Hypnose : l'Exil
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 Poufsouffle et fières de l'être !

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Anastasia Waitten

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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeMar 13 Oct - 11:57

16h15 ? Seulement ?

S'écria Anastan qui avait l'impression d'être dans cette boutique depuis des lustres.
Le temps dreamlandien avait l'air de vouloir s'éterniser entre les cages intemporelles de ces animaux-objets.
Etait-ce pour titiller plus profondément encore son aversion pour ce genre de commerce ou pour lui faire comprendre que chaque centime de rubz devait être gagné laborieusement ? Un peu des deux peut-être; en attendant, Stan en était contrarié: encore quatre heure à tirer entre clients exigeants et conversations sporadiques alors que son seul désir aurait été de se promener nez au soleil, main dans la main avec son amie, à partager rêves de voyages fabuleux et gestes de tendresse.

Si on a le droit, je veux bien qu'on fasse une pause dès que possible...

Soupira t-il en contemplant le corps parfait de l'adolescente qui s'étirait d'aise.
De nouveau le désir s'empara de lui. Il fit un pas vers elle.
La prendre dans ses bras, l'embrasser, faire l'amour ensemble étaient les seules choses qui le motivaient mais l'élan resta en suspens, Selene n'était plus avec lui, il le voyait à son visage songeur, un peu tendu, teinté d'une vague tristesse auréolée d'un sourire nostalgique en point d'orgue.
A quoi pensait-elle ou a qui ?
Le syndrome d'abandon lui noua la gorge une nouvelle fois.
Pourquoi pensait-elle à autre chose qu'à lui Stanislas et à elle Anastasia? Pourquoi la fusion absolue ne fonctionnait-elle pas ici dans ce monde des rêves? Pourquoi fallait-il que son amie songe toujours de quelque chose ou à quelqu'un de mieux alors que lui n'avait qu'yeux et toutes fibres du corps et de l'âme pour elle?
« Parce que personne ne peut m'aimer, je n'en vaut pas la peine, je suis un paumé, un râté... Je me hais, je me méprise.» pensa t-il tout en dévisageant la jeune fille avec un air de détresse.

Le « désolé » de son amie claqua dans son cerveau comme un coup de fouet. C'était bien cela, elle allait lui annoncer qu'elle était désolée mais qu'elle allait partir à la rencontre de gens plus intéressants, plus joyeux, plus pétillants que lui, qu'elle en avait assez de supporter cette amitié qu'elle traînait finalement comme un boulet...
A la place elle lui parla de la limace.
Le regard empreint de tristesse d'Anastan plongea aux fond de ses orbes noisettes; Selene ne savait pas bien mentir, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure, le gastéropode était prétexte à diversion; preuve en était de l'ombre mélancolique qui tirait un voile opaque entre elle et lui à l'évocation des pouvoirs cruels qu'octroyait Dreamland à certains voyageurs, à certains amis bien mieux que lui, qui avaient su se connecter à elle de manière bien plus heureuse.
Qu'avait-il à apporter lui ?
Rien.
Il n'était qu'un passant que l'on croise et qu'on oublie parce qu'il n'était rien, n'avait rien et ne savait rien. En plus, il n'avait aucune envie d'être présenté à qui que ce soit !

Mais je t'aime moi, susurra Pink-Daddy entre deux crachats épais.

Il ne prit même pas la peine de relever la remarque tant l'évidence était flagrante: il était tout juste bon à être adoré par une limace, servum pecus, tout est dit !

Il avait suivi des yeux le rituel de nettoyage où l'on extirpait des lapins de leur geôle pour les confiner dans une caisse noire.
A sa demande, il aida Selene à aseptiser le box puis à replacer les pauvres bêtes dans leur cellule propre avant l'acheminement final vers un bagne encore plus étroit, posé à même un meuble ou la moquette d'une chambre d'enfant comme on aurait fait d'un ours en peluche, sans se soucier de ce petit coeur battant trop vite sous le stress de ces manipulations incessantes au risque de finir sa vie à agoniser sur de la paille synthétique ou plus simplement euthanasiés parce qu'ils étaient trop vieux ou pas assez beaux.
Et sous prétexte qu'ils étaient plus petits, tout doux, « trognons », hypothétiquement d'intelligence inférieure – d'ailleurs en avaient-ils – d'aucun aurait répondu s'il avait osé dire tout haut ce qu'il pensait: mais c'est normal, ce ne sont que des animaux ! Et puis ce sont des amis.

Des amis ?
Ansatan regarda l'adolescente dans un sursaut.
Avait-elle l'impression de subir le même sort que les lapins avec lui ? suffoquait-elle enfermée, emprisonnée dans cette amitié-cage, exclusive, couverte de caresses dont elle n'avait nul besoin, snobant la carotte tendue en rêvant de prés verdoyants couverts de serpolet ?
Il regarda le filin doré. N'était-il pas le symbole d'une laisse ? Ne manquait plus que le collier, avis pour le prochain pouvoir!
Ansatan se détourna de la jeune fille et ramassa le sac poubelle. Amour... Amour fatal. Ses yeux le brûlaient de larmes contenues; il ne pouvait pas lui faire cela, il l'aimait trop, il lui rendrait sa liberté au risque d'en mourir de chagrin.
Il ne casserait pas le lien d'or, ce serait au-dessus de ses forces mais il laisserait Selene le faire disparaître au fil de ses pas s'éloignant de lui.
Elle avait besoin d'être avec des gens de son âge, il était trop vieux. Elle devait rencontrer des gens qui la feraient rire, chanter, danser, il était trop triste pour cela.
Il avait besoin d'être avec elle, avec elle seule mais c'était impossible.
Aussi coûteux qu'il soit, il ferait ce cadeau; la liberté au sacrifice de son amour impossible, c'était décidé.
La mort dans l'âme il ébaucha un sourire trompeur et annonça:

Allons prendre une pause maintenant, j'ai besoin d'un café ou d'un thé, de quelque chose à grignoter et de parler avec toi de projets d'avenir.

Grignoter... Il se tourna vers les lapins qui... entamaient leur repas et fut pris d'une nausée à l'idée même de devoir avaler quelque chose; finalement un café suffirait.
Il se dirigea vers les conteneurs, balança le sac plastique et attendit que l'adolescente se décide.
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Selene Nymphadora

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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeDim 18 Oct - 11:31

Anastasia n’avait pas l’air spécialement emballée par les éloges que Selene faisait de ses anciens compagnons mais elle ne dit rien. Le changement de l’habitacle des lapins se fit en silence, mutisme ponctué simplement par les bruits du sac poubelle et la télé qui jouait en fond. Pendant ce temps, elles ne furent visitées que par des clients qui ne cherchaient qu’un peu de nourriture, ou par des maîtres qui amenaient leurs animaux se faire toiletter. Quand leur tâche fut achevée, la galloise accueillit la proposition de pause avec un sourire. Avec un break de 15 min, il ne resterait que 3h à travailler à leur retour. Ça passerait vite.

- Je passe prendre mon porte-monnaie et je reviens !

Avec la légèreté d’une enfant, elle s’éclipsa vers les vestiaires. Elle n’avait pas vu la tristesse de son amie. Non pas tant parce qu’elle n’était pas empathique, mais simplement parce qu’en cet instant…sa vie lui convenait. Ne pas être oppressée, avoir quelqu’un avec qui partager ses moments et ses souvenirs. Oh bien sûr elle se posait des questions concernant Julian. Mais quelle adolescente ne se prenait pas la tête ? Malgré tout, elle restait une humaine, à mi-chemin entre la vie d’adulte et celle de la gamine, et ça lui plaisait.

Dans sa hotte, elle dut écarter son coupe-papier magique et son pistolet cheddar pour trouver sa bourse. Elle faillit les emporter avant de se raisonner : elles allaient juste prendre l’air, et un café, pas affronter le grand monde. Avant de sortir, Selene se regarda dans un miroir. Elle avait la tête de quelqu’un qui s’affairait depuis déjà plusieurs heures. Avec une moue peu convaincue, elle tenta de dompter un peu sa tignasse rousse mais sortie sans avoir obtenu de résultat satisfaisant.

Après avoir prévenu Morgana qu’elle et Anastasia prenaient leur quart d’heure de pause, la jeune fille rejoignit la rue. Il faisait encore beau et le fumet d’une boulangerie flottait dans l’air. La toquée jonglait négligemment avec sa bourse pleine de rubz en épiant les alentours.

- On a pas vraiment le temps d’aller très loin si on veut être revenues à temps, expliqua-t-elle, dis-moi si tu vois un endroit qui te parle dans le coin.

Etrange. La galloise eut l’impression que soudainement, sa voix s’était perdue dans une chambre sourde. Ses yeux noisette s’écarquillèrent de surprise : autour des deux amies, le monde semblait s’être figé. Les passants ne bougeaient plus, les balais et autres bulles de savon restaient suspendus dans les airs, immobiles. Chaque visage conservait son expression, les rideaux étaient rigidifiés dans leur mouvement, le vent ne soufflait plus, les bruissements de discussion s’étaient tus. Un silence irréel règnerait dans la rue si une musique glaçante ne s’élevait pas en toile de fond, à la fois lointaine et transperçant. Même pour Gloutoniskaïa, ça ne disait rien qui vaille. L’angoisse montait déjà en flèche dans le petit cœur de Selene, oppressant sa poitrine fragile. La gorge étranglée, elle se tourna, apeurée, vers son aînée :

- Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce qu’on a aaaaaaaaaah !!!

Son hurlement avait momentanément couvert la musique. Elle l’avait vue, dans le dos d’Anastasia. Quelque chose bougeait. Une poupée de tissu. Rapiécée. Filiforme. A taille humaine. En fait, on aurait dit une version sinistre de Sally, dans L’étrange Noël de Monsieur Jack. Ses grands yeux étaient vides, cerclés d’une lueur rougeâtre. Du sable suintait entre ses coutures grossières et ses mains étaient démunies de doigts. A la place, des lames de ciseaux, pointues et aiguisées, cliquetaient les unes contre les autres. La chimère avançait lentement, avec une souplesse surprenante, et une voix s’éleva, provenant de la poupée sans que sa bouche ne s’anime.

- Je vous ai trouvées… voyageurs…

Selene se souvenait vaguement de la voix du Marchand de Sable. Celle qui avait résonné dans la bibliothèque de Gloutoniskaïa des semaines auparavant. Ce n’était pas celle-ci. C’était un timbre différent, androgyne, plus doux mais plus glacial. Impitoyable. Fou. Dans un éclair, avec une vitesse surprenante, la poupée s’était élancée d’un bond et ses lames fendirent l’air.

La galloise eut tout juste le temps de pousser son aînée avant que sa transformation soit complète. La terreur avait déclenché son premier pouvoir et les ciseaux de la marionnette s’étaient plantés dans son abdomen de paille alors que les grands yeux vides se plongeaient dans les siens. Elle ne se souvenait pas n’avoir jamais été aussi terrifiée. Même la vision d’Asmodée ne lui inspirait pas cette horreur viscérale.

- Je vois…, reprit la voix, ton pouvoir ne marchera pas sur mon serviteur… il… ne… pense… pas.

Chacun des mots avaient été détaché avec un sadisme d’enfant qui s’amusait à désosser un papillon. Que faire ? Elles étaient à la merci de cette créature capable de suspendre le temps pour les attaquer. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Alors que les lames s’extirpaient de son ventre, Selene tourna sa tête en toile vers son amie :

- Couuuurs !! Il veut nous tuer toutes les deux, pars vite !

Il devait bien y avoir quelque part où le temps n’était pas arrêté… ou elles pourraient se cacher… non ?
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Anastasia Waitten

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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeLun 19 Oct - 6:33

Anastan fut surpris de constater que Selene n'avait pas semblé voir son désarrois, cela ne lui ressemblait pas.
Avait-il exagéré ? Après tout, il était normal de rencontrer des personnes et d'en avoir des souvenirs sans que cela porte préjudice à une amitié.
Peut-être que finalement elle était bien avec lui et qu'il se trompait...
Du coup il était un peu perdu.
Le travail s'était fait dans un silence pesant comme si une fois de plus, il avait plombé l'ambiance avec ses idées négatives. Que devait-il faire ? En parler ? Ne rien dire ?

Il servit les clients dans un état second. Naturellement il n'oublia pas d'afficher un sourire commercial et d'articuler les politesses d'usage mais son esprit était ailleurs.
Selene devait sans doute comprendre, elle aussi avait eu une enfance exécrable.
Oui mais... Il n'était pas question pour elle d'amour ou de non-amour mais d'un père dont le coeur était imbibé d'alcool et de violence; peut-être avait-il été capable de l'aimer à sa façon ?
Chez Anastan, il n'y avait rien, aucune question à se poser.
Il en vint à se demander si une fois dans sa vie d'enfant il n'aurait pas préféré prendre un coup de poing en travers de la figure plutôt que ce néant qui ponctuait ses journées.
Au moins y aurait-il eut un contact; douloureux, certes mais existant, physique; quelque chose qui laisse des traces, qui donne envie de crier, pleurer, ou il ne savait quoi encore plutôt que cette indifférence, ce vide qui vous collait une pierre dans le ventre et la mort à l'intérieur de soi.

La phrase de son amie à propos du porte-monnaie le ramena à la réalité, du coup il bredouilla

Ah... Oui, où avais-je la tête, j'y vais aussi ! et suivit l'adolescente jusqu'au vestiaire où il attrapa son blouson à toute vitesse avant de ressortir. Il avait hâte de prendre l'air, de quitter momentanément ce lieu emplit d'odeurs de paille, de poils, d'aliments lyophilisés, de vague relent d'excréments mêlés au parfum de shampoing de toilettage.
Il salua d'un sourire Morgana et se retrouva dehors, enfin.

Il faisait doux, le soleil était encore haut dans un ciel d'airain; Gloutoniskaïa était vraiment un bel endroit, Selene avait raison et ils allaient en profiter, si elle voulait rester encore un peu.
Une odeur de croissants chauds lui titilla les narines mais l'estomac était encore noué. Malgré tout il répondit:

si tu veux on s'arrête à la boulangerie acheter un truc et on s'installe à la terrasse de ce petit troquet sur ta droite, qu'en pense...
Bizarre... Depuis quelques secondes il avait l'impression d'articuler des sons qui ne passaient pas hors de sa bouche.
Eberlué il regarda l'adolescente puis autour de lui pour constater que tout semblait en arrêt sur image, comme si le temps et la vie s'étaient figés d'un coup; c'était beau à voir.
Sourire béat, il admirait chaque détail de cette immobilité, goûtant cette tranquillité nouvelle tout en se disant qu'il aurait adoré que cela arrive au moment où il tiendrait Selene dans ses bras, le nez dans ses cheveux, les lèvres dans son cou.
Oh oui, que cela soit ainsi pour toujours !
Il se surprit à fixer un oiseau immobile entre ciel et terre comme s'il attendait le moment précis où il battrait des ailes à nouveau, annonçant la fin du sortilège car il ne pouvait être question que de cela: ils étaient dans la ville de la magie, non ? Quelque part, la situation était normal.

Malgré le silence environnant une petite musique s'égrenait comme s'il tombait des fines gouttes de pluie venues de l'enfance. Anastan ferma les yeux. Comme il aurait aimé pouvoir chanter comme cette petite fille et faire une ronde dans la cour de récréation avec des amis, lui toujours à l'écart, toujours éternellement effrayé par le moindre regard.
Une larme glissa le long de sa joue lentement, au ralenti elle aussi, en suspens entre deux mondes.
Il était corps et âme avec la tristesse des notes qu'il entendait comme si elle lui avait appartenu, comme si elles étaient lui.
Il aurait voulu voler vers cet ailleurs, se refaire une vie meilleure, une histoire dont il aurait tenu la plume cette fois.

Le rêve s'arrêta là, la mélodie avait changé; quelque chose d'inquiétant en ressortait à présent qui lui fit froid dans le dos.
Il sursauta au cri que poussa l'adolescente dont le visage était défiguré par la peur. Ses yeux exorbités semblaient fixer quelque chose derrière lui.
Il se retourna lentement et la vit.
Le sang s'éclipsa de son visage devant cette image ignoble et grotesque à la fois, sauf qu'il ne s'agissait pas d'une image; la poupée était réelle.
Les mains affublées de ciseaux lui fit penser à un film qu'il avait adoré; un jeune homme seul et incompris, comme lui; rejeté parce que différent.
La différence était que l'horrible sac de son ne semblait pas être animée de hauts sentiments de pureté, sa voix le prouvait bien.

Le reste se passa à une vitesse vertigineuse.
D'un bond souple, la poupée s'était approchée toutes lames dehors. Anastan fut éjecté sur le côté pas Selene qui se métamorphosa en épouvantail au moment où l'indicible chose plantait ses ciseaux dans le ventre de tissus.

Un haut le coeur d'épouvante et de révolte le secoua. Il avait beau savoir que Selene était désormais un objet de paille et chiffons, il eut l'impression que l'arme venait de transpercer son amie.
Que disait-elle ? Courir ? Seul ?
Non, il ne partirait pas sans elle, jamais ! À la vie à la mort, tel avait été le serment.
Que cette innommable immondice mal cousue le plante aussi si tel était son bon plaisir, la vie sans son amie ne l'intéressait pas.
D'ailleurs, il était possible de s'enfuir à deux: il avait des bottes de sept lieues et il était homme – du moins jusqu'à minuit – il serait tout à fait capable de porter l'adolescente dans ses bras, pour un grand pas ou...

Noooon !!! hurla t-il.
Son départ du magasin passa dans sa tête comme un film accéléré, il se revoyait entrer dans le vestiaire et attraper... son blouson !
Les bottes étaient dans le sac à dos...
Anastan eut l'impression qu'une porte blindée venait de se fermer en claquant dans son esprit, il ne voyait plus d'issue.

Il fut pris d'un élan de panique et tout en ayant l'impression amère d'une erreur déjà vécue avec Simon, il ne put s'empêcher d'avoir une réaction à sa façon.

Bouillonnant, l'esprit fou, perdu entre douleur et colère il explosa à la face du monstre mal torchonné, tout juste bon à essuyer les meubles:

Les voyageurs, quoi les voyageurs ? On n'a pas demandé à être là et on s'en serait bien passé!
Il n'y a pas plus honteuse infamie que Dreamland alors foutez-nous la paix !
Ras-le-bol de toute cette merde, de ces psychopathes tueurs arracheurs d'yeux, de gus qui fracassent la mâchoire des animaux à coup de marteaux, de robots débiles qui veulent tout envahir et vous tirent dessus comme des vulgaires lapins et maintenant vous !
Donnez-moi une raison valable de nous tuer hormis le fait qu'on est voyageurs comme vous dites, une seule !
Et qu'est-ce qui prouve que ce ne sont pas des énergumènes comme vous les vrais envahisseurs de Dreamland, hein ?


Pink-Daddy voudrait aller baver sur la vilaine dame méchante avec toi !

La voix de la limace eut pour effet de stopper le flot de paroles qu'il avait fini par hurler aux oreilles de la poupée.

Va, et crache lui bien à la figure de ma part, susurra t-il entre ses dents.

Pink-Daddy toute joyeuse sauta en direction de la poupée.

Libéré du gastéropode, Anastan reprit ses esprits.
Comme il était stupide ! Le sac à patate maquillé comme Halloween n'avait-il pas dit qu'il ne pensait pas ? Ses paroles n'avaient donc eu aucun effet sur lui; les avait-il au moins entendu ? Ce n'était même pas sûr.
Tandis que la limace se promenait sur le fil aiguisé des lames, abandonnant dessus son mucus visqueux et tenace, il réfléchit.
L'adolescente était certainement immobilisée dans son nouvel accoutrement, c'était donc à lui d'agir, ce qui n'était pas sa qualité première, loin s'en faut, mais s'il ne faisait rien, il serait transpercé dans quelques secondes comme une vulgaire outre.
Il fallait trouver une diversion qui lui laisserait le temps d'aller chercher ses bottes mais comment ? Comment dévier la trajectoire d'un bouffon digne de film d 'épouvante qui ne pense pas !
C'est alors que ses yeux se posèrent sur Pink-Daddy qui semblait prendre un plaisir fou à abandonner ses sécrétions colloïdales complexes à haute viscosité sur les armes.
Il tenait peut-être là leur unique chance de se dépêtrer du cauchemar ambulant...
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Selene Nymphadora

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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeLun 19 Oct - 17:22

- Nous ? Les envahisseurs de Dreamland ? Un rire glacé s’éleva de la poupée qui faisait machinalement claquer ses lames, mais nous « sommes » Dreamland.

Encore paralysée par la peur, Selene se demandait pourquoi son amie ne fuyait pas. Elle restait plantée là, comme si le lancé de limace pouvait venir à bout de cette chose. Sans vraiment en avoir conscience, la galloise sautilla sur place et découvrit cette mobilité nouvelle : elle n’était plus clouée au sol ! Sans réfléchir, elle rebondit sur son piquet et se jeta de toutes ses forces contre la poupée. Cette dernière recula de plusieurs pas en titubant, n’ayant que le réflexe de lacérer d’un coup de griffes le visage en toile en l’adolescente. Celle-ci oscilla de trop longues secondes, risquant de perdre l’équilibre, mais parvint à s’approcher d’Anastasia en sautillant.

Si elle avait encore eu des entrailles, ces dernières seraient nouées mais pour l’heure, son corps gracile n’était que paille et tissu. A toute vitesse, elle passait en revu toutes leurs options, mais force était de constater que sans ses objets, elle ne pouvait rien contre cette chose. Elle était trop rapide pour être fuit et trop dangereuse pour être combattu sans armes. Pourtant… l’adolescente avait une idée. Affronter et ne plus subir, c’était sa nouvelle devise ? Tout comme protéger ceux qu’elle aimait. A toute vitesse, elle dit à son aînée :

- Retourne dans la boutique, dans mes affaires, prends mon coupe-papier en argent et mon espèce de pistolet bizarre. On va s’en débarrasser avec ça, en attendant, je vais la retenir !

Plus le temps de réfléchir. La chimère s’élançait déjà vers Anastasia cette fois. Selene s’interposa d’un bond, coupant nette la course de la créature. Toutes les deux tombèrent sur le sol, renversant un enfant figé avec une glace à quelques centimètres de ses lèvres. Avec tout le courage dont elle était capable, la toquée enlaça de toutes ses forces la poupée meurtrière et activa sa bague d’Unseelie, étroitement serrée sur l’un de ses bras-branches. Aussi grotesque que cela puisse paraître, ses ailes de fée se déployèrent fixées à son dos d’épouvantail. D’un battement elle s’éleva, entrainant leur Némésis dans son ascension. Celle-ci se débattait, elle était lourde, mais la rouquine resserra l’étreinte de ses bras en bois en s’éleva encore de plusieurs mètres.

- Je vais te détruire voyageuse ! susurrait la voix dénuée de sentiment.
- Essaye donc pour voir, répliqua Dark-Selene.

Bien que ses émotions soient chamboulées par l’esprit mauvais de la fée à qui appartenait cette bague, elle espérait qu’Anastasia ait profité de cette diversion pour exécuter ses directives. Il en allait de leur survit à toutes les deux. L’adolescente bloquait les bras de la poupée, mais cette dernière plantait ses lames de ciseaux dans son dos de paille, toujours plus profondément, si loin qu’elle craignait qu’elle ne finisse par la couper en deux. Elles s’étaient élevées d’une dizaine de mètres quand la chimère réussit à se libérer de l’étreinte de l’épouvantail. Elle chuta, désarticulées, ses grands yeux vides rivés sur la galloise.

En heurtant le sol, les coutures de son bras gauche lâchèrent brusquement. Le sable se vida jusqu’au coude, infesté de petits scorpions. Les lames de sa main pendaient, accrochées au tissu, inutilisables. La toquée se posa à plusieurs mètres de là et désactiva sa bague. Même sans être faite de chair, elle sentait l’épuisement plomber ses membres. C’était à Anastasia de jouer désormais mais elle ne la voyait pas encore revenir.

La musique de fond tournait en boucle, véritable ritournelle de folie qui lui donnait l’impression d’être dans une autre dimension. Loin de Dreamland. Loin du monde réel. Loin de tout. Et si son aînée ne revenait jamais ? Et s’il n’y avait pas eu qu’une poupée ? Et si tout était perdu désormais, dans cet instant éternel suspendu par une magie de très loin supérieure à ses pouvoirs ? Elle s’enfuirait certainement plus vite en désactivant sa faculté d’épouvantail, mais la sensation virtuelle d’invulnérabilité qu’il lui procurait l’empêchait d’agir avec raison. Elle sautillait à reculons à chaque pas souple, rapide et irrégulier que faisait la poupée entre les dreamlandiens immobiles. Bientôt, elle serait réduite en pièce, c’était inévitable.

- Ana !! hurla-t-elle en désespoir de cause, où es-tu ?!
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Anastasia Waitten

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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeMer 21 Oct - 12:25

« Nous sommes Dreamland »... C'est bien ce qu'il pensait: des parasites, des cloportes qui envahissaient les rêves pour les rendre cauchemardesques !
Anastan n'eut pas le temps de verbaliser sa pensée, Selene le pressait d'aller chercher un coupe-papier et une arme dans le vestiaire, couvrant sa fuite.
Il ne se le fit pas dire deux fois et réagit au quart de tour car là il n'était pas question d'abandonner son amie mais de lui rendre service.

Fort de sa mission, il piqua un sprint jusqu'au magasin, ouvrit la porte à la volée sans même s'apercevoir que Morgana et les clients le regardaient avec des yeux comme des soucoupes, continua sur sa lancée jusqu'au placard, extirpa la hotte, la vida sur le sol afin de mieux visualiser le contenu et s'empara du pistolet.
A la vue du coupe papier en argent, il pensa que l'adolescente avait dû se tromper: il n'aurait aucune utilité, la lame ne serait pas suffisamment coupante pour venir à bout d'un tissu !
Il le laissa sur place, attrapa son sac à dos, empoigna les bottes de sept lieues, les chaussa et repartit sur le même rythme.
Inquiété par tout ce raffut le patron sortit précipitamment de son bureau pour constater le départ en trombe de son employé et l'état déplorable du vestiaire.

Quand il arriva sur place, il eut l'impression que la musique s'évertuait à vouloir lui vriller les tympans; il la détestait à présent, elle était malsaine, cynique.
Selene et la poupée se jouxtaient en un face à face belliqueux qui s'annonçait sans merci.
Vraiment ?
Pas si sûr ! Le regard  rapide d'Anastan avait jaugé la main pendante aux ciseaux inutilisables d'où sortaient encore sable et scorpions.
Quant à l'autre ? Pink-Daddy avait bien travaillé ! Les lames engluées se mouvaient au ralenti en faisant des bruits de succion.  Ils auraient tôt fait d'achever la marionnette !

C'était sans compter l'état de fatigue de son amie, cela se voyait à l'oeil nu.
L'épouvantail semblait chanceler sur son unique béquille comme s'il était au bout du rouleau tandis que l'ignoble tas de serpillères ambulant se rapprochait de lui.
Attention Ana !!! cria Pink-Daddy.
Trop tard, une larme l'avait lardé au dessus du ventre en une longue estafilade.
Dans sa panique, Anastan oublia l'arme qu'il tenait dans sa main et dont il aurait su se servir avec bien plus d'efficacité que Selene, attrapa dans ses bras l'adolescente de paille et de chiffons, claqua des talons et... Se retrouvèrent 300 mètres plus loin, dans un quartier inconnu.
L'extraordinaire vitesse de déplacement avait mit à mal les vêtements du pantin; seuls trois ou quatre morceaux de tissus avaient pu résister et pendouillaient lamentablement. Le visage de paille était devenu presque inexistant, les mains s'étaient entièrement effilochées.
Seul le bâton soutenant le tout était resté indemne.

Il aurait aimé crier victoire, hurler sa joie d'avoir réalisé, pour la première fois de sa vie, quelque chose d'extraordinaire: il avait sauvé quelqu'un ! Mais l'état de délabrement de son amie était tel qu'il se demanda si cela n'avait pas touché à l'intégrité humaine de Selene.
Il la prit dans ses bras sans même s'apercevoir que le sang de sa blessure coulait sur ce qui restait d'étoffe et la berça comme un enfant en murmurant:

C'est fini, nous sommes sauvés, tu peux reprendre ton état initial à présent... C'est possible ?
Rajouta t-il d'un air angoissé.
Il leva les yeux au ciel mais ne vit aucun dieu à prier, à la place, un tout petit point noir traçait sa route à la vitesse d'une fusée pour se diriger vers eux.
Pink-Daddy atterrit sur la joue d'Anastan en faisant un Plop désagréable.

La poupée est furieuse et elle arrive vers vous, je l'ai vu ! Elle a dit qu'elle vous tuerait mais moi j'ai bien craché sur ses lames et maintenant que c'est tout sec, elles vont se coller entre elles, je suis bien contente !
Elle a dit aussi qu'à la moindre difficulté elle ferait appel aux autres mais je n'ai pas compris qui étaient ces « autres » parce que sa voix était parasitée par d'autres bruits.

C'est pas vrai... ponctua Anastan en se redressant, pistolet au poing.
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Selene Nymphadora

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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeMer 21 Oct - 18:04

Tout s’était passé trop vite. La poupée n’était plus qu’à quelques mètres, d’autant plus assurée qu’elle-même chancelait sur son piquet d’épouvantail. Anastasia était revenue équipée et en un instant d’inattention, un seul, les lames avaient fendu l’air pour lui entailler la chair de l’abdomen. Selene était horrifiée, elle n’avait pas réagi à temps, elle ne s’était pas interposée. Alors, son aînée l’avait attrapée sous un bras et en un claquement de talon… le décor n’était plus le même.

Elle avait sentit ses fripés se déchirer un peu plus, son visage de toile s’effilocher, mais l’intégrité de son corps artificiel avait été préservée. Humaine, elle aurait haleté. Sous cette forme, elle ne pouvait que restée abasourdie de peur et de surprise mêlées. La dépendante affective lui demanda si elle pouvait reprendre sa forme humaine mais l’adolescente, elle, était encore trop sous le choc pour penser. Ici, la nature et le temps avaient repris leurs droits, mais elle entendait encore la ritournelle sinistre et répétitive. Un vrai leitmotiv glauque et angoissant.

Malheureusement, la limace rapporta que tout n’était pas fini. Apparemment, la chimère avait toujours l’intention de les éviscérer. Rassemblant son courage, malgré sa faiblesse, la galloise recouvrit son apparence de jeune fille. Pâle échevelée, mais indemne. Elle réalisa seulement que son amie saignait et se redressa à son tour, attrapant le tissu tailladé pour le soulever et inspecter la blessure.

- Il… il faut que je te soigne ça, balbutia-t-elle, je… oh non… tout est dans ma hotte ! souffla-t-elle, il faut retourner à la boutique. Tu as le coupe-papier ? Si on croise la poupée, on pourra s’en débarrasser avec.

L’expression d’Anastasia lui fit comprendre la situation : elle ne l’avait pas. La mâchoire inférieure de Selene s’abaissa lentement, alourdie par la surprise, ses yeux noisette écarquillés. Son cœur accéléra plus encore, il lui faisait mal désormais. Elle se sentait malade, comme si elle risquait de s’évanouir à la moindre émotion supplémentaire.

- On en avait besoin Ana… c’est… c’est une épée ! Avec une épée, on aurait pu s’en débarrasser…

Ses yeux épiaient les aventures. Où étaient-elles ? Combien de temps avant que la créature possédée ne les retrouvent ? Pouvaient-elles la semer ? Dans tous les cas, elles devaient retourner chercher ses affaires. Son aînée était blessée, elle avait besoin de premiers soins. La toquée réfléchissait à pleine vitesse. Dans un instant pareil, elle mourrait d’envie de graver ses meilleurs amis dans la chair blanche de ses bras, mais elle n’avait rien pour le faire. Pourtant il fallait qu’elle se calme. Il le fallait ! Sinon la terreur la clouerait sur place.

- Donne-moi le pistolet, commanda-t-elle avec douceur, et reste derrière moi. On va essayer de retrouver la boutique, dites-moi si vous voyez quelque chose.

Elle s’adressait autant à Anastasia qu’à la limace rose collée à sa joue. Ses mains tremblaient quand elle prit l’arme cheddar, avec une expression qui signifiait qu’elle ne discuterait pas, mais sa décision était prise. Dans l’une des poches de sa combinaison techyoïte, Selene récupéra sa pilule de valium et l’avala. Sans eau, c’était encore moins agréable, mais la situation exigeait un peu de courage. Il s’en fallu de quelques secondes pour qu’elle se sente libérée des émotions qui l’étouffaient. La peur viscérale s’était évanouie, la laissant légère, épuisée mais lucide. Pâle comme un linge, elle adressa un léger sourire à son amie.

- Suis-moi bien. Je te protégerai t’en fais pas !

Difficile pourtant de retrouver le chemin. La galloise était trop concentrée pour discuter, elle scrutait chaque rue, s’attarda nerveusement devant un plan pour trouver la bonne rue et restait aux aguets du moindre bruit. Chaque exclamation attirait son attention, chaque bruissement mélodique tendait ses muscles, chaque bruit métallique lui faisait dresser son pistolet cheddar. Ce n’est pourtant que quinze bonnes minutes plus tard, au dernier croisement avant leur destination, qu’un chant grimaçant résonna jusqu’à ses os. Cette fois, le temps conservait ses règles et les passants s’écartaient en hurlant de la poupée qui semblait sortie de nulle part. Son bras gauche pendait toujours et la lueur rougeâtre autour de ses yeux noirs étaient plus intenses que jamais.

- Je vous attendais… malheureusement, je n’ai pas le temps de m’éterniser en votre compagnie. Adieu…voyageuses.

Les orbites vides devinrent plus sombres alors, comme des abysses infinis. L'entité maîtresse s'en était allée, laissant ses muettes ses marionnettes criminelles. La musique s’éteignit également, mais d’inquiétants crissements entourèrent alors Selene et Anastasia. Deux autres poupées faisaient claquer leurs mains-ciseaux, plus obèses, leurs peaux en tissus tendue sur un sable qui grouillait d’insectes. La galloise, qui ne pouvait plus avoir peur, attrapa une main de son aînée et l’entraina brusquement :

- Viens, vite !

Elle dressa son pistolet et tira sur la chimère manchote. Une espèce de filet pestilentielle et gluant, un projectile de fiente de pigeon en fait, l’englua sur place. Pas suffisamment pour l’empêcher de se mouvoir, mais assez pour considérablement gêner ses mouvements. Selene ne la regarda même pas quand elle la croisa, hors d’atteinte, et pénétra dans la rue de la boutique. Plus que quelques mètres, mais elle savait que les deux autres poupées, non moins dangereuses que la première, étaient à leurs trousses.

- Aller, pressa-t-elle à l’adresse d’Anastasia, va prendre le coupe-papier s’il te plait… je vais encore les retenir.

Elle fit volte-face. Leurs Némésis étaient là, menaçantes, grimaçantes. La galloise se sentit vaciller : les pouvoirs de sa bague l’avaient terriblement épuisée, comme d’habitude. Peut-être qu’Anastasia ne pouvait pas être assez rapide. Peut-être… mais au moins, elle survivrait : sa mort n’aura pas été inutile.
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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeMer 21 Oct - 22:38

Selene avait repris son apparence normale mais sa mine défaite trahissait une immense fatigue; malgré tout, son seul souci restait de soigner la blessure dont la lame avait fendu la peau en un large sourire sanguinolent comme si par le biais de cette plaie la poupée ricanait encore de leur sort.

Ne t'en fais pas Selene, cela n'a pas l'air si profond, je survivrai !

Mais quand il entendit son amie parler du coupe-papier, il baissa la tête piteusement, une petite voix intérieure lui ayant soufflé qu'il avait certainement fait une bévue.

Mais...Je pensais que... Tenta t-il de s'excuser.
Qu'il avait été stupide ! Il aurait dû s'en douter ! Son amie ne trimballait pas un coupe-papier juste pour faire joli dans sa hotte, c'était forcément une arme magique, mais comment aurait-il pu savoir ? elle ne lui avait rien dit.

Il se redressa tant bien que mal, tendit le pistolet à l'adolescente et se remit en route en épiant chaque recoin.
Il avait été agréablement surpris de l'attitude de la limace, au moins ne servait-elle pas qu'à lui baver dessus mais à l'exhortation de Selene elle répondit:

Ooooh, Pink-Daddy est désolée, elle ne peut plus vous aider; son pouvoir est limité et ses petits yeux au bout des antennes sont redevenus bien myopes...
Mais Pink-Daddy a une autre bonne idée: sa bave est hautement aseptisante, elle va aller glisser sur la blessure cela ne la guérira pas mais au moins elle ne s'infectera pas. Je t'aime tellement Ana chérie...


Anastan était trop préoccupé pour songer à lui répondre, le chemin ne lui disait rien.
Flanqué derrière l'adolescente, il l'aida à comprendre le plan, en suivant le tracé des routes avec son doigt. Quand enfin, ils se furent repérés, ils se remirent en marche.
Il aperçut avec soulagement le croisement tout proche du magasin; plus que quelques mètres et... C'est alors que la musique infernale se fit entendre à nouveau, sciant ses tympans, lui fichant une boule d'angoisse dans la gorge. L'horrible marionnette les avaient attendu.
Quelle mauvaise idée avaient-ils eu de se rediriger ici alors qu'il aurait fallu... Trop tard, l'erreur était faite, le cauchemar à jambes de bois leur promettait un nouveau plaisir qui ne se fit pas attendre.
Anastan sursauta tandis que Selene tirait sur la première poupée. Ils coururent comme des dératés jusqu'à la rue de l'animalerie suivis d'assez près par les deux marionnettes obèses; trop près: ils ne s'en sortiraient pas sans rien faire, c'était impossible, il faudrait se battre.
La peur le prit comme dans un étau, que pouvaient-ils faire ?

C'est alors que l'adolescente lui demanda d'aller chercher le coupe-papier.
D'un coup d'oeil il jaugea la situation: son amie était livide, chancelante, exténuée, les poupées de fortes constitutions semblaient être en pleine possession de leurs moyens et s'avançaient dangereusement ciseaux aiguisés en avant; il n'y croyait pas.
En admettant même qu'il lui faille vingt secondes pour se ruer au vestiaire, attraper le coupe-papier et revenir au pas de charge, ce serait vingt secondes de trop, Selene ne tiendrait pas le coup, elle n'était plus un épouvantail mais un être de chair et de sang transperçable à souhait.
Non, son amie ne pouvait pas mourir ainsi, il ne le supporterai pas, c'était à lui de prendre des risques et s'il devait échouer, au moins aurait t-il servit à quelque chose. Quoi de plus beau que de donner sa vie pour quelqu'un qu'on aime ?
A la vie, à la mort...

Il se mit à courir vers le magasin comme Selene le lui avait demandé mais au dernier moment il bifurqua net, fonça vers les monstres de sable dont les lames frôlaient presque le visage de la jeune fille, les alpagua, une sous chaque bras... Dieu qu'elles étaient lourdes.
Il chancela sous le poids, se rattrapa de justesse, donna un coup de talon et s'envola.

Dans les airs, les poupées ne pesaient presque plus rien tant la vitesse était grande mais il n'eut pas le temps de s'en rendre compte, de même qu'il ne vit pas les marionnettes furieuses s'effilocher de partout tandis qu'elles tentaient d'enfoncer les ciseaux dans ses cuisses.
Eventrées, elle perdaient leur sable et se dégonflaient comme de vulgaires ballons de baudruches.
Une demi seconde plus tard, il les lâcha et les regarda s'effondrer mollement et pitoyablement sur un terrain vague.
Une seconde plus tard, il avait parcouru trois cents mètres et posa les pieds sur le sol.

Il aurait aimé pousser un ouf de soulagement et économiser la dernière charge de ses bottes mais la terreur l'assaillait encore.
Il avait beau avoir vu de ses yeux les mains armées se disloquer et tomber, il ne pouvait dégager son esprit de l'impression d'un come-back des deux furies qui telles des zombies s'approcheraient de lui avec leurs visages hideux pour l'agresser encore.
Il frappa des talons et une nouvelle fois fit un bond de trois cents autres mètres pour atterrir sur le banc en face de la mairie où le matin même de cette funeste journée Simon se faisait arrêter.

Il avait eu de la chance cette fois, l'endroit lui était sinistrement connu mais proche de l'animalerie donc de Selene qu'il rêvait de prendre dans ses bras.
Il faillit rire en se souvenant qu'ils avaient juste eu envie d'une pause-café ! Mais le coeur n'y était pas.
Il se leva et repris sa route, se pliant parfois en deux de douleur.
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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeJeu 22 Oct - 17:05

- NOOON !!

Selene était prête à se battre. Prête à affronter la mort en la regardant en face, en donnant chèrement – et fièrement – sa peau de voyageuse. Mais Anastasia en avait décidé autrement. Elle s’était vaillamment interposée et, avant que l’adolescente n’ait pu faire quoi que ce soit, avait emporté les poupées en un claquement de talon. La rouquine resta de longues secondes plantée sur place, son arme à moitié levée, ses yeux ternes fixant un point invisible. Elle ne réalisait pas le sacrifice de son aînée. Partie. En un battement de paupière.

La galloise aurait aimé être triste ou être terrorisée, mais rien ne venait. Sa pilule faisait toujours effet, elle se sentait simplement vide. Abandonnée par ses émotions, laissée seule à se battre contre son deuil. Les larmes et les cris lui auraient fait tellement de bien, mais elle était muette. Elle réalisait soudain comme elle était fiévreuse : elle avait la chair de poule, son corps tout entier semblait en feu, sa peau était d’une pâleur maladive. Le revers de la médaille. Sa bague était trop puissante et l’adolescente l’avait déjà utilisée deux fois aujourd’hui.

A pas incertains, elle retrouva le chemin de la boutique. Vendredi semblait l’attendre, avide de savoir ce qui se passait. En quelques mots, la toquée expliqua tout. La pause, la musique, les chimères, les claquements de talons… et avant même que l’employeur ne formule ses pensées à haute voix, Selene savait qu’elle ne pourrait plus travailler dans l’animalerie. Elle était trop faible, avait causé trop d’ennuis et ne saurait pas se concentrer alors qu’Anastasia était… non. Pas morte. Elle ne voulait pas y croire.

Les deux amies avaient œuvré 2h15, donc chacune reçu un salaire de 63,25 rubz. La galloise, après avoir rangé ses affaires, avait embarqué la bourse de son aînée. Quand elle la reverrait, elle la lui donnerait ; et si ça n’arrivait jamais… alors elle en ferait don à une association caritative dreamlandienne. Il devait bien y en avoir une. Un organisme pour que les rêves restent beaux… ce serait pas mal. Et ironique.  

Il restait alors une chose à régler. La dernière poupée, celle qui traquait l’adolescente au ralenti, engluée par la fiente de Cheddar. Selene était prête, la lame magique de son coupe-papier transformée en épée. Son bras tremblait de faiblesse, mais il ne lui fallut pas un gros effort pour dresser son arme et décapiter la chimère avant même qu’elle ne soit à portée de griffes. Jamais une victoire n’avait été aussi amère. Si seulement Anastasia pouvait la contacter par télépathie… ce serait la preuve qu’elle était encore en vie. Elle avait besoin d’un signe, quelque chose.

- Ana…

Sa voix était faible. Brisée. Il fallait qu’elle se repose de longues heures, sans quoi elle tournerait de l’œil. La rouquine allait partir quand elle aperçut, à quelques pas de l’animalerie qu’elle venait de quitter, une hotte abandonnée qui ressemblait à la sienne. A l’intérieur, un petit barda de voyageurs : batte de baseball, cadeaux de Noël, vivres, cigarettes et autres ustensiles plus ou moins reconnaissables. La jeune fille attendit un moment mais personne ne semblait venir réclamer ces propriétés. Certes, c’était mal de voler, mais si la personne à qui ces choses appartenaient ne revenait jamais ? Ou pas avant des centaines d’années, vu comme le temps entre ici et le monde réel était différent ?!

Elle était seule désormais, elle avait le droit de se servir ; rien ne serait de trop pour se protéger. Non sans un sentiment de culpabilité, elle emporta alors la hotte étrangère à bout de bras et s’éloigna enfin, à contrecœur, de son ancien lieu de travail. En vérité, elle n’alla pas loin : ses forces l’abandonnaient complètement, elle se réfugia dans un hôtel standard à deux rues de là. « Le lit du mage ». L’intérieur était sobre, presque désuet, bien que les lumières furent éclatantes et fraîches.  

Selene paya 50 rubz et s’eclipsa silencieusement dans la suite parfaitement ronde. Un silence magiquement et cruellement dénué de sentiments. Ses réflexions étaient brutes, logiques, épurées. Si Anastasia la contactait, il lui fallait un lieu de rendez-vous et un endroit où se reposer. C’était plus efficace que de courir aux quatre coins de la capitale gigantesque. Pour l’instant en tout cas. Plus tard, elle avisera. La rouquine n’eut qu’un regard pour la pièce propre et impeccable, retira ses chaussures et s’assit en tailleur sur le lit avec la hotte trouvée. Comme une enfant devant un trésor, elle se mit à en faire le tri pour choisir ce qu’elle pourrait garder. Dans tout ça d’ailleurs, certaines choses pourraient revenir à son aînée… si elle n’était pas…


=== HRP ===

Objets récupérés par Selene dans la hotte de Eve :

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeJeu 22 Oct - 22:12

Anastan était épuisé à cause du sang perdu, de la peur et du poids des poupées.
Son corps entier n'était que douleur et le chemin s'apparentait plus à un calvaire qu'à une promenade de santé. Même son cerveau était brumeux, il avait du mal à rassembler ses idées.
Il en avait marre de la vie; ici comme ailleurs, c'était partout pareil, il fallait toujours lutter, se battre, pour quoi faire ? Où était l'intérêt ?
S'il n' y avait pas eu Selene, il aurait tiré le rideau définitivement, sans un regret.

Il aperçut au loin le carrefour, théâtre de ces rencontres maudites  et tenta de presser le pas; il avait hâte de retrouver son amie tout en se demandant comment ils pourraient tenir le coup à l'animalerie jusqu'à vingt heures sans flancher.
Il était à mille lieues d'imaginer que l'adolescente pouvait s'inquiéter de son sort: le
dénouement, grâce à la vitesse vertigineuse de déplacement des bottes, avait été presque aisé, elle devait bien s'en douter.
Qui étaient ces poupées ? Et à qui obéissaient-elles ? Il faudrait qu'il lui demande, elle connaissait si bien Dreamland...
Arrivé sur place, il s'arrêta net devant la chimère décapitée. Y en avait-il d'autres comme celle-là ? Seraient-ils encore agressés ?
Une multitude de questions lui tournaient dans la tête tandis qu'il entamait d'un pas vacillant la rue du magasin.
Il avait hâte d'arriver, il avait mal, il avait soif, il voulait revoir Selene.

Enfin le pas de porte fut à sa portée. Il ferma un bref instant les yeux de soulagement, poussa le battant et pénétra dans l'échoppe.
Il s'attendait à aller incognito directement au vestiaire. Il s'attendait à ce que son amie soit  sur le seuil, il s'attendait surtout à être enfin seul mais non; cela non plus n'était pas envisageable dans ce monde fatal.
Les clients le toisaient avec un air écoeuré, Morgana le regardait comme s'il sortait tout droit de l'enfer et Vendredi accourait pour le réceptionner tandis qu'il tombait dans les pommes.

Une odeur piquante d'ammoniac le sortit de sa torpeur. Le patron au-dessus de lui, lui faisait respirer des sels l'exhortant à ne pas bouger et à rester calme.
La voix chaleureuse du petit homme lui fit du bien; il referma les yeux quelques instants.
Vendredi avait soulevé le tee-shirt et examinait la plaie d'un air soucieux.

Selene ? Articula Anastan dans un souffle.

Votre amie est partie, répondit tranquillement le patron. Elle a signé le papier de démission pour vous deux et j'ai cru bon de lui confier votre salaire.
Anastan se souleva d'un bond. Selene était partie ? Sans lui et sans l'attendre ? Pourquoi ?
Paniqué il demanda: elle est partie où ?
Je ne sais pas, elle ne m'a rien dit, peut-être dans un hôtel ? Répliqua le magicien avant de poursuivre:
C'était une bien vilaine blessure que vous avez là, si j'étais vous je filerai tout droit chez un médecin... N'oubliez pas votre sac au vestiaire et bonne chance ! Ajouta t-il en se dirigeant vers son bureau.

Anastan abasourdi se dirigea vers le placard dans un état second, rassembla ses affaires, ôta sa tenue professionnelle qu'il plia soigneusement, passa ses propres vêtements et prit la porte tel un automate.

Selene était partie sans rien dire... Elle lui en voulait de quelque chose et ne pouvait plus le voir...
Peut-être parce qu'il lui avait volé la victoire ? Elle avait tellement à coeur de le protéger, elle devait être vexée ou pire, fâchée à mort. Où plutôt à cause du coupe-papier ?
Il erra dans les rues comme une âme en peine pendant un temps infini tout en se disant qu'il était logique qu'elle soit partie: qui pouvait aimer quelqu'un comme lui jour après jour ?
Il se retrouva dans un parc au moment où le soleil amorçait sa descente, promettant un couché splendide qui ferait le bonheur des âmes romantiques.
Son âme à lui ne ressemblait à rien, il n'en avait plus. Son âme était Selene.
Son amie partie, il n'avait plus qu'à se fondre dans l'oubli en implorant la grande faucheuse de ne pas trop tarder en chemin.

Il s'effondra en larme sur le banc.
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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeVen 23 Oct - 18:07

Après son tri, Selene s’était assoupie. Recroquevillée comme une enfant fragile sous les couvertures, brisée par l’épuisement, fiévreuse, pâle, grelottante. Peut-être même était-elle malade ? C’était la première fois qu’elle utilisait sa bague deux fois dans la même journée, le contrecoup était horrible. Si elle avait pu rêver, ses songes auraient été remplis de poupées meurtrières, de musique d’enfant et de mort. Celle d’Anastasia, encore et encore. Mais elle ne pouvait pas, alors son sommeil fut vide, aussi réconfortant qu’un tableau noir ; vide et tout juste réparateur.

Quand elle ouvrit les yeux, la lumière rougeoyante du crépuscule faisait flamber ses rideaux. Toujours pas de nouvelles d’Anastasia et ses émotions n’étaient pas de retour. Elle se sentait faible et sa tête lui faisait mal, mais elle avait faim. Avec la lenteur d’une grippé alitée, la galloise piocha une boîte de viande séchée dans ses vivres et la cala entre ses talons, une fois assise en tailleur sur le lit. Même sans peur ou tristesse, elle avait envie d’être entourée de ses amis, alors elle avait attrapé carnet et crayon pour esquisser des épouvantails au sourire mélancolique.

Selene ne sut pas combien de temps fila ainsi. Elle avait noirci deux pages, vidé sa boîte de viande et se sentait légèrement mieux. La nuit était tombée, clair, illuminée par les lampadaires boursouflets. Il y avait encore de l’animation dans les rues et l’adolescente, bien qu’encore malade, avait envie de sortir prendre l’air. Cette fois, elle ne s’y laissa pas prendre : elle enfila son manteau hivernal, juste pour avoir une poche suffisamment grande pour y glisser son pistolet Cheddar.

Avec sa bourse considérablement bien fournie désormais, la toquée avait envie de faire un achat utile. Déambulant dans les rues, non sans regretter de ne pas avoir pris son écharpe, elle laissait ses yeux fatigués sauter d’une vitrine à l’autre. Elle ne voulait pas plus d’armes : elles appelaient la violence et les ennuis. Elle ne voulait pas non plus d’objet magique trop complexe. Elle n’avait pas faim. En fait, elle voulait oublier… oublier qu’elle avait perdu la meilleure de ses amies, et qu’elle n’avait pas la possibilité de la pleurer.

Alors, lentement, les émotions revinrent, comme un robinet qu’on parvenait enfin à ouvrir, et les larmes ruisselèrent en silence sur son visage blême. Pas de messages télépathiques depuis plusieurs heures… la dépendante affective devait être morte. Selene se mit à sangloter, seule sur le trottoir, telle une enfant qui avait perdu ses parents dans la foule. Morte. Elle imaginait son aînée charcutée par les chimères, sacrifiée pour qu’elle ait une chance de fuir les instruments d’un fou qui voulait les tuer. La peur mit plus de temps à revenir, la terreur de voir l’une des créatures surgir à nouveau maintenant qu’elle était isolée et affaiblie.

Malgré tout, elle voulait retrouver son amie. Son corps en tout cas ; pour être certaine, pour « le » voir. C’était la première fois qu’elle perdait quelqu’un de la sorte à Dreamland, c’était déchirant, beaucoup trop pour son âme d’adolescente. Qu’importe que ses jambes peinent à la porter, qu’importe que ça lui prenne la nuit entière… elle ratissera tout Gloutoniskaïa jusqu’à retrouver le cadavre de son aînée. Juste pour lui dire au revoir… et merci.

En retournant vers l’hôtel, la jeune fille aux joues inondées vit ce qu’elle n’avait pas vu à l’allée : un magasin spécialisé dans les sacs magiques. Ils avaient l’air d’une besace ordinaire, avec une bandoulière en tissu, mais ils étaient – selon les étiquettes – « à contenance infinie ». Ce serait pratique compte tenu de tout ce qu’elle trimbalait et bien moins encombrant que sa hotte en osier.

L’objet coûtait 1000 rubz, mais la toquée avait récemment trouvé un bon de réduction de 30% qu’elle ne s’était pas privée d’emporter. Réduit à 700 rubz, le prix de ce sac magique aggravait déjà moins son mal de crâne, alors elle paya sans ronchonner et retourna s’enfermer dans son nid provisoire. Sur son chemin, elle entendait des rires et des exclamations de joies, mais tout lui paraissait surfait. Comment les gens pouvaient-ils continuer à être heureux quand Anastasia était morte ? Quand une simple femme, gentille, aimante, dévouée et innocente, connaissait une fin atroce simplement pour avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. Simplement pour avoir été « une voyageuse ».

Selene pensait pouvoir aimer Dreamland, mais désormais, elle le détestait. Jamais elle n’avait haït quelqu’un, c’était un sentiment trop violent pour son cœur doux, mais ce qu’elle ressentait en cet instant, au-delà de la tristesse, ça y ressemblait. Le Marchand de Sable… s’il existait une organisation secrète vouée à le détruire, elle les trouverait et les aiderait. Quoiqu’il en coûte.
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Anastasia Waitten

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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeVen 23 Oct - 21:36

Toujours sur son banc, Anastan avait regardé le coucher du soleil d'un oeil morne.
Il ne pleurait plus simplement parce que son corps refusait de sécréter davantage de larmes mais le chagrin était resté intact. Le vide aussi; cette impression que sans son amie il sombrait dans le néant, inexorablement.
Il regarda les passants, ils semblaient heureux; pourquoi lui était-il impossible d'accéder à ce sentiment sans Selene ?

Une jeune femme le regarda avec instance. Il se leva; il ne voulait pas être vu, il voulait disparaître, le choix du square était une mauvaise idée, un terrain vague aurait été plus adéquat.
La plaie le faisait souffrir, qu'importe, il traîna ses pas ailleurs, n'importe où; oui, surtout n'importe où pourvu qu'il y soit seul.
Il marcha longtemps, la nuit tombait, les boursoufflets s'allumaient.
Les gens n'étaient plus que des ombres anonymes, pressés de rentrer chez eux.

Au bout d'un moment il pénétra dans un quartier pauvre et désert à cette heure.
Ici plus de maisons colorées mais de simples baraquements de béton ou de bois, miteux, tristes, à peine éclairés par une vulgaire ampoule jaunâtre qui pendait au dessus de la porte.
Au loin, des aboiements de chiens, là des miaulements et des feulements entrecoupés par le hurlement d'un bébé affamé; à ses pieds une route de cailloux et de terre parsemée de nids de poules, à sa droite une palissade.
Il s'en approcha et en fit le tour jusqu'à ce qu'il rencontre un trou suffisamment grand pour s'y glisser.
Il regarda autour de lui ce paysage désolé d'une ancienne usine désaffectée, au milieu d'un terrain en friche, sale, couvert de ronces et d'orties.
Enfin il avait trouvé son ultime demeure.
Ici personne ne se soucierait de lui et son cadavre n'aurait pas le temps de se décomposer, les animaux sauvages en feraient leur affaire !
Il s'installa au pied d'un tas de gravats et ferma les yeux, il était harassé.
La journée défila dans sa tête comme un film d'horreur, il crut entendre encore la musique infernale à tel point qu'il eut la sensation qu'une poupée tapie dans l'ombre allait surgir près de lui tel un diable hors de sa boîte.
Il rouvrit les yeux et vit filer un rat-serpent.
Instinctivement, il se pelotonna en chien de fusil. Ce fut la dernière vision dont il eut conscience: il s'endormit.

Quand il se réveilla la nuit était noire. Quelle heure pouvait-il être ?
Il haussa les épaules: quelle importance à présent...
Son corps était courbaturé mais dormir lui avait fait du bien, ses idées étaient plus claires.
Il extirpa tant bien que mal la bouteille d'eau de son sac, sa gorge était sèche à force de respirer les particules de vieux plâtre que le vent balayait.

Selene... Où était-elle et que faisait-elle ?
Le doux visage de son amie s'imposa dans son esprit comme une idée fixe. Il aurait donné tout l'or du monde pour se retrouver à ses côtés.
Pourquoi était-elle partie sans rien dire ? Sans même un mot d'explication ?
Qu'avait-il fait de si catastrophique ?
Il était si minable... Comme elle devait le détester !
Elle devait se sentir bien débarrassée et courir déjà vers d'autres amis ou à l'aéroport afin de mettre le plus de distance possible entre eux deux et retrouver Julian, pourquoi pas ?
La vision de l'adolescente installée dans un avion qui l'emmènerait à des milliers de kilomètres lui fut insupportable au point d'en attraper le tournis.
Non, il ne pas pouvait la laisser partir comme cela; pas sans une dernière explication.

Anastan se leva difficilement, remit son sac sur ses épaules et fit demi-tour.
Il retrouva le parc où seuls quelques amoureux restaient lovés sur les bancs, comptant les étoiles.
Les balais et autres tapis volants se faisaient rares et l'air était devenu frais.
Au bout d'un long moment il trouva enfin ce qu'il cherchait: un plan.
Un rapide coup d'oeil lui indiqua que l'aérogare était loin, à l'opposé même, ce qui signifiait encore une bonne heure de marche.
Il ne la rattraperait jamais. Quand il arriverait elle serait déjà partie pour une destination inconnue, loin de lui pour toujours...
Hagard, ne sachant plus que faire, il s'adossa à un arbre. Un hibou ulula lugubrement.
Devait-il aller tout de même jusque là-bas ou retourner en direction de l'animalerie ?
Le choix du magasin s'imposa à lui. Certes il serait fermé mais c'était moins loin et surtout, il était dans un quartier qu'il connaissait même si ce n'était qu'une bien piètre consolation.

Il se redressa et s'apprêtait à faire un pas quand il eut la sensation que son pantalon glissait le long de ses hanches.
Instinctivement il le remonta, se remit en marche et le manège recommença.
Furieux d'être obligé de porter attention à de vulgaires fringues il baissa les yeux et ne put que constater que la culotte de toile était devenue trop grande.
C'est alors qu'il comprit: il devait être minuit et la pilule ne faisait plus effet.
Il passa les mains dans ses cheveux et ses doigts s'accrochèrent dans un noeud caractéristique des tignasses longues qui n'avaient pas été brossées de la journée.

Anastasia eut l'agréable sensation d'être plus légère, plus elle-même mais le sentiment fut balayé très vite par une impression de grande fragilité et prit peur.
Elle était seule, de nuit dans un parc inconnu; tout et n'importe quoi pouvait lui arriver !
Elle accéléra l'allure, fermant son visage au regard qui oserait se poser sur elle et prit la direction de la boutique.
Enfin arrivée au croisement, le souvenir de ce qui s'était passé la paniqua au point qu'elle se cacha au coin d'un pas-de-porte.
Immobile dans le noir, elle repensa à son amie. Peut-être était elle tout près ? Peut-être accepterait-elle de lui parler un peu maintenant qu'elle était redevenue elle-même ?

Elle hésita.
Oserait-elle ?
Au risque de déranger Selene dans son sommeil ou dans un bonheur tout neuf ?
Serait-elle assez forte pour supporter de l'entendre dire que leur amitié était finie ?

Non...

Pour une raison obscure l'adolescente ne l'avait même pas attendue cinq minutes dans la boutique et s'était empressée de donner leur démission avant de disparaître sans même laisser un mot pour elle au patron; le message était clair: la jeune fille voulait reprendre sa liberté, son amie en avait marre d'une empotée comme elle, incapable de comprendre que dans une hotte dreamlandienne, ce qui a l'apparence d'un coupe-papier n'en est pas forcément un.

Non, elle n'allait pas imposer sa présence; elle n'était plus la bienvenue.
Il ne lui restait plus qu'à disparaître sur la pointe des pointes des pieds, hurlant en silence son amour pour Selene et le terrible, l'insoutenable chagrin de sa perte.
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Selene Nymphadora

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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeDim 25 Oct - 16:46

Assise sur le lit de son hôtel, la toquée sanglotait. Encore. Son ami de paille s’était matérialisé à ses côtés et caressait doucement ses cheveux roux. Il n’y avait pas de mots à échanger – pas de mots assez fort en tout cas. Tout était d’une logique imparable n’est-ce pas ? Il suffisait à Anastasia de la contacter par télépathie, elle lui disait où se retrouver, et voilà. Le silence de son amie était hurlant de vérité : elle était morte. Retrouvant une accalmie entre ses pleurs amers, Selene murmura :

- Il ne faut plus… que le Marchand de Sable puisse blesser les gens comme nous…
- Comment tu comptes faire ? s’inquiéta l’épouvantail, tu sais qu’il est omniprésent… il est plus qu’un Dieu, il « est » Dreamland. Tu l’as lu dans la bibliothèque de-
- Je sais ce que j’ai lu, coupa douloureusement la jeune fille, mais je suis sûr qu’il y a quelque chose à faire. Il ne peut pas… juste nous traquer, tous, et nous tuer, alors qu’on a rien fait !
- Les humains écrasent bien les araignées qui passent sous leur toit, argumenta son ami, elles n’ont rien fait non plus… ce que je veux dire, reprit l’épouvantail avec douceur avant que sa protégée ne rétorque, c’est que c’est la même chose. Le Marchand de Sable ne veut simplement pas des voyageurs chez lui, et la meilleure des solutions est peut-être de simplement ne plus revenir ?

La toquée resta muette. Était-ce possible ? Saurait-elle quitter le monde des rêves à tout jamais ? Surtout maintenant ? Pourrait-elle fuir l’endroit où elle avait connu sa meilleure amie et son premier amant à la fois ? Elle pourrait, dans l'absolu. Pourtant plus que d’une mission, elle se sentait investie du devoir de protéger ceux qui, comme elle, subissaient l’adversité. Anastasia ne l’avait pas aidée à devenir une femme pour qu’elle mette la tête dans le sable. Anastasia… impossible de croire en sa mort d’ailleurs. Selene s’essuya brusquement les yeux et dit d’une voix encore vibrante de sanglot :

- Je vais aller la chercher, voir si je retrouve son corps.

L’épouvantail ne dit rien mais ouvrit grand les bras pour accueillir l’adolescente en quête de réconfort. Plus encore que l’effet psychologique de cette étreinte, la rouquine se sentit réellement un peu remontée, comme si son ami avait eu le pouvoir de la rebooster un petit peu. Ce n’était pas grand-chose, elle était toujours malade, mais c’était ce petit coup de pouce qui réchauffait son cœur fragile. Au moins l’un des repères de sa vie restait immuable et inaliénable.

En fouillant dans ses affaires, la galloise retrouva son porte-clef Halloween vampire. Cette solution lui était apparue comme évidente : elle n’avait pas envie d’errer visiblement dans les rues, comme une orpheline perdue et décolorée ; et en plus, la voie des airs restaient plus pratique et plus rapide. Par un simple effort de volonté, elle activa le pouvoir contenu dans son porte-clef et recouvrit son vieux costume, cape, talons haut et bas en résille de rigueur. Désormais, elle craignait la lumière du soleil mais ça tombait bien : il faisait nuit. Avec ses mains d’une blancheur surnaturelle elle ouvrit la fenêtre et laissa l’air frais du soir s’engouffrer dans la pièce.

En se concentra, Selene réussit à provoquer l’effet bénéfique de son accoutrement. Elle se sentit rétrécir, se déformer, se couvrir de poils, et bientôt, une petite chauve-souris rousse voletait maladroitement dans la chambre d’hôtel. Il fallut de longues minutes à l’adolescente pour s’habituer à son nouveau corps et à ses nouveaux sens. La dernière fois qu’elle avait été changée en animal, mis à part le sortilège farceur qui l’avait transformée en écureuil, elle était en biche. Ça n’avait rien à voir.

Après plusieurs grands tours de la pièce, poussant des piaillements suraigus dont les échos compensaient magnifiquement sa vue pitoyable, la jeune fille s’aventura à l’extérieur. Sous cette forme, la nuit lui apparaissait presque chaude. Elle voyait mal, mais son système naturel d’écholocalisation lui permettait de découvrir la ville avec une précision stupéfiante. Chaque obstacle, chaque être vivant, elle percevait tout avec une acuité supérieure à tout ce qu’elle n’avait jamais connu.

Elle entama alors sa recherche. Minuscule chauve-souris survolant la métropole magique, elle furetait partout, les rues isolées, les squares, les parcs. Parfois, elle devait s’approcher si près pour identifier quelqu’un qu’elle manqua plusieurs fois de s’accrocher dans les cheveux de sorcières aux coiffures extravagantes. Malheureusement, la rouquine se sentit très vite extrêmement fébrile, ses battements d’ailes étaient épuisant, et chaque minute supplémentaire de recherche infructueuse lui donnait l’impression de mourir à petit feu. La ville était trop grande pour être explorée intégralement, elle n’avait aucune idée de la distance à laquelle son aînée pouvait avoir été projetée avec ses bottes, et son corps ne tiendrait pas la nuit entière.

Epuisée, Selene s’était accrochée la tête en bas sur la gouttière d’un bâtiment qui semblerait fait en biscuit. Jamais elle n’aurait cru que cette position pouvait être confortable. Elle entendait des enfants brailler des formules de sortilèges qui avaient au moins pour effet de déclencher des bruits de pétards assourdissant pour ses oreilles sensibles. Pourtant, elle voulait se reposer, encore quelques minutes… et repartir. Peut-être la voix d’Anastasia surgirait du néant ? Elle espérait encore…
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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeDim 25 Oct - 22:54

Toujours blottie dans le coin sombre du pas de porte Anastasia grelottait de froid, de souffrance physique, morale et surtout de peur.
Elle avait pourtant désiré plus d'une fois être seule mais cette nuit, Dreamland lui semblait des plus hostiles et Gloutonskaïa avait beau être une splendide ville enchanteresse elle ne faisait pas exception à ce ressenti.

Selene perdue elle voulait et elle allait mourir c'était certain mais comment ?
Elle serait trop lâche pour user d'un pistolet sur la tempe; d'ailleurs elle n'en avait pas et encore moins les moyens d'en acheter un.
La pendaison ? Rien que l'idée lui fit froid dans le dos. Le poison ne l'inspirait pas davantage.
Non.
Elle allait tout simplement cesser de s'alimenter. Ce genre de suicide lent était à sa portée.
Elle avait déjà entendu parler d'anorexie et savait qu'au bout d'un certain nombre de kilos perdus, sa vie serait en danger jusqu'au moment où il y aurait le point de non retour.
Cela tombait bien; depuis la veille elle n'avait rien mangé et même si son estomac criait famine, l'idée même d'avaler quelque chose de solide lui donnait la nausée.

Un élancement au niveau de la blessure la fit réagir. Elle n'allait pas non plus mourir nécrosée à partir du bas-ventre, elle ne s'en sentait pas le courage.
Lentement elle s'extirpa de l'encoignure réconfortante et dirigea ses pas vers le centre-ville où elle serait sûre de trouver une échoppe encore ouverte.
Elle n'eut pas long à marcher.
Elle entra, attrapa une trousse de soin lorgnant sur les objets de défense et de protection dont elle avait rêvé faire collection, tâta le tissus de la fameuse cape... A quoi bon à présent ? Elle savait en son for intérieur que si elle était agressée elle ne lutterai plus, elle avait perdu toute substance vitale.
Arrivée au rayon papeterie elle prit un cahier et un stylo. En attendant la mort elle écrirait.
Peut-être un jour l'adolescente tomberait-ele sur ses mémoires outre-tombe et y apprendrait qu'elle n'avait jamais cessé de l'aimer plus que tout au monde ?
Elle passa en caisse et ressortit, remontant pour la vingtième fois son pantalon trop large.

Elle aurait voulu entrer dans un café afin de jouir des toilettes pour se soigner et se changer, moyennant l'achat d'un breuvage chaud mais la vue du monde qui riait, parlait, festoyait à l'intérieur la fit changer d'avis. Le bonheur des autres lui était devenu insupportable.
Après un temps de réflexion et un profond soupir elle décida de prendre la direction de l'aéroport. Cela lui crevait le coeur mais que lui restait-il d'autre à faire ?
La route était longue.
Inconsciemment elle épiait chaque passant croyant reconnaître son amie à chaque instant, sursautant à la vue de la moindre chevelure rousse.
Au bout de quelques kilomètres, n'y tenant plus elle s'assit sur un banc: sa blessure la faisait vraiment trop souffrir, il fallait qu'elle se soigne, tant pis pour l'endroit intime et verrouillé.

Le tee-shirt collait tellement à la plaie qu'elle n'eut d'autre solution que prendre sa bouteille d'eau et d'asperger le tissus.
Puis elle tira dessus en gémissant de douleur.

Pink-Daddy a bien travaillé, elle s'est traînée tout le long de la blessure afin de l'aseptiser comme promis !

Anastasia baissa les yeux vers la trace gluante ou s'emmêlait le sang à demi coagulé, doutant de l'efficacité de la chose.
La limace poursuivit: Pink-Daddy t'aime très fort, elle ne veut pas que tu sois malheureuse.

Tais-toi. Répondit la jeune femme d'une voix lasse et éteinte. Laisse moi à présent, il n'y a plus rien à faire; va coller quelqu'un d'autre.

Non. Pink-Daddy ne t'abandonnera jamais, elle ! Lança cette dernière avec un air butté.
Anastasia ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel exaspérée, entreprit son pansage et reprit son pèlerinage forcé.
Elle passa devant un bâtiment étrange qui semblait fait de gâteaux et poursuivit sa route.
Des enfants jouant aux pétards magiques s'arrêtèrent un bref instant pour la dévisager avant de hurler de plus belle leurs incantations ludiques. Dans la bande, elle crut apercevoir une petite fille aux yeux noisettes et un sanglot la secoua.

Afin de se donner du courage, elle se mit à compter ses pas en chantonnant mentalement comme cette héroïne - d'un film qu'elle avait vu et adoré - qui traversait le couloir de la mort avant la chaise électrique...
Comme hypnotisée par cette litanie, elle arriva devant l'aéroport dans un état second.
Elle pénétra à l'intérieur et scruta les panneaux.
L'un d'entre eux indiquait un vol pour San Factody dans les quinze minutes suivantes; elle choisit cette destination non pour le temps qui restait à attendre mais pour le prix: ce ne devait pas être très loin car c'était le voyage le moins cher. Très peu de gens attendait là, à croire que c'était un trou perdu !
Cela tombait bien, c'était exactement ce qu'il lui fallait: un trou anonyme où s'enterrer.
Elle s'empressa d'aller aux toilettes pour se changer.
Quand elle ressortit, blouson sur les épaules, rubz à la main, une feuille de papier blanc plié en quatre tomba de sa poche.
Elle se baissa pour le ramasser, elle savait ce qu'il contenait; c'était le seul trésor qui lui restait.

Vide de toute réaction, elle rejoignit les trois ou quatre personnes qui faisaient la queue pour la même destination qu'elle.
Quand ce fut à son tour de demander le billet, elle ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit.
Ce fut plus fort qu'elle, comme si une puissance extérieure lui en intimait l'ordre, à la place elle se concentra et son cerveau ne fut plus que ce hurlement de douleur:

« Selene, pourquoi m'as-tu abandonnée ? »
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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeLun 26 Oct - 8:16

HRP : si tu as fait des courses Ana, n'oublie pas de mettre à jour ton topic bourse et sac à dos ainsi que ta feuille de personnage Wink

====

La tête en bas, cachée à l’ombre de la gouttière, elle devait s’être assoupie. Quand Selene rouvrit ses yeux de chauve-souris, il n’y avait plus de détonations, ni d’exclamations d’enfants. La nuit était plus silencieuse, bien que les rumeurs étouffées de commerces tardifs continuaient à s’élever ici et là. Est-ce qu’elle aurait la force de continuer à chercher ? Non. Elle aurait à peine la force de se porter jusque dans la chambre d’hôtel, elle était extenuée. Gonflée de tristesse, la rouquine s’envola, abattue, résignée. Au lever du jour, elle se rendrait au commissariat pour savoir si un corps mutilé n’avait pas été retrouvé dans les rues… c’était le moins qu’elle puisse faire avant de quitter cette ville, autrefois merveilleuse, qui était aujourd’hui devenue un tombeau.

La galloise mit un certain temps à retrouver son chemin. Bien que plus directe, la voie aérienne était aussi moins précise quand il s’agissait de suivre un itinéraire – en tout cas, ça l’était pour elle qui n’était chauve-souris qu’à temps partiel. Quand enfin elle passa au travers les rideaux de sa fenêtre qui dansaient au gré du vent, elle redevint immédiatement humaine et s’effondra sur le lit. Elle se sentait trop faible pour bouger, la toux qui secoua son corps frêle lui donna l’impression que ses poumons allaient se décrocher. Est-ce qu’elle était en train de mourir de chagrin ou bien d’une overdose de pouvoirs ? Aller savoir…

Mourir. Depuis qu’elle avait rencontré Anastasia, elle n’y avait plus pensé. Au contact de cette femme, elle avait appris la beauté des choses de la vie ; celles qu’elle ne connaissait pas encore mais qu’elle avait envie d’explorer. Selene n’avait plus envie de s’en aller et pourtant, allongée sur le dos, bras écartés et teint maladif, elle n’avait jamais été aussi prête à partir. Avec un peu de chance, une nouvelle poupée se glisserait dans sa chambre par la fenêtre ouverte et l’égorgerait dans son sommeil. Elle ne sentirait rien, elle…

- Ana ?!

L’adolescente s’était redressée si brusquement que la pièce fit un tour complet autour d’elle. Est-ce qu’elle avait rêvé ? Elle aurait juré entendre la voix de son aînée dans sa tête, comme lorsqu’elle utilisait ses pouvoirs. La rouquine n’osait pas être heureuse, mais c’était plus fort qu’elle. Un sourire luttait pour se tendre sur ses lèvres décolorées et elle répondit par télépathie :

- « Ana, c’est toi ?! »

A la réponse de son amie, Selene crut qu’elle allait s’évanouir de bonheur. Elle était vivante ! Pourquoi avait-elle mis si longtemps avant de l’appeler alors ? Oh les détails attendraient, l’important c’était qu’elle était vivante ! Des larmes de soulagements ruisselèrent sur les joues de la rouquine qui enfouit sa tête dans ses mains. Le poids du deuil, du désespoir et de la culpabilité s’envolaient. Tout son corps en était bouleversé.

- « Je ne t’ai pas abandonnée » expliqua-t-elle « je pensais que tu étais… je veux dire… tu es partie avec les poupées, sans armes, et tu ne m’as pas appelée ! J’ai… j’ai attendu que tu m’appelles par télépathie, je t’ai cherchée, mais la ville est trop grande, et… et… »

Même ses pensées étaient coupées par ses pleurs. Elle vit à peine que son costume d’Halloween avait laissé sa place à sa tenue techyoïte. Son épouvantail d’enfance s’était matérialisé à nouveau, veillant sur elle d’un air attendri, un sourire sur sa bouche tordue. Il caressait les cheveux de la jeune fille, prêt à l’enlacer si elle en avait besoin.

- « Reviens s’il te plait… tu me manques… je suis dans un hôtel, Le lit du mage ! Chambre 218. C’est pas très loin de l’animalerie : quand tu quittes la rue vers la droite, tu prends à gauche et c’est sur le même trottoir, trois intersections plus loin. »

Selene avait tout débité très très vite. Elle n’avait pas envie d’entendre son amie lui dire qu’en fait, elle ne revenait pas, ou bien qu’elle était captive, ou bien même qu’elle était déjà loin. Désormais, l’espoir qu’Anastasia franchisse prochainement la porte de sa chambre était son unique obsession, son unique désir. Ses résolutions attendraient, ses ambitions aussi. Pour l’heure, elle était une enfant qui avait peur d’être seule ; qui était trop triste pour être seule.

- « Viens s’il te plait… j’ai besoin de toi ! »

L’attente était longue, atroce. Pour ne pas s’endormir, la galloise s’était d’abord levée pour faire les cents pas. Ça ne faisait que faire monter son angoisse alors pour se calmer, elle attrapa son carnet pour esquisser son épouvantail d’enfance qui était toujours là et tentait de la dérider en prenant des poses absurdes. L’adolescente riait toujours mais les larmes semblaient intarissables. Une pilule de valium était apparue, elle la glissa dans sa « poche pharmacie ». Apaisée, elle avait fermé la fenêtre et s’était assise sur le lit pour attendre. Puis finalement elle s’était lovée au pied de son ami de paille, comme quand elle était petite. Enfin, après ce qui lui sembla être une éternité, quelqu’un frappa à la porte.

La personne qui ouvrit était une jeune fille blafarde, le visage inondé de larmes, des cernes maladives sous ses yeux rougis, l’air plus fragile que jamais. Pourtant, ses lèvres pâles et tremblantes s’étirèrent à l’infini en un sourire d’allégresse. Ensuite, son corps surmené déclara forfait. Un voile sombre s’abattit sur son monde, et elle perdit connaissance.
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Anastasia Waitten

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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeLun 26 Oct - 14:33

Selene ne répondait pas.
Il était évident maintenant que l'adolescente ne voulait plus entendre parler d'elle; elle avait eu tort de se laisser aller.
Décidée d'en finir une fois pour toutes dans l'endroit certainement le plus minable de Dreamland, vu l'état de vétusté de l'avion grisâtre qui attendait elle formula les premiers mots de sa requête à l'hôtesse.
Je voudrais un...

C'est alors qu'elle cru entendre son prénom, très bas, comme étouffé.
Elle suspendit son mouvement sous l'oeil de la caissière qui commençait à s'impatienter, lançant d'une voix empreinte d'amabilité forcée: Oui, vous désirez ?
Puis cela recommença suivit d'un flot de paroles rapides, entrecoupées de sanglots.

Selene ! Murmura t-elle sous le coup de l'émotion mais son pouvoir avait cessé.
Je n'ai pas bien compris votre demande, voulez-vous bien répéter ? Demanda la femme au guichet comme qui s'adresserait à un débile mental.
Euh, non pardon; c'est une erreur... je ne veux rien, balbutia Anastasia avant de tourner les talons.
Elle n'était pas sûre d'avoir tout assimilé mais elle avait bien entendu son amie déclarer qu'elle ne l'avait pas abandonné et surtout, elle avait enregistré l'adresse du « Lit au Mage » ainsi que le numéro de chambre.
Oh Selene, je t'aime, je t'aime ! Articula t-elle au comble du bonheur.
Ah, merci ! Pink-Daddy t'aime beaucoup aussi ! Répondit le gastéropode auquel la jeune femme ne prêta aucune attention.

Si elle avait pu avoir des ailes...
A la place elle ne possédait que deux jambes en coton qui peinaient à la porter, une douleur lancinante au ventre et... Plus d'une heure de route.
Elle entama le long chemin en psalmodiant comme à l'aller un nombre et un seul afin de se donner du courage: Chambre 218... Chambre 218...
La nuit était noire et étoilée.
Elle quitta l'effervescence bruyante de l'aéroport, passa les stands où elle avaient fait quelques achats un temps plus tôt, main dans la main et se retrouva dans les rues désertes où même les maisons semblaient dormir derrière leurs volets clos.
Le retour fut pénible avec un corps qui ne voulait plus avancer et un esprit qui ne rêvait que d'une chose: arriver le plus vite possible.
Elle longea à nouveau la maison semblant faite de biscuits. Il n'y avait plus d'enfant, le silence avait repris ses droits. Seuls quelques menus morceaux de papiers de bonbons scintillants jonchaient le sol, voletant deci-delà au gré de la brise. La petite filles devait avoir fermé ses jolis yeux noisettes; rêvait-elle ?

Une rue remplaçait l'autre. Anastasia ne regardait plus le paysage.
« J'ai besoin de toi » avait dit l'adolescente... Et elle donc !
Elle se surpris à rêver de leur voyage ensemble. Quelle serait leur prochaine destination ? La mer ? La montagne ? Une autre ville ? Ou peut-être Gloutoniskaïa encore, elles étaient loin d'y avoir tout découvert, elles avaient été tellement funestement dérangées.
Elle se souvint qu'il faudrait demander à Selene des précisions sur ces poupées, après un bonne nuit de sommeil dans les bras l'une de l'autre.
Enfin elle retrouva le carrefour maudit. Elle pressa le pas, l'oeil aux aguets: elle ne voulait plus mourir à présent et avait retrouvé ses instincts de survie.
Elle prit la rue de l'animalerie, se souvint du vieux monsieur qui avait dû l'attendre à 20h00... Pourquoi voulait-il la voir et qu'aurait-il eu à lui dire ? Elle ne saurait jamais.

Elle se concentra: « quitter la rue à droite... Oui mais ici ? Ou là ? »
Elle choisit « ici », déboucha dans un cul de sac et fit demi-tour dépitée par son manque de jugeotte.
Elle entama le « là », circonspecte, aperçut la rue qu'il fallait prendre à gauche... Rien.
Qu'avait dit Selene ?
« tu prends à gauche et c'est sur le même trottoir ». Quel dédale ! Son pas se fit plus nerveux, elle n'allait pas se perdre aussi près du but tout de même !
Au bout d'un quart d'heure de recherches elle arriva enfin au pied de l'hôtel en question, pénétra dans le hall où elle fut accueillit par un veilleur de nuit qui somnolait la tête enfouie dans ses bras croisés sur le comptoir.
Elle s'apprêtait à passer incognito mais fut hélée par l'homme.
Je suis dans la même chambre que Selene Nymphadora, le numéro 218, l'informa t-elle et sans attendre de réponse, emprunta les escaliers.

Face à la porte son coeur battait tant la chamade qu'elle mit quelques secondes avant d'oser frapper de quelques coups incertains.
Quand le battant s'ouvrit, le spectacle qui s'offrit à elle la chavira: Selene était là, si faible, si menue, les yeux tellement innondés de larmes qu'on aurait dit une enfant de dix ans à peine qui aurait perdu son jouet le plus précieux.
Anastasia eut juste le temps d'ouvrir les bras, pour recevoir le corps de la jeune fille qui se dérobait.
Elle s'empressa de l'allonger au sol, sa blessure ne lui permettant pas de la porter, ferma les huis et tâta le front de son amie: elle était brûlante de fièvre.
Elle courut dans la salle d'eau, mouilla une serviette et baigna le visage de son amie afin de la rafraîchir.
Quand l'adolescente ouvrit péniblement les yeux, la jeune femme l'accueillit avec un sourire de tendresse, l'aida à se relever et à s'allonger.
Elle la déshabilla afin que la transpiration maladive ne se refroidisse pas sur ce corps surchauffé, rabattit le drap de coton afin de la protéger, s'installa à côté d'elle et caressa ses cheveux.
Tu es malade; reposes-toi, tout va bien, je suis là maintenant. On parlera plus tard si tu veux.

Elle fouilla dans sa trousse de soin, se releva pour aller remplir d'eau le verre à dents et le tendit à son amie avec un comprimé du style analgésique, anti-douleur, anti-fièvre.
Cela te fera du bien et t'aidera à t'endormir. Avec un peu de chance tu iras mieux demain, sinon j'irai à la pharmacie.

HRP: oui, j'ai bien pensé à noter les dépenses dans bourses et sac à dos mais pas mes achats dans la liste ! Je le ferai dès que possible. (Je n'oublierai pas non plus d'ôter 1 soin à ma trousse !)
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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeLun 26 Oct - 19:19

Selene rouvrit difficilement les yeux. Elle voyait flou, mais distinguait que son amie avait retrouvé ses traits de femme : ceux qu’elle préférait. Comme une enfant prise en faute, elle eut un petit sourire et se laissa mettre au lit sans émettre de résistance. Sa mère était de retour et elle lui avait manqué. Tremblante de fièvre, en sous-vêtement sous la couette, elle accepta de prendre le comprimé et se rallongea. Il y avait des tas de choses qu’elle voulait dire, mais plus aucun son ne voudrait franchir ses lèvres. Elle n’en avait pas la force. Seule l’une de ses mains avait trouvé les ressources nécessaires pour s’agripper au tissu des vêtements trop grands d’Anastasia. Une étreinte désespérée, terrorisée à l’idée qu’elle ne soit qu’une illusion. Puis elle s’endormit. Un sommeil lourd et sans rêve, réparateur.

Il était tard quand elle s’éveilla. Son aînée dormait à point fermés à ses côtés ; elle aussi devait en avoir beaucoup à récupérer. La galloise se sentait mieux. Encore un peu fébrile, mais le gros du malaise était passée. A petit pas, elle se glissa hors des draps et s’isola dans la salle de main. Une unique pensée, heureuse, trottait dans sa tête quand elle s’attaquait à son reflet désastreux dans la glace : Anastasia était revenue, elle n’était pas morte !

Après une séance WC, elle profita longuement de la douche. Revigorée par l’eau chaude, l’adolescente s’emmitoufla dans un grand peignoir blanc, se brossa les dents, sécha ses cheveux et se peigna. Une fois cela fait, elle se passa un peu de rouge à lèvre carmin. A l’occasion, elle s’achèterait un kit de maquillage plus élaboré d’ailleurs. Maintenant qu’elle était habituée à Dreamland et qu’elle n’était plus ni une esclave, ni une fugitive, peut-être pouvait-elle s’offrir un peu de confort cosmétique ?

Dessous propres, combinaison bleu nuit étoilée, rangers, et elle était prête. De retour dans la chambre, Selene constata qu’Anastasia dormait toujours. Soucieuse de ne pas la réveiller, elle récupéra discrètement sa bourse et descendit à l’accueil de l’hôtel. Dans le restaurant interne, elle put se procurer un plateau avec un café, un chocolat chaud et quatre croissants en l’échange de 18 rubz. Elle remonta alors dans la chambre, posa son petit déjeuner sur la petite table mise à disposition et s’approcha de la fenêtre. Plutôt que de réveiller brusquement la trentenaire, elle écarta les rideaux et ouvrit, pour aérer un peu la pièce.

Il faisait gris. Une lumière métallique inondait désormais la pièce, mais le visage maussade des nuages ne suffisaient pas à nuire au bonheur de la galloise. Elle se pencha alors sur la dépendante affective et caressa doucement ses cheveux pour la faire revenir à elle.

- Ana… j’ai apporté le petit déjeuner.

L’adolescente dut attendre une longue minute que son amie émerge. C’était presque à regret qu’elle la tirait du sommeil mais malheureusement, la chambre devait être rendue au plus tard à 13h. Si elles voulaient avoir le temps de préparer leur avenir proche, il fallait que la grasse matinée soit abrégée. Quand les yeux d’Anastasia furent ouverts, Selene lui sourit avec candeur.

- Bonjour ! On a des croissants et des boissons chaudes. Je pense que les viennoiseries sont du matin, elles ont l’air vraiment bonnes.

Elle recula pour laisser à son aînée toute la place nécessaire pour se redresser et être libre de ses mouvements. Tournée vers la fenêtre, ses orbes noisette exploraient le ciel pâle comme si un message s’y cachait. Bien que son euphorie, et son malaise, avait temporairement mis fin à ses projets, la toquée n’avait pas oublié son souhait de s’impliquer dans un plan – quel qu’il soit – pour préserver les voyageurs du Marchand de Sable. Elle avait compris désormais : ses semblables ne pourraient jamais s’intégrer, ils seraient éternellement traqués, par le monde en lui-même, si ce n’était pas par ses habitants…

- On avait parlé d’aller à la plage non ? lança-t-elle brusquement, sérieuse, j’irai bien au nord-est… sur la côte, proche de Kephren. Elle se tourna, l’expression résignée de son visage à mille lieux de celle d’une enfant, quand j’ai cru que tu étais… morte… je me suis dit que ça ne pouvait plus durer ; j’ai eu envie de faire quelque chose pour que les gens comme nous soient en sécurité. Je pense qu’il faut commencer par en savoir plus sur le Marchand de Sable que « c’est un dieu omniprésent ».

Elle se mordit la lèvre. Peut-être était-elle suicidaire ? Peut-être… mais après ce qui s’était passé, elle n’était plus capable de profiter sereinement de la vie en sachant que, à chaque instant, d’autres voyageurs mourraient sans doute ; et qu’un jour, « il » la trouverait, encore.

- Je me suis dit que si on se rapproche de Kephren, on aura peut-être l’occasion d’avoir plus d’informations… je suis presque que sûre que la mer de sable a une position centrale pour « lui », il doit bien rester au moins de vieilles légendes qui circulent si on s’approche… ce sera peut-être dangereux, précisa soudainement Selene, on est pas obligées.
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Anastasia Waitten

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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeMar 27 Oct - 16:20

Selene eut tôt fait de s'endormir comme une masse.
Tout en continuant de caresser les cheveux de l'adolescente enfin retrouvée Anastasia émit l'hypothèse qu'il y avait certainement eu une très fâcheuse confusion de leur part, pour en être arrivées là et se jura de contacter mentalement son amie, quoiqu'il arrive à l'avenir tant elle s'était rendue compte qu'elle ne pouvait plus vivre sans elle, tant leurs larmes réciproques avaient finalement été bien inutiles !

Les mains en tenaille de Selene sur ses vêtements se relâchèrent.
Anastasia en profita pour aller doucement dans la salle de bain: elle ne pourrait pas dormir dans cet état.
Elle n'osa pas regarder son reflet dans le miroir, elle se doutait de la catastrophe; se déshabilla, contempla avec horreur les méandres sinueux de bave visqueuse laissés par Pink-Daddy et fila sous la douche où elle abusa de l'eau chaude.
Elle n'osa pas utiliser le sèche-cheveux de crainte de réveiller la jeune fille, tressa juste une natte afin que sa chevelure ne s'emmêle pas, se brossa les dents, se coucha et s'endormit instantanément.

Elle fut réveillée par une vague odeur de boissons chaudes mais se sentait incapable d'ouvrir les yeux ni de bouger. Elle était fourbue comme si elle n'avait dormi que deux heures, son corps n'était que courbatures, un marteau avait dû se loger dans son crâne et la blessure lui faisait mal.
Quand elle sentit la main de son amie dans ses cheveux, elle émit un petit gémissement signifiant « laisse moi encore un peu de temps » mais la phrase de Selene et l'odeur du café eurent raison de sa léthargie.
Elle s'étira précautionneusement, lança un Bonjour chaleureux à l'adolescente en retour et posa les yeux sur le plateau:
comme c'est gentil, merci ! Mais il faudra que je rembourse ma part et que je te donne les 25 rubz pour la chambre, il n'y a pas de raison que ce soit toi qui paye tout ! Dit-elle en souriant.
Elle sirota le breuvage avec plaisir mais bouda les croissants.
Elle avait une faim de loup, les viennoiseries sentaient bon mais il lui semblait impossible d'avaler une bouchée pour le moment. Les terribles aventures de la veille lui avaient noué l'estomac.
Afin de ne pas les perdre, elle rangea sa part dans son sac; on ne savait jamais ce qui pourrait arriver à Dreamland, elle avait appris à se méfier; il ne manquerait plus qu'elles tombent dans un endroit où la nourriture serait quasi inexistante !
Quand la tasse fut vide, elle jeta un coup d'oeil vers la fenêtre où Selene semblait songeuse et s'aperçut qu'il ne faisait pas beau; le ciel était gris et menaçait de pleuvoir.
Elle se leva mais la phrase de la jeune fille la laissa scotchée sur place: la plage ? La côte nord-est ? Le road-trip était repartit alors, quelle bonne idée ! Mais la suite la fit pâlir.

Tu... Tu croyais que j'étais morte ? C'est pour cela alors que... Comme j'ai été stupide ! Je croyais que tu m'en voulais tellement pour ma fuite avec les bottes ou à cause du coupe papier que tu ne voulais plus jamais me revoir... Je pensais que tu ne m'aimais plus et je n'ai pas osé de contacter; je suis désolée... C'est la démission que tu as posée si vite qui m'a fait penser cela....

Toutefois, plus assurée elle continua:
Pour ce qui est du Marchand de Sable, tu as raison et comme je ne crois pas en Dieu, je suis persuadée que derrière cette image ou cette auto-proclamation, il y a quelqu'un de chair et de sang qui joue à nous harceler, à nous faire souffrir et à nous tuer; pourquoi ?
Après un temps de silence elle ajouta:
les poupées remplies de sable, c'était une idée à lui ?

Ce souvenir et l'hypothèse de danger soulevé par Selene lui glaça le sang; elle était courageuse mais pas téméraire.

Aurons-nous assez de pouvoirs pour affronter quoi que soit ? Je n'ai même plus de charges dans mes bottes et trop peu d'argent pour acheter des objets vraiment efficaces, ils sont  si chers... N'allons-nous pas risquer nos vies pour rien ?


Anastasia était tiraillée par l'envie d'agir plutôt que continuer à subir et la peur qui la rongeait.
Enfin, n'y tenant plus elle déclara: je suis d'accord, partons vers Kephren, on verra bien.
Une chose est sûr, c'est que j'en ai marre que ce dieu de pacotille nous pourrisse la vie, et que nous restions là sans faire à pleurer sur cette fatalité !


Elle était décidée, elles iraient en croisade toutes les deux.
Elle attrapa son sac, sortit du linge propre, sa trousse de toilette et se dirigea vers la salle de bain.
Elle ne s'y éterniserait pas cette fois, il était tard et elle avait hâte de partir.

Quand elle ressortit, elle s'empressa de ranger ses affaires, sortit de sa poche de blouson 34 rubz pour la chambre et le petit-déjeûner et les tendit à Selene.
Elle était prête !
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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeMar 27 Oct - 19:49

- A lui, ou à quelqu’un qui est à ses ordres, répondit Selene à la question de son amie sur la provenance des poupées, ce n’était pas sa voix.

Il n’était pas seul. Le Marchand de Sable n’était pas seul, alors combien de vassaux avait-il à son service ? Combien d’êtres puissants étaient prêts à utiliser leurs facultés pour tuer en son nom ? La galloise ne dit rien, mais elle ne pensait pas que leur bourreau était fait de chair et de sang. Il « était » Dreamland, donc il était plus proche du dieu démiurge que du sorcier surpuissant. Néanmoins, il existait peut-être une faille ; une manière que les voyageurs échappent à son regard, ou bien de l’enfermer à nouveau dans un sommeil prolongé. C’était une mission immense, si immense qu’elle se sentait infiniment petite, mais si personne ne se lançait, rien ne bougerait, n’est-ce pas ? Anastasia était douloureusement réaliste en soulignant que ni leurs pouvoirs, ni leur équipement, n’étaient infaillible. Avec un mince sourire qui se voulait encourageant, l’adolescente rétorqua :

- J’espère que ce qu’on sait faire suffira. Je n’ai pas l’intention d’aller le provoquer en duel ! Je veux simplement fouiner un peu. Entendre ses légendes, ses histoires, retrouver des bibelots, des reliques, des écrits, des cultes… n’importe quoi qui nous aiderait à mieux le connaître. Peut-être qu’en le connaissant mieux on luttera mieux… ce n’est pas très concret pour moi non plus, avoua-t-elle.

Malgré ses doutes, elle était heureuse que son aînée soit favorable à ce voyage, et leur incompréhension de la veille était déjà oubliée. Le bonheur de revoir Anastasia vivante avait balayé d’avance tout autre ressentiment. En baissant les yeux sur le ventre de la dépendante affective, la blessure soignée fit grimacer la jeune fille. Il allait vraiment falloir faire profil bas : la trentenaire n’était pas en état de se battre dans les prochains jours. Ses yeux noisette la suivirent jusque dans la salle de bain, puis elle s’attaqua finalement à ses croissants et à son chocolat chaud.

Etait-ce une mauvaise idée ? Non. Elle ne voulait plus être naïve, ni une trouillarde. Elle avait admiré certaines personnes qu’elle avait croisées pour leur courage, des personnes derrière lesquelles elle s’était lâchement cachée. C’était finalement l’image qu’elle avait renvoyé : celle d’une pleurnicheuse qui subissait son destin. Mais la guerre, Elipse et Anastasia l’avaient changée. Aucune quête n’était vaine et son instinct l’appelait proche de la mer des sables.

Selene achevait son petit déjeuner quand son aînée sortit de la salle de bain pour lui tendre 34 rubz. Avec un petit rire, elle secoua négativement la tête et passa la langue sur ses dents avant de lui dire :

- Non non, garde ton argent. Par contre…, ce fut à son tour de fouiller son sac neuf pour en retirer sa bourse, tiens ! Ton salaire. Elle désigna d’une main la hotte trouvé dans laquelle il restait encore un bon lot d‘objets, tu peux aussi te servir là dedans. J’ai trouvé cette hotte dans la rue… elle a dut être égarée. Avec le voyage qu’on s’apprête à faire, tous les coups de pouces sont bons à prendre.

Pendant qu’Anastasia faisait son marché, l’adolescente fila rapidement remplir sa gourde d’eau et mit son sac à contenance invisible en bandoulière. C’était indéniablement plus pratique et moins lourd ! C’était un vraiment plaisir de ne plus se sentir comme un dromadaire paré pour la traversée du désert. Avec un vague sentiment mélancolique, elle abandonna sa hotte dans la chambre d’hôtel… ça servira bien à quelqu’un qui en héritera. Après le petit déjeuner, elle avait presque retrouvé toutes ses couleurs ; il suffirait de s’abstenir d’utiliser sa bague quelques jours et sa santé serait épargnée. Une fois son aînée prête à quitter les lieux, la rouquine ouvrit la porte tout en lui disant :

- Si tu veux, on peut faire une halte sur le marché pour acheter ce dont on pourrait avoir besoin. Vivres, gourdes, recharges magiques, éventuellement quelques bricoles utilitaires… on ne sait pas ce qui nous attend, ni si on pourrait faire le plein là-bas. La région de Kephren n’est pas connue pour son hospitalité, ni sa richesse. D’ailleurs, ajouta-t-elle rapidement, il faudra être discrètes là-bas. Même si je ne vise pas Kephren même mais les villages côtiers, je ne suis pas sûre que les voyageurs soient les bienvenus là-bas… moins on se révèle, mieux on se portera.

==== HRP =====

Pour les objets à récupérer Ana, regarde le post de Eve dans bourse et sac à dos. Ceux qui ont été mis en rouge sont ceux que Selene a déjà récupéré. Pour tous les autres, ils sont disponibles mais dans le doute, fais-moi ta liste par mp pour que je valide bien que tout est dispo (on ne sait jamais).
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Anastasia Waitten

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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeMar 27 Oct - 22:11

Ainsi Selene avait déjà entendu la voix du Marchand de Sable et il avait des sbires... Etaient-ils nombreux et puissants ?
Cette information laissa Anastasia songeuse mais quand son amie ajouta qu'elles ne feraient en prime abord qu'un travail de recherches elle fut rassurée et répondit:
Oui, tu as raison, il faut d'abord essayer de le connaître, chercher à savoir pourquoi il nous voit comme des ennemis. Et puis, qui sait, peut-être qu'on finirait par le comprendre et l'aimer ? peut-être que finalement, il finirait par nous aimer aussi ?
La haine vient tellement souvent de l'ignorance, en fait.


La jeune femme remercia son amie pour le cadeau de la chambre et du petit-déjeuner et l'embrassa tendrement.
Quelle ne fut pas sa surprise de la voir aussi sortir son salaire ! Avec tout cela, elle en avait oublié qu'elle avait travaillé et 63,25 rubz étaient toujours bons à prendre !
Elle se dirigea ensuite vers la hotte indiquée et fouilla.
Il y avait beaucoup de choses; certaines seraient utiles, comme cette lampe torche par exemple. En prenant l'objet elle ne pu s'empêcher de penser à la guerre et à Edem; s'ils avaient pu au moins avoir cela... Mais qui aurait pu prévoir ?
Ses mouvements se ralentirent. Tout en détaillant les objets, y compris les moins utiles comme cette boule de Noël ou la robe de princesse, une idée germa dans sa tête.
Elle se tourna vers l'adolescente et lança hésitante:
Et si on emportait tout ?
Voyant la jeune fille ouvrir de grands yeux elle expliqua:
les babioles seraient certainement difficiles à revendre mais à offrir ? Ou à échanger contre l'histoire d'une légende ou un petit renseignement par exemple ?
Tu vois ces cigarettes, on ne fume pas mais j'ai déjà remarqué qu'en offrir une à un fumeur créait des liens sociaux comme le fait d'offrir un café par exemple...
Vu sous cet angle, je me demande si tous les objets n'ont pas une utilité finalement.

Elle se prit à imaginer donner la robe de princesse à une petite fille qui la regarderait avec des yeux émerveillés, ou le ukulélé à un musicien qui s'empresserait de leur jouer une ritournelle sourire aux lèvres.
C'était aussi peut-être de cela que manquait Dreamland pour aller bien: la générosité.

Sa décision était prise. Elle mit son sac à dos dans la hotte, s'empressa de suivre l'exemple de l'adolescente en remplissant sa bouteille d'eau au robinet et au moment de sortir accepta l'idée d'aller sur le marché.

Dehors le ciel était toujours aussi gris mais il ne pleuvait pas et l'air était doux, un peu lourd même.
D'un pas léger – tout de même alourdi par le poids de la hotte trouvée – main dans la main avec son amie, elle se dirigea vers les étals.
D'abord elle lorgna vers les oranges, elle avait envie de fruits et celles-là étaient certainement pleines de vitamines, elles en auraient sûrement besoin !
Elle choisit les quatre plus belles et paya la somme demandée, à savoir: 4 rubz.
Tout en ayant soin de ne pas perdre l'adolescente du vue, elle se dirigea vers les objets magiques.
Après avoir tout détaillé avec un air d'envie pour chaque chose elle se décida pour un petit bloc mana d'une charge pour ses bottes. C'était peu mais elle ferait attention; ces chausses lui avaient été d'un tel secours pour les poupées qu'elle avait l'impression qu'elle ne pourrait plus s'en passer !
Afin d'en connaître l'utilisation, elle lut la notice mais à son grand regret elle comprit qu'elle ne pourrait pas l'utiliser, il lui faudrait un 3 charges.
Avec un soupir elle reposa le bloc; elle n'avait pas assez d'argent pour un plus gros.

Elle prit entre ses doigts le deuxième objet convoité. La fiole était jolie, le nom aussi: philtre d'amour... Selene lui avait dit que les habitants de Kephren et environs étaient hostiles, que le Marchand de Sable les détestaient... Cette potion était donc indispensable !
Au moment de régler la somme, elle sortit son bon de réduction de 45 pour cent sur un objet, le fit valoir sur le philtre et tendit les 67,5 rubz demandés.
Sourire aux lèvres, elle arrêta là ses folies: la bourse avait fondue comme neige au soleil !
Elle montra ses achats à la jeune fille, détailla les siens et demanda:
on se dirige vers l'aéroport maintenant ou est-ce que tu veux faire autre chose avant ?

----
HRP: je noterai demain mes achats, etc... Sleep


Dernière édition par Anastasia Waitten le Mer 28 Oct - 7:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeMer 28 Oct - 0:06

A l’idée de tout emporter, Selene haussa les épaules. Elle n’avait pas d’objections à opposer, bien qu’elle ne croie qu’à moitié en l’espoir social qu’accordait Anastasia à la plupart des babioles. La rouquine connaissait l’acariâtreté des Dreamlandiens les plus intraitables : en cas de conflit, on ne les amadouait pas avec des cigarettes, ou des instruments de musiques. Pourtant, l’optimisme de son aînée ne faisait que renforcer sa détermination : il fallait avoir ce genre d’état d’esprit pour faire ce qu’elles s’apprêtaient à faire. Croire en l’impossible… même à l’idée que le Marchand de Sable puisse renoncer à son épuration.

Rejetant sa crinière flamboyante dans son dos, elle quitte la chambre d’hôtel, plus déterminée qu’elle ne l’avait été depuis longtemps. Dehors, l’air était lourd, gorgé d’une chaleur que les nuages metalliques privaient de lumière. Un temps qui annonçait un orage en réalité. Il ne fallut pas longtemps pour rejoindre le grand marché qui faisait la fierté de Gloutoniskaïa. Etalé au pied de la tour de la Gourmandise, les marchands s’en donnaient à cœur joie, clamant leurs prix compétitifs pour les articles basiques ou magique. Bien qu’elle se sente déjà suffisamment équipée, la galloise fureta entre les amoncellements de produits pour compléter ses acquisitions.

Déjà, un petit bloc de mana était indispensable pour recharger sa fidèle Dame Blanche. Ensuite, Elle copia son amie et acquit, avec un bon de 50% de réduction, un philtre d’amour. Elle craqua aussi pour sa propre paire de Bottes de sept lieux, toujours utile si elle souhaitait déguerpir en extrême urgence, et un turban couleur écru qui ne serait pas de trop en terres arides. Mais sa plus belle trouvaille, fut une pick-potion. La bourse plus légère, l’adolescente se tourna vers Anastasia qui la devança en demandant si elles devaient prendre la direction de l’aéroport.

- On peut, on a pas mal de temps à march-
- Mademoiselle ! Mademoiselle !

Le vendeur qui lui avait procuré ses bottes de 7 lieux venait de la rattraper, deux pochettes cartonnées entre les mains.

- Vous avez acheté ma dernière paire, alors vous avez droit à une offre promotionnelle de mon partenaire.
- Oh, fit la jeune fille surprise, merci beaucoup.

Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir deux billets de drag’car longue distance, vers l’une des métropoles de Dreamland au choix. Effectivement, il ne devait pas y avoir d’avion, ni rien qui possède un moteur, en mesure d’atterrir autour de Kephren. Un voyage par vol de dragon restait l’alternative la plus pertinente. Tendant à Anastasia son billet, Selene lui mit également sa pick-potion sous le nez pour lui expliquer :

- Pas mal hein ! Elle avait l’air malicieux d’un enfant qui présentait un trésor, avec ça, tu pourras utiliser un de mes pouvoirs. Bon c’est un peu dégoutant, faut que je crache dedans… mais si je peux, par exemple, te prêter ma faculté à me transformer en épouvantail, tu serais aussi protégée que moi contre les agressions physiques en cas de danger.

Elle rangea précautionneusement ses potions et en profita pour sortir de son sac les lunevolutives trouvées dans la hotte abandonnée. Elles avaient l’air d’être bien plus que de simples lunettes de soleil, la toquée aimerait bien percer leur mystère et profiterait bien de leur longue marche jusqu’à l’aéroport gloutoniskaïen pour y parvenir. Maintenant que leur escapade se concrétisait, la galloise songea qu’il serait également juste qu’elle et Anastasia soient à informations égales sur leur sujet. En suivant alors d’élégants panneaux qui désignaient la direction de leur destination, non sans avoir joué des coudes pour s’extirper des foules consommant inlassablement au marché, elle se lança dans un résumé complet de ses connaissances :

- Pour que tu saches… on s’aventure vraiment sur un terrain abstrait. Il y a très très peu d’informations publiques sur le Marchand de Sables. Ça faisait tellement longtemps qu’il était en sommeil qu’il est devenu une légende pour tout le monde. On suppose même qu’il se soit lui-même laissé emporter, donc il n’y a pas d’antécédent sur quelques choses qui l’aurait « surpassé ». AH !! Elle venait de découvrir la molette des lunesvolutives et faisait défiler les différents modes de vue possible, désolée… donc voilà rien de « moderne » à son sujet on va dire. Hum…, un flash de ses vieilles lectures lui revint soudainement, il a plusieurs personnes sous son pouvoir et j’ai vaguement lu quelque chose sur celui qu’on appelle « Mad Hatter ». Ce serait le plus dangereux pour nous, une sorte d’anti-voyageurs. Mais… il y a encore moins d’informations sur lui, ou d’autres sbires, que sur le Marchand…

Et c’était le plus inquiétant. Selene n’avait aucune idée de la proximité du danger. Combien étaient ces vassaux ? Où étaient-ils ? Quelle était leur degré de puissance ? Et d’ailleurs, même si leurs aventures étaient fructueuses, que feraient-elles avec ces informations fraîches ? L’idée germa immédiatement dans l’esprit de l’adolescente. Comme une suite logique. Retrouver les plus anciens voyageurs. Retrouver… Aston. Elle ne le connaissait pas, mais il lui avait sauvé la vie. Alors il devait certainement être du « bon » côté…

=== HRP ===

Achats de Selene

Pick potion : 200 rubz
Petit bloc de mana : 100 rubz
Philtre d'amour (-50%) : 75 rubz
Bottes de 7 lieux : 300 rubz
Turban : 5 rubz

Total : 680 rubz.
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Anastasia Waitten

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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeJeu 29 Oct - 22:15

Selene ne semblait pas convaincue de l'utilité de garder tous ces objets et encore moins de les offrir moyennant un sourire ou une information, qu'importe, Anastasia y croyait, cela valait le coup au moins d'essayer.
Les problème était que tout cela pesait bien plus lourd, il faudrait qu'elle s'habitue, songea t-elle tout en rangeant ses achats.

Elle leva les yeux vers le ciel qui s'assombrissait de minute en minute quand un marchand offrit des billets en... drag'car ?  
Elle n'avait jamais voyagé à dos de dragon et l'idée lui plaisait mais... s'il se mettait à pleuvoir ?
Elle n'eut pas le temps de poser la question, l'adolescente brandissait sous son nez sa dernière acquisition.

C'est une bonne idée cet achat ! Dommage que je n'ai pas assez d'argent, j'en aurai fait autant. Tu aurais pu, par exemple, tisser un lien avec un ou une amie supplémentaire.
Mais tout à coup elle éclata de rire et entre deux hoquets tenta d'ajouter: ou hériter de l'amour et de la bave de Pink-Daddy !!!
Après s'être calmée, elle lorgna sur le turban de son amie.
Le nom « Kephren » sonnait comme une cité Egyptienne tapie dans le désert et elle n'avait rien pour se protéger.
Elle demanda à la jeune fille de l'attendre quelques minutes, courut vers le stand, choisit une casquette dont la visière suffisamment grande protégerait également les yeux et paya les 5 rubz.

Tandis qu'elles marchaient tout en suivant les panneaux de leur destination, l'adolescente fit un topo de la future situation et le dénommé « Mad Hatter » ne présageait rien de bon.
Nous ne sommes pas obligées de prendre des risques inutiles... Il vaut mieux d'abord glaner tous les renseignements possibles, comme tu l'as dit tout à l'heure, si l'on veut ensuite agir efficacement.
Il faudrait vraiment tenter de comprendre pourquoi il nous hait autant... En tout cas, l'idée de ce voyage me plait, on verra bien sur place.

Anstasia était anxieuse mais la mission qu'elles s'étaient fixée la galvanisait, pour une fois qu'elles pouvaient agir de leur plein gré pour une bonne cause !

Elle resta un moment en silence à contempler avec nostalgie les beautés et la magie de Gloutoniskaïa – y retournerait-elle un jour ? - quand elle vit un éclair rapidement suivi d'un grondement de tonnerre; l'orage n'était pas loin.
Prenant Selene par la main elle pressa le pas quand une grosse goutte de pluie lui tomba sur le nez.
Si elles ne trouvaient pas un abri rapidement, elles essuieraient l'averse du siècle !
L'adolescente devait bien avoir un parapluie dans ses affaires mais une soudaine bourrasque de vent les firent tituber indiquant l'inutilité de la chose; une véritable tempête s'annonçait.

Il ne restait plus qu'à courir vers le porche le plus proche avant que... Trop tard, des trombes d'eau se mirent à tomber, le ciel noir semblait embrasé par la foudre et les zébrures aveuglantes donnaient l'impression d'être juste au-dessus de leurs tête.
De la fenêtre de leur chambre d'hôtel un tel cataclysme aurait pu être beau à voir mais dans cette rue plutôt déserte, l'heure était loin d'être à la contemplation: elle était trempée jusqu'aux os.
Vite, je vois un auvent là-bas ! Hurla t-elle à l'adresse de son amie, entre deux déflagrations assourdissantes.

Quand elles furent à l'abri, Anastasia ne put s'empêcher de demander:
le dragon pourra quand-même voler avec un temps pareil ?
Par contre elle n'osa partager son autre interrogation: ce déluge soudain était-il un mauvais présage ? Un avertissement ?
Elle espérait bien que non.
Pour passer le temps, elle éplucha une orange, en tendit la moitié à Selene et grignota l'autre moitié.
Le fruit juteux accepta d'aller plus loin que le bout de sa langue et cela tombait bien car elle avait faim à présent.
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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeVen 30 Oct - 14:37

Pourquoi le Marchand de Sable les détestait-il ? Peut-être pensait-il, à l’instar des Elipsiens par exemple, que les voyageurs étaient responsables de nombreux désagréments dans son monde. Peut-être les voyait-il comme des virus contre lesquels il n’avait pas encore de cure ? Mais une question plus grande, métaphysique, s’imposa à l’esprit de l’adolescente : est-ce que ce sont la volonté de rêver des esprits primitifs du monde réel qui avaient créé Dreamland, ou bien Dreamland était un monde indépendant dont la porte s’était, un jour, ouverte ? En d’autres termes, à quel point le Marchand de sable était aussi lié au monde réel ?

Selene fut surprise par la pluie. Pas le temps de sortir son parapluie, des trombes d’eau leur tombaient dessus et les rafales de vent cataclysmiques manquaient presque de l’emporter. Etait-ce une météo normale ou bien un sortilège raté échappé de quelque part ? Aucune idée et d’ailleurs, pas le temps de s‘interroger. La rouquine suivit son amie pour se mettre à l’abri d’un auvent, parodie de Toulouse – à moins que ce ne soit Berlioz – avec son « j’ai froid et j’suis tout mouillé ».

- J’ose espérer qu’il ne fera pas ce temps là quand on décollera, répondit en grelotant la galloise à la question d’Anastasia.

N’ayant pas faim, elle refusa gentiment la moitié d’orange et contempla le déluge à l’extérieur. Des nuages de gouttelettes d’eau étaient, en dépit du auvent, projetés sur les voyageuses par des rafales de vent qui semblaient presque vivante. Des éclairs étincelants déchirèrent le ciel presque noir, le tonnerre gronda à en faire trembler la terre, la pluie martelait sauvagement les bâtiments. Puis soudainement, ce fut comme-ci le temps se rembobinait. La pluie se suspendit, les nuages noirs parurent aspirés par le néant, l’orage se tut, et le ciel retrouva sa clarté grise et inoffensive. Plus surprenant encore : tout était sec. La rue, les immeubles, même Selene et Anastasia,… tout était comme si jamais la météo n’avait été apocalyptique quelques secondes auparavant.

- Qu’est-ce… quoi ?!

La rouquine regardait son amie avec des yeux ronds. Incroyable. Improbable. Etait-ce effectivement un sortilège raté et corrigé ou, comme le pensait la trentenaire, un présage – voire même un message – destiné directement aux deux voyageuses qui partaient pour un séjour proche des terres du Marchand de Sables ? S’il avait cherché à leur montrer sa colère ? Ou à leur faire comprendre que seule la fin du monde se trouvait au bout de leur parcours ? La toquée ne savait plus quoi penser, mais elle se sentait désormais passablement angoissée. Sans rien en dire à son aînée, elle n’osa pas vraiment croiser son regard quand elle dit :

- Bon bah… euh… on y va alors.

Selene resta muette tout le restant du trajet, qui dura un peu plus d’une heure. Les réflexions se mêlaient aux doutes et aux craintes. C’était la deuxième fois qu’elle était trouvée, peut-être devrait-elle arrêter d’attirer l’attention sur elle ? …non. C’était justement pour ça qu’elle partait, pour ne plus se cacher, pour ne plus avoir peur. Elle n’avait que sa conviction de jeune femme pour s’opposer à la tyrannie d’une divinité, mais c’était une flamme suffisamment vive. Après tout, n’était-elle pas de ces personnes destinées à continuellement se tourner vers le soleil ? Toujours.

Quand les deux amies pénétrèrent enfin dans l’aéroport de la ville magique, l’adolescente avait un peu mal aux pieds. Mine de rien, ça avait été une belle marche ! Dans son sac à contenance infinie, elle prit sa gourde pour en boire quelques gorgées. Ensuite, elle guida son aînée vers l’aile de l’établissement réservé aux voyages en Drag’car. Les couloirs étaient peints de couleurs vives, flamboyantes, et les hôtesses portaient des uniformes couleur flamme. Sur plusieurs panneaux étaient magiquement diffusées des mises en garde : par exemple, bien qu’on garantissait le dressage des dragons, il étaient conseiller de ne pas utiliser d’objet – ou de sortilège – susceptible de le surprendre, ou de l’effrayer, à l’embarquement, au débarquement, et pendant toute la durée du vol.

- Tu verras, rassura Selene qui ouvrait enfin la bouche, ce n’est pas si terrible en fait. C’est comme l’avion.

Dans la salle d’embarquement, les deux amies apprirent que le seul – et unique – vol pour Kephren partait en fin d’après-midi. Elles avaient donc environ une heure devant elles encore. Comme dans la plupart des aéroports traditionnels, de grandes vitres permettraient de voir l’extérieur et les différents engins parés au décollage. Sauf qu’ici, ce n’étaient pas des avions qui attendaient sagement, mais des dragons. Certains étaient gigantesques, les plus petits devaient être aussi imposants que deux éléphants d'Afrique. Ils avaient des têtes légèrement trop fines proportionnellement, et des griffes très courtes. Epousant parfaitement la forme de leur ventre, les grandes cabines solidement harnachées étaient percées de hublots et marquées des logos des différentes compagnies. Les voyageurs montaient à l’intérieur avec des escaliers dépliables, sous la surveillance d’une dizaine de technico’mages.

- Oh regarde ! S’exclama Selene en désigna un petit dragon flanqué d’une cabine couleur sable avec le sigle « Drag’air désert », je crois que c’est le notre celui-là !
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Anastasia Waitten

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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeSam 31 Oct - 8:51

Inconsciemment, Anastasia reprit la moitié d'orange et la mangea sans même apprécier la saveur acidulée et sucrée de l'agrume; elle avait l'esprit ailleurs: si l'on regardait bien, cette tempête ne se déroulait pas tout à fait normalement; c'était presque comme si un mage avait lancé un sortilège. Le vent et la pluie semblait vouloir les atteindre à toute force malgré le auvent.
Puis tout à coup, le cataclysme s'arrêta net. La pluie, les nuages, le vent furent comme aspirés par un trou noir et le ciel redevint gris clair.
Le plus incompréhensible était la vision du paysage et de leur vêtements, secs comme s'il ne s'était rien passé !
A la question de son amie la jeune femme bredouilla vaguement: euh... un magicien sans doute...
A Gloutoniskaïa on pouvait s'attendre à tout et l'évènement aurait pu être tout à fait normal en ce lieu s'il n'y avait pas eu la petite voix au fond de son crâne qui continuait à évoquer l'hypothèse d'un mauvais présage concernant le Marchand de Sable.
Un avertissement ?  
Non. Anastasia balaya cette idée, il ne fallait tout de même pas être parano.
Malgré tout le malaise persista, augmenté au fil de la marche reprise par le silence songeur de l'adolescente qui laissait supposer qu'elle pensait à peu près comme elle.

Sans un mot échangé, elle arrivèrent enfin à l'aéroport.
Le coeur mi angoissé, mi joyeux, elle regarda le petit dragon aux couleurs de leur futur voyage, se demandant si Dreamland leur donnerait la chance de goûter un moment aux joies de la plage puisqu'elles allaient vers la côte puis poussa un soupir: une heure à tuer... Elle n'aimait attendre dans ces genres de lieux, elle s'y ennuyait toujours malgré la beauté joyeuse de celui-ci.
Elle abandonna avec soulagement la hotte qui lui sciait les épaules sur un siège et s'assit, invitant son amie à faire de même.
Après réflexion elle se lança:

A propos du Marchand de Sable, il y a quelque chose que je ne comprend pas: s'il hait et pourchasse les voyageurs, c'est qu'il a peur quelque part et s'il a peur, c'est donc qu'on représente un danger pour lui... cela pourrait signifier qu'il n'est pas invulnérable, donc qu'il n'est pas un dieu, juste une sorte de grand gourou intolérant et raciste envers nous; un dictateur quoi, non ?
Elle laissa un temps et ajouta:
connais-tu l'histoire des voyageurs ? Depuis quand sont-ils ici et comment Dreamland fut-il découvert ?
Que s'est-il passé ? D'autres voyageurs cherchent-ils aussi, comme nous, à lutter contre ce haro lancé contre les gens de notre espèce ?

Avant d'écouter les explications de Selene, elle ne put s'empêcher de formuler tout haut son hypothèse: et si le Marchand de Sable n'était autre qu'un voyageur lui aussi mais avec beaucoup plus de pouvoirs que nous ? Quelqu'un un peu comme Simon mais doté d'une très longue expérience qui lui donnerait toute cette force mauvaise...

Tous les sens de la jeune femme étaient tendus vers ce que l'adolescente allait révéler, consciente que chaque détail pourrait soulever un coin de voile du mystère qui entourait cet individu qui se prétendait d'essence divine.

Quand son amie eut terminé ses explications, Anastasia resta méditative. Elle voulait être sûre d'avoir bien intégré les informations.
Au micro, une hôtesse les invita à se diriger vers le vol de leur destination.
Elle reprit sa hotte et se dirigea vers le petit dragon en lançant un sourire de réconfort vers son amie.
Devant les escaliers dépliants, seules deux personnes s'apprêtaient à monter: un homme entre deux âges vêtu d'un costume cravate, tenant une mallette et une femme magicienne, assez jeune, plutôt belle et souriante qui rangeait sa baguette magique dans un gros sac.

Les deux amies emboîtèrent le pas des passagers et s'installèrent.
La cabine était sobre et étroite. L'intérieur était de même couleurs que l'extérieur; seul un écran magique diffusait quelques images du désert, Kephren et environs entrecoupées de brèves publicités typiques de Gloutoniskaïa.
La majorité des sièges étant vacants, Anastasia posa sa hotte sur l'un d'eux et se cala confortablement dans le sien, à côté de Selene.
Des ceintures de sécurité apparurent d'on ne sait où et les harnachèrent automatiquement tandis qu'une hôtesse leur souhaitait la bienvenue.
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Selene Nymphadora

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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeDim 1 Nov - 12:23

Les suppositions d’Anastasia étaient touchantes de naïveté. Ce n’était pas une pensée moqueuse, c’était simplement évident : elle était loin d’avoir vécu à Dreamland aussi longtemps que Selene, bien loin, et ne pouvait pas encore tout connaître ni tout comprendre. L’adolescente l’écouta sans l’interrompre, recalant parfois derrière ses oreilles l’une des mèches rousses et sauvages qui traversait son visage doux. Quand son amie eut terminé, la toquée se redressait pour lui faire face, presque solennellement. C’était important, parce que c’était en quelque sorte la base de tout pour aborder leur quête.

- Tu n’as pas bien compris, commença la galloise avec patience, le Marchand de Sable n’est pas un gourou, ni un voyageur, ni un esprit, ni rien ne ce que l’on peut connaître. Il « EST » Dreamland, littéralement, pas certaine que ce soit absolument clair, elle poursuivit, un peu comme les celtes qui croient en l’existence d’un Dieu et d'une Déesse présents en toute chose, tu vois ? Il a créé le monde des rêves, il est omniprésent, partout, tout le temps. L’aéroport, les gens qu’on voit, les vêtements achetés ici, il est dans tout ça.

Selene reprit son souffle. Son cœur battait fort. Raconter à haute voix toutes ces évidences les rendaient terriblement réalistes et dangereuses. La seule porte de sortie dénuée de danger était le réveil, elle le savait, mais ce n’était pas ce qu’elle voulait.

- Pourquoi il a eu besoin d’une personnification et jusqu’où va cette personnification ? Je ne sais pas… je ne sais même pas s’il est capable de ressentir la peur ou la haine à proprement parler vu qu’il n’est pas vraiment « vivant »… peut-être que c’est juste un instinct primitif pour préserver son monde des intrus.

Tout cela restait tellement confus… c’était bien pour ça qu’elle voulait faire ses propres recherches. Elle n’attendait aucune reconnaissance, ni aucune solution prémâchée, juste des détails. Comme ces kabbalistes qui œuvrent leur vie à tenter de percer les mystères ésotériques. La seule différence, qui lui donnait un avantage, c’était que la preuve de l’existence du Marchand de sable était indéniable. Le doute n’était pas de la partie à ce niveau là.

- Pour les voyageurs, je ne sais pas, reprit-elle, je sais juste qu’il y en a depuis très longtemps, qu’il y a même eu des conflits sanglants entre les dreamlandiens et nous… le dernier n’est pas si vieux : Elipse avait organisé une espèce de purge d’après ce dont on m’a parlé. Il y a des voyageurs très anciens, certains créent des groupes secrets oui… je suppose qu’ils se sont déjà penchés sur la question du Marchand, mais il a disparu depuis des millénaires, même les dreamlandiens ne croient pas en son existence. Alors tu penses bien que les infos à son sujet sont rares…

Selene avait la gorge sèche. Elle espérait que son amie ait compris désormais, bien que le sujet reste encore vaste. Qu’en était-il des sept tours dans tout ça ? Est-ce que le Marchand de Sable était sensible aux liens qui les unissaient au monde réel ? Briser ces liens l’affaiblirait-il ou au contraire, le plongerait-il dans une colère noire et destructrice ? L’adolescente frissonna. Pour l’instant, elle n’avait pas envie d’essayer.

L’heure était vite passée. Tout en buvant de l’eau dans sa gourde, la rouquine emboita le pas à Anastasia pour se présenta au contrôle des billets et embarquer à bord du drag’car. La destination n’était apparemment pas des plus prisées, ce qui rendait la toquée plus anxieuse encore. Pendant qu’une hôtesse élégamment vêtue d’un uniforme flamme récitait son discours sur les normes de sécurité, Selene avait sorti son carnet à dessin et gribouillait quelques visages d’épouvantail pour se calmer.

Ce ne fut pas le décollage du dragon qui la fit lever ses yeux noisette, ni le petit spot publicitaire qui cherchait à souligner les – rares – atouts de Kephren, mais l’ombre qui se dressa soudainement sur sa feuille. L’adolescente sursauta et faillit avoir une attaque en découvrant qui était penché sur elle : une vieille femme, moche, sortie de nulle part, qui ressemblait effroyablement à la mauvaise sorcière de Blanche-Neige.

- Des bonbons ou un sort ma petite ? caqueta-t-elle en tendant un bocal plein de friandises informes, couleur caca d’oie et d’apparence gluante.
- Hein ? Que… c’est déjà Halloween ?

La jeune fille était soulagée que l’esprit de la fête des morts de cette année ne lui ait pas imposé de costume, mais en lieu et place du sale garnement du dernier événement, voilà qu’une vieille au nez crochu lui proposaient des bonbons tout sauf ragoutant.

- Pourquoi on nous offre pas seulement des tagadas, marmonna Selene en plongeant sa main pour cueillir une friandise d’un air dégouté.

Ça collait aux doigts et ça n’avait pas l’air meilleur dans sa main que dans le bocal. Faute de ne pouvoir s’en débarrasser discrètement, elle le mit dans sa bouche pendant que la sorcière se présentait à Anastasia pour le même cadeau. Sur la langue de la rouquine, le bonbon n’était pas si désagréable en fin de compte. Alors l’avoir croqué, elle découvrit un surprenant goût de bolognaise. Ce n’était pas mauvais, juste inattendu.

La bonne femme était partie quand elle l’avalait enfin. Elle s’apprêtait à dire à son aînée que ce n’était finalement pas si terrible quand elle sentit une douleur atroce lui transpercer les mâchoires. Comme retapées au marteau et au burin, ses os s’élargissaient, se déformaient, ses dents grandissaient et devenaient plus grosses ou plus tranchantes. Quand la transformation fut finie, le petit gémissement qu’elle laissa échapper était rauque, il ne lui ressemblait pas. Elle avait l’impression que ses mâchoires pesaient des tonnes, qu’elle était hideuse voire effrayante. Avec des yeux de chien battu qui contrastaient avec ses nouveaux traits de pitbull, Selene se tourna vers Anastasia et… bizarre : elle avait soudainement une furieuse envie d’en croquer un bout.

Spoiler:
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Anastasia Waitten

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MessageSujet: Re: Poufsouffle et fières de l'être !   Poufsouffle et fières de l'être ! - Page 4 Icon_minitimeMar 3 Nov - 13:22

Non, décidément les explications de Selene concernant le Marchand de Sable n'arrivait pas à lever le voile de la confusion qui l'enveloppait.
Elle avait beau froncer des sourcils en un effort de concentration, elle ne comprenait rien. Etait-il vivant ou mort ? C'était un dieu ou autre chose ?
Elle doutait de l'omniprésence de l'entité, simplement parce que s'il détestait à ce point les voyageurs, il les aurait tous traqués et anéantis avant même qu'elle ait posé un pied à Dreamland.
Quand enfin l'adolescente lui avoua que les Dreamlandiens eux-mêmes n'y croyaient pas, elle renonça à tout effort intellectuel sans le montrer à son amie afin de ne pas trop la dérouter.
Qu'allaient-elles donc chercher à Kephren ? Quelle doc ? Quel indice ?
Bah, elles verraient bien...

Bien calée à côté de la jeune fille, Anastasia pensait encore à tout cela tandis que le drag'car décollait et sursauta au moment où elle vit apparaître de nul part une vieille sorcière qui leur proposait des bonbons ou un sort.
Selene en ayant pris un, elle n'osa pas refuser et se servit à son tour. Le sien était aussi gluant mais rouge.
Elle attendit que son amie mette la soi-disant friandise dans sa bouche, histoire de voir la réaction et fut rassurée de constater que le visage arborait un air de surprise gourmande.
Elle allait se décider à sucer la sienne quand elle vit la mâchoire de Selene se tordre, s'allonger, s'élargir et présenter des dents dignes d'un ogre.
Elle eut un sursaut d'horreur quand la jeune fille tourna vers elle un faciès horrible qu'accentuait un air de chien battu.
Dans sa panique, elle porta le bonbon à sa bouche sans s'en rendre compte tandis que l'adolescente tentait... De la mordre ?!
Gentiment mai très fermement Anastasia repoussa la tête de son amie mi-apeurée, mi-dégoûtée au moment où l'étau allait se refermer sur le muscle de son avant-bras.
Dans sa panique elle croqua la confiserie, eut un temps d'arrêt comme si quelqu'un l'avait poignardé dans le dos, toussa, pleura, souffla et cracha une gerbe de feu qui frôla l'adolescente.
N'y tenant plus elle se leva et se mit à courir frénétiquement dans l'espace réduit, renversant au passage la consommation du monsieur en cravate.

Que lui arrivait-il ? Hormis le fait que le bonbon était pimenté à outrance, elle avait l'impression d'avoir avalé une double dose d'amphétamine.
Incapable de tenir en place, des idées – claires néanmoins – fusaient de toutes parts dans son cerveau, sur tous sujets confondus.

J'AI TROP CHAUD !!! hurla t-elle en poussant violemment sur les hublots fermés hermétiquement.
Elle vit sa hotte. A la vitesse de l'éclair, elle en vida le contenu au sol, attrapa la bouteille d'eau, but tout son contenu, la balança au hasard, s'inquiéta de savoir quel programme la radio diffusait à cette heure, écouta 3 notes de musique qu'elle n'enregistra pas, manipula les boutons et finit par les arracher tandis qu'elle se demandait à qui elle offrirait la boule de Noël avec de la neige dedans tout en allumant une cigarette qu'elle rejeta en éternuant.

Lui vint alors l'idée d'essayer tous les sièges afin d'en tester le moelleux.
Elle s'assit sur chacun en sautant sur son séant; un siège s'effondra sous le traitement de choc qu'importe, il fallait qu'elle aille aux WC, cela pressait.
Elle courut jusqu'au petit cabinet, claqua violemment la porte fit ses besoins, usa la totalité du papier hygiénique, s'apprêta à tirer la chasse mais comme la savonnette était jolie, elle s'en empara, se lava trois fois les mains et sortit en laissant la porte grande ouverte.

Une hôtesse arrivait à sa rencontre; cela la fit rire: enfin un peu d'activité physique dans ce réduit !
ATTRAPERA, ATTRAPERA PAS !!! lança t-elle au sautant par dessus les fauteuils mais le journal que tenait l'homme semblait intéressant; elle le lui arracha des mains, le feuilleta si rapidement qu'elle le déchira et le rendit ou plutôt le lança au visage du type qui se leva, empoigna son bras en criant: ça suffit maintenant !
L'hôtesse de l'air trottinait à la rescousse avec une sorte de siège pour enfants bardé de harnachements et le fixa sur un strapontin.

Pendant ce temps, Anastasia se débattait comme un beau diable, hurlant: LACHEZ-MOI, VOUS N'AVEZ PAS LE DROIT !!!
malgré ses tentatives de fuite, elle fut attachée, non sans mal sur le petit fauteuil.
Immobilisée, la jeune femme furieuse balançait des coups de pieds sur le fauteuil devant elle en répétant inlassablement: qu'est-ce que j'peux faire, j'sais pas quoi faire... Qu'est-ce que j'peux faire, j'sais pas quoi faire...
Elle tenta de s'extirper mais c'était impossible.
JE VEUX DES JEUX ! Exigea t-elle.
La magicienne prenant en pitié son état fit apparaître un puzzle 1000 pièces pensant que cela l'occuperait pendant un bon moment.
Hélas. Après avoir jeté un coup d'oeil à l'image à reproduire et farfouillé dans les morceaux colorés, elle fit voler le tout en disant: C'est trop dur, j'y arrive pas et puis c'est chiant.

QUAND EST-CE QU'ON ARRIVE, C'EST LONG !!!
elle regarda l'écran et commenta: du sable, du sable, du sable, du sable, du sable, du sable, du sable, du sable, jusqu'au paroxysme de l'énervement des passagers.
Remarquant cela, tout en balançant ses jambes et tressautant sur elle-même elle le cria plus fort: DU SABLE, DU SABLE, DU SABLE, DU SABLE, DU SABLE, UNE PUUUUUUUB ! Hurla t-elle.
Elle fit un tel bond qu'elle se décrocha.
Enfin libre, elle se rua à nouveau sur sa hotte, prit les quatre oranges et joua à les balancer contre le mur.
PANIER !
RATE !
PANIER !
RATE ! Oh zut !
Du coup elle écrabouilla l'agrume qui répandit son jus au sol, joua avec le bouton de toutes les petites veilleuses, en cassa la moitié, se jeta sur la porte de sortie en réitérant : QUAND EST-CE QU'ON ARRIVE, C'EST LONG !

Une fois de plus, la femme fée revint à la rescousse. Cette fois elle prêta à Anastasia quelque chose capable de la calmer réellement un bon moment: une DS avec un jeu du style Pokemon dedans.
La jeune femme s'en saisit, sourire fendu jusqu'aux oreilles et pianota sur les touches.
Tous eurent droit à un petit quart d'heure de répis, tout de même ponctué par paf, tiens prends ça, aaah, shtronk-sthronk, etc... puis par MERDE J'ARRIVE PAS, IL EST NUL CE JEU !!! et par l'objet qui lui aussi avait pris la voie des airs.

Tout en faisant les cents pas elle demanda: y a aut'chose que des jeux débiles ici ? i'aurait des trucs un peu plus intellectuels comme par exemple un calcul sur le propagateur de l'équation de Schrödinger à partir de la notion d'exponentielle de matrice et son opérateur d'évolution???!
Comme personne ne répondait, elle sautilla sur place en récitant:
3, 141 592 653 589 793 238 462 643 383 279 502 884 197... puis s'amusa à taper sur la tête des gens, dans ses mains et avec ses pieds.
Enfin, elle imita le singe en se pendant aux filets porte-bagage qui cédèrent sous son poids et entérina à nouveau son refrain:
j'sais pas quoi faire... Qu'est-ce que je peux faire??? j'sais pas quoi...
QUAND EST-CE QU'ON ARRIIIIIIIIIVE C'EST LONG, C'EST TROP LOOOOOOOOOOONG !!!
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