Les Serveurs de Noël au service de la magie

- Sur ce point-là, tu as raison. Il faut mieux patienter...

Alexander ne mentait pas réellement. Même s'il trouvait que la réaction du pirate était (comme toujours) excessive. Cependant, il avait raison au niveau de James : il pouvait revenir au bar.
Il pouvait aussi revenir à l'hôtel. Il leur fallait donc aussi rester à l'hôtel. Par contre, il était moins sur pour le coup du Marchand de Sable: des sbires partout? Cela pouvait tout aussi bien pu être un hasard. Si cet entité était si puissante, pourquoi ne les avait-il pas trouvé, après tout?

Le brouhaha d'une fête s'entendait, plus loin. Encore un de ces évènements de mages... Si Alexander n'avait pas été aussi préoccupé, il serait aller voir. Et puis, il y avait Sydney...

... Ou pas. Il était parti. Disparu. Flop! Il avait été rapide. Ou Alexander devait être trop captivé. Quoi qu'il en soit, il était sans doute parti dans le bar, au côté de Jake. Il n'y avait guère plus de clients, pour le moment.

Alexander se mit à réfléchir. Ils entraient dans une heure creuse. Il y aurait donc moins de client. Et puis, avec tout ces évènements, le Manchot avait bien besoin d'être ressourcé. Mais que pouvait-il faire dans cette ville immense...

Il se remémora chaque recoin de la ville. Il y avait un endroit qui lui plaisait beaucoup, à l'époque de son premier job. Et il avait envie d'y retourner. Pour se rappeler..... Et oublier les soucis.

Il partit donc vers le pont ou il avait rencontré Myia. Les eaux étaient toujours aussi rose. Cela ne lui avait pris que 5 minutes.
Il repensa à totu ça. Ou était-elle, depuis le temps? Éprouvait-elle toujours des sentiments pour lui? Ou plutôt... en avait-elle déjà éprouvé?
Il commençait à douter de cela. Mais au départ, il avait fait cela pour découvrir cette splendide cité, et pour l'argent.

D'ailleurs, il avait une bourse bien rempli... Il partit donc en direction des commerces, siégeant plus loin.... A faire ses emplettes et à revenir, cela lui prendre 10 a 20 minutes de plus. Il lui resterait un peu de temps de pauses...

( HRp: Temps de pause Gloutoniskaïa: Premier jour
Jake: 15 minutes
Sydney: 25 minutes
Alexander: 30 minutes (actuellement) )

Rien ne valait la protection d'un comptoir en bois massif contre ces fous furieux à l'extérieur. Il servait de temps en temps un cocktail à un client qui s'en allait aussitôt après, sans doute pour aller grossir les rangs de cette mini-rébellion. Cela n'annonçait qu'une seule chose qui tenait en trois mots : raz de marée. Combien de marins, combien de capitaines... Combien d'ivrognes déferleraient sur le bar une fois les réjouissances finies..? Tous, beuglant comme des veaux... S'entre déchirant, et Syd, pauvre pirate perdu en pleine mer, que ferait-il ? Il survivrait, mais à part ça il ne savait pas comment.

Jake commençait déjà à nettoyer, anticipant les débordements futurs. Sydney l'imita en passant un coup d'éponge sur le bar, s'amusant à faire disparaitre chaque rond créé par les verres en frottant dessus. Un coup de chiffon et le bar était nickel. Un peu de vaisselle et ce sera bon.

Interrompu dans son élan par Jake, le pirate posa ce qu'il avait entre les mains pour l'écouter. Il n'arrivait pas à comprendre... Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Y avait-il un sens caché derrière tout ça ? Ou bien Jake voulait simplement discuter. Finalement ce fut un mélange des deux alors que ce dernier révéla au pirate son orientation sexuelle.
Le parano' regarda le jeune homme avec un ton neutre avant de hausser un sourcil interrogateur.

- Oui, je m'en étais un peu douté. Ecoutes, je sais que James te manque mais moi, je suis hétéro-... Non, je ne suis rien. Les gens sont dangereux.
Il reprit l'éponge et le verre qu'il était en train de nettoyer, fixant ses mains. Manque de tact ? Très certainement à en juger par la réaction de Jake. Syd soupira.
- Ecoutes, je suis désolé ; je voulais pas dire ça comme ça... J'ai du mal avec les gens. Parler c'est pas mon truc, je sais pas...
Ça me fait plaisir que tu me considère comme un ami, et moi aussi je te fais *à peu près* confiance mais quitte à jouer carte sur table, je tiens à ce que tu saches que ça n'ira pas au-delà.

Il s'essaya aux sourires réconfortant sans pour autant être certain du résultat. Jake était - comme James et Alexander - ce qui se rapprochait le plus pour Syd d'un "ami" et pourtant, là encore il avait toujours autant de mal avec les relations sociales.

- Tu sais, on a tous des pouvoirs donc niveau bizarre je suis assez rodé. Et puis cette ville... Mais bon, crois pas que je t'apprécie pas parce que je suis distant ; je suis comme ça depuis tout petit. J'ai juste besoin de mon espace, de ma bulle. *Ma carapace ?*
Le parano' n'avait pas envie de réfléchir pour savoir si le bout de phrase "j'ai pas envie de mentir à qui que ce soit" était sincère ou destiné à dissimuler un mensonge. Il était fatigué et s'il devait rester sur ses gardes, il préférait se préparer mentalement à l'assaut de tout à l'heure.

Dehors les clameurs semblaient s'être dissipées, sans doute les fêtards s'étaient éloignés. Depuis son arrivée à Dreamland il s'était confié à bien plus de personnes qu'il ne l'avait fait durant ces dix dernières années et à chaque fois il ne pouvait s'empêcher de penser au monde réel, à son enfance.
Oui, il avait menti. Il n'était pas comme ça, autrefois. Il se souvenait des moments heureux de son enfance, période d'insouciance bénie... Ou maudite, au choix.

Il aurait donné n'importe quoi pour y retourner et pourtant, maintenant qu'il avait ouvert les yeux sur la laideur du monde, les refermer serait du suicide. Il ne pouvait pas vivre comme si rien ne s'était passé, c'était impossible.
Revenu de ses rêveries, Sydney s'aperçut qu'il astiquait le même verre depuis maintenant une bonne dizaine de minutes, aussi le rinça-t-il avant de le sécher. Il fallait qu'il s'occupe pour ne pas paniquer. Ce boulot avait peut-être des aspects dangereux mais il n'en demeurait pas moins que c'était l'un des rares jobs dans lesquels il pouvait se sentir bien par moments.

Discuter avec Sydney fut un grand soulagement pour Jake, et il se sentit tout de suite mieux, et les deux jeunes s'étaient mis aux confessions, ce qui procura un sentiment, en plus des paroles de Sydney, de réelle amitié. Mais ce dernier insistait sur le fait qu'il ne voulait pas aller plus loin que l'amitié, ce que Jake considérait comme normal, et il le respectait. Mais il ne voulait rien du tout, et disait être comme cela depuis son enfance. Jake se prit de compassion pour ce malheureux personnage qu'était le jeune Pirate du comptoir.

-Merci, ça me fait du bien qu'on me parle et que je dise tout. Mais si tu veux ta bulle, je te la donne! Par contre Alexander tire sur sa pause... Bof moi je préfère la prendre plus tard...

Jake partit aussi un peu confus de cette discussion, nettoyant chaque partie de son uniforme minutieusement, comme Syd qui lavait machinalement le même verre. Cela prouvait qu'ils avaient tout deux quelque chose dans leur cœurs auxquels ils repensaient. Il ne voyait pas trop quel traumatisme avait pu avoir Sydney, mais il y en avait forcément eu un, du moins, pendant la grossesse de sa mère, ou durant sa période bas âge... Franchement, avoir des souffrances cachées en soi c'est pas trop marrant. Jake pensa qu'à ce moment, tous les voyageurs rencontrés semblaient avoir une sorte de démon entre eux...

Pourquoi fallait-il absolument avoir une problème psychologique pour entrer dans ce monde fabuleux? Pour guérir? Jake savait qu'il était un gros fou, déchainant sa rage lorsque son état le lançait, froid et distant lorsque son était le bloquait, et décalé lorsqu'il était à peu près normal. Il n'aurait pas du naître. Il avait juste envie de redevenir normal... Mais qui sait, peut-être que cette thérapie qui s'était transformée en un voyage à Dreamland allait résoudre quelque chose, mais les pouvoirs que chacun avaient les menaient dans le sens contraire... Quoique? Non, tout cela les poussait à s'accepter comme tels, c'était fabuleux!

Jake, lancé sur sa pensée, était dans un état léger et fabuleux, et acheva son relooking, il avait maintenant l'air d'un jeune adolescent, ne faisant plus son âge, surtout grâce à sa coiffure, qu'il avait améliorée pour faire ressortir son visage et ses yeux... Il avait remis tous les boutons de sa chemise, et était fier de lui à présent. Il repensait encore à ce gay qui s'était confié à lui, qui devenait surement plus "self-confident" en ce moment-même.

Il sentait à présent que la fête était à son grand final, car les sortilèges régnaient en maitres dans le ciel de Gloutoniskaïa le colorant telle une explosion de joie et de bonheur! C'était un futur Rush qui se préparait... Il espérait qu'Alex serait là à temps pour les aider..

Quelle belle journée, épuisante certes, mais très belle ...

Alexander se baladait nonchalamment dans les rues bondées du Bouffon Vert. Cette rue était connue pour ses nombreuses échoppes, et les diverses marchandises proposés. Il y avait de tout : des substances magiques, des objets magiques... Et aussi des objets ne valant rien pour un habitant ordinaire, comme des vêtements d'hiver....

En voyant ces manteaux, Alexander repensa à son ticket de réduction. Il partit donc prendre un manteau d'hiver. Ce qui était bien, avec les vendeurs de Gloutoniskaïa, c'est qu'il était plutôt bon enfant: il en cherchait pas véritablement, pour la plupart, a faire de l'argent.
Mais alors qu'il allait partir du stand, un bonnet avec un prix élevé souleva sa curiosité.

Il était écrit: " Bonnet du Travailleur: Le bonnet de tout dur labeur! Seulement 650 Rubz!"

- Pardonnez-moi, mais qu'est ce que ce bonnet.... d'un certain temps a de si spécial, pour être vendu ce prix?

Le vendeur, qui avait dis s'appeler Georgie, le regarda d'un air amusé.

- Ce bonnet est idéal pour tout travail! Si vous le portez, vous vous rendrez compte de l'énergie qu'il peut vous donner! Après, je n'ai jamais compris pourquoi seuls ces bonnets avaient cet effet-là... Il faudrait demander aux mages! Qui sait ce qu'ils ont pu faire...

Alexander regarda sa bourse. Après tout, pourquoi pas? Il suffirait de recouvrir ce bonnet d'un autre, à la rigueur. Restait à savoir s'il allait le mettre au bar... Après tout...
Il donna son dû à Georgie, puis retourna à ses emplettes. Il partit donc en direction d'une échoppe, désigné
" Troc-Tout, le magasin de l'utilitaire!".
Il y avait vraiment de tout et n'importe quoi. Il y avait par exemple des brosses à dents, des cartes, des boussoles... Des casseroles, et divers autre choses. Jusqu'à une glaciaire!

Si Alexander était contre ce type d'objet qui était si gelé que il aurait pu y perdre sa seconde main en la mettant à l'intérieur... Il savait qu'il en aurait besoin, ne serait-ce que pour conserver quelques repas.
Il prit donc une boussole, une carte, une brosse à dent, et une glaciaire, utilisant son bon de réduction de 50% pour la glaciaire. Pas de mauvaises économies! Il prit même un poing Américain... Au moins, il pourrait se défendre. Coût total: 100 Rubz. ça allait. Il rajouta donc une semaine de ration de survie, qu'il mit très rapidement dans la glaciaire. Coût total: 300 rubz

Pour finir ses emplettes, il partit voir un espèce hurluberlu d'alchimiste, qui lui proposa un gélule Bonleurre... " La gélule du parfait compagnon!" Il n'avait guère compris ses explications, il avait juste appris que cette gélule pourrait lui permettre de se "dédoubler"... Cela pouvait toujours servir. Il utilisa son dernier ticket de réduction, 30 %. Il en avait eu pour un total de... 1107 Rubz. Pas énorme, après tout... Mais il était plus aussi riche.

Il déposa son attirail entier à l'hôtel, pensant à ce qui pouvait arriver prochainement... A un moment ou à un autre, il leur faudrait partir de Gloutoniskaïa... Comment cela allait se passer?

Il garda le bonnet dans sa poche. Cela lui servirait. Il retourna donc à son travail, après 20 minutes supplémentaires... Il ne lui resterait plus beaucoup de temps de pause.

Cependant, il n'eut guère le temps de penser à cela, ou de s'occuper de ses compagnons, car une personne l'appelait. Il se dirigea vers lui...

(Hrp: Temps de pause d'Alexander Blizzhead déjà pris: 50 minutes
Utilisation des Tickets 30% de réduction, 50% de réduction et 70% de réduction)

Si les motivations qui avaient poussées Jake à venir lui parler restaient obscures pour le pirate, il dut néanmoins remarquer que celui-ci avait raison sur le fait que l’ami manchot était dehors depuis pas mal de temps.
- Boh, il est grand tu sais.. On fait des petites, pauses, lui préfère surement en faire une seule. Ce qui m’intrigue c’est : que fait-il de ses pauses ?

Tandis que ses paroles se voulaient rassurantes, les pensées de Sydney étaient d’une toute autre nature. Hormis les questions qu’il se posait sur Jake, il en était revenu à s’en poser sur Alexander. Il avait beau se convaincre que son ami ne faisait rien de mal, il y avait toujours ces « et si… », ces « à moins que… » qui, constituant un point de départ, débouchaient sur diverses théories, sur toute une arborescence des scenarii dont sa paranoïa était capable de lui faire part et bien plus encore.

Les avait-il trahis pour aller grossir lâchement les rangs du Marchand de Sable ? Il n’aurait pas tort de faire ça. Fomentait-il un assassinat contre eux ? C’était peu probable, mais si c’était un espion du Dieu vindicatif, alors non seulement il en était capable mais en plus il avait drôlement bien caché son jeu. Heureusement, il n’était pas de ce genre-là.
A moins que…

- Hm… Je crois que ça me fait du mal, les relations sociales… Vraiment. Je m’en fait pour James, maintenant si je dois m’en faire pour Alex’, j’aurais bientôt plus de temps à me consacrer. Si la phrase semblait teintée d’humour, le pirate était on ne peut plus sérieux. De toute façon l’humain était comme ça. La philosophie de « ma pomme ».
Il n’y avait aucun acte sincère et quand on prenait la peine de réfléchir sur le sujet comme Sydney avait su le faire, on s’apercevait alors qu’il n’est rien de plus sincère que l’égoïsme. A méditer.

- Mais dis-moi… J’ai vraiment du mal à comprendre en quoi tu me fais confiance. Pourquoi. Il y a quelques heures, tu me fuyais. Un peu plus tard, tu me frappes. Et maintenant ça. C’est de l’empathie ou juste une grosse hypocrisie ?
Non, pardon. Je n’aurais pas dû dire ça ; je ne le pensais pas. *Ou si..? Je ne sais pas. Je ne sais plus.* Je crois que je suis un peu fatigué.

Guettant par intermittence l’entrée du bar au cas où Alexander, repointait le bout de son nez, le pirate remarquait que le soleil commençait à se coucher. Les clameurs festives semblaient assez lointaines mais ils n’étaient pas à l’abri d’un rush dont les autres bars seraient eux aussi victimes. A moins que tous les gloutoniskaïens décident de venir précisément ici pour l’emmerder. Après tout il avait des ennemis partout ; dont ce type de tout à l’heure…

Le bar était nickel : Jake s’était chargé de remettre les tables en état et de passer un coup de balai au sol ; Syd avait lavé tous les verres et suffisamment astiqué le bois massif de son bouclier pour qu’on puisse se voir dedans. Ils étaient seuls dans le bar, sans aucun client à satisfaire. C’est donc tout naturellement que Sydney passa de l’autre côté du comptoir pour aller s’asseoir sur un tabouret. La seule personne ici avec laquelle il devait encore établir une distance de sécurité, c’était Abel.

S’asseoir faisait du bien car malgré sa pause, le paranoïaque avait passé toute la journée debout. Ses jambes le remercièrent en lui envoyant un joli message de douleur. Il n’avait de cesse de le répéter : même son corps lui en voulait. Il était une âme à fuir. Il était un duo forcé, à peu de choses près. Enfin. Après un long soupir, il se remémora les moments clés depuis son arrivée. Ce petit checking lui permettait de clarifier la situation. C’était un rituel dont il ne saurait se passer.

- Tiens, d’ailleurs… Qu’est-ce qui t’as amené ici, à Dreamland ? Je veux dire… Qu’est-ce que tu cherches en venant ici ? Bonne question, d’ailleurs il tenta d’y répondre lui aussi. Il était là pour obtenir des réponses. Pourquoi tant de gens le haïssaient, pourquoi les regards se tournaient vers lui quand il entrait quelque part… Pourquoi tous les rires n’étaient que des moqueries déguisées... Pourquoi il avait le monde contre lui, tout simplement !
Même ses amis, sa famille, son livreur de pizza, même !! TOUS s’accordaient à le traiter de paranoïaque. C’était bien une preuve qu’il s’étaient passés le mot ! Les psy aussi, ils disaient ça. Mais Sydney savait qu’il était sain d’esprit. Il le saurait, sinon ! Il était juste plus lucide que les autres… C’était peut-être pour ça..? Les gens sentent ce genre de choses. Il est le mouton noir qui menace de faire s’écrouler du jour au lendemain ce monde d’illusions. Il était l’ennemi publique.

Certains grands hommes s’étaient servis de ça pour devenir des héros, des super-héros. Des sauveurs de l’humanité, ou bien des réparateurs d’injustices en chef. Lui ne voulait rien de tout ça ; il laissait ça aux autres, bien volontiers ! Tout ce qu’il voulait c’était vivre. En paix, et dans la vérité. Sans ce tissus de mensonges omniprésent. Ce n’était qu’un rêve, après tout ! Son rêve. Alors pourquoi ? Pourquoi tout le monde voulait le briser ?

La réponse de Sydney lui parût très convaincante... Il se faisait du soucis pour lui, et puis merde! Il faisait ce qu'il voulait. Mais la problématique soulevée par le pirate était très... intéressante. En effet il pouvait en faire ce qu'il voulait. Peut-être faisait-il les boutiques, peut-être qu'il se baladait... Et d'un coup quelque chose vint au cerveau de l’exhibitionniste.

-Au fait, c'est pas que je doute d'Alexander, mais Y'a que James qui le connaissait... On sait pas si entre temps il s'est pas lié à je ne sait quelle organisation pour nous piéger et se faire une petite fortune! Ou il va rejoindre une confrérie de voyageurs que l'on ne connait pas... Bref...

L'imagination débordante de Jake imaginait même Alexander en un vilain voleur tout de "je vous laisse deviner" vêtu qui terroriserait les villages entiers et qui devenait d'une réputation terrible avec un grosse prime sur sa tête, Ah! Quel beau présage.... HUUUUUM Jake recadra tout de suite son imagination et pensa plutôt à une petite ballade nostalgique dans les rues de Gloutoniskaïa à repenser à toutes les merveilles du monde...

Puis vint la réaction de Sydney ... Jake trouva ces paroles plutôt comiques, mais montrant qu'il n'était pas très confortable à l'idée d'avoir de grande relations amicales, trahissant une certaine peur, même si dans sa phrase, il laissait paraître de l'affection, ce qui était touchant. Sydney était vraiment quelqu'un de bien au fond, mais les paroles prononcées par le pirate furent révélatrices du comportement instable et moche de Jake, à ce moment là il se sentit très mal à l'aise regrettant tout...

-Je suis vraiment désolé, je suis trop instable.. et j'ai tendance à juger les gens trop rapidement ... et j'ai vraiment un gros problème avec tout ça, je ne sais vraiment pas pourquoi je t'ai fait toutes ces choses horribles... Désolé...

Jake resta dubitatif, mais une partie du poids qu'il avait sur ses épaules s'en alla, le laissant plus tranquille. Le bar, plus nickel que jamais était prêt à recevoir royalement les clients ordinaires, même si la pagaille allait surement revenir très vite. Il devait rester positif dans toutes les situations, rester cool, et trouver l'inspiration même si les temps étaient durs. Il se mit une chanson qui bougeait dans la tête et commença à danser tout seul pendant que personne ne pouvait le voir, toujours en train de faire quelque chose pour rendre ce bar un bar de luxe! en bougeant son corps et son popotin! Take me down like I'm a domino! pouvait facilement se lire sur ses lèvres lorsqu'il chantait la chanson dans sa tête. Il avait tellement envie d'aller en boite et de se déchainer!

Mais seules la question de Sydney le sortit de sa chanson, et comme s'il retirait un casque virtuel de sa tête, alla s'asseoir à côté de lui et prit quelques secondes avant de rentrer dans le vif du sujet... Puis, il eût le fil conducteur, le dessin de sa pensée...

-J'ai atterri ici parce que je crois que je ne m'accepte pas comme je suis... Je crois bien que je voulais changer... Mais vous m'avez fait me rendre compte que je suis bien comme je suis. Mais je pense que ce monde est aussi fait pour qu'on s'évade de notre petite vie de misère ... Et toi?

Jake finit son discours sur cette question, espérant que le pirate lui dirait sur quelles mers il avait vogué, quels trésors il avait pu trouver. Il pourrait lui raconter toutes ses croisades et toutes les batailles sanglantes. Mais peut-être que Sydney ne voulait pas faire cela, et Jake n'allait pas l'obliger à faire quoi que ce soit, après tout il faisait ce qu'il voulait! Jake se sentit rapidement très content, et son état de joie explosa à ce moment là, le laissant sur une note extrapositive! Let's dance everybody!

Alexander s'approcha de l'inconnu, qui n'était assurément pas un Gloutoniskaïen: il portait des vêtements d'une rare beauté, mais pas la robe traditionnelle des gloutoniskaïen. Il avait des lunettes carrés, et il écrivait en même temps de lui faire signe. Son visage était buriné par les âges. Autour de son cou, un pendentif avec une lune semblant laisser couler des larmes... Ou quelques chose du genre, c'était difficile à dire.

- Que puis-je pour vous, Monsieur?

L'homme le regarda, souriant légèrement. D'une certaine manière, l'homme rappelait un vieil homme qu'Alexander avait rencontré un jour. Et dès qu'il se rappela ce vieil homme, il espéra que il ne serait pas comme lui. Car du temps, ça oui il en avait perdu, avec le vieil homme...

Mais il avait comme dans l'idée qu'il allait avoir une mauvaise nouvelle.

- Ah, bonjour mon bon monsieur! Vous saviez que les Pargalunas étaient d'un bleu magnifique, de nos jours? D'après ce que j'ai pu apprendre, il cherche à effrayé les Lizardiums! Vous avez un Lizardium? J'ai vu le nom du bar! Alors, je me demandais, je pourrais le voir? Parce que...

Et bla, et bla, et bla. Exactement ce qu'il voulait éviter. Un homme déblatérant des choses inutiles. Il ne voyait même pas ce qu'était un Pargalunas. Mais Alexander était quelqu'un de poli. Et il l'écouta.

Le vieil homme racontait des choses parfaitement incompréhensibles, parlant de la pluie et du bon temps, d'un terroriste qui avait sévi dans la Forêt Maudite, et d'ébats de Lizardium... Apparemment, les Lizardiums étaient une vrai passion pour ce client. Effrayant, comme fantasme. Surtout quand il pensait que l'une de ces créatures aurait pu l'écharper, à Techyo... Les savants fous en avait donc juste capturé? Quel horreur!

Le jeune homme écouta l'ancien pendant 5 minutes. Il n'avait toujours pas donné sa commande... Effrayant.

- Bon, écoutez, je voudrais bien vous écouter mais... J'ai du travail. Que désirez-vous, monsieur?

Le vieil homme eut l'air surpris et gêné.

- Oh oui bien sûr, excusez moi je suis bavard! Un Tarbnapia Talor, alors! Il parait que ça cultive l'esprit! Et puis, ce goût si fruité! Avec un Œil de Lizardium sur la mousse!

Bon, au moins, il avait une commande. Il partit rapidement vers le bar... Ou Sydney et Jake parlait encore.

- Veuillez m'excusez les enfants, mais nous avons du travail, nous parlerons ce soir! Un Tarbnapia Talor avec un œil de Lizardium sur la mousse, Sydney!

Il était plutôt mécontent du manque de professionnalisme de ses compagnons. Mais il leur avait parlé gentiment...

Il commençait à fatiguer, cependant. La pause ne l'avait pas vraiment mis en forme. Après tout, marcher ...
Puis il repensa à son bonnet, qu'il mis à sa tête. Et soudain, il se sentit revivre, et plein d'énergie. Maintenant, il devait juste attendre la commande... Il ne voulait pas supporter le client.

S'évader de sa petite vie de misère... C'était d'un naïf... Mais une naïveté touchante. Sydney baissa les yeux, songeur. Oui, lui aussi c'était peut-être cette folie passagère qui l'avait conduite ici ; ce besoin de voir du neuf. Mais s'échapper... Le pirate ne trouvait pas les mots pour dire à quel point cette vision des choses était erronée. Dehors, l'homme est un loup pour l'homme. Tant qu'on croise un de ses pairs, on ne peut espérer "s'évader". Mais il n'avait pas envie de briser les rêves du jeune homme. Bien évidemment, il se brûlerait les ailes un jour ou un autre, mais le lui prédire était vain. Chaque grand visionnaire de ce monde s'est vu traité de fou avant d'être couronné de succès (souvent à titre posthume, d'ailleurs. C'est bien la preuve que tout le monde veut leur mort)...

- Moi... répéta-t-il évasivement tandis que son ami se mettait à danser sans aucune raison apparente. Lui. Que pouvait-il dire ? Jake s'attendait peut-être au récit d'une vie palpitante, pleine d'aventures et de rencontres merveilleuses. Syd était habillé en pirate, non ? Mais un pirate, ce n'est pas un personne libre sinon quelqu'un qui cherche désespérément la liberté. Et pour sa part, Sydney n'avait rien vécu de fantastique du tout. Sa vie était vide.

Le paranoïaque fut tiré de sa petite séance d'introspection par un Alexander qui malgré le ton employé ne savait pas cacher sa frustration au point de berner le pirate. Ce dernier se leva sans quitter le manchot des yeux avant de souffler à l'oreille de Jake :
- Moi c'que je dis c'est : garde un œil sur lui. Et de s'éloigner en donnant une tape amicale sur l'épaule du pianiste du groupe.

De retour derrière son bar, il sortit les bouteilles nécessaires à la préparation de l'alcool demandé. Il y avait quoi, déjà, dessus ? Ah oui : un œil de lézard machin-chose. Une lubie des plus étranges...
Il posa la boisson sur le plateau d'Alexander en lui adressant un sourire tout aussi hypocrite que le faux ton bienheureux qu'il leur avait servi quelques secondes plus tôt. Sacrée amitié, tiens... Avec des amis comme ça...
D'ailleurs qu'est-ce qui lui valait cette soudaine mauvaise humeur ? Simplement le client ? Ça serait un peu exagéré... Décidant de repousser à plus tard les investigations, le pirate se remit à laver machinalement ses verres, chopes et autres récipients à poison du même genre.

Malgré les occupations qu'il se donnait, il ne pouvait s'empêcher de penser à la question de Jake. Ça tenait en deux mots : "et toi ?". Deux mots de trop ; ou juste assez pour vous miner le moral à tel point qu'il commençait à soupçonner que le barman l'ait fait exprès. Il s'était bien fait avoir sur ce coup-là. Ça lui apprendrait à parler trop. Il n'y avait décidément rien de plus sincère que l'égoïsme et le mutisme.

- A tout hasard, Alex... Tu ne saurais pas ce qui se trame en ville, hm ? Si on risque la déferlante ou pas. Vu ta pause je suppose que tu as eu le temps de faire un joli tour de la ville ! *juste assez pour trainer dans les endroits louches ! Tu as cet avantage sur nous que tu connais la ville. Profites-en. Profites-en bien.*

Bien sûr, il ne ferait jamais part de ce qui se passait dans sa tête, revêtant à l'extérieur un regard bon enfant sans aucune arrière-pensée. Oui, oui... Il était stupide, après tout. Sydney Miles, l'idiot. Sydney Idiot Miles, le pirate avec 70 de QI. Rira bien qui rira le dernier. Si trahison il y a, vengeance il y aura, foi de pirate !
En fait la partie était loin d'être terminée, même s'il avait donné l'impression qu'elle l'était.

Le paranoïaque se souvint qu'il avait gardé sur lui son coupe-papier magique en cas de problèmes. Il avait bien fait, en fin de compte. Les tensions n'étaient palpables que par les intéressés et le client, lui, sirotait son alcool bizarre sans se soucier de rien. Il n'était pas gênant du tout : c'était un témoin potentiel. Serait coupable celui qui frapperait en premier. Véritable jeu d'ombre. Bien pensé ! Bien pensé.

Syd finit enfin par poser son verre, de peur de le traverser à force de frotter comme un maniaque. Et le comble c'était que ça n'avait servi à rien car dans quelques minutes un ivrogne viendrait le salir de ses lèvres imbibées d'alcool et tout serait à recommencer... Bref......
Et si seulement il avait le pouvoir d'entendre les pensées des gens... Comment avait-il fait, la dernière fois !? Ça ne devait pas être bien sorcier, pourtant ! C'était juste après le BIP... Pourquoi fallait-il qu'il ait des pouvoirs utiles seulement quand il était en danger !? Ce monde était réellement tue la joie, malsain et exécrable en tout point.

Voici ce qu'il s'est passé au dernier épisode des aventures de Jake: Jake a atterri dans une ville bizarre avec des gens bizarres aux caractères bizarres et aux pouvoirs bizarres. Il a ensuite été trainé dans une bibliothèque bizarre avec des livres bizarres pour se faire bizarrement expulser par des bizarres créatures. Les personnes bizarres avaient formés deux groupes bizarrement bizarres. Ils avaient ensuite trouvé un job bizarre dans un bar bizarre! Bref, un séjour bizarre!

En cela se résumait l'esprit de Jake à ce moment, même s'il était très heureux! Il restait cependant un point qui bloquait chez Jake... Pourquoi Sydney avait-il répondu Moi comme ça? Il restait troublé de la réponde très courte... Mais le pirate allait sûrement tout dire en temps voulu, il fallait laisser les choses se passer, et voir ce qui allait arriver, si oui ou non on saurait tout de leur vie... Mais il fallait aussi, comme le disait Sydney, garder un œil sur Alexander, parce qu'on ne savait pas non plus grand chose sur sa vie à lui, et il prit note de l'avertissement de Sydney.

-Ouais, toujours! On sait jamais...

Bof... Il fallait quand même faire attention aux contacts... Jake préférait les éviter quand il n'avait pas trop confiance en certaines personnes... Et puis pourquoi Alexander lui avait-il refilé les clientes? Pour accomplir un plan machiavélique? Il fallait éviter que cela ne se reproduise... Mais il ne fallait pas pour autant laisser tomber leur ami. Après tout, il était tout de même un ami, qui devait faire ses preuves, mais un ami.

Alexander prenait le seul client ennuyeux du bar, ce qui était ravissant, et permettait à Jake de ne pas souffrir. Mais il devait servir les petits demandeurs occasionnels et se préparer si jamais un rush avait lieu. Il attacha donc à son pantalon un chiffon supplémentaire trouvé dans le vestibule, s'arma de courage, et se dit qu'il survivrait peut-être à l'assaut éventuel.

Sydney lui répondit, d'une manière étrange. Alexander l'étudia. Jusqu'à maintenant, le pirate l'avait considéré comme un danger. Il se pouvait que ce soit encore le cas. Et puis, il s'était longtemps absenté.

Cependant, il n'était pas là pour se poser des problèmes avec cela, mais bel et bien pour travailler. Il se contenta donc de lui répondre rapidement, en partant.

- Il y a pas mal de touristes dans les rues commerçantes, il devrait bientôt débarqué.

Il partit donc vers l'alcoolique philosophe.... Qui allait plus que l'exaspéré...
L'homme ne semblait pas avoir décroché de ses affaires de fous. Quand il le vit approcher, il lui fit un sourire jaune.

- Aaah, vous voila Monsieur! Vous saviez que les Lizardiums n'aimaient pas les gays? C'est Norbert, mon ami d'enfance, qui me l'a dit! Lui aussi étudie ces magnifiques reptiles... Il a chez lui une de ces bêtes.... Tout petit, bien sûr, après tout c'est interdit d'avoir des animaux de 5 mètres de longueur en sa compagnie.

Et voila, il était encore parti. Cependant, ce n'était sans doute pas la fin de ses peines. Après tout, il n'y avait plus grand monde. Alors, il fit semblant de l'écouter, regardant alentour. Il n'y avait guère de fauteurs de troubles dans le bar, pour le moment.

Si l'on exceptait ses collègues. Il n'avait vraiment, mais alors vraiment pas aimé leurs messes basses. Que se disaient-ils? Voilà qu'il partait pour se préparer, et que ceux-là complotaient! D'ailleurs, peut-être que tout était de leur fautes... Peut-être qu'il avait prévu toute l'affaire!
Puis Alexander se calma, avant que la neige apparaisse. Cela ne servait vraiment à rien de s'énerver ainsi. Depuis qu'il était avec Sydney, il était bien plus inquiet qu'il ne l'aurait dû. Au moins, avec ses précédents compagnons de galère, que ce soit à Techyo ou Gloutoniskaïa, il n'avait pas eu cette inquiétude omniprésente.

Il se rappela chacune de ses mésaventures...

Sur le SM, il avait dû s'improviser chanteur, puis arrêter le navire fantôme. Il avait fait la rencontre de bien trop peu de gens. Il se rappelait juste de Maxim Forester. Était-il encore en vie?

A Techyo, lors de l'expérience des scientifiques, il avait dû faire preuve de courage, surtout avec des gens tel qu'Adam Cromwell, qui semblait dangereux, ou des gens comme Elie, désagréable au premier abord... Mais au premier seulement. Il se rappelait encore de l'"aide" qu'il avait reçu de la jeune femme.

A Gloutoniskaïa, il avait avant été parfaitement insouciant, guidé par son amour pour la jeune Myia Be. Une grossière erreur? Peut-être pas. Après tout, c'est cela qui lui avait redonner goût à la vie.

Puis, sa dernière expérience à Techyo, avec Dakota... Il avait dû faire preuve d'esprit, et il avait dû protéger son groupe. Il n'avait pas trouvé la petite très mignonne. Mais elle avait un esprit et une estime de soi à toute épreuve.

Au moins, ici, il n'était guère en danger.
Le vieux lui parlait toujours, et des clients commençaient à arriver, ici et là. Il devait clore avec celui-ci.

- Veuillez m'excusez, mais j'ai d'autres clients à servir... Peut-être pourriez-vous payer votre consommation?

- Oh oui, bien sûr! Tenez, Monsieur! Mais au fait, saviez-vous que...

Mais il était déjà parti. Il ne saurait pas. Et d'ailleurs, il n'avait pas envie de savoir.

Tandis qu'il partait s'occuper des autres clients, il repensa à Sydney et Jake. Il leur montrerait ce qu'il avait pris, leur dirait pourquoi. Après, c'était à eux de voir s'il désirait vivre éternellement dans cette ville. Pour Alex, la question ne se posait pas. Il devait vite revenir chez lui, voir son père.

Leur camarade manchot semblait bien troublé, décidément. Les messes basses entre Jake et le pirate lui déplaisaient mais cette réaction ne signifiait qu'une chose : il savait qu'ils savaient. *Alexander Blizzhead, tu nous prépare un mauvais coup et je saurais ce que tu manigance !* Parole de pirate, il ne se laisserait pas berner aussi facilement.

Le client retenait toute l'attention des trois jeunes hommes. Pas qu'il soit très exigeant, enfin si... Mais surtout, il racontait n'importe quoi, du plus insensé au plus inintéressant. C'était quoi, d'ailleurs, un lizardium !? A part un truc de plus de 5m de long... Ce n'était pas rassurant de savoir ce genre de bêtes laissées au premier venu. On ne savait pas quels dégâts ça pouvait faire, ni si ça aimait la chair humaine ! Diantre ! 'Pouvaient pas adopter un cochon d'inde, l'ami de ce vieux fou ? Au moins ça ne dépasse pas cinq mètres, ces bestioles-là.

Entre-temps quelques autres clients étaient entrés mais aucun ne vint au bar, ce qui n'était pas plus mal. Moins de boulot et moins de danger. Ce petit jeu dura bien une dizaine de minutes avant qu'au loin ne s'élève à nouveau les clameurs festives. Soit la fête battait son plein, soit elle venait juste de prendre fin et cela signait donc l'arrêt de mort des barmen...
Comme par hasard, ce fut la deuxième proposition qui s'avéra exacte... Au grand dam du pirate.

Alors que les soiffards se précipitaient à l'entrée du bar, tel une marée humaine, une vague de déchets beuglants et ravageant tout sur son passage, Sydney repensait à ce que son entourage n'avait eu de cesse de lui répéter. Il n'était pas paranoïaque. S'il l'avait été, il aurait pensé que toute cette foule était venue ici rien que pour lui, rien que pour le faire chier lui. Or ce n'était pas le cas : ils étaient de ceux qui répandaient les ennuis et malheur à qui passait à côté de ces ivrognes. Manque de pot, aujourd'hui c'était bibi.
Évidemment que ces pochetrons l'emmerdaient mais pas seulement lui, il le savait et le voyait et c'était bien la preuve qu'il était sain d'esprit !

Le corsaire suspicieux fut stoppé dans ses pensées alors que deux hommes commençaient à se batailler le dernier tabouret libre au comptoir, passant commande tous les cinq en même tem-... Euh... Ils n'étaient pas deux au début ? Un, deux, trois, quatre... Cinq... Six, sept... Huit ? non : sept. En à peine une dizaine de secondes, sept mages déjà bien pompettes se cherchaient querelle pour un tabouret, commandant tous en même temps dans un brouhaha insupportable.

- Je... Oui, non. Mais arrêtez, ne parlez pas tou-... Oh ! OH !! STOP !
C'était peine perdue... C'était devenu un concours à qui crierait le plus fort et le parano' ne faisait de toute évidence pas le poids face à ces braillards invétérés. Alors que son visage arborait un ton le plus neutre possible - bien que débordant de mépris -, le pirate attendit au moins deux bonnes minutes, puis la situation dégénéra en bagarre entre deux hommes qui se termina dehors par chance. Deux de moins. C'était déjà un peu moins mortel.

La seule idée qui lui vint sur l'heure fut de prendre une bouteille dans la main, la lever et compter le nombre de mages qui beuglaient en bavant, pointant du doigt plus ou moins précisément le précieux liquide. Idem pour les autres breuvages et ce jusqu'à ce qu'il ait une commande à peu près conséquente mais néanmoins enregistrée. Et ce sans un mot ! C'était à inscrire sur le tableau des hauts faits !!

Il servait ses clients empochant l'argent, débarrassant les verres des uns, remplissant à nouveau les verres des autres et par moment même il trouvait une ouverture par laquelle un de ses collègue lui hurlait la commande de leurs clients sans qu'il n'entende rien. C'était... MAGIQUE !

Dans ce chaos le plus total, Sydney n'avait pas de quoi s'ennuyer et dans sa bulle autistique, il se donnait du courage en chantant des chansons de pirate tout haut. Il s'en fichait, après tout. Personne ne l'entendait tellement il y avait de bruit. Même pas lui-même.
- Et un cocktail de Trialdée, un ! ♪♫ Fifteen men on a dead man's chest, Yo-ho and a bottle of rhum ♪♫
Oui, ça arrive, ça arrive. Même si vous n'écoutez pas... Alors continuez de ne pas m'écouter sagement, je reviens.
♪♫ And a bottle of rhum ! ♪♫

Malheureusement pour Jake, Alexander annonçait le rush imminent, mais l'exhibitionniste douta que cela fut la cause du prince des glaces. Il finit de se préparer mentalement et commença deux-trois échauffement d'épaules, comme si un match de rugby allait commencer. On avait bien l'impression que c'était ce qui allait se passer, vu le bruit qui venait en direction du bar, et le sol qui tremblait, tel un séisme qui se déchaînait. La porte étant un peu rouillée par-ci par-là, elle ne s'ouvrit pas du premier coup, comme si l'on tentait de la forcer, et tels des orcs rentrant dans la cité, les clients affluèrent en chargeant dans le bar.

Jake se fit presque piétiner par ces hommes sauvages, qui dévastèrent la salle, et mirent le désordre dans la salle qu'il avait bien nettoyée et rangée. Ses efforts furent mis à néant, mais son échauffement faisait son effet, il ne subit que de légères blessure... Il vit Sydney se faire détruire sous la masse de joueurs de rugby comme s'il avait le ballon en sa possession. Jake se fit aussi assaillir par une douzaine de clients tous demandant la même chose, surement l'équivalent d'une bière, il commandèrent tous un Bapatex Calibour. Mais Sydney ne semblait pas remarquer qu'on lui donnait des commandes.

Il espéra à ce moment que le patron refasse des éclairs aide les serveurs, car ils ne pouvaient rien faire. Il voyait cependant Sydney comme dans un bulle, et ça marchait. Alors il décida de faire une méthode similaire. Il utilisa un peu de son intelligence et de sa force pour forcer les gens à s'asseoir et à rester calme, pour cela, il n'eut même pas besoin de gueuler, sa carrure suffisait amplement. Cela n'allait pas être facile. Il dut s'y prendre à trois reprises pour servir toutes les boissons à tous les clients, car le bar était assailli, et même Jake n'y pouvait rien, même avec le tournevis qu'il venait de trouver dans sa poche... Étrange apparition... Quelle belle journée dis-donc! Et il restait encore 5 heures grosso modo de travail, et l'assaut venait à peine de commencer... Help! ... Finalement ce job n'allait pas être aussi facile que dans le monde réel...

La foule ne désemplissait pas. Ils arrivaient de tous les côtés et certains même entreprenaient de passer par dessus le comptoir, seulement freinés dans leur tentative pas les regards noirs qu'adressait le pirate à ces téméraires.
- Personne n'envahit mon bateau, corsaire !! sifflait-il dès qu'un des poivrot devenait trop pressant.

Barman était décidément le boulot où il avait le plus d'assurance. Celle de se savoir en relative protection et gare à qui menaçait cette tranquillité autistique !
Il servait choppes sur choppes, cocktails sur cocktails et même s'il avait perdu la trace d'Alexander, ce dernier devait s'affairer dans un coin de la salle à prendre des commandes. Jake venait de temps à autres lui passer commande d'un nombre inouï de boissons ; à croire qu'il faisait le tour de la salle trois fois.
- C'est parti, matelot ! disait Syd à chacune des visites du pianiste. Travailler dans ces conditions nécessitait un peu de bonne humeur sinon c'était la crise de nerfs assurée !

Il y avait tellement de monde que ça donnait l'impression à Syd qu'il n'y avait plus personne. Il ne servait plus des individus, mais un mur. Une vague. Et les vagues ça le dérangeait moins car ça n'avait pas - en règle générale - de pensées sournoises. Malgré tout il restait sur ses gardes au cas où un cinglé fasse irruption dans le bar. Pour l'heure personne de ce type n'était apparu, heureusement.

Il avait sans doute parlé un peu trop vite, encore une fois car un mur (en une pièce, cette fois) s'avança jusqu'au bar, c'était une armoire à glace déjà pompette à en juger par la couleur de son nez. L'écumeur des bars vint s'asseoir juste devant le pirate - au cas où ce dernier ne l'aurait pas vu, sait-on jamais...
- Je peux vous aider ? demanda Sydney, un peu refroidi par ce spectacle imposé. Il n'aimait pas les gens comme ça. Le style typique à chercher les problèmes.

L'homme ne dit rien, se contentant de froncer les sourcils et retrousser les lèvres. Puis, son visage de devenir rouge. *Diantre, qu'est-ce qu'il veut ? Qu'est-ce qu'il va faire, l'animal !??*
Sans crier gare, le monsieur muscle finit par quitter son mutisme menaçant pour... Fondre en larmes. Il sanglotait, pleurait, reniflait... Et Sydney le regarda faire pendant une dizaine de secondes, bouche bée, bras ballants et sans trouver rien à dire ni à faire. Mais c'était quoi cette histoire, encore ?

L'homme posa ses bras sur le comptoir pour y enfouir sa tête en continuer à vider son corps de toutes ses larmes. Sydney osa une tape amicale sur l'épaule. Eh ben eh ben, moussaillon.. Qu'est-ce qui ne va pas..? Il craignait une réaction violente mais monsieur muscle semblait aussi fort qu'inoffensif.
Le client déballa un flot de paroles incompréhensibles, forçant le barman à lui demander de répéter.

L'histoire de cet homme s'avérait assez triste, en effet : sa femme l'avait quitté la veille après une dispute dont le parano' n'arriva pas à comprendre la cause. Et ce soir, alors qu'il sortait avec des amis pour se changer les idées, ce pauvre homme avait revu sa femme dans les bras d'un autre, et caetera...
De quoi faire regretter Syd d'avoir demandé... Pas qu'il s'en fichait, non, mais il se prenait presque de pitié pour lui. Surtout que ça n'était pas fini : ses mésaventures n'avaient fait que commencer par là... Cela dura presque cinq minutes pendant lesquelles le pirate écouta le triste récit sans en perdre une miette, oubliant presque les autres clients ; servant distraitement les commandes demandées.

- Sacrée histoire... Je suis sûr que tout finira par s'arranger, vous verrez... Vous voulez boire quelque chose ? A vrai dire, il n'était pas certain que ça soit le remède le plus adéquat mais en tant que barman, son boulot était de vendre de la mort en bouteille. Alors allons-y...
L'armoire à glace, conscient d'avoir un peu trop abusé de la bouteille, commanda une boisson légère, que Syd lui apporta de suite.

Après ça, il retourna s'occuper des autres clients impatients.
- Ça vient, ça vient... J'ai pas quatre bras et six pattes, matelots... Voilà pour vous, ça fera 13 rubz, s'il vous plaît. Merci.
Il encaissa la monnaie et chercha Jake du regard. L'ayant trouvé, il lui fit signe de s'approcher pour lui parler sans avoir à hurler.

- Ca va, tu tiens le coup ? Tiens, tu pourrais apporter ça à la table dans le coin ? Ils ont passé commande au comptoir mais apparemment ils auront préféré s'installer dans la salle. il posa une pinte de bierre et deux cocktails sur le plateau du serveur puis retourna à ses occupations, non sans jeter un œil au malheureux qui se remettait tant bien que mal de sa crise de larmes.

Le nombre de personnes dans le bar était à son apogée, et Abel aussi devait l'être, car l'argent entrait à flots. Sydney n'était visiblement pas aussi content que ça, car on était en train d'aborder son navire, et celait tendait à l'émeute et au tabassage pour qui serait servi le premier. Alexander, quant-à lui, il avait juste disparu dans l'émeute, où était-ce Jake qui avait trop tourné en rond? Il en fallait peu pour être désorienté et se sentir totalement perdu. Et là, au milieu de la foule qui se déchaînait, Jake vit un passage se former jusqu'au bar, et, tel Sherlock Holmes, il vit comment se glisser rapidement jusqu'au comptoir...

Jake s'élança et... il passa normalement entre les gens qui s'étaient poussés naturellement. Pas besoin d'être un génie pour ça! Sydney ponctua les visites fréquentes de messages encourageants, auxquels Jake répondit la plupart du temps par Merci Cap'taine! Il fut aussi surpris par le client qui déversait ses larmes au comptoir, et par Sydney qui affronta cette épreuve avec bravoure! Il arriva même à soutirer l'argent à ce pauvre client comme le demandait si bien Abel!

Vingt-quatre boissons et trente-deux cocktails plus tard, Jake remarqua que Sydney l'appelait. Il se dirigea comme il le pût en servant par-ci par-là les boissons qu'il avait encore sur son plateau. Une fois arrivé au bar et le calme un peu retrouvé, Sydney passa la commande à Jake.

-Faut bien tenir! Et puis ce qui me motive, c'est de pouvoir jouer au piano et de chanter! Et aussi de savoir que de nouvelles aventures viendront à nous un jour! Et c'est reparti!

Jake fut heureux de nouveau, et se dirigea, avec aisance pour une fois, vers la table que Sydney lui avait indiquée. Elle était occupée par un petit homme qui faisait vraiment mafieux... Il était secondé par le typique gras, et par un charmant garde du corps, avec un costume magnifiquement bien taillé qui lui allait parfaitement, et que Jake enviant follement. C'était d'ailleurs la première fois qu'il voyait autant de personnes sans toge de mage ici... étrange. Le petit semblait bien arrogant, le gros assez énervant et goinfre, mais le jeune garde du corps, il semblait gentil au plus profond de son âme. Tout cela était bien, mais Jake sentait que quelque chose de louche était en train de se passer. Quelque chose de très louche et effrayant.

Alexander n'avait que faire de ce que pouvait penser ses camarades, sur le moment. Comme il l'avait supposé, les clients étaient passés d'un nombre relativement restreint à un nombre cataclysmique. Et nourrir tout le monde, ou plutôt faire boire tout le monde, était compliqué, même pour ces 2 serveurs et ce barman.

Il était donc demandé de partout, par divers clients, se présentant sous toutes formes. Cela allait de la riche bourgeoise au vieil alcolo, et il n'avait guère le temps de les détailler, car d'autres venaient. Lui qui avait toujours vécu seul, et bien pour une fois il avait de la compagnie... Mais il n'aimait pas cela.

Mais alors pas du tout. Cela allait le rendre malade. La neige tombait déjà autour de lui, et il devait s'efforcer de se ménager pour rester calme, et que cela ne se transforme pas en grêle. Certaines personnes aimaient cela, d'autres s'en fichaient éperdument. Après tout, ils étaient la pour boire non? Peu importait le spectacle. Et c'était tant mieux, car le jeune homme ne voulait pas avoir de problème.

Il repensa à ses achats. Il avait oublié les pains de glaces. Bah, il en achèterait, et demanderait peut-être à Abel pour les mettre au frais. Après tout, il n'avait guère envie de toucher à ces horreurs... Mais s'il voulait bien faire les choses...

Il pensa aussi à Sydney. Il n'avait guère l'occasion de le voir "réellement", sa vision étant obnubilé par son travail à l'heure actuelle. Il passait et prenait les commandes aussi rapidement que possible. Mais il espérait que le flot de clients ralentisse. Sans doute dans une heure ou deux. Après cela, il y aurait plus que quelques habitués...

Un homme lui fit signe, dans la foule. Il s'approcha de lui.

- Que désirez-vous, Monsieur?

Le jeune homme sembla s'arrêter un instant. Cet individu dégageait un charisme certain, et il s'appesantit plus qu'il ne le devait sur son physique. Rien de très intéressant pour lui qui recherchait les femmes, mais pour d'autres, on pouvait deviner une carrure moyenne sous ses vêtements d'un rouge flamboyants. Son regard était d'un gris perçant, et il portait un chapeau à longs bords. Une canne de voyage siégeait non loin de lui. Ses cheveux étaient blonds, et son visage plutôt fin.

- Bonjour, Monsieur. Pour le moment, juste vous prévenir que, lorsqu'il y aura moins de monde... J'aurais besoin de vos services. Ou plutôt, des talents au sein de ce Bar. Je ne prendrais consommation qu'après la disparition de tout ces clients.

Le jeune homme le regarda avec des yeux ronds. Les talents du bar? Pourquoi?
Il partit en direction des autres clients, passant par la case " Sydney".


- Il y a un homme qui nous demande, après que la foule se soit calmé. Ils auraient besoin de " nos talents", au sein de ce bar. Juste pour information.

Il se demandait sérieusement pourquoi l'homme avait besoin d'eux...

Le monde affluait toujours autant, ou alors toute fluctuation était imperceptible. Point positif : Sydney avait retrouvé la trace d'Alexander qui s'était juste aventuré dans un des angles morts du pirate. Il n'avait eu aucune raison de s'inquiéter, en fait. Du moins pas pour l'instant... Jake quant à lui était allé apporter la commande au trio indiqué et voyant que la mission était accomplie, le corsaire se remit au travail de son côté.

Les clients qu'avait servis Jake étaient assez intriguant. Inquiétants, peut-être ? S'il en fallait beaucoup pour dénoter avec les autres gloutoniskaïens en temps normal, ces gens-là y étaient parvenus. Ils ne devaient pas être du coin, assurément. Alors pourquoi étaient-ils ici ? Que cherchaient-ils ? C'était louche... Feignant de n'avoir rien remarqué, le barman retourna à son gros musclé qui avait cessé de pleurer. Il lui proposa une seconde boisson, mais monsieur muscle refusa.
- Hm bon, comme vous voulez. Euh... Allez donc vous installer en salle si vous le souhaitez, mais certains clients aimeraient prendre commande, apparemment. fit remarquer le corsaire en pointant une dizaine de personne qui attendait derrière le pauvre homme.

Les yeux toujours humide, ce dernier jeta un coup d'oeil pensif à son verre. Surement y voyait-il une allégorie de lui-même ? Le fait est qu'il finit par se lever pour partir s'installer sur une table un peu plus loin. Le trou qu'il avait fait permit à trois personnes de venir se plaquer contre le comptoir en même temps. Trois clients visiblement impatients d'être servis. Sans rien dire, Syd' s'exécuta et leur apporta ce qu'ils désiraient.
Le trio de mafieux, l'homme en larmes, les poivrots, Alexanders.... Décidément, ça faisait beaucoup trop de monde dont il fallait se méfier ! Pourquoi fallait-il que les gens comme ça se concentrent dans une même zone - et surtout : pourquoi fallait-il que cette zone soit exactement celle où Sydney était également !!? C'était pire que du manque de chance ; ils s'étaient passés le mot, ou quoi !? Oui, ça devait être ça... Ou Alors Abel les avait payés pour qu'ils le mettent à l'épreuve ? C'était pervers ! Inacceptable !!

En parlant d'Alexander, ce dernier se rapprocha du comptoir pour toucher un mot au corsaire suspicieux. Quelqu'un voulait les voir pour... Quoi ??
Marquant un temps d'arrêt pendant lequel il dévisagea le manchot, Sydney finit par lui faire comprendre d'un geste de main qu'il avait compris et que ça lui importait peu. même si ça n'était pas vrai.
Il commençait lentement, doucement, à avoir peur. Peur que cette personne soit celle de trop. Qu'elle soit celle qui allait mettre un terme à sa vie, ou bien un espion... Ça sentait le plan vicieux, c'était vraiment pas bon !!

Comment pouvait-on avoir besoin de deux serveurs et d'un barman et surtout pour quoi ? Quels talents ? Ceux de voyageurs ? Leurs pouvoirs ??
Mon dieu ! C'était un sbire du Marchand de Sable !! Affolé par cette révélation, Sydney voulut rattraper le manchot mais ce dernier avait déjà disparut. Malgré le brouhaha ambiant, il pouvait entendre son estomac se tordre encore et encore sous le coup de l'angoisse. Il n'était plus sûr de vouloir aller voir cet homme. Mais s'il restait ici, Abel allait lui faire payer pour ce que Jules avait fait !! Que faire ? Que faire ??

Perdu dans ses pensées, le pirate avait failli se tromper dans ses commandes et se rattrapa de justesse et pivotant vers les bons destinataires des boissons. Comme par hasard, personne ne lui avait rien dit... Il aurait pu se tromper que personne ne se serait plaint et les heureux bénéficiaires de la bourde se seraient enfui sans payer... Pour le coup Abel lui aurait tordu le cou !
Mais nooooon, tout le monde s'en fichait, c'était même ce qu'ils voulaient : un peu de spectacle pour accompagner leur boisson. Vautours !! Chacals !!! PIRATES !!!!!

Jake revint au bar pour une énième commande que Syd déposa sur son plateau. Retenant son bras, il lui demanda :
- Tu es au courant pour le type qui veut nous voir ? Bref, c'est pas important. enfin si : reste sur tes gardes plus que jamais, matelot ! J'ai l'impression- non : je suis certain qu'on nous en veut. Fais comme si tu ne te doutais de rien, surtout.

Jake était en face des mafieux. Il déposa l'unique boisson sur la table, et s'en alla. Du moins c'est ce qu'il essaya de faire, mais le jeune garde du corps le tint par le bras, d'une poigne anormalement faible. Il ne savait pas POURQUOI il faisait ça! C'était assez insensé, surtout qu'il tenait maintenant Jake depuis plusieurs secondes sans rien dire. Jake ne pouvait pas se dégager, mais il ne pouvait rien face à la poigne de ce colosse.

-On oublie la politesse jeune homme?

Rien que ça?! Jake fut étonné de voir qu'un client tenait autant à cette politesse, surtout il n'avait servi que le petit gars, et il n'avait pas été méchant ou "désobéissant". Mais la situation était quand même délirante. Alors Jake vit. Il vit la déformation du tissu de la veste qui continuait sur le pantalon. Un dague d'environ 12,5 cm bien affutée, sûrement de la veille, pointait son regard, et il vit aussi des dagues similaires aux ceintures des deux autres compères, toujours derrière leurs vestes, masqués pour l'effet de surprise. Il prit panique, lâcha un voici votre commande suppliant et craintif.

La pression se relâcha peu à peu du poignet, mais les armes étaient toujours là, aussi menaçantes qu'elle étaient auparavant. Il fut rapidement libre de mouvement, et fila droit au comptoir pour parler à Syd, et ce qui se passait dans ce bar était plus que louche, car même avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, Sydney confirma ses soupçons.

Ouais il se trame quelque chose de louche, les mafieux dans le coin sont armés, et n'ont pas l'air de vouloir embrasser le cul des anges si tu vois la même chose que moi. La plupart des gens ici sont armés plus ou moins lourdement. Un éclair peut fuser et ça devient le massacre. Cette discussion n'a jamais eu lieu et on sourit hein?

Jake voulait juste se cacher et attendre jusqu'à ce que la journée se finisse. Mais il fallait bien tenir. Il reprit les commandes par-ci par-là, et évita d'aller à la table mafieuse. Tout de moins, il avait besoin de se calmer. Il voulait absolument aller au piano et chanter pour se déstresser. Il ne put pas se calmer, et commença à trembler, et les commandes manquaient de tomber. IL fallait se ressaisir, et affronter ses peurs pour finir la journée. Heureusement, il avait ses deux amis pour l'épauler, et tout se passa un peu mieux, malgré l'envie persistante et obsédante d'aller au piano

Alexander retourna à ses commandes, regardant ce que faisait l'inconnu qui l'avait appelé. Il semblait... Faire des vocalises?!? Comment pouvait-il se permettre de faire cela ici?!?

Mais il dut bientôt pensé à autre chose. Les clients ne partaient pas, et Syd et Jake étaient déjà bien occupé. Il continua donc de servir, divers alcools, à divers groupes: de grandes familles, des piliers de bars, des habitués .... Mais il ne ressentait pas la fatigue. Son bonnet aidait bien.

Il se demanda soudainement ou en était les autres. Il regarda en direction de Jake.
Il avait l'air terrifié. Il était face à un groupe qui pouvait donner froid dans le dos à n'importe quel serveur sain d'esprit.

Mais Alexander n'était guère intimidé. Après avoir combattu des bestioles de toutes sortes dans les laboratoires de Techyo... Ce n'était pas des hommes qui allait l'arrêté!

Il continua ses services, regardant Jake du coin de l'œil. Il commençait à devenir maladroit. S'il continuait, il allait subir le même sort que James. Il fallait le calmer. Et il était sans doute en train d'avertir Sydney, au comptoir. Mauvais plan, ça aussi.
Alex passa à côté de Jake en allant chercher des commandes auprès de Sydney.

- N'ai pas peur d'eux. J'ai déjà vu plus effrayant. Reste calme, et tout se passera bien. Et si il y a du grabuge, je vous aiderais.

Et de un. Il partir donc auprès de Sydney, et lui donna le même message, changé en circonstances pour lui en quelque chose de plus mature. Puis il repartit distribuer ses commandes.
Il n'était pas réellement sûr de pouvoir les arrêter, mais il se devait de les aider. Et puis, ils étaient tout deux fatigués, cela se sentait. Alors que lui... Se sentait bien. Ce bonnet en valait la peine!

Vers 20h, le bar était quasiment vide. Il restait les habitués, l'inconnu aux vocalises, et c'était à peu près tout. L'homme fit signe à Alex.

- Bien, bien, le public ici présent me suffira. Je vais vous expliquer ce que je veux: je ne prend pas de consommation. Mais je vous propose un petit jeu: si l'un d'entre vous arrive à me battre pour ce qui est de la musique au piano ou au chant, vous aurez une grande récompense...

Alors, c'était cela? Il voulait un concours de musique?
Si Alexander n'était pas trop mauvais au piano, il ne se pensait pas réellement capable de battre l'homme qui semblait aguerri. Il partit donc prévenir ses compères, un par un, du projet de l'homme aux vocalises.

Tout en attendant leur réponses, il pensa à la musique qu'il pourrait éventuellement jouer. Il n'avait guère jouer du piano depuis longtemps. Au moins 5 ans. Ce n'était vraiment pas le mieux.

Spoiler:

Averti de la dangerosité de certains clients, Sydney plissa les yeux. Tout allait bien plus mal qu'il ne le pensait... La tension était palpable. Si ces fous furieux osaient toucher à un des matelots, pourquoi pas un autre ? Et l'autre, c'est Syd. Surtout qu'alors que ce dernier regardait discrètement par-dessus l'épaule de Jake, il pouvait nettement voir les mafieux les regarder d'un œil noir. Ils savaient que Jake le prévenait et ils voudraient surement faire disparaitre les témoins...

Le pianiste repartit comme si de rien n'était après que le pirate eut acquiescé ses propos. Il était fier du jeune homme qui commençait enfin à comprendre les principes de survie et de prudence. Tout n'était pas perdu et le corsaire se prenait même à voir en ce dernier un élève digne de ce nom.
Dans ce monde sauvage et inhospitalier, ne pas se faire manger n'était pas tâche aisée et il n'était pas contre pour partager son savoir avec qui voudra bien l'écouter.

Bientôt ce fut au tour d'Alexander de venir rendre visite au paranoïaque. Le manchot lui adressa quelques mots d'encouragement, assurant qu'il saurait quoi faire en cas de débordement. Au fond Sydney voulait le croire mais une part de lui-même ne pouvait s'empêcher de nourrir des soupçons envers le jeune homme quant à son absence de tout à l'heure. Il n'avait peut-être rien fait, mais on ne tue pas un doute à coup de "peut-être" !

Les affaires reprirent donc comme si rien ne s'était passé ; comme si rien ne pouvait entamer le moral des troupes ni même les perturber.
Au bar, la foule commençait à se calmer. D'une part parce que les gens affluaient un peu moins, et d'autre part car ceux qui étaient déjà présents commençaient à ressentir le contrecoup de l'alcool. Ces breuvages avaient ça de bon qu'après avoir excité leurs victimes, ils les achevaient à coup de barre. Bien sûr, Syd' n'était pas pour s'en plaindre, au contraire. En mode loque humaine, ces gens ne pouvaient pas lui faire grand chose : ils peinaient déjà à tenir sur leurs tabourets, alors pour ce qui était de passer derrière le comptoir... Hu hu hu !

Malgré ça, il ne pouvait s'empêcher de penser à l'homme dont lui avait parlé Alex.
Le service continua pendant quelques temps, puis lorsque le bar fut assez vide au goût de l'hurluberlu qui les requérait, ce dernier appela le serveur manchot. Le mot fit le tour des employés et ne manqua pas de surprendre Sydney.
Cet homme n'avait rien d'un écumeur des verres sinon d'un manieur de vers. Les mots aussi pouvaient blesser mais ils étaient bien moins mortels dans l'immédiat que ne l'était une arme à feu. Enfin le musicien n'en était pas moins suspect !

Incrédule, Sydney fixa tour à tour ses compagnons, cherchant dans le regard de l'un ou l'autre la confirmation que tout ça n'était qu'une grosse blague, mais apparemment c'était on ne peut plus sérieux. Soit.
Faisant le tour du comptoir, il vint prendre ses amis en aparté pour une petite discussion privée.

- Vous comptez vraiment participer ? Sa "grosse récompense" je suis d'accord, mais ça sens le fouttage de gueule à plein nez ! Et puis... Pour tout vous dire, je ne sais ni chanter, ni jouer d'un instrument... La seule chose que je sais chanter à la rigueur ce sont les chansons de pirates. A part ça... ça va pas bien loin. Jake est bien meilleur que moi pour ce concours.

Sans compter que se faire remarquer de la sorte n'était pas la meilleure chose à faire. C'était aussi assez gênant pour Sydney qui n'avait pas l'habitude de s'exhiber publiquement.
Pourtant, il était prêt à y mettre un peu du sien si les deux autres jugeaient ça vraiment nécessaire. En attendant les délibérations, il était tenté de retourner derrière le bar, car concrètement, le service n'était pas terminé, et Abel n'apprécierait sans doute pas de les voir chanter et pianoter alors qu'ils étaient sensés travailler !

Le défi avait l'air assez amusant, en tant que spectateur. Il ne fallait pas non plus que le pirate ne se laisse emporter par l'enthousiasme ! Garder la tête froide et rester professionnel. Alex serait du même avis (enfin sauf peut-être pour le froid...)

Jake tremblait de plus en plus, manquant toujours de trois secondes de tout renverser par terre, marchant sur les pieds des gens, s'attirant de plus en plus de regards, et paniquant toujours un peu plus. Mais le monde sembla ne plus tanguer lorsque Alexander lui redonna courage, et surtout lui permit de reprendre racine. Mais il resta quelque chose d'étrange dans la tête de l'exhibitionniste. Pourquoi? Pourquoi la peur s'était-elle autant emparée de lui? Un seul contact avant fini par briser le mal, et à présent les mafieux avaient tout simplement disparu.

Il ne fallait pas se faire autant de soucis, ne plus être paranoïaque comme, comme quoi? Cela était intéressant ... on disait comment? ... Cette pensée libéra comme l'esprit de Jake et ce-dernier oublia ses soucis, et s'adonna à sa tâche. Les clients semblaient partir de plus en plus au fur à mesure que le temps passait, en même temps la journée était bientôt finie.

Pourtant, il restait un mystère à élucider cher Dr. Watson. il restait le vieillard qui voulait leur "talents", qui se révélaient finalement musicaux ... What the Phoque? Désolé les animaux, mais ce vieux était-il totalement taré? Attendre toute la journée pour les entendre faire de la musique? Et un concours en plus?! C'est qu'il risquent aussi de se faire renvoyer sec s'il ne travaillent pas assez...

Le meeting s'imposa au comptoir, et telle un accès de télépathie, Sydney et Alexander se dirigèrent eux aussi vers le comptoir.

-Moi personnellement je dépends trop du piano, et puis je vais lui défoncer son train avec Bohemian Rhapsody et d'autres. Et puis moi je risque pas trop, le boulot est bien fini et j'ai pris que très peu de pause, donc moi encore ça peut passer, par contre, toi, Alex, j'ai bien peur que sans gros motif ça soit cuit, mais on va voir. En tout cas je suis pour, si bien sûr vous couvrez mes arrières en cas de tentative d’assassinat!

Jouer du piano, c'était tellement démangeant qu'il se joua dans sa tête tous les morceaux qui étaient susceptible de le détendre un peu. Les doigts lui démangeaient, il avait BESOIN de jouer. La musique le calmait, et il y était accro! Il repensa au walkman qu'il avait reçu plus tôt dans la journée! Il alla vite le chercher dans sa hotte, et s’aperçut qu'il avait aussi cent rubz de plus. Il mit la musique dans ses oreilles, et revint au bar soulagé, avec la salle qui s'était vidée entièrement sauf deux bourrés qu'on était en train de dégager. Il attendait à présent la réponse du prince des glaces. Allaient-ils la faire cette compétition? Telle était l'intrigante question! La réponse au prochain épisode! ... Ou pas?

D'un côté, Alexander écoutait l'avis de Sydney. Il n'avait pas tort. Il risquait juste de perdre leur temps. Qu'est ce qui garantissait cette récompense? Et puis, d'ailleurs, quelle était-elle?

C'était une bonne question... Mais d'un autre côté, Jake pensait lui mettre la pâtée. Et lui aussi avait un tour dans son sac. Il savait quoi jouer. Ce n'était pas un joueur professionnel, mais il connaissait un morceau ou deux.

Et puis, si ils réussissaient et que l'homme ne mentait pas, le patron serait content. Cela laverait peut-être "l'affront" de Jules/James. Encore faudrait-il le retrouver. Il était parti comme un voleur... Bon d'accord, il avait été fautif, mais tout de même...

- Moi, ce que je pense? Et bien, nous pouvons essayer. Les clients présents sont déjà servis, cela devraient aller au niveau du service. On ira chacun notre tour, voila.

Il fit un signe de tête entendu vers l'homme, qui lui sourit. Puis il s'installa sur le piano.

- Ne vous en faites pas, je connais ces bestioles... Bel instrument d'ailleurs.

Il se tourna vers Alexander et ses compagnons, tirant une révérence.

- Voici les règles: je vais jouer ici un morceau, très peu connu. Je ne vous demande pas de me surpasser... Mais de m'impressionner, avec un autre. Tout registre est autorisé. Chant autorisé.

Et il commença à jouer.
La vitesse à laquelle bougeait ses mains étaient ahurissantes... Exceptionnelles. Chaque note était parfaite. Et le morceau était d'un talent rare. Alexander n'avait jamais rien entendu de tel, lui qui appréciait beaucoup ce type de musique et la musique classique général.

Comment pouvait-il espérer ne serait-ce qu'égaler un tel talent? Comment pouvait-il impressionner un tel homme? Ils jouaient maintenant, mais c'était peine perdue.

Puis il repensa à quelque chose. Jake pensait pouvoir le battre... Mais est-ce que cet homme connaissait les musiques et talents de leurs mondes? Sans doute pas. Jake avait donc une chance.
Et lui aussi, par la même occasion.

- A Toi l'honneur. Jake.

La question ne se posa que de manière assez superficielle et sans que le pirate s'en rende vraiment compte, il faisait déjà l'inventaire de ses chansons de corsaire pour savoir laquelle il pourrait sortir. Mais d'un autre côté il ne pouvait pas s'empêcher de penser que - peut-être - le musicien ne leur proposait ce défi que pour se moquer, pour les humilier. Ces gens-là savent en effet très bien cacher leur jeu. Tout ce que demandais le pirate c'était de ne pas passer en premier.

Sydney acquiesça à la requête de Jake de couvrir ses arrières, sans même se poser la question de savoir s'il devait y voir une blague ou non. Pour lui c'était évident et très sérieux, et il se sentait de plus en plus fier d'avoir réussi à responsabiliser d'avantage les gens en qui il avait confiance. C'était comme confier sa vie à un bouclier : si ce dernier ne sait pas parer, ça ne sert à rien. Si on fait confiance à des irresponsables, on a donc toutes les chances de voir ses plans retournés contre soi plus ou moins "accidentellement". Mais on n'en était pas encore là !
... Quoique...

Jetant un œil rapide à la salle, Sydney put observer qu'effectivement tous les clients semblaient servis, mais et si ces alcooliques du... du... Quel jour on est..? Bref ! et s'il leur venait à l'esprit de revenir à l'assaut juste au moment du défi - comme par hasard ♪ -, alors ça serait cuit et Abel leur tomberait dessus. Et le barde irait se moquer d'eux et les calomnier à travers toute la ville. Réjouissant ; vraiment !

- Mouais, enfin ça, ça nous dis toujours pas si c'est une arnaque ou non... Mais bon, je vois que ça inquiète personne... lança-t-il dédaigneusement, avec un haussement d'épaule approprié à la mimique du "hah ! on s'en fout, alleeeez... Youpiiii..."
Le corsaire retourna derrière son bar alors que le challenger se préparait à leur démontrer toute sa virtuosité.

Le bougre jouait divinement bien ! Il devait être musicien de métier, pour sûr !
- Chien de mage ! J'étais certain qu'il y avait un truc ! grogna Sydney. C'était tellement évident... Et pourtant leur enthousiasme les avait poussé à participer quand même, preuve que ne pas avoir assez de recul pouvait être mortel. C'était juste un duel de musique mais si ç'avait été un duel au sabre, contre un bretteur ou plutôt un maître d'armes, eh bien ils seraient morts ! Oui, monsieur : MORTS ! Sans aucune autre forme de procès !!

C'était maintenant au tour de Jake de concourir. Bien ! Au moins, le pirate n'était pas premier. Parfait. Ceci dit, ça n'était pas très élégant de la part d'Alexander de se dérober ainsi à ses obligations. IL avait accepté le défi.
Certes, 90% des gens y auraient vu une politesse sans reproche, mais ils n'étaient même pas capable de voir leur propre nez. La... "politesse". Un des meilleurs prétextes à l'hypocrisie masquée. Ah, vraiment, quelle équipe !! Enfin... Le manchot savait surement faire quelque chose de ses dix cinq doigts... Peut-être que grâce à lui le trio remporterait le défi ?

Syd' encouragea le garçon chocolat en lui adressant un clin d'oeil complice. Ce n'était pas le moment de perdre confiance en soi ! Le trac ça fait trembler les doigts : pour un pianiste c'est pas le top. Ça fait aussi chanceler la voix, pour un chanteur - même pirate - ça n'annonçait pas des conditions agréables.

Il se demandait également ce que comptait proposer Alexander. Avec une seule main, il pouvait difficilement jouer du piano, mais peut-être avait-il une belle voix ?
Cela restait tout de même un des mystères de la vie, même si la question méritait d'être posée. Le corsaire n'aimait pas composer avec le hasard, jugeant que ce dernier devait être régi par une conscience malsaine prenant un malin plaisir à handicaper quiconque requérait un peu de chance dans une situation critique.

Mais douter de ses amis c'est généralement mal vu, alors autant prendre le risque de décevoir un étranger plutôt que s'attirer les foudres de ses compagnons de voyage. D'un point de vue pragmatique la question ne se posait même pas, de toute façon.

Le show allait donc enfin commencer, et c'était le tour du mage. Il avait sûrement du niveau pour proposer une quelconque compétition sans savoir le niveau en face, c'était risqué uniquement si le niveau était relativement moyen, mais, il était assez vieux, donc il savait probablement ce qu'il faisait. La surprise devait principalement être dans le choix du morceau. Lorsqu'on débute une compétition, si l'on estime être le meilleur, il faut faire quelque chose d'extrêmement difficile, pour que l'adversaire soit déséquilibré. SI l'adversaire le dépasse, c'est l'effet inverse qui se produit. Restait a savoir quel morceau il allait jouer, et comme il allait l'interpréter. Jake commença à s'échauffer les doigts dans le vide lorsque que la compétition démarra,

Le vieux pianiste ouvrit le bal avec un ahurissant morceau terriblement technique, et magnifiquement exécuté. Aucune mauvaise note, aucune bancalité rythmique, une technique parfaite en somme. Mais le seul petit point négatif que Jake vit, fut la faille qui confirma le morceau qu'il allait jouer. La technicité du morceau que le mage était en train de jouer entraîna manque d'émotion, car si l'esprit était focussé sur les notes, il ne pouvait pas toujours l'être sur l'interprétation. Magnifique, techniquement presque imbattable, mais avec une faille.

Cette faille allait être exploitée vivement. En effet, si le morceau est trop dur à jouer et que l'interprétation vient à manquer, il faut contrer par un morceau pas trop dur, mais qui recèle d'émotions et de changements surprenants. Et ce morceau était comme Jake l'avait dit: Bohemian Rhapsody. Six minutes de pur bonheur musical. Mais quelque chose gêna l'homme chocolat. Le mage finissait à présent son morceau, en faisant une fin à couper le souffle! On ne voyait même pas ses mains bouger tellement il allait vite! C'était une frénésie harmonique d'une beauté extraordinaire. Le trac et le stress montèrent en Jake. Alexander le rassura un petit peu, mais le stress était intense.

Jake s'installa au piano, trembla une dernière fois, fit le vide dans son esprit, et entama le fameux morceau de Queen. Dès la première note jouée, Jake ferma les yeux, et le monde disparut pour ne laisser passer que la musique. Notre exhibitionniste exécuta le morceau qui n'était pas si compliqué que ça sans aucune faute, mettant toute l'émotion dégagée et ressentie à travers les touches du piano, et chantant d'une voix gracieuse lors des passages en voix de tête, et d'une voix forte et éblouissante lors des passages en voix de poitrine.

C'était la première fois que Jake réussissait si bien ce morceau, et surtout la première fois qu'il trouva qu'il avait bien joué, car le morceau venait de finir.

-A qui le tour? fit-il après une révérence.

Depuis le départ du jeune insolent qui avait renversé un verre sur la tête d’un client, Abel avait eu l’impression que son bar était victime d’une invasion de personnalité douteuse qui carburait à l’alcool fort ou à la luxure. Si ce n’était pas ça, c’était les véritables vagues humaines de clients qui se précipitaient sur le bar pour le submerger, comme si un sort de désordre avait été jeté pour son établissement. Certes, le pirate remplissait ses fonctions du mieux qu’il pouvait malgré les conditions chaotiques de son boulot, et les serveurs se débrouillaient assez bien malgré les requêtes loufoques qui leur tombaient régulièrement dessus.

- Bah voyons, souffla l’employeur lorsqu’il entendit de loin Alexander accepter le concours de piano.

S'il se souvenait du contrat, il les avait embauchés pour servir non ? Pas pour « y aller chacun notre tour » en se divertissant pendant les heures de travail. D’ailleurs, il fallait toujours passer demander la permission au chef de l’établissement – à savoir lui-même – avant de pouvoir s’installer à l’instrument. Si tous le monde pouvait y jouer ce que bon lui semble quand ça lui prend, son bar serait plus souvent noyé dans le brouhaha désagréable que dans la musique, et même si le morceau que jouait cet inconnu était admirable, il n’y avait pas lieu d’y avoir une exception.

Jake prit alors sa place au clavier, obligeant finalement Abel à attendre 22h pour s’approcher de ses employés avec des bourses pleines, certes, mais le visage fermé très loin de la satisfaction. Les derniers clients s’en allaient, laissant un bazar monstre qu’il allait falloir débarrasser avant la fermeture pour la nuit, mais le patron avait quelqu’un pour s’en charger en moins de deux. D’ailleurs, la silhouette encapuchonnée assise dans un coin qui n’avait rien consommé mais qui était intervenue pour empêcher les jeunes mages de s’en prendre à James se levait justement, et en un claquement de doigts, toute la vaisselle s’envola plonger d’elle-même tandis qu’un bataillon de chiffon volait pour nettoyer les tables.

- Merci, dit simplement Abel, à demain.

L’inconnu(e) répondit d’un simple signe d’une élégante main blanche et quitta le bar, une paire de talons claquant régulièrement sur le sol. Le boss pu alors se tourner vers les quatre voyageurs et commencer son discours de fin de journée – voire même de soirée vu l’heure qu’il était.

- Bon, bon, bon… c’était pas mal, mais on ne peut pas dire que c’était brillant, brillant ; comme par exemple, vous étiez censé servir non ? Pas inciter un client à vous proposez un concours de piano sur vos heures de service.

Il fit tinter significativement les rubz dans ses mains, fronçant les sourcils.

- Je pourrai vous retenir une demi-heure sur votre salaire, mais comme c’était votre premier et dernier jour, je vais être sympa. On dira que c’était le reste de vos temps de pause. Euh... oui, reprit-il devant le silence des voyageurs, la boutique a pu tourner aujourd’hui, mais j’en viendrais presque à croire qu’on vous as jeté un sort qui attire les mabouls dans mon bar ; j’avais jamais vu autant de cas comme ceux là de ma vie, et pourtant, ça fait un moment que je suis dans le métier.

Il tendit les bourses qui contenaient 201 rubz à chacun et fit un signe du pouce vers son arrière boutique.

- Vous pouvez aller vous changer, et vous êtes libres. Merci quand même de votre effort, vous pourrez toujours revenir en client. Même jouer un peu de piano, glissa Abel d’un ton bourru à Jake.

Bon, et puis c’est qu’il avait du travail lui. Ranger la caisse bien remplie – sans doute l’unique bon point de cette journée de folie –, aller réactualiser ses annonces d’emplois, fermer les portes et puis… rentrer chez lui dormir, c’était pas mal ça. Le gérant laissa donc ses anciens employés faire ce qu’ils avaient à faire, s’affairant à ses tâches avec la lassitude d’une longue journée.


===== HRP =====

Au cas où vous ne l'avez pas compris, vous avez été remerciés lol. La raison, peut-être que vous vous en doutiez, est que vous n'avez pas forcément bien saisi la notion de "gros clients". Votre topic est finalement devenu (à mes divins yeux de MJ) une surenchère obscure assez confuse à lire :s. Certes vous êtes à Gloutoniskaïa, mais si les bars se résumaient à des vagues d'ivrognes, des mafiosi, des groupes de greluches avec le feu aux fesses, et j'en passe... mon dieu que ces établissements seraient glauques lol. "Gros client" n'appelait pas forcément à de l'extrême, mais simplement à des services que vous ne boucliez pas en 1 message (un groupe nombreux, une femme capricieuse, des gosses qui mettent le bazar, un grippe-sou qui vient essayer de gratter des réductions, un arrivage qui rouspète sur l'addition, ...) ; bien sûr qu'il peut y avoir quelques cas très spéciaux, on est pas à Dreamland pour rien, mais là... y'en avait vraiment, VRAIMENT, beaucoup :s

Quoique qu'il en soit, vous avez été payés, vous êtes donc libres de rentrer à votre auberge et de broder votre suite. Vous pouvez trouver un autre travail le lendemain, ou pas, bref ; Gloutoniskaïa est une TRÈS grosse ville, il y a sans doute plein de choses à découvrir ensemble

Alexander avait applaudi Jake. Mais ensuite, il se rappela les mots du gérant. Il resta dans un silence de mort, jusqu'à l'arrivée du gérant à la fin du service... Au moins avait-il décidé de les payer. Mais ils étaient renvoyés. C'était raté pour les éventuels projets qu'il avait pu avoir....

Si ses compagnons parlaient peut-être, ou avait hurler sur le patron, lui n'avait rien remarqué. Il était reparti, lâchant un " Au revoir, merci patron" d'un ton légèrement attristé.

Il marchait lentement dans les rues de Gloutoniskaïa, ignorant parfaitement tout l'environnement qui l'entourait.
Il se remémorait les mots du patron. Cela le blessait... Certes, ils avaient réussi dans leur travail... Mais...

Pour lui, c'était un véritable échec. Il avait voulu aider ses compagnons, et il avait échoué. C'était de sa faute, si ils s'étaient plantés, en fin de soirée. Ce n'était peut-être qu'une chose parmi tant d'autres, mais c'était lui qui avait mené à cette chose, même si ce n'était qu'indirectement.

Il rentra dans leur hôtel, et se mit à son lit, remettant le bonnet avec tout le reste des affaires. Il mit sa tête dans ses mains.

Qu'allaient-ils faire maintenant? Chercher un autre emploi? Chercher les filles? Autre chose? Alexander se dit qu'en faisant cela, il les ralentirait. Après tout, peut-être que le pirate avait raison. Depuis qu'il était là, les choses avaient l'air de moins bien se passer pour eux. Et ce qu'avait dit le patron semblait en parfait accord avec cela.

Il envisageait de partir de Gloutoniskaïa, seul. Aller ailleurs, et arrêter de chercher ces réponses qui ne venaient de toutes manière pas. Certes, il restait beaucoup de choses à faire dans la ville... Mais il n'avait plus guère de motivation.

La neige tombait tout autour de lui, et il ne bougeait guère.