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| Le prix du sang [Troisième épreuve] | |
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Ace Ridley
Maladie mentale : Pyromane
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Feuille de personnage Sac à dos: Pouvoirs : Bourse: 368 rubz
| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Lun 28 Nov - 22:04 | |
| Le pyromane avait déjà eu sa dose mais il ne pouvait que continuer à lutter. La chaleur agressive du brasier lui donnait la force nécessaire, comme s’il s’imprégnait de cette puissance destructrice qu’il employa à esquiver les coups à défaut de pouvoir les rendre. Feufolé aussi était là, lui donnant l’assurance et la compagnie dont il avait besoin. Tout cela lui permit de tenir mentalement, et le physique suivait tant bien que mal.
Lorsqu’il entendit la voix de Melena derrière lui, ce fut un soulagement. Mais ces heureuses retrouvailles furent de courte durée car Avok était toujours en piste. - MEL ! Avok, espèce d’enfoiré ! Ah ! Les renforts sont déjà à terre ? Hu hu hu ! Il fit quelques pas en arrière pour retrouver Elie qui apparemment avait trouvé de quoi entraver le monstre. C’était les soldes ? demanda-t-il en désignant la corde d’un signe de tête. J’ai fait ce que j’ai pu pour vous donner le temps de vous organiser ; alors ? On a un plan ou on continue à s’agiter comme des guignols en attendant d’s’en prendre une ?
D’ailleurs il manqua de peu de recevoir son dû : le membre extensible d’Avok fouettait l’air à quelques centimètres du pyromane, gigotant comme la queue fraîchement coupée d’un lézard et dévastant au passage une ou deux maisons. Bien que le feu rende difficile la progression du géant, il avait toujours autant de poigne, Melena en avait fait l’expérience… D’ailleurs où avait-elle atterri ? Hors de question de la laisser mourir si près du but ! Il demanda donc à Feufolé d’occuper encore une fois le golem, le temps d’éloigner Melena de la zone de danger. - Ok, patron. Moi travailler beaucoup, patron.
Alors que le petit compagnon voletait vers Avok tout en continuant de parler, Ace se précipita vers le site du crash, extincteur virtuel en main, prêt à secourir les victimes. Dégradation de biens publics : la cabane était transpercée de part en part et l’adolescente gisait à quelques mètres de là. - Hé ! Pressée de mourir à nouveau ? On va pas être copains, sur ce coup-là. Personne meurt aujourd’hui, ok ? Une rapide inspection lui permit de voir l’étendue des dégâts. Il lui demanda de s’accrocher à lui alors qu’il la soulevait en douceur, tentant de lui faire le moins de mal possible. Il la transporta alors à une distance respectable du champ de bataille puis, enfonçant la porte d’une maison qui semblait vide, il la déposa sur ce qui fut un jour le lit de quelqu’un. Cela ressemblait d’avantage à une planche de bois recouverte d’un linge à peu près propre, mais ça ferait l’affaire. - Tiens le coup, on revient te chercher plus tard. ‘Toute façon, dans l’état où t’es, je serais étonné que tu ailles bien loin…
Laissant là Melena, Ace rejoignit au pas de course Elie et Feufolé, ce dernier fut d’ailleurs ravi de s’accorder une pause alors qu’il voyait son ami les rejoindre. - Elle va comment ? T’as été long, vous avez fait quoi ? On a dansé la maracrena, tiens… Imbécille… Elie, c’est quand tu veux. Dis-moi juste comment je peux t’aider à torcher ça.
Bien sûr il n’était pas très enjoué de retourner au front mais s’il fallait se mouiller encore un peu pour en finir enfin avec ce cauchemar, alors il donnerait tout ce qu’il a. Les hurlements macabres du géant aux mille yeux se firent entendre, signe d’une offensive prochaine. En effet son corps à moitié brûlé se distendait pour se faufiler dans les ruelles les plus étroites et ainsi échapper au feu qui se propageait aux maisons mitoyennes. Alors qu’un tentacule de chair se tortillait à quelques mètres de lui, Ace leva le pied et écrasa de toutes ses forces le bout de chair, faisant éclater un œil au passage. Nouveaux hurlements. *Chier, ça reviendra me hanter, c’te connerie. Plus jamais je mangerai de calmar.*
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| | | Le Marchand de sable
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Mar 29 Nov - 15:58 | |
| Il avait chaud. Il avait mal. Mais surtout, surtout… il était furieux.
Dans un concerto de hurlements stridents s’échappant de son corps comme des notes d’un orgue, Avok tentait d’attraper ses proies pour les réduire en miettes. Non pas parce qu’il aimait ça, non pas parce qu’il le voulait… mais parce que c’était tuer ou être tué, et il avait 116 cerveaux pour le lui souffler insidieusement. Il savait qu’il les avait blessés, mais ce n’était pas suffisant. L’un d’eux avait même eut la force de l’immoler sans autre forme de procès.
Il lui fallut un moment pour se rappeler comment réagir dans ce genre de situation, le temps suffisant pour faire voler une mouche au travers d’une vieille bicoque. Le golem profita de l’occasion pour se rouler par terre, éteignant les flammes avant de projeter ses fibres pompant la moelle des morts enterrés là pour une raison quelconque. Leur amour du paysage peut-être ? Enfin c’est tout sauf important. La chasse n’était pas terminée.
Il étendit un bras pour atteindre Ace mais celui-ci lui écrasa violement un doigt. Une grappe d’yeux éclata dans un bruit répugnant couvert par le hurlement de rage du monstre. Alors que sa bouche aux milliers de dents s’ouvrait grand, un jet de flamme puissant naquit au fond de sa gorge avant de tout brûler comme du napalm. Parodie de dragon grotesque, Avok courait désormais vers le duo que formaient Elie et Ace avec la ferme intention de les griller sur place. Mais pire que des cafards ils se faufilaient partout, la seule chose qu’il arriva à enflammer fut le bas de leurs pantalons.
Le duo semblait l’entrainer de nouveau vers la falaise mais ça l’arrangeait bien. Moins de maison, plus facile de viser et de les réduire en cendre ou en repas pour corbeaux ou…
Avok les rattrapa enfin à 20 mètres du bord, les envoyant bouler d’un large geste de la main. Ils s’étalèrent douloureusement dans l’herbe, croyant peut-être que c’était fini, à tort. Le géant leva alors la jambe, bien décidé à les aplatir comme des crêpes.
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| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Jeu 1 Déc - 16:44 | |
| Tout se passait vite, trop vite, au point que le cerveau d’Elie ait du mal à suivre. Ace tout d’abord était vivant mais blessé, à commencer par sa main à la peau noircie et craquelée comme un clin d’œil aux corps des victimes de Pompéi. Ensuite Melena qui volait littéralement, fendant l’air et la paroi fragile d’une maison en ruine dans une pluie de débris. La pensée « elle est morte » s’imposa à son esprit, violente et sournoise mais la mauvaise jumelle la repoussa d’un bloc alors que ses jambes se mettaient en branle pour la mener sur les traces du pyromane jusque dans les ruines de la bicoque dans laquelle gisait son amie. La voix de leur comparse masculin lui parvenait à peine, transformée en blague de mauvais goût dans l’enceinte de son crâne. Il parlait de plan alors que Mel’ était peut-être morte ? Comment pouvait-il être si terre à terre ?
- Je t’expliquerais plus tard, rétorqua-t-elle alors qu’ils débouchaient sur la pièce où Melena se levait avec difficultés.
Elle était en vie, Dieu soit loué. L’adolescente laissa ses camarades s’éloigner à la recherche d’un lieu sûr pour faire face avec Avok, Feufolé comme seul frère d’arme… s’il était possible de le voir ainsi. Le géant était actuellement occupé à éteindre les flammes, elle en profita donc pour vérifier que son couteau était toujours coincé dans son jean. Il y était. Ne restait plus maintenant qu’à attirer leur ennemi plus près de la falaise et…
Quittant son immobilité, elle se mit à courir vers le golem de chair pour servir d’appât. Alors que celui-ci baissait sa lourde tête vers elle, Ace fit irruption en lui proposant son aide. L’intervention la coupa dans son élan et offrit l’opportunité au monstre de les prendre en chasse.
- Je vais tenter de l’immobiliser pour le fa…
Pas le temps de parler. Elie évita la main extensible d’Avok de justesse en bondissant sur le côté puis se mit à courir comme une dératée. La pyromane en faisait de même à ses côtés alors qu’ils zigzaguaient entre les maisons, s’insinuaient dans les ruelles, débouchaient sur des étendues vides qu’ils quittaient aussitôt pour ne pas servir de cibles faciles. Mais si les choses s’étaient limitées à ça cela aurait été relativement aisé. Sauf que la créature de malheur crachait du feu. Du feu ! Depuis quand les fusions de cadavres avaient des pouvoirs ? Les corbeaux puis maintenant ça, et peut-être encore bien des pouvoirs plus dangereux les uns que les autres. Quelle poisse !
- Il se prend pour un dragon ou quoi ?! s’exclama-t-elle essoufflée, Il y a des voyageurs en lui tu crois ?
Leurs pas obliquèrent vers la falaise qui se dressait à pic sur leur droite. Alors qu’ils étaient à peine à 20 mètres du bord Avok les envoya bouler comme de vulgaires poupées de chiffons. Elie s’étala douloureusement dans l’herbe, sa main valide crispée sur son couteau pour qu’il ne s’échappe pas. Ses yeux fous roulaient en tous sens pour trouver ce qu’elle cherchait, un point d’attache solide, un endroit sûr où accrocher la corde pour…
Une ombre énorme l’englouti alors, tâche d’obscurité sur l’herbe terne qui avait accueilli son corps pendant sa chute. Pas besoin de lever les yeux pour comprendre, pas le temps non plus.
- ACE ! TIRE TOI !
L’avait-il entendu ? Impossible de le savoir, et comme d’habitude il fallait s’attendre au pire. Elle activa sa force et son agilité lycanthropique sans même vraiment le vouloir, toute sa volonté concentrée sur le fait de se sauver, mais surtout de sauver son ami. Il l’était non ? Ne l’avait-il pas défendu ? C’était normal de lui rendre la pareille et puis… protéger, c’était son boulot. Elle se leva d’un bond, attrapa le jeune homme par la taille et couru de toutes ses forces. Ils échappèrent de justesse au destin de crêpes pour risquer celui de brochettes. Une nouvelle gerbe de feu fusa vers eux mais Elie l’évita de nouveau sans lâcher son fardeau qui lui semblait terriblement léger.
La psychotique fini par reposer le garçon par terre pour lui glisser la corde dans les bras. Elle y ajouta le couteau avant de lui souffler d’une voix blanche :
- Trouve un endroit près du bord où attacher la corde, et fais un bon nœud. Je vais l’occuper pendant ce temps… ensuite je ferais en sorte de le faire tomber mais… j’ai vraiment besoin d’être sûre que tu feras ce que je te dis, peu importe ce qui arrive. Tu le feras ?
Elle planta ses yeux bleus brûlant de détermination dans les siens, un regard qui ne laissait pas de place au refus. Trois coups de feu résonnèrent alors en la poussant à se retourner brusquement pour voir Melena en piteux état qui tentait d’apporter sa pierre à l’édifice en tentative de diversion suicidaire. Quelle imbécile !
- C’est par là que ça se passe sale con ! hurla-t-elle à Avok en lui balançant un caillou.
C’était ridicule mais suffisant. Le golem se tourna alors vers elle… les choses sérieuses allaient commencer.
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| | | Melena Autumn
Maladie mentale : Thanatophobie
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Jeu 1 Déc - 18:30 | |
| Paralysée par la souffrance, les pensées défilaient à toute vitesse dans sa tête : et Avok, réussiraient-ils à le vaincre à deux ? Et les autres épreuves exigeraient-elles de se battre de cette façon ? Les gardiens allaient-ils la soigner encore une fois ? Et si les villageois profitaient de son état pour venir la lyncher ? Il fallait qu’elle se relève, il le fallait !
A ce moment, Ace jaillit, précipité à ses cotés comme si le début chaotique de leur relation n’avait jamais été. L’adolescente n’avait pas su dire à quel point elle était contente de le voir s’inquiéter, de se rendre compte que derrière ses apparats de grand crétin sûr de lui, se cachait un jeune homme qui valait quelque chose. Elie, qui était également là, les laissa lorsque son ainé décida de la prendre en main. Melena étouffa ses gémissements de douleurs en serrant ses dents teintées de sang, le bras droit passé autour du cou de son sauveur. Aussi loin qu’elle s’en souvenait, jamais elle n’avait jamais joué la jouvencelle en détresse dans les bras d’un individu du sexe opposé, ni n’avait été la cible de tant d’attention. Seule Jade s’était jusqu’à lors réellement souciée de sa santé depuis qu’elle était à Dreamland, et bien qu’Elie lui avait promis de la protéger, ça n’était pas pareil.
De toute façon, elle n’avait pas besoin de ça, protesta mentalement l’irlandaise quand le pyromane s’en fut retourné se battre. Tant qu’elle avait ses jambes et un bras pour tenir son revolver, elle ne resterait pas planquée en lâche à l’intérieur de cette maison abandonnée. Bien sûr que l’idée de mourir rongeait ses entrailles à l’acide, accentuant plus encore la douleur qui l’éreintait, mais fuir ne résoudrait rien dans ce cas, elle écraserait ce golem monstrueux. L’adolescente leva son arme pour poser le canon contre son front fiévreux. C’était froid et lourd, une sensation qui diffusa dans son organisme la force de se mettre sur pied. Sa tête lui faisait mal, elle devait s’être ouverte quelque part, mais elle avait déjà connu cet état. C’était comme dans l’arène de Sextus, elle s’était battue jusqu’à s’effondrer, jusqu’à ce que ses jambes refusent de la porter et pour l’instant, son cerveau mettait son droit de véto sur les protestations de ses gambettes.
Assise, Melena put contempler l’ensemble des écharpes et débris plantés dans sa chair. Inspirant un grand coup, elle en retira la plupart, laissant alors chaque fois une petite blessure sanguinolente sur sa peau blafarde. Les bruits de la bataille étaient effrayants, mais elle se remit debout, chancelant d’abord, puis de façon assez assurée pour passer la porte auparavant enfoncée par Ace.
Un champ de ruine en flammes, voici la première chose que vit la nécrophobe. Les maisons, visiblement pour beaucoup inhabitées, étaient transformées en buchers ardents ou en gravats calcinés, s’effondrant sur eux-mêmes en soulevant des nuages de poussières et des gerbes d’étincelles. L’air d’ordinaire glacial de Freedoom était étouffant de chaleur, menaçant de propager l’incendie d’habitations en habitations. Le sol tremblait sous les pas lourds d’Avok, et les vibrations qui faisaient frémir le corps de l’irlandaise lançaient la douleur de ses os brisés, mais elle puisa dans ses dernières ressources pour passer outre.
En s’approchant entre les débris enflammés, piétinant l’herbe roussie, Melena aperçut ses compagnons, au moment où Elie confiait sa corde au pyromane. Le géant se dirigeait vers eux, d’ors et déjà prêt à les réduire en cendre. Bien sûr, aussi proche de la falaise qu’il était, l’adolescente ne pourrait pas le faire basculer, mais elle pouvait au moins le retenir une seconde suffisante pour qu’ils finissent de s’organiser. Elle dressa son arme de sa main droite, c’était beaucoup plus difficile de de se stabiliser avec une seule main, mais sa clavicule endommagée ne supporterait pas cet effort. Heureusement que la cible était énorme, même avec la distance qui les séparait. La nécrophobe tira trois coups qui firent éclater plusieurs grappes oculaires, son bras incapable d’encaisser plus de recul d’affilé.
- Je suis toujours là ! argua-t-elle faiblement alors qu'Avok tournait vers elle la plupart de ses yeux.
Néanmoins, la mauvaise jumelle l’interrompit, attirant à le mastodonte sur sa personne. Il fallait croire qu’elle constituait une cible plus intéressante et il fallait reconnaitre que vu son état, mieux valait lui faire confiance. Alors que la psychotique s'éloignait, entrainant le monstre dans une diversion habile, l'irlandaise rejoint Ace aussi vite que lui permettait son souffle coupé par ses côtes cassées :
- Qu'est-ce... qu'elle t'a dit de faire ?
L’inquiétude et la peur faisaient trembler sa voix. Un mauvais pressentiment peut-être ?! | |
| | | Ace Ridley
Maladie mentale : Pyromane
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Jeu 1 Déc - 20:05 | |
| Il est de ceux qui ont tout fait et tout vu à 20 ans. Se coltiner des demi-cadavres en crise de manque et des vrais cadavres pour cause de manque, c’était son quotidien à San Francisco. On l’avait même forcé à tuer et se faire tuer dans le monde des rêves… ‘Pour dire… Mais quand Avok se décida à montrer son talent de cracheur de feu, Ace fut réellement abasourdi. C’était la classe, quand même ; avouons-le !! La classe mais potentiellement mortel, surtout quand on était la cible d’une telle attaque. Elie et lui esquivèrent in-extremis et cette dernière semblait tout aussi surprise que lui.
- J’en sais rien… J’en sais rien du tout et j’ai pas franchement envie de savoir, là répondit le pyromane. Ils avaient mieux à faire que de se demander ce qu’avait bien pu bouffer ce monstre, non ? D’ailleurs le simple fait de répondre l’avait déconcentré et il ne vit pas arriver le coup de tentacule qui le plaqua au sol. Il tâta sa mâchoire puis passa sa langue sur ses dents ; rien ne semblait cassé même si toutes les parties de son corps le faisaient souffrir. C’était quand la dernière fois qu’il s’était pris une telle dérouillée ? Hm… Ça remontait à loin…
Elie lui criait quelque chose mais il ne comprit pas quoi, ce n’est que lorsqu’une tornade pleine de poils l’emporta qu’il comprit d’une : qu’il était sur le point de se faire aplatir, de deux que le message d’Elie c’était "tire-toi" et que cette dernière s’était transformée en… Loup-garou ?? Il ne rêvait pas (… LOL !), c’était bien elle et il aurait pu reconnaitre ces griffes entre mille : c’était ces mêmes armes qui l’avaient transpercé quelques jours auparavant, lui donnant le coup de grâce. Seulement cette fois Elie volait à son secours. Il ne sut pas trop quoi dire lorsque celle-ci le reposa à terre. D’ailleurs elle ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit qu’il se vit chargé d’une corde et d’un couteau. C’est vrai qu’après tout, c’était pas vraiment l’heure de faire dans le social. Il se contenta donc de l’écouter attentivement mais l’inquiétude se lisait sur son visage : comment savoir si ce plan allait marcher ? Il y avait une telle marge d’erreur et aucun plan précis, juste un espoir… Mais ça devait être suffisant. Ça le serait.
Bien plus que tout le reste ce fut la dernière phrase d’Elie qui l’intrigua. Comment ça… "peu importe ce qui arrive" ? Ce genre de phrase on les entend dans les films quand le héros décide de se sacrifier pour la bonne cause, et que tout le monde pleure et que le héros meurt quand même et bon dieu ça collait parfaitement. Si un scénariste passait par là il aurait de quoi rafler l’oscar à coup sûr. Mais elle avait dans le regard cette détermination, cette flamme qui faisait froid dans le dos… Inutile de faire part de ses angoisses et états d’âmes pour le moment. Le pyromane se contenta donc de répondre simplement Oui, j’le ferai… Il aurait voulu ajouter un truc du genre "fais attention à toi" ou "si tu meurs je te tue"… Une réplique sympa quoi. Mais Melena avait décidé de refaire apparition sur le devant de la scène, tirant à plusieurs reprises sur le golem qui hurlait en guise de musique de fond.
C’était presque frustrant de devoir partir sans pouvoir donner un coup de main mais il avait une mission et s’il ne faisait pas ce qu’on attendait de lui, rien… Rien de ce qu’ils avaient fait jusqu’à présent n’aurait servi. C’était un échange équivalent : il avait fait diversion le temps qu’elles trouvent un plan, et maintenant elles lui donnaient le temps de mettre ce dernier à exécution, ce à quoi il s’attela rapidement. Feufolé l’accompagnait bien qu’il ne manquât pas de préciser qu’il lui était impossible d’interagir avec les choses physiques autrement qu’en les brûlant, cf. les clauses du contrat. Mais si tu veux, je peux carboniser encore une fois ce tas de chair, t’avais l’air tellement déçu de pas pouvoir prêter main-forte à tes amies… C’est triste ! Surtout que si elles meurent, ça aura été la dernière fois que tu leur parlais. M’enfin bon t’as déjà plus qu’une main, je vais pas en plus te preMA narration. Merci. Ace planta le couteau entre deux pavés bien encastrés dans le sol. Ça tiendrait, d’ailleurs il lui était impossible de dégager la lame à présent… Espérons qu’elle n’avait pas une valeur sentimentale trop grande pour Elie… De toute façon si le plan échouait, elle n’en aurait plus besoin…
Melena rejoignit le pyromane qui ne cacha pas son étonnement, puis adopta un ton un peu plus vague lorsqu’elle lui posa sa question. Elle aussi avait ce pressentiment, ça s’entendait au timbre de sa voix. - Je… Elle m’a dit d’attacher cette corde au bord de la falaise. J’pense qu’elle veut faire un croche-pied à Avok ou un truc du genre. Elle m’a dit d’attendre les ordres. C’est risqué et elle le sait, mais dans le genre suicidaire, t’es pas mal non plus ! T’es sûre que tu tiens debout ? Elle aussi semblait déterminée à se battre jusqu’à la fin ; cela se lisait sur son visage.
- Bon, je suppose que tu peux m’donner un coup de main si tu t’sens d’attaque. Mais force pas trop, hein. Je voudrais pas te voir mourir ; ça ferait de moi un témoin et la paperasse me broie les couilles. Le pyromane se dirigea vers le bord de la falaise en compagnie de Melena et Feufolé auquel il donna quelques instructions. - On va rester ici. Attire Avok jusqu’ici et quand il arrivera au niveau de la corde, tu voleras au-dessus du vide en continuant à le narguer. Ça devrait faciliter la tâche à Elie. Nous, on fera ce qu’on a à faire. - Bien compris. Ça devrait pas être très difficile, je suppose. En théorie, parce qu’il n’est pas non plus stupide : s’il te voit il comprendra illico ce que tu tentes de faire. Et là, cours toujours pour l’y prendre une deuxième fois. Enfin bon, on a pas trop le choix en même temps mais je me dis que quand même, un plan un peu plus carré pourrait nous donner d’avantage de chances de survivre d’une part et de l’autre de réussir à le tuer plus efficacement. Tu vois à peu près le principe ? Enfin voilà, si t’as d’autres recommandations pour clarifier la chose... - … Empêche-la de se tuer, ok ? Maintenant si t’as fini on peut peut-être se tirer les doigts du cul ?
Le petit esprit fila en direction des hurlements macabres, ne prenant pas la peine de répondre, ayant parfaitement compris que le pyromane ne serait pas plus bavard. Arrivé sur place, il tournoya à bonne vitesse autour d’Avok, le laissant même l’attraper pour passer ensuite à travers sa main gigantesque en pouffant. Eh ben ? Tu veux me trucider ou quoi ? Je comprends que tu aies besoin de lunettes mais regarde-moi tous ces yeux… COMMENT on va faire, hein ? Alleeeez ! Essaye de m’attraper, qu’on se marre un peu ! Piqué au jeu, le géant courait derrière Feufolé avec l’espoir de lui arracher sa langue décidément trop bien pendue. Entre-temps, Ace avait entrainé Melena avec lui derrière une maison, l’autre bout de la corde dans la main, faute d’avoir trouvé une deuxième attache. Adossé contre le mur, il jetait un œil par-dessus son épaule pour voir si l’esprit de feu avait réussi à appâter Avok. Il se tourna vers Melena. - Si on doit le faire tomber, il va nous falloir de la force ne serait-ce que pour rester sur la terre ferme nous aussi. Attrape un bout de la corde, à deux on aura d’avantage de chances de réussir, je suppose.
Les mini-séismes que représentaient les pas du géant se faisaient de plus en plus forts et les hurlements se rapprochaient. Il vit enfin le golem arriver. Il ne savait toujours pas ce qu’Elie avait en tête mais il avait promis de faire ce qu’elle dirait ; on se posera les questions après. Par défaut il exécuterait le plan qu’il avait énoncé à Mel et Feufolé. Son cœur battait la chamade… Ils n’auraient peut-être pas de deuxième chance ; mais le trio de voyageur avait bien réussi à s’unir, un peu d’espoir semblait légitime, non ?
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| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Jeu 1 Déc - 20:57 | |
| [HRP : Je suis pas entièrement loup-garou, j’ai juste la force et l’agilité, mais mon apparence est normale hein ! Ni poils, ni dents, ni griffes. La magie d’Hollywood !]
Et elle courrait, encore et encore, zigzaguant pour éviter les attaques meurtrières qui pleuvaient sur elle, plongeant sous des colonnes de feu ardent. Son corps tout entier n’était plus qu’hématome douloureux mais son courage semblait pouvoir la porter au bout du monde. Elle devait le faire. Pour eux, pour elle, pour cette promesse folle qu’elle avait faite. Il était hors de question de devenir comme Jade, une lâche égoïste qui laissait mourir les autres pour sauver sa peau. C’était l’occasion ou jamais de prouver qu’elle était une fille bien.
Feufolé vint bientôt l’aider à attirer le golem alors que Melena et Ace étaient hors de vue. La psychotique espéra qu’ils aient réussi la tâche qu’elle avait confié au pyromane. Ca semblait simple mais tout dépendait de cette mission d’apparence anodine. Mais maintenant il fallait qu’ils pointent leur nez, comment pourrait-elle accomplir son plan sans récupérer l’autre extrémité de la corde ?
S’ils se cachaient, le lien eut tôt fait de trahir leur position. De l’endroit où elle se trouvait la mauvaise jumelle ne voyait pas ce qui le maintenait au sol mais espéra que ce fut solide. Ses jambes l’emportèrent avec dextérité vers l’autre extrémité de la corde tendue pendant que le pouvoir d’Ace faisait diversion. Elle trouva de l’autre côté de l’arc-en-ciel, non pas un trésor mais deux camarades apeurés qui n’avaient visiblement pas bien saisi en quoi consistait le plan. Tant pis, ce n’était plus le moment de donner dans les explications. Avok ne tarderait pas à se lasser de cette boule de feu insolente.
- Je prends ! s’exclama-t-elle en passant à toute vitesse à leurs côtés, alors que sa main valide se refermait sur la corde.
Filant comme le vent elle fonça vers la falaise où le monstre se tenait tout droit telle une statue de cauchemar. Ses centaines d’yeux tournés vers elle ne laissaient pas de doute quant à son intention. Le petit jeu était fini et il comptait bien gagner.
**Comme ça on est deux**
L’adolescente s’approcha du point d’ancrage de la corde pour y attirer le golem mais alors qu’elle l’atteignait son regard azur tomba sur le couteau planté entre deux pavés. Son sang ne fit qu’un tour. C’était trop tard pour faire demi-tour, même si maintenant son plan risquait d’échouer. Si seulement Ace avait compris que l’outil devait servir à trancher le lien au moment opportun…
- Tant pis... Hey le gros moche ! Viens me chercher si tu l’oses ! Me dis pas que t’as peur d’une gonzesse !
La terre tremblait sous ses pieds mais son cœur ne faillirait pas. Après tout elle ne connaissait pas la peur. Affronter la mort sans la craindre avait un côté reposant… dérangeant aussi. C’était comme si la vie lui hurlait que vivante ou pas, elle n’aurait jamais sa place. Elle balaya ces pensées noires en chargeant Avok dans un cri que les habitants durent entendre à 100 mètres à la ronde. Un hurlement guerrier venant de son estomac et portant toute sa rage et sa détermination.
Juste avant d’atteindre le monstre elle obliqua sur la gauche pour commencer à tourner autour de ses pieds immenses pendant qu’il tentait de la réduire en miettes. Les coups pleuvaient, elle en évita la plupart mais ne put épargner sa clavicule droite. Dans un grognement de douleur étouffé elle tira de toutes ses forces décuplées sur la corde, resserrant l’entrave qu’elle avait formée autour des jambes du golem. Cela ne risquait pas de le retenir longtemps, c’était le moment où jamais.
- Tu sais comment les oisillons apprennent à voler ? Leurs parents les balancent hors du nid ducon !
Sur ces mots elle l’empoigna fermement et de toutes ses forces lycanthropique elle poussa. Déséquilibré par ses jambes liées l’une à l’autre, le monstre tangua un instant dans un concert de cris avant de basculer dans le vide, Elie toujours agrippée à lui. Alors qu’ils passaient par-dessus bord elle eut une vue immanquable des rochers à pic qui les accueillerait, vision qui accéléra dangereusement son rythme cardiaque.
Ils n’étaient désormais maintenus que par la corde à une dizaine de mètres sous le niveau de la falaise, se balançant au bout comme une pinata de mauvais goût. C’était probable qu’Avok ne mettrait pas longtemps à remonter, et ce devint une évidence lorsque son corps commença à s’allonger pour s’agripper à l’arrête rocheuse. Il s’étirait tellement que ses fibres musculaires devenaient aussi fines que des cheveux, mais il réussirait à n’en pas douter. C’était à eux de jouer.
- Coupez la corde ! Coupez la corde bon dieu ! Ne vous souciez pas de moi !
Pourquoi s’en soucier de toute façon ? Elle n’existait pas.
[HRP 2 : Avok rejouera après vous et avant moi, donc le faite pas mourir là lol]
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| | | Melena Autumn
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Jeu 1 Déc - 21:38 | |
| - Bien sûr que je tiens debout, rétorqua l’adolescente un peu plus sèchement qu’elle l’aurait voulu.
Elle était blafarde, la commissure de ses lèvres était teintée de sang, ses os cassés lui envoyaient des signaux de douleur qui lui donnaient la migraine, mais elle était toujours sur pieds. Ses yeux gris se posèrent sur le couteau profondément enfoncé entre deux dalles usées, puis remontèrent jusqu’aux traits du pyromane qui extrapolait de lui-même le plan de la mauvaise jumelle. Melena assista également à la longue tirade de la petite boule de feu violette, ignorant toujours la raison de son apparition, mais pour l’instant, elle avait mieux à faire que de poser la question.
L’irlandaise suivit son comparse derrière une maison, rare rescapée des attaques enflammées du golem, et écouta ses consignes avec un étonnement croissant. Elle secoua machinalement la tête de gauche à droite en signe de négation, sa bouche ouverte peinant à faire sortir les pensées qui se bousculaient dans son encéphale dans l’ordre :
- Tu rigoles ?! Elie ne nous aurait jamais demandé à NOUS de le faire tomber, il est beaucoup trop lourd ! Elle voulait utiliser sa force et…
Justement, la mauvaise jumelle s’imposa en trombe pour ôter des mains de son ainé la corde de chanvre, puis repartie à l’assaut. Avok approchait, las des provocations futiles de Feufolé, la fureur débordait de ses 232 yeux parfaitement régénérés. L’échauffement était fini désormais, comme une mise en garde silencieuse qui éclata dans son cœur, Melena pressentit que leur combat touchait à sa fin. Une fin qu’elle n’avait pas vraiment envie de voir se dérouler.
- Elie…
Le hurlement de guerre de son amie transperça sa poitrine douloureuse. Sous la pluie de coups du géant, elle fut touchée, mais poursuivit avec obstination. La nécrophobe enviait cette force, cette détermination devant l’impossible ; elle mourrait d’envie d'aller l’aider, mais son revolver avec ses deux pauvres balles ne lui servirait à rien. L’heure n’était plus aux diversions ridicules, et la suite des évènements lui confirma ce constat : après une dernière déclaration des plus théâtrales, la psychotique utilisa sa force lycanthropique pour déséquilibrer le titan. Dans un concert de hurlements inhumains, Avok bascula dans le vide… avec la voyageuse, toujours agrippée à sa chair cadavérique.
- ELIE !!
Ignorant totalement la douleur qui consumait ses membres, Melena s’élança vers la falaise. La corde tendue restait l’unique maintien du golem sur l’ile prison, mais également le filin qui raccrochait la mauvaise jumelle à la vie ; non ? Elle frottait sur les pierres sèches et froides, mouvement de balancier induit par le corps lourd qui se balançait comme un jambon, mais ne romprait pas. Aux exclamations désespérées de l’irlandaise, son ancienne rivale répondit en ordonnant à ses compagnons de couper la corde.
La main qui tenait son arme tremblait, la vision du couteau s’imposa immédiatement. Crétin d’Ace, il n’avait visiblement rien compris au plan de la mauvaise jumelle. Comparé aux sentiments qui gelaient ses entrailles, le revolver paraissait chaud, douloureusement chaud. La nécrophobe savait ce qu’il lui restait à faire, elle savait ce que cela impliquerait, mais également que si elle ne le faisait pas, le sacrifice de son amie n’aurait eu aucun sens. D’un coup, piquée par un sursaut d’adrénaline, elle s’agenouilla et positionna l’orifice du canon de son arme à quelques millimètres de la corde frémissante.
...
BLAM
Le recul se répercuta dans tout son bras droit, suscitant une douleur qui lui fit lâcher son revolver. Dans un claquement sec, la corde se rompit et glissa à toute vitesse sur le sol de la falaise, ne laissant plus aucune chance de la rattraper. Des larmes silencieuses ruisselaient déjà sur ses joues blêmes de l’adolescente, alors que ses pensées restaient figées sur un unique espoir : Elie va survivre.
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| | | Ace Ridley
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Jeu 1 Déc - 23:21 | |
| Bien que son cœur batte à cent à l’heure, celui-ci loupa un coche lorsque Melena lui fit remarquer qu’il s’était planté sur toute la ligne. Elle n’avait pas fait appel à ses pouvoirs de loup-garou seulement pour leur éviter une fin tragique sinon pour pousser elle-même Avok !! Le pyromane était mitigé entre "mon plan était plus sûr", "comment je suis censé bosser dans des conditions pareilles", "en même temps si personne me dit rien, à moi…" et "… Merde…". Evidemment, libre à vous de choisir votre préférée, même si celle qui s’imposa le plus dans l’esprit fragilisé du jeune homme était la quatrième.
Il resta sans voix alors qu’Elie lui prenait la corde des mains. Il n’opposa aucune résistance. Il ne pouvait pas, de toute façon. Il était totalement abasourdi et fixait Melena avec un rictus d’effroi mélangé à de la haine envers soi-même. Le reste sembla durer à la fois une fraction de seconde et une éternité. Cette distorsion temporelle autour d’Ace avait néanmoins été suffisante pour faire naitre en lui un sentiment insupportable. Il ne réagit et ne revint à la réalité que pour voir Elie se jeter dans le vide avec Avok puis regarda la corde se dérouler puis se tendre brusquement.
Il était pourtant incapable de se déplacer et assista passivement à l’exécution d’Avok qui emportait Elie avec lui dans les profondeurs de l’océan. Melena venait de tirer sur la corde qui se rompit instantanément. Tout cela était de sa faute à lui… Bien sûr ils étaient déjà morts une fois mais lorsqu’ils avaient passé la première épreuve ils ne se connaissaient pas… Peu de temps a passé mais ç’avait été nécessaire pour qu’ils puissent tisser des liens solides, comme une réponse, un instinct de survie face à toutes ces horreurs ; la perte d’Elie était un choc pour Ace qui s’en étonna d’ailleurs. Cela eut pour effet de lui faire prendre conscience que ça n’était pas possible. Elie ne peut pas mourir ainsi !!
Feufolé le rejoignit silencieusement puis glissa à l’oreille du pyromane un mot que lui seul put entendre. Ce dernier acquiesça lentement, le regard perdu dans le vide. Il se leva puis rejoignit Melena, s’agenouillant à côté d’elle. Il cherchait les mots, mais rien ne lui vint. Improvisation time. - Ecoute, je… Je suis désolé. Vraiment. J’ai mal compris le plan et à cause de moi… Enfin… Mais il y a une chance, une chance qu’elle soit encore en vie ! Je refuse de croire qu’elle est morte ! Melena se murait dans le silence et pour une fois, Ace ne fut plus Ace. L’empathie, le regret, tous ces sentiments liés à la culpabilité, aussi… Autant de choses qu’il n’avait pas ressenties depuis longtemps. Être désolé était une exception : il ne l’avait jamais fait. Il n’avait jamais dit "désolé" ni même "pardon". Pas une fois. Cependant, maintenant plus que jamais il avait besoin qu’on lui parle, qu’on lui dise quelque chose… N’importe quoi.
Seulement Melena pleurait en silence, et même Feufolé observait sa minute de silence, comme si Elie était… Cette idée devenait insupportable au point que le pyromane ne put retenir un accès de colère. - Bordel mais arrêtez !! Elle est pas morte !! C’est pas possible. C’est pas POSSIBLE, vous entendez !?? Il ne remarqua pourtant aucune réaction qui puisse confirmer qu’il avait été entendu ou même compris. Un sentiment de vide et d’inutilité l’emplit comme l’air emplit un bocal sous vide, le faisant exploser intérieurement et en silence.
- Tu sais, Ace… De cette hauteur elle a peu de chance de s’en être sorti vivante… - Peu de chances, mais même 1 chance sur 100 c’est tout de même une chance et je veux y croire. Il posa son regard sur Melena puis sa vue se troubla. Il essuya ses yeux d’un revers de manche. Une poussière dans l’œil, dira-t-on.
La conclusion de toute cette aventure, le fin mot de l’histoire ne se fit pas attendre : j’aurais jamais dû venir à Dreamland… Parce que de toute évidence où que j’aille c’est le cauchemar. Il vint se rasseoir près de Mel et se mura lui aussi dans le silence, fixant la mer perdue dans le brouillard de Freedoom, ville froide et en deuil perpétuel. Il sentait la tristesse l'envahir et ne put réprimer le besoin de prendre Mel dans ses bras en faisant attention à ne pas lui faire mal. Pourquoi ? Il n'était pas en mesure de se l'expliquer lui-même pour le moment. D'ailleurs il ne pensait plus du tout. Il partageait simplement sa peine avec elle, au bord de cette falaise, c'était tout ce qu'il était capable d'expliquer.
Dernière édition par Ace Ridley le Ven 2 Déc - 15:30, édité 1 fois | |
| | | Le Marchand de sable
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Ven 2 Déc - 15:25 | |
| Pendu par les pieds au-dessus de rochers aux arrêtes acérées, Avok sentait sa deuxième mort proche. Très proche. Tout ça à cause de cette sangsue agrippée à sa jambe, celle qui avait dit vouloir lui apprendre à voler. Elle pensait peut-être le tuer mais la réalité était qu’elle mourrait seule, parce qu’il était hors de question qu’il échoue comme ça, maintenant. Ses 116 consciences hurlaient qu’il devait vivre, motivation telle qu’il réussit à étirer l’un de ses bras sur plus de 15 mètres. Ses fibres musculaires se tendaient vers le bord comme des plantes à la rechercher de soleil, et alors qu’il allait poser le bout des doigts sur la pierre Elie lui creva 7 yeux. La douleur lui fit rétracter sa main comme les cornes d’un escargot
Des centaines de cris de rage s’échappèrent de tous les pores de sa peau alors qu’il se pliait en deux pour faire face à l’insolente et lui cracher un jet de feu brulant. Elle l’évita de peu, rampant sur sa peau comme une chenille alors que sa chevelure prenait feu. Au point d’impact où aurait dû se trouver sa proie, la peau d’Avok fondait et se cloquait, amas de chairs visqueuses. Cette automutilation lui tira un nouvel hurlement de rage, du tréfond de sa gorge cette fois.
Il pouvait entendre les pas précipités de quelqu’un qui accourait, pour couper la corde comme l’avait ordonné ce parasite qui éteignait avec peine sa tignasse brune tout en s’agrippant à sa jambe. Le temps pressait, il fallait agir et vite, mais quoi faire ? Il n’avait plus le temps de s’étendre…
Son troisième et dernier pouvoir voyageur lui revint alors en mémoire et c’était le moment ou jamais de l’utiliser. Car même s’il ne pouvait plus éviter la mort désormais, il ferait en sorte d’emporter l’ennemi dans la tombe. Avant qu’Elie n’ai pu tenter de trouver une prise sur la falaise abrupte pour quitter son support qui allait bientôt chuter, le golem aspira tout son courage pour y déposer à la place un charmant cadeau. Il emplit son cœur de peur brute, sentiment que la jeune fille n’avait jamais connu, et un sourire s’étira sur sa bouche difforme.
Une déflagration résonna puis la corde lâcha dans un son sec… Avok plongea. Ses centaines d’yeux dirigés vers le ciel, il put voir Elie tomber à sa suite dans un hurlement strident d’épouvante. Ce furent des rires qui s’échappèrent de son corps cette fois-ci alors que son corps se précipitait vers les rochers en dents de scie qui accueilleraient sa chute. Le courage de la mauvaise jumelle gonflait ses centaines de cœurs, lui donnant la force de sourire et d’envoyer une nuée de corbeaux picorer ce qu’il resterait de l’ennemi.
Et de mourir. Encore.
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| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Ven 2 Déc - 16:17 | |
| Melena ou Ace ne tarderaient pas à rappliquer, elle l’espérait. Avok tendait déjà les doigts vers le salut, et la seule chose qui vint à l’esprit d’Elie fut d’enfoncer avec force ses doigts dans les premiers globes oculaires qui lui passèrent sous la main. Le liquide visqueux qui s’écoula sur ses doigts lui donna la nausée et elle dû fournir des efforts considérables pour ne pas lâcher prise et porter sa main d’appui à sa bouche.
Elle ne croyait pas risquer grand-chose depuis sa position tête en bas plaquée contre le corps répugnant du golem mais c’était utopique. Son attaque avait mis le monstre dans une rage folle et elle ne le compris que lorsque la chaleur des flammes se rapprochait à une vitesse fulgurante. La psychotique se carapata à toute vitesse en manquant de peu de faire un beau plongeon, mais ne réussit ni à sauver sa chevelure ni son épaule droite. Elle se mit à frapper frénétiquement les flammes pour les éteindre, faisant fi de la douleur sous le flot d’adrénaline qui déferlait dans ses veines.
Mais ce n’était pas fini, loin de là. Déjà des pas résonnaient au-dessus de son crâne, il devenait plus qu’urgent de s’accrocher à la roche avant de faire le saut de l’ange. Sa main mutilée se tendait vers la paroi de pierre, tâtonnant à la recherche d’une prise quand…
- Qu’est-ce que… ?
Quel était ce sentiment ? Sa main retomba inerte contre son flanc alors que son visage encadrés de mèches inégales au bout brûlé palissait à vue d’œil. Est-ce que… ses mains n’étaient pas en train de trembler ? Et cette sueur froide qui lui dégoulinait dans le cou… pour quoi ? Comment ? Et pourquoi se sentait-elle si mal au point d’en être paralysée ? Pourquoi cette boule qui lui bloquait la gorge en l’empêchant de respirer ? La peur qui l’avait empoisonné l’enchainait aussi surement que des chaines solides, mais avant d’avoir pu mettre un nom sur ce sentiment fourbe la corde lâcha net.
Un cri aiguë s’échappa de ses lèvres alors que ses yeux écarquillés horreur les voyaient elle et Avok se précipiter vers les rochers. Le golem s’y empala, le pic de pierre jaillissant de son ventre tout de rouge vêtu, et sa chute fut stoppée si net qu’Elie manqua de peu de lâcher prise. Elle ne se tenait plus à la chaire fibreuse que par sa main mutilée qui lui lançait des appels de détresse que la peur la poussa à ignorer. Elle ne pouvait pas lui accorder la paix et lâcher, parce que cela aurait signifié mourir. Elle se balançait dans le vide comme un pantin désarticulé, sa seconde main cherchant une prise pour remonter. Alors qu’elle agrippait une pleine poignée de fibres musculaires un nuage noir attira son attention sur la droite.
Des corbeaux, une nuée de corbeaux qui plongeaient vers elle avec la ferme intention de lui crever les yeux et de débarrasser ses os de sa chair jusqu’à ce qu’il ne reste rien d’elle d’autre qu’un squelette grimaçant. Dans un glapissement terrifié elle plaqua son visage blême contre le corps du golem puis attendit. Attendit encore. Attendit toujours. Rien ne se passa.
Alors qu’elle décollait enfin son visage de la chair morte et désormais poisseuse de sang, sa peur s’envola tout comme elle était venu alors que le courage réintégrait son corps frêle. Les oiseaux n’étaient plus qu’un lointain souvenir et la mauvaise jumelle comprit pourquoi en croisant le regard vitreux que lui renvoyaient les nombreux yeux d’Avok. Il était mort… enfin.
Elle se hissa avec difficulté sur le corps inerte avant de se rendre compte qu’il se désagrégeait. Il quittait son état de golem monstrueux pour redevenir ce qu’il était au départ : de simples têtes décapitées qui chutaient maintenant dans les eaux agitées, rebondissant sur les pics rocheux comme des balles de ping-pong. Elles flottaient désormais par centaine sur la crête des vagues, nénuphars morbides sur une mer déchainée. Elie agrippée à la pierre regardait cette scène macabre avec un mélange de lassitude mais aussi de pitié. Elle repéra le visage de la petite qu’elle avait achevée pendant la nuit et réprima un frisson. Elle avait comme l’impression dérangeante que celle-ci venait de lui sourire.
- C’est enfin fini… ces enfoirés nous aurons bien punis. La prochaine fois je me foulerais pas. J’en ai marre de flirter avec le trépas.
Tout en grommelant elle se chercha une position plus confortable avant de finir par enlacer la pierre pointue qui lui servait d’appui. Ses yeux bleus levés vers le ciel tentaient d’apercevoir les traits d’un de ses camarades mais ils ne semblaient pas se soucier assez d’elle pour venir voir si elle était bien morte ou non. Peut-être qu’ils s’en fichaient après tout.
- Et comment je remonte maintenant ? Jouer les kamikaze c’était vraiment un mauvais plan… pff
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| | | Melena Autumn
Maladie mentale : Thanatophobie
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Ven 2 Déc - 17:40 | |
| Il y avait eu les cris de rage d’Avok, le hurlement strident d’Elie, le rire sardonique du titan, le nuage noir de corbeaux qui s’était soudainement disloqué dans les airs, puis plus rien. Le bruit d'une vague en contrebas des falaises sembla tout balayer, tout effacer. Plus de monstre, plus d’amie non plus. Melena ne savait pas quoi dire, pas même devant l’effort de sympathie de son acolyte masculin. Si son corps lui faisait mal, ce n’était rien comparé à la douleur qui transperçait son cœur. Dire que tout cela, toute cette aventure maudite, c’était pour Jade. Elles étaient revenues à Dreamland pour sauver l’adolescente peureuse et égoïste, et voilà que la mauvaise jumelle payait déjà le prix de cette audace. En vérité, elles avaient été trop sûres d’elles, trop orgueilleuses en affirmant aux parents Martins que les laisser partir seules était sans risque. Personne ne rentrerait sans doute… ni Elie, ni Jade, ni elle-même.
La peur était ce qui lui restait après coup. La terreur viscérale d’affronter ses pires cauchemars, de regarder la mort en face, de si près, et de lutter comme une proie traquée. Ace refusait de croire au trépas de la psychotique, mais vint tout de même l’enlacer. Un étreinte réconfortante qui ne l’apaisait pas, mais lui donna juste le courage d’aller voir ce qui se passait aux étages inférieurs. Une série de « ploc » morbide était remontés jusqu’à ses oreilles, horreur musicale que son cerveau n’arrivait pas à interpréter. Juste avant de libérer son corps fragile des bras du pyromane, l’irlandaise plongea ses yeux humides dans les siens, incroyablement ouverts sur elle-même, complètement dénudée devant cet inconnu. Elle s’était totalement trompée sur son compte. - Excuse moi, il faut que je vois, murmura-t-elle d’une voix cassée en se dégageant doucement pour se remettre sur pieds.
Les flammes crépitaient encore aux alentours, reste d’un combat dévastateur, signe que les voyageurs avaient littéralement mis Freedoom a feu et à sang. La chaleur lui tourna la tête, mais Melena parvint à marcher jusqu’au bord pour se pencher au dessus du vide. D’abord, elle ne vit que les centaines de têtes qui flottaient sur les eaux glacées, dérivant au gré des vagues comme autant de bouées cadavériques, ou venant se fracasser contre les rochers. Sang et chair se mêlaient à la mer, constituant une mélasse répugnante. Alors que ses prunelles cherchaient la dépouille de son amie, son cœur palpitant lourdement, la nécrophobe aperçut Elie, embrassant étroitement un pic rocheux. Elle faillit ne pas y croire, le soulagement fit faire un bond imprévu à son muscle cardiaque qui accéléra soudainement. Légère, elle se sentait légère, rien n’était finalement perdu…
- Elle est là ! Elle est en bas ! Il faut la remonter. ELIIIE, hurla l’adolescente à l’adresse de son amie. Accroche-toi bien, je reviens !!
Une idée, il lui fallait une idée. Impossible de descendre elle-même dans l’état dans lequel elle se trouvait, mais sur cette île, elle était en mesure de facilement se trouver un suppléant. Elle essaya tout d’abord de faire apparaitre son coffre, mais force était de constater que l’utilisation de ce pouvoir était limité dans le temps, car rien ne se produisit. Sans le laisser démonter, le bonheur de savoir que son amie était vivante lui donnant des ailes, Melena s’éclipsa en ordonnant :
- Reste avec elle surtout, je vais trouver de quoi l’aider.
Ses cotes lui faisaient mal, sa clavicule aussi, mais elle retrouva la rue de baraque abandonnée dans laquelle le pyromane l’avait emmenée se reposer plus tôt. L’ordre des choses retardé par l’intervention d’Avok, le ramassage des cadavres n’avait pas été mené à terme dans ce coin là, et les corps fraichement abattus dans la nuit avaient simplement été sortis de leur maison glauque aux portes et fenêtres brisées. N’ayant pas le temps de s’attarder, la nécrophobe jeta son dévolu sur un homme de grande taille plus enrobé que musclé, mais l’important était qu’il ait la force de tenir la brunette d’1m60 sur son dos.
Faire face à cet alignement de macchabé l’horrifiait, elle avait envie de partir en courant, mais son cerveau lui criait en réponse « c’est pour Elie ! C’est pour Elie ! … » ; et après ce que celle-ci venait de faire pour eux, l’irlandaise ne pouvait pas l’abandonner. Détournant ses pensées de sa peur et de la douleur, Melena se concentra pour faire se mouvoir la charogne inerte. Cette dernière frémit, puis se redressa, sous le contrôle mental de l’adolescente. Une fois qu’elle fut debout, il n’y avait pas une minute à perdre ; elle dût retrouver la falaise, trottinant dans le dos de son allié trépassé pour consolider son lien mental par un lien visuel. Ses yeux gris jaugèrent ce qui restait de la corde volée par la mauvaise jumelle : pas plus de 7 mètres à vue de nez, c’était trop loin d’être suffisant.
- Tiens, dit la nécrophobe en confiant son revolver à Ace, coupe la corde pour en garder le plus long bout possible, et accroche la solidement… ou tiens la toi-même, je m’en fous, mais il va falloir la remonter. Je vais lui faire compenser la longueur qui manque…
Combien de temps avait-elle déjà perdu ? 45 sec ? 1min ? Sans attendre plus, elle ordonna à son larbin d’escalader la paroi. Il avait une trentaine de mètres à parcourir, et sa condition était une bonne chose, car il ne pouvait ressentir la fatigue, la difficulté de l’effort, ou la douleur des coups et éraflures écopés sur la pierre rugueuse. D’ailleurs, la main que le cadavre tendit à la mauvaise jumelle pour l’aider à quitter son pic rocheux avait perdu un doigt dans l’opération. Il fallut qu'elle s’installe sur son dos, accrochée comme un bébé koala, et sous le regard d’une Melena la mine crispée par l’effort, l'ascension commença. La mi-chemin venait d’être parcourue quand l’irlandaise sentit que le contrôle faiblissait. La migraine s’invitait déjà pour marteler ses tempes, et bientôt, son pantin sombrerait aussi dans la mer. A une dizaine de mètre du haut de la falaise encore, la nécrophobe espérait, car elle n’avait pas pu le surveiller, que Ace serait prêt avec sa corde.
- A… accroche-toi à la paroi ! lança-t-elle d’une voix tremblante. Je ne peux plus tenir !
Le temps que la mauvaise jumelle obéisse et l’illustre inconnu qui avait été manipulé pour lui sauver la vie se décrocha de la falaise abrupte pour chuter dans un silence inquiétant. Il s’écrasa comme un fruit trop mûr, vision dont ne profita pas Melena car elle s’était effondrée, paupières closes, au bord de l’inconscience.
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| | | Ace Ridley
Maladie mentale : Pyromane
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Ven 2 Déc - 20:01 | |
| De longues minutes passèrent. Ou bien seulement une, impossible de savoir, puis Melena se redressa. Elle voulait voir, peut-être s’assurer qu’Avok était bel et bien mort, que le sacrifice d’Elie n’avait pas été vain… Ou bien cherchait-elle son amie dans un dernier espoir ? Ace n’en avait pas la force. Il aurait donné n’importe quoi pour que ça n’arrive pas. Il aurait cent fois préféré lutter encore contre le golem plutôt que d’assister à la mort de la mauvaise jumelle.
Il ne comprit pas de suite pourquoi Mel était toute excitée de voir Elie en contrebas mais lorsque le pyromane réalisa que cette dernière était encore en vie son sang ne fit qu’un tour. Il fut debout en une seconde, scrutant les formations rocheuses où Avok était allé s’empaler. Au milieu d’une mer de sang et de têtes flottantes, Elie était là, s’accrochant péniblement, du mieux qu’elle le pouvait. L’ordre de rester là sans rien faire le frustra quelque peu, mais il s’exécuta tout de même. S’il fallait trouver quelque chose pour hisser leur amie jusqu’ici, pas la peine de chercher bien loin : la corde serait un bon début. Il essaya de toutes ses forces de déloger le couteau d’entre les dalles mais rien à faire, elle refusait de bouger ne fut-ce que d’un millimètre, et défaire le nœud relevait de l’effort surhumain tant il avait été serré lors de la chute du corps massif du géant de chair.
Il délégua l’ordre de Melena à Feufolé. - Va rejoindre Elie en bas, tu lui diras : on va t’aider alors essaie de pas tomber. - Comme tu veux, mon grand. Mais à mon avis, rester accrochée, elle n’a pas trop le choix… Enfin bon c’est toi qui vois- VAS-Y MAINTENANT ! En bon messager qu’il était, Feufolé alla délivrer le message à Elie, puis resta avec elle pour s’assurer que rien n’arrive pendant que les autres s’affairaient en haut. Ace cherchait un moyen de récupérer le bout de corde, aussi court fut-il, quand Melena revint, accompagnant un… Type bizarre. Enfin bref… Elle lui tendit son révolver pour qu’il coupe la corde. L’attacher après ? Dans ce cas pourquoi la détacher ? Et puis non, il n’y avait pas assez de longueur ; il tiendrait la corde lui-même.
Il restait une balle dans le barillet. Une seule et unique balle. Pfff… Que ce soit pour tuer un ennemi ou pour sauver une amie, on est toujours dans la même galère ! On trouve rien : cette île est un désert… *BLAM* Ace avait tiré mais n’ayant pas l’habitude de manier ce genre d’armes (bien qu’elle soit dite "à feu"), le recul du révolver avait dévié son tir et la corde n’était qu’à moitié coupée. Il regarda un instant le bout de corde resté intacte, dépité. Le temps pressait, et apparemment, l’escalade de la paroi semblait assez difficile ; on ne pouvait pas se permettre de perdre d’avantage de temps !
Rassemblant toutes ses forces, il tira comme un diable sur la corde de chanvre, tenta de la couper avec les dents, tira à nouveau et finalement, cette dernière céda. Elle ne fut d’ailleurs pas la seule : Melena s’effondrait sur le sol au moment même où le pyromane revenait, corde en main. - Mel !! Merde, c’est pas vrai ! Tiens bon ! Tenir bon… Cela valait autant pour Melena qu’Elie, et Ace se répétait ça lui aussi, pour se donner du courage. Il jeta un bout de la corde dans le vide puis enroula l’autre bout autour de ses poignets, serrant les dents lorsque la friction de la corde vint réveiller sa brûlure. Il était en position de rappel, prêt à remonter la mauvaise jumelle. - Attrape la corde, je suis prêt lui cira-t-il.
Lorsque ce fut fait, il la hissa jusqu’en haut de la falaise et fut soulagé lorsqu’il vit Elie s’agripper au bord puis se hisser tant bien que mal. Lorsqu’elle fut enfin hors de danger, il poussa un long soupir et lui tendit la main pour l’aider à se relever.
- Tu nous as fait peur, tu sais..? Est-ce que… Est-ce que tout va bien ?
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| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Dim 4 Déc - 14:27 | |
| Combien de temps allait-elle pouvoir tenir ? Ses doigts s’accrochaient désespérément à la roche quitte à se les écorcher alors que ses yeux guettaient avec frénésie la réaction d’un de ses deux compagnons. Le temps passait et aucun mouvement à l’horizon, alors que ses mains poisseuses de sang glissaient dangereusement au risque de perdre leur prise. Autour d’elle les têtes tranchées flottaient toujours, leurs yeux morts tournés vers elle dans l’espoir de la voir les rejoindre, un comité d’accueil qui lui soufflait de lâcher, de partir, que rien ne la retenait ici-bas…
La mauvaise jumelle se laissait bercer par le murmure imaginaire des cadavres, ses muscles rendant peu à peu les armes. Alors qu’elle allait basculer en arrière la voix de Melena la rappela à l’ordre avec la force d’un coup de fouet. Elie sursauta en se redressant pour croiser les yeux paniqués de son ancienne ennemie.
- MELENA ! Fais quelque chose s’il te plait ! J’ai plus la force je… je vais bientôt lâcher !
Crier réveilla la douleur causée par sa clavicule brisée, par sa brûlure aussi. Mais même si tout son corps lui faisait mal ça ne lui rappelait que trop qu’elle était encore en vie. Ce sont ces maux qui lui permirent de s’accrocher et de tenir bon jusqu’à ce qu’un homme descende la falaise comme un somnambule pour venir la chercher. Elle glissa sa main mutilée dans celle que l’inconnu lui tendait, entrouvrit les lèvres pour le remercier puis s’arrêta net. Mort. Il était mort. Un simple pantin dirigé par Mel’ qui dégageait une faible odeur de pourriture et dont le contact avec la main glacée et rigide fit frissonner Elie.
Ce n’était pas le moment de faire la fine bouche, elle raffermit donc sa prise et se hissa non sans mal sur le dos du macchabée qui entama son ascension. Les mouvements étaient maladroits, saccadés et elle crut tomber plusieurs fois alors que son porteur glissait sur des éboulis. La psychotique serrait les dents sans quitter le sommet des yeux. Il se rapprochait doucement mais sûrement, pas assez vite malgré tout. C’est in extrémis qu’elle se rattrapa à la paroi non sans lâcher un gémissement de douleur lorsque sa main bandée se crispa sur une arrête rocheuse.
**Tiens bon tiens bon tiens bon tiens bon…**
L’adolescente se répétait ces mots comme un leitmotiv, comme s’ils pouvaient suffire à influencer la réalité même. Comme pour répondre à ses espoirs la voix d’Ace s’éleva et une corde glissa jusqu’à elle. Le morceau de chanvre à l’extrémité effiloché semblait avoir souffert de sa dernière utilisation mais elle l’enroula tout de même autour de son poignet pour se laisser tracter jusqu’en haut. Il fallait qu’elle ait confiance, il ne lui restait plus que ça.
Lorsqu’elle sentit l’herbe de la falaise sous ses doigts elle se hissa de toutes les forces qu’il lui restait jusqu’à se retrouver sauve, mais loin d’être saine. Le pyromane l’aida à se relever mais à peine fut-elle debout qu’elle s’écroula dans ses bras. S’était-elle déjà sentit aussi épuisée ? Avait-elle déjà été dans un état aussi pitoyable ?
- Désolé je voulais pas vous faire peur, je pensais juste que c’était la solution la plus sûre pour vous. Vous… enfin… vous êtes vrais tu comprends ? souffla-t-elle piteusement en se mordillant la lèvre.
Encore maintenant elle était persuadée d’avoir pris la bonne décision. Après tout ils étaient tous en vie et c’était l’important. La troisième épreuve avait été réalisée par le biais de nombreux sacrifices. Son regard glissa sur son épaule brûlée dont la peau rougie avait cloqué, vision qui lui tira une grimace. Elle n’espérait pas un meilleur résultat du côté de ses cheveux et étrangement cette pensée la fit sourire, puis rire franchement. L’opération lui causait une douleur terrible au niveau du torse mais qu’importe, elle était en vie.
- Bon sang, j’ai plus qu’à aller chez le coiffeur hein ? Quelle allure on a franchement… si nos parents nous voyaient ils tireraient une drôle de tronche !
C’était absurde, tout aussi déplacé que ces larmes qui se mêlaient aux éclats de rire mais aussi totalement irrépressible. Elle sécha ses larmes du revers de sa main avant de tenter deux pas vers Melena et de perdre l’équilibre de nouveau. Elle était épuisée, il fallait vraiment espérer que les gardiens leur laisseraient un peu de repos avant la suite des hostilités.
Un tintement de cloche résonna soudain dans l’air et Elie prit ça pour un signe d’arrivée de leurs bourreaux, comme si sa pensée les avait appelés, mais au lieu de ça un calendrier de l’avent apparu de nulle part pour se déposer dans ses bras. Tout d’abord interloquée, elle s’apaisa assez vite avant de murmurer pour elle-même :
- BAD hein ? Joyeux noël…
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| | | Melena Autumn
Maladie mentale : Thanatophobie
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Dim 4 Déc - 15:11 | |
| La douleur de la migraine irradiait dans tout son corps. Épicentre de ce séisme sensoriel, sa tête lui donnait l’impression d’être en feu, ses paupières brulantes refusaient de s’ouvrir, ses oreilles bourdonnaient, ses membres ne répondaient plus. Respirer était difficile, les effluves de bois calciné n’aidant en rien ses poumons épuisés par ce combat haletant et le sang semblait palpiter dans ses veines étrangement fortement. Melena entendait à peine les exclamations d’Ace, tout comme son échange avec Elie, et ce qui lui fit faire l’effort surhumain de libérer ses yeux gris, fut le rire de la mauvaise jumelle qui éclata sans crier garde. Certes, il s’accommodait difficilement avec son mal de crâne, mais si elle riait, c’est qu’elle était en vie et encore suffisamment vivace pour trouver de l’hilarité dans sa situation.
En fait, c’était contagieux, car les lèvres pâles de l’irlandaise s’étirèrent également, sourire lointain et absent, tout son corps encore parfaitement immobile. Son amie s’effondra à coté d’elle, mais son cerveau avait été trop fatigué pour sursauter. Néanmoins, avec une lenteur lourde, la nécrophbe réussi à allonger une main qui se serra sur le haut d’Elie. C’était son bras gauche, celui qui dépendait d’une clavicule cassé hurlant ses protestations, mais à se stade, la douleur n’était plus grand-chose. Trouver la force de parler lui prit un certain temps, temps nécessaire à un calendrier de l’avent pour apparaitre et confier divers présent à la psychotique. Les lèvres de Melena réussirent enfin à s’ouvrir, ses traits blafards se crispant naturellement à cause de sa migraine ravivée par l’effort exigée, et murmura :
- Tu… as… as été… géniale. Sans toi…
Une larme roula sur sa joue blanche, une minuscule coulée de lave qui brûla sa peau, mais qu’importe. Elle ne voulait pas lâcher Elie, elle ne voulait pas car l’impression qu’elle pourrait encore chuter et mourir persistait. Et si ce n’était pas fini ? Si Avok revenait ? Il n’aurait qu’à les écraser comme de vulgaires mouches sans ailes, une victoire fourbe digne des gardiens de la paresse.
Rien de tout cela n’arriverait pourtant. Trois voyageurs, deux adolescentes et un homme dans la fleur de l’âge, il venait bien de terrasser ce qui était sans doute l’une des pires abominations de Dreamland. Le prix à payer avait pourtant été colossal… outre l’état dans lequel elle se trouvait, dévorer des cadavres à plusieurs reprises pour se régénérer était une action monstrueuse qui la ruinait de l’intérieur à chaque fois. En quelle espèce de monstre sa vie dans le pays des rêves la transformait-elle ? Pourrait-elle un jour redevenir quelqu’un de normal ? Saurait-elle surmonter le traumatisme qui lui imposent ces épreuves de délurés ? Son pessimiste naturel lui annonçait que non, que sa vie était fichue d’avance… 17 ans et cinglée à vie. Un bel avenir s’annonçait.
Nouveau tintement de cloches ! Cette fois, c’était pour elle que le calendrier de l’avent se manifestait. Trois cases s’ouvrirent avec musique de fond assortie pour lui faire don d’un ticket restaurant, d’un bon de réduction, d’une écharpe et d’un bonnet blanc. Rien ne la surprenait plus désormais dans ce monde, et elle laissa ses présents choir à ses cotés tandis que le calendrier magique disparaissait. Au moins, l’écharpe pourrait servir pour stabiliser son bras gauche. En échos à Elie, elle murmura :
- Joyeux Noël…
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| | | Ace Ridley
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Dim 4 Déc - 16:17 | |
| Elie était dans un piteux état, tout comme Mel. Ace s’estima heureux de tenir encore debout après tout ça. Heureux et surpris à la fois. C’était un coup de chance, très certainement. Rien de plus. Elie s’effondra dans ses bras et il la retint du mieux qu’il put, sollicitant son membre calciné. Il eut un peu de mal à comprendre ce qu’elle entendait par "vous êtes vrais", mais il n’eut pas le temps de poser la question que déjà la mauvaise jumelle partait dans un rire très peu adapté à la situation.
Elles étaient peut-être entre la vie et la mort et elles riaient… Comme si plus rien ne pouvait leur arriver, comme s’ils étaient au bout de leurs peines. Ace avait du mal à le croire et rire lui était impossible, à fortiori lorsqu’Elie mentionna leurs parents. Un flash s’imposa dans la tête du pyromane ; une réminiscence qui ne lui apportait pas la joie mais tout le contraire. Il ne pouvait même pas dire qu’il les avait abandonnés en partant pour Dreamland : ceux-ci ne s’étaient sans doute pas encore aperçus de son absence ou pire encore, ils s’en fichaient. Mais ç’avait été son quotidien pendant tant d’années… - Les parents, ouais… murmura-t-il avec un certain regret. Pourquoi lui manquaient-ils, eux qui n’avaient jamais été là ? Eux qui ne se seraient jamais étonné – et ne l’avaient d’ailleurs pas fait – lorsque leur fils rentrait avec des habits déchirés, brûlés par endroits, ou quand il rentrait en sang après une bagarre à l’école…
Comme s’il avait senti ce qui s’agitait dans le crâne du jeune homme, Feufolé vint se poser sur son épaule. Sa flamme sans chaleur apportait tout de même un peu de réconfort à Ace qui sourit finalement. Lui avait été là, pendant toutes ces années. Et maintenant il y avait aussi Melena et Elie. Les voir toutes les deux se tenir la main comme si elles avaient enduré toutes les épreuves de ce monde ensembles était réconfortant. Mais poser le regard sur leur visage portant des marques de fatigue et les blessures dues à ce terrible combat était suffisant pour comprendre que malgré leur joie apparente elles avaient besoin de repos et de soins toutes les deux.
La fumée noire et les flammes recouvraient maintenant une bonne partie du quartier et rester ici serait bientôt dangereux bien que le spectacle soit magnifique du point de vue du pyromane. Maintenant qu’il avait le temps, il pouvait admirer ce qu’il avait créé. Sans doute son œuvre la plus importante : il avait enflammé toute une ville ! Hélas! La simple pensée que les épreuves ne pouvaient pas se finir ainsi l’empêchaient de savourer pleinement son chef d’œuvre.
Le son des cloches résonna, laissant place à deux calendriers de l’avent, un pour chacune des filles. Elles reçurent donc deux tickets ainsi qu’une écharpe et un bonnet. Ace ne put réprimer un rire grinçant. Elles se souhaitaient "joyeux noël"… Elles avaient vraiment besoin de se reposer. - Assez original comme truc. Mais ça vous servira pas à grand-chose si on se laisse prendre par les flammes. Vous voulez de l’aide pour bouger ? La question était quelque peu rhétorique mais elles acceptèrent néanmoins. Il les aida à se relever puis une fois qu’elles se furent accrochées à ses épaules, ils se mirent en route, contournant le quartier en flammes. Ace n’avait pas de destination précise en tête, mais il savait où il ne voulait pas aller pour le moment : au milieu des flammes et à la tour, les deux n’offrant effectivement pas une très bonne qualité de récupération pour ses amies. La fumée opaque brûlait les yeux et les poumons et le couple de gardien avait le chic pour leur proposer des épreuves toutes plus horribles les unes que les autres.
Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent près de l’auberge dans laquelle Ace s’était réveillé. Le bâtiment n’était pas des plus remarquables mais le pyromane s’en souvenait très bien. Sans hésiter d’avantage il se dirigea vers ce dernier et entra. Il fut content de voir que le couple d’aubergistes n’avait pas succombé à l’attaque d’hier soir ni à celle du géant. Il les salua de la tête. Ne s’arrêtant pas et commençant à monter vers ce qui fut sa chambre pendant quelques minutes, il daigna enfin leur adresser la parole. -Je vous paierai. Pour le tout. Plus tard.
La montée des escaliers ne fut pas une mince affaire et une fois arrivé dans la chambre – si l’on pouvait appeler ça ainsi – il fit s’allonger Elie et Mel sur le lit, puis il alla s’asseoir dans un coin de la pièce. - C’est comme un retour aux sources, en fin de compte. Tu comptes réellement les payer pour l’incruste ? - Oui. On a assez d’emmerdes comme ça et puis ils méritent qu’on les remercie. Un tintement de cloche résonna alors, faisant apparaitre un troisième calendrier, destiné à Ace cette fois-ci. - Casse-toi ! J’veux pas d’cadeaux ! Les tintements cessèrent immédiatement, et le calendrier balança les deux tickets ainsi que l’écharpe et le bonnet à la figure de Ace avant de disparaitre. Ouais… C’est ça.. Joyeux noël…
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| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Lun 5 Déc - 19:58 | |
| La reconnaissance, se sentir utile… c’était vraiment un sentiment merveilleux. Les larmes de Melena, la pression amicale de sa main sur la sienne, ses compliments, tous ces petits riens réchauffaient le cœur meurtri d’Elie et lui donnèrent la force de se redresser. Alors qu’elle se redressait sur ses jambes flageolantes son calendrier lui délivra un bon pour un repas, un autre de réduction sur un achat et enfin une écharpe et un bonnet assortis d’un rouge pimpant. Elle regarda un instant ses présents inattendus avant d’enfoncer le couvre-chef de laine sur sa tête douloureuse et ressentis aussitôt une sensation de bien-être. Avec tout ça elle en avait presque oublié le froid mordant de Freedoom qui se rappelait maintenant à elle, mais elle était parée.
Ace la sortit de son cocon de rêverie pour la ramener dans la dangereuse réalité. La falaise et les rares maisons qui s’y trouvaient étaient maintenant en proie aux flammes et s’ils ne voulaient pas brûler de nouveau il leur faudrait se tirer de là et vite fait. Elle prit appuis sur l’épaule du pyromane et se laissa guider clopin-clopant jusqu’à une auberge, grimpant à l’étage comme si c’était parfaitement naturel. Et pourtant…
- Tu les connais ? souffla-t-elle intriguée alors que le trio gravissait les escaliers.
Pas de réponse, mais il fallait dire que le pauvre jeune homme ahanait sous le poids des deux adolescentes qui bien que loin d’être grosses pesaient tout de même leur poids. Elle resta silencieuse alors qu’ils pénétraient dans une chambre et qu’il les allongeait toutes deux sur le lit. Un lit hein ?
Son regard glissa vers Melena qui avait encore les yeux clos, probablement à cause de son atroce migraine. La dernière fois qu’elles avaient partagé un lit lui semblait terriblement loin et pourtant ! C’était il y avait à peine 5 jours, quelque chose qu’elle regrettait et aurait bien voulu pouvoir oublier. Sa réaction avait été si mesquine et puérile, elle avait l’impression d’avoir terriblement mûri en l’espace de moins d’une semaine. Dreamland était ce genre d’endroit après tout.
Elle se détourna de sa camarade pour observer Ace qui se battait contre son calendrier de l’avent. Il était agaçant de prime abord, hautain et méprisant mais en fait c’était un bon gars. Même s’il avait été infect à la première épreuve et lâche à la seconde il avait su se rattraper dans la troisième. Il paraissait désormais évident qu’elles pouvaient toutes deux compter sur lui. Ils étaient tous dans la même galère après tout.
- Ace ? M… merci. Pour avoir joué l’appât pendant qu’on s’enfuyait, et pour le reste aussi.
Dire merci était difficile, mais le pire était encore à venir.
- Et je suis désolée. Je sais que ça à mal commencé entre nous, mais j’aimerais changer ça. Tu comprenais pas où tu débarquais et nous… je ne sais pas, je crois juste que ce monde nous rend méfiant et agressif. Je te connais pas encore très bien mais t’as l'air d'un mec bien. Elle marqua une pause et ajouta mal à l’aise, Voilà voilà.
Maintenant qu’elle était allongée il lui semblait qu’elle ne pourrait plus rien bouger d’autre que sa langue. Elle avait mal au point de fondre en larme, mais elle savait que si elle cédait elle ne pourrait plus s’arrêter. Ses membres lourds étaient comme cloué au matelas. S’était-elle déjà sentie aussi fatiguée ?
Elle ne voulait plus quitter cette chambre, et surtout pas pour retourner à la tour. Elle voulait crier pouce, demander une pause, n’importe quoi. Pourtant elle avait le pressentiment qu’on ne le leur accorderait pas, alors se terrer quelques temps était peut-être encore le meilleur moyen d’avoir ce qu’elle voulait. L’adolescente avait envie de dormir, de parler de tout et de rien, de rire et d’oublier. Ses doigts se glissèrent dans ceux de la nécrophobe après les avoir cherché à tâtons et elle lâcha dans un soupir :
- Pouce ! Je bougerais pas d’ici avant demain, ces salauds de gardiens vont vraiment nous tuer à la tâche… dis Mel', tu me couperas les cheveux correctement ? La coupe qu’Avok m’a fait au lance-flamme est vraiment pas top.
Un sourire voilé de tristesse s’étira sur sa jolie bouche alors qu’elle reprenait d’un ton pensif :
- Et puis comme ça on ne me confondra plus avec Jade.
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| | | Melena Autumn
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Lun 5 Déc - 20:56 | |
| Voir son amie se lever lui avait redonné un brin de courage. Melena avait rassemblé ses cadeaux, prête à se remettre sur ses jambes, mais la tête lui tourna, et l’aide d’Ace fut la bienvenue. Appuyée sur son épaule, elle put marcher maladroitement vers une auberge qu’elle ne connaissait pas. En réalité, elle ne voyait pas vraiment où elle allait, car ses paupières brûlantes n’arrivaient pas à demeurer ouvertes, mais la sensation d’un matelas lui fit comprendre qu’elles n’étaient pas à la tour. Un élan de reconnaissance pour le pyromane lui donna subitement envie de le prendre dans ses bras, mais elle était trop faible, elle se contenta d’écouter les déclarations de son amie, avec lesquelles elle était parfaitement d’accord.
Dire qu’ils avaient commencé par d’incessantes joutes verbales, par s’étriper lors de la première épreuve, et qu’ils venaient désormais de se créer entre eux un lien intensément fort. Inexplicable. En vérité, peut-être qu’ils étaient déjà complètement cinglés et qu’ils perdaient la raison. Quoiqu’il en soit, les gardiens avaient espéré les séparer, briser la cohésion de leur trio, mais ils n’en étaient que plus unis et plus forts. La douleur engourdissait chacun de ses membres, la migraine écrasait sa tête dans un étau, mais l’irlandaise savait qu’ils vaincraient et sortiraient vivants de ces épreuves.
Les doigts de la mauvaise jumelle se glissèrent dans les siens. Qu’est-ce qu’ils avaient l’air froid par rapport à sa peau fiévreuse ; mais elle sourit faiblement à leur contact et s’efforça d’ouvrir ses yeux gris. Le plafond sale de la chambre accueillit son regard, mais il lui faisait pourtant l’effet d’un toit protecteur, comme si rien ne pouvait l’atteindre ici, pas même le sadisme de Kay et Chayan. A la demande d’Elie, Melena voulut lever un sourcil d’étonnement, mais la souffrance mit rapidement fin à son geste. Elle n’avait pas vu que sa comparse avait hérité d’une coupe express au chalumeau, mais se contenta de murmurer de sa voix cassée :
- Si tu veux…
En fait, elle n’avait pas la force de parler plus fort, mais accentua amicalement sa pression sur les doigts de son ancienne rivale. Ses cotes brisées gênaient sa respiration, sa clavicule fêlée la privait d’un bras, sa migraine craquelait sa boite crânienne, l’épuisement était total. Autour de son visage blafard, ses cheveux noirs lui faisaient une auréole, se mêlant aux mèches calcinés de la psychotique. Où était Ace ? Elle ne le voyait pas, elle ne voulait pas qu’il parte désormais. Il ne manquait plus que Jade pour parfaire le tableau, mais cette idée fut vide couverte d’une épaisse tache d’encre : sa meilleure amie avait ordonné à son double de la tuer, de la mutiler. Que devait-elle en penser ? L’irlandaise ne savait toujours pas, mais elle était trop lasse pour aborder le sujet.
Au lieu de ça, puisque le bal des excuses avait été ouvert par Elie, ses paupières se fermèrent à nouveau alors qu’elle déclarait de sa petite voix épuisée :
- Je m’excuse… aussi… t’es un mec bien Ace.
Elle poussa un faible gémissement incontrôlé qui l’incita à abréger sa déclaration. De toute façon, son amie avait déjà dit le principal, pas la peine d’en rajouter non ? Manquerait plus qu’il croit qu’elle ait soit faible ou qu’elle ait craqué pour lui.
Sa gorge était sèche. Après avoir mentalement compté jusqu’à trois, elle se redressa en position assise et ne put cette fois pas retenir une exclamation beaucoup plus forte : ce genre de mouvement était atroce pour ses os brisés, et l’envie de se laisser retomber en arrière lui traversa plusieurs fois l’esprit. Néanmoins, elle essuya les larmes qui perlaient à ses yeux du revers de sa main droite et s’efforça de regarder le pyromane. Tout son épuisement devait se lire sur ses traits tirés et ses mâchoires crispées. Dire qu’à ce moment même, théoriquement, les autres adolescents de son âge du monde réel devaient occuper leurs vacances à ne rien faire… elle, elle encaissait le contrecoup d’un combat terrible ; c'était bien la première fois qu'elle enviaient les représentants d'une génération superficielle et abrutie. Chassant ces pensées futiles d’un battement de ses paupières lourdes, elle demanda si doucement qu’elle priait pour que Ace l’ait entendu, parce qu’elle n’aurait pas le courage de répéter :
- Tu crois que… tu pourrais m’avoir un… verre d’eau s’il te plait ? J’ai soif…
Juste soif… la faim restait encore muette, assouvie il y a moins d’une heure par la portion de son cadavre qu’elle avait dévoré pour se soigner. D’ailleurs, bien que ça l’horrifiait, il allait falloir qu’elle se régénère de la même manière avant de retourner à la tour… c’était le seul moyen de ne plus souffrir, de ne pas risquer une infection, une perforation de ses poumons, ou tout simplement d’être trop inutile pour survivre à la prochaine épreuve. Mais… demain. Pour l’instant, elle avait besoin de se reposer, de boire, puis elle s’allongerait pour très certainement dormir un long moment.
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| | | Ace Ridley
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Lun 5 Déc - 22:30 | |
| Ace était épuisé aussi et il le sentait ; avoir couru toute la journée n’était pas le type d’exercice qu’il pratiquait souvent. La fatigue et la soudaine absence de feu lui donnait l’impression de geler sur place. C’est donc avec une certaine réticence qu’il enroula l’écharpe autour de son cou et le bonnet sur la tête. Les deux étaient gris sombre, comme de la cendre. Sur chaque bout de l’écharpe était brodée une petite flamme orangée et le pompon de son bonnet avait la forme même d’une petite boule de feu. Il ne savait ni pourquoi il avait reçu ces trucs-là ni par qui, mais une chose était sure : con connaissait ses goûts !
Il cherchait encore une réponse à la dernière question d’Elie. Pouvait-il vraiment dire qu’il connaissait ces gens..? Il les avait vus en tout une minute et pourtant ils étaient devenus presque familiers. Ils étaient d’ailleurs les premières personnes qu’il avait croisées à Dreamland pour être exact. Mais non, il ne les connaissait pas.
Une voix faible s’éleva de l’autre coin de la pièce. C’était celle d’Elie. Il ne savait pas comment réagir à ce qu’elle disait. Etait-ce dû à la fatigue et aux blessures ? Elle n’en penserait peut-être rien le lendemain… Il fut néanmoins touché ; c’était l’une des rares personnes à lui avoir dit qu’il était "un mec bien." D’habitude il avait plutôt tendance à écoper du costume d’emmerdeur publique ou de salopard fini. Il demeura bouche-bée jusqu’à ce que ce soit au tour de Melena de le complimenter. C’était vraiment noël, là… Ça justifiait le calendrier. Encore une fois il ne sut que répondre sur le coup et se contenta encore une fois de fixer les deux filles avec une tête de poisson mort.
Il se leva pour aller chercher un verre d’eau, suite à la demande de Mel. Ça lui permettait de chercher quoi dire, pendant ce temps-là. Il sortit de la chambre en silence, descendit jusqu’au comptoir pour y trouver les aubergistes en pleine discussion. Le couple cessa les messes-basses dès qu’ils virent le pyromane arriver. Dommage, il aurait bien voulu entendre ce qui se tramait dans son dos… - On veut pas de problèmes et on cherche pas à vous en apporter non plus. Je sais qu’on arrive comme un cheveu sur la soupe mais on a pas choisi d’se faire pourchasser par un guignol en furie. Est-ce que je pourrais avoir de l’eau ? le couple le regardait avec une certaine appréhension. Etaient-ils au courant de ce que tout cela signifiait ? Savaient-ils pour les épreuves ? L’homme revint au bout d’un instant avec une cruche remplie d’eau et trois verres posés sur un plateau. Ce sera tout ? - Si vous avez une trousse de soin, des pansements, un peu de tout ça, ça serait pas de refus je pense. Pas que moi j’en aie besoin mais les filles oui. Juste une question, ça sera rajouté sur la facture ? nouveau regard de poisson mort, de la part du couple cette fois-ci. A la question de cette petite boule de feu violette le propriétaire répondit sans trop en être sûr Non… ? Enfin… ‘Faudrait déjà savoir si vous comptez payer un jour…
Ace passa ses mains sur ses poches pour signifier qu’il avait autant d’argent sur lui qu’un clochard, sinon moins. A sa grande surprise, une de ses poches tinta du son de la ferraille. Il plongea la main dedans pour en retirer des pièces dont la provenance restait inconnue. Il observa sa nouvelle richesse avec minutie, comme un collectionneur observe un objet rare. Des "rubz"… Bon, ça devait être la monnaie locale…
- Je vous dois combien ? - Vous êtes un bon client – le seul en fait… Donc on vous fait une ristourne : 30 rubz pour la chambre et on vous fait pas payer pour la dernière fois. Ça vous va ? - Oui. Je suppose. Merci. il déboursa donc les trente rubz qu’il posa sur le comptoir. Ça semblait peu, aux yeux d’Ace comparé au geste que faisait l’aubergiste pour les filles et lui, mais il considéra la dette comme payée. Après tout le contrat avait été accepté comme tel. La femme de l’aubergiste revint et posa sur le plateau un fin rouleau de bandages ainsi que des cachets, sans doute de l’aspirine… Impossible de savoir : pas de boîte, pas d’étiquette… C’était tout de même mieux que rien.
Il remonta avec le plateau, sifflant pour que Feufolé le suive. Ce dernier avait l’air de vouloir amorcer la conversation avec le couple mais dans la logique du pyromane ils étaient assez traumatisés comme ça et l’esprit quant à lui devait se taire pour son bien et parce qu’il le valait bien. Il posa le plateau sur la table de chevet à côté du lit et versa de l’eau dans deux verres qu’il tendit aux filles. Y a aussi des bandages et des… Médocs. On peut rester ici pour la nuit, j’ai payé la note.
Sans rien dire, il retourna s’asseoir dans le coin sombre de la chambre. Il chercha à nouveau quoi dire ; il ne pouvait pas se contenter de la fermer, quand même… Il tenta l’improvisation. - Par rapport à tout à l’heure… Merci. C’est vrai qu’on s’est foutu sur la gueule au début mais… Merci de pas m’avoir étripé une seconde fois.. ... Pff je suis nul dans ces trucs-là. 'Pas l'habitude des compliments. On a qu’à dire qu’on passe l’éponge et qu’on recommence à zéro ? Ça me ferait plaisir à moi aussi, je crois. Vous êtes cool.
*- Vouzèt’cool… Vouzèt’cool… Putain mais c’est bidon, ça craint !! Je suis vraiment un blaireau, c’est pas croyable !!* Se maltraitant mentalement, il se laissa cependant bercer par les flammes de Feufolé qui voletait devant lui, sans réel but. Ce n’était pas un feu… Traditionnel… Mais Ace n’en demandait pas plus pour l’heure. Il avait fait assez de dégâts comme ça pour aujourd’hui. Sa vision se troubla petit à petit, ses muscles s’engourdirent et finalement, ne trouvant plus la force de regarder l’esprit flottant, il s’endormit.
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| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Mer 7 Déc - 13:26 | |
| Elie avala le cachet étrange qu’on lui tendait à l’aide d’un verre d’eau, l’amertume du médicament et la douleur lui arrachant une grimace. Il n’y avait plus qu’à espérer que ce ne soit pas du poison. Quand on voyait les réactions des habitants de l’île à leur égard ça n’aurait rien eu d’étonnant qu’ils attentent à leur vie. N’étaient-ils pas destinés à mourir ou à devenir leurs futurs bourreaux ? Qui aiderait quelqu’un dont les projets consistent à obtenir un poste depuis lequel il pourrait vous écraser comme des cafards au moindre faux pas ? Personne. Personne de sain d’esprit du moins.
Rien que d’avoir avalé une médecine quelconque la mauvaise jumelle se sentait mieux, soulagement plus psychosomatique qu’autre chose mais qui lui permit de se concentrer un peu sur les paroles du pyromane qui leur renvoyait leurs gentillesses. Elles étaient… cool ?
- Euh… merci.
Quoi répondre de plus ? De toute façon Ace s’endormait déjà un coin sombre de la pièce. Le poids de la fatigue accumulée se fit alors terriblement sentir dans le corps dévastée de l’adolescente. Ses paupières se fermèrent mais elle était persuadée de ne pas pouvoir trouver le sommeil, après tout elle avait si mal ! Et pourtant… bientôt elle trouva refuge dans les bras de Morphée pour un repos sans rêves.
A son réveil Elie avait toujours aussi mal mais elle se sentait… mieux. Peut-être simplement parce que le voile de dépression et de fatigue harassante s’était levée, parce qu’elle pouvait se pencher sur son avenir.
Les deux autres dormaient encore, elle se glissa donc hors du lit en silence même si la douleur au niveau de sa clavicule brisée lui coupait le souffle. Elle aurait voulu pleurer mais se mordit la lèvre violemment pour stopper cet élan de faiblesse qui risquait de tirer de leur sommeil paisible ses deux compagnons. Elle rejoignit la salle de bain miteuse sur laquelle donnait la chambre avant de refermer la porte derrière elle et d’entreprendre la tâche herculéenne qui consistait à retirer ses vêtements. Chaque mouvement, chaque contorsion était une torture. Le jean raidi par la crasse ne lui facilitait pas la tâche d’ailleurs, et le fait que le feu d’Avok ait brûlé l’une de ses bretelle de débardeur en même temps que son épaule fut le seul coup de chance pour le coup.
Une fois intégralement nue elle s’observa un instant dans la glace craquelée qui surplombait le lavabo et poussa un profond soupir. Son corps couvert d’hématomes était plus bleu que blanc, parsemé d’égratignures et de coupures au niveau des jambes, du visage et des bras. Une brûlure au second degré s’étendait du haut de son sein droit à son épaule, plaque écarlate et cloquée… et ses longs cheveux d’ébène avaient été mangés à de nombreux endroit par les flammes. Et il y avait sa main bien sûr, qui portait encore le bandage désormais couvert de terre qu’elle s’était fait la veille.
Le pansement fut défait avec soin pour dévoiler le doigt tronqué et les lèvres d’Elie se pincèrent. Tout ça pour quoi, pour qui ? Pour Jade ? La bonne blague.
- Je suis vraiment trop conne.
Elle grimpa dans la douche et tourna le robinet rouillé dans un crissement désagréable. L’eau qui s’écoula était trop calcaire et à peine tiède, mais d’un réconfort sans nom. Elle lavait la douleur, les mauvais souvenirs, le sang et la crasse. La psychotique se frotta à l’aide d’un vieux savon jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Une fois rincée elle ferma l’arrivée d’eau et resta un instant immobile sous la douche, de longues secondes s’écoulant en silence. La pensée de la quatrième épreuve la glaçait, il leur serait impossible de faire quoi que ce soit dans cet état. Melena pourrait manger un mort pour se soigner mais… Ace et elle alors ?
Elie fit taire la voix qui lui susurrait d’envoyer ses blessures à son double et sortit de la douche. Il était hors de question de faire appel à elle encore une fois. On savait comment les choses finissaient toujours. Elle entreprit alors de laver ses frusques à la main, mâchoires serrées par la douleur qui affluait dans sa main gauche et au niveau de son omoplate. Malgré tout elle frotta, encore et encore, jusqu’à ce que le résultat soit convenable. Elle étendit à la va-vite les anciens vêtements de Lily puis s’enroula dans une serviette et retourna dans la chambre juste au moment où l’un de ses camarades ouvrait les yeux.
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| | | Melena Autumn
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Mer 7 Déc - 17:46 | |
| L’absence d’Ace lui parut durer une éternité. Elle perdait conscience, mais la douleur et un soulagement inexplicablement – en plus de la soif – la maintenaient encore éveillée. Parce qu’elle avait mal, alors elle était vivante, et ce simple constat l’aidait à s’accrocher à la vie plus fortement encore. L’état de zombie n’était qu’un mauvais souvenir, son premier trépas une anecdote… elle était bien revenue d’entre les morts, son cœur battait, son sang coulait… il ne lui manquait plus que la liberté.
Le pyromane revint avec l’eau demandée et quelques cachets providentiels. Melena n’eut même pas la force de se demander s’il s’agissait de poison ; de toute façon, si les aubergistes avaient voulu les tuer, vue leur forme actuelle, il aurait suffit de venir dans la chambre avec une matraque ou une arme à feu pour les abattre. Pas besoin de s’encombrer de fourberie. L’effet placebo précédant la médecine, l’irlandaise se sentit mieux après avoir gobé le médicament et finit son verre avant de se rallonger auprès de la mauvaise jumelle. Sa main replongea dans la sienne, et lentement, malgré la douleur qui continuait de la persécuter, elle sombra dans un gouffre noir. Un profond sommeil sans rêve.
Lorsque la nécrophobe ouvrit les yeux, le jour clair et froid filtrait à travers l’épais grillage vissé devant la fenêtre. Le petit matin sans doute, ils avaient passé l’attaque de la nuit sans même l’entendre. Cette pensée lui tira un frisson glacée, mais s’empressa de s’en écarter : elle était vivante, le principal était là. La souffrance dormait encore elle, si bien que l’adolescente aurait préféré ne jamais avoir à la réveiller, mais Elie revenant de la salle de bain attira son attention, et son mouvement de tête un peu trop brusque tira sa clavicule cassée de sa torpeur :
- Bonjour, lâcha-t-elle d’une voix cassée en grimaçant.
La fatigue s’était en allée, c’était toujours ça. Melena étouffa un gémissement en se redressant, puis se mit sur ses pieds. Elle avait mal, mais elle ne chancelait plus, c’était un progrès considérable. Son ventre lui fit savoir qu’elle avait faim, et sans doute avait-il consulté ses chairs mutilées avant de faire passer son message, car une parcelle de son cerveau lui hurla « mange un cadavre, il faut te régénérer ! ». Nouveau frisson, nouvelle abstraction. Elle se concentra plutôt sur le dernier « vrai » petit déjeuner qu’elle avait pris : dans la cuisine des Martins, en compagnie d’une mauvaise jumelle qui avait admirablement bien joué les cuisinières. Ses yeux gris se posèrent sur son amie blessée. Malgré ses multiples plaies, sa brûlure et ses cheveux parfaitement asymétrique, elle gardait ce charme si personnel qui avait conduit l’irlandaise à craquer pour Jade. Pourtant, ce n’était pas de l’amour qu’elle ressentait pour Elie – elle se savait maintenant. C’était quelque chose d’inexplicable, mais elle l’appréciait et surtout, elle lui faisait confiance.
Pour deux jeunes filles qui avaient commencé par une rivalité froide, le chemin parcouru avait été important. Melena s’approcha donc de la psychotique et lui adressa un petit sourire triste. Ses lèvres pâles s'ouvrirent, mais ne produire aucun son. Que pouvait-elle dire ? Rien ne venait, rien ne semblait assez bien pour chasser la chape de plomb qui planait au dessus de leurs têtes : la quatrième épreuve les attendait.
- Bon bah… j’y vais aussi… , murmura-t-elle finalement en allant s’enfermer dans la salle de bain.
Le miroir craquelé lui renvoya l’image de son visage encore marqué de traces de sang séché. Elle n’avait pas pu se brosser les dents, et l’arrière goût des morts dévorés la veille lui donnait la nausée. La brunette se pencha donc sur le lavabo, réprimant les signaux de douleur envoyés par ses cotes, et s’appliqua de longues minutes à se rincer la bouche à grand renfort de rasades d’eau calcaire. L’étape suivante était de retirer sa combinaison qui, bien qu’étant techyoïte, avait souffert de l’affrontement contre Avok. Elle fit donc glisser la fermeture magnétique principale qui coulait entre ses seins, défit celles qui serraient à la taille, et ôta ses bottes fourrée pour passer au plus dur : sortir ses bras de ses manches.
Melena crut qu’elle allait pleurer tellement cela suscitait des pics de douleur, mais elle serrait les dents et laissa enfin tomber sa combinaison abimée jusqu’à ses pieds. Ses blessures et ses bleus étaient tous visibles désormais, de grandes marques violacées désignaient les emplacements de ses cotés cassées. Son cœur se serra à cette vue : jamais elle ne pourrait se battre encore une fois comme ça, et sans l’aide de ses pouvoirs, il lui faudrait plus d’un mois pour cicatriser complètement.
La douche fut rapide. Il faisait si froid que l’eau à peine tiède lui paraissait chaude, mais elle n’avait pas envie de s’éterniser. Chaque pulsassions de son cœur propulsait douloureusement son sang dans ses veines, et l’angoisse de l’épreuve suivante revenait à la charge. Elle avait envie de pleurer, mais se retenait de toutes ses forces. Pas maintenant, elle ne craquerait pas, elle voulait être forte… plus forte encore.
Lorsqu’elle eut terminée, elle voulut imiter la mauvaise jumelle, mais c’était au dessus de ses forces. La nécrophobe se contenta donc de laver ses sous-vêtements – ce qui était largement moins éprouvant que la combinaison – les étendit et s’enroula aussi dans une serviette pour sortir de la salle d’eau. Ses longs cheveux noirs humides gouttaient encore sur le plancher usé, mais elle avait laissé la serviette restante pour Ace, si jamais il souhaitait aussi prendre une douche.
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| | | Ace Ridley
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Mer 7 Déc - 20:44 | |
| Ace se réveilla finalement, bien qu'il ne fut pas capable d'ouvrir les yeux de suite. Il bailla, s'étira et finalement, après s'être frotté les yeux, les ouvrit pour découvrir que les deux filles étaient déjà debout et avaient profité de leur temps libre pour prendre une douche. Il tâta son palais avec sa langue pour profiter de son halène de renard crevé. Bon... On ferait pas de longs discours avant d'avoir avalé quelque chose...
- Bonjour. Bien dormi ? J'vais aller prendre une douche aussi, histoire d'me réveiller. Il se leva péniblement et *AAAAAAAAH !!! Crampe !! CRAMPE !!!! COURBATUUUUURES !!!!* se dirigea tant bien que mal vers la salle de bain, armé d’un mal de tête épouvantable dû à la chaleur que le feu d’hier avait dégagé. - Bon, je t’accompagne pas, t’es grand ! - Ouais, t’inquiète marmonna-t-il en refermant la porte derrière lui. Il passa sa main dans ses cheveux. Ça sentait la cendre. Un bref coup d’œil à ses vêtements tandis qu’il les enlevait lui permit de faire l’inventaire des nouveaux trous et marques de brûlures que ceux-ci avaient récemment acquis.
Il entra dans la douche et fit la grimace lorsque l’eau entra en contact avec sa main gauche. Ça aussi il avait oublié. Il se savonna rapidement et sortit après une dizaine de minutes. L’eau était presque froide mais faisait un bien fou. Et ça avait l’avantage de tonifier… Il se sécha avec la dernière serviette à disposition en prenant soin de toucher le moins possible son membre gauche ainsi que son pied dont les doigts avaient pris une drôle de forme… D’ailleurs quand vint l’heure de remettre ses chaussures ce fut un véritable enfer. Il fit un tour du côté du lavabo – dont la couleur était désormais rose sang – malheur ! Pas de brosse à dents… Espérons qu’il y ait un petit déj’ de prévu…
Il sortit finalement de la salle de bain après un rapide coup de peigne dans les cheveux. A peine eut-il ouvert la porte que le calendrier de la veille réapparut pour lui donner ses nouveaux cadeaux. Il ne savait vraiment plus comment réagir… S’énerver ? Le remercier ? En rire ? Y avait vraiment des trucs bizarres à Dreamland… Puis il eut un déclic. - Pourquoi on a ces choses ? Vous croyez qu’c’est déjà noël dans le vrai monde ?? Et si la réalité défilait plus rapidement qu’dans les rêves ?? Pff… J’comprends rien… Il fixa tour à tour Elie et Mel toutes les deux enveloppées dans leurs serviettes. Sans doute avaient-elles des réponses, après tout elles étaient à Dreamland depuis… Plus longtemps que lui, en tout cas.
Il se rendit compte qu’il avait loupé un passage de discussion car ses yeux avaient… Glissés. Lorsqu’il récupéra ses esprit, ses yeux ne regardaient plus les visages des filles mais… Bon. Il releva les yeux et fit comme si personne n’avait rien vu. Normal, like a boss. Une seule personne semblait avoir remarqué plus particulièrement : Feufolé. Ah ça, ça ne trainerait pas ; il allait ouvrir sa grande bouche et gueuler ça sur tous les toits avec un peu de chance… Il se contenta d’un clin d’œil furtif qui énerva Ace au plus haut point. Comment osait-il !? Cet espèce de petit… Truc !!
Feufolé avait de la chance de ne pas posséder de cou. Car Ace se serait fait un plaisir de le lui tordre. Cependant il avait cette même sensation depuis hier, cette sensation qu’il était pressé, oppressé, même. Très probablement les gardiens qui les sommaient d’une manière bien à eux de revenir à la tour pour subir leur quatrième torture. Il n’avait pas très envie d’y aller tout de suite… Il n’avait pas envie d’y aller du tout en fait. - Vous voulez faire quelque chose de précis aujourd’hui ? S’promener un peu, glandouiller… Aller prendre un p’tit déjeuner, peut-être ? *Mon dieu je pense qu’à bouffer depuis tout à l’heure… * Parce que si on r’tourne directement à la tour j’ai l’impression qu’on va morfler.
Oui, en définitive il aurait bien aimé prendre un jour de congé. Visiter ce trou paumer sans risquer de mourir, acheter un briquet, trouver un autre bidon d’essence (c’était marrant, tout de même… ‘Faut l’avouer !), faire chier les gens… S’enfuir de l’île à la nage… En attendant que les filles prennent une décision ou du moins finissent de s’essuyer – il avait remarqué les cheveux encore trempés de Melena ; sortir comme ça c’était attraper la crève à coup sûr ! – il alla s’adosser contre le mur de la chambre. Le craquement du bois était inquiétant et le pyromane n’osa plus bouger pendant quelques instants de peur que la chambre s’écroule. On était bien loin de la maison des Ridley, c’était certain… Mais il avait appris à se passer du luxe, trainant d’habitude dans des quartiers bien moins clean que celui où il habitait. Cependant même s’il n’aimait l’argent que pour son côté utile, il n’aimait pas se retrouver non plus du côté du pauvre.
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| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Jeu 8 Déc - 23:52 | |
| Il… non. Elle avait dû rêver. Il lui avait pourtant semblé que les yeux d’Ace c’étaient momentanément égarés mais son état physique déplorable jouait tant et si bien avec sa capacité d’attention qu’elle avait pu tout aussi bien se tromper. D’ailleurs c’était évident que c’était impossible. Ses yeux azur se déportèrent l’espace d’un instant vers la poitrine désespérément plate de Melena avant de penser avec conviction **im-po-ssi-ble… y’a rien à mater**. Puis vers la sienne plus volumineuse et d’ajouter moins convaincue **mouais, mais non**.
Elie tenta de focaliser de nouveau ses pensées sur les questions d’Ace mais avait un mal fou à se concentrer. Son épaule lui donnait l’impression de brûler encore d’un feu vif à cause des frottements dû à sa douche intensive quant à son doigt il lui hurlait stupidement qu’il était encore là, avec élancements psychosomatiques à l’appui. Au moins sa clavicule lui fichait la paix tant qu’elle ne remuait pas…
- La réalité va bien plus doucement en fait, mais le temps n’est pas fixe… c’est un peu dur à expliquer. Et puis tu sais, on a connu deux noël et Halloween en l'espace de un mois alors...
La psychotique se gratta le crâne l’air pensive mais le regretta aussitôt quand son os brisé lui rappela sans douceur son existence. A noter : ne pas se gratter la tête. Ne pas lever le bras tout court plutôt. Elle prit une grande inspiration pour ne pas beugler une flopée de juron et repris un peu plus pâle que précédemment :
- Je veux pas y retourner non plus, mais on a pas vraiment le choix. Et puis je me vois mal me balader dans ces conditions, par contre je veux bien manger. J’ai vraiment, mais vraiment la dalle !
Un regard équivoque accompagna ses paroles alors qu’une église proche sonnait 10 heures. Avaient-ils dormis aussi longtemps que ça ? Les gardiens et Fisher devaient se demandaient ce qu’ils fichaient mais… c’était la tour de la paresse non ? Ils n’allaient pas courir pour leurs beaux yeux avec comme seule récompense de nouveaux sévices corporels.
Enfin, avant toutes choses il fallait s’habiller, ce qui ne serait pas une mince à faire. Une paire de mains en plus n’aurait pas été de refus mais ce n’était pas le genre de chose qu’on demandait au premier venu, surtout à des gens qu’on ne connaissait que depuis quelques jours. Mais ça c’était pour les gens possédant un minimum de pudeur et de savoir vivre, et surtout qui connaissaient le mot « honte ». Elle attrapa l’une des extrémité de sa serviette de sa main valide et mima de la défaire comme si de rien n’était.
- Un volontaire pour m’aider à enfiler mon pantalon ? s’exclama soudainement Elie avec un sourire mutin.
Silence.
- Non mais j’déconne hein, faites pas cette tête. Un peu d’humour vous ferait pas de mal…
L’adolescente leur tira la langue avant de pénétrer de nouveau dans la salle de bain où ses vêtements séchaient péniblement. Un vieux radiateur datant de mathusalem avait accéléré un peu le processus mais ce n’était pas encore ça, malgré tout elle ne pouvait pas se permettre de sortir les fesses à l’air. Non pas que ça la gêne, mais elle imaginait déjà son double s’offusquer, voir lui mettre une gifle comme la fois ou elle s’était collé à Maxim en sous-vêtements pour la taquiner. Quelle prude celle-là ! De toutes façons tout le monde avait la même chose, c’était vraiment n’importe quoi de s’arrêter à ce genre de détails.
Commença alors la dure entreprise d’enfiler ses fringues encore légèrement humides sans pleurer à chaque mouvement brusque. Elie ne put souffler que lorsqu’elle eut fini de boutonner son jean qu’elle appelait désormais dans sa caboche « instrument de torture ». Alors qu’elle ajustait l’ourlet du vêtement trop long pour elle, son regard tomba sur un bout de papier qui dépassait de derrière le lavabo. Elle tira dessus du bout des pieds pour découvrir une affiche jaunie où un homme grimé en père noël buvait une bouteille de… coca cola ? Le capitalisme était vraiment partout.
Elle poussa la publicité vieillotte comme elle le méritait – ce n’était qu’un déchet après tout – et ressortit de la salle de bain toujours aussi pitoyable mais propre et vêtue. Son estomac gargouilla alors bruyamment pour lui rappeler que lui aussi avait besoin qu’on s’occupe de lui.
- On va manger ?
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| | | Melena Autumn
Maladie mentale : Thanatophobie
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Ven 9 Déc - 13:40 | |
| Durant toute l’absence d’Ace, Melena était restée silencieuse. Elle se serait bien rallonger si elle n’avait pas craint la douleur de ses os brisés. Assise sur le lit, elle était restée pensive, son cerveau s’évadait de Freedoom, l’entrainant quelques instants vers des contrées que son corps douloureux ne pourrait pas rejoindre. Parfois, l’adolescente observait distraitement feufolé ; ses flammes violettes étaient sources d’égarement, et elle ne redescendit sur terre que lorsque le pyromane sortit à son tour de la salle de bain, propre mais toujours blessé. Dire qu’elle l’avait tant détesté au début… désormais, la vue de ses doigts tordues et de sa main brûlée lui faisait mal au cœur.
Focalisée sur ces séquelles, l’irlandaise n’avait pas remarqué le glissement oculaire de son ainé. De toute manière, jamais elle n’aurait jamais songé qu’il puisse ne serait-ce qu’avoir des vues sur elle ; d’une part parce que ce n’était pas le contexte idéal pour y réfléchir, d’autre part parce qu’Elie était mieux. Si le calendrier de l’avent d’Ace apparut une nouvelle fois pour le charger de présents, la nécrophobe pria silencieusement que le siens lui fiche la paix, si c’était pour recevoir tout ce barda. S’encombrer était bien la dernière chose qu’elle avait envie de faire dans son état. D’ailleurs, sa langue fut trop longue à s’activer lorsque le pyromane demanda si le temps s’écoulait plus vite dans le monde réel, et la mauvaise jumelle prit la parole.
C’est vrai que c’était à n’y rien comprendre, mais Melena avait appris, depuis le temps, à ne plus se poser de question sur les évènements dreamlandiens. Il s’y passait tellement de choses hors norme de toute façon que ce serait un casse-tête à devenir cinglée… ou plus qu’elle ne l’était déjà. Ne pas retourner à la tour ? Elle ne voulait pas non plus… mais comme la précéda Elie, ce n’était pas comme s’ils avaient le choix.
- On a pas d’autres solutions…, renchérit-elle, il nous faudrait de toute façon… presque deux mois pour guérir complètement. Il y a toujours les attaques de la nuit et je n’ai pas mon argent sur moi pour me payer de quoi vivre aussi longtemps, les gardiens ont tout ce que j’ai. Plus vite on aura fini les épreuves, plus vite on sera partis…
Car si elle était terrifiée à l’idée d’aller à l’encontre de son quatrième périple, elle l’était encore plus de rester indéfiniment sur cette île-prison. Fuir n’apportait rien dans ce cas, ils devaient se battre, comme ils l’avaient fait avec Avok. L’irlandaise savait que pour augmenter leurs chances de réussir, elle allait devoir utiliser ses pouvoirs pour se régénérer et prendre le poids du groupe sur ses épaules frêles. Cette idée la dégoutait déjà au point de lui couper l’appétit, mais Elie avait déjà accepté et lâcha une plaisanterie avant d’aller s’habiller.
En vérité, Melena avait été tellement focalisée sur les horreurs qu’elle allait devoir accomplir qu’elle n’avait pas suivi, mais elle hocha la tête sur un ton absent tandis que la jeune fille s’éloignait. Le silence que la psychotique laissa derrière elle entre la brunette et le pyromane était lourd, et la nécrophobe sentit qu’elle devait dire quelque chose ; pour motiver son partenaire, le rassurer sur le pays des rêves, ou parce qu’elle en avait envie. L’un comme l’autre, ça ne lui ressemblait pas vraiment.
- Tu sais… j’ai quand même vu des endroits cools à Dreamland… un seul en fait, mais je suppose qu’il y en a d’autres. Et…
Ses yeux gris clair étaient perdus dans le vague, évitant soigneusement de regarder Ace. Elle sentit glisser sa serviette, machinalement, elle la remonta pour éviter que sa poitrine ne se révèle d’elle-même, et poursuivit :
- J’espère qu’on aura l’occasion d’en voir quelques uns ensemble. Avec Elie aussi j’veux dire , s’empressa-t-elle d’ajouter en se tournant enfin vers son ainé.
Ses prunelles pâles témoignaient malgré elles de la fragilité qui régnait en toile de fond de l’habituel mauvais caractère de l’irlandaise, mais signifiait aussi « on est d’accord, hein ?! J’t’invite pas à sortir là. » Une partie de sa tête dut lui souffler « pas encore », mais Melena ne l’entendit pas. Il était encore trop tôt pour penser avoir craquer, trop tôt pour oublier ses sentiments pour Jade. La mauvaise jumelle la libéra de tout éventuel embarras et elle se faufila dans la salle de bain à son tour.
Évidemment, ses sous-vêtements n’étaient pas complètement secs, mais qu’importe. Dévoiler son corps marqués par ses blessures devant la glace lui tira une nouvelle grimace, mais ça n’était encore rien comparé à l’épreuve de remettre sa combinaison. Heureusement qu’elle ne s’attachait pas dans le dos, c’était toujours cette peine d’éviter. En plus de sentir la fumée, la nécrophobe fit le compte de plusieurs déchirures qui avaient endommagé la fibre isolante. Malgré tout, elle avait désormais beaucoup moins froid.
Elle sortit de la salle de bain, mit son bonnet argentée sur sa tête, prit en main ses autres cadeaux, et adressa un sourire aux autres en disant :
- On peut y aller !
Son teint décoloré trahissait son enthousiasme exagérément feinte, mais comment lui en vouloir ? Dans les escaliers qui menaient à l’étage inférieur, une affiche à moitié déchirée attira l’attention de l’adolescente. On ne voyait plus qu’une moitié de corps au ventre rebondi coincé dans un manteau rouge qui buvait du coca, mais le slogan était encore lisible : « Coca cola, la boisson qui rend chaque jour moins triste ! ».
- Tu parles…, grommela Melena.
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| | | Ace Ridley
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Ven 9 Déc - 15:32 | |
| Combien de temps s’était réellement écoulé depuis qu’il s’était shooté ? Peut-être ne rêvait-il que depuis quelques heures, ou bien quelques minutes… L’idée d’une telle distorsion lui donna le vertige. Il préféra cependant ne plus y penser. Ce genre de questions n’avait aucun but autre que se torturer l’esprit. Les costumes, c’était Halloween. Le pyromane frissonna en repensant à son habit de princesse et des âneries qu’il avait fait avec. Ça, c’était un truc qu’il garderait secret toute sa vie. C’était quand ? C’était hier… Au début de la troisième épreuve : 31 octobre ; à la fin de cette même épreuve : 1 décembre. Donc demain ça serait pâques..? Mais quel bordel..
Ace ne trouvait déjà pas grand-chose à répliquer à ce qu’il venait d’entendre, mais lorsqu’Elie demanda si quelqu’un voulait bien l’aider à remettre… Son pantalon… Il aurait volontiers écarquillé les yeux s’il ne courait pas le risque de passer pour un obsédé. C’était peut-être une blague, mais il fallait aussi un certain culot pour la faire, celle-là. Ça méritait le respect. Il ne put réprimer un sourire discret. Elle avait raison, rire un peu leur ferait du bien, mais la perspective d’affronter quelque chose de pire qu’Avok n’aidait pas énormément.
Le blanc qui résulta de l’absence de la mauvaise jumelle devenait presque gênant. Il ne trouvait rien à dire, ne savait pas s’il devait faire ou dire quoi que ce soit ; il baissa donc ses yeux sur sa main gauche et essaya de bouger ses doigts. La brûlure était récente et chaque mouvement était un calvaire mais il avait l’habitude des brûlures. Celle-ci était d’ailleurs en tout point similaire à celle de son enfance. Il répéta alors ce qu’il avait fait depuis ce soir-là : il glissa sa main dans sa poche, et tenta d’oublier la douleur.
Melena rompit enfin le silence et comme elle ne finissait pas sa phrase, le pyromane leva les yeux vers elle. Le regard dans le vague, elle lâcha le dernier morceau de phrase avec une certaine gêne qui se sentait dans sa voix. "Avec Elie" s’empressa-t-elle d’ajouter, ce qui fit sourire le pyromane. Il n’eut pas le temps de répondre qu’elle s’éclipsa dans la salle de bain. Il attendit patiemment qu’elle ressorte. Il acquiesça et se mit en marche lorsqu’Elie proposa d’aller manger, suivant les filles dans les escaliers.
Feufolé, incapable de persévérer dans son mutisme un instant de plus, prit la parole de gré ou de force lorsque la nécrophobe remarqua la pub Coca-Cola. - Ca me rappelle le slogan de 2001 : « la vie a bon goût ». Vous croyez que Freedoom a déjà été agréable à vivre un jour ? Parce que là, la seule chose qu’on en tire sinon l’amertume c’est le dégoût ou bien non… Y a pas de saveurs du tout, en fait. Peut-être celui du sang à la rigueur ? il s’approcha de l’affiche, l’éclairant de sa flamme violette. Il remarqua alors le slogan version Freedoom. Ah ouais… Je vois l’genre. C’est le père noël sur l’affiche ? On peut le croiser à Dremland ? Après tout il fait partie des rêves, lui aussi. En un certain sens. - Ouais, super ! Allons rencontrer le père noël, youpi ! Le ton sarcastique de Ace mit fin encore une fois à l’éloquence sans borne de l’esprit violet.
- Tu sais, Feu’. J’t’aime bien, mais parfois… Parfois. J’ai compris l’idée. Mais je sais que tu peux pas te passer de moi. Et puis j’ai la classe, quoi ! Mais tu pouvais pas ressembler à autre-chose qu’un pokémon !? Ben… C’est sympa, le violet ! C’est plein de symbolique et puis c’est moins agressif que du rouge et puis eh ! J’aurais pu être rose ! Le violet c’est-… Pfff laisse tomber.
Le pyromane arrivait devant le comptoir. L’aubergiste était déjà debout et semblait toujours aussi rassuré de voir les deux jeunes filles dans leur sale état ainsi que l’esprit de feu bavard. En s’adressant au jeune homme, il jetait des regards suspicieux vers la boule de feu. - ‘Vous faut quoi ? - Vous avez de quoi déjeuner ? - ‘Vais voir ce que j’ai, je reviens.
Ace choisit une table, la moins miteuse de toutes, et invita les filles à s’asseoir.
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| | | Jade Martins
Maladie mentale : Troubles dissociatifs de la personnalité
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| Sujet: Re: Le prix du sang [Troisième épreuve] Lun 12 Déc - 16:44 | |
| Descendre les escaliers fut un calvaire et l’idée de se laisser tomber sur la première chaise venue une bénédiction. Feufolé qui avait retrouvé sa langue s’était auto-proclamé bruit de fond et babillait sans fin si bien que plus personne ne l’écoutait vraiment. L’exclamation faussement enthousiaste d’Ace réveilla un peu l’attention défaillante d’Elie qui rétorqua avec un sourire en coin :
- Déjà fait, t’es en retard…
Le duo comique continua néanmoins de se lancer des piques jusqu’à ce que Melena, Ace et El’ soient installés à une table un peu moins miteuse que les autres dans un coin de la pièce, juste devant une fenêtre masquée par d’épaisses planches qui ne laissaient passer que des raies de lumière. La psychotique s’installa avec précaution pour ne pas brusquer ses os brisés avant de laisser reposer son menton dans sa main, l’air pensive. Depuis combien de temps n’avait-elle pas mangé ? A vrai dire elle ne se souvenait pas du tout de son dernier repas et en y réfléchissant bien elle n’avait rien avalé depuis son petit déjeuner dans le monde réel. Ça devait faire au moins 3 jours, et même si elle était morte dans l’intervalle ça lui paraissait démentiellement long.
Elle commença à compter sur ses doigts pour vérifier mais s’interrompit à la vue de son doigt tronqué. Mauvaise idée. L’adolescente reporta donc son attention sur ses compagnons et sur le tavernier qui s’affairait derrière le bar, possiblement à assaisonner leurs œufs brouillés de mort aux rats.
- J’ai trop la dalle… pourquoi j’atterris toujours dans des plans craignos où on nous nourris pas ? Je vais tellement maigrir que je vais disparaitre.
Comme pour l’appuyer son ventre émis un gargouillis sonore qui ne la fit même pas rougir. Elle poussa un soupir et reprit :
- Parce que franchement, et je suis sûre que Melena dira pas le contraire, la bouffe sur le SM était vraiment dégueu, El’ marqua une pause et ajouta à l’adresse d’Ace, Slavedog Millionnaire hein, pas Sado Maso. C’est le nom d’un bateau. Et puis dans le labyrinthe peau d’balle ! Non seulement ils étaient radins sur les fringues et nous avaient enfermé dans une sorte de… vous savez, comme dans le film cube ? Et bah non seulement on risquait notre peau à chaque salle mais en plus on avait pas un gramme à becter.
Ses narines palpitèrent alors qu’une odeur agréable provenant des cuisines flottait jusqu’à eux. C’était probablement rien d’extraordinaire, mais ça se mangeait et c’était suffisant pour que la mauvaise jumelle soit aux anges. Elle s’essuya la commissure des lèvres du revers de la main pour éviter de ressembler aux petits africains des affiches d’action contre la faim et se redressa légèrement. L’aubergiste était en train d’arranger des assiettes dans un vieux plateau branlant ainsi que trois verres blanc de calcaire et un pichet opaque. Elle le suivit des yeux sans ciller jusqu’à ce qu’il les ait rejoins pour déposer leur pitance avant de s’en aller sans un mot. Il ne les appréciait pas mais il les supportait sans broncher, et pour cette simple gentillesse il méritait leur respect.
Devant eux s’étalaient des œufs brouillés –vraiment ?- ainsi que du bacon dégoûtant de gras, des pancakes et ce qui ressemblait à du miel. La cruche quant à elle était pleine à ras bord d’un café bien noir qui menaçait de leur trouer l’estomac, mais cette vision tira un sourire en banane à l’adolescente qui se mit à se servir de tout copieusement non sans grimacer lorsqu’elle avait le malheur d’oublier qu’elle était blessée et ne pouvait pas se permettre tous les mouvements.
La première bouchée apaisa à peine le monstre qui hurlait dans son ventre mais les autres suivirent à un rythme délirant, arrosées régulièrement de café jusqu’à ce qu’Elie n’en puisse plus. Faire le plein pour une bonne semaine, c’était ça ou rien à Dreamland. On ne savait jamais quant aurait lieu le prochain repas décent.
- C’est bon je peux mourir… enfin façon de parler. Mais quitte à aborder ce sujet, vous le sentez comment ? La suite des épreuves j’veux dire. On sait même pas combien il y en a encore, et s’il s’agit encore de battre un monstre je pense que c’est perdu d’avance.
Un rire qui pouvait paraitre déplacé s’échappa de ses lèvres sans qu’elle n’y puisse rien. Après tout elle avait connu pire. Il y avait toujours pire.
- Mais bon, la nuit sanglante m’avait fait le même effet ! Vous avez pas connu ça vous… petits jeunes !
Sortir ça à Ace de 6 ans son ainé était plus que comique, et pourtant ! C’était bien lui le dernier arrivé qui ne connaissait toujours rien de ce monde en dehors des limites de cette île maudite…
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