Hypnose : l'Exil
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 Un voyage casse-bonbons

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James Brooks
Le Marchand de sable
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Liam Baldwin

Liam Baldwin


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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeLun 2 Nov - 20:22

La taille de la chambre, son confort, l'odeur écœurante de sucre qui flottait dans l'air, le fait de devoir la partager avec quelqu'un ou non... c'était à cet instant le cadet de ses soucis. Maintenant que la poussée d'adrénaline était retombée, Liam sentait avec une violence inouïe la fatigue lui plomber les membres aussi sûrement que le boulet qu'il traînait. Il avait trop couru, trop crié, trop réfléchi, trop frappé. Pas assez dormi, aussi. A peine eut-il pris possession de ses nouveaux quartiers que le tueur fondait sur le lit pour s'y affaler lourdement, sans se soucier le moins du monde de salir les draps. La douche et la lessive attendraient qu'il se sente opérationnel.

A peine couché, déjà parti. Ses paupières étaient tombées comme un rideau de fer, le préservant de la folie de ce monde chimérique pour lui offrir une nuit de sommeil sans rêves. Si toutes les bonnes choses avaient une fin, la sienne arriva bien trop vite au goût du tueur. Des voix, des poussées, des tiraillements... il papillonna, pris de migraine, dans un effort désespéré de comprendre ce qui se passait. Lorsqu'il eut assez émergé, il se demanda ensuite qui était l'enfoiré qui avait osé le réveiller. Quand il comprit enfin, l'état de Jonh lui tira un profond soupir d'agacement. Qu'est-ce qu'il avait bien pu faire pour en arriver là ? Incapable de se torcher soi-même, franchement...

- Jonh fous-moi la paix, c'est Liam.

La réponse qu'on lui arrachait était à peine audible, la tête de Liam enfouie dans l'oreiller en marshmallow. Il avait du mal à penser à autre chose qu'à une nuit convenable et de toute façon il n'aurait servi à rien. Jamais l'ex-taulard n'avait eu la présence d'esprit d'acheter de quoi soigner, alors quoi ? Il devait lui tenir la main ? Ce mec voulait crever, il devait être heureux de son état. Qu'il le laisse pioncer.

Pour une fois les dieux sadiques de Dreamland semblaient entendre sa prière. La voix de Rochel s’éleva bientôt pour se charger des présentations. Enfin... était-ce vraiment une bonne chose ? Son comparse risquait de balancer à son nouvel élève des saloperies sur son dos et rien ne dirait qu'il ne finisse pas lynché sans pouvoir se défendre. Bon sang, sa vie était parfois si fatigante... Basculant tant bien que mal sur son séant, l'hypersexuel passa la main sur ses joues mal rasées avant de poser le regard sur le dépressif. Le silence qui s'en suivi était lourd de sens mais il se fit un malin plaisir de mettre la légende, juste au cas où.

- Qu'est-ce que t'as encore été foutre ? Tu sais, si tu veux mourir y'a des façons plus expéditives, comme te jeter d'une falaise.


Et dire qu'ils s'étaient cassés le cul pour récupérer leurs ombres, ils avaient tué tellement de gens et la première chose que faisait son compagnon de baise quand il se retrouvait seul c'était... c'était quoi au juste ? Des coups de fouet ? Une flagellation en règle ? Ce dos en charpie lui rappelait un peu le sien, quand son père le frappait jusqu'au sang avec sa ceinture. Jonh écoperait probablement d'aussi belles cicatrices que lui, le petit chanceux.

- Je pensais t'avoir ôté un minimum l'envie de mourir, alors quoi ? Je te manquais trop ?
Ironisa Liam avec un clin d’œil aguicheur.

Bon, la suite de ces conneries pourraient attendre le lendemain, non ? Non. Rochel comme à son habitude semblait lutter désespérément contre le sommeil et Jonh... avec un dos pareil et sans morphine il aurait probablement du mal à fermer l’œil. Et lui ? Il serait forcé de les garder à l'oeil. Il s'était trompé, les dieux de Dreamland étaient toujours des enfoirés.

Liam se mit à farfouiller dans ses affaires, cherchant quelque chose pour s'occuper l'esprit et empêcher ses paupières de poursuivre leur lente mais inexorable chute. Ses doigts se refermèrent sur une sphère froide qu'il n'identifia pas de prime abord. Il extirpa l'objet du capharnaüm et ses yeux s'agrandirent sous l'effet de la mémoire qui lui revenait. Ah oui, ce truc qu'il avait fauché dans le poste frontière... un connerie pour parler aux morts. Quelle utilité, franchement ? Ce n'était pas comme s'il avait quelqu'un à consulter, autre que ses nombreuses victimes. Elles l'avaient probablement bien assez vu de leur vivant pour ne pas lui tenir de grandes conversations dans l'au-delà.

- Alors c'est quoi le plan, hum ? On entame une folle partie de monopoly en partageant nos expériences personnelles où on soigne le dos de cet inconscient avant de dormir ? Non, parce que ce n'est pas que je ne suis pas ravi de papoter mais... en fait si : ça me pète les burnes. Je suis claqué et je tuerai pour une bonne nuit de sommeil. Littéralement.


Laissant le temps à ses paroles d'imprégner l'esprit de ses compagnons de chambre, le trentenaire se retira pour aller pisser. Dans la salle de bain, le miroir lui renvoya l'image d'un homme blafard et cerné qui n'avait pas connu le rasoir depuis trop longtemps. Ce n'était pas comme ça qu'il allait pouvoir séduire autre chose qu'un macchabée. Son regard retomba sur la pierre nécromancienne qu'il avait déposé sur l'évier alors qu'une idée étrange germait sous sa tignasse hirsute.

Ella... il ne savait pas où elle était, ce qu'elle faisait, si elle était vivante ou non... il n'y avait pas de raison qu'elle soit morte, elle était trop solide pour ça. Mais s'il ne le vérifiait pas, il serait toujours hanté par cette possibilité. Il suffirait d'interroger ce caillou et tout serait réglé. Il pourrait la haïr tout son saoul de l'avoir abandonné tout en étant soulagé de la voir en vie. Rien à perdre et tout à gagner. Après tout, la colère était bien plus facile à gérer que l'angoisse, le chagrin et les remords.

Comme pour le dissuader, une vieille affreuse tout droit sortie d'un conte de fée sortir de la douche, un panier rempli de bonbons répugnants sous le bras. Elle le lui tendit, invitant Liam à se servir et ce dernier obtempéra plus par réflexe que par désir. Il était tellement claqué qu'il devait avoir une hallucination... d'ailleurs l'intruse disparue presque aussitôt, retrouvant l'abri du rideau de douche avant de s'évaporer il ne savait où. Et le bonbon ? Le violeur le glissa dans sa bouche et le regretta presque aussitôt.

- Putain ça arrache !

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Jonh Matrevis

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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeLun 2 Nov - 21:11

Si ça n'avait tenu qu'à lui, Jonh serait volontiers partie sans même annoncer qu'il était passé par là. Mais il aurait mit dix ans à atteindre la porte et qui sait si au final il ne serait même pas tombé à cause de la douleur insupportable qui lui vrillait le dos. Alors non le dépressif ne ficherait pas la paix à l'ancien taulard, surtout que c'était de SA faute si Jonh devait supporter les coups de fouet.

Et puis un autre homme s'approche d'eux. Le dépressif n'avait pas vérifié si il y avait quelqu'un d'autre dans la chambre. Visiblement c'était aussi un voyageur et il avait l'air vraiment très très fatigué. Il ne respirait pas la joie de vivre non plus et c'était assez bizarre tant de similitude.

- Ouais je le connais...On a dû voyager ensemble

Il allait pas lui dire qu'il couchait aussi avec lui de temps en temps. Surtout que Jonh avait décidé de faire une croix là dessus. Et visiblement Liam avait réussi à le remplacer sans problème. L'autre avait l'air aussi déprimé, fatigué et usé. La jalousie étreignait son coeur malgré lui. Jonh avait cependant décidé de cesser cette ridicule relation alors si Liam avait déjà trouvé quelqu'un d'autre, c'était tant mieux.

Le dit-remplaçant, lui tendait une main qui avait l'air aussi molle que son propriétaire. Cela dit Jonh n'était pas non plus dans sa meilleure poigne et lui serra vaguement la main.

- Jonh

L'endormie avait finalement décidé de se bouger et si l'espace d'une seconde Jonh avait eu le folle espoir d'entendre des mots sympas, il tomba rapidement déçue. Liam c'était Liam. Il fallait qu'il arrête d'espérer.

- Et toi alors , t'a pas vue ton état ?

Répliqua t-il froidement. Il avait même pas le droit d'être blessé par quelqu'un d'autre. Tout de suite on pensait qu'il avait essayé quelque chose. Pour une fois ce n'était même pas le cas. Jonh avait même tout fait pour survivre. Il avait menti, s'était fait passer pour un Dieu pour au final se faire fouetter comme un chien. C'était aussi en quelque sorte vexant que Liam ne reconnaisse pas ses propres blessures, lui un enfant battu.

- Tu me manquais absolument pas. Mais il se trouve que nos âmes sont liées avec ce collier qu'on a acheté, tu te souviens ? Alors quand je me suis évanouie à cause de ton pote Sydney, j'ai pas trop eu le choix d'atterrir ici

Mais Liam ne l'écoutait sans doute même pas et farfouillait dans sa hotte. Jonh soupira et posa ses fesses sur le lit dans un grognement de douleur. Il regrettait d'avoir refusé la proposition du pirate sur sa mort. Au moins il aurait pu vu Liam, aurait pu souffert du dos et il aurait eu la paix.
Jonh finit par lever les yeux vers Rochel, qui semblait sur le point de dormir debout. Visiblement, il avait pas eu encore le temps de pioncer. Si l'hypersexuel n'était pas avenant peut être que le remplaçant l'était plus, alors autant profiter de l'absence de Liam et de ses sarcasmes.

- C'est quoi cet endroit...? Et vous auriez pas de quoi soigner des vilaines plaies ? Ou allez m'en chercher...j'ai de l'argent

Jonh se pencha pour tirer sa hotte vers lui. Mauvaise idée car il devint encore plus pâle et tout se mit à tourner autour de lui. Le dépressif ferma les yeux et inspira un bon coup avant de tirer l'objet d'un coup vers lui. D'une main tremblante il attrapa le sac de Rubz, récompense de la capture des brigands et le tendit vers Rochel. Au même moment une vieille dame tendait au dépressif un bonbon. Apparue de nul part, comme le gosse de l'autre fois. Prendre ou ne pas prendre. Les costumes ridicules de Dreamland avait fait leur démonstration, et ce qui allait avec n'était pas forcément des plus marrants. Le souvenir du soleil qui l'avait brûlé en était la preuve. Mais Jonh n'était pas sur non plus que refuser ce bonbon soit une bonne idée, des fois qu'elle le transforme en crapaud.

Le dépressif prit donc la sucrerie et la mangea. Une grimaçe de dégoût déforma son visage. C'était dé-gueu-las-se.

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Rochel Willow

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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeMer 4 Nov - 17:15

Manifestement, Liam n'était absolument pas content de revoir son ami, ou alors savait-il le cacher de manière experte. En même temps, Rochel le comprenait un peu : le sommeil pouvait avoir de véritables effets néfastes comme vous rendre irritable et impatient. Lui aussi avait ce genre de crises, parfois, même si la plupart du temps sa fatigue était telle qu'il était bien au-delà d'un tel état qui réclamait une énergie considérable ; énergie qu'il n'avait que rarement.

Le visage de l'insomniaque se voila pourtant quand Liam parla de mort avec désinvolture. Ce sujet n'était décidément pas l'un de ceux que le dépressif appréciait, qu'il s'agisse d'en discuter ou simplement l'écouter.
C'est vrai que ce Jonh n'avait pas l'air très gai mais il n'était pas en position de juger un tel caractère. Ceci dit, quand bien même ce dernier était réellement suicidaire, Rochel trouva touchant la remarque sur le collier magique : ce témoignage d'amitié sincère devait être l'un des derniers liens qui permettaient à Jonh de garder le cap, un des rares signes que Liam possédait un bon fond qu'il n'exposait qu'à de rares personnes.

- Hm ? Oh, désolé.. je.. je n'étais pas vraiment les pieds sur terre. Cet endroit s'appelle CandyLand, c'est un pays essentiellement composé de bonbons, chocolats et autres confiseries, jusqu'aux habitants eux-mêmes.

Il observa Jonh tirer sa hotte pendant qu'il lui présentait sommairement le pays des confiseries. Le rictus de douleur de ce dernier lui déchira le cœur ; il alla chercher sa trousse de soins achetée plus tôt. Son contenu était maigre mais devrait suffire pour soigner au moins une personne supplémentaire.

- Je peux vous donner ça.. Je sais que ce n'est pas beaucoup mais c'est tout ce qu'il me reste. Si ça n'est pas assez, j'irai en acheter davantage. Il posa la trousse de soins aux côtés de Jonh en agrémentant ses paroles d'un sourire qui se voulait compatissant. Vous... voulez que je vous fasse les soins ?
Il commença à dérouler la bande stérile et déboucha l’antiseptique qu'il appliqua sur le dos du voyageur pendant que Liam faisait preuve de sa mauvaise humeur. Il ne s'était vraiment pas levé du bon pied.

- Tu peux retourner dormir si tu veux, je m'occupe de soigner ton ami. Quand j'aurai fini, je monterai la garde, juste pour être sûr. L'excuse qu'il avait trouvée était peu convaincante mais il n'avait rien trouvé de mieux. Et puis c'était toujours plus légitime que d'annoncer de but en blanc qu'il ferait n'importe quoi pour rester éveillé malgré son corps qui hurlait de douleur et son esprit qui s'échappait fréquemment, le laissant à moitié endormi pendant parfois quelques secondes, ralentissant le moindre de ses mouvements. Quant à ses réflexes, n'en parlons même pas.

De ce fait, l'apparition de la sorcière ne lui fit effet qu'à retardement, lorsque son cerveau réalisa que la présence de cette vieille femme était étrange sur tous les points. Il papillonna des yeux un instant afin d'essayer de comprendre l'épisode qu'il venait de manquer. L'ancienne lui fit le cadeau de lui offrir de manière explicite un bonbon. Rochel leva sur elle un regard désolé qui devait lui faire comprendre qu'offrir un bonbon à quelqu'un qui vient de passer plusieurs jours à CandyLand était somme toute assez... déconcertant, pour ne rien dire d'autre.

Cependant, il ne voulut pas peiner la vieille dame et accepta l'offrande qu'il mit en bouche immédiatement. C'était la première fois qu'il mangeait un bonbon goût citrouille mais il fallait avouer que ce n'était pas mauvais, en soi. Il avala la confiserie dont l'allure devait avoir trompé bien des gens, tout comme cette vieille dame. L'habit ne fait pas le moine, tout bon chrétien le sait bien.

Il ne vit pas le changement s'opérer ; il ne le sentit pas non plus. En fait, personne ne pouvait véritablement le voir étant donné qu'il soignait le dos de Jonh et avait le nez plongé dans les bandages. En revanche, quiconque viendrait à croiser son regard aurait devant lui un regard tellement noir et terrifiant qu'il pourrait douter que ce fût encore Rochel.

Spoiler:

- Voilà. Ça devrait tenir mais vu l'état de votre dos, il faudra en changer régulièrement les bandes, sinon ça risque de s'infecter. J'irai vous acheter des bandages supplémentaires tout à l'heure. De votre côté, il serait plus sage de vous reposer... ou aller prendre une douche. La proposition de douche n'était en effet pas innocente car l'odeur que dégageait à présent Jonh était absolument infecte. L'insomniaque s'en voulut de juger cet homme sur ses effluves corporelles – personne n'était responsable de ses propres odeurs – et espérait que ce dernier ne le prendrait pas mal... mais il fallait avouer qu'il espérait grandement que Jonh acceptât d'aller se doucher abondamment.

Retenant sa respiration, il se releva et fit quelques pas pour s'éloigner du dos nu qu'il venait pourtant de soigner sans en sentir l'odeur. Instinctivement, il porta discrètement ses mains à son nez afin de savoir si ces dernières s'étaient imprégnées de l'odeur. Il n'en savait rien, à vrai dire, tant l'odeur était entêtante et persistante.
Liam aussi avait mangé son bonbon, étonnamment. Il apparut immédiatement que le goût citrouille de Rochel était de loin le plus agréable. Quel que soit le goût du bonbon de Liam, ce dernier semblait trempé de sueur, le visage rougi et les yeux écarquillés.
- Ha ! On dirait que la sorcière t'a joué un tour, dit-il d'un air amusé. Tu veux un peu d'eau pour faire passer ça ?

Le dépressif partit remplir un verre d'eau qu'il tendit à l'ex-taulard qui semblait sur le point de cracher ses poumons.
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Liam Baldwin

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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeMer 11 Nov - 17:33

Le bon point, c'était qu'il n'avait plus du tout envie de dormir. Le mauvais ? Est-ce que vous avez déjà essayé de vous gargariser avec de la lave ? Et bien cette sensation était assez similaire avec ce que le tueur ressentait à cet instant. C'était comme si ce bonbon lui attaquait les muqueuses buccales, désintégrait sa trachée et faisait fondre ses plombages pour faire bonne mesure. Le premier réflexe de Liam fut d'ouvrir grand le robinet pour déverser un flot d'eau sucrée sur la zone sinistrée mais il ne réussit qu'à manquer de s'étouffer en buvant la tasse.  Il recula en titubant et toussa si fort qu'une gerbe de flammes jaillit de sa bouche pour aller lécher le carrelage du mur.

Du caramel, voilà ce qu'il en restait. Juste du putain de caramel. Les carreaux de sucre poli avaient fondu aussi sec pour couler jusqu'au sol dans une flaque brunâtre à l'odeur doucereuse. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'on ne lui ferait pas payer les réparations... enfin c'est ce que l'hypersexuel se serait dit si ses pensées n'avaient pas été si brouillonnes. Il se sentait débordant d'énergie, tant et si bien qu'il ne tenait pas en place et avait un mal fou à saisir ne serait-ce qu'une pensée constructive. C'était comme si un petit malin s'était amusé à lui construire un complexe TGV-central nucléaire entre les deux oreilles. Assez perturbant si vous voulez son avis.

Oubliée la pierre nécromancienne ! Elle demeura sur un coin du lavabo alors que Liam sortait de la salle de bain en envoyant claquer la porte contre le mur. Face à lui, Jonh semblait toujours ruminer. Soit il avait ses règles, soit il avait mal prit ses gentillesses dû à la fatigue. Sous une impulsion soudaine, le violeur s'élança pour lui rendre un poil de bonne humeur avec un traitement personnel -il débordait tellement d'énergie que cela aurait pu durer toute la nuit- mais une odeur abominable le stoppa dans son élan. Se pinçant l'arrête du nez, Liam sautilla quelques instants sur place en pestant :

- Tu empestes c'est une horreur ! Pire que mon père quand il était imbibé de pinard et couvert de gerbe !

Et hop, c'était sorti tout seul ! Il n'aimait pas parler de lui et encore moins étaler au grand jour ses joyeux souvenirs de famille mais il arrivait autant à choisir ses mots qu'à ne pas tourner en rond dans la chambre comme un fou furieux. Rochel se rappela à lui à cet instant, remettant la vieille sorcière sur le tapis et lui proposant de l'eau. Se souvenant de sa dernière expérience du genre, le trentenaire secoua frénétiquement la tête en guise de refus.

- Non, non, non, non, NON MERCI. C'est bon, j'ai déjà donné, j'ai eu l'impression de crever... il fait chaud ici non ? 'Chier, j'aurais bien envie de me foutre à poil... personne m'en tiendra rigueur hum ? D'ailleurs en parlant de ça je... OH PUTAIN DE MERDE !

Liam venait de croiser le regard de Rochel. Par réflexe il se saisit de la première chose à portée -un lampe de chevet en forme de chouquette... à moins que s'en soit une?-  et la jeta au visage du pauvre phobique qui n'eut pas le temps de l'esquiver. Sans même prendre le temps de constater l'effet de son « attaque », l'ex-taulard attrapa son élève par le poignet et l’entraîna vers la porte sans se soucier de ses grognements de douleur. L'odeur à cette distance était si forte qu'il en aurait vomi s'il n'avait pas eu si peur de cramer ses chaussures.

Qu'est-ce qui était arrivé à ses yeux?! Il s'en était presque chié dessus sans même comprendre pourquoi et à cet instant, son cœur battait encore la chamade dans sa poitrine comme s'il n'avait été qu'une pucelle effarouchée. Même enfant, quand les coups de ceinture lui pleuvaient dessus, jamais il n'avait autant eu peur de sa vie.

- Regarde-toi dans la glace, merde ! Ou ferme tes yeux jusqu'à ce que ça passe ! T'as mère t'as jamais appris à ne pas accepter de bonbons de la part d'inconnus, merde ?!

Le fait qu'il en ait accepté un lui-même était à l'heure actuelle loin, très loin de son esprit. En fait, il cherchait un miroir. Un truc, n'importe quoi pour montrer à Blanche-Neige ce qui n'allait pas chez lui, se venger un peu de la peur qu'il avait eu, aussi. Avec un peu de chance, il allait peut-être se pisser dessus et la tranche de rire offerte à l'occasion serait un paiement suffisant.

Après avoir abandonné Jonh près de la porte, non sans un immense soulagement olfactif, Liam retourna dans la salle de bain au grand galop, toussant au passage quelques flammèches qui faillirent embraser la moquette en barbe à baba. Il en ressortit avec le miroir mural qu'il avait arraché sans réfléchir plus d'un quart de seconde après avoir fait fondre les joints tout autour. Brandissant sa nouvelle acquisition tel un bouclier entre le chevalier improvisé qu'il était et le dragon, il gueula à l'adresse de Rochel :

- Jette un coup d'oeil princesse ! Prends tes couilles à deux mains et admire ton beau visage ! Et quand t'auras pigé, va te cacher ok ? Putain tu vas faire des crises cardiaques aux vieux du coin, à te balader comme ça !
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Jonh Matrevis

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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeDim 15 Nov - 16:32

Une ville entière composé de bonbon. Génial. Lui qui venait de quitter la vie sous marine se retrouvait entouré de sucrerie. Un petit voyage qui pouvait vous écoeurer à vie d'en manger. Heureusement, Jonh n'avait encore croisé personne fait de cette matière et il ne tenait pas à croiser un ours en guimauve. De toute manière pour l'instant il ne pouvait pas aller bien loin.
Rochel était un mec sympathique et revint avec ses propres soins. Le dépressif remit son argent dans sa hotte. Ca le dérangeait d'abuser ainsi du voyageur mais c'était ce dernier qui lui proposait donc ce n'était pas vraiment de l'abus.

- Merci

Il le gratifia d'un petit sourire mais néanmoins sincère. Il allait encore avoir besoin de l'aide de Rochel pour panser ses blessure, n'ayant pas un pouvoir qui le rendait élastique ou qui faisait pousser un bras dans le dos. Jonh n'avait donc pas d'autre choix que d'accepter la proposition de son interlocuteur. Il grimaça lorsque le désinfectant passa sur ses plaies. C'était une autre douleur que celle d'avant mais ça ne faisait pas du bien non plus. Il prenait sur lui, serrant les poings et tous ses muscles étaient tendus. Remarque ça avait un côté positif, ses pensées étaient focalisés dessus et non sur autre chose. Comme maudire Liam, Sydney, les Atlantes et pleins d'autres personnes qui le faisait chier.

Un réel soulagement abaissa les épaules tendues du dépressif lorsque les soins furent terminés. Il remercia à nouveau Rochel. Il avait pas vraiment envie de prendre une douche, après tout il venait juste de se faire soigner il allait pas tout gâcher avec de l'eau. Liam sortie enfin de la salle de bain, et il avait l'air bien excité. A vrai dire il s'élançait déjà vers Jonh, et ce dernier n'eut même pas le temps de l'envoyer balader que l'hypersexuel reculait.

- Pardon ?


Il sentait si mauvais que ça ? A la limite peut être le chien mouillé mais de là à la comparer aux odeurs de son père. Peut être que c'était vrai après tout, Rochel l'avait exprimé plus subtilement juste avant.

- Ca va je vais aller me laver

Enfin si il arrivait à passer. Rochel se moquait de Liam, faisant référence à la sorcière qui avait aussi joué un vilain tour à l'ancien taulard. Ah. Jonh puait, Liam était devenu un cracheur de feu hyperactif et Rochel ? Car il lui semblait que ce dernier avait pris un bonbon aussi. Le dépressif n'allait pas tarder à le savoir. Liam venait tout simplement de jeter une chouquette à Rochel avant d'attraper le dépressif pour le conduire devant la porte de sortie.
Manifestement pour son soigneur ça se passait au niveau des yeux.

- Il me semble que t'es mal placé pour faire ce genre de commentaire

C'était pas la faute de Rochel si il s'était fait piéger. Qui pouvais imaginer que prendre un bonbon pouvait causer des choses aussi...moche. Jonh préférait encore les costumes d'Halloween. Liam le laissa pour partir dans la salle de bain. Et le dépressif eut peur de comprendre ce qu'il allait faire là dedans. Et il avait bien raison. Il revint avec le miroir, montrant le reflet comme une arme. Jonh s'élança entre les deux hommes, cachant la glace de son corps mais avec le réflexe il croisa le regard du voyageur. Si jusqu'à présent il avait croisé que des yeux fatigués et vide, là c'était tout à fait autre chose. Son coeur avait loupé un battement face au regard meurtrier. C'était plus fort que lui. Il hurla.

Il savait que c'était qu'un pouvoir et que l'autre comptait pas l'assassiner. Mais Jonh flippait quand même grave et arracha le miroir des mains de Liam pour frapper Rochel avec avant de lâcher l'objet pour aller courir se barricader dans la salle de bain. Son corps entier tremblait et il se laissa glisser le long de la porte. Des sueurs froides le traversaient et il peinait à respirer convenablement.
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Rochel Willow

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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeSam 21 Nov - 17:24

Liam avait hurlé. Pourquoi, cela échappait encore à Rochel qui resta interdit alors que l'ex-taulard lui lança la lampe de chevet au visage. La fatigue l'empêchait de disposer des réflexes nécessaires pour esquiver ; en fait, il n'avait même pas vu l'objet arriver et heurter son crâne dans un bruit sec.
Sonné par la violence du coup, il commença à perdre l'équilibre mais la main de Liam attrapa son poignet et le tira dans l'autre sens.

L'insomniaque suivit l'hypersexuel sans vraiment pouvoir répliquer quoi que ce soit. Il y avait encore trop de choses qu'il ne s'expliquait pas et la douleur lancinante dans sa tête qui venait se caler sur les pulsations de son cœur venait alimenter sa migraine déjà bien présente.
Il sentit une goutte tiède couler sur son cuir chevelu, sa tempe et contourner l'oreille pour venir couler le long de sa joue. Du sang...

Liam hurlait des choses incompréhensibles et lointaines à un Rochel définitivement perdu dans toute cette agitation.
Il comprit cependant que cela avait à voir avec son visage, ses yeux en particulier. A partir de ce moment-là, il fit l'effort de détourner son regard afin de ne pas croiser celui de Liam ou de Jonh. Il n'osa pas non plus regarder le miroir qu'on lui tendait agressivement. Finalement, Jonh s'interposa pour le protéger ; il leva les yeux vers son sauveur par réflexe, mauvaise idée...

Leurs yeux ne se croisèrent au plus qu'un dixième de seconde mais ce fut suffisant pour que le dépressif qu'il venait de soigner s'empare du miroir et l'abatte sur la tête de Rochel. Le verre se brisa en une centaine de fragments brillants accompagnant l'insomniaque dans sa chute. Cette fois-ci, personne ne le rattrapa.
Il tomba au sol sous une pluie de débris, un second filet de sang venant couper son visage en deux, entre les yeux, à gauche du nez, jusqu'à la commissure des lèvres sur lesquelles il laissa un goût ferreux reconnaissable.

Après quelques secondes, Rochel se traîna jusqu'au mur le plus proche contre lequel il entreprit de s'asseoir, ramenant ses genoux près de lui. Il laissa tomber sa tête sur ses bras croisés, quelques gouttelettes de sang tombèrent sur le sol pour y laisser des petites tâches rondes couleur rouge sombre. Il avait envie de pleurer, de crier, lui aussi, de s'énerver, de riposter... mais il n'en avait vraiment pas la force. L'idée de s'adonner à l'une de ces émotions l'emplissait d'un vide pesant, sapant son envie de vivre.

Il ne dit rien. Il ne réagit pas non plus aux réactions extérieures, se débattant seulement lorsqu'on tentait de le faire se lever ou quitter cette position fœtale dans laquelle il pouvait au moins exister sans faire souffrir les gens autour de lui.
Ses yeux se fermèrent et il sentit le soulagement de ses paupières lourdes, de ses yeux irrités et douloureux. Il ressentit d'un coup toute la fatigue qu'il avait en lui mais refusa d'y céder. Au contraire même : il aurait préféré faire dormir les autres pour rester au calme, seul.

Comment en étaient-ils arrivé à cette situation, déjà ? Où se plaçait le point de basculement dans cette absurdité ?
Le sang continuait de couler sur ses bras, eux-mêmes ankylosés ; sa tête lui donnait envie de se l'arracher et tout le reste de son corps le suppliait de cesser cette torture ne serait-ce qu'un instant. Il était entouré de douleur et ce qui venait de se passer lui rappelait que c'était sans doute la seule chose dont il avait le droit de s'entourer, n'étant pas capable de rester près des gens sans que ces derniers ne subissent sa malédiction avec lui ou pire : à sa place.

Sans un mot, il se leva tant bien que mal et sortit de la chambre. A quoi bon rester dans ces conditions ? A quoi bon chercher à vivre normalement ? Seule la vie d’ermite lui était permise. Si l'ascèse pouvait lui donner la certitude qu'il ne causerait pas de torts aux autres, alors c'était un prix raisonnable pour quelqu'un qui ne méritait déjà plus rien de bien venant de la vie. Les leçons de Liam ne devaient être que de gentilles hypocrisies que ce dernier débitait pour se donner bonne conscience... ou bien parce que l'attitude de Rochel lui déplaisait tout simplement.

Il voulait aller à la camionnette pour y récupérer le reste de ses affaires et s'en aller Dieu sait où mais le souvenir de son regard effrayant se rappela à lui : il ne pouvait pas sortir ainsi sans risquer de terroriser la population ; on le lyncherait sur place. Au lieu de ça, il choisit donc de s'approcher de la chambre de Fanny et James dont il ouvrit précautionneusement la porte afin de s'assurer que ceux-ci n'étaient pas là. Il referma derrière lui, sans bruit, et alla s'allonger sur le lit, le visage tourné vers le mur qu'il fixa comme si chaque détail de ce dernier éveillait un fade intérêt, une pseudo-appréciation esthétique de l'infiniment petit.

Une nouvelle fois, son pin's se rappela à lui lorsqu'il l'effleura de la main par mégarde. L'ironie se faisait de plus en plus insupportable. Il ferma à nouveau les yeux. Si seulement Dieu voulait bien lui faire le cadeau de le tuer dans son sommeil...
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Liam Baldwin

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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeSam 28 Nov - 21:34

Ils avaient définitivement perdu le contrôle. Perturbé par une remontée de flammes façon rot volcanique, Liam ne put réagir à temps lorsque Jonh lui arracha le miroir des mains. Il ne fut pas plus rapide concernant le fait de l'empêcher de fracasser le crâne de Rochel. Il y avait des éclats de miroir partout, des cris et du sang. Un vague sentiment de nostalgie éclata dans l'enceinte de son crâne, comme une bulle de pensée parasite, alors qu'il réalisait ô combien la scène avait des similitudes avec son enfance. Il ne manquait plus que l'odeur âcre de l'alcool incrustée dans les rideaux.

Planté au milieu de la pièce, l'esprit ailleurs, le tueur n'avait d'ailleurs même pas réagit à la pique de son élève. On lui avait dit mille fois qu'il était le diable alors sous entendre qu'il avait un regard terrifiant ne risquait pas de le blesser. Ils avaient bien assez d'un... enfin pas pour longtemps. Alors que le dépressif filait se cacher, Rochel quant à lui fuyait en rampant jusqu'à un mur. Les battements du cœur de Liam se calmait progressivement maintenant que le contact visuel était coupé, lui permettant d'observer avec un relative sérénité la suite des festivités. Mais rien, niet, nada. Ce mec restait prostré comme si se prendre une chouquette saupoudrée de bris de glace en pleine tête était la fin du monde. Des Halloween il y en avait à la pelle ici, il allait devoir s'y habituer.

- Lève-toi Blanche-Neige, me force pas à t'octroyer le baiser du prince charmant.

A vrai dire, il n'en aurait même pas eu la force. Toute l'énergie bouillonnante qui l'avait emplie s'était faite la malle, le feu qui brûlait au creux de son estomac avec. Tout ce qu'il voulait, c'était que tout le monde file au pieu et qu'on ne le réveille pas avant une bonne douzaine d'heures. Pour accélérer le processus, l'ex-taulard attrapa l'avant-bras du phobique et entreprit de le mettre debout mais il ne gagna qu'à se faire repousser.

- Ouais, toi aussi va au diable, cracha-t-il entre ses dents alors qu'une vilaine migraine due au manque de sommeil commençait à poindre.

Se désintéressant totalement de Rochel, il se dirigea vers le lit et s'y laissa tomber comme une masse. Du coin de l'oeil il put voir son nouveau compagnon se lever tant bien que mal et sortir de la pièce. Faisant claquer sa langue de mécontentement contre son palais, Liam se tourna sur le côté et ferma les yeux. Sans se faire attendre, un sommeil sans rêve l'emporta aussitôt, loin de ces histoires de loups, de bonbons, d'altercations...

Lorsqu'il rouvrit les yeux, le soleil couchant filtrait à travers les rideaux de feuille de gélatine. A ses côtés, Jonh semblait dormir, à moins qu'il ne s'adonner à l'une de ces lubies de dépressif qui consiste à passer en revue toutes les choses horribles de sa vie sur l'écran de ses paupières closes. Le trentenaire se redressa sur son séant pour constater que cette chambre n'avait pas d'autres occupants. A croire que Rochel s'était vraiment décidé à déserter... Il haussa les épaules. Il en fallait plus que ça pour l'émouvoir.

D'un pas lourd il se dirigea vers la salle de bain pour vider sa vessie, effectuant un large détour pour ne pas marcher pieds nus dans les éclats qui jonchaient encore le sol. Le point positif dans tout ça, c'était qu'il allait pouvoir s'abstenir de contempler sa légendaire salle tête du matin, yeux gonflés et filet de bave séchée au coin des lèvres.

- Une vraie chambre de rock star... on fera passer ça sur le compte des dévoreurs. Ça devrait pas poser de problème, évalua-t-il à mi-voix alors qu'il fermait la porte derrière lui.

Il se soulagea en sifflotant avant de laver les mains au lavabo. Alors qu'il se penchait pour s'asperger un peu le visage et achever de se réveiller, son regard fut attiré par la sphère ronde qui trônait juste à droite du robinet. C'était sorti de sa tête jusque là mais à présent les doutes revenaient à la charge, histoire de bien commencer la journée -ou la finir, question de point de vue. Après une hésitation, Liam s'en saisit et quitta la salle de bain à pas de loup, non sans un regard à la silhouette endormie de Jonh.

Non, pas ici. Pas au risque de réveiller Jonh. Il ne voulait pas l'entendre le railler et il souhaitait encore moins sa compassion et sa pitié. C'était juste pour être fixé, chasser cette inconnue de l'équation. Une façon d'avoir la paix et d'être sûr qu'il avait bien été abandonné par la seule personne qu'il ait jamais vraiment aimé. Et ensuite vomir légitimement toute sa rancœur sur le monde.

Le violeur se retrouva rapidement dans le couloir et le seul endroit tranquille qui lui vint à l'esprit fut la chambre de James et Fanny. Ces deux là avaient dû se faire la malle depuis longtemps, ça lui laissait le champ libre pour... Son fil de pensée s'arrêta net à la vue de Rochel endormi sur l'un des lits de la chambre dans laquelle il venait de pénétrer. Et il n'était pas seul, vu l'apparition qui lui tournait autour. Après avoir lâché un juron, Liam pénétra tout de même dans la pièce en prenant soin d'éviter l'apparition et se cala dans un fauteuil près de la fenêtre. Ce mec était tellement en manque de sommeil qui ne risquait pas de se réveiller, ça lui laissait un peu de temps devant lui pour régler ses affaires.

La pierre au creux de sa main, Liam prononça le nom d'Ella en s'attendant à ce que rien ne se passe. Et rien ne se passa... les premières secondes en tout cas. Une brume s'échappa ensuite de l'objet, emplissant la pièce d'un brouillard épais alors que la foudre retentissait à lui en crever les tympans. Puis là, juste devant lui... le corps chétif d'une rouquine de 7 ans.

C'était faux, c'était une mauvaise blague. Quelqu'un avait trafiqué ce truc, comment ça aurait pu arriver autrement ? Qui aurait pu ainsi ecchymoser ce visage couvert de tâches de rousseur ? Qui aurait pu déchirer ces vêtements ? Qui aurait pu mettre le feu à cet ange qui lui avait enfin fait penser qu'il pouvait aussi être un homme bien ? Dans le déni le plus total, Liam reçu comme un coup d'électrochoc lorsque la voix de sa fille s'éleva, animée d'un mélange de tristesse et de soulagement.

- Papa ? Oh papa c'est toi ! J'ai eu si peur ! Les messieurs... ils... ils m'ont fait tellement mal...

Sans même s'en rendre compte, les bras de Liam s'étaient couverts de chair de poule. Pendant ce temps, Ella continuait sur sa lancée, s'asseyant sur ses genoux pour passer ses petits bras fantomatiques autour du cou du tueur.

- Quand je me suis réveillée chez le docteur, Mme Ericson m'a tout de suite emportée à l'orphelinat, elle ne m'a même pas laissé le temps de te parler et puis... et puis quand je me suis endormie le soir, je suis revenue ici. Sauf que tu n'étais plus là, et Jonh non plus.

Un voile de reproche passa dans les yeux verts de la gamine qui reprit, visiblement encore sous le choc des événements qu'elle racontait.

- J'ai marché longtemps, j'avais mal au pied parce que j'avais perdu une chaussure et là j'ai croisé des gens... Le regard du trentenaire glissa jusqu'au pied écorché de la gamine, lui tirant une grimace. Ils avaient l'air gentils, ils disaient qu'ils voulaient m'aider mais en fait ils... ils... quand ils ont vu que j'avais des pouvoirs ils...

L'enfant se mit à pleurer et Liam inspira profondément pour retrouver son calme -et l'usage de sa langue par la même occasion. Il se sentait écrasé sous le poids de la culpabilité, plus le fantôme d'Ella tentait de le serrer plus il se sentait nauséeux. Il avait promis de faire mieux, d'être un bon père à contrario du sien et au lieu de ça...

- Je suis désolé ma puce... j'aurais dû être là... si j'avais été là... commença-t-il d'une voix blanche alors que ses poings se crispaient.

- Ils m'ont frappé, frappé très fort ! Je t'appelais mais tu ne venais pas et... et ils ont dit que j'étais une sor... une sorcière et qu'il fallait me brûler. Me brûler papa ! Ils m'ont... ils m'ont attaché à un arbre et...

Elle éclata en sanglot tandis que du sang commençait à perler des poings serrés du violeur. Tremblant, il desserra les doigts pour caresser les cheveux de sa fille mais passa au travers. Si près mais si lointaine... il ne la méritait pas. Il avait gâché sa chance. On ne pouvait plus sauver son âme.

- Je vais les trouver mon cœur, et je ferai en sorte qu'ils ne brûlent plus jamais rien. Je te soignerai et tu reviendras avec moi, tout ira bien. Tout ira bien mon ange...

Des paroles en l'air, il le savait. Son seul réconfort se trouvait dans le fait que là où elle était elle ne souffrirait plus. Ella ne pouvait que se trouver dans ce paradis auquel croyaient les grenouilles de bénitier. S'il n'existait pas dans l'autre monde, il devait bien se trouver ici. Mais comme si l'un des dieux sadiques de Dreamland avait voulu voler son dernier espoir, la rouquine reprit, des sanglots dans la voix :

- Mais j'ai peur... je suis seule, il fait noir et j'ai froid... il fait trop froid là-bas... je veux rester avec toi, je ne veux pas y retourner. C'est pire que de brû...

Ella s'évanouit dans ses bras, emportant la brume avec elle tandis que la pierre nécromancienne tombait au sol pour y rouler jusqu'à la table basse.
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Jonh Matrevis

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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeDim 29 Nov - 20:32

Peu à peu, Jonh arrivait à se calmer. Si il n'avait plus peur de Rochel c'était à présent de son acte. Il avait carrément frapper le voyageur avec. Celui qui l'avait soigné sans rien en contrepartie. Le dépressif se sentait complètement monstrueux. Il espérait qu'il n'était pas mort sur le coup. Il ne savait pas combien de temps cela faisait qu'il était partie dans la salle de bain. Personne n'était venue toquer pour lui dire que c'était terminé. En même temps on s'en fichait de son existence.
Le dépressif se redressa et s'approcha du lavabo. Il était soulagé de ne pas avoir à croiser son visage. Il devait être encore plus affreux que d'habitude. Jonh alluma le robinet et se passa de l'eau sur le visage. Ses blessures au dos lui faisait mal mais moins quand même que tout à l'heure. Il faudrait qu'il achète des anti-douleurs.

Jonh quitta la salle de bain, retournant dans la chambre qui était devenue silencieuse. Après le bordel qu'il y avait eu. Quelques débris de glace étaient étalés sur le sol. Il s'avança et un ronflement venant du lit l'informa qu'il était pas tout seul. Liam était en train de pioncer mais il n'y avait aucune trace de Rochel. Ca voulait dire qu'il était vivant. Ou que Liam s'était occupé du corps...Jonh ne savait pas trop ce qu'il devait penser mais opta plutôt que l'autre voyageur était en vie et s'était juste éloigné de l'hypersexuel et du dépressif. Il valait mieux pour lui de toute façon de rester loin d'eux.

Le dépressif était épuisé par toutes ses émotions, et il n'avait pas vraiment dormi spirituellement depuis qu'il s'était réveillé dans la prison des Atlantes. Jonh alla donc s'allonger sur le lit, se mettant sur le ventre pour épargner son dos. Il finit par fermer les yeux et partie dans un sommeil sans rêve.
Le soleil était en train de se coucher lorsqu'il quitta les bras de Morphée. Cette fois ci il était bien seul. Plus aucune trace de Liam. Le dépressif se redressa doucement et alla dans la salle de bain en trainant les pieds. Il fit une petite pause au toilette et enleva ses vêtements avant d'aller dans la douche. L'eau glacée termina dans le réveiller. Il fit attention de ne pas mouiller ses bandages et s'empara d'une serviette qui sentait la fraise tagada pour se sécher. Il remit ses habits et quitta la salle d'eau avant de se mettre à genoux en douceur pour s'amuser à rassembler les débris. Une occupation qui lui permettait de ne pas penser à autre chose. Cela lui avait pris une bonne quinzaine de minute lorsqu'il déposa le tout sur le miroir brisé. Il en avait au moins jusqu'à la fin de sa vie de malheurs.

Il alla remettre ensuite la lampe que Liam avait jeté à sa place. La chambre avait retrouvé à peu près son état normal. Et que faire maintenant ? Visiblement son absence n'avait pas eu l'air d'inquiété le taulard et il avait pas eu l'air non plus heureux de le revoir. Non tout ce qu'il avait eu c'était des remarques acerbes sur son état...L'ancien taulard avait trouvé de toute façon quelqu'un d'autre pour lui tenir compagnie, et Rochel avait l'air d'un bon gars qui comptait pas le poignarder dans le dos. Ni le frapper avec un miroir. Liam n'avait de toute façon jamais eu besoin de lui. Même si il l'avait empêché de sauter des remparts et sauver la vie, il n'était pas irremplaçable. C'était un être faible qui avait voulue aider quelqu'un, qui n'avait même pas pu aider un peuple alors que ce dernier le demandait.
Jonh fouilla dans sa hotte et en sortie l'ours en peluche. Celui d'Ella, d'après Liam quand le dépressif l'avait trouvé par terre. C'était donc plus au "père" de l'avoir que lui. Il enleva ensuite le puzzle d'âme de son cou pour le mettre à celui de la peluche. Finalement, c'était aussi une bonne chose qu'il se soit fait arrêté dans le monde réelle. Il pourrait ensuite disparaître aussi là bas. Il changerait de numéro de téléphone parce qu'il avait laissé un mot à l'hypersexuel dans la chambre. Le dépressif attrapa sa hôte, grimaçant sous le poids qui lui tirait le dos. Le porter à deux bras le soulageait un peu et c'était donc ainsi qu'il quitta la chambre puis descendit les escaliers. Il salua le réceptionniste, bugguant quelques secondes en voyant un ours en gélatine. Il devrait s'y accommoder de toute façon.

Un seul pas en dehors du bâtiment suffisait pour voir qu'ici il y avait eu comme une guerre. C'était sans doute en lien avec l'état des deux autres voyageurs. Jonh se mit à la recherche d'une pharmacie, et de ce qu'il avait compris il vendait pas que des trucs en bonbons pour soigner les blessures. Il finit par trouver l'établissement, qui n'était pas encore fermé, et acheta de quoi se soigner tout seul ainsi que de l'anti-douleurs. Il savait pas comment il allait se débrouiller pour faire ses bandages mais il trouverait bien un miroir dans des toilettes publiques. Jonh se rendit ensuite à la caisse en poussant sa hotte du pied. Il paya les 15 rubz demandé par une femme chocolat en forme de poire. Est ce que ces créatures avaient un sexe au moins ? Jonh préférait ne pas demander et rangea ses articles dans sa hotte.

Cela faisait cinq minutes qu'il avait quitté la pharmacie et il était déjà fatigué. Le dépressif avait fini par trouver un banc encore entier juste à côté d'une librairie. Il savait pas où il allait. Il avait croisé un panneau qui indiquait une gare. Peut être irait il là bas une fois reposé. De toute façon maintenant qu'il était tout seul, Jonh devait faire avec. Et c'était étrange ce sentiment de solitude tout d'un coup. Enfin il n'était pas vraiment seul, il y avait toujours quelqu'un au dessus de sa tête.

- Toi au moins tu me quitte jamais

Murmura t-il en regardant son nuage. Il n'allait pas tarder à faire nuit. Les habitants rentraient chez eux, et le voyageur trouvait toujours surprenant de croiser des bonbons vivants.
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Rochel Willow

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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeJeu 3 Déc - 12:03

Le sommeil avait fini par emporter Rochel qui s'était laissé faire par dépit, par défaut de trouver autre chose de plus constructif à faire. Dreamland était un tel cauchemar que les siens n'étaient pas si différents dans un sens.
Il s'endormit en moins d'une minute.

Une nouvelle fois, son sommeil fut habité par des silhouettes, des ombres menaçantes dans un décor des plus effrayants. Le ciel noir poisseux de la nuit avait recouvert une ville déserte et morte dont les gratte-ciels effrités à leur sommet devenaient des griffes déchirant les nuages noirs et emprisonnant les âmes de ceux qui étaient restés.

Un vent mauvais soufflait à travers les ruelles, produisant un écho sordide auquel répondaient d'autres échos dans d'autres rues, soulevant des morceaux de papier sales et faisant tomber des poubelles.
Rochel marchait depuis quelques temps, sans savoir s'il avait devant lui la San Francisco qu'il connaissait ou bien un autre endroit. Il se figea en croyant reconnaître un bâtiment devant lequel il s'arrêta. La double porte vitrée de l'immeuble laissait apparaître la noirceur de l'intérieur, aucune lumière, aucun signe de vie. Les murs étaient décrépis et la porte entre-ouverte, serrure brisée.

Sans comprendre comment, il se retrouva à l'intérieur du bâtiment à monter les escaliers. Ces derniers lui indiquèrent rapidement le cinquième étage. Il arriva machinalement devant une porte qu'il poussa, dévoilant un intérieur qu'il ne connaissait que trop bien. Dehors, la neige avait commencé à tomber. Il crut un instant voir deux jeunes enfants jouer au pied d'un sapin décoré sous le regard bienveillant de leurs parents mais la vision fugace fut trop vite remplacée par l'appartement en ruine qu'il avait sous les yeux. Adieu la chaleur du foyer convivial, adieux les rires d'enfants et l'innocence d'un temps perdu. Au sol, la moquette grise avait commencé à pourrir et laissait voir le sol en-dessous par endroits. A la place du sapin, un coin vide et poussiéreux dans lequel siégeait un ourson en peluche à moitié brûlé. Les vitres étaient brisées et laissaient entrer quelques flocons portés par le vent glacial.

L'insomniaque se rapprocha de la fenêtre et se pencha pour observer l'extérieur. Il sentit le sang couler sur ses mains. Son sang. En effet : il s'était appuyé contre les éclats de verre qui étaient à présent rentrés dans sa peau sans qu'il n'en ressente la douleur.
Le rêve se précipita un instant lorsqu'il reconnut une forme humaine en bas de l'immeuble. Il voulut appeler mais aucun son ne sortit de sa bouche, d'ailleurs plus aucun son ne parvenait à ses oreilles non plus. Une seconde silhouette s'approchait de la première et commença à la prendre en chasse. C'était un fantôme au visage déformé par la haine et la douleur, à la mâchoire pendante et aux yeux vides ; ses traits ridés témoignaient d'une peau devenue trop lâche pour coller aux os qu'elle cachait tant bien que mal.

Instinctivement, il sut que la porte derrière lui était fermée : aucun moyen de sortir pour prévenir cette personne de ce qui glissait insidieusement dans son dos. Il ne put qu'observer la scène, pétrifié, tétanisé, observant la chair se déchirer et les os se rompre dans un silence effrayant. Une fois encore, ce sentiment d'être incapable face aux événements lui mordit les entrailles. Il fut pris de nausée et tomba au sol. Depuis sa position, il voyait le ciel se couvrir de nuages orageux et préparer une averse qui viendrait couvrir les bruits de l'assassinat et des cris muet des deux êtres morts en bas.

Un éclair zébra le ciel. L'orage retentit, avec une telle force, avec une telle férocité qu'il tira Rochel de son sommeil.
Réveillé en sursaut, il se redressa sur le lit alors que le fantôme qui s'était matérialisé près de lui disparaissait, cessant d'essayer d'attraper Liam de ses mains griffues et décharnées.
Il fallut à l'insomniaque plusieurs secondes avant que ses yeux ne veuillent lui rendre la vue et que son cerveau ne lui rende la raison.

Lorsqu'il reprit possession de ses moyens, il avait devant lui la scène touchante de Liam embrassant tendrement une jeune enfant qui l'appelait « papa ». La conversation, elle, fit frissonner Rochel lorsqu'il comprit de quoi il était question. Entourée de vapeurs morbides, l'enfant racontait à son père ses derniers instants.

Le dépressif se sentit horriblement mal, d'une part à cause de la situation d'indiscrétion dans laquelle il se trouvait, et d'autre part un vide abyssal l'emplissait à mesure qu'il souffrait pour la petite à cause de compassion.
Sa tête tourna et il crut qu'il allait vomir, qu'il allait se tuer, pourvu qu'il cesse de vivre ces souffrances avec autant d'exactitude. Le regard paniqué qu'il lança en direction de Liam ne le rassura pas non plus : ce dernier faisait preuve d'un calme monstrueux qui ne trahissait que trop la tempête qui déferlait dans son âme. Il était sur le point d'exploser.

C'était tellement injuste, ce monde était injuste et monstrueux, dégueulasse à en vomir. Comment ce monde pouvait-il à ce point n'être qu'un enfer insondable ?
Cette enfant était trop jeune, beaucoup trop jeune pour mourir, surtout de cette manière ! A son âge, on rêvait encore de princes et de princesses, on parlait de récréation et de Père-Noël, de rires et de jeux... de tout sauf de ça. Et la manière qu'elle avait de décrire inlassablement ces horreurs ne rendait la scène que plus insupportable encore.

Rochel prit sa tête entre ses mains dans l'espoir de s'assommer ou au moins de ne plus entendre et lorsque la complainte de l'enfant cessa enfin, ce ne fut que pour laisser derrière elle qu'un désarroi encore plus grand, une peur rémanente de l'humanité. Il n'y avait pas 'rien' après la mort, non, c'était pire.

Il observa la pierre tomber et rouler pour venir buter contre le pied de la table basse et s'arrêter. Cet objet qui n'avait rien d'autre à offrir que la pire des choses, dont le seul cadeau était de faire pourrir votre cœur de l'intérieur avec une douleur indicible.
Il voulait trouver quelque chose à dire pour aider Liam, il le voulait vraiment mais il ne trouva rien. Ce dernier était d'ailleurs en proie à un conflit émotionnel à la croisée entre colère et tristesse et il s'employait à présent à lancer et briser tout ce qui lui passait sous la main, aussi l'insomniaque recula jusqu'au coin du mur qui abritait son lit et attendit que la tempête se calme.

La chambre serait bientôt mise à sac et il ne voulait pas être la prochaine chose sur laquelle le taulard poserait ses yeux. Le dépressif commençait à comprendre en quoi il se sentait aussi proche de Liam dans un moment comme celui-ci. Ils venaient tous les deux de vivre un drame qu'ils connaissaient trop bien.
Mais là où Rochel s'était laissé abattre et s'était vidé de sa substance, Liam exprimait sa haine et sa rancœur envers le monde, vomissait des insultes et s'emplissait d'une force destructrice. Qui des deux avait le plus raison, qui d'entre eux savait le mieux affronter le désespoir que représentait la perte d'une personne importante ?

Il attendit, sursautant à chaque coup de poing lancé, que le violeur se calme. Il attendit dans l'espoir de voir ce que ce dernier disait à propos de ne pas baisser les bras et s'il saurait s'y tenir, non pas dans une visée de moquerie mais par respect plutôt. Il avait le droit de s'y tenir tout comme ne pas s'y tenir : c'était sa souffrance à lui et personne ne pouvait le juger.
Un flot de peur irradia dans l'échine de l'insomniaque lorsque finalement le regard noir de Liam se posa sur lui.
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Liam Baldwin

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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeJeu 3 Déc - 18:56

La solitude, l'obscurité et le froid... Liam les ressentait aussi avec force dans les tréfonds de son cœur. Ses chances de rédemption s'étaient évanouies avec Ella, le laissant seul avec un goût aigre de désespoir dans la bouche. Plus jamais il ne pourrait voir le visage souriant de sa fille, plus jamais il ne verrait de l'admiration dans les yeux de personne, plus jamais il ne pourrait sentir l'odeur réconfortante de sa chevelure rousse ou l'étreinte de ces bras si fragile autour de son cou. Il avait failli.

Immobile dans son fauteuil, le père endeuillé fixait le vide comme s'il allait lui apporter la solution à tout ses problèmes. Mais pas de cadeau tombé du ciel, juste une foule de pensées parasites qui s'insinuaient en lui comme un poison, se distillant lentement dans ses veines. Il s'était révélé pire que son père. Il n'avait pas cru en elle et ce manque de confiance l'avait tué. Et les enfoirés qui avaient fait ça courrait encore quelque part, l'air goguenard. Ils riaient probablement à l'heure actuelle de leur méfait devant une pinte de bière, clamant à qui voulait l'entendre qu'ils avaient aidé à éradiquer la menace voyageuse. Et quelque part dans un trou paumé, tellement paumé que personne ne viendrait jamais le décrocher, était ligoté le corps carbonisé d'un gamine de sept ans. Pas de cercueil en sapin ni de jolie tombe,  juste les corbeaux pour venir picorer ses orbites creuses.

Plus il pensait, plus ces mots tourbillonnaient dans son crâne et plus ses mains tremblaient sur les accoudoirs.  Sans aucun autre signe annonciateur, Liam bondit brusquement de son siège et l'envoya valser dans un hurlement de rage. C'était comme si quelque chose s'était cassé, comme si l'on venait de souffler la seule lumière qui lui restait encore. Et derrière ? Une rage froide et meurtrière.

- JE VAIS LES CREVER ! Je vais crever ces fils de pute !

Mais pas de tueur à l'horizon, juste une table basse en chocolat qui se retrouva bientôt brisée en deux. Les rideaux suivirent l'exemple, réduits en lambeaux avant d'être arrachés de leur tringle ; puis ce fut le tour de la commode, de la lampe de chevet et d'approximativement tout ce qui avait le malheur de se trouver devant le tueur. Dans un mouvement rapide qui trahissait une pratique régulière, Liam tira le couteau-papillon de sa poche et l'ouvrit d'un mouvement sec du poignet. La lame resta en l'air une demi seconde, rendue écarlate par la lueur du couchant, avant de s'enfoncer dans le fauteuil renversé. Encore. Et encore. A chaque coup le père crachait son venin à l'adresse d'auditeurs absents, trop concentré sur sa douleur pour se rendre compte de l'absurdité de sa conduite.

- Je vais les buter, crever ces chiens ! Elle n'avait que 7 ans ! Elle était... elle était parfaite putain ! Elle m'acceptait ! Elle m'aimait ! La seule à le faire vraiment, sales crevures !

Mais ce qui le mettait plus que tout hors de lui, c'était qu'ils l'aient brûlé. Le souvenir de leur rencontre, au terme de la nuit sanglante, était encore imprégné sur sa rétine. Il voyait encore cette gamine effrayée devant l'immense foyer, si terrorisé qu'il n'avait pu s'empêcher de comprendre sa douleur et de la rassurer. Il lui avait montré qu'on pouvait dompter le feu, qu'on pouvait l'éteindre juste en soufflant dessus. Est-ce qu'elle avait essayé de souffler sur les flammes, ce jour-là aussi ? Le simple fait de l'imaginer lutter ainsi sans résultat contre l'objet de sa phobie lui retournait l'estomac.

- Et la brûler bordel de merde ! Sales chiens ! Du feu, merde ! Elle en crevait de peur ! ELLE EN CREVAIT DE PEUR !

Sa main s'immobilisa dans les entrailles du fauteuil, tellement crispée sur le manche du couteau qu'il ne sentait plus ses doigts. Le souffle court, il tentait désespérément de se remettre les idées en place, d'imaginer un plan. Au lieu de ça, il croisa juste le regard désemparé de Rochel, planqué dans un coin à attendre que Dieu, le père-noël ou n'importe quel péquenaud mystique lui annonce la fin de l'apocalypse. La compassion qu'il voyait dans ces yeux étaient pire qu'un coup de poignard.

Il ne pouvait pas rester ici, ses jambes le démangeaient autant que son âme réclamait son offrande de sang. Pas de temps pour les palabres vides de sens, les condoléances et autres conneries du genre. Il se torchait gracieusement avec. Récupérant son arme, Liam se remit debout et beugla en direction du couloir :

- Jonh ! Ramène-toi, on se casse !

Le trentenaire marqua une pause sur le pas de la porte pour lâcher quelques mots à l'adresse de Rochel, simulacre d'invitation à le suivre.

- Je ne t'empêche pas de prendre le train en route.

Ses pas le menèrent bientôt jusqu'à une chambre vide. Le dépressif avait visiblement déserté le lit, probablement pour aller panser ses plaies dans la salle de bain. En trois enjambées Liam y faisait face et ouvrait la porte d'un coup de pied pour n'y découvrit qu'une absence de plus en plus dérangeante.

- Grouille toi de te torcher ! On doit aller buter les enfoirés qui ont... s'interrompit-il en se rendant compte que la seule chose à laquelle il pouvait s'adresser était un lavabo.

D'ailleurs avec un peu plus d'attention, il remarqua que même les affaires de son élève avaient disparu de la chambre. Plus de hotte, plus de barda... tout ce qu'il restait était la silhouette de Wally, un puzzle d'âme autour du cou.

Liam eut l'impression qu'on venait de lui fracasser une matraque sur le crâne. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Qui avait décidé que ce putain de jour soit celui où tous les piliers de sa vie se feraient la malle comme des putes en cavale ? Il attrapa la peluche avec une infinie délicatesse qui ne collait pas à l'homme qu'il était, caressa du bout de l'index le puzzle d'âme puis coinça le jouet entre sa ceinture et son jean. Toute raison semblait avoir déserté son regard lorsqu'il passa à côté de Rochel dans le couloir, les poings tellement serrés qu'il en suintait du sang.

Dehors, ce fut simple de retrouver la trace du fuyard. La gare était le lien avec le monde extérieur pour ceux qui ne bénéficiaient pas d'un véhicule. Et sur le chemin de la-dite gare ? Ce traître qui rêvassait sur un banc, les yeux levés vers son nuage. Déjà sur le départ avec sa hotte à ses côtés, un vrai de boyscout... toujours prêt, hein ? Putain de boyscout !

Sans réfléchir, le tueur fonça vers lui, armant son poing pour décoller la mâchoire de son élève et l'envoyer bouler dans la poussière de cacao. Les passants ? Ils pouvaient aller se faire foutre. C'était une histoire à régler entre Jonh et lui, le premier péquenaud en sucre qui pointerait le bout de son nez le regretterait amèrement.

- Bonjour ! Ouais, vu qu'on en était aux réveils agréables comme apprendre que sa fille est morte et découvrir que son compagnon de voyage s'est tiré comme un voleur, je me disais que je devais bien te rendre la politesse.

Les mots étaient tombés comme des lames de rasoir, froides et tranchantes. Son bras quant à lui s'armait déjà pour un nouveau coup, pour le cas où le dépressif aurait le malheur de prononcer un mot de travers.

- Ils ont crevé Ella, t'entends ? Et toi... tu me lâches ? Je peux savoir pourquoi ? T'es en période de règles ? Je t'ai pas susurré assez de mots doux autour d'un café crème ? Vas-y, donne-moi ta bonne raison enfoiré !
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Jonh Matrevis

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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeJeu 3 Déc - 20:41

Il devrait peut être bouger avant qu'il fasse nuit. Il ne connaissait pas cette ville et ça serait compliqué de demander des informations si il n'y avait plus personne dans les rues. Seulement Jonh ne bougeait pas. Il y avait toujours une part de lui qui ne voulait pas partir et laisser Liam. C'était l'amour qu'il éprouvait pour l'hypersexuel qui l'enchaînait. Il avait essayer de se libérer en lui laissant sa moitié de puzzle d'âme. Un premier pas vers une rupture mais ça enlevait pas les sentiments. Le dépressif devait arrêter de croire au Père-Noël. Il devait prendre son courage à deux mains et continuer son chemin tout seul.
Mais son plan se voyait tomber à l'eau. Jonh avait vu Liam se diriger vers lui mais n'avait pas bouger. A voir sa tête, il allait recevoir un joli cadeau. Mais pas des fleurs. Un jolie droite qui le fit tomber de son banc et il ravala un cri de douleur. Les larmes étaient montés à ses yeux et il gardait le regard baissé sur le sol. Il savait que Liam n'apprécierait pas sa décision. Peut être qu'il aurait dû construire un sapin en bonbons et laissé une carte avec marqué "joyeux Noël" dessus. Non, ça ne serait pas passé non plus. Parce qu'il était un parfait animal de compagnie.
Jonh ne comprenait pas de quoi il parlait. Apprendre que sa fille était morte ? Il leva les yeux vers son interlocuteur. Sa "fille", c'était Ella. Elle avait disparue soudainement, impossible de savoir ce qu'elle était devenue. Et là son "père" venait d'apprendre qu'elle était morte ? Par quelle magie ou il ne savait quoi d'autre ? Ou bien était ce un stratagème pour faire culpabiliser le dépressif. Non, Liam pouvait se montrer cruel mais jamais il n'utiliserait la seule personne qui comptait pour lui.

- Qui a fait ça ? Comment tu le sais ? Putain...!

Il insultait les coupables autant que la douleur qui lui paralysait le dos. Quel connard s'en prendrait à une enfant ? Jonh avait la réponse, il l'avait même devant ses yeux. Le jour de leur rencontre, il avait égorger sans sourciller un enfant. C'était bon tant que c'était celui des autres qui crevait, hein ?

- Je suis pas dans ta tête, j'étais pas censé savoir que tu allais apprendre ça ! Sinon je ne serai pas partie ! Oui je voulais m'en aller à la base, parce que t'a pas besoin de moi Liam, tu t'es trouvé un nouveau dépressif et visiblement tu t'es bien amusé aussi ! Même quand on a besoin de mon aide, que je tend une main avec rien en échange la seule chose que je récolte ce sont des coups de fouet ! Et toi, tu t'en fiches ! Si je suis blessé c'est parce que forcément Monsieur le suicidaire à voulu se tuer ! Et bien non ! Parce que moi je pensais à toi là bas, je cherchais un moyen de remonter à la surface pour te retrouver ! Je m'inquiétais pour toi mais je suis sur que toi t'a même pas eu une seule pensée à mon égard, parce que la seule chose dont t'es capable c'est de songer à ceux que tu pourrais baiser !

Il était resté sur le sol mais n'avait pas détourner le regard de l'ancien taulard. Si il voulait le frapper à nouveau et bien qu'il le fasse. Qu'il le batte à mort même si ça pouvait lui faire plaisir. Jonh avait les poings serrés dans la poussière. Il n'était pas seulement en colère contre Liam mais aussi contre les Atlantes et lui-même. Il ne servait à rien, aussi bien dans ce monde que dans l'autre. Il n'y avait que Rochel qui pouvait comprendre ce sentiment. Mais leur début s'était brisé en même temps que le miroir.
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Rochel Willow

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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeDim 6 Déc - 21:36

Liam avait laissé libre cours à sa rage destructrice et noyait sa haine dans des coups de poings et de couteau dans tout ce qui avait le malheur de constituer un punching-ball acceptable. C'était impressionnant, presque effrayant, mais Rochel ne parvenait toujours pas à lui en vouloir de quelque manière que ce soit.

Il le regarda faire jusqu'à ce que l'ex-taulard finisse par se calmer un peu et se relève une nouvelle fois pour sortir de la chambre. Leurs regards s'étaient croisés un bref instant et l'insomniaque avait pu y lire comme dans un livre ouvert. Cette réaction, diamétralement opposée à celle qu'il avait eue lorsqu'il avait appris le décès d'Alice, était justement un portrait négatif de lui-même, ce pourquoi il le comprenait avec autant d'aisance. Rochel avait été la flamme qui s'éteint, Liam celle qui s'embrase violemment, qui explose. Mais la raison ? La raison était essentiellement la même : un être cher, un adieu, une blessure, une douleur.

Pas un instant il ne chercha à s'imposer entre Liam et la porte et reçut l'invitation à le suivre comme un mur dans la figure. Il venait d'être propulsé des tribunes au centre de l'arène avec un choix qui le déboussolait.
Il avait envie de suivre Liam, par empathie, par compassion, par... quoi que ce soit qu'il lui donnait effectivement la certitude qu'il devait le faire... Mais suivre Liam, c'était aussi se mettre sur la voie de la vengeance et du meurtre, ou pire encore.

Le visage d'Alice s'imposa une nouvelle fois devant les yeux du dépressif alors que Liam vociférait, frustré de ne pas trouver John. Elle lui souriait et lui renvoyait des images de ce qu'il avait été après sa disparition, tout en les comparant à ce que Liam venait de vivre.
- Qu'est-ce que je dois faire ? Est-ce que... Est-ce que c'est ce que tu aurais voulu que je fasse ? Que je te venge au péril même de ma vie ? … C'est ce que j'aurais dû faire mais j'ai été faible. Je n'en ai pas eu la force, pardonne-moi.

Que pouvaient vouloir les morts, les vrais, pas ceux qui peuplaient ses cauchemars ? Veulent-ils qu'on les venge avec ardeur et passion ou qu'on n'en fasse rien ; qu'on continue à vivre ou qu'une partie de notre âme meure avec eux ?
Il essayait d'imaginer ce qu'Alice lui aurait dit mais plus il cherchait et plus la réponse le fuyait. La connaissant, elle n'aurait pas aimé le voir se battre... mais aurait-elle seulement aimé le voir ainsi, tel une loque exténuée en permanence ? Non plus, probablement.

Il repensa un instant à Eve. Eve qui lui disait que le monde n'avait que faire de la paix, qu'il fallait se battre ou mourir. A cet instant, il retrouvait ses paroles dans le comportement de Liam et il réalisa combien ses propres arguments en faveur du pacifisme seraient dérisoires face à la colère de l'ex-taulard.
Cela signifiait-il qu'il avait tort ? Devait-il se lever et aller aider Liam à se venger en volant la vie, chose sacrée que Dieu a créée, pour le seul motif que ces âmes se sont laissées aller à la violence ?

- D'un autre côté, où irais-je sinon là-bas ? Je n'ai aucun but à Dreamland, je ne peux même pas te chercher, j'ignore où tu es... J'espère que le Paradis n'est pas ici car ce lieu... ce monde n'est que l'enfer. J'espère juste que le jour où je mourrai, je parviendrai à te rejoindre, Alice.

Il lâcha un long soupir, ressassant sans cesse cette question à laquelle il ne trouvait aucune réponse. Un jour il faudrait bien qu'il reprenne goût à la vie, non ? Liam avait tout fait pour qu'il veuille continuer à avancer, au détriment de la douleur qui lui brisait le cœur. Aujourd'hui, Liam subissait la même douleur et pourtant il ne se laissait pas abattre.
Pas encore, tout du moins. Et si jamais, après s'être vengé, son âme se vidait comme la sienne s'était vidée le jour de la mort d'Alice, alors il faudrait quelqu'un qui le soutienne pour l'empêcher de tomber.

- Alice.. Je ne veux pas que tu croies que je sois favorable au destin que Liam a choisi mais.... Je dois le suivre. Je dois le faire parce que si jamais il chute, je... je pense que ce sera mon devoir de l'empêcher de commettre les mêmes erreurs que moi. Il a essayé de m'aider alors je dois l'accompagner pour l'aider à mon tour. S'il n'a pas besoin de mon aide, alors je partirai. Mais je resterai tant que je n'en serai pas certain. J'espère que tu me pardonneras pour les horreurs auxquelles je vais prendre part. Je t'aime

Il se leva, fébrilement, et se dirigea vers la porte de la chambre. Liam dévalait déjà les marches et arriva au rez-de-chaussée lorsque Rochel franchit le seuil de la porte de sa chambre.
Rapidement, il récupéra ses quelques affaires et descendit à son tour pour retrouver John et Liam.

Il les trouva effectivement, dehors, en pleine discussion. Le sujet échappait à l'insomniaque mais cela ressemblait à ces vieilles disputes de couple. Il remarqua seulement le geste qu'on fit dans sa direction. Un geste accusateur... John serait-il jaloux de lui ? Pour quelle raison pouvait-on être jaloux de lui..?

L'insomniaque chercha un instant quoi répondre mais la discussion ne le concernait qu'indirectement, et puis il ne voulait vraiment pas d'un affrontement avec John. Cet homme n'était pas mauvais.
- Je vais charger mes affaires dans la camionnette... Je vous y attends. Si.. si jamais vous décidiez de me laisser ici, je comprendrais. Je ne voudrais pas m'imposer entre vous deux, quelle que soit votre... relation..?

Sur ses mots, il tourna le dos au deux voyageurs, les laissant s'expliquer. Peu importe ce qu'ils se diraient, cela ne le regardait pas et visiblement, ils avaient besoin de vider leur sac. Sans doute dans le but de mieux vivre et affronter leurs douleurs respectives, un jeu pour lequel Rochel ne se sentait pas encore prêt à jouer carte sur table.
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Liam Baldwin

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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeDim 6 Déc - 22:36

Effaré, Liam regardait Jonh lui jouer une scène typique de l'un de ces soaps opéras devant les femmes au foyer s'abrutissaient, une tasse de café à la main. Il était en train de lui jouer une scène de jalousie pure, s'il ne souffrait pas si atrocement dans les tréfonds de son âme, l'ex-taulard aurait cru rêver. En général on attendait au moins qu'il fasse une saloperie pour le traiter de connard mais là c'était purement gratuit, sans aucune preuve à l'appui. Comme si le dépressif avait voulu rajouter son grain de sel dans la journée la plus noire de sa vie.

- Ferme ta trappe à ordure au lieu de débiter des conneries ! Aboya Liam, fou de rage.

Insensible, pervers, infidèle, égoïste... un beau tableau qu'on dressait de lui. S'il n'avait pas craint de tuer son élève, il lui aurait fait bouffer ses paroles à coup de poing. Il se contenta à la place de se pencher pour le choper par le col, faisant fit de la grimace de douleur qui déforma le visage qui lui faisait face. Dans son dos, la voix de Rochel annonça qu'il allait charger ses affaires dans la camionnette et le tueur ne lui accorda qu'un grognement en guise de réponse. Qu'il fasse ce qu'il voulait, même se taper une pute sur la banquette arrière. Jonh et lui avaient des choses à régler.

- Moi aussi j'ai pensé à toi, pauvre con ! Pourquoi j'ai affronté ces loups à ton avis ? Pour le plaisir de la chasse ? Ou pour quitter ce pays de merde et pouvoir te retrouver, ou que tu sois ?! Et non, j'ai pas trempé mon biscuit dans ton alter ego, je lui ai préféré une jolie minette con comme un manche mais tu sais très bien que la fidélité et moi ça fait deux. On a déjà eu cette discussion y'a des semaines, me fatigue pas à me faire répéter !

Il attira Jonh à lui, lui arrachant un baiser sans douceur avant de relâcher sa prise sur son t-shirt. Le trentenaire se redressa ensuite et tira son couteau de sa poche pour jouer avec, le seul moyen qui lui venait à l'esprit pour calmer ses nerfs à vifs.

Ella, puis Jonh... cette journée commençait à peine qu'il avait déjà des envies de meurtre. De se vider les couilles aussi, et la tête par la même occasion. N'importe quoi pour oublier ne serait-ce que quelques secondes sa douleur et sa colère avant de pouvoir se consacrer complètement à sa vengeance. Dans le monde réel il aurait probablement été impossible de retrouver les tueurs de sa fille mais nous étions à Dreamland. Ici tout était possible, il suffisait d'un peu de magie...

- J'étais claqué ce matin donc ouais, j'étais pas d'humeur à roucouler. Et là non plus. J'aurais cru que t'aurais un minimum confiance en moi et en les choses qu'on s'est dite. Tu crois vraiment que j'aurais voyagé si longtemps avec toi si t'avais été qu'un trou parmi d'autres ?

Il cracha par terre et fit volte-face, le visage sombre, son couteau-papillon dansant toujours dans sa main. Trop de choses tourbillonnaient dans sa tête. Aucune d'agréable, bien évidement. Sans réfléchir il marcha tout droit, ses pieds le guidant jusqu'à un bâtiment qui se révéla être un débit de boisson local. A croire que son inconscient tentait vraiment de profiter de son désespoir pour en faire le double pathétique de son défunt paternel. Liam entra tout de même, s'accoudant au bar encore vide devant un bonhomme en pain d'épice. Celui-ci le fixa un moment, frottant un verre avec un torchon, avant de lui demander :

- Qu'est-ce que vous prendrez ?

- Quelque chose de fort, rétorqua Liam du tac-au-tac.

Les alcools locaux seraient tous probablement sirupeux, sucrés et foncièrement dégueulasses. Le nom importait peu, au final. Il accueillit son verre avec un vague remerciement, plantant son regard dans les méandres des flots éthyliques. L'espace d'un instant il lui sembla y voir le visage constellé de tâches de rousseurs d'Ella et ses doigts se crispèrent sur le verre, menaçant de le briser. Le crissement des pieds d'un tabouret contre le parquet en biscuit détournèrent son attention de sa vision et il leva les yeux pour découvrir Rochel. L'envie de lui aboyer dessus l'effleura un instant avant qu'il ne se rende compte qu'il n'en avait pas la force.

Il se sentait vide. Jusqu'à sa rencontre avec la pyrophobe, il n'avait eu qu'à se soucier de lui et de ses pulsions. Tout était simple, à l'époque. Puis il avait croisé sa route et insidieusement, il s'était mis à dépendre d'elle autant qu'elle dépendait de lui. Et maintenant il se retrouvait seul, avec son dernier compagnon à deux doigts de se tirer pour des histoires de parano. Liam était exténué, mais impossible de se laisser aller avant d'avoir égorgé ces fils de putes qui lui avaient retiré sa raison de vivre. Le tueur se savait dans son droit mais le regard du phobique lui donnait le besoin de se justifier. Il l'avait tellement exhorté à être comme lui qu'il se sentait obligé de lui expliquer pourquoi c'était juste. Buvant une gorgée de son verre, le trentenaire engagea la conversation, le regard perdu devant lui :

- Quoi que tu dises, j'irais crever ces mecs. Ils ne méritent pas de vivre après ce qu'ils ont fait. Elle avait déjà trop souffert, elle ne méritait pas ça.

Nouvelle gorgée, nouvelle déclaration. Et plus il parlait, plus il perdait son calme pour se charger d'émotions chaotiques et parfaitement contradictoire. La haine, l'amour, la frustration, l'injustice, l'espoir.

- Ce n'était pas vraiment ma fille, je l'avais adopté. Elle avait perdu ses parents dans un incendie... elle avait développé une phobie du feu. Je l'ai prise en pitié et je l'ai protégé pendant longtemps, je me disais qu'elle avait droit au bonheur après tout ce qu'elle avait traversé. Mais en fait, je crois que c'était mon bonheur que je cherchais, plus que le sien.

Semblant réaliser quelque chose, Liam porta une main à son visage pour y découvrir des larmes. Il n'arrivait même pas à se souvenir de la dernière fois où il avait pleuré. Même sous les coups de son père il avait fini par se taire et attendre que ça passe. Il s'était enfermé dans sa coquille d'insensibilité et voilà qu'il se retrouvait à nu sans même comprendre comment. Il réalisait enfin à quel point la mort d'Ella l'avait brisé. Se laissant aller, le front contre le bar, le tueur laissa jaillir sa douleur, sa peine, des sanglots dont il n'aurait jamais pu concevoir l'existence. Qu'il se laisse aller ce soir, il aurait tout le temps d'être dur et impitoyable demain.

[HRP : Jonh, j'avais promis une discussion à Rochel, on revient tout de suite après ! Normalement je voulais la faire dans la chambre mais comme tu te sauvais ça a changé la donne kof kof.]
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Jonh Matrevis

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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeJeu 10 Déc - 17:48

C'était difficile de croire que Liam avait pensé à lui. Jonh n'était pas dans sa tête, et encore heureux parce qu'il pourrait sans doute pas le supporter. Voir ses douloureux souvenirs étaient déjà assez lourds pour le dépressif, il avait pas besoin d'en plus de savoir le contenu de son cerveau. Il avait beau avoir passé beaucoup de temps à voyager avec Liam, à essayer de comprendre son fonctionnement mais cette étape était encore loin d'être terminé. Il ne devait même pas être à la moitié. Alors peut être bien que l'hypersexuel avait pensé à lui, mais il était pas certains que son combat dans cette ville avait un rapport avec lui. Il y avait juste besoin d'une récompense à la clé pour que l'ancien taulard participe à quelque chose.
Jonh était aussi censé être content que Liam ait préféré coucher avec une fille sans cervelle qu'avec Rochel ? Il l'avait fait avec un Candylandien que ça le ferait quand même souffrir. Il avait bien compris que la fidélité ne faisait pas partie de son vocabulaire mais ça n'empêchait d'avoir l'impression d'être poignardé en plein coeur.

- J'aimerai bien que tu sois un jour à ma place pour voir l'effet que ça fait

Susurra t-il entre ses dents. Si il pensait l'avoir avec un baiser et bien il se trompait. Jonh allait rester mais simplement pour venger la petite Ella, punir ces enfoirés qui avaient oser s'en prendre à une âme innocente. Il n'était pas proche d'elle, comme pouvait l'être Liam. Mais le dépressif connaissait aussi la douleur de perdre son enfant, même si il n'était pas né.

- Ca n'a rien à voir avec la confiance, tu sais très bien que je mettrai ma vie entre tes mains

Il avait simplement l'impression de ne plus être utile à quoique se soit. Il n'était pas irremplaçable. Peut être bien qu'il n'était pas un trou comme les autres, et qu'il devrait être content d'avoir ce grade. Liam cracha par terre avant de le laisser. Jonh failli le suivre mais se dit qu'il valait mieux laisser l'hypersexuel tout seul pendant quelques minutes. Ou définitivement. Cette discussion n'avait pas éteint ses sentiments douloureux, c'était plutôt l'inverse. Mais malgré tout il ne serait pas capable de partir, de laisser Liam "tout seul" avec sa perte. Il allait pas non plus rester assis sur ce banc jusqu'à ce que l'autre revienne. Il pouvait aussi rejoindre Rochel à la camionnette, si il s'agissait du même véhicule d'avant leur séparation. Jonh attrapa donc sa hotte, la portant tant bien que mal à l'aide de ses deux bras. Il avait l'impression que ses plaies dans le dos s'était remises à saigner à cause de sa chute sur le sol.

Il savait pas où il allait, mais il n'était plus dans le centre. Et aucune camionnette en vue. Jonh soupira et s'arrêta devant une maison qui était mauvaise état. Visiblement personne n'avait habité là dedans depuis longtemps. Elle était aussi faites en sucrerie mais elle ne donnait vraiment pas envie de la manger. Le dépressif posa sa hotte et s’accroupit en grimaçant avant de chercher sa lampe torche. Autant s'occuper et puis peut être qu'il se ferait bouffer par un bonbon cannibale. Il poussa sa hotte à l'intérieur et la laissa après avoir récupérer la téfatale. Au cas où. Mais il ne semblait pas avoir grand monde dans la maison. Son pied marcha sur quelque chose. Jonh ramassa l'objet, l'éclairant à l'aide de la lampe. C'était un flacon en forme de coeur et il dut s'y reprendre à plusieurs fois pour décrire ce qu'il y avait marqué : " philtre d'amour". Génial. Il ne manquait plus qu'un père Noël sorte de l'ombre et lui crie "joyeux Noël".

[HRP : Faites, faites, je ferai ma petite vie avec Jonh toute seule XD]
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Rochel Willow

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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeJeu 10 Déc - 22:23

Les portes de la camionnette s'ouvrirent, exaltant des relents de viande séchée et des odeurs musquées de transpiration et de renfermé. L'insomniaque monta à l'arrière et déposa le peu d'affaire qu'il avait. Il contempla un instant ses possessions tout en tendant l'oreille : la dispute semblait être descendue d'un cran en énergie mais le ton des protagonistes indiquait une tension qui n'était pas prête de se dissoudre.

Rochel s'assit et releva la manche de sa chemise – ou du moins ce qu'il en restait – et inspecta une nouvelle fois sa blessure au bras, celle qu'il s'était faite lorsque le véhicule lui était tombé dessus. Ce n'était même pas la blessure la plus profonde qu'il avait mais c'était la plus ancienne, celle qui était le plus longtemps restée en contact avec la poussière et le sucre. Heureusement, il n'y avait aucune infection.

Des images défilaient devant ses yeux et il tentait à chaque fois de les chasser et de ne plus y penser ; plus facile à dire qu'à faire. Ses yeux finirent par se poser sur la peluche de bourriquet. Il aurait cent fois donné sa vie pour sauver cette fillette que Liam venait de perdre. Le plus douloureux restait à venir : se souvenir des instants passés avec elle, de ces moments oubliés qui refont surfaces. Liam allait souffrir mais serait-il capable de rester fidèle aux idéaux dont il lui avait fait part ? La tristesse est humaine, après tout.

Perdu dans ses pensées, Rochel ne remit les pieds sur terre que lorsqu'il vit Liam s'éloigner vers une sorte de café ou de bar dont l'enseigne à moitié défoncée ne permettait pas d'identifier la nature avec plus de précision.
Il hésita un instant et se décida finalement à suivre l'endeuillé. L'idée n'était pas de lui parler de ce qui venait de se passer, il en parlerait s'il le voudrait. Rochel était davantage soucié par l'état mental de Liam : si ce dernier s'était fâché avec Jonh ou s'il lui venait une idée un peu trop noire, l'insomniaque essaierait de faire rentrer les choses dans l'ordre comme il le pouvait. Usuellement, c'est ce qu'on attend d'un ami et le dépressif se sentait prêt à le faire pour Liam sans réellement savoir s'ils se considéreraient un jour comme tel.

Il arriva dans le bar et trouva Liam penché sur un verre rempli d'une liqueur aux odeurs fortement sucrées. Il tira vers lui un tabouret et grimpa dessus, déclinant d'un geste poli l'invitation du serveur qui tenait encore la bouteille à la main.
Un bref silence s'installa entre eux, un silence que Rochel peinait à briser, ne sachant pas vraiment par où commencer ni comment aborder le sujet. Liam lui fit grâce de cet effort et parla en premier.
La réplique était sèche mais pas agressive pour autant. C'était assez déconcertant de voir ainsi Liam, d'habitude si fier, se tenir là et commencer son discours sur la défensive, un peu comme un enfant apeuré ou inquiet.

L'insomniaque écouta sans rien dire. Liam avait besoin de vider son sac et le fait même de poser des mots sur sa souffrance parvint à exorciser la douleur qui éclata enfin. Des larmes coulaient sur le visage bourru de l'ex-taulard sous le regard bienveillant de Rochel.
Ce dernier posa une main sur l'épaule de l'hypersexuel et le rassura de sa voix fatiguée :

- De qui elle était réellement l'enfant importe peu. J'ai vu à quel points vous teniez l'un à l'autre. Il m'a suffi d'une minute pour le comprendre : vous vous aimiez, et ça personne ne pourra vous l'enlever.
Il retira sa main, ne souhaitant pas maintenir trop longtemps un contact qui n'était pas encore naturel.
- Mais je ne suis pas venu pour te faire la morale. Je ne compte pas t'empêcher de te venger. Je ne t'aiderai pas non plus parce que je n'aime pas ça et que ce n'est pas à moi de le faire mais... même si tu t'en fiches probablement, je veux que tu saches que je suis désolé pour toi. J'ai vécu quelque chose de similaire et c'est ce qui fait que je suis comme ça aujourd'hui. Tu as peut-être raison : je n'ai pas su me prendre en main, me relever et avancer.. c'est pour ça que je veux te suivre. Parce que je pense que tu as quelque chose à m'apprendre. Et même si tu fais ton possible pour donner l'impression que tu es un mur que rien n'atteint, j'ai quand même pu voir que tu étais humain toi aussi. Peut-être même plus que certaines personnes... Non : c'est une certitude.

Il se retourna et s'adossa au comptoir, croisant les bras pour se réchauffer un peu. Il avait froid à cause de la fatigue, surtout. Le barman s'affairait dans un coin à faire l'inventaire des pertes et de ce qui avait survécu à l'attaque de cette nuit, laissant tranquille les deux voyageurs.

- En fait, si je suis venu, c'était pour m'assurer que vous vous étiez réconciliés, toi et Jonh. J'ai cru comprendre que la discussion portait sur moi à un moment donné et je m'en voudrais d'être la cause d'une tension entre vous. Tu as déjà assez enduré de souffrance aujourd'hui, tu as besoin d'avoir tes amis près de toi. Dans le monde réel, c'est surtout ma sœur qui vient me rendre visite de temps en temps. Je serais sûrement devenu fou sans elle. Peut-être même que... enfin je suppose que tu te fiches de ma vie, elle n'est pas intéressante.

Il baissa les yeux, contemplant ses chaussures et laissant à Liam le temps de pleurer tout son saoul. Pleurer faisait du bien, encore fallait-il parvenir à le faire. Pour Rochel, ce stade était déjà loin, par-delà le vide de son âme, accessible seulement les rares moments où sa dépression lui permettait quelques expressions de sentiments refoulés au plus profond de lui-même. Parfois, il se réveillait avec les larmes aux yeux avec l'envie, le besoin de pleurer sans jamais y arriver. Alors il s'accrochait de toute ses forces aux bribes de rêves qu'il venait de quitter et qui finissaient par s'évaporer entre ses doigts, le laissant seul face au silence de sa chambre et à son incapacité d'exprimer le plus simple des sentiments : la tristesse.

- Elle était voyageuse, c'est bien ça ? J'ignore ce qui nous arrive lorsqu'on meurt à Dreamland mais... voudrais-tu que l'on fasse son enterrement symbolique, une fois que tu auras fait ce que tu souhaite faire ? Pouvoir se confier à la tombe des personnes qu'on aime et savoir où les retrouver quand on a besoin de leur parler peut réconforter, même si ça nous confronte un peu durement à la réalité. Qu'en dis-tu ?

On ne pouvait pas dire que la méthode avait été absolument efficace pour Rochel mais elle n'avait pas empiré son cas non plus. Il se rendait souvent sur la tombe d'Alice ; la proximité avec elle lui redonnait souvent le courage d'affronter le reste de la journée, il la savait proche de lui, il savait qu'elle l'entendait depuis le Paradis et il lui semblait même entendre sa voix de temps à autres, comme un chant lointain apporté par une brise légère.
Il se rendait sur sa tombe pour lui parler de son quotidien trop souvent terne et sans intérêt, pour parler de tout et de rien comme ils le faisaient de son vivant ; il venait lors des fêtes pour lui parler encore car cela lui permettait de vivre, tout simplement. Même des petits mots sans importance comme un simple « bonjour », « joyeux anniversaire » ou « joyeux Noël ».
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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeSam 12 Déc - 21:59

Le contact de cette main sur son épaule le crispa aussi sûrement qu'un coup de taser. Il n'aimait pas la pitié, il l'abhorrait même. Et d'autant plus quand il en était la cible. Il n'en avait jamais eu quand il en avait besoin, il était à présent trop tard pour lui en offrir. La main crispée sur son verre, Liam avala une gorgée de l'alcool inconnu alors que Rochel tentait de le bercer de paroles réconfortantes. Que croyait-il ? Qu'il avait besoin qu'on lui dise tout ça ? Il le savait. Personne ne le savait mieux que lui. La relation qu'il avait eu avec Ella était un trésor qui resterait éternellement incompris par le reste du monde.

Le tueur s'apprêtait à le signaler quand la diatribe du phobique changea légèrement de sujet. Il voulait le suivre pour apprendre à prendre sa vie en main ? A l'entendre il l'idéalisait presque. Si ce pauvre mec connaissait ne serait-ce qu'un pourcent de ses méfaits il courrait probablement se laver la main à l'eau de javel mais non, il était là à lui dire qu'il était un exemple d'humanité. S'il avait été plus d'humeur, cette réflexion lui aurait probablement offert une bonne tranche de rire.

Mais Rochel parlait, encore et encore, au point que Liam ne remarque même plus ses larmes diluant sa boisson. Il l'écoutait en silence parler de sa propre douleur, dresser des parallèles, jouer les conseillers matrimoniaux... et les curés aussi, pendant qu'on y était. Enterrer symboliquement Ella ? Ça paraissait tellement absurde pour l'ex-taulard, bien trop éloigné de la spiritualité pour y voir un quelconque réconfort.

- Écoute, j'apprécie l'intention mais je ne crois pas à tout ça. Les tombes, se recueillir, Dieu et ces conneries... c'est du vent. Ella est partie. Le tas de cailloux qu'on ferait ne la remplacera jamais et j'ai jamais eu la conversation facile avec les pierres. D'ailleurs en parlant de pierre, j'ai toujours l'autre pour lui parler.

Mais est-ce qu'il le ferait vraiment ? Ce serait se poignarder encore et encore. Rien que d'y penser il se sentait comme un junkie devant une seringue bien chargée. Haut il monterait et dur serait le bad trip. L'envie de revoir la rouquine était intense, presque autant que ses pulsions habituelles, mais ça se résumait à avaler de l'arsenic : ça ne servirait à rien d'autre qu'à le tuer à petit feu.

- Et pour t'éclairer, j'ai déjà vu beaucoup de voyageurs mourir... et ils meurent comme n'importe qui. Le cadavre de leur âme reste là où ils sont morts à Dreamland pendant que leur corps se transforme en légume dans le monde réel. Si je dois faire une tombe pour elle, ce sera après avoir l'avoir décroché de ce putain d'arbre. Quant à Jonh... ne te soucie pas de ça. C'est tellement compliqué que même moi, ça me dépasse.

Une gorgée de plus enflamma son gosier et il reposa le verre sur la table. Le reflet que le liquide lui renvoyait était celui de son père et il serra son verre si fort qu'il lui explosa entre les doigts. La douleur qui irradiait sa main était presque bienvenue. Chaque bris de verre qui pénétrait sa chair aidait à court-circuiter le flot d'émotions qui le submergeait, stoppant peu à peu l'afflux de larmes. Il fallait qu'il se reprenne, il avait déjà trop déconné. Ce n'était pas parce qu'il avait perdu sa chance de rédemption qu'il devait suivre la tradition familiale des Baldwin de devenir un monstrueux poivrot.

Levant des yeux encore rougit vers un publicité qui trônait au-dessus du bar, le violeur suivit l'invitation et commanda deux cocas cola, que Rochel le veuille ou non. Il entreprit ensuite d'ôter un à un les morceaux de verre tandis que le patron apportait de quoi désinfecter en grommelant qu'il allait devoir rembourser le verre. Il se sentait vide mais plus posé, à présent. Ses pensées s'agençaient correctement dans sa tête pour élaborer un plan viable. Courir en hurlant ne lui permettrait jamais de trouver les coupables, mais il devait bien y avoir un moyen de dénicher cette information par la magie...

- Je suis désolé pour toi, aussi peu empathique que j'ai l'air. C'est parce que tu as vécu ça que je me casse le cul pour que tu te prennes en main. La plupart des gens ignorent la souffrance des autres, soit parce qu'il ne l'ont pas connu, soit parce que la leur les préoccupe plus. Si on veut continuer à vivre, il faut apprendre à gérer ça seul. Tu peux toujours pleurer sur une tombe et papoter avec ta sœur, c'est pas ça qui la ramènera. Parce que c'est ça que t'attends, en réalité. Ce qu'il faut, c'est accepter qu'elle soit partie et te tourner vers l'avenir... ce que je ferai dès que j'aurais crevé ces enfoirés. C'est ma manière de faire mon deuil. Ensuite je pourrais envisager de vivre de nouveau pour moi. Tu devrais réfléchir à une manière efficace de tourner la page.

Il se laissa soigner, siffla son coca, lâcha 20 rubz sur le comptoir et se mit debout, prêt à quitter le débit de boisson.

- Viens, on se tire. On a de la route à faire.

Dehors, la nuit était tombée. Il ne fallut pas longtemps pour rejoindre la camionnette où Jonh... n'attendait pas. Liam grinça des dents mais chargea tout de même sa hotte à bord avant de s'installer au volant. Il lui laissait 30 minutes après quoi il ferait toutes les maisons du patelin pour le ramener par la peau du cul s'il le fallait. En attendant, il s'alluma une clope, profitant du plaisir fugace de la première bouffée de nicotine. Tout n'était pas fini, loin de là... il était seul, il était perdu... mais il avait un but.
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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeSam 12 Déc - 22:45

Comme il l'avait pensé, il en avait un peu trop fait et cela n'était pas du goût de Liam. L'insomniaque se sentit tout de même un peu vexé que l'hypersexuel catégorise la religion de « connerie » mais il n'était pas dans son assiette, il ne le pensais probablement pas. Ou peut-être que si, mais on ne peut pas forcer les gens à avoir la foi. L'important est de savoir que Dieu aime tous ses enfants et que la Vérité illuminera les brebis égarées au moment voulu.

Liam continua à parler de sa voix éteinte, racontant comment les voyageurs devenaient de simples légumes dans le monde réel. L'insomniaque ne put s'empêcher d'établir un lien entre cette mort et l'état de son corps présentement. Pouvait-on le considérer comme déjà mort ? Peut-être l'était-il sans le savoir...
Ces pensées nihilistes ne restèrent cependant pas longtemps dans l'esprit usé du jeune homme qui mobilisait déjà toute sa concentration sur Liam. Son discours lui importait car il avait le devoir moral de l'écouter. Quelqu'un devait au moins faire ça pour lui, le pauvre homme.

- Je vois... C'est une triste fin mais peut-être que ces personnes continuent d'exister d'une manière ou d'une autre : biologiquement, ils sont toujours vivants, après tout. Et... désolé si ça t'a vexé, je ne voulais pas prendre le rôle de l'objecteur de conscience. Bien sûr, tu feras ce que tu veux, je ne faisais que proposer..

Un bruit de bris de verre perça le silence à peine installé et Rochel en identifia clairement la provenance. Des gouttes de sang perlaient déjà de la paume de Liam. Ne sachant pas s'il était la cause de cette réaction, il n'osa rien dire. Il n'avait pourtant pas l'impression d'avoir été blessant, ce devait être les nerfs...

Il suivit timidement le regard de l'ex-taulard, perdu devant une publicité de boisson gazeuse. Pris d'une lubie soudaine, l'hypersexuel commanda deux verres. Rochel le remercia d'un hochement de tête et d'un sourire doux. Il fut un temps où il appréciait énormément ce genre de boisson. Mais depuis la mort de sa fiancée, il n'en avait plus bu. Il fixa longuement le verre et son contenu dont les bulles minuscules venaient s'agglomérer à la surface pour former une écume brune à l'odeur acidulée.

Liam reprit la parole, cette fois-ci pour aborder le sujet de Rochel lui-même. Il fut assez étonné d'une telle initiative mais ne s'y opposa pas, préférant boire une gorgée de Coca.
Son discours était tout à fait logique mais les quelques détails dont seul Rochel avait la connaissance l'empêchaient d'y adhérer totalement. Liam ne pouvait pas savoir ; il ne pouvait pas comprendre. Ce n'était pas juste une volonté de ramener Alice. Bien sûr qu'il aurait tout donné pour la revoir mais aussi cynique soit le constat, elle n'était qu'une pièce qui, de par son absence, rendait la machine incomplète et l'empêchait de fonctionner correctement.

Les rouages du sommeil et du rêve s'étaient effondrés et la chute les avait abîmés. Simplement les remettre en place ne suffirait jamais, pas sans trouver d'abord comment faire fonctionner un automate sans sa clé ; un homme sans son cœur.
- Je réfléchis à ça tous les jours, tu sais... toutes les nuits aussi. J'apprécie les efforts que tu fais pour moi, je vais continuer à chercher encore.

Chercher quoi, précisément ? La formulation de l'ex-prisonnier était si concrète qu'elle en perdait tout sens. L'insomniaque ne parvenait pas à comprendre cette manière de rationaliser l'irrationnel, les sentiments. Il avait besoin d'un chemin, d'un exemple ; cette main que lui tendait Liam était réellement preuve d'humanisme mais elle n'était pour Rochel qu'une énigme supplémentaire.

Lorsque le signal du départ sonna, Rochel n'en était même pas à la moitié de son verre. Il se pressa un peu pour boire, savourant la boisson autant que faire se peut et partit sur les traces de Liam, déjà sorti depuis une petite minute. Il remercia le barman et lui souhaita bon courage pour la suite avant de s'éclipser dans la fraîcheur de la nuit.

Le calme alentours était autant reposant qu'angoissant tant on pouvait s'attendre à voir surgir un autre Dévoreur. Reposant pourtant car ce n'était pas le cas : aucun Dévoreur ne viendrait cette nuit et les villageois devaient déjà dormir sur leurs deux oreilles pour une fois depuis assez longtemps.
La faible lueur rougeoyante d'un bout de cigarette fut son phare ; il avança jusqu'à la camionnette et remarqua l'absence de Jonh. Pourvu que ce dernier ne soit pas réellement parti..

- Il a dû passer à la pharmacie s'acheter de quoi se soigner, je suppose. Il ne devait pas tarder, fais-lui confiance.
Sur ces mots, il grimpa dans la camionnette. A l'arrière afin de laisser les places avant à Liam et Jonh. Il ne tenait pas à être l'élément qui viendrait perturber l'équilibre sensible de leur duo.
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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitimeMar 15 Déc - 18:04

Jonh se sentait comme Hansel à l'intérieur de cette maison. Excepté qu'il faisait sombre et qu'il n'y avait aucune trace de sorcière dans les parages. L'endroit n'en était pas moins stressant. Le dépressif avait donc continué son exploration, peut être allait il trouver des objets intéressant autre qu'un philtre...Il avait vraiment pas besoin de ce genre de chose en ce moment, ni même jamais. Il aurait eu plus été content de trouver un philtre anti-amour plutôt. Il l'avait quand même mis dans sa poche au cas où, sur un ennemi, ça pouvait servir.
Après avoir joué les aventuriers au premier étage, il pensa que Liam devait avoir fini de se ressaisir et fit demi-tour vers la sortie. Il rangea son arme et sa lampe torche dans sa hotte avant de la soulever pour se remettre en route. Il fallait maintenant trouver la camionnette. Peut être devait il retourner vers le centre ?
Alors que Jonh marchait le long du trottoir il se demandait bien comment Liam comptait retrouver les assassins d'Ella. A moins que la petite lui ait révélé qui ils étaient. Le dépressif n'avait pas vraiment eut le temps de poser des questions vu que l'hypersexuel avait été trop occupé à lui crier dessus. Des lumières de phares attirèrent son attention et tel un bateau, il les suivit. Il fut soulagé de reconnaître le véhicule des bandits, car il se sentait vraiment pas de tourner en rond encore une heure. Son dos lui faisait un mal de chien. Jonh arriva à la tête du véhicule, il n'y avait pas de trace de Rochel. Il avait du se mettre à l'arrière. Sans un mot le dépressif longea la camionnette pour aller poser son fardeau. L'autre voyageur était bien là. Il ne pouvait pas s'empêcher de ressentir de la jalousie, même si c'était ridicule. Jonh se pinça les lèvres avant de murmurer.

- Désolé pour le spectacle de tout à l'heure...et pour le miroir...Je ne suis pas violent d'habitude

Oh il pouvait mettre ça sur le compte des bonbons. Manifestement c'était la cause de tout ce bordel. La preuve le regard de Rochel ne le faisait plus flipper. Jonh esquissa un petit sourire avant de laisser son interlocuteur pour rejoindre Liam. Le dépressif essaya de s'asseoir correctement mais c'était impossible de plaquer son dos contre quelque chose pour l'instant. Il n'avait alors pas d'autre choix que de se décoller un peu pour ne pas toucher le siège. Après quelques secondes de silences, il s'adressa enfin au conducteur.

- Je suis désolé...pour Ella...Je sais que ça ne doit pas être facile pour toi...Je t'aiderai à retrouver ceux qui lui ont fait ça

>> Direction l'autoroute
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MessageSujet: Re: Un voyage casse-bonbons   Un voyage casse-bonbons - Page 6 Icon_minitime

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