez pour se faire bouffer.

- Ca commence à être lourd cette petite guerre

Lança t-il en maudissant James et sa bonté. Il aurait mieux fait de laisser les autres se battre. L'un des loups garous le prit en traitre en lui sautant sur le dos, manquant de faire tomber Jules. Il en profita pour planter ses crocs dans son épaule, à la limite du cou que le pedobear avait réussit de à bouger de justesse. Ce dernier émit tout de même un grognement de douleur avant de balancer ses bras au dessus de sa tête pour planter ses griffes et dégager son adversaire.

- Enfoiré !

Autant dire que le loup garou passa un sale quart d'heure avant de finir en saucisse. Jules jeta le corps déchiquetés devant les autres. Ils parlaient peut être pas l'humain mais avec leur cerveau ils étaient peut être assez intelligents pour comprendre qu'ici on rigolait pas. Et Jules avait vraiment pas envie de rigoler, il était furax et en plus il avait un mal de chien.

Ce que ressentit Rochel en voyant que Liam acceptait son point de vue n'était pas de la fierté mais une sorte de sentiment de réconfort qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps. Cette sensation que ce qu'il faisait n'était – pour une fois – pas si stupide ou inutile. La reconnaissance de ses pairs, il ne l'avait pas eue depuis la mort d'Alice... Depuis cette date fatidique, il n'avait reçu au mieux que pitié, au pire que mépris... Jamais d'entre deux.

Cela donna à l'insomniaque le courage de continuer à se battre, quand bien même le nouveau venu venait de l'ignorer royalement, préférant se transformer en ours pour aller se défouler sur les dévoreurs. Fanny semblait se défendre de manière assez correcte mais il n'y avait aucune trace d'Anna ou de Toffee et le jeune homme espérait que les deux avaient réussi à trouver une cachette suffisamment protégée pour leur permettre de survivre à l'attaque de cette nuit. Avec un peu de chance, le gros de la meute devait être en ville, à présent.

Entre deux attaques esquivées de justesse, il héla ses camarades :
- Hé, si vous trouvez une arme ou quelque chose... Je suis preneur, moi aussi ! Ça commence à être difficile de les tenir à distance. Littéralement.
La situation aurait pu lui paraître désespérée s'il eût été  sujet à une humeur plus noire mais pour une fois, il se sentait réellement vivant.

Pourtant, l'ours lunatique avait raison : ce conflit n'avait que trop duré et s'enorgueillir de sa capacité à survivre ou à celle de décimer des chiens tueurs n'était rien d'autre qu'une vanité mal placée.
Profitant de la zizanie créée par le groupe de voyageurs, quelques villageois tendaient de fuir ou de sortir de chez eux. Remarquant leur tentative somme toute assez logique, Rochel leur intima de faire demi-tour.
- Non ! Restez chez vous, barricadez les portes et les fenêtres !
Peu l'écoutèrent et la plupart des villageois du quartier préférèrent s'enfuir en faisant fi du conseil du phobique.
- Je vous en prie, vous serez encore plus vulnérables si vous tentez de sortir... Restez à l'intérieur, on se charge des dévoreurs, implora-t-il à l'adresse des quelques candylandiens hésitants. Par chance, ils semblèrent l'écouter et coopérèrent. Soulagé, Rochel retourna auprès du groupe juste au moment où l'ex-taulard leur révéla son nouveau plan.

D'abord interdit, Rochel reconnecta rapidement son encéphale, aidé par le souvenir de sa dernière rencontre fortuite avec le bouletmania de Liam. La proximité intime qu'il avait eu avec l'objet magique le dissuadait de réitérer l'expérience, aussi, à la seconde où il entendit le signal, il se jeta à terre... et il eut bien fait.

Le boulet frôla le corps de l'insomniaque mais heurta de plein fouet les créatures canines.
Rochel ne sut par quel miracle les habitations tenaient encore debout mais il fallait remarquer que le travail avait été d'une efficacité redoutable !
La petite remarque cynique de l'aîné du groupe tira un léger sourire à l'insomniaque qui constatait que malgré son côté bourru, Liam était capable de faire montre d'une certaine complicité bienvenue pour se changer les idées.
- Oui... On dirait, admit-il en se relevant, époussetant sa chemise de son bras intact. Il regarda dans la direction de Fanny qui semblait avoir « pris le pli » également, heureusement pour elle.

Le nombre de loup avait bien diminué et le nombre réduit de survivants opta pour le repli stratégique vers l'artère centrale de la ville.
- On devrait avancer et les suivre, non..? Son regard se porta sur Jules qui s'acharnait sur un cadavre ensanglanté, peu certain de savoir quoi faire ou quoi dire.
- Euh... L'ours ? Tu nous suit ou... Est-ce que tu comprend encore ce qu'on dit, sous cette forme ?
En cas de réponse négative, il passerait pour un idiot complet mais même s'il s'agissait d'un animal, cet ours était un coéquipier et l'insomniaque refusait par principe de laisser quiconque derrière.
Mais comment savoir si cette bête enragée le comprendrait ou même l'écouterait ? Il semblait assez remonté..

Au-dessus d'eux, le ciel abandonnait le noir opaque de la nuit pour commencer à arborer les nuances de bleu qui annonçaient l'aube. Le jour se lèverait bientôt et avec elle, l'attaque prendrait fin.
- Il va bientôt faire jour, à nous de nous assurer que tout ça ne recommencera pas demain.
Le bilan était suffisamment positif pour que cela constitue un objectif viable : il ne leur restait qu'à décimer les Dévoreurs restants avant la fin de la nuit et porter l'un des corps au maire. Devant ces preuves, il ne pourrait faire autrement que reconnaître l'innocence de Mr. Toffee et Anna qui pourraient recommencer à vivre et rêver en paix, tout comme les habitants qui avaient déjà assez souffert comme ça.

Entre un coup à droite et un coup à gauche, il fallait avouer que Rochel était capable de faire preuve d'un certain humour assez drôle. Vraiment, lui demander de rester prêt de tout le monde ? Elle n'était pas conne, mais il était tellement simple de respecter une telle consigne quand on se faisait repousser – lentement mais sûrement - à cause des loups que la demande en était ridicule. Elle n'en dit rien et continua de lutter comme elle pouvait, avec son arme de fortune...

Concernant la réponse de Liam à sa demande d'arme, Fanny failli cette fois-ci exploser de rire, et dieu seul sait qu'elle l'aurait fait si la situation n'était pas aussi chaotique. Attrapant le fouet au vol, elle le renvoya immédiatement à l'envoyeur, lançant un cible « Merci, mais j'suis pas là pour les dresser, juste les tuer ! On pourra jouer avec ça plus tard s'tu veux ». Elle ne voyait dans l'arme rien de plus qu'un jouet pour une autre occasion, et certainement pas un moyen de se défendre, préférant quelque chose de plus létal.

Toutefois, le pouvoir du violeur avait fait effet, et elle mit l'excitation qui montait en elle sur le compte de la tuerie qui avait lieu. Après tout, dans le monde réel, n'avait-elle pas déjà été excitée en torturant certaines personnes pour leur découpé des morceaux de peau ? Alors la même chose, avec un peu plus de boucherie quand même, aucune raison que ça ne puisse pas lui faire le même effet. Portant une forte croyance à la chose, ce fut finalement d'elle-même plus que le pouvoir de Liam qui la fit mouiller à chaque loup dont elle fracassait le crane de son pied de chaise.

En attendant, Rochel gâchait un peu la scène. Il arrivait à trouver le temps de se préoccuper des habitants pratiquement plus que de sa propre vie. Vraiment, les gens avec le cœur autant sur la main étaient un peu écœurant. Personne ne pourrait lui en vouloir de laisser quelques habitants mourir lors d'une telle attaque, surtout que si c'était lui qui succombait, il ne sauverait personne d'autre.

Mais elle en était malade de voir que chaque morceau de vêtement abîmés par les combats ne permettait pas de voir plus de peau que cela, seulement de la chair déchirée et saignante. C'était une honte de l'amocher comme ça... Soigner correctement tout ça serait une nécessité, et si son pouvoir ne l'en empêchait pas à ce moment là, elle aiderait, pour le plaisir de les toucher et de les voir plus que pour la bonne cause.

Puis, alors que son arme venait de mourir, brisée en deux en frappant de toutes ses forces le dos d'une des créatures, la faisant hurler de douleur, elle entendit le cri de Liam. Ni besoin de se retourner pour voir, ni besoin de réfléchir à la situation, autrement dit, ni une ni deux, Fanny se laissait tomber au sol, s’aplatissant et mettant ses mains sur sa tête pour se protéger des futurs débris. Le boulet la frôla tout de même, tuant par la même occasion un adversaire qui jugeait royale l'occasion d'attaquer une cible au sol.

Relevant la tête, elle tenta de confirmer si ce qu'elle avait cru apercevoir quand elle avait relevée légèrement la tête était vrai. En effet, l'homme habillé en joker n'avait pas eu le temps d'esquiver le coup, ou n'en avait pas eu le réflexe. Allongé plus loin dans une position étrange, anormale pour un humain, les membres plus vraiment dans leurs états normaux, elle le vit disparaître comme il était arrivé. Oh que la dermatophile était contente d'avoir esquivé, sans quoi elle aurait pu finir comme lui, ou comme la multitude de cadavres de loups complètement explosés.

S'asseyant, la jeune fille put constater le repli stratégique de leurs adversaires, permettant par la même occasion de souffler. En y regardant bien, n'importe qui pouvait remarquer à quel point le gros pedobear s'éclatait à massacrer l'un des loups. Il était intéressant d'assister à cette dissection en règle, ou plutôt sans règles, et surtout reposant.

Fanny finit par se décider à rejoindre le reste du groupe, répondant à l'affirmant de Rochel par :
- Je veux bien qu'on leur court après et qu'on les massacre, mais on sait même pas d'où qu'ils viennent. Ça se trouve, il y en a plein d'autres ailleurs, et même si on les termine ici, ça servira à rien. On peut pas en suivre quelques uns jusqu'à leur repère voir si il y a pas... « pire » ?

Tout en disant cela, elle avait remarqué qu'un petit lampadaire en bâton de réglisse s'était brisé sous le coup du boulet, et elle y avait récupéré deux bons morceaux qui serviraient parfaitement de battes pour se défendre. Elle en amena un des deux à Rochel au passage :
- Tiens, ça servira peut être plus que ton espèce de poignard... et c'est plus résistant.

Elle était maintenant prête à suivre les futures actions ou directives du groupe.

Son coup d'éclat avait provoqué la fuite des derniers loups encore capables de se battre, laissant les membres du petits groupe au milieu des cadavres. Le bon côté de cette solitude soudaine c'était qu'on allait peut-être enfin arrêter de le prendre pour le fournisseur officiel en armes de Dreamland. Le mauvais, c'était qu'ils allaient devoir encore courir derrière ces saloperies s'ils voulaient toucher leur salaire dans son intégralité. Jouer à chat... Il était vraiment trop vieux pour ces conneries. Sans parler du fait qu'avoir flirté avec le sol de trop prêt lui avait salement amoché les bras, mais ce n'était pas un peu de peau en moins qui arrêterait Liam Baldwin.

Les autres avaient l'air relativement en bon état, sauf le Pedobear. Non seulement il n'était pas sorti indemne de son dernier duel mais il semblait aussi avoir perdu la raison, s'acharnant sur un dévoreur qui n'était déjà plus qu'à l'état de bouillasse de chair immonde. Lorsqu'il se leva, ce fut pour jeter ce qui restait du corps sur les derniers loups en plein débandade. Le moins qu'on puisse dire était que le message était passé...

- Les suivre ? Ouais... on n'a pas vraiment le choix.

On avait toujours le choix, en réalité. C'était juste que certains demeureraient toujours inconcevable, comme celui d'être payé une misère l'était pour l'ex-taulard.

Ils étaient tous motivés pour se battre et c'était déjà ça. D'un côté, Rochel proposait de suivre les loups pour en finir, de l'autre, Fanny était plutôt pour les pister jusqu'à leur repaire histoire de s'assurer qu'il n'y avait pas quelque chose ou quelqu'un d'encore plus dangereux derrière tout ça. Le choix le plus judicieux ? Un mélange des deux, probablement. Si les bestioles s'étaient replié vers les montagnes, il aurait appuyé aussitôt la proposition de leur poupée gonflable, mais le problème était qu'ils avaient foncé vers l'artère principale de la ville. Ils ne pouvaient pas se permettre de les laisser continuer leur joyeux festin. Il leur faudrait les repousser une fois encore en espérant que les derniers survivants auraient la présence d'esprit -ou la bêtise?- de retourner jusqu'à leur tanière.

- Ça marcherait s'ils courraient vers leur repaire ma belle, mais pour l'heure ils filent juste vers leur petit déj'. Du coup je propose un plan simple : on les suit, on massacre presque tous ceux qui restent et on fait juste en sorte que les rares survivants aient envie de rentrer à la maison pleurer dans les jupes de leur mère. Ensuite... on les suit et on avisera en fonction de la situation. Et s'ils se battent jusqu'au bout, tant pis.

Sa camionnette n'était pas loin, il fit donc monter tout le beau monde à bord, y compris Toffee et Anna qui avaient pointé leur nez hors de leur cachette une fois les dévoreurs enfuis. Sans se soucier de détails tels que le code de la route ou les limitations de vitesse, Liam démarra au quart de tour dans un crissement de pneus et fonça dans la direction prise par les fuyards. Le lever du soleil facilitait les choses, à contrario de la douleur qui incendiait ses avants-bras suintant de sang et de la fatigue qui commençait à plomber ses paupières. Le véhicule soulevait un nuage de poussière de cacao tandis qu'il s'acharnait alternativement sur le frein et l'accélérateur dans des dérapage contrôlés, donnant aux connaisseurs l'impression de vivre une course de Gran Turismo de l'intérieur.

Bientôt le véhicule déboucha à vive allure dans le boulevard qui coupait la ville en deux, rejoignant les rares dévoreurs restant. Ils s'étaient lancés à l'assaut de la mairie elle-même et avaient déjà avalé assez de réglisse pour se creuser une entrée royale dans la porte d'entrée. Si on comptait ceux qui étaient partis à droite à gauche pour s'attaquer à des cibles isolées, on comptait encore 18 dévoreurs. Plus que ce que Liam n'avait espéré de prime abord mais... qu'à cela ne tienne ! Pied enfoncé sur l'accélérateur, large coup de volant... et un loup vint saluer de plus près le pare-buffle dans un craquement d'os avant d'être aspiré sous les roues. Le crâne du tueur vint heurter le plafond, rappel douloureux de la nécessité de porter la ceinture de sécurité.

La mâchoire serrée, Liam décolla une main du volant pour se saisir de son magnum et le brandir par la fenêtre, collant une balle dans la tête d'un loup qui s'était tourné vers eux, prêt à bondir sur leur véhicule. Le corps retomba en arrière, achevant d'attirer l'attention vers eux. Le violeur stoppa le véhicule à distance respectable de la majorité de la meute, profitant du répit de quelques secondes qui leur était offert pour un mini-breafing.

- C'est la dernière ligne droite, tout le monde fait son maximum. Son regard insista sur Toffee, mais surtout sur Anna. On essaye d'en garder un ou deux en vie, si possible... et ne me forcez pas à vous sauver les miches.

Il ne fallait pas surestimer son côté bon samaritain, après tout. Oui, il pouvait faire des concessions s'il trouvait des gens utiles ou amusants, mais jamais il ne risquerait sa vie pour eux et il fallait espérer qu'ils aient tous intégré l'idée.

- Je vais essayer d'avoir le gros de la meute avec mon boulet, alors évitez de vous trouver dans le chemin si vous voulez pas finir à l'hosto'.

Sur cet avertissement, Liam s'extirpa de la camionnette par sa fenêtre ouverte et grimpa sur le toit. Les loups fonçaient déjà dans leur direction, ventre à terre et babines retroussées découvrant des crocs aiguisés comme des lames de rasoir. Il pouvait mourir dans la lueur orangée qui baignait l'horizon mais tout ce que pouvait ressentir Liam c'était l'excitation. Il en aurait presque bandé... ou alors c'était le cas ? Ça devait l'être, à en croire ses accessoires coquins qui s'étaient matérialisés à ses pieds, totalement inappropriés dans cette scène de combat. Sans s'en soucier, le tueur attrapa la chaîne de son bouletmania et la fit tourner comme une masse d'arme, geste qui commençait à devenir habituel. Bientôt la petite boule de fonte fusa vers l'avant, les maillons apparaissant à l'infini jusqu'au moment où le boulet se trouva au dessus des dévoreurs. Elle grandit à une vitesse vertigineuse avant d'écraser ses quelques tonnes sur ses cibles, faisant trembler le sol au point de pousser Liam à poser un genou sur la tôle du toit.

Il était exténué mais la rage le maintenait debout, comme une drogue. Seulement il voyait tellement rouge que lorsque Rochel l'interpella il lui jeta un regard noir. Sa question était tellement con que Jules avait envie de lui couper la langue. Il était quand même bon de se rappeler que c'était pas un ennemi mais un allié, et que James lui en voudrait si il faisait du mal à ses amis.
Du coup l'ours préféra l'ignorer et écouta la suite du plan, en essayant de se calmer. Il restait encore des loups à buter, du défouloir dans les rues de Candyland car il n'avait pas encore extérioriser toute sa colère. Son épaule lui faisait mal, ce con d'animal n'y avait pas été avec le dos de la cuillère.

Il doutait de réussir à se contenir. Juste un ou deux survivants ferait l'affaire pour les obliger à aller voir leur boss. Il avait hâte d'en finir avec tout ça et d'aller pioncer tranquillement dans un bon lit. Et loin de cette odeur sucré insupportable si possible.

Ils montèrent donc dans la camionnette et Jules dû se faire plus de place que les autres pour pouvoir s'installer. Il sentait que ça serait bientôt l'heure de rendre la main à James, et pas question de lui donner ses blessures.
Alors que Liam s'amusait à tirer sur un loup avec un flingue, le pédobear redevint Jules une seconde avant de reprendre son visage initial. Comme promis, James n'avait aucune blessure à part celle que Anna lui avait faite et les bleus lors de son combat avec le karatéka. La seule trace était ses mains pleines de sang des loups que Jules avaient éventrés.

Reprenant l'aventure en cours, l'adolescent ne comprenait pas ce qui se passait mais eut tôt fait de se mettre au courant en voyant les loups garous à travers le pare brise. Liam était partie grimper sur le toit et à son souvenir ce n'était pas un petit boulet que l'hypersexuel possédait. James se dépêcha de sortir du véhicule au cas où et alla se planquer derrière une poubelle. Autant être réaliste il avait pas d'armes, à part un coupe papier et vu le peu de force dans les bras qu'il avait il valait mieux éviter l'affrontement direct.

C'était ce que James pensait avant de se souvenir que Liam avait parler que tout le monde devait faire son maximum. Si l'adolescent restait dans son coin il allait sans doute passer un sale quart d'heure quand ça sera fini. Liam en écrasa pas mal à l'aide de son gros boulet qui fit même trembler le sol. Finalement il pouvait rester là où il était hein ?
Un miaulement le fit sursauter, et James reconnut le "chat" qui lui avait déjà fait une fois. Il tendit la main pour le caresser, mais l'animal décampa. Pas vers le bon chemin. Il courait vers les loups garous.

- Hé non va pas par là !!

James se redressa pour lui courir après, sortant son coupe papier de sa poche au cas où quand même. Une se grosses bêtes se dressa devant lui et James serra la prise de son arme. L'animal s'élança pour lui sauter dessus et l'adolescent ferma les yeux en brandissant la lame. Il sentit un liquide couler sur sa main et le long de son bras, un souffle chaud sur sa joue. L'adolescent ouvrit un œil, fixant celui du loup garou qui s'éteignit. James se mit à hurler d'horreur et retira le coupe papier avant de reculer en titubant. Son dos heurta quelque chose et il hurla à nouveau de peur , se retournant en pourfendant l'air pour découper ce qu'il y avait derrière lui. Le loup garou s'en sortie avec une coupure et grogna avant de faire tomber l'adolescent au sol. Ce dernier poussa un cri à la fois de surprise, de douleur et de peur.

- A...à...à L'AIDE !!!

S'époumona t-il en protégeant son visage avec ses bras. Il ne savait pas pourquoi mais il se mit à penser à Dakota, à leur première rencontre, à leur voyage ensemble. Il lui avait promis de l'attendre ici et tout ce qu'elle trouvera ça sera un cadavre ou une tombe, si on l'enterrait.

L'élan de repli des Dévoreurs ne devait pas être considéré comme une victoire mais cela signifiait au moins que les bêtes avaient pris conscience de l'adversaire qui se dressait contre elles et que leur nombre avait bien diminué.
Les monstres ne se souciaient même plus d'eux, se contentant de faire des détours plus ou moins grands pour éviter leurs meurtriers, désormais animés par la simple volonté de suivre la meute vers un coin plus tranquille, plus propice à la chasse et dans lequel on les laisserait lécher leurs plaies.

Rochel accueillit le cadeau de Fanny avec un hochement de tête et un léger sourire. Il se défaussa bien vite de son ancienne arme, devenue presque inutile tant la 'lame' en était émoussée et ridiculement courte. A la place, il se retrouvait avec une arme contondante dont le poids l'informa qu'il aurait sûrement de bonnes crampes dans le bras une fois tout ça fini... Il sentait déjà ses muscles tiraillés et endoloris par cette nuit mouvementée. Son esprit était cependant encore assez clair, malgré de légères absences intermittentes de quelques dixièmes de secondes.

Il était temps de suivre le mouvement afin de trouver la prochaine arène où se déciderait l'avenir de toute la région. Liam les invitait déjà à monter dans son véhicule dans lequel se glissa l'insomniaque à contre cœur : la conduite de l'ex-taulard n'avait déjà rien de rassurant en temps normal alors en temps de crise...
Ajoutons à cela la présence – et quelle présence ! – de l'ours enragé et l'on obtenait une boîte à sardine croisée avec un cercueil à roues. Les relents de viande séchée n'ajoutaient rien de bien après les scènes d'extrême violence dont le groupe de voyageurs venait d'être témoin.

Par chance, l'ursidé repris bientôt forme humaine ; il se retransforma en... James ?!
Rochel fronça les sourcils, entrouvrant la bouche de surprise comme s'il allait dire quelque chose. Mais son cerveau avait déjà tellement de mal à assimiler ce qu'il venait de voir que commenter ou même rebondir sur cette démonstration d'un pouvoir inconnu n'était pas de l'ordre du possible. Il opta donc pour un silence gêné, se rappelant à quel point il avait été à côté de la plaque en s'adressant à l'ours peu de temps auparavant.

Comme pour cacher ses joues empourprées par la honte ou pour meubler cette attente gênante, il fouilla à l'arrière du camion et en ressortit ce qu'il avait acheté à l'infirmerie afin de refaire ses bandages.
- Évidemment... murmura-t-il en observant son bras : la plaie s'était rouverte, ce qui était à prévoir, bien que l'insomniaque eut nourri le secret espoir qu'il n'en fût rien.
Il rinça, désinfecta et banda son bras, jugeant que les autres blessures que les loups lui avaient fait était suffisamment superficielles pour en rester là. Levant brièvement le matériel médical, il s'adressa aux passagers de la camionette :
- Tant que j'y suis, vous en voulez ?

Bien que mouvementé, le reste du trajet fut aussi court que sans encombres, seulement ralenti par quelques citoyens désemparés préférant se jeter devant le véhicule dans le but de traverser la rue plutôt que d'attendre et de se faire dévorer, ce qui, bien qu'irréfléchi, était assez compréhensible. Comment leur en vouloir ?

L'impression de débarquement qui accompagnait leur sortie de la camionnette était loin d'exalter le phobique mais lui aussi ferait son « maximum », quoi que cela signifie.
Au loin, on voyait pointer les premières lueurs de l'aube et le ciel quittait sa robe bleu sombre pour arborer des couleurs plus claires. Ce devait être un soulagement pour les habitants mais cette aube marquerait également le crépuscule du règne des loups. Les couleurs du ciel rendaient Rochel mélancolique sans qu'il sache réellement pourquoi. Autour de lui, toute cette agitation semblait étonnamment lointaine, confuse, presque ralentie.

Il secoua la tête pour se tirer de sa torpeur contemplative : ce n'était vraiment pas le moment de baisser sa garde ! Il se fraya un chemin entre les cadavres, prenant soin d'éviter la course folle du bouletmania de Liam. De toutes les stratégies possibles, le jeune homme se rendait compte peu à peu qu'il avait choisi d'aller au front, presque en éclaireur. Pourquoi, en fait... ? Aucune idée. Par masochisme, probablement.

Son égarement fut remarqué par l'un des loups qui ne tarda pas à le prendre en chasse avec plus d'ardeur que jamais : il devait se savoir au pied du mur. Rochel le repoussa d'un coup de massue et frappa son crâne une fois l'animal au sol, retenant son dégoût en entendant un « crac » sourd au moment du choc.
Alors qu'il relevait son arme, le hurlement de James le fit sursauter au point qu'il faillit lâcher son bâton. Rapidement, il le chercha des yeux mais ne vit rien.. D'où cela provenait-il ? Quelle direction ??
Il était impossible que James soit passé devant lui sans qu'il le remarque, aussi ce dernier devait être resté à l'arrière ou bien avoir pris une direction différente, auquel cas l'insomniaque ne pourrait rien pour lui. Il pria pour que Liam ou Fanny lui viennent en aide de manière plus efficace, jugeant pour sa part qu'il serait plus constructif de continuer à avancer pour trouver les derniers dévoreurs cachés ci et là.

Fanny apprécia de vouloir aider pour une tâche qu'elle n'avait pas demandé à effectuer. En effet, Liam s'était limite fichu d'elle, la traitant pratiquement comme une gamine à qui l'on disait « c'est bien » avec un grand sourire hypocrite. Ça lui apprendrait à être gentille tient. Mais au moins, le violeur était sur la même longueur d'onde concernant le programme idéal des événements, c'était toujours cela de gagné.

La suite de l'action se passa à travers la montée de la camionnette de ce dernier. Si Liam n'avait pas démontré de vrais talents de pilotes, rendant la « balade » plaisante, sa mauvaise humeur n'en aurait été que pire vu combien il était agréable d'être serré comme des sardines dans le véhicule. Ils gagnèrent au moins un peu de place quand l'ours passa en quelques instants de l'animal à James. Fanny ne chercha même pas à comprendre le comment du pourquoi de la chose, rejetant sans hésitation les faits sur le compte des « pouvoirs » dont disposaient les voyageurs.

Pendant la promenade, suivant les traces des loups, Rochel proposa des pansements. Que penser de lui ? Une fois il pouvait être vraiment gentil, et l'autre chose relativement insupportable, et cela prenait la tête de la jeune fille. Elle refusa gentillement. Certes ses bras n'étaient pas soignés, loin de là, mais tout au moins ils ne saignaient plus, et elle avait la chance de n'avoir eu que quelques griffures légères durant l'affrontement précédent.

L'arrivée sur les nouveaux lieux révéla au groupe qu'une vingtaine de dévoreurs étaient encore vivants. Elle aurait véritablement espéré devoir faire face à un groupe beaucoup plus réduit, au point de lâcher un soupir suffisamment significatif pour les autres. Et à nouveau, Liam fit démonstration de ses talents pour tuer, achevant l'un des loups avec le camion, et l'autre d'une jolie balle dans le crane. Elle garderait à l'avenir en tête que l'ennuyer pourrait être une très mauvaise idée.

Rapidement, il rejoua, ou plutôt se répéta encore, en jouant avec son boulet depuis le toit de son véhicule, Fanny ne bougeant pas de l'à-côté de la camionnette. Après tout, il fallait un minimum protéger Liam, puisque qui sait si un dévoreur n'aurait pas débarqué par derrière ?

Examinant le reste de la situation, elle constata deux autres choses, ridicules à son humble avis. Le premier, Rochel, était-il suicidaire pour foncer à longueur de temps dans le tas, à peine armé, contre des adversaires bien plus nombreux et dangereux ? Il en questionna même Liam :
- Hey... ? Rochel, il est pas un peu suicidaire ce mec ? C'est l'impression qu'il donne là. Faut vraiment qu'on passe notre temps à courir après lui pour qu'il ne lui arrive rien ? Parce que bon, à ce rythme là...

La seconde chose força Fanny à agir, James avait couru en plein milieu des loups aussi, après un drôle de... chat ? Et maintenant, il hurlait à l'aide en se faisant acculer au sol par l'un de leurs adversaires. Elle fonça, mais étant trop loin, la créature avait déjà donné un coup de croc dans le bras avec lequel le jeune homme s'était protégé le visage. Afin de le faire lâcher, elle se jeta purement et simplement, l'épaule en avant, contre elle, ce qui eut pour effet de la faire rouler à côté. Le frottement du bitume cacaoté contre ses bras pas totalement soignés ne fut pas des plus agréable, réveillant clairement les douleurs dans ceux-ci. Quand elle se releva comme elle le pouvait et envoya un grand coup de batte dans la tête de l'animal, encore étourdi, son arme lui paru déjà plus lourde à manier, et bien moins pratique.

La bête s'étant écroulé face au coup laissa couler du sang de sa large mâchoire. Fanny s'approcha de James et tenta de l'aider à se relever – avant de se rendre compte qu'à part le tirer par les vêtements pour cela, elle ne pouvait le toucher. Fichu pouvoir. Puis elle le réprimanda, vraiment en colère :
- Putain ! Toi et l'aut', Rochel, vous allez arrêter de vous foutre dans des situations de merde comme ça ? Vous tenez pas à la vie ou quoi ? C'était qu'un chat en bonbon de merde ! Il s'en serait sorti en plus à tous les coups, sans ton aide.

Sur ces mots, elle se tourna vers le reste de la meute qui d'un côté voulait s'attaquer tous ensemble à Rochel, et le l'autre encerclaient Liam, toujours sur son toit. Seulement 3 d'entre eux montraient de larges crocs en direction de Fanny et James.

- À croire qu'ils ont pas comprit la leçon pour le boulet de Liam. À l'encercler comme ça, il va juste recommencer à le balancer et tous les éclater...

Puis la damoiselle prépara son arme pour accueillir les bêtes...
- Me fait pas faux-bonds là hein ! Te casse pas, je vais pas pouvoir en gérer 4 tout seul.