[job] Service de luxe

Les Redway habitaient à Socluse Lake, une ville perdue dans la plaine Félicité, à mi chemin entre Elipse et Gloutoniskaïa. Si on devait situer son époque, on pourrait lui trouver de fortes ressemblances avec le XIXè siècle anglais et sa période victorienne. On racontait que son nom lui venait de la première des grandes familles l’ayant habitée, les Socluse, qui avaient organisé de grands travaux qui s’étirèrent sur plusieurs années, qui eurent pour objet de dévier une partie du fleuve débouchant à Gloutoniskaïa afin qu’il se déverse dans un bassin de leur jardin. Désormais grande agglomération à peine industrialisée qui vivait de la culture de grands champs étendus aux alentours comme une ceinture cultivée, Socluse Lake était un endroit relativement paisible.

Très à l’écart des voies de chemin de fer modernes, c’est une vieille locomotive à vapeur qui permit à Cieline, Aloïs, Myia et Jeremiah de parvenir à la petite gare en bois de la localité. Un homme aux moustaches de morse, tiré aux quatre épingles dans son costume d’époque – monocle et montre à gousset en prime – était sur place pour accueillir les quatre voyageur qu’il salua d’un signe de tête et d’une poignée de main que l’on jugerait grandiloquente, mais qui était pour lui tout à fait naturelle. Ses narines se plissèrent légèrement à la vue de la tenue rayée et des lunettes de l’apiphobe, mais ayant été prévenu de ces inconvénients par le télégramme qui l’informait de sa candidature, il ne put que se taire.

Cet homme se présenta comme Oliver Stanford, ami de confiance du couple de marié et chargé de superviser l’organisation de la fête de mariage. Il conduisit ses employés vers une voiture tirée par deux chevaux au crin soyeux qui brillait au soleil. Une fois tous les cinq installés et bercé par les claquements réguliers des sabots au trot, il commença à informer ses passagers :

- Bien, vous êtes ici pour aider le service de domestiques des Redway à assurer le bon déroulement de la fête de mariage. Les cuisiniers sont déjà aux fourneaux et les autres, s’ils ne sont pas à la cérémonie, sont occupés aux tâches ordinaires et à la préparation de la chambre nuptiale. Vous allez d’abord devoir disposer la terrasse de réception.

L’hôte se tut sur ses mots, laissant le tumulte de la rue prendre le pas sur son silence. Ils finirent par arriver à une grande maison victorienne, à l’écart du centre-ville, dont une grande place dallée à l’arrière mangeait la majorité de l’espace du jardin. Une estrade était déjà montée dans l’herbe, sous un paravent en toile qui frémissait régulièrement sous les coups de vent capricieux. D’étranges lampadaires à huile étaient disposés à des endroits stratégiques de l’espace, près à être allumés le moment venu. Sur l’espace dallé, de longues tables en bois avaient été mises bout à bout selon deux lignes parallèles qui laissant entre elles un vaste champ libre. Dans un coin, des bancs étaient sagement alignés, bronzant au soleil doux de la région.

Un jeune domestique en tenue de service s’approcha d’Oliver et de ses hôtes. L’homme à moustache le désigna d’une main avant de continuer les explications entamées dans la voiture :

- Voilà Fred. Il vous fera visiter toutes les pièces de la maison auxquelles vous allez avoir besoin d’accéder, puis il vous amenera vous changer dans les salles de bains. Nous avons plusieurs tailles de tenues, j’espère qu’il y en aura au moins une qui vous ira.

Spoiler:

Spoiler:

Son regard s’attarda sur Aloïs. Il n’avait pas précisé qu’il ne voulait pas de mioches pour ce boulot ? Mince… il n'y avait plus qu’à espérer qu’il se débrouille bien. Au pire, avec sa petite bouille, il charmera les dames.

- Votre première tâche sera de balayer la terrasse et de mettre les tables. Il faudra disposer les nappes, les dessous d’assiette, les assiettes, les différents types de couverts, les différentes verres, les dessous de plat, les cuillères, les serviettes pliées, la décoration, et les bancs. Fred vous montrera où trouver tout ça et si j’en ai oublié, il se chargera de me compléter. Dépêchez-vous, vous avez 3 heures et il y a plus d’une centaine de couverts à installer.

Oliver regarda ses employés s’en aller d’un œil légèrement soucieux. Un gosse et une fille-guêpe qui marchait de travers… il aurait pu réunir une meilleure équipe, mais il était trop tard pour en changer désormais.


=== hrp ===

Vous êtes libre d'improviser énormément de choses, mais essayez de rester logique... il n'y a par exemple aucune raison que vous visitiez les chambres, le coffre familiale ou les caves à vins... et essayez également de rester dans l'époque. Ne décrivez pas la cuisine avec un micro-onde et une poêle Teffal.

Vous êtes aussi libre de votre organisation, de la décoration de la table, de la pliure des serviettes, de la façon de mettre le couvert, etc... mais forcément, meilleur sera votre service, mieux vous serez payés à la fin.

Vous pouvez faire parler Fred pour des choses standards, mais ne développez pas sa psychologie, ni ne transformer son rôle dans l'histoire. Il est juste là pour vous guider de loin dans votre boulot, et il n'aura aucune autre utilité.

Lorsque la jeune femme débarqua dans ce petit coin isolé où se déroulerait très prochainement le mariage tant attendu, elle fut choquée. Son visage l’affichait très bien, puisque ses yeux, s’ils ne sortaient pas de leur orbite oscillaient entre le type à la moustache longue, et la carriole qui leur servirait de véhicule. Un regard répréhensif du monsieur – qu’elle rebaptisa aussitôt de Mario- lui fit fermer sa bouche.
Elle écouta les explications du personnage de jeu vidéo jusqu’à ce qu’ils arrivent chez leurs clients. Myia crut se retrouver dans un de ces villages occupés par les amish. Remarque faite, ils n’en étaient pas loin. D’ailleurs elle se sentait déjà presque de trop avec son jean délavé et un t-shirt rouge loin d’être discret.
Les présentations avec l’employeur étant faites, Myia s’intéressa à ses collègues de travail. Des trois présents, elle reconnut Jeremiah, et son prénom évoqua le souvenir d’un travail inachevé passé à ses côtés. Après un haussement d’épaules, elle s’attarda plus longuement sur les deux autres. Une jeune femme et un adolescent, chouette ! De nouvelles têtes ne feraient pas de mal à la jeune femme excentrique.

Heureusement pour elle, le travail demandé par leur employeur ne semblait pas être d’une grande difficulté. Par crainte de mal faire son travail, la jeune femme avait fait quelques brèves recherches sur la manière de tirer une table et autres manipulations potentiellement inutiles, et ses quelques souvenirs en tant que serveuse auraient peut être étés utiles pour ce travail. Cependant jamais, oh grand jamais, elle n’avait imaginée être projeté dans une autre époque. Y avait-il des différences flagrantes ?

Légèrement déstabilisée, la jeune femme fut soulagée d’entendre qu’ils auraient des tenues à leur disposition. Trop enthousiaste à l’idée de les découvrir, Myia s’empressa de suivre le jeune domestique que Mario leur avait présenté, le tout après lui avoir posément demandé de les conduire dans la salle de bains. Myia avait tenté de s’exprimer de manière polie. Après tout, c’était un travail, et plus ils se montreraient impliqués et soucieux du détail, et polis de surcroit, plus ils seraient susceptibles d’empocher de l’argent (et des pourboires). Donc oui, Myia avait opté pour le léchage de bottes.

Elle entra donc dans la salle de bains réservée aux femmes et située à l’étage, après avoir traversé plusieurs pièces où s’agitaient une foule de domestiques. Si les pièces étaient spacieuses et lumineuses, il en était tout l’inverse des couloirs, où il fallait jouer des coudes pour progresser. Voilà qui ajouterait de la difficulté à leur travail. Finalement arrivés à destination, Myia referma nerveusement la porte de la salle d’eau derrière l’autre jeune femme. Sans attendre, elle se débarrassa de ses habits anachroniques pour enfiler la tenue de domestique. Elle s’admira dans le miroir qui trônait à proximité de la fenêtre.

- Je ne sais pas pour toi mais je sens que ce travail va bien se passer !

La jeune femme se tourna vers sa collègue et la détailla. Elle ne sut interpréter l’expression qu’elle affichait, mais ceci ne l’empêcha pas de lui adresser la parole. Après s’être approchée de la jeune femme, à distance polie bien entendu, elle lui tendit la main avec un sourire encourageant :

- Myia !

Jeremiah était content, il allait pouvoir côtoyer plein de gens! Des gens qui amèneraient plein de réactions différentes et plein d’interactions intéressantes il en était sur.
Et puis la bête humaine en groupe, quoi de plus intéressant?
Il allait bien s’amuser!

Quand on leurs présentas là, ou plutôt les tâches a accomplir pour remplir leurs fonctions il se dis qu’il était pressé de passer au moment intéressant car dresser des tables allait surement être ennuyeux… Mais soit, il fallait en passer par là, pas question de se faire virer de se travail et de loupé les passages marrants!

Il aurait bien aimé saluer Myia mais ils furent trop rapidement séparé, dommage… Après tout, deux fois qu’ils se retrouvaient tous deux des ces plaines, c’était surement le destin! Elle devait devenir une vrai amie!

Il se retrouvait maintenant avec le jeune garçon du groupe, a le voir il promettait d’être intéressant! Un nouveau joueur ou un nouveau jouet? La question restait entière pour le moment.
Comme ils devaient faire vite (trop pressé qu’il était d’en finir avec la partie barbante ce n’est pas Jeremiah qui aurait dit le contraire) il se changea rapidement, lors de ses études il avait beaucoup travaillé comme serveur et la tenue ne le changeait pas beaucoup de ses costumes habituels, si ce n’est que la qualité en était bien plus médiocre.
Tout pressé qu’il était il ne pouvait pas retenir son pouvoir et la pièce dans laquelle les deux voyageurs se changeaient baignait dans l’excitation. Le jeune Aloïs devait surement la ressentir lui aussi.
Quitte a ce qu’ils soient tout deux excité par ce travail autant qu’il se présente.
Il tendit la une main chaleureuse a son collègue.

-Je suis Jeremiah. Jeremiah Bowen. Content de travailler avec toi.

Détaillant son compagnon, Jeremiah commençait a se poser des questions. Quel jeu serait le plus intéressant?

Long et pénible, voilà comment Cieline aurait put décrire son voyage dans la vieille locomotive branlante et peu rassurante qui l'avait mené jusqu'à la gare où un homme ayant des allures de bourgeois l'avait accueillit, elle, mais aussi les trois autres postulants. Elle avait reconnu le petit Alois auquel elle lançait des sourires rassurants. Le pauvre n'était sans doute pas à sa place dans un tel endroit. Ce qui était sur, c'est qu'elle ne laisserait rien lui arriver. Avant d'entrer dans la carriole qui les mènerait sur leur lieu de travail, elle lui souffla à l'oreille :

« Ne t'inquiète surtout pas, si tu as le moindre problème, viens me voir. »

Mais elle n'eut pas le loisir de lui dire quoi que ce soit de plus car déjà, l'homme qui les avait accueillit et qui semblait avoir un manche à balai coincé dans le derrière leur donnait les premières instructions.
Ils arrivèrent dans la demeure qui semblait d'un autre âge et se sentit complètement décalée avec sa robe bicolore et ses lunettes passablement ridicules. Elle voyait bien que les autres la regardaient d'un drôle d'air, ils devaient sans doute se demander d'où est-ce qu'elle débarquait ainsi fagotée. Elle essaya de ne pas y faire attention mais, le problème, c'est que le regard des autres, dans son métier d'actrice, était tout ce qui comptait. Elle ne put donc faire abstraction de ces regards lourds de sens.
Aussi, c'est les poings et la mâchoire serrés qu'elle pénétra dans la salle où elle devait se changer en compagnie de sa nouvelle collègue de travail.
Celle-ci fit le premier pas et lui tendit une main amicale en se présentant. Myia... aussitôt, le nom de Maya lui revint à l'esprit, cette jeune camarade qui était morte piquée par un frelon et à l'origine de sa phobie actuelle. Un frisson la parcourut et c'est d'une main tremblante qu'elle tenta de saisir celle qui lui était offerte. Ses lunettes qui lui faisait voir la scène à la façon d'un kaléidoscope l'handicapaient au plus haut point. Elle tâtonna trois fois avant de réussir à saisir la main tendue. Cela risquait d'être compliqué de mettre la table... Et cela risquait d'être pire encore pour le service.

« Cieline Trancy. Ravie de te rencontrer. »

La jeune femme semblait sourire et Cieline se rasséréna un peu. Tout en commençant à se changer, elle continua de parler.

« C'est la première fois que je fais ce genre de taf. Moi je suis plus une comédienne. Bah ! C'est un peu comme jouer une scène non ? Être souriant, serviable...efficace aussi.. »

Elle fit la grimace en disant cela. Avec ses lunette, elle risquait plus de briser la vaisselle que de l’installer convenablement sur la table. Sa collègue avait-elle comprit le sens de ce sous-entendu. Cieline lâcha un soupir en voyant sa soubrette se teinter de rayures jaunes absolument affreuses...

« Tu parles d'un don de merde ! » murmura t-elle entre ses dents.

Aloïs s’émerveilla devant cette ville si étrange. C’était comme s’ils avaient remonté le temps et qu’ils étaient à présent au 19° siècle. Oui ils, car le jeune garçon n’était pas seul. Il y avait trois autres personnes dont Cieline. Il était content de la voir. Il ne connaissait pas les autres, mais il était heureux à l’idée de rencontrer de nouvelles têtes. Ils étaient tous bien plus âgés que lui, et d’ailleurs, il ne se sentait pas très à l’aise. Mais pas le temps de rêvasser, ils étaient venus ici pour travailler non. Un homme vint à leur rencontre et les emmena sur les lieux de la fête. C’était un homme très dôle à regarder avec sa moustache de colonel moutarde et Aloïs retint un rire en s’étouffant à moitié. Il écouta cependant ses explications avec attention. Il ne voulait absolument pas décevoir les personnes présentes en usant malencontreusement de son talent de deux mains gauches. Il était déterminé !

Le colonel moutarde les fit monter dans une calèche pour les amener jusqu’à la propriété. De magnifiques chevaux s’ébrouaient à l’avant du « taxi » et le jeune garçon eut très envie de les caresser. Malheureusement, on le poussa rapidement à l’intérieur de la calèche. Il s’assit donc sans faire de bruit à côté de Cieline qui lui avait murmuré des paroles rassurantes.

C’était amusant, la carriole les secouait doucement et les claquements des sabots rappelaient à Aloïs le voyage en train qu’il avait fait pour venir. Soudain, une maison se dressa devant eux, comme sortit d’une autre époque. Elle était magnifique et semblait gigantesque. Quelle merveille !
Trop occupé à regarder la bâtisse, le garçon du rattraper les autres au petit trop. Un jeune domestique vint à leur rencontre vêtu comme un gentleman qui fut présenté rapidement par leur employeur. Aloïs écoutant attentivement les instructions données par le colonel moutarde et une détermination sans faille se lut sur son visage. Il était décidé à aider ! Il voulait faire de son mieux. Le domestique, Fred, les conduisit aux salles de bains pour qu’ils se changent. Mais bien sûr, les dames d’un côté les messieurs de l’autre. Le jeune garçon fut donc séparé de son amie et se retrouva avec l’homme de l’équipe. Pas très habitué à ce qu’on le voit se changer, Aloïs se prépara dans un coin de la pièce. Il était un peu inquiet à vrai dire. Quoi qu’il en soit, il s’amusa beaucoup à se « déguiser » en domestique des temps anciens. Mais il n’avait jamais fait de nœud papillon et n’en avait même jamais vu. Il resta donc immobile, à regarder cette étrange chose posée dans sa main, ne savant pas quoi faire avec. Soudain, il se sentit envahi d’une drôle de sensation, une sensation d’excitation. Mais il n’eut pas le temps d’en penser plus car une main se présentait à lui. L’homme dévoila son identité chaleureusement, mais Aloïs ne lui serra pas la main. Car oui il n’aimait pas trop le contact physique. Cependant, il lui adressa un sourire angélique tout en se présentant à son tour :

-Content de te rencontrer moi aussi ! Je m’appelle Aloïs !

L’enfant fixait joyeusement l’homme, les yeux pétillants, tant en continuant de tenir le nœud papillon dans le creux de sa main. Il débordait d’une énergie folle ! Sûrement l’effet du pouvoir de son équipier.

Le gamin était amusant, il n’avait pas voulu lui serrer là main. Soit, chacun ses petites habitude, de toute façon le sociopathe ne tenais pas spécialement au rituel du serrage de main.
Seulement maintenant qu’elle était tendue, autant qu’elle serve a quelque chose. Et puis ils n’avaient pas de temps a perdre, on le leurs avaient bien précisé tout a l’heure, le timing allait être serré.
Jeremiah attrapa donc le bout de tissu d’Aloïs et avant même que ce dernier n’ai pu émettre un son fini de l’habiller correctement, s’amusant a l’avance des émotions que cela engendrerais si le petit était aussi timide qu’il n’y paraissait.

- Dépêchons nous. Tu verras c’est pas un boulot compliqué quand on y met du siens. Enfin dans notre monde en tout cas…

Il sortit dans la foulée, supposant que son petit collègue le suivrait.
Après un bref coup d’œil a droite a gauche il aperçut Fred qui revenais apparemment de la réserve, des balais a la main.

- Haaaaaa! Mon bon Fred il était temps!

Sur ce il empoigna deux manches puis se tourna vivement vers Aloïs, lui collant l’ustensile sans autre forme de procès entre les mains.

-Go grand chef.

Prenant a bon pas le chemin de la terrasse il lança par-dessus son épaule.

- Fred vous direz aux filles que nous sommes partis devant.

Toujours aussi excité le sociopathe débordait d ‘énergie, devait-il mettre des bâtons dans les roues a ses collègues? Ou peu être serait-il bon de faire capoter la fête? Ca ça serait amusant non? Une grande catastrophe au beau milieu des festivités, la panique et la chaos!
Bien sur il faudrait trouver le bouc émissaire parfait. Le garçon peu être, avec son air de ne pas y toucher? Mais non il voulait le garder un peu près de lui, il avait l’air intéressant. La femme abeille peu être, elle avait l’air très maladroite…
Mais le plus ennuyeux était Fred pour l’instant… Oui, ennuyeux a mourir…

La jeune femme crut d’abord que la nouvelle recrue allait l’ignorer. Mais elle avait vite compris que les lunettes étranges qu’elle exhibait sur son nez ne relevaient pas de son fait et qu’elle l’handicapait plus qu’autre chose. Ne sachant dire si la remarque de Cieline relevait de la simple affirmation ou si elle exigeait une réponse, la jeune femme se contenta d’acquiescer. Puis elle suivit l’exemple de Cieline et ajusta sa tenue de soubrette tout en réfléchissant au pouvoir que pouvait bien avoir sa collègue. Elle cligna plusieurs fois des yeux en constatant que la tenue de Cieline changeait de couleur et de motif. Ses yeux imitaient celui d’une abeille c’était certain, mais elles lui donnaient aussi un style particulier. Une chanteuse un peu gaga aurait certainement apprécié le style.


- Sympa le costume !

Sans faire plus attention à la scène étrange qui venait de se dérouler, Myia se concentra de nouveau sur le travail qui les attendait. Elles avaient assez trainé dans la salle de bain et les garçons qui les accompagnaient devaient surement déjà être prêts. S’ils comptaient marquer des points, ils devaient même ne pas les avoir attendues et s’atteler à la tâche.

- Mince ! Il faut qu’on y aille !

La jeune femme attacha rapidement le ruban blanc qui relevait une partie de ses cheveux et ouvrit la porte de la salle de bain. Bien entendu, elle avait vérifié que Cieline était changée. Puis elle se faufila en invitant la jeune femme-abeille à la suivre dans le couloir étroit. Elles retrouvèrent le salon où des domestiques s’agitaient. Myia, trop heureuse d’avoir évité Fred, le domestique coincé, réfléchissait à la manière de se rendre utile. Une jeune fille chargée de plusieurs plateaux passa près d’elle et Myia voulut la soulager. Avec un sourire forcé, elle refusa puis s’éclipsa aussitôt. Une autre avec des couverts la jeta sans ménage. Il en fut de même pour la vieille femme, chargée des compositions florales. Rejetée sans ménage, Myia fit la moue et commença à trainer des pieds. Si on ne lui disait pas quoi faire, comment allait-elle se rendre utile ?
Comme pour empirer la situation, Myia finit par buter dans Fred, toujours aussi coincé et un brin anxieux.

- C’est sur le sol que vous cherchez les serviettes ?

Myia releva les yeux vers Fred et suivit du regard la direction qu’il pointait du doigt : la cuisine. Ah, génial ! Myia était douée en cuisine. Elle se retourna vers Cieline et lui fit signe de la suivre. Elle trottina presque jusqu’à l’entrée de la cuisine puis freina presque aussitôt. Pas de plaques, pas de frigo, pas de lavabo, de four ou autre, juste des placards et une grande table en bois. Les bruits métalliques qu’elle avait cru entendre provenaient de la salle au fond de la pièce. Légèrement déçue, son attention se porta alors sur la pile énorme de serviettes qui occupait un coin de la table.
Myia pointa du doigt la pile de linge, puis elle se tourna vers Fred avec un air interrogatif, Fred acquiesça et fit demi-tour. Il devait avoir assez perdu de temps avec les deux jeunes femmes. Myia soupira et traina des pieds jusqu’à la chaise qui avait été si généreusement mise à sa disposition. Une autre était disposée non loin de la sienne. Plutôt que de s’étendre en explication, des domestiques avaient mis à leur disposition le modèle de pliage de serviette attendu. Myia l’examina de très prêt, mais évita de la toucher de peur de tout abîmer. Le pliage était simple mais assez joli. Mais peut-être qu’avec un petit rajout par ici, et un élément plus haut par là, le tout serait encore mieux…

- Bon, quand il faut y aller. Ca ira pour toi, Cieline ?

En fait, Myia n’avait pas vérifié si sa collègue l’avait suivie ou si elle avait préféré une autre tâche, plus exposée et moins manuelle.
Elle se demanda tout de même ce que Jeremiah et le jeune garçon avaient entreprit de faire…

Lorsqu'elle aperçut les serviettes, Cieline commença à reculer de quelques pas. Elle était carrément nulle en pliage de quoi que ce fut, elle n'avait jamais été foutue de faire un origami correct à l'école, ce n'était pas maintenant que cela allait changer.
Elle quitta la pièce à pas de loup et retourna sur ses pas pour retrouver Fred occupé à quelque tache.

« A Fred ! Justement je vous cherchais. Pourriez-vous me dire où sont passés les garçons ? »

Il pointa nonchalamment son doigts vers la terrasse où tout le monde s'agitait autour des deux tables à dresser.

« Ils ne vous ont pas attendus » précisa t-il.

Cieline le remercia d'un sourire un peu gêné puis elle alla les rejoindre... enfin c'est ce qu'elle tenta de faire en tout cas. Elle ne vit pas la chaise renversée sur le sol et butta dedans. Elle s’étala de tout son long en agrippant désespérément la nappe de la table qui se trouvait juste à côté. Emportée avec elle, la nappe envoya valser les quelques couverts déjà mis en place et Cieline, une fois au sol, ferma les yeux en entendant l'affreux bruit de vaisselle cassée.
Elle se releva en époussetant sa tenue ridicule puis, regardant autour d'elle elle ne put que dire :

« Oups... »

Tous la regardaient, certains désolés, d'autres furieux. Elle commençait à peine son nouveau job et voilà que déjà elle faisait des conneries. Cela ne prédisait rien de bon pour la suite.

« Oui bon ! Ça va » s’énerva t-elle en constatant que personne ne la lâchait du regard. « Ça peut arriver à tout le monde non ? »

Puis, comme si de rien n'était, son sourire fictif effacé, elle remit la nappe en place avec l'aide des autres. Les sourcils froncés, elle risquait d'avoir du mal à paraître de bonne humeur désormais.

Puis, sans rien demander à personne, elle alla chercher un balai en titubant à cause de ses lunettes handicapantes puis elle commença à nettoyer ses bêtises. Cela serait certainement retenu sur son salaire et elle se maudissait de n'avoir pas fait plus attention. Elle commençait à se demander si elle avait bien fait de postuler pour un travail qui demandait de la précision. Elle ne ferait jamais rien de bon avec ces horreurs sur la tête. En plus, elle attirerait tous les regards... Même si d'ordinaire elle aimait être remarquée, elle ne pouvait pas supporter d'être remarquée dans le sens péjoratif du terme...

Tout en balayant, elle chercha du regard où pouvait bien se trouver Aloïs. Le pauvre était encore si jeune pour se livrer à se genre de péripétie! Elle espérait au fond d'elle même que tout se passerait bien pour lui. elle ne supporterait pas qu'il lui arrive malheur. Et à bien y réfléchir, elle préférait que l'attention soit dirigée sur elle plutôt que sur lui. au moins, s'il faisait des bêtises, on ne le remarquerait peut-être pas.

Jeremiah saisit le nœud papillon, et le noua autour du coup de l’enfant. Ce-dernier surpris ne dit rien, mais regarda avec admiration la façon dont l’homme attacha le bout de ficelle, quelle dextérité. Aloïs examina le nœud pendant quelques instants, les yeux scintillants. Son équipier lui adressa une rassurante motivation avant de sortir de la pièce. Le jeune garçon se lança derrière lui, en trottinant pour le rattraper. Il trouvait Jeremiah très sympathique et il allait sûrement bien s’amuser. Aloïs marchait dans son dos, le regard plein d’admiration pour son co-équipier.

Soudain, l’homme s’arrêta en interpellant Fred, le domestique qui les avait accueillis. Aloïs, qui ne s’y attendait pas, faillit rentrer en collision avec Jeremiah. Fred tenait de grands balais entre les mains et son compagnon en saisi deux. Ce-dernier fit volte face et en donna un au garçon. Il le saisit de ses petites mains et le brandit avec détermination en faisant comprendre à Jeremiah qu’il était d’accord avec oui :

-Oui !

Aloïs marchait derrière son ami, tout fier d’être chargé d’une mission, le balai sous le bras comme un petit soldat. Il affichait un sourire rayonnant et fredonnait un air entraînant rythmé avec ses pas. Il avait tellement hâte de pouvoir aider ! Quel enthousiasme que de savoir que quelqu’un avait besoin de lui, il se sentait très heureux. Et puis aussi étrangement que ce la pouvait paraître, à côté de Jeremiah il ressentait une curieuse excitation. Comme envahit d’une grande joie !

Les deux garçons arrivèrent, après avoir traversé plusieurs couloirs à la tapisserie somptueuse, sur une grande terrasse. Aloïs tout excité en fit le tour en courant, les bras tendus dans les airs comme un avion. Le balai dans une main, le garçon revint auprès de Jeremiah et dit en souriant :

-Elle est immense cette terrasse ! Ah ah ah ah ah !

Aloïs était un véritable enfant. Un rien l’amusait. Mais au fait où étaient les filles ? Oh, elles devaient sûrement faire autre chose.
Le jeune garçon décida de commencer le nettoyage de la terrasse. Il s’équipa de son balai et commença à le balancer de droite à gauche avec énergie. Ca ressemblait plutôt à du gros n’importe quoi, mais une fois qu’il est lancé, plus rien ne peut l’arrêter. De plus la poussière commençait voler en tout sens.

Soudain, l'on entendit des bruits de pas précipités et un vacarme de vaisselle cassée s'ensuivit. Aloïs se retourna et vit Cieline étalée par terre. Il voulut l'aider, mais la jeune femme se releva en pestant avant de remettre tout en ordre, car elle semblait avoir renverser tout une table. Elle saisit un balai pour ramasser la casse. Elle semblait gênée et le garçon décida de détendre l'atmosphère. Il se glissa derrière elle et commença à la chatouiller avec les poils du balai.
Décidément, Aloïs trouvait ce travail de plus en plus amusant.

Oliver Standford supervisait les préparatifs de la chambre nuptiale lorsqu’il entendit un inquiétant bruit de bris de vaisselle qui provenait de l’étage inférieur. Il s’éclipsa promptement pour descendre voir ce qu’il se passait. En passant devant la cuisine, il aperçut Myia occupée à plier les serviettes. Elle s’appliquait avec une ardeur enfantine qui aurait fait sourire le bonhomme s’il ne redoutait pas le pire dans le salon. Et bien malheureusement, il ne fut pas déçu : Cieline avait fait choir la nappe sur laquelle étaient entreposés les couverts à installer à l’extérieur. Des lots de verres étincelants comme du cristal avaient été cassés, tout comme certaines des assiettes en porcelaine blanche. L’employeur voyait rouge, mais il ne trouvait pas les mots pour intervenir avant qu’Aloïs ne vienne s’amuser à chatouiller sa collègue avec son balai. Jamais il n’aurait dû embaucher un gosse, c’était une certitude. Sa moustache de morse frémit et il s’exclama :

- Ça suffit oui ?! Vous avez plus de cent couverts à installer et non content de briser la vaisselle, vous vous perdez de précieuses minutes à vous amusez ?! Est-ce que vous imaginez un peu la situation, si les mariés reviennent et que vous n’avez pas terminé ?!

Sa voix tonitruante avait réduit toute la maison au silence. Seuls les coups de balais que Jeremiah passait sur la terrasse, manifestement trop absorbé par son travail pour faire attention aux autres, venaient perturber l’atmosphère pesante qui s’était installée. Les yeux foncés d’Oliver foudroyait l’apiphobe et son protégé avant qu’il ne poursuive ses remontrances :

- Prenez donc exemple sur votre collègue en cuisine ! C’est tout de même pas difficile de rester concentré cinq minutes sur une terrasse à balayer ?! Alors laissez, un domestique va réparer vos bêtises et changer les couverts, et retourner à votre tâche !

Leur commanditaire croisa les bras, son visage rougi par sa colère soudaine. Sa lèvre inférieure légèrement en avant couplée à sa moustache si particulièrement lui conférait une allure boudeuse qui aurait peut-être faire rire les deux voyageurs s’ils ne s’étaient pas fait enguirlandés comme des chenapans intenables. Alors qu’ils consentaient bon gré mal gré à s’en retourner au travail qui les attendait, Oliver s’écarta pour laisser la place à une jeune femme chargée de ramasser les débris et s’installa sur une chaise pour surveiller ses employés. L’homme du groupe paraissait d’ailleurs de plus en plus enclin à flâner, abandonnant régulièrement ses coups de balais pour regarder distraitement autour de lui comme s’il cherchait autre chose à faire. Mais Oliver sentait qu’il s’était déjà trop énervé : il ne voulait pas se gâcher la fête par sa mauvaise humeur. S’il ne bossait plus, il serait moins payé et c’est tout.


===== HRP =====

Je me sers donc de ce message pour signaler une absence indéterminée de Jeremiah. Pour l'instant, continuez à 3 et n'interagissez pas avec lui, ce sera le plus simple. Bon courage !