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| Savoir garder son sang froid | |
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Auteur | Message |
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Eve M. Todrovitch
Maladie mentale : Troubles paranoïaques
Messages : 316
Feuille de personnage Sac à dos: Pouvoirs : Bourse: 485,5 rubz
| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Dim 2 Sep - 23:50 | |
| - Sauf qu’on a été envoyées ici chercher des « moyens » pour agir, pas une cargaison d’ombres, rétorqua sèchement Eve, et je ne suis pas sûre que ce soient elles qui vont gentiment nous expliquer comment les reconnaitre, les capturer et les rattacher. Je pensais simplement à retrouver ceux qui nous ont précédés dans le travail pour au moins ne pas partir de 0, mais je suppose qu’un peu d’empirisme ne nous fera pas de mal.
Son regard glacé resta planté sur l’adolescente, sa clope fumante coincée entre son index et son majeur. Elle se passa d’ajouter qu’une ville – ou un village – serait un point de rapatriement plus intéressant qu’une grotte froide qui pouvait à tout moment voir revenir un propriétaire mécontent. Ça paraissait pourtant évidemment. Quoiqu’il en soit, les deux hommes avaient décidé de les suivre à titre bénévole, mais Rochel posait déjà les questions qui fâchent. Les prunelles inexpressives de l'ainée se posèrent sur lui avant qu’elle ne réplique, soufflant une fumée crise fraîchement tirée de son cancer en tube :
- Pourquoi ne pas y voir là qu’un acte de bonté ? De la « gentillesse » pour ceux comme toi qui ont de graves problèmes de santé ? On travaille pour ces gens là. Ça devrait t’aller comme réponse, non ?
Rien ne colorait sa voix, pas même une méchanceté qui n’existait pas dans l’intention. La russo-américaine ne savait pas ce qui la poussait à provoquer le phobique des rêves. Peut-être cette faiblesse qui émanait de lui, image même de ceux qui avait déjà accepté de capituler face à l’adversité. Pourtant, il y avait autre chose : il lui laissait la – bonne – impression de ne pas être capable de faire du mal. Un homme sauvé du naufrage sinistre qui engloutissait le monde, un type bon à garded, même si elle ne le comprenait pas… un homme comme elle aurait aimé en connaitre, du temps où elle avait encore un cœur.
Eve avait essayé de sourire, mais son visage était restait figé, statue de glace dénuée d’émotion. Elle s’était alors approchée de la sortie de la grotte pour observer distraitement le blizzard, les rafales de vent s’engouffrant dans la cachette pour faire danser ses cheveux noirs. Inutile de nier qu’être enfermée l’avait conditionnée à un comportement de bête sauvage traquée : montrer les crocs en première, se montrer forte en toute situation. Mais pouvait-elle faire autrement quand tout le monde s’accordait à la faire passer pour une folle afin de charger son dossier ? ILS avaient fait d’elle ce qu’elle était. Son image n’était qu’un reflet artificiel ; mais que cachait-il à part une jeune femme complètement perdue ?
Elle écrasa fermement son mégot sur le sol et fit volte face. Matthew dormait peut-être, elle n’avait pas fait attention, mais c’est de Rochel qu’elle s’approcha. La russo-américaine s’assit même face à lui, comme pour inviter à la confidence, quant bien même son absence d’expression pouvait faire longuement hésiter sur la raison de son retour au sein de la société.
- J’ai une question pour toi. Pour savoir. Si jamais… la personne à laquelle tu tenais le plus était tuée, intentionnellement, par quelqu’un qui reste impuni mais dont tu connais l’identité. Est-ce que tu n’aurais pas tellement mal que tu chercherais à la venger toi-même ? Si jamais ta vie était détruite, est-ce que tu ne chercherais pas à faire payer à tous ceux qui sont responsables ?
Eve restait impassible. Impossible de lire qu’elle puisait dans sa propre histoire, tout comme elle ne pouvait encore deviner qu’elle toucherait peut-être une corde sensible du phobique. Elle voulait tester sa « gentillesse », voir jusqu’où pouvait aller sa faiblesse – ou bien ce que certaines personnes appelaient sa « raison ». L’idée même d’avoir eu tort lors de son premier meurtre ne l’effleurait même pas, et pourtant… pourtant elle voulait savoir. Aurait-elle pu faire autrement ? Le monstre caché en elle avait-il été obligé de frapper cette nuit là ? Au fond, elle voulait savoir à quel point Rochel était son antagoniste ; car il lui donnerait la mesure de ce qu’elle était réellement.
- Réponds juste ce que tu penses. | |
| | | Jade Martins
Maladie mentale : Troubles dissociatifs de la personnalité
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Lun 1 Oct - 21:00 | |
| Plus ça allait plus la bonne jumelle avait l’impression de voir se dessiner devant ses yeux le profil d’Elie, mais en pire. Cette manie de faire la morale et de vouloir que le monde se conforme à une manière de pensée spécifique lui sortait par les yeux. Protéger les autres ou vouloir leur bien n’était pas une excuse pour diriger leur vie à la baguette ou mépriser leurs idéaux. C’était juste la preuve d’une étroitesse d’esprit affligeante dont la taularde se révélait progressivement la digne ambassadrice. L’adolescente lui en était toujours reconnaissante pour ce qu’elle avait fait face à Liam, mais il y avait un moment où il fallait savoir mettre un frein.
Sans se soucier d’être une gêne – c’était son intention d’ailleurs- la blonde s’interposa en s’asseyant dans l’espace laissé entre Rochel et Eve, coupant tout contact visuel. Son regard bleu et doux se planta avec résolution dans les prunelles glacée de celle qui lui faisait face. L’anonymat offert par son masque lui donnait des ailes et il était hors de question de s’écraser cette fois.
- Arrête donc de vouloir façonner le monde à ton image ! maugréa Jade en levant les yeux au ciel, Tu sais déjà qu’il ne pense pas comme toi alors c’est quoi le but de la manœuvre hein ? Matthew a proposé de dormir et c’est pas une si mauvaise idée, tu devrais y réfléchir au lieu de vouloir à tout prix faire subir à Rochel un examen de conscience.
La lueur qui brilla alors dans les yeux sombres de son interlocutrice provoqua un frisson qui remonta tout le long de sa colonne vertébrale mais Jay le réprima pour faire bonne figure. Elle n’était pas brave mais elle pouvait au moins le paraître. C’était mieux que rien.
- On est tous fatigués, et malade pour certains. Faisons une trêve, un vœu de silence pour la soirée où ce que vous voulez mais prenons le temps de se remettre de ce qui arrive. On aura besoin de toutes nos forces pour entamer les recherches, alors autant ne pas les gaspiller en débats stériles. Sur ce… bonne nuit.
L’adolescente essaya d’esquisser un sourire alors qu’elle reprenait place dos au mur, un mètre à droite de Rochel. Après avoir emprisonné ses jambes de ses bras elle reposa sa tête sur ses genoux, ferma les yeux et se laissa bercer par le bruit du vent qui hurlait et le chuintement étouffé des flocons. Bientôt tout ne fut plus qu’un vague brouhaha en bruit de fond, puis le silence. Le sommeil sans rêves de Dreamland avait repris ses droits.
C’est un rayon de soleil venu l’éblouir même à travers l’écran de ses paupières closes qui lui servit de réveil. Jade papillonna des yeux une fois puis deux, s’étira comme un chat avant de jeter aux alentours un regard ensommeillé. Les autres dormaient, où faisaient semblant, tout était d’un calme olympien même à l’extérieur de leur abri de fortune. La nature semblait s’être calmée et ne restait plus de la tempête de la veille qu’un épais tapis blanc, poudreuse éblouissante à la lumière de l’astre du jour. Les reliefs de la végétation pouvaient se deviner sous ce linceul, silhouette d’un arbre ou d’un rocher que le gel avait immortalisé à sa manière dans un écrin d’ivoire. Si sa situation n’avait pas été si critique la bonne jumelle en serait probablement restée pantoise, au lieu de quoi elle se contenta de réveiller en douceur ses camarades par un léger tapotement d’épaule.
- Réveillez-vous… c’est le matin. On peut sortir la tempête s’est calmée.
Son estomac gargouilla pour lui rappeler un certain ordre de priorité et elle grimaça d’une honte mal contenue alors qu’elle tirait te ses affaire l’une de ses rations de survie. C’était toujours aussi peu ragoûtant mais ça avait le mérite de tenir au ventre et en à peine quelques bouchées la blonde se sentait revigorée. Oh, pas de là à tenter un marathon dans la neige avec un yeti à leurs trousses mais si leur groupe se limitait à des activités raisonnables tout devrait aller comme sur des roulettes.
Pendant que les autres prenaient le temps d’émerger Jade sortit faire quelques pas dans la neige, un sourire au coin des lèvres à l’écoute de la poudreuse crissant sous la semelle de ses chaussures. Elle n’avait jamais vraiment connu la neige en dehors de Dreamland, les hivers n’étant souvent pas assez froids dans leur belle San Francisco pour offrir mieux que quelques flocons tournant au gris sale dans le caniveau. Elle aspira à pleins poumons pour profiter de la sensation de l’air gelé mais pur dans ses bronches et soupira d’aise. C’était pour ce genre d’instants éphémères qu’elle ne pourrait jamais vraiment détester ce monde. Même s’il concentrait toutes les atrocités auxquelles un être humain pouvait penser, il était aussi une caverne au trésor regorgeant de toutes ces petites choses qui rendaient le quotidien magique. Les rêves persistants au milieu des cauchemars qui rôdaient sur ces terres en maitres absolus.
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| | | Rochel Willow
Maladie mentale : Phobie des cauchemars
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Mar 6 Nov - 20:12 | |
| Savoir que l’ailourophobe comptait bien se joindre à eux rassura Rochel. Certes, il connaissait également Eve, mais l’insomniaque s’était d’avantage rapproché de Matthew, ou du moins pensait le connaitre d’avantage. Malheureusement, une pointe de défaitisme empêchait le jeune homme d’envisager sereinement cette (més)aventure.. A moins de beaucoup de chance, ils ne trouveraient jamais leurs ombres à temps et ce n’étaient pas les pouvoirs de son ami qui pourraient les aider dans cette quête… ni les siens, d’ailleurs – si tant est que pouvoir cauchemarder soit réellement qualifiable de ‘pouvoir’.
Il laissa son regard dériver, d’avantage plongé dans ses pensées que réellement concentré sur ce qu’il voyait, il ne se ressaisit que lorsqu’il comprit que la russo-américaine s’adressait à lui avec une froideur qui n’avait rien à envier au blizzard. Son attention avait du mal à se fixer sur quoi que ce soit mais le peu qu’il entendit lui permit cependant de comprendre l’intégralité du message, même si ça devait ne pas lui plaire franchement. Cette mauvaise foi ne l’aidait pas, bien au contraire. Il leva les yeux, essayant de capter le regard froid de son interlocutrice à travers le nuage de fumée qui ne la rendait que plus inexpressive. Le panache de goudron flambé s’évapora peu à peu et Rochel en profita. Passer pour un bisounours ne légitimait en rien ce genre de comportement.
- Ne te fiche pas de moi, s’il te plait. Toi, faire preuve d’altruisme ? Ça sonne si faux… pas besoin d’être un génie pour voir que tu ne penses pas un seul mot de ce que tu dis. Peut-être que tu ne m’aimes pas, mais tu n’as pas le droit de me mentir comme ça pour autant. Je veux des réponses, trancha-t-il sèchement. Un spasme parcourut le corps du phobique des rêves qui tenta de faire passer ça pour un frisson dû au froid. Pourtant il savait que ce n’était pas ça ; c’était le stress, le sentiment que le barrage mental est sur le point de céder face à cet afflux d’angoisse, de fatigue.. et de colère, sans doute.
Il vivait cette dissimulation de la vérité comme un moyen de ne pas lui dire franchement à quel point sa… ‘maladie’ était grave. Il allait peut-être mourir, mais il ne savait pas quand, ni comment, ni dans quelles circonstances… rien ! Et ne pas le savoir faisait naître en lui une pression effroyable, l’envie de cerner ce problème dans son intégralité pour le régler au plus vite et au mieux. - Si vous ne me dites pas pourquoi vous êtes là, je ne vous suivrai pas. Sa détermination se volatilisa lorsqu’il réalisa ce qu’il venait de dire, l’obligeant inconsciemment à baisser les yeux : cette menace n’avait aucun poids étant donné qu’il n’était pas un élément nécessaire. Il venait de se mettre en position d’échec en refusant la main – aussi obscure et froide soit-elle – qu’on lui tendait. Il ne pesait rien dans la balance, et plus que tout, il ne voulait pas se retrouver seul. C’était son unique chance de ne pas mourir dans ce désert à la température proche du zéro absolu et il venait probablement de la gâcher parce qu’il voulait savoir. D’un autre côté, cette réaction était si spontanée qu’elle ne pouvait venir que du cœur : il ne suivrait jamais quelqu’un en qui il n’aurait pas confiance. Son regard implorant s’arrêta sur Matthew et Milly avec l’espoir d’y trouver encore une fois un peu de réconfort, sachant pertinemment qu’il ne pouvait pas lutter seul contre la paranoïaque.
Finalement, il renonça. Baissant la tête jusqu’à ce que son champ de vision ne soit plus limité qu’aux deux extrêmes que représentaient sa chaussure gauche et sa chaussure droite ; il agita les mains dans le vide, cherchant ses mots pour enfin se résoudre à l’improvisation, faute de savoir précisément y mettre la forme : - Désolé… Je.. je veux pas mourir, c’est.. cette histoire, c’est complètement dingue. Je sais pas quoi faire, je sais pas où aller, ni où chercher et ça depuis que je suis arrivé dans ce monde. J’ai rien demandé, je veux juste me réveiller et vivre une vie normale !! Yeux rivés sur le sol, il serra les poings autant que ses muscles engourdis le lui permettaient : aucune larme ne devait passer, aucun sanglot. Cette lutte contre lui-même devenait de plus en plus difficile à chaque seconde et si le manque de sommeil menaçait effectivement sa santé voire même sa vie, tout cela était resté de l’ordre de la théorie : personne ne lui avait encore dit avec autant de sincérité qu’il allait mourir.
Alors qu’il se concentrait du mieux qu’il le pouvait pour ne pas céder à la pression, l’odeur de fumée de cigarette informa l’insomniaque de la proximité d’Eve. Il leva un regard inquiet vers elle, priant seulement pour qu’un sentiment de pitié quelconque ait dicté à la jeune femme d’arrêter ici les frais en mauvaise foi et hypocrisie. Il était bien loin de se douter de ce que la paranoïaque allait lui dire.
En une question, elle venait d’anéantir tout le travail de Rochel, tous ces efforts pour prendre sur lui. Une déferlante acheva de raser le barrage de la raison du phobique, ne laissant que ruine derrière elle. Pourtant, il n’arrivait pas à pleurer. Il n’arrivait pas non plus à parler. Resté immobile, il fixait Eve avec un regard accablé alors que dans son esprit une tempête de souvenirs faisait rage. Des images défilaient dans son esprit, ne laissant qu’amertume, tristesse et vide en lui. Répondre ce qu’il pensait ? Il était incapable de penser. Un nouveau couteau venait de transpercer le cœur du phobique alors qu’il réalisait qu’après s’être reproché de n’avoir pu sauver Alice, il était à présent condamné à se reprocher également de n’avoir pas eu le courage de la venger. Cette idée n’avaient encore jamais effleuré son esprit, si bien qu’il ne savait tout simplement pas comment réagir.
Sans l’intervention de Milly, qui sait ce qui se serait passé ? Rochel aurait surement craqué, mais il ne voulait pas paraitre encore plus faible qu’il ne l’était déjà… il ne voulait pas qu’on sache. Une larme roula sur sa joue, petite perle de tristesse brûlante qui ne laissa qu’une trainée humide que le froid hivernal s’empressa de refroidir. Profitant du fait que l’attention d’Eve soit momentanément reportée sur sa camarade, Rochel se leva pour aller s’isoler dans le coin opposé de la grotte d’où on ne pourrait pas le voir dans l’état lamentable qui s’annonçait. Posant une main sur la paroi, il se laissa tomber, calant sa tête entre ses genoux et s’autorisa enfin à pleurer tout son saoul. Un rappel aussi violent de ses erreurs passées ne pouvait pas être une bonne chose pour ses nerfs et malheureusement, pleurer ne l’aidait pas à se sentir mieux.. Il n’était pas prêt à remonter la pente, il le sentait. Pas encore ; c’était beaucoup trop tôt. Sentant son nez couler, il renifla, faute d’avoir un mouchoir sous la main. Un arrière-goût métallique vint envahir son palais ; cette odeur était reconnaissable entre mille : c’était celle du sang. Il passa sa main sous son nez pour s’assurer de ce qu’il venait de sentir et resta figé devant l’image de sa main dont le sang ne se discernait dans l’obscurité ambiante que par des tâches noires sur sa peau blanche.
*Comment est-ce que je pourrais venger qui que même quand c’est le miens, avoir du sang sur les mains me fait.. peur ?* Etait-ce dû à la fatigue, à la chute de son oiseau, ou à cette maladie ? Non, ça devait être les deux premiers.. ou le froid, oui : le froid. Ce ne pouvait être que ça… Il n’allait pas en mourir : tout le monde saigne du nez, c’est tout à fait normal. Il essuya frénétiquement sa main contre son pantalon noir. Avec un peu de chance, personne ne remarquerait rien. Il s’essuya jusqu’à ne plus voir ce liquide épais sur sa peau, comme s’il s’agissait d’un acide dangereux ou d’un liquide rebutant : il ne voulait pas voir son sang. Pas après ça.
La nuit passa doucement, ralentie d’avantage par la morsure du vent glacial qui pénétrait de temps à autres dans la grotte. Personne ne vint troubler la solitude de Rochel qui resta dans son coin, sans bouger, le regard dans le vague. Il n’avait pas sommeil, de toute façon – du moins s’en persuadait-il. Peu avant le matin, la tempête se calma, dévoilant un ciel clair dans lequel le phobique des rêves perdit son regard, cherchant refuge dans les étoiles. Elles étaient là, calmes et sereines, si lointaines qu’aucun trouble de ce monde ne pourrait jamais les atteindre ; c’est là que devait être Alice, à l’heure actuelle. Aucun de ses compagnons de voyages ne s’était encore réveillé, mais pourtant quelques bruits se faisaient entendre par intermittence, signe que leur réveil ne saurait tarder. L’insomniaque sentait ses yeux le brûler et il n’arrêtait pas de bâiller depuis quelques minutes déjà. Un nuage orangé commença alors à tournoyer autour de lui, le faisant se lever en sursaut, faisant de grands gestes pour chasser cette fumée et ce rire qui semblait sortir du néant. Il voulut s’enfuir mais se prit les pieds dans quelque chose et se retrouva à terre. Se relevant à moitié pour voir ce qui l’avait fait tomber, il observa non sans écarquiller les yeux que deux grosses boules roses avaient remplacé ses pieds ; son corps tout entier était vêtu de la même couleur. Ne disposant d’aucun miroir, il essaya de tirer le vêtement mais ce dernier semblait impossible à enlever.
La voix de Milly le fit se retourner et lorsque leurs regards se croisèrent, Rochel eut une désagréable impression de déjà-vu… sentiment confus mais néanmoins présent, troublant. L’image d’un phallus s’imposa à son esprit sans qu’il sache pourquoi. C’était comme si… comme s’il savait. Il était piégé dans un costume et pas n’importe lequel : un costume de pénis géant ! - Pourquoi.. mais pourquoi ça m’arrive à moi..? | |
| | | Matthew Owens
Maladie mentale : Ailourophobe
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Dim 11 Nov - 1:28 | |
| Toujours disposé à écouter ce qui se disait derrière son dos de dormeur, Matthew écouta avec attention et ne dormait que d'un oeil. Même si son esprit sombrait peu à peu dans les bras de Morphée, quelques miettes de la discussion lui restaient en tête et surtout les questions presque indiscrètes adressées à Rochel. Le meurtre.. Toute personne qui commettrait un tel acte mériterait de mourir comme il l'a fait subir.. Enfin chacun avait sa petite vision de ce qui fallait faire et de ce qu'il avait vu en pleine action, Matt' connaissait un Rochel pacifique et qui ne cherchait pas la confrontation. Un sage homme qui finalement avait eût plus de peur que de mal contrairement à lui durant leur rencontre avec les cow-boy. Il admettait amèrement que rendre les coups n'était pas la meilleure idée qu'il avait eût sur le moment. Contre toute attente, le phobique des rêves faisait preuve d'une grande témérité vis à vis des espionnes. La pression et le mal du pays arriveraient à le changer ? Pour sûr, plein de chose pouvait lui porter sur le système. Même Matt' considérait sa situation préoccupante, il se voyait comme un maquisard Sdf couché par terre.. Le confort habituel de sa petite vie le rendait nostalgique. Arrivée à point nommé, Milly en bonne diplomate leur proposa d'aller se coucher, c'était pas trop tôt. De toute façon leur conversation était tellement 'joyeuse' que ça convenait à tout le monde. Aller, au lit les enfants, chuchota Matthew à lui même. Le froid l'engourdissait tellement qu'il n'eût aucun mal à s'endormir dans un sommeil sans saveur, sans rêve lui aurait-on dit. Ce matin-là, la tempête s'était volatilisée et l'adolescente visiblement enjouée de sortir de ce trou à rats les réveilla doucement. En bon suiveur, l'ailourophobe se redressa puis s'étira comme un gros chat. Il n'aurait surement pas aimé que l'on fasse le rapprochement de lui et de l'animal. La journée s'annonçait si calme que Matthew sursauta à la vue du gros machin rose et vivant entré dans leur caverne. Lorsque la chose se tourna vers lui, il ne trouva même pas ces mots pour dire quelques chose de cohérent. - Truc.. Là.. Rochel ??? Que..Le pire, c'est que son camarade semblait être vêtu d'un costume très évocateur. L'idée qu'Haloween n'était peut être pas si loin n'effleura même pas l'esprit du phobique habitué à voir débouler des costumes plus traditionnels. À peine semblait-il se remettre de ce 'WHAT THE PHOQUE !' que le fameux halo orangé l'enveloppa à son tour. Il allait surement faire d'autres choses aussi rigolotes qu'utiles comme la dernière fois. Pourtant il constata bêtement que son costume n'avait rien pour lui plaire. Le rire démoniaque repartit en quête d'une nouvelle victime le laissant apprécier les joies de se retrouver dos nu alors qu'il fait à peine 10 degré.. Déboussolé et presque près à crier au scandale en voyant qu'il était vêtu d'une robe, l'ailourophobe fronça les sourcils tandis que sa chevelure de serpent en plastique lui caressa les tempes. - Spoiler:
https://i.servimg.com/u/f49/17/89/26/63/hallo_14.pngGrâce à ce costume plus vrai que nature, vous en gagnerez (que vous le vouliez ou non) les caractéristiques suivantes pendant 4 messages RP : Vous aurez la capacité de changer les gens qui croisent votre regard en pierre pour 1 minutes, mais si vous croisez celui de votre reflet vous deviendrez statue pour 2 minutes. - Mais c'est carnaval ou quoi ? Sont où les vrais costumes ? Me dites pas qu'ils fêtent la Gay pride ! grelotta t-il tout en se frictionnant les bras.
Là pour le coup, il passait pour un travelo. Sa fierté masculine venait d'en prendre un certain coup, à tel point qu'une once de colère se faisait dans sa voix grondante. - Que quelqu'un m'explique ??! Demanda t-il en se tournant tour à tour vers Eve et Milly. En prenant du recul, elles le regardaient l'air hagard sans bouger. Aucun de leurs traits ne semblaient changer, aucun battement de paupière, rien ! Leur avait-il cloué le bec ? Elles venaient d'être pétrifiées et il n'était pas si innocent que ça dans l'affaire. Il essaya de les faire réagir avec les mouvements brusques de sa main, rien à faire.. Il venait de les condamner. Son visage se décomposa. - Mon Dieu qu'est-ce que j'ai (encore) fait..
Il se vissa son bonnet bleu marine de Noël sur la tête jusqu'à obstruer sa vision et s'agenouilla comme s'il ployait sous le remord. Il avait mis du temps à comprendre qu'elle était la créature monstrueuse qu'il incarnait. La gorgone semblait-il. Que des rôles féminins entre celui-la et la mort enfin, avec l'autre il ne se les gelait pas. Matthew était profondément affecté par la nouvelle bêtise qu'il venait de faire en croyant qu'il venait de les figer à jamais et briser deux vies. - Je suis désolé, je voulais pas.. Vraiment !Fort heureusement, le supplice d'avoir été une catastrophe s'estompa bien vite car après une minute, le sortilège qui venait de les transformer en statue de pierre venait de prendre fin. Le maladroit resté dans l'ignorance versa quelques larmes que son couvre-chef absorba et n'avait qu'une envie ; s'arracher les yeux pour en faire du pâté. | |
| | | Eve M. Todrovitch
Maladie mentale : Troubles paranoïaques
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Mar 13 Nov - 13:29 | |
| Le regard accablé que lui lança le phobique des rêves suffit à sa réponse. Rien. Aucun argument surfait sur la bonté des gestes cette fois, seulement une immobilité fragile qui démontrait bien que les discours de St Augustin avaient des limites. Jade eut beau s’interposer pour lui adresser des reproches qu’elle n’écouta qu’à moitié, la conviction de sa démence venait d’être ravivée dans ses prunelles glacées, comme des flammes surnaturelles. Inutile alors d’insister sur le cas de Rochel, qui s’était réfugié dans un coin de la caverne pour pleurer – du moins, c’est ce que ses reniflements laissaient entendre. Preuve était faite que son cheminement était légitime ; que le monstre n’en était pas un. Elle était une bête blessée qui n’avait fait que défendre ses intérêts et désormais, on lui avait fait une réputation de démon pour dissimuler la vérité. Eve Magdalena Todrovitch n’était pas folle. Jamais. Forte de ces convictions, la taularde s’était endormie la dernière, après s’être assurée qu’aucun des deux mâles n’attenterait quoique ce soit pendant son sommeil. Recroquevillée sur elle-même pour diminuer les pertes de chaleur, ses cheveux sombres masquant à moitié ses traits blancs, elle avait presque l’air paisible. Une simple jeune femme perdue, abritée du blizzard. Dans le gouffre sans rêve qu’était l’inconscience à Dreamland, le cauchemar perpétuel de la russo-américaine se stoppait enfin. Eveillée par Jade, la détenue mit un petit moment à s’étirer, courbaturée par une nuit sur un sol trop dur. L’un de ses bras était d’ailleurs engourdie, dévoré par une désagréable sensation de fourmillement. Une main appuyée sur son front, ses doigts entremêlés dans sa chevelure, ses yeux marron se plissaient pour accueillir petit à petit la lueur du jour qui s’introduisait dans leur grotte. A peine fût-elle debout qu’un tourbillon orangé fit irruption dans leur refuge et l’enveloppa toute entière. Eve se souvenait de la dernière fois qu’elle avait été témoin de ce phénomène, et la perspective de recommencer n’était pas vraiment la chose qui l’enchantait le plus. D’autant plus que si elle s’était attendue à se voir réaffublée de son costume de croque-mitaine, elle découvrit en baissant les yeux que la loterie avait décidé de lui réserver autre chose. - Spoiler:
Grâce à ce costume plus vrai que nature, vous en gagnerez (que vous le vouliez ou non) les caractéristiques suivantes pendant 4 messages RP : Vous aurez la capacité de jouir littérallement par le sommet du crâne lors d'un accès de joie et votre contact physique aura un effet aphrodisiaque sur la cible pour un message RP.
Sans miroir, il lui était impossible de savoir en quoi elle était déguisée. Toutefois, apercevoir Rochel et son air désemparé fût une réponse suffisante. Il n’y avait alors pas le moindre mot, ni même la moindre expression, qui pourrait définir le sentiment qui secoua les entrailles glaciales de la paranoïaque. Qu’une entité inconnue s’amuse à la grimer en monstre affamé passe encore, quand bien même cela avait été particulièrement désagréable – et inutile. Mais l'habiller de force en verge de taille humaine, il y avait là un caractère humiliant qui lui restait en travers de la gorge. La russo-américaine allait protester, mais dès lors que son regard inexpressif eut croisé celui de Matthew, elle se sentit soudainement paralysée sur place. Impossible de faire un mouvement, même lorsque le coupable, visiblement au fait de son action, tentait vainement de la faire réagir. Retenue par un barrage invisible, la colère froide d’Eve dut attendre sa libération pour pouvoir exploser. Serrant les dents, expirant profondément pour éviter de laisser sortir une exclamation de rage, elle s’approcha de l’ailourophobe avec une furieuse envie de lui en coller une bonne. Elle retint finalement son poing déjà dressé et se contenta de l’agripper fermement à l’épaule pour lui siffler sèchement : - T’avises pas de recommencer ça. Tu ferais mieux de garder ton bonnet. Sait-on jamais ? Que pourrait-il leur faire s’il prenait goût à son éphémère pouvoir de pétrification ? Il y a bien des choses horribles de faisables en moins d’une minute. On n’est jamais trop prudent. Sans le savoir, Eve venait d’activer son pouvoir aphrodisiaque sur le pauvre Matthew. Elle détourna alors son regard vers ses autres acolytes, plus glacé encore que le climat des terres gelées : - Et je me passerai des commentaires sur mon… « costume ». | |
| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Jeu 15 Aoû - 9:44 | |
| - Hihihihihihihihihihihihihihihihi...
Ce rire, elle ne le connaissait que trop. Comme ce tourbillon orange et cette apparition magique de costumes farfelus. De quoi avait-elle écopé cette fois ? D'un costume de clown flippant à en croire le reflet que lui renvoyait un cours d'eau gelé qui serpentait non loin de la grotte. Jade frissonna, une grimace s'étirant sous son masque de latex. Elle avait toujours détesté les clown depuis qu'elle était tombé sur ce film à la télé, avec l'un d'eux qui mangeait des enfants. Elle en faisait même encore des cauchemars à l'occasion...
Elle en était à ce stade de ses réflexions quand la voix de Matthew lui fit tourner la tête. Et que son regard la change en pierre. Voilà comment bien commencer une journée, y'avait pas à dire ! Comme si leur situation n'était pas déjà assez merdique comme ça ! Armée d'autant de courage qu'une moule face à cet événement, la psychotique paniquait déjà dans sa prison de pierre. Rester comme ça éternellement ? Non ! NON ! Elle aurait probablement souillé son fond de culotte à cette pensée si seulement elle avait encore été capable d'uriner. Heureusement tout comme les bonnes choses, les mauvaises avaient aussi une fin et elle retrouva son corps d'origine non sans un soupire ostensible de soulagement. Ne restait qu'une angoisse : quel était l'effet de son costume ? Pire ? Meilleur ? Elle n'avait pas vraiment envie d'expérimenter à vrai dire.
Le seul point positif dans cette affaire c'est qu'elle n'avait pas écopé du costume dont étaient affublés Rochel et Eve. A voir ces deux phallus se traîner piteusement sur leurs testicules ce n'était qu'à grand mal qu'elle s'empêchait de rire. Ca ne rendait pas plus aimable la taularde d'ailleurs, qui en profitait pour rabrouer un coup le pauvre Matthew, bonnet toujours baissé sur ses yeux.
- Oh c'est bon ! C'est pas comme s'il l'avait fait exprès non ! Il recommencera plus, voilà tout !
Jade revint vers la grotte pour se saisir de la main du phobique des chats, causant du même coup le départ de la troupe.
La météo s'était calmée depuis la veille, mais c'était toujours loin d'être idéal. Un froid mordant mettait à mal ses camarades et l'adolescente ne se réjouissait que trop d'avoir acheté sa combinaison il y avait de ça un moment déjà. La couche de neige qui couvrait le sol ne facilitait pas leur marche, sans parler des moments où leurs pieds dérapaient sur une couche de glace masquée par la poudreuse. Dire qu'ils avançaient par conséquent à la vitesse d'un escargot paraplégique n'aurait rien eu de faux.
- Bon ! Pour commencer faut qu'on retrouve du monde, d'autres gens comme nous envoyés dans le coin... vous verrez ça ira mieux quand on sera plus nombreux. Peut-être même qu'ils ont un camp avec un minimum de confort qui sait ? Ne vous inquiétez pas, je vous promets que tout ira b...
Un craquement sonore se fit soudain entendre sous leurs pieds. La portoricaine qui avançait quelques mètres en avant s'immobilisa, les traits figés par la peur. Qu'est-ce qui avait bien pu causer ce bruit ?! La réponse ne tarda pas à lui être révélée lorsque Matthew s'enfonça brusquement dans le sol dans un « plouf » sonore. La bouche de Jade s'ouvrit en un « o » muet avant qu'elle n'accoure près du point de chute pour apercevoir de l'eau. De l'eau. De l'eau ! C'était pour ça qu'ils glissaient sans cesse depuis une bonne dizaine de minutes ! Ils se trouvaient sur un lac gelé que la neige avait recouvert pendant la nuit ! Enfin sauf pour Matt', présentement sous la glace.
- Ômondieuômondieuômondieuômondieu...
Elle se mit à pelleter frénétiquement la neige dans l'espoir de repérer le jeune homme sous ses pieds mais la couche de glace était trop opaque pour offrir une quelconque visibilité. De toutes façons on ne leur permettait pas de poursuivre les recherches plus longtemps : dame nature était bien décidée à les faire déguerpir de là en faisant se craqueler la glace de plus en plus loin, de plus en plus vite. Sous elle, la glace s'affaissa d'un cran alors que son visage blêmissait tout aussi vite.
- Courrez ! Courrez ou nous finirons tous comme lui !
Mieux que la course, Elie en plein combat avec un monstre marin à plusieurs centaines de kilomètres de là lui offrit une bien meilleure option. De magnifiques ailes blanches poussèrent sur le dos de la psychotique qui ne se fit pas prier pour en battre et s'envoler. Elle eut tout de même la présence d'esprit de planer jusqu'à ses deux compagnons encore en surface pour attraper leurs mains et voler péniblement jusqu'à une zone paraissant sure à une centaine de mètres de là, après quoi elle relâcha leurs poignets et se laissa tomber sur le sol, épuisée.
Ses ailes, toujours présentes, la masquaient et étouffaient les sanglots qui la secouaient. Elle n'avait rien pu faire pour Matthew. Il allait mourir de froid, ou se noyer... ou les deux ! C'était probablement même déjà fait. Pourquoi fallait-il toujours que ça se termine ainsi ?
- J'suis désolée, j'ai rien pu faire... j'suis désolée... désolée... pardonne moi... j'suis désolée... | |
| | | Rochel Willow
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Ven 16 Aoû - 15:28 | |
| Il n’était pas le seul touché par cette malédiction ridicule mais il fallait bien reconnaitre qu’Eve et lui remportaient la palme du costume le plus grotesque. Lorsqu’il eut finit de regarder le costume qui le recouvrait avec dégoût, Rochel osa un regard en direction de Matthew qui venait de l’appeler. L’insomniaque ne le savait pas encore mais il eut de la chance que l’ailourophobe soit davantage obnubilé par sa tenue que par la sienne ; leurs regards ne se croisèrent donc pas. En revanche, il fut aux premières loges lorsque les pouvoirs de méduse se manifestèrent. Il recula d’un pas, pétrifié non pas par son ami mais par la peur. Il serra sa peluche dans ses mains instinctivement, n’osant ni approcher, ni fuir tant la position dans laquelle il se trouvait paraissait insensée… et puis les testicules lui servant de pieds ne semblaient pas vraiment faites pour la course à pieds… ni pour quoi que ce soit, en fait.
Il murmura alors en synchronisation parfaite avec le phobique des chats Matt’… Qu’est-ce que tu as fait..? Son ami venait de transformer en pierre leur seule chance de ne pas mourir dans cet enfer gelé. Qu’allaient-ils faire pour se sortir de ce cauchemar ? Du fait de l’émotion, les soixante secondes passèrent comme dix et les deux filles récupérèrent peu à peu leurs couleurs ainsi que leur mobilité. Un soulagement pour l’insomniaque qui s’imaginait déjà marcher au hasard dans les terres gelées. Il aurait voulu leur dire qu’il s’était inquiété mais c’était sans compter sur l’intervention musclée de l’impulsive Eve qui cloua le bonnet de l’ailourophobe sur son crâne, couvrant jusqu’à ses yeux. Le rendu était assez étrange puisque les serpents ayant remplacés les cheveux de son ami continuaient de grouiller sous le bonnet, faisant mouvoir ledit objet de manière plus ou moins anarchique selon l’état d’énervement des reptiles. Aveuglé, Matthew ne put bouger que lorsque Milly lui attrapa la main pour l’entraîner à l’extérieur de la grotte. Rochel suivit instinctivement sans trop se poser de questions.
Marcher dans la neige avec ces costumes n’avait rien d’aisé mais la couche de tissus supplémentaire avait au moins l’avantage de tenir Rochel au chaud. Enfin ce n’était pas vraiment comme si cela changeait grand-chose pour lui étant donné que ce qui le faisait frissonner était également dû à la fatigue qu’au froid. - On pourrait ralentir la marche, s’il vous plaît ? C’est vraiment fatiguant, ces testicules. Pas vrai, Eve ? … Eve ? Il releva le gland qu’il avait abaissé sur son visage quelques minutes auparavant pour se protéger des flocons pour remarquer avec lassitude que tout le monde y compris la paranoïaque étaient déjà à quelques mètres devant lui. Sans rire… je vais pas tenir le coup à cette allure… Personne ne l’entendait, bien sûr, avec les bourrasques intermittentes qui emportaient ses paroles Dieu sait où. Il tenta de courir et même si le spectacle aurait fait rire le plus blasé des mortels, il parvint à rejoindre le trio de voyageurs juste à temps pour voir Milly se retourner et leur faire une sorte de briefing.
Le craquement de la glace jeta un froid au sein du petit groupe et la scène se passa avec une rapidité absurde : Matthew disparut sous les eaux gelées du lac sur lequel ils se trouvaient. Ecarquillant les yeux, Rochel mit un temps considérable à rassembler ses esprits encore embrumés de fatigue. - Matthew !! Sans réfléchir, il se rua vers le trou d’eau qui se craquelait de plus en plus. Il fallait récupérer Matthew ! Arrivé près du bord, il fut stoppé dans sa progression alors qu’on lui attrapait la main, le soulevant dans les airs. Les yeux toujours rivés vers l’eau glaciale et placide, Rochel hurlait de désespoir. NOOOOOOOOOON !! MATTHEW !! LÂCHE-MOI, JE DOIS Y RETOURNER ! MATTEEEEEEEW !!!
Milly le déposa bientôt sur la terre ferme. Rochel était conscient de ne pas lui avoir facilité les choses en se débattant tout du long mais on devait bien lui remettre les pieds sur terre : le phobique des chats avait disparu et il ne reviendrait pas… Soit il s’était noyé, soit le froid se serait chargé de lui… L’idée d’un Matthew se débattant sous l’eau en proie à la terreur serrait la gorge de l’insomniaque qui marcha lentement jusqu’à la berge pour se laisser tomber à genoux devant le lac dont les plaques de glace se détachaient et s’entrechoquaient. Sa vue déjà troublée par le manque de sommeil s’en vit réduite à fortiori à cause des larmes qui vinrent couler le long de ses joues. - … Pourquoi..? Pourquoi vous ? Pourquoi est-ce que je n’ai RIEN pu faire pour vous sauver tous les deux !? Il serra les poings, réprimant ses sanglots. Trop de morts, il y avait eu beaucoup trop de morts ; il n’en supporterait pas davantage. Il allait lui-même mourir, il le savait… Nourrir de faux espoirs ne servait à rien : il ne parviendrait jamais à retrouver son ombre. Et quand bien même, à quoi bon ? Matthew n’avait rien fait contre ce monde et il venait de disparaitre. Comment pouvait-on mourir si rapidement ? Les dieux du pays des rêves étaient peut-être mus par la vengeance mais jamais Rochel ne le serait contre ce monde-ci. Cela n’avait aucun sens ! Il aurait voulu se tuer dans l’instant si ç’avait permis de mettre un terme à ce vain conflit.
Dans son dos, il entendait les gémissements de Milly. Il tourna légèrement la tête vers elle. Il ne savait pas s’il devait lui en vouloir, la haïr, la mépriser ou bien la réconforter et compatir… Il plongea à nouveau son regard sur le lac, imprimant à jamais cette image dans sa tête ; figeant ce moment où il venait de perdre le seul ami qu’il avait eu à Dreamland jusqu’à présent… son seul ami depuis longtemps, d’ailleurs. Fermant les yeux, il se concentra sur tous les bons moments passés ensemble car même si cette aventure n’avait été que de courte durée, les événements auxquels ils avaient dû faire face avaient donné l’impression à Rochel qu’il avait posé le premier pas sur le chemin du retour chez lui. Mais désormais, il comprenait qu’il était plus loin de son monde qu’il ne l’avait jamais été.
Il se releva et s’approcha de Milly dont l’aile couvrait le visage. Il s’arrêta à mi-chemin pour poser un regard aussi terne qu’un ciel pluvieux sur Eve et lui posa une question ; une seule et simple question : - Il t’avait changé en pierre et le voilà mort. Dis-moi, j’espère que tu apprécies cette ‘vengeance’ ? En aucun cas Rochel ne voulait porter Eve pour responsable de ce regrettable accident mais après leur discussion d’hier, l’insomniaque voyait encore moins comment la vengeance, idéal psychopathique que prônait la russo-américaine, pouvait être bénéfique en quoi que ce soit au vu de ce genre d’événement tragique. Tirant de sa hotte la couverture que Milly lui avait donnée, Rochel aida cette dernière à s’asseoir et l’enveloppa pour la tenir au chaud. Il resta un instant sans rien dire, à la regarder. Cette tristesse, il ne la connaissait que trop : ce sentiment d’impuissance, ce regret de n’avoir pas su sauver ceux que l’on perd, cette amertume qui vous déchire le cœur en songeant que vous, vous êtes encore en vie sans l’avoir mérité plus que l’autre. L’insomniaque aurait voulu dire « personne n’aurait rien pu faire » ou « ce n’est pas de ta faute » mais ces mots sonnaient tellement faux venant de sa part… Comme un guerrier à la lame sanguinolente qui vanterait les mérites de la paix et la joie d’éviter un combat. Lui aussi avait du sang sur les mains. ‘Indirectement’, lui rétorquerait-on… certes. Mais il demeurait incapable de s’en persuader. Après un long silence pendant lequel il chercha des mots non vides de sens, il parla enfin. - N’endosse pas tout ça sur toi. Ce fardeau, nous le porterons tous les trois. Quand le jour viendra où nous le retrouverons, je suis sûr qu’il nous pardonnera.
Il posa doucement sa main sur l’épaule de Milly puis se releva. La seule chose qu’on peut faire pour lui, maintenant… C’est lui promettre qu’on ne l’oubliera jamais. Ses yeux se baissèrent sur le sol où quelque chose attira son attention. Il dut plisser les yeux pour s’assurer que ce qu’il voyait n’était pas dû à une hallucination quelconque. - Matthew nous aura au moins permis de trouver ce que nous cherchions… regardez. Il pointa du doigt des empreintes de pas dans la neige. Vu la netteté de ces dernières, il y avait fort à parier qu’elles étaient assez fraiches. Peut-être qu’en les suivant, ils finiraient par trouver un camp ou n’importe quoi relevant d’un peu de civilisation… | |
| | | Eve M. Todrovitch
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Sam 17 Aoû - 13:55 | |
| Dans la longue liste des choses que l’esprit rationnel de la taularde n’aurait jamais pu concevoir qu’elle ferait un jour, se balader à pied dans un désert glacé, déguisée en pénis, méritait d’être souligné en rouge. Si le ridicule ne tuait pas, il était au moins terriblement encombrant, et disons qu’il mettait un coup à la crédibilité de sa personne. Au moins, elle s’en sortait toujours mieux que Rochel, qui traînaillait à l’arrière. D’ailleurs, un rapide coup d’œil lui apprit qu’il avait rabattu son gland devant son visage. Au moins c’était clair, il avait une force d’abnégation époustouflante.
Eve n’avait pas ouvert la bouche depuis qu’ils avaient quittés la grotte. D’abord parce qu’elle était suffisamment occupée à essayer de ne pas tomber, mais en plus, parce que le fait que Jade lui tienne tête autant qu’elle pouvait la faisait cogiter. Cette gamine méritait d’être protégée, mais elle s’évertuait à ne pas comprendre son point de vue, pourtant tout à fait logique. Il n’y avait rien de faux à supposer qu’être changé en pierre pendant ne serait-ce qu’une minute pouvait s’avérer fatale ; il n’y avait rien non plus de grotesque à se méfier de quelqu’un disposant d’un tel pouvoir. Elles connaissaient à peine Matthew, et la russo-américaine était bien placée pour savoir que l’emballage d’un criminel importait peu. Combien de minettes aux airs d’ange, qui n’étaient ni plus ni moins que des meurtrières, avait-elle croisé en taule ?!
Les pensées de la jeune femme cessèrent quand la benjamine commença son briefing, mais le bruit inquiétant de la glace qui se fend l’interrompit. L’ailourophobe disparut instantanément, première victime du lac sur lequel ils se trouvaient visiblement depuis un moment. Si ses deux comparses s’étaient rués vers le trou, cherchant désespérément à apercevoir leur ami, Eve était préoccupée par autre chose. Par exemple, le fait qu’ils allaient tous finir de la même façon, aux vues du son qui se propageait, lentement d’abord, hésitant, puis avec plus d’assurance.
Les poils se dressèrent sur sa peau blanche, alors que ses yeux inexpressifs cherchaient en vain à déceler l’endroit sûr le plus rapide à atteindre. Ce n’était pas la peur qui faisait battre son cœur. Du moins, pas trop. Surtout le goût amer qui se distillait déjà sur son palais : mourir dans une eau glacée au milieu de nulle part, habillée en bite. Quand même, elle s’attendait à mieux.
Courir ? C’était facile à dire pour celle qui n’avait pas deux gros testicules à la place des pieds. Le dilemme clouait la paranoïaque sur place ; rien ne les entourait que les étendues de neige – rien de distinctif et de salvateur. La fuite aveugle était la seule option. Pourtant, si elle glissait et qu’elle se vautrait de tout son poids, ce qui risquait d’arriver, elle ne manquerait sans doute pas de briser la plaque de glace en pleine fragilisation.
Heureusement, alors qu’elle s'affaissa brusquement d’un cran, Eve se sentit soulevée de terre par Jade. Un clown volant qui portait deux phallus à bout de bras, dont un passablement agité. N’ayant rien d’autre à faire, Eve contempla le désespoir de Rochel avec une impassibilité consternante. Ce débordement émotionnel était d’un pitoyable… avec une telle force de caractère, il serait le prochain, sans doute.
La terre ferme, enfin. Le premier réflexe de la taularde fut de se tourner vers le lac, pour se rendre compte de l’étendue des dégâts. Par endroit, l’eau était visible désormais. Froide, docile, plate. Il n’y avait pas l’ombre d’une oscillation qui signifierait que Matthew se débattait encore là-dessous. Pétrifié par la température de l’eau, il était peut-être déjà mort. Constat sinistre avec la mélodie des gémissements de Jade en toile de fond, mais alors qu’Eve allait se retourner pour lui assurer que ce n’était pas de sa faute, le phobique des rêves la croisa et en profita pour lui lâcher une remarque bien sentie.
La russo-américaine n’eut pas le temps de réfléchir à sa réplique qu’elle eut brusquement l’impression d’être libérée d’un étau oppressant. Se costume se prêta même au jeu de la transformation, devenant entièrement blanc. Dans son esprit qui ne laissait désormais plus qu’entrer la lumière de la paix, ce que lui avait dit Rochel résonnait. Douloureusement, elle devait le reconnaître. Dans ces moments de lucidité, elle se faisait peur toute seule – se terrifiait, mais comment pourrait-elle changer, comment ?
A cet instant, elle aurait aimé croire au pardon de l’ailourophobe, mais elle ne pouvait pas le vérifier. Par contre, elle pouvait s’en assurer un autre. S’approchant doucement de son duo d’acolyte, elle attira doucement l’attention de son cadet en posant une main sur son bas :
- Rochel ?! Ecoute je… je suis vraiment désolée ce qui s’est passé avec Matthew ce matin. J’ai… un peu de mal à me contrôler parfois, c’est vrai, mais pourtant je ne pense jamais… vraiment à mal…
Eve s’interrompit un instant, comme si elle s’interrogeait sur elle-même. Dans ses yeux marron, la glace avait fondu. Délestés de la haine et de la folie, il ne restait plus qu’une immense tristesse qui tambourinait à la fenêtre de ses iris pour jaillirent, mais qui ne pouvait pas s’échapper. Une expression se dessina enfin sur ses traits figés, une véritable compassion, une douleur visible, une sincérité évidente. Ce visage semblait si différent quand il était vivant.
- Je voudrais vraiment qu’on puisse s’entendre et se faire confiance toi et moi, confia-t-elle, je trouve que tu es quelqu’un de bien. Vraiment. Je sais que je ne te l’avais encore pas présenté de cette façon, pourtant…
Comment lui dire que même si elle n’était pas dans son état normal, elle était sincère ? Comment pourrait-il comprendre que ces pensées étaient celles qui se cachaient sous le masque de sa démence ? Un masque qui l’étouffait, qui la tuait à petit feu. Un masque qui avait détruit sa vie. A cet instant, elle en était consciente, mais elle savait qu’elle oublierait.
Alors elle raffermit un peu sa pression amicale sur le bras de Rochel, et sourit. Un de ces sourires trop rare, qui illuminait son visage décoloré, tandis que ses yeux tristes imploraient silencieusement qu’il comprenne. Qu’il était celui par lequel pouvait venir sa rédemption. La russo-américaine s’en rendit compte : il ne la laissait pas indifférente. Il était tellement son contraire, en temps normale, qu’il exerçait une force nouvelle. Elle voulait le frapper et insulter sa faiblesse, parce qu’elle souffrait à sa place de le voir l’échine courbée, parce qu’elle voudrait le sauver, lui ; lui rendre la vie, à défaut de pouvoir retrouver la sienne. Sous l’effet de son pouvoir, ces pensées lui apparaissaient plus clairement : au fond, elle avait envie que le phobique la guérisse, la change, la ressuscite. Compter pour quelqu’un, elle y aurait droit ?
Sans le savoir, son contact avait déclenché le pouvoir de leurs costumes de pénis. L’effet aphrodisiaque se propageait, ensorcelant, ses méfiances partiellement déjouées par son état de prédicatrice de la paix. Rochel paraissait soudain inexplicablement attirant et dans la suite logique de ses dernières réflexions, la russo-américaine agit en débranchant son cerveau. Elle franchit brusquement la distance qui les séparait encore pour plaquer ses lèvres contre celles de son interlocuteur. Un baiser qui, s’il n’aurait pas été possible sans l’effet du costume, laissait pourtant un arrière goût de sincérité venant d’Eve. | |
| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Sam 14 Juin - 20:59 | |
| Des paroles, tout ça n’était rien que des paroles dans le vide. Matthew ne les attendait nulle part, du moins à aucun endroit enviable. Ici le paradis comme l’enfer se résumait aux limbes de Freedoom, et pour en avoir eu assez d’échos de la part d’Elie pour savoir que ça n’avait rien d’une partie de plaisir. Un endroit gris et morne où les esprits se voyaient désespérément attachés à des gardiens sadiques capables de les ressuscités pour les tuer ensuite, simple divertissement... Non, vraiment non. Et impossible qu’il leur pardonne. Le fait de ne pas oublier ne changera rien à son martyr.
Jade gardait en elle ce tourbillon de pensées négatives, comme bridée par l’absolution d’Eve. Elle aurait voulu crier, hurler que c’était des paroles en l’air, qu’on les lui avait déjà servi. Que ça n’avait jamais rendu la perte d’Amber plus supportable. Que se souvenir d’elle en permanence n’avait réussi qu’à la faire souffrir un peu plus chaque jour d’une douleur lancinante qui lui transperçait le cœur comme un poignard. Mais elle aurait aussi voulu se jeter dans les bras de Rochel pour y capter un quelconque réconfort. Malgré le ridicule de sa tenue il provoquait des sentiments qui contrastaient drastiquement avec sa peine et sa détresse.
Oui... elle le désirait. Une sensation puissante qui lui empoignait les tripes, lui donnant l’impression d’être en feu. Elle aurait voulu poser ses lèvres sur les siennes et... et c’était déjà fait. Pas par elle, hélas. Tiraillée entre la honte, la surprise et les larmes elle ne sut d’abord pas comment réagir puis, dès qu’Eve relâcha les lèvres du phobique, elle s’en empara à son tour. L’adolescente ne réfléchissait pas vraiment, elle avait juste voulu essayer. c’était tellement, tellement tentant... même si sa pudeur naturelle la rattrapa au galop en lui mettant le rouge aux joues.
- «Je... euh... pardon. Je n’aurais pas dû, c’est juste que... Pardon.»
Elle se redressa, chancelante et le regard fiévreux avant de tourner le dos au duo.
- «Ce doit être le costume, parfois ils ont des effets étranges. Avec ce qui vient d’arriver j’aurais dû me retenir, je ne t’en voudrais pas si tu le prends mal.» la psychotique reprit après une profonde inspiration «Il faut qu’on reparte. La glace pourrait céder et nous avons déjà perdu un ami. Je ne veux pas en perdre d’autre, ni mourir d’ailleurs.»
Jamais ses chaussures ne lui avaient semblé aussi intéressantes. Et elles restèrent son principal centre d’intérêt pendant les longues heures de marche qui s’ensuivirent. La piste des traces de pas était encore fraîche et ils n’eurent pas de mal à la suivre dans un silence pesant, lourd de gène et de tristesse.
Ses ailes avaient disparues depuis longtemps lorsque se dessina à l’horizon les reliefs d’un camp de fortune, agrégat de tentes de fourrure autour desquelles des hommes s’agitaient. On ne pouvait ni discerner leurs visages ni leurs paroles mais dans l’esprit de Jay s’affichait en lettres de néons le mot «résistance». Ses jambes fatiguées accélérèrent inconsciemment, la poussa à presque courir sur la dernière dizaine de mètres. La bonne jumelle ne s’arrêta que lorsqu’elle percuta par inadvertance un homme surgissant d’une tente comme un diable de sa boite. Elle tomba au sol le cul dans la neige et mit bien 5 secondes avant de remettre assez d’ordre dans sa tête pour aligner deux mots.
- «Ja... euh... Milly. Milly Meers. On m’a envoyé ici avec Eve pour aider à retrouver les ombres.»
Jade tendit la main à son interlocuteur qui en profita pour la remettre debout.
- «Badgers. On vous attendait hier soir, on a cru que vous étiez mortes dans le blizzard... vous êtes plus solides qu’il n’y parait.»
Un sourire narcois se dessina sur son visage mais disparu bien vite à la vue de Rochel. Il le désigna d’un signe de tête discret avant d’ajouter :
- «C’est qui, lui ? Il était pas prévu.
- C’est... c’est un vieil ami. Il est très gentil, très correct... il ne dérangera pas. Il pourra même aider ! S’il-vous-plait, laissez le rester !»
Badgers poussa un soupir en retirant le bonnet qui recouvrait sa tête, dévoilant les traits burinés d’un quadragénaire aux yeux noisettes. Il passa sa main dans sa tignasse épaisse puis soupira avec un haussement d’épaule.
- «Plus on est de fous plus on rit je suppose, mais vous en êtes responsables. Toutes les deux. Vous avez intérêt à le surveiller si vous voulez pas de problème avec Aston ou Miss Paper.»
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| | | Rochel Willow
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Lun 16 Juin - 9:45 | |
| Toute l’honnêteté et la franchise du monde ne pouvaient fournir le tact nécessaire à une quelconque réponse, quelle qu’elle soit, face à un événement si inattendu. Se faire embrasser dans un moment pareil défiait déjà les statistiques mais par Eve qui quelques minutes auparavant semblait le détester de tout son être… Puis par Milly qu’il ne connaissait même pas depuis une journée ?! L’esprit embrumé de l’insomniaque était incapable de comprendre la raison profonde de ce qui venait de se passer et il n’eût sans doute jamais trouvé si la jeune femme blonde ne l’avait pas mis sur la piste de par ses excuses confues.
Rochel aurait voulu pouvoir dire quelque chose comme « ce n’est pas grave » ou bien « ce n’est pas de ta faute » mais franchement : il n’en savait plus rien et la gêne qu’éprouvait Milly devenait peu à peu contagieuse. Rougi par la honte d’avoir été l’un des acteurs principaux de cette romance impromptue, il ne put qu’acquiescer la proposition de sa sauveuse de partir au plus tôt. Pendant tout le trajet, le jeune homme fit l’effort de paraître normal comme si tout cela ne l’avait pas affecté mais la peine, la fatigue et la honte tourbillonnaient dans sa tête de sorte que cette apparence stoïque ne puisse être autre chose qu’apparence. Son costume avait fini par disparaître mais son regard n’osait toujours pas chercher celui de Milly et encore moins celui d’Eve. Le détestait-elle ou l’appréciait-elle ? A moins que leur relation ne soit qu’une absolue neutralité que seules les idéologies opposent ? Le paradoxe auquel il était confronté avait tant absorbé l’attention de Rochel que ce dernier manqua, lui aussi, de rentrer dans cet homme qui venait se mettre en travers de leur route.
L’inquiétude fugace qu’engendra la question « ami ou ennemi ? » fut rapidement dissipée après la prise de parole de la jeune fille. En revanche, le sentiment justifié de ne pas être à sa place prit le relai mais à peine ouvrit-il la bouche pour se présenter qu’on le fit pour lui. C’était peut-être mieux ainsi, après tout. La réplique ironique de Badgers n’aida pas du tout le dépressif à se sentir mieux, au contraire. Qu’il soit fou lui-même n’était pas le problème : il le savait déjà et ne pouvait blâmer que sa personne pour cela. Mais cet homme disait-il cela seulement par humour ou bien allait-il réellement rencontrer d’autres fous ? Aston… Miss Paper… Des noms de code, sûrement, mais pour cacher quoi et à qui ? Soudainement, Rochel se demanda si l’organisation dont faisaient partie Eve et Milly n’étaient pas autre chose qu’une simple mission pour retrouver des ombres. « Autre chose » de bien plus dangereux en soi.
- Je vous donne ma parole que vous n’entendrez pas parler de moi, Badg-euh… monsieur. Je suis seulement ici pour… aider. Aider… Ce mot sonna faux car Rochel avait du même à s’en convaincre lui-même. Aider ou être aidé ? Encore une fois il prouvait son incapacité à rendre la pareille pour tout ce qu’on avait fait pour lui. - Mouais. Si tu le dis répondit Badgers d’un ton bourru. Venez, suivez-moi ; j’ai quelque chose à vous montrer qui pourrait vous intéresser. Il leur fit un signe de tête, désignant la tente en peau d’où il venait. Ouvrant la marche, le résistant pris soin de jeter un œil aux alentours pour s’assurer que rien ni personne n’avait suivi le groupe de voyageurs.
La tente les accueillit avec une atmosphère chaude et confortable. Sur les côtés, divers bibelots magiques trônaient sur des caisses en bois dont le voisinage immédiat se composait d’un lit à l’allure spartiate ainsi qu’une table sur laquelle était déroulée une carte de la région en plus de quelques documents. L’index de Badgers vint s’écraser sur une zone précise de la carte. - Nous, on est ici. On a établi un camp il y a de ça deux mois et on compte une cinquantaine d’hommes mobilisés sur le terrain. C’est une position stratégique à cause de ça. Son index se décala de quelques centimètres en direction du nord-ouest pour tapoter une marque ajoutée à l’encre noire. Comme vous le savez déjà, des témoignages d’ombres errantes se font entendre à travers tout Dreamland mais je pense qu’on a trouvé l’un des épicentres du phénomène. Etrangement, les ombres sont en très grande majorité regroupées dans les terres gelées bien que l’on ait eut écho de plusieurs foyers dispersés sur le continent.
Badgers inspira profondément et se redressa pour faire face à Eve et Milly. - La raison pour laquelle nous nous sommes implantés ici est simple : nous devons capturer ces ombres pour les rendre à leurs propriétaires. « Comment ? », me demanderez-vous. C’est dehors que ça se passe. Il les invita d’un signe de main tout autant amical qu’autoritaire à sortir de la tente, fermant la marche cette fois-ci. Une fois dehors, il les fit marcher quelques minutes, traversant le camp dans lequel bon nombre de résistants s’affairaient à des tâches diverses et variées. A l’autre extrémité du camp, l’on entendit des voix s’élever à mesure que la neige brumeuse dévoilait des silhouettes en rang. Rochel plissa les yeux pour tenter de distinguer l’origine de tels éclats de voix et à mesure qu’ils s’approchait, il pouvait voir que ces hommes faisaient tourner au-dessus de leurs têtes des sortes de grappins ou d’hameçons d’une vingtaine de centimètre environ. Suivant les ordres d’un superviseur, ils lançaient leurs grappins sur des amas noirs parcourant le sol de manière anarchique, décrivant des courbes aléatoires leur permettant d’esquiver certaines attaques des résistants. - Est-ce que ce sont.. Des ombres, oui, l’interrompit Badgers. On a découvert qu’on pouvait les immobiliser en plantant des objets dans le sol. Pour une raison que nous ignorons, marcher dessus ne les entrave pas : il faut les épingler pour les empêcher de fuir. Chaque jour, nous en capturons autant que possible et nous les gardons là-dedans. Il leur indiqua un igloo dans lesquels des hommes entraient et sortaient ; certains traînant leurs grappins et les ombres qui y étaient attachés, d’autres allant rejoindre les rangs des ‘pêcheurs’. - C’est plus grand à l’intérieur, hein.. On a creusé dans le sol : il y a plusieurs cellules, une pour chaque ombre et on en re-creuse si besoin. Le but étant de les isoler pour cerner leurs pouvoirs et ainsi les rendre à leurs propriétaires… enfin… quand on aura trouvé comment les rattacher. - Et vous avez fait ça en deux mois seulement ? Je veux dire : creuser dans le sol, et tout, demanda Rochel, visiblement impressionné. - On a des voyageurs aux pouvoirs intéressants, nous aussi ! Tu crois quoi ? Qu’on est venu sans se préparer ? Bref, si vous voulez aller jeter un œil à notre « collection », je vous laisse carte blanche. J’ai pas mal de choses à faire mais si vous avez des questions plus tard, vous savez où me trouver. Par défaut, je vais vous rattacher au département recherche : il y a forcément un moyen de rattacher ces ombres et je veux le connaître. C’est compris, soldats ? | |
| | | Eve M. Todrovitch
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Lun 16 Juin - 17:27 | |
| Lorsqu’elle s’éloigna enfin de Rochel, son cerveau était en feu. Pas parce qu’elle ne comprenait pas ce geste guidé par une pulsion animal, quand bien même c’était le cas, mais parce que… parce qu’au fond, elle sentait qu’il y avait autre chose. Comme si tout son corps durcit par la folie avait ressenti l’esquisse d’un frisson, d’un sentiment. Eve avait les idées claires pourtant, son pouvoir était toujours actif. Doucement, le bout de ses doigts effleurait ses lèvres, comme pour retenir un petit peu plus la sensation douce et chaude du baiser. Finalement, elle secoua la tête et se détourna, quelque chose comme de la tristesse au fond de ses yeux marron. Elle était consciente que ce n’était qu’une accalmie ; que bientôt, la démence serait de retour.
Quand la russo-américaine essayait de trouver le regard du phobique des rêves, celui-ci semblait soigneusement éviter d’entrer en contact. Était-il vexé ? Gêné ? Peut-être avait-il une fiancée qui l’attendait quelque part ? La jeune femme poussa un soupir en reportant son attention sur la neige qu’elle foulait. Bien sûr. Un mec comme lui, gentil et attentionné, devait certainement avoir une petite blonde candide qui l’attendait à la maison. Quelqu’un qui le dorloterait quand il rentrera ; le type de fille qu’elle n’égalerait jamais.
Ce pèlerinage glacé avait presque des allures de randonnée cathartique, ce genre de chose. Eve avait l’impression de revivre tant que son étrange pouvoir d’apaisement restait actif. Son costume avait disparu quand ils parvinrent enfin au campement et qu’une poignée de main la tira de ses pensées.
- Compris, répondit-elle simplement après toute la présentation de Badger.
C’était fascinant. La paranoïaque n’était pas encore rodée à toutes les facéties de Dreamland et voir des ombres se faire littéralement hameçonner, ça avait quelque chose de saisissant. Elle ne put s’empêcher de vérifier que la sienne était bien à sa place, puis elle suivit Rochel et Jade, qui souhaitaient très certainement retrouver leur ombre respective.
Effectivement, à peine entrés dans l’igloo, un escalier rudimentaire s’enfonçait dans le sol, derrière le poste de contrôle d’un homme aux joues rougis par le froid. On lui avait déjà parlé des nouvelles recrues, il ne demanda qu’à voir les bagues de la Résistance portées par les deux filles pour être certain que tout soit en règle, mais resta indécis devant Rochel.
- Il est avec nous, informa Eve en posant sa main sur le bras du phobique, il va nous aider et son ombre est peut-être là-dessous.
L’homme se contenta donc de hocher légèrement la tête et les laissa descendre sous terre. Il faisait plus chaud, tellement que la russo-américaine ouvrit son manteau hivernal et souleva brièvement ses cheveux noirs pour dégager sa nuque. Pas de cellule pour l’instant, simplement un long couloir fermé par une porte au dessus de laquelle une ampoule verte indiquait sans doute qu’elle était déverrouillée. Sur la droite, il y avait ce qui devait être une salle de pause. Plusieurs personnes buvaient le contenu de tasses fumantes, absorbées dans des débats philosophique sur l’éducation des enfants dans les conditions difficiles qu’ils connaissaient.
Dans le doute, Eve n’essaya pas d’attirer leur attention, mais une petite bonne femme perchée sur des talons, en tailleur et brushing année 30, s’approcha en vitesse dès qu’elle aperçut les visiteurs. Elle détailla chacun des trois voyageurs de ses yeux d’encre au travers ses lunettes en écaille, puis demanda simplement :
- Bonjour, Judith Bennon. Est-ce que je peux vous aider ? - Eve Todrovitch, répondit la paranoïaque en serrant la main qui lui était tendue, On a été envoyés dans les environs par Miss Paper. Badger nous a affectés au département recherche apparemment. Si possible nous… nous aimerions beaucoup jeter un œil aux ombres avant.
Ce n’était pas pour elle bien entendu, mais il y avait fort à parier que Jade et Rochel seraient plus qu’intéressés à cette perspective. Avec un peu de chance, ils se trouveraient là-bas. Avec un peu de chance…
Dernière édition par Eve M. Todrovitch le Jeu 19 Juin - 8:03, édité 1 fois | |
| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Mer 18 Juin - 16:48 | |
| Pourquoi est-ce qu’il fallait que tout le monde tienne des propos lourds de menace ? «si vous ne voulez pas avoir de problèmes»... bien sûr qu’elle n’en voulait pas ! Qui voulait des problèmes à part les masochistes, franchement ? Jade en avait déjà eu une bonne tartine, plus qu’à son heure à vrai dire et elle comptait bien laisser aux autres la part qui leur était due. Elle poussa un soupir en levant les yeux au ciel alors qu’ils pénétraient sous la tente, berçés par le flot de paroles de Bagders.
Alors comme ça des galeries s’étendaient dans le sol gelée comme les racines d’un arbre géant, bardées de cellules pour accueillir non pas des criminels mais des ombres ? Un bon sujet de film, elle le proposerait peut-être à un producteur si elle arrivait un jour à se faire innocenter des crimes commis par Melena et Elie. Autant dire jamais, rétorqua cyniquement sa conscience, lui donnant l’impression qu’un poids écrasant venait d’être déposé sur ses épaules. Les paroles de leur supérieur, leur responsable ou... ou qui qu’il soit lui passait un peu au dessus de la tête. Elle avait retenu le principal et c’était l’important : la résistance était là pour se geler les miches à pécher des ombres à l’hameçon taille XXL dans le but ô combien généreux de les rendre à leurs propriétaires. Ça paraissait un peu trop généreux pour être honnête, mais soit. Et eux trois dans tout ça ? On les catapultait chercheurs. La psychotique eu un mal fou à étouffer le rire qui tentait désespérément de jaillir de sa gorge.
- «Euh... oui oui, parfaitement clair.»
Se mordre la lèvre, respirer et retrouver son calme... voilà, c’était presque ça. Elle allait donc tenter de chercher une solution sans aucune connaissance, aucune formation, aucune prédisposition. Si ça leur faisait plaisir de la voir ramer pourquoi pas mais il n’y avait plus qu’à espérer que leurs collègues seraient plus compétents.
On les conduisit rapidement vers leur lieu d’affectation situé à peu près au milieu de rien. Tout ce dont Jade était sure c’est qu’elle se trouvait sous terre mais elle aurait été parfaitement incapable de retrouver le chemin vers la surface seule. Ça commençait bien ! La température dans les installations souterraines était agréable, presque printanière, et tout avait été aménagé pour rendre la vie supportable à défaut d’être réellement agréable. La bonne jumelle profita que la parano se soit faite aborder par une femme au look démodé pour aller récupérer en vitesse une tasse de chocolat chaud après quoi elle leur emboîta le pas. A ce qu’elle croyait comprendre de la discussion entre Judith et Eve, leur guide les conduisait aux cellules dans l’espoir d’y dénicher son ombre et celle de Rochel.
Elle n’osait pas espérer, en réalité. Combien de chances pour qu’elle soit effectivement ici ? Pour que celle de son compagnon s’y trouve aussi ? La chance n’était pas souvent de son côté, aussi ne se faisait-elle pas d’illusion. La marche se révélant longue, Jade en profita pour se pencher vers le phobique après avoir bu une gorgée de son cacao brûlant.
- «Dis moi... comment est-on censés reconnaître nos ombres ? Elles ont beau exprimer les pouvoirs de leur possesseur j’ai du mal à visualiser ce que ça donnerait pour mon problème. On aura l’air malins si c’est tellement peu évident qu’on passe à côté. D’ailleurs c’est quoi au juste, tu sais... ta maladie...»
C’était stupide et indiscret mais elle était curieuse. Les joues rougies autant sur le masque de papier que dessous, Jay reprit :
- «Ne t’inquiètes pas je ne te jugerais pas ! C’est juste que ton pouvoir m’a intrigué. C’est quelque chose en rapport avec les rêves ou le sommeil ? Ou peut-être que tu préférerais que je te dise pour moi d’abord, par soucis d’égalité ?»
Aborder ce sujet n’était jamais chose aisée mais maintenant qu’elle s’était jetée à l’eau elle ne pouvait pas décemment grimper sur la rive et s’enfuir à toutes jambes. Dommage que la portoricaine n’ait pas eu de courage à prendre à deux mains mais juste des fermetures éclairs à tripoter nerveusement pour évacuer le stress. Et s’il la prenait pour une folle ? Et si c’était justement parce qu’elle l’était qu’elle avait peur qu’il s’en rende compte ? Jade chassa ces idées d’un mouvement vif de la tête, comme si elle s’ébrouait. Advienne que pourra !
- «Moi je... j’ai un dédoublement de personnalité. Mon autre moi est ailleurs, on a été séparées à cause d’un vortex. Euh... oui parce qu’ici on a deux corps, enfin c’est un peu compliqué... et toi, donc ?»
Elle ajouta mentalement, prière muette : «Pitié, ne me laisse pas m’enfoncer toute seule !».
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| | | Rochel Willow
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Mer 18 Juin - 20:05 | |
| Dépassé par les événements et rattrapé par la réalité cruelle, Rochel se prenait à espérer que son ombre l’attende dans le dédale souterrain. Il voulait y croire et il devait se rattacher à cet espoir pour ne pas perdre la tête. Toutes ces ombres… les voir glisser ainsi sur la neige en telle quantité que cela en noircissait le sol donnait des sueurs froides à l’insomniaque à l’idée de devoir chercher la sienne parmi cette marée noirâtre.
Sans décrocher cette scène fantastique des yeux, il suivit le groupe jusqu’à entrer dans l’igloo où – encore une fois – on l’accueillit avec un regard suspicieux. Péniblement, il commençait à s’y habituer en se disant qu’il ne pouvait décemment pas espérer recevoir autre chose de la part de ces personnes qu’un regard aussi froid que le paysage dans lequel ils évoluaient actuellement. Après tout, il était bel et bien l’indésirable qui s’invitait par défaut dans une organisation secrète : qu’on le voie comme une probable taupe mettant son nez dans des affaires ne la regardant pas tenait du bon sens, tout simplement.
Cela ne devait pas l’empêcher pour autant de donner une image correcte de lui-même, aussi ne refusa-t-il aucune politesse et salua poliment d’un signe de tête toute personne le dévisageant de plus ou moins près. Il était de toute façon bien trop fatigué pour réfléchir à une quelconque manière autre que celle-ci de ne pas se faire lapider instantanément. La nuit dans la grotte lui avait fait du bien mais n’était pas nécessaire pour rattraper tout le sommeil en retard qu’il avait accumulé. Ça ne l’était jamais…
Il risqua néanmoins une question qui sembla ne trouver aucune oreille : - Vous aider, je veux bien mais… je ne vois pas vraiment ce que je peux faire. Attraper des ombres, peut-être ? C’est sans doute là que je serai le moins inutile. Qu’en pensez-vous..? Visiblement, personne n’en pensait rien étant donné qu’Eve se dirigeait déjà vers la secrétaire aux allures de dame d’un temps révolu. Seule Milly était restée aux côtés de l’éternel fatigué bien que tout semblait indiquer que cette dernière s’était absentée au moins un instant pour aller chercher une tasse de chocolat chaud. La vue du breuvage qu’elle tenait entre ses fines mains faisait remonter bien des souvenirs d’enfance. Des souvenirs insouciants d’une époque bénie où le jeune Rochel ignorait encore tout des atrocités qu’il aurait à vivre. La vie aura décidément été bien cruelle avec lui et pourtant il n’était assurément pas le plus à plaindre : tant de personnes souffraient chaque jour et ce, bien plus que lui. Arriverait-il à recouvrer un minimum de paix intérieure une fois son ombre retrouvée ? Il priait pour cela, en tout cas.
A la façon qu’avait la jeune femme de le regarder, elle avait très probablement quelque chose à lui demander. Quelque chose qui avait du mal à sortir. Effectivement, cela ne tarda pas et si Rochel ne savait pas comment répondre à la première question, il fut pris d’un pincement au cœur à l’idée d’évoquer la réponse à la seconde. Il n’en avait pas du tout envie… non : il en avait honte. Dévoiler son esprit si faible et parler de sa « maladie » ridicule le mettait terriblement mal à l’aise. - Euh.. Eh bien.. C’est assez difficile d’en parler. Je ne sais pas si c’est vraiment utile qu’on en parle maintenant… Je peux chercher mon ombre de mon côté, je suppose. Bien que dire cela sous-entendait également un léger refus d’aider Milly – refus qu’il ne voulait surtout pas qu’elle interprète ainsi, la tentative d’esquive du sujet sensible échoua au moment où, prenant son courage à deux mains, la jeune fille plongea au cœur du problème en dévoilant le sien. Que pouvait-il faire maintenant qu’elle, sa sauveuse, lui avait avoué sa maladie ? Refuser de parler de son cas la blesserait sûrement mais il aurait tant souhaité ne jamais avoir à le dire.
Après de longues et difficiles secondes pendant lesquelles l’esprit de Rochel affrontait ce terrible dilemme, ce dernier soupira longuement en affichant une moue contrariée. S’il comptait rester plus longtemps avec elles, il ne pouvait pas garder ça pour lui indéfiniment. Et puis en y réfléchissant, il n’avait pas non plus besoin d’évoquer les causes de son trouble. Laissant le regard insistant de la bonne jumelle faire céder le dernier rempart de sa forteresse de réticence, l’insomniaque passa aux aveux. - Je suis victime de-… Il s’arrêta net, yeux écarquillés, fixant Milly tout en réalisant l’ampleur de ce qu’elle venait de lui apprendre sur lui-même. Attends… Mon quoi ?! C-comment est-ce que… C-… C’est quand… je dors.. ? La gorge du jeune homme s’était serrée brusquement, étouffant la fin de sa phrase bien que le tout reste cependant audible. Oh mon dieu… Mais qu’est-ce que je suis ?
Rassemblant les morceaux de son psyché ayant volé en éclats, l’insomniaque s’adossa à la paroi la plus proche, pris sa tête entre ses mains et se laissa glisser le long du mur pour finir en boule. - Non… Non..! Non ! Je.. Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Est-ce que j’ai blessé quelqu’un ? Il releva la tête. Je t’en prie, tu dois me dire ce qui s’est passé quand j’ai dormi ! Je veux… je DOIS savoir. Les larmes lui montèrent aux yeux mais il fit son possible pour les réprimer. Il était impératif qu’il sache si son pouvoir faisait de lui une personne dangereuse ou non. Si oui… Il devrait s’en aller. Vivre seul et trouver seul le chemin du retour chez lui. Personne ne devait souffrir à cause de lui, il ne le supporterait pas. Moment de silence. Rochel réprima un sanglot et serra sa peluche de Bourriquet dans ses bras.
- Je souffre de terreurs nocturnes. Depuis mon enfance. Je… Je n’en dors plus, la nuit ; c’est insoutenable. Mais si mon pouvoir donnait vie d’une manière ou d’une autre à ce que je vois dans mes rêves… Je ne veux pas qu’il arrive quelque chose de mal. Je suis vraiment désolé. Il fixa son âne en peluche dont le regard triste lui rappelait son propre reflet lorsqu’il se regardait dans le miroir de sa salle de bain. - Si je suis dangereux, il faut me le dire. Je m’éloignerai ; vous ne me reverrez plus jamais et vous n’aurez pas de problèmes, c’est promis. Je veux juste… savoir si je suis le monstre que je redoute d’être. | |
| | | Eve M. Todrovitch
Maladie mentale : Troubles paranoïaques
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Jeu 19 Juin - 8:53 | |
| - Jeter un œil aux ombres ? répéta Judith avant que ses yeux ne tombent sur Jade et Rochel et qu’elle comprenne la situation. D’accord, suivez-moi.
La résistance fit les trois voyageurs passer la première porte et alors que la psychotique et le phobique discutait dans leur coin, Eve écoutait les explications de la femme aux allures démodées. Explications qui montraient que l’organisation qu’elle avait récemment rejoint n’avait pas que de la gueule et des gadgets hi-tech : ils n’avaient pas chômé.
- On a découvert que les ombres ont toute une signature énergétique particulière. Elle est faible, mais elle existe. Le plus intéressant est que dans le cas présent, ces ombres isolées sont comme… un morceau « d’âme » des voyageurs qui s’est décroché. Ça signifie qu’elles ont la même signature que leur propriétaire. Comme les empreintes digitales si vous voulez, ou le chant des dauphins. Un voyageur = une ombre. - Vous en êtes sûrs ? interrogea la paranoïaque. - Comme toute science mademoiselle, ce sera vrai tant qu’on n’aura pas trouvé de contre exemple. Quoiqu’il en soit, nous avons toutes les machines nécessaires ici. Nous allons déterminer la « signature d’âme » de vos collègues, et si leurs ombres ont été répertoriées ici, nous le saurons immédiatement.
La russo-américaine acquiesça au moment où son pouvoir prenait fin. Ses vêtements reprenaient leur couleur originelle, ses yeux se recouvraient d’une plaque de givre, ses pensées se dénaturaient à nouveau. La folie était de retour, inexorablement. Elle ne put s’empêche d’être soudainement sur ses gardes à la vue des longues galeries souterraines que leur groupe traversait. Et si c’était un piège ? S’ils étaient tombés dans un traquenard contre la résistance et qu’on les emmenait pour les exécuter ? Et si on ne les laissait jamais sortir d’ici ? Et si…
Dans le silence qui s’était imposé entre Eve et Judith, les geigneries de Rochel étaient désormais distinctes. Agacée, la taularde tourna légèrement la tête pour apercevoir ses acolytes du coin de l’œil, et la scène d’un jeune homme de la vingtaine en pleine complainte qui serrait une peluche contre lui faillit la faire sortir de ses gonds. C’était pitoyable, ce type était d’une faiblesse sans nom – pire que Jade – c’était à se demander comment elle pouvait lui trouver un coté… bref.
Sans un mot, la russo-américaine s’immobilisa. Son visage impassible, les doigts de sa main droite agités de tic de dément. Quand Rochel fût parvenu à sa hauteur, elle lui administra une claque magistrale. Pour indiquer à la benjamine de ne pas s’interposer, elle étendit son bras pour lui barrer la route alors que ses yeux glacés fixaient son cadet :
- T’as pas bientôt fini de chouiner comme une fillette ?! Qu’est-ce que tu crois, que c’est comme ça que tu vas réussir à survivre ? Réalise un peu, tu te fais protéger par une gamine de même pas 18 piges, bordel ! Si tu les as perdues en route, fais-toi pousser de nouvelles couilles Rochel. Vite.
Eve leva une main tremblante sous les accès de colère qui l’agitaient, résistant à l’envie de lui en coller une autre, mais posa simplement sa main sur l’épaule de son comparse. Sa voix inexpressive eu presque – presque – l’air de s’adoucir, et en regardant bien, ses yeux étaient très légèrement moins durs.
- Ressaisis-toi. On ne sera pas toujours là toutes les deux… un jour, il faudra que tu saches te protéger et protéger ceux que tu aimes par toi-même.
Ce fut le moment que choisis Judith pour s’interposer, ne souhaitant pas de scène de ménage dans l’enceinte de leurs souterrains.
- Comme je le spécifiais à votre collègue, nous avons les moyens d’identifier vos ombres si elles sont ici. Ensuite, il n’y a pas encore de consensus pour les « recoller »… on parle d’une femme capable de le faire par magie, d’autres personnes utilisent des moyens artisanaux : par la couture, la soudure, le givre, … ça semble marcher plus ou moins bien, avec plus ou moins de risque.
Satisfaite d’avoir enfin capté l’attention générale, elle poursuivit :
- Ici, nous essayons de mettre au point une méthode censée aller un peu plus loin. Nous avons de fortes raisons de penser que ces désagréments d’ombre ne sont que des dommages collatéraux, ce n’était pas le but premier du Marchand de sable. Notre technique permettrait en théorie de faire en sorte que si cet incident arrivait à nouveau, vos ombres ne se sépareraient pas. - Qu’est-ce que c’est ? demanda brusquement Eve qui souhaitait que leur hôte en vienne au fait. - C’est en phase de test. L’idée et de vous réunir, vous et vos ombres, par une sorte de choc électromagnétique. Un mélange de savoirs techyoïte et gloutoniskaïen, c’est complexe. Vous avez été affectés à la recherche, non ? Alors voici ma proposition pour participer, annonça-t-elle en fixant Jade et Rochel, on vous aide à retrouver vos ombres, même si elles ne sont pas ici. Ensuite, acceptez de devenir nos cobayes. Tout ce que vous aurez à faire c’est être volontaires pour l’opération par choc électromagnétique et revenir régulièrement faire une batterie de test pour être sûr que tout va bien. | |
| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Jeu 19 Juin - 16:26 | |
| Comme elle s’y était attendue, Rochel ne débordait pas de joie à l’idée d’étaler à sa vue l’étendue de ses travers mentaux. Jade se souvenait avoir eu honte longtemps, honte qui n’avait pas complètement disparue même si elle s’était atténuée avec le temps. Être en permanence entourée de détraqués lui avait permis de s’accepter peu à peu, comme si la folie devenait la norme. Plus de raison de cacher un crime quand tout le monde est coupable de quelque chose, non ?
Mais son compagnon ne voyait pas encore les choses comme ça. Il n’avait pas le recul nécessaire. Les questions indiscrètes de la psychotique avait agis comme une gifle, le renfermant sur lui-même. Pire... il commençait à exprimer le désir de les quitter. Le coeur de l’adolescente rata un battement et elle posa sa main sur son bras, geste naïf qu’elle espérait suffisant pour le retenir. La panique déclenchée par la réalisation de ses pouvoirs eu bien plus d’effet sur Rochel que ce contact léger sur son bras. Il avait l’air totalement désemparé, effrayé à l’idée d’avoir pu leur faire du mal. Elle aurait voulu lui dire qu’il se trompait, qu’il faisait fausse route et qu’elle avait connu bien pire que la créature de cauchemar qu’il avait rendu réel mais ni le jeune homme ni Eve ne lui laissèrent le temps d’ouvrir la bouche.
La gifle de la paranoïaque, soudaine et violente, la laissa sur le cul. Quoi ? Pourquoi ?! Et la réponse ne tarda pas : comme d’habitude elle blâmait la faiblesse, comme si c’était une tare mortelle. Oui, c’était sûr qu’engueuler les gens et les encourager à devenir des sociopathes en puissance pour perdurer sur cette terre hostile était la solution à tous les problèmes du monde... ou pas.
- «Mais laisse-le tranquille bon sang ! Quel besoin de le frapper ?! Tu crois que ça va magiquement le rendre plus fort ? Qu’à la sensation de ta main qui lui déboîte la mâchoire il va se mettre à penser «Ah non mais elle a raison, je vais m’acheter un bon stock de courage dans la prochaine boutique que je croise» ? Et bien laisse-moi te dire que tu te goures ! Tout le monde n’est pas aussi froid et insensible que toi ! Il a besoin d’exprimer les choses, de les affronter tout seul mais surtout de temps pour ça. Alors retiens-toi à l’avenir. Je ne suis peut-être pas la plus courageuse, loin de là, mais je suis plus puissante que toi. Beaucoup plus puissante. Ne l’oublie pas.»
Sans même qu’elle s’en rende compte elle avait retrouvé sa personnalité d’origine, celle de l’époque où elle était encore complète. Elle attrapa le visage d’Eve entre ses mains sans prévenir et, sous l’effet d’une impulsion soudaine, plongea son regard dans le sien pendant de longues secondes.
- «Qu’est-ce qui a bien pu t’arriver pour te rendre comme ça ?! Et si tu mettais juste tout ça de côté, hum ? Comme si rien n’était jamais arrivé. Ça nous fera des vacances.»
Aussitôt dit, aussitôt fait. Le souvenir de la mort de ses parents s’évapora dans l’esprit de la paranoïaque, emportant sa maladie et avec elle ses pouvoirs. La tension sembla se relâcher tout d’un coup. Jade ne savait pas ce qu’elle avait fait exactement mais semblait le deviner. Si seulement elle avait pu utiliser ce tour de passe-passe sur elle-même ! Mais c’était qu’une utopie de plus à la fin d’une longue liste.
Elle put enfin se concentrer sur le discours de Judith qui devait en avoir plus que marre de leurs disputes en chaîne. Après que la femme lui eut de nouveau répété les conditions avec un agacement visible la bonne jumelle grimaça, peu convaincue. Cobaye, hm ? C’était pas vraiment ce qu’elle avait espéré, même s’il fallait bien avouer que c’était probablement le seul domaine où elle pourrait être compétente. Un job où elle n’aurait rien à faire de ses dix doigts pour justement ne rien foutre en l’air. Mais quand même...
- «Je... je vous cacherais pas que je suis pas très emballée. Moi... l’autre moi, elle a déjà été cobaye et ça s’est fini dans un labyrinthe mortel où elle a failli y passer. J’ai pas trop envie de mourir pour tout vous dire. C’est pas risqué au moins, votre truc ? On risque pas de finir foudroyé ou... ou n’importe quoi du même acabit ? Parce que je vous le dis tout net : si c’est pour caner je préfère retrouver mon ombre sans aide et me débrouiller avec les moyens du bord.
- Ce n’est pas mortel.» Judith soupira en levant les yeux au ciel. «Ce sera peut-être douloureux mais même si cela échoue les chances de perdre la vie sont quasi nulles. Rassurée ?
- Euh... à vrai dire le quasi ne me plait pas trop mais...» Devant l’air agacé de son interlocutrice elle rajouta précipitamment «Mais ok. Ça marche pour moi. Rochel ?»
Il hocha la tête sans grande conviction après quoi on les conduisit jusqu’à un appareil étrange sur lequel on les invita à poser la main. C'était la machine qui était sensée détecter leur signal énergétique puis lancer une recherche dans la base de données. Cette première étape avait été présentée comme longue mais non douloureuse. Un picotement étrange parcouru les doigts de Jade alors qu’elle tentait de réorienter la conversation sur le sujet qu’elle avait abordé avant la claque de Miss Furie. Son ton badin ne trompait pas grand monde mais elle ne voulait pas donner l’impression de dramatiser. Ici tout le monde était malade et ce fait n’était pas une fatalité.
- «Tu sais, pour ce que tu disais tout à l’heure... t’es pas dangereux, pas encore. Et tu auras tout le temps d’apprendre à te servir de tes dons. D’ailleurs je pourrais peut-être même t’aider mais il faut que je teste pour voir. Je crois que j’ai fait quelque chose à Eve tout à l’heure, quelque chose qui l’a apaisé. Comme si j’avais enlevé de ses souvenirs ceux qui l’avait fait souffrir au point de la rendre comme ça. Peut-être que je pourrais effacer, même juste temporairement, la cause de tes terreurs nocturnes, non ?» Elle lâcha un rire gêné. «Ou alors je délire complètement, va savoir !» | |
| | | Rochel Willow
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Jeu 19 Juin - 19:48 | |
| La gifle qu’infligea Eve à l’insomniaque le fit tituber, manquant de lui faire retrouver le sol qu’il venait à peine de quitter. Peu à peu, ce dernier comprit ce qui venait de se passer mais ce qu’il ne comprenait pas, c’était « pourquoi ? ». Il ne voulait pas savoir pourquoi on l’avait frappé ; c’était suffisamment clair comme ça… Il voulait juste qu’on lui dise en quoi c’était nécessaire ou d’une quelconque aide à son problème. Certes, la paranoïaque avait raison pour le courage mais elle ne connaissait rien de lui. Rien du tout !
Le phobique fit son possible pour réprimer la moutarde qui lui montait au nez mais la tirade de l’ex-taularde n’aidait en rien. Protéger ceux qu’il aimait… Il aurait tout donné jusqu’à sa vie ; jusqu’à son âme pour protéger celle qu’il aimait de tout son être ! Par chance, Milly prit l’initiative et réprimanda Eve à la place de Rochel. A l’inverse de sa camarade, la jeune fille aux cheveux blonds semblait le comprendre ou tout du moins, approchait la vérité à un point effrayant. Etait-il possible que leurs deux maladies aient une origine… similaire..? Il espérait que non. Pour elle, bien sûr. Qu’il ait vécu ce qu’il a vécu, c’était une chose mais ce genre d’expérience, il ne la souhaiterait à personne.
Il tenta de s’interposer au moment où Milly prit la tête de sa comparse entre ses mains, craignant que le conflit ne dégénère à cause de lui. Il était assez gêné que cette discorde aille aussi loin pour au final si peu, juste de l’ignorance, en fin de compte. On ne pouvait pas reprocher à Eve de ne pas le connaitre. - S’il vous plaît, ne nous battons pas pour ça. Ça n’en vaut pas la peine et on a plus urgent à faire. Eve, je suis désolé de te déplaire autant mais tu ne connais RIEN de moi alors restons-en là, d’accord ? Pour une fois et ce depuis très longtemps, son regard était froid, déterminé et autoritaire. Il fixa la paranoïaque pour s’assurer qu’elle avait bien compris qu’il était tout à fait sérieux avant de se mettre en route pour suivre Judith. Les cernes sous ses yeux rendaient son regard plus sombre encore que d’habitude et ce faciès contrarié ne le quitta que lorsqu’ils entrèrent dans la pièce réservée aux scans de signature spirituelle où le déploiement de technologie qui le dépassait le rendit admiratif. La rébellion était vraiment bien équipée, même dans ces terres au climat difficile et c’en était impressionnant ; ils ne plaisantaient pas !
La vieille fille de la résistance leur demanda s’ils étaient volontaires pour tester l’imposante machine qui leur faisait face. Rochel ne savait pas vraiment quoi répondre à part qu’il n’avait pas trop le choix : c’était accepter cela ou bien se débrouiller seul pour retrouver son ombre. Or, le temps pressait et il le sentait au plus profond de lui-même : son corps tout comme son esprit faiblissaient et pas seulement à cause de la fatigue habituelle. A l’évocation de certains mots clés dans les paroles de Milly, en revanche, l’insomniaque ressentit un étrange sentiment. Une sensation paradoxale ainsi qu’une intuition de ‘déjà-vu’ très perturbante. « Cobaye », « labyrinthe », « éclair »… Ces mots semblaient liés pour une quelconque raison mais il était incapable de savoir pourquoi et sonder ses souvenirs ne lui apporta aucune réponse. Au contraire : d’autres mots vinrent s’ajouter à la liste de même que davantage de questions auxquelles il ne trouverait probablement pas de réponse. Entre autre, les termes de « loup-garou », « canard » et « bite »… Pourquoi ceux-ci plus que d’autres..? Aucune idée.
L’impasse mentale dans laquelle Rochel venait de s’engouffrer sans en avoir conscience fit qu’il eut du mal à comprendre ce que lui dit Milly alors que celle-ci effectuait son scan de signature spirituelle. Il avait raté les premiers mots mais le sens global était assez clair pour qu’il puisse répondre sans être à côté de la plaque. - Oui, j’ai cru voir une sorte de changement mais je n’en suis pas certain. Il se caressa le menton avec sa main, signe qu’il réfléchissait. Il s’assura qu’Eve était assez loin pour qu’elle ne les entende pas et ajouta à demi ton : d’un autre côté, je ne sais même pas comment me placer vis-à-vis d’elle. C’est comme si d’un instant à l’autre, elle me haïssait puis me prenait en pitié. Je… Elle me déteste, hein..? demanda-t-il tristement.
Il prit la place de Milly devant la machine ; on lui fixa des électrodes sur les tempes et on lui fit placer sa main sur une sorte d’écran bleuté qui émit une petite pulsion électrique parcourant le corps du phobique au contact. Un petit picotement se fit sentir au niveau de la nuque et de la colonne vertébrale, se transformant petit à petit en gêne à peine perceptible. - Pour tout te dire, je ne pense pas que tu délires, non. Au contraire, tu es très censée et tu sais faire preuve d’empathie. J’espère vraiment que tu arriveras à… eh bien à réaliser ce pourquoi tu es ici, en tant que résistante et en tant que voyageuse, aussi. Sa main quitta le petit tableau de commande et il décolla les électrodes de sa tête puis se tourna vers la bonne jumelle. - En tout cas, merci de m’avoir éclairé sur mon pouvoir. J’espère ne jamais devenir dangereux mais je veux que tu saches que ça signifie beaucoup pour moi que tu me l’aie dit honnêtement. Je ne voudrais pas te forcer à m’aider mais si tu peux et si tu veux bien faire ça pour moi, je t’en serais très reconnaissant. Il y a juste un problème : ma… maladie n’a pas qu’une seule origine. J’espère que cela ira quand même mais quoi que tu fasses, je veux que tu me promettes de ne pas sonder mon esprit pour savoir pourquoi je suis comme ça. Même si tu en as le pouvoir, je ne veux pas que tu voies ça. Son regard sombre se perdit dans un coin de la pièce. Les remords revinrent l’accabler à l’évocation des événements qui l’avaient changé à jamais ; il ne voulait pas que quelqu’un d’autre les vive, même à travers lui. A fortiori à travers ses yeux.
- Jeunes gens ? appela Judith en revenant depuis l’arrière de la salle, un papier à la main. Nous les avons trouvées. Elle tendit la feuille à Milly et Rochel pour qu’ils puissent la voir. Les deux références inscrites avaient chacune une correspondance indiquant l’aile et la cellule de chacune des ombres. Restait à savoir quelle ombre appartenait à qui. - Euh… Je ne voudrais surtout pas me montrer impoli, mais… vous y gagneriez sûrement en organisation à préciser le type de manifestations liées aux ombres. « B33 027 S », par exemple, qu’est-ce que ça signifie ? - Voyons cela… Aile Ouest, couloir 33, cellule 027. Le S indique la catégorie de l’ombre. Ici, on peut donc lire que le niveau de dangerosité de cette ombre est nul : « S » pour « Safe ». On ne vous a donc rien expliqué avant de venir ici ? Judith inspira profondément et prit une pause digne d’une institutrice sur le point de commencer sa leçon. Elle se lança. Nous essayons de confiner un maximum d’ombres dans ces locaux mais il a fallu instaurer une charte de dangerosité et de ce fait, nous n’avons en grande majorité que des ombres dont les pouvoirs ne sont pas néfastes : les ombres classe S. Les deux autres classes, E et K, sont confinées d’une aile à part dont les cellules disposent d’un niveau de sécurité bien supérieur. Les ombres K, dites « classe Keter » sont des ombres dont les pouvoirs sont très puissants, extrêmement dangereux voire mortels pour ceux qui les approchent. On y trouve également des ombres au comportement anormalement agressif envers les voyageurs et même les dreamlandiens normaux. Nous n’en avons vraiment pas beaucoup. Les « classe Euclid », elles, sont les laissées pour compte. Elles sont confinées du mieux que nous pouvons du fait que nous ignorons leur pouvoir, l’ampleur de ces derniers et même jusqu’à leur nature. L’une d’elle, par exemple, avait pour habitude de passer au travers des murs de sa cellule. A l’heure actuelle, nous ignorons totalement sa position. Les classes Euclid demandent le plus d’attention du fait de notre incapacité à les contenir ou même à les comprendre ; leur attribuer un niveau de dangerosité est presque paradoxal. Elle marqua une pause après sa longue tirade puis conclut : des questions ?
Rochel, visiblement inquièt, commença à vouloir lever le doigt mais abandonna de peur de devoir subir une nouvelle explication interminable. - Non… Non, merci. Ça ira comme ça, je pense. Allons chercher nos ombres, voulez-vous ? Affichant un sourire gêné, il maintint la porte ouverte pour faire passer ses camarades féminines et ferma la marche. Il n’avait pas tout compris, loin de là, mais il savait au moins à peu près où chercher leurs ombres et c’était ce qu’il voulait. Les cours de classification des ombres, on verrait plus tard. | |
| | | Eve M. Todrovitch
Maladie mentale : Troubles paranoïaques
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Ven 20 Juin - 0:07 | |
| Bien sûr Jade s’était interposée, bien sûr elle avait défendu Rochel. Elle avait même été jusqu’à proférer des menaces tiens, voilà quelque chose de nouveau. Dans un sens, c’était bon signe, car cela signifiait que l’animosité de cette gamine qu’elle se sentait obligée de protéger n’était pas nulle ; mais de l’autre… elle sentait le monstre lové dans son ventre hurler. C’était à l’en rendre complètement folle ! Ils ne comprenaient pas à quel point sa rhétorique manichéenne était réelle. Son intention n’était pas de les intimider mais de les réveiller, qu’ils saisissent le vrai sens de la justice, la seule valable dans ce monde corrompue.
Eve n’avait rien écouté de ce que lui avait dit Jade mais d’un coup, la bête féroce dans ses entrailles se tut. Elle cligna des yeux, comme si elle venait de les rouvrir après un trop long sommeil. C’était une sensation proche de celle qu’elle ressentait quand son pouvoir de prédicatrice de la paix s’activait. Elle ne se sentait pas aussi passionnée pour la diplomatie mais elle se sentait… vivante, c’est cela. Le regard dur du phobophobe la déboussola tellement qu’elle détourna ses yeux marron. Sans leur barrière de glace, elle était une femme révoltée mais brisée ; la rage sans la folie, un fauve sauvage qui ne demandait qu’à être apprivoisée.
Serrant ses bras contre son corps, la russo-américaine se mit à l’écart, évitant soigneusement de croiser les orbes de ses alliés. Elle ne s’excuserait pas, ça non, elle avait trop de fierté. Pourtant, elle-même à la lumière de cet instant ne comprenait pas vraiment ce qu’elle était devenue. Un sourire en coin fendit son visage habituellement impassible. Quoique Jade lui ait fait, ça lui faisait du bien, mais aucun de ses deux compagnons ne la voyait à ce moment ; une femme et non plus un monstre.
Quand leur groupe fut arrivé à destination, la détenue resta un peu à part. Elle n’avait pas d’ombre à retrouver, la sienne était solidement ancrée sous ses pieds. En voyant Jade et Rochel échanger des messes basses qui devaient certainement la concerner, elle comprit que son comportement l’avait quelque peu exclue, mais elle n’en laissa rien paraître. L’envie de griller une clope se fit sentir, mais vu la tête que tira Judith en la voyant sortir son paquet, Eve comprit que ce n’était pas admis dans la maison.
Bras croisés dans un coin, la jeune femme faisait le bilan de sa vie. Quelque chose qu’elle ne pouvait pas faire en temps normal bien évidemment. Dans sa tête défilaient les individus qu’elle avait tué sous un coup de colère, ses années d'errance, de taule, ses bagarres, ses corrections, la rage incessante qui tordait ses entrailles. Elle se revit devant le Dr Thores pour la première fois clamant qu’elle n’était pas folle, que le monde était contre elle. Depuis l’adolescence elle avait perdu confiance dans les formes d’autorité, ça la « faisait chier » mais ça… ça c’était de la démence. Elle devait l'admettre.
Eve n’écouta que d’une oreille distraite les explications de leur hôte sur le classement des ombres. Elle ne refit surface que lorsque celle-ci indiqua une porte qu’elle n’avait pas vu jusqu’à lors en annonçant :
- Nous allons plutôt vous préparer pour l’opération si vous le voulez bien. Vous devrez signer une décharge précisant que vous êtes parfaitement consentants, faire une série de tests, puis vous installer dans le « magnétiseur d’ombre ». Pendant ce temps, j’enverrai quelqu’un chercher vos ombres, ne vous en faites pas.
Ils entamèrent un autre couloir, plus étroit que les premiers, mais la russo-américaine n’y faisait pas vraiment attention. Elle s’était approchée de Jade et Rochel sans un mot, ses yeux marron perdus dans le vague, son visage tellement différent quand elle n’était pas un masque fermé.
- Milly… tout à l’heure, tu m’as fais quelque chose, commença-t-elle à voix suffisamment basse pour que Judith n’entende pas, c’est… c’était quoi ?
La paranoïaque osa enfin regarder la jeune fille. Elle avait l’impression de la voir pour la première fois.
- Je me sens… normale, finit-elle sans avoir trouvé de terme plus approprié, plus légère. J’aimerais bien être comme ça tout le temps. Avoua-t-elle.
Une question brûlait ses lèvres pâles, peut-être même plusieurs, mais par pudeur, elle ne dit rien. Un léger sourire triste colora son visage d’émotions, ce qui était d’une rareté sans nom. A cet instant, elle se surprit à penser comme Rochel : et si elle était trop dangereuse pour son entourage ?! Ne ferait-elle pas mieux de partir seule, tant qu’elle en avait la lucidité ? Ou peut-être qu’elle devrait mourir. Les femmes comme elle ne manquaient à personne.
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| | | Jade Martins
Maladie mentale : Troubles dissociatifs de la personnalité
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Mar 24 Juin - 16:37 | |
| C’est avec soulagement que Jade décolla ses mains de la machine tandis que Rochel lui faisait part de son inquiétude concernant les sentiments et réactions d’Eve. Elle aurait bien voulu l’éclairer et le rassurer à ce sujet mais le problème était qu’elle n’en savait pas plus que lui. La paranoïaque était une bombe à retardement, impulsive et dangereuse, une bête qui répondait à ses passions. Impossible de savoir ce qui lui passait par la tête, tantôt glacée, tantôt démon... pas facile à côtoyer tous les jours soit-dit en passant.
- «Elle ne te déteste pas, pas toi... enfin je ne pense pas. C’est surtout ta faiblesse qu’elle ne supporte pas, pas plus que la mienne. Eve voudrait que le monde entier se calque sur son modèle mais si tu veux mon avis ce serait sacré bordel !» lui répondit-elle à mi-voix tout en s’assurant que la concernée n’avait pas pu l’entendre.
L’adolescente imagina l’espace de quelques instants ce que donnerait un monde remplis d’Eve et elle repoussa aussitôt les images en bloc. Pas moyen. Vraiment pas.
Rochel embraya sur ses capacités d’empathie alors qu’on l’installait à la place de Jay. Celle-ci grimaça légèrement quand il parla de ses «buts», autant personnels que concernant la résistance. En avait-elle seulement ? Elle passait son temps à courir derrière les gens et pour tout dire la résistance n’était qu’un moyen de retrouver son ombre et préserver son identité des tarés d’Elipse et de Léviathan. Ce n’était franchement pas le moment de balancer ça ici, surtout pas avec le regard de Judith qui les scrutait comme s’ils étaient des rats de laboratoire.
- «J’ai rien à réaliser Rochel. Je suis là parce que... mes pas m’ont mené ici. Je poursuis des chimères, comme tout le monde. Mon ombre, l’autre moi, des amis... Ici je suis recherchée et là-bas aussi. Même dans le vrai monde je n’ai pas d’avenir. Alors je fais ce que je peux pour aider les autres à défaut de pouvoir m’aider moi-même. Et je te soulagerai avec plaisir si j’en ai le pouvoir.»
Ses propres paroles l’avaient peu à peu fait sombrer dans la mélancolie. Parfois on ne se rendait compte des choses que lorsqu’elles étaient dites, parce qu’on avait tout simplement besoin de les entendre pour les rendre réelles. c’était le cas ici. Sa vie lui apparaissait sous sa vraie forme, décombres fumants et sifflement d’obus en chute libre. Et dire qu’à son âge elle aurait dû s’occuper l’esprit avec des choses aussi insignifiantes que les garçons ou les études, ou même le film à regarder à la télé ce soir...
Elle poussa un soupir en repoussant une mèche de cheveux peroxydés derrière son oreille. Ça ne servait à rien d’y penser. Ça changerait quoi de toute façon, hein ? Que dalle. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle se sentait mieux. Par contre elle pouvait bien rassurer le phobique quand à la possibilité de se faire «violer» l’esprit.
- «Oh t’inquiètes pas, je sais pas faire ça. Pas encore en tout cas, et même si je savais je ne le ferais pas. Tout le monde a besoin de son jardin secret !»
La bonne jumelle lui adressa un clin d’oeil alors que Judith entreprenait de leur expliquer où se trouvaient leurs ombres, comment elles étaient classées -quelle importance ?- et leur demandait de signer une décharge, ce qui soit dit en passant n’avait rien de rassurant. Elle lui emboîta ensuite le pas pour rejoindre la salle où l’on devait les préparer à l’opération et, alors que le petit groupe pénétrait dans un couloir étroit, la voix d’Eve juste dans son dos la fit sursauter.
- «Tu m’as fait peur, t’es dingue !» Jade plaqua sa main sur le coeur pour en calmer les battements «Je... je sais pas vraiment. Je crois que j’ai effacé un truc, un traumatisme, j’ai dû te faire revenir à un état antérieur. Je suis pas sûr de comment j’ai fait, ni de la fréquence à laquelle je peux l’utiliser, je peux pas vraiment te répondre en fait.»
Si elle commençait à avoir plusieurs patients les choses allaient s’avérer un peu compliquées. C’était un pouvoir récent de toute évidence et comme tout ce qui venait apparaître c’était loin d’être performant mais peut-être qu’avec le temps elle serait capable de les aider correctement, tous les deux ? Ou peut-être pas, mais le regard triste et gêné de la paranoïaque ne donnait pas envie de l’enfoncer avec une mauvaise nouvelle potentielle.
- «Je ferais de mon mieux. C’est tout ce que je peux promettre. Et puis qui sait, peut-être que les choses s’arrangeront d’elles-même ? Tu sais, j’ai entendu des gens qui disaient qu’on était ici pour guérir. Qu’à force d’être confrontés à nos maux, nos pouvoirs, nous pouvions surmonter nos problèmes. J’espère vraiment que tu y arriveras. Tu es forte, il n’y a pas de raison que tu ne puisses pas.»
Sa main pressa l’avant-bras de la jeune femme dans l’espoir de lui apporter un quelconque réconfort mais elle ne put faire bien plus car ils étaient enfin arrivés à destination. La vaste salle était emplie d’appareillages électroniques, de moniteurs pouvant afficher l’état de santé des cobayes et d’une immense machine dans laquelle un homme pouvait tenir debout. Ca ressemblait à une sorte de grand cylindre de métal derrière lequel était fixée une cuve dans laquelle des scientifiques étaient en train de faire pénétrer non sans mal une ombre qui devait probablement être celle de Rochel.
- «Les hommes d’abord ?» lança-t-elle avec un rire nerveux.
Bon Dieu, elle était littéralement morte de trouille. Il y avait encore moyen de faire demi-tour ?
Comme si Judith avait entendu sa question silencieuse, elle referma la lourde porte et les invita à aller derrière des paravents pour ôter leurs vêtements et subir les «préparatifs». Ô joie, ô félicité...
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| | | Rochel Willow
Maladie mentale : Phobie des cauchemars
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Mer 25 Juin - 21:02 | |
| A en écouter Milly, entrer dans la résistance sonnait comme un moyen davantage qu’une fin. Cependant, l’impression qu’elle ne lui disait pas tout taraudait Rochel qui resta pensif à la suite de la prise de parole de sa compagne de voyage. Il la remercia cependant de l’aide qu’elle pouvait apparemment lui apporter.
L’insomniaque signa la décharge par nécessité à défaut d’en avoir réellement envie mais ne put s’empêcher d’écouter les échanges entre la paranoïaque et la bonne jumelle. Eve aussi avait besoin de Milly pour garantir sa santé mentale et le jeune homme comprit instantanément le dilemme auquel leur ange serait confronté : qui décidera-t-elle de soigner ? Continuerait-elle à aider Eve car après tout, elle avait été là la première… ou l’aiderait-elle lui qui n’avait rien à donner à part de la gratitude ; lui qu’elle ne connaissait pas vraiment même si l’aveu commun de leur maladie les rapprochait sensiblement.
Il posa le paper-board avec sa décharge signée sur la table la plus proche et laissa son visage s’assombrir à nouveau, restant à l’écart des deux filles. Sa simple présence était encore une fois source de problèmes. Qu’il soit présent ou non, le sort s’acharnait à positionner Rochel comme l’élément de trop ou dont le manque était mortel, selon qu’il s’agisse de tel ou tel scenario.
A l’appel de la bonne jumelle, Rochel hocha la tête et partit se déshabiller derrière le paravent mis à leur disposition. Un homme en combinaison antiradiation l’informa de la procédure qui allait se dérouler. L’insomniaque n’était pas certain de tout saisir mais il comprit au moins qu’il pourrait garder son caleçon, ce qui était déjà une bonne nouvelle en soi. - Quoi que vous ayez à faire, faites-le : je n’ai rien à perdre. Et l’insomniaque d’ajouter après une inspiration qui se voulait galvanisante : Je suis prêt, on peut y aller.
Il avança donc, presque nu, jusqu’au centre de la salle où un tube en métal l’attendait. On l’y fit entrer en lui demandant de ne surtout pas bouger une fois la procédure lancée, ce qu’il comptait bien faire. Des électrodes furent à nouveau branchées sur ses tempes et sur l’intégralité de son corps également. La paroi du cylindre coulissa telle une porte pour enfermer l’insomniaque à l’intérieur. Des lumières s’allumèrent, le tirant de l’obscurité. Tout autour de lui, des indicateurs lumineux et autres jauges s’allumaient et s’éteignaient puis il entendit une voix venant de l’interphone à sa gauche. - Nous allons commencer. - … ou plutôt : en finir, commenta-t-il pour lui-même. Mais en fait, avait-il réellement pâti de cette perte d’ombre ? Elle constituait un danger mais c’était tout ce qu’il savait. Il mourrait sans son ombre et tout allait rentrer dans l’ordre alors que pour lui, ça n’avait même pas été un réel problème. Il avait eu de la chance ; beaucoup de chance. Le chance de tomber sur les bonnes personnes au bon moment et d’avoir la possibilité de récupérer son ombre… si facilement… Il en était presque honteux d’avoir ainsi profité de sa petite chance alors que des dizaines de personnes étaient probablement mortes alors que ces dernières avaient peut-être soulevé des montagnes pour retrouver leur droit de vivre. Rarement un privilège n’aura été si indu.
Une décharge particulièrement violente parcourut le corps de l’insomniaque, ce qui lui arracha un cri de douleur. Il se concentra du mieux qu’il put pour ne pas bouger mais la contraction de ses muscles le força à s’effondrer. Effrayé par cet incident qui n’était pas censé se produire, Rochel se releva en s’appuyant à la paroi de métal pour s’approcher de l’interphone. - C-C’était quoi, ça ? Pourquoi ça a fait ça ? demanda-t-il entre deux respirations saccadées. Seul un grésillement lui répondit, suivi d’un larcen et finalement de la voix de Judith, impassible : - Cela n’était pas censé arriver ; il semblerait que votre signature onirique ait changé entre le moment où vous avez été arraché à votre ombre et maintenant. Je veux dire : plus qu’à la normale. Vous savez que nos pouvoirs de voyageurs évoluent avec le temps ; vous avez probablement acquis un ou plusieurs nouveaux pouvoirs. Voyez ça comme une différence de fréquence que la machine a – semble-t-il – du mal à résoudre. - Superbe… Alors comme ça je deviens chaque jour un peu plus un danger potentiel, c’est ça ?
Judith ne prit pas la peine de répondre à l’ironie lancée par l’insomniaque. Ce qu’elle ignorait, en revanche, c’était qu’il ne s’agissait pas d’ironie mais d’une réelle question à laquelle Rochel aurait voulu une réponse. - Je suppose que je verrai quand ça arrivera, soupira-t-il au moment où le cylindre coulissait à nouveau pour lui rendre sa liberté. En descendant, la lumière ambiante lui permit de voir son ombre finalement rattachée à ses pieds comme si rien ne s’était jamais passé. Pas de cris de victoire, pas de pouce en l’air ni de sourire euphorique ; aucun rire franc et rassuré… Rien. Cela ne lui évoquait rien, ne lui faisait strictement rien. Il se sentait juste un peu moins faible qu’avant voire un peu moins fatigué mais c’était bien tout. Il regagna donc le paravent derrière lequel il s’état déshabillé un peu plus tôt pour réinvestir ses vêtements.
En sortant de la pièce, il croisa Milly, encore moins sereine qu’avant. Il lui adressa un sourire compatissant. - J’aimerais te dire que tout se passera bien mais… Je ne peux pas. Ne t’en fais pas pour la décharge : ça surprend plus qu’autre chose, en fait. Bonne chance… Bien sûr, la décharge faisait relativement mal mais peut-être qu’en sachant à quoi s’attendre, Milly saurait résister à la douleur mieux que lui. La gagnante restait néanmoins Eve qui n’avait pas à endurer tout cela. C’est d’ailleurs celle-ci que Rochel alla rejoindre derrière la vitre blindée. Il ne lui en voulait plus tellement pour la gifle, à fortiori qu’elle était différente à présent. Peut-être était-ce le moment ou jamais de reprendre sur des bases saines ? - Désolé pour tout à l’heure si j’ai été un peu sec. Ma vie a été… un drôle d’amalgame de choses. Pas drôle, en fait : rien de ce qui m’a amené à ce que je suis aujourd’hui n’a été drôle mais je suppose que toi aussi tu as ton lot de souffrances ; ton fardeau à porter ou que sais-je encore. Milly ne m’a pas dit combien de temps son pouvoir avait de l’effet alors je vais te dire ce que j’ai à dire sans détour : je ne veux pas de discorde entre nous deux. Nos méthodes et idéaux diffèrent, certes, mais ça ne devrait pas nous diviser comme ça : on est dans le même camp, toi et moi. Alors… Tu en dis quoi ? On fait la paix ? Je ne te dirai pas comment tu dois vivre ni ce que tu dois faire et en retour, tu m’accordes le même traitement. Ça te semble honnête ? | |
| | | Eve M. Todrovitch
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Jeu 26 Juin - 6:12 | |
| Quand l’adolescente lui promit qu’elle ferait de son mieux, Eve hocha la tête. Que pouvait-elle fait d’autre ? Elle lui souffla un remerciement, tout en pensant que si elle était si forte que ça, elle n’aurait pas perdu la tête après le décès de sa mère. Qu’importe : se sentir valorisée faisait chaud au cœur ; depuis combien de temps n’avait-elle connu que le rabaissement ?! Pendant que ses acolytes géraient leurs affaires de cobaye, elle se fit donc oublier dans un coin, observant ce qui se passait sans dire un mot.
Juste avant que le pouvoir de la psychotique prenne fin, la russo-américaine la regardait encore avec ce qui ressemblerait à de l’affection fraternelle. Même quand elle était « normale » il y avait ce petit quelque chose chez cette fille qui lui donnait envie de la protéger, comme la petite sœur qu’elle n’avait jamais eue. Puis ses pensées tortueuses revinrent trop vite.
Elle eu l’impression qu’on ouvrait une vanne dans sa tête qui déversa une vague de folie. Celle-ci balayait impitoyablement l’ordre précaire instauré par son instant de raison, mais elle conserva quelques minutes son état troublée, « entre deux », où elle était redevenue la paranoïaque qu’elle était, mais que les bienfaits de la lucidité faisait toujours échos dans son cœur froid.
Eve sursauta légèrement quand Rochel vint lui parler. Il ne vit pas que ses yeux marron avaient retrouvé leur aspect fermé, tout comme son visage était de nouveau aussi expressif qu’une statue de pierre. Elle l’écouta sans mot plus, ses sens à moitié accaparés par le fait que Jade passe dans le cylindre, pour s’assurer qu’on ne lui faisait rien de douteux.
- C’est honnête, répondit simplement la russo-américaine quand le phobique eut fini sa tirade.
Des tas d’autres choses se bousculaient dans sa tête malade. Elle voulait lui dire qu’elle voulait simplement qu’il ne soit plus une victime, qu’il puisse délivrer de ses démons, mais aussi qu’une part enfouie au fond d’elle-même attendait qu’il lui démontre que sa « justice » ne menait à rien. Rochel était son antagoniste, lui seul avait une chance de lui rendre confiance en l’espèce humaine. Rien de tout ça ne franchit les lèvres de la détenue, qui fixa plutôt le jeune homme d’un regard inexpressif.
- Tu te sens bien ?
Elle s’inquiétait notamment de savoir que son ombre était bien accrochée et qu’il ne mourrait pas d’une crise cardiaque soudaine. Son pouvoir ne s’était pas déclenché toutefois, donc on pouvait supposé que Judith fût tout ce qu’il y avait de plus honnête dans sa démarche. Eve ne savait pas trop ; faire confiance à ses pouvoirs, ce n’était pas encore trop son truc. « On est jamais mieux servi que par soi-même » disait le dicton, et « soi-même » ici, c’était son instinct animal. Rien d’autre.
- T’as un peu meilleure mine, concéda la russo-américaine de sa voix sans couleur, t’es pas si mal que ça finalement.
Ça ne se voyait pas aux premiers abords, mais c’était une plaisanterie. Pour illustrer le caractère léger de ses paroles que son ton laconique rendait aussi glacial que si elle l’avait encore accusé d’être une chiffe molle, Eve le fit tanguer d’un geste léger de la main sur le bras. Une esquisse de sourire presque imperceptible sur ses lèvres clairs. | |
| | | Jade Martins
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Ven 27 Juin - 8:49 | |
| - «Qu’est-ce que... ?»
Le cri de Rochel l’avait fait sursauter et reculer d’un pas. Etait-ce censé être douloureux ? Quelque chose était en train d’aller de travers ? Dans quel état allait-il sortir de là ?
**Ok, je suis bonne pour la morgue.** **Qu’est-ce que tu dis ?** **Rien, rien...**
Jade inspira profondément dans l’espoir de retrouver son calme. Ce fut le fait de voir son compagnon sortir sur ses deux jambes, déboussolé mais vivant qui acheva de la rassurer. Bon, ce ne serait pas une partie de plaisir mais ce n’était pas mortel. C’était toujours ça de pris même si les paroles de Judith n’étaient en rien rassurantes. Plus ils avaient évolués depuis la perte d’ombre et pire c’était ? Elle avait gagné en puissance, plus que de raison, et pas moins de trois pouvoirs avaient pointé le bout de leur nez depuis qu’on l’avait éjecté de Dreamland à coup de pied dans le derrière. A quel point souffrirait-elle ? L’adolescente n’était pas sure de vouloir le savoir.
Alors qu’elle se dirigeait vers le paravent Rochel vint lui adresser quelques mots qui n’eurent pas l’effet escompté. Ça sonnait comme un pieu mensonge mais elle se retint de le dire, après tout il n’y avait pas de raison de le blâmer, elle aurait probablement dit le même genre de connerie à sa place.
- «Je te cacherais pas mon envie de m’enfuir d’ici mais il faut bien en passer par là» rétorqua-t-elle avec un maigre sourire.
Avant d’avoir eu le temps de dire ouf elle se retrouva en sous-vêtements, couverte d’électrodes et enfermée dans un cercueil de métal. L’atmosphère à l’intérieur du tube était oppressante, tout y était trop étroit et lui donnait l’impression d’étouffer. L’allumage des voyants ne la rassurèrent pas le moins du monde. C’était le moment de serrer les dents c’était ça ? Mais c’était déjà trop tard. Un courant électrique parcouru son corps sans prévenir et ses genoux lâchèrent aussitôt sous l’effet de la douleur fulgurante. Elle avait trop évoluée, elle était devenue trop puissante. Les battements de son coeur se firent anarchiques alors qu’elle tournait de l’oeil, le monde virant au gris...
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- «Sortez le chariot de réanimation ! Il faut faire repartir son coeur ! - Vous savez si elle a des antécédents médicaux ? - Ta gueule et choque !»
Jay ne suivait la scène qu’à moitié, comme si elle en était extérieure et pourtant ! C’était bien elle, allongée sur le sol entourée du pseudo personnel médical paniqué. Bien heureusement son coeur finit par se discipliner et la jeune fille laissa échapper un vague gémissement. Oh oui, ça pour surprendre ça surprenait...
- «Milly, combien ai-je de doigts ? - Dix comme tout le monde.» souffla-t-elle en tentant de se redresser non sans mal.
Ils durent juger la réponse suffisante car ils la laissèrent faire, la tardant toutefois de regards inquiets. La première chose une fois assise fut de masser sa poitrine douloureuse, la seconde de regarder ses pieds. Son ombre se trouvait là comme si elle ne l’avait jamais quitté, fidèle compagnon. Au moins elle n’avait pas fait ça pour rien même si c’était un bien maigre soulagement. La voix d’Elie survint alors de son crâne, teintée anxiété :
**Il s’est passé quoi là ?! J’me suis transformée, t’as des problèmes ? Qu... mais... j’ai mon ombre ?! T’as fichu quoi au juste ?!** **Non, ne me remercie pas c’est tout naturel... pff** **Oh c’est bon hein, fais pas ta tête de con ! On en reparlera plus tard j’suis assez occupée... mais t’es sure que tu risques rien là ?** **OUI. C’est bon, c’est fini. C’était juste un peu musclé.**
Se remettre sur ses pieds fut un peu compliqué mais après quelques minutes d’essais infructueux elle réussit à tenir sur ses jambes flageolantes. Rochel n’avait pas l’air rassuré et Eve était à deux doigts de fracasser son poing sur un visage, aussi Jade leur adressa-t-elle un geste de la main pour leur signifier que ça allait. Une fois à leurs côtés elle poussa un profond soupir et tenta un simulacre de sourire.
- «Ça c’est un coup de jus ! Je crois que j’avais un peu trop «évolué» pour mon bien. Ça m’apprendra à autant utiliser mes pouvoirs tiens...» | |
| | | Rochel Willow
Maladie mentale : Phobie des cauchemars
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| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Sam 28 Juin - 10:04 | |
| Les plaisanteries de la russo-américaine firent naître un léger sourire sur les lèvres de Rochel et la pichenette manqua presque de lui faire perdre l’équilibre. - Meilleure mine ? Je suis fabuleux, oui ! Il faut souffrir pour être belle, plaisanta-t-il à son tour. C’était bête mais il sentait une petite différence depuis le retour de son ombre et savoir si cela était dû à un effet placebo ou non ne le préoccupait pas : ces rares instants où il était relativement bien étaient trop rares pour les gâcher en considérations inutiles. Tournant légèrement la tête en direction d’Eve, l’insomniaque cru lire un très léger sourire. L’avait-il imaginé ? L’expression « souffrir pour être belle » pouvait également s’appliquer à la paranoïaque dont le caractère froid participait à la prestance… à la seule différence peut-être que celle-ci avait dû souffrir un peu trop ; Rochel était prêt à parier qu’un vrai sourire pourrait illuminer le visage de la jeune femme comme rien au monde. Etrangement, l’idée que ce soit lui qui la fasse sourire était loin de lui déplaire mais l’image d’Alice était encore trop présente.
La culpabilité de ne pas avoir pu être là quand sa fiancé aurait eu besoin de lui se mêla à la culpabilité paradoxale de trahir son souvenir, comme si l’insomniaque s’en voulait de vouloir faire son deuil ; comme s’il s’en jugeait indigne. *Je devrais plutôt me concentrer sur mes problèmes actuels comme soigner ma maladie et quitter ce pays de cauchemars avant de penser à quoi que ce soit d’autre...* Et puis il fallait être rationnel : tant qu’il serait ce qu’il était actuellement, Eve continuerait à lui en vouloir pour sa faiblesse. Elle et lui, c’était tout bonnement impossible. *Mais à quoi est-ce que je peux bien penser, dans un moment pareil ?!*
Le hurlement déchirant de Milly fit se dresser les cheveux du jeune homme qui mit quelques secondes avant de récupérer ses moyens et foncer vers la machine, laissant Judith seule aux commandes de son cercueil électrifié. - Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui s’est passé ?! A la vue du corps inanimé de sa camarade, Rochel comprit que ce qui lui était arrivé venait d’arriver une nouvelle fois mais en pire… bien pire. Son cœur rata un battement lorsqu’il vit les brancards et le défibrillateur qu’apportait l’équipe médicale.
Il n’osa pas s’approcher, préférant laisser aux professionnels tout l’espace dont ils auraient besoin pour ramener Milly à la vie. Stupide ! Il avait été stupide de la laisser y aller sans s’assurer qu’une telle catastrophe était impossible ! L’idée qu’elle n’avait pas vraiment eu le choix n’effleura même pas l’esprit de Rochel tant il était préoccupé. Eve, elle, semblait réellement furieuse et semblait prête à étriper la première personne qu’elle jugerait responsable si cette malheureuse victime avait la folie suicidaire de dire quoi que ce soit.
Tétanisé, le dépressif n’osa bouger que lorsqu’il fut sûr et certain que Milly était tirée d’affaire. Il poussa un long soupir de soulagement tout en passant sa main sur sa nuque pour la masser légèrement. - On a vraiment eu peur ! Tu aurais dû nous dire que tes pouvoirs avaient autant évolué, on aurait… on aurait trouvé autre chose ou au moins, on se serait mieux préparés ! Il réfléchit un instant à ce qu’ils venaient tous deux de vivre et ce que cela signifiait avant de reprendre : - D’ailleurs, si moi aussi j’ai ‘évolué’, je me demande quelles horreurs ce monde va me permettre de faire, maintenant.
Un des membres de l’équipe médicale qui passait par-là entendit la conversation et répondit à la place des deux filles : - Les pouvoirs sont en rapport avec la pathologie que vous avez. Si vous avez peur des chinchillas, vous aurez un pouvoir en rapport avec les chinchillas. Vous voyez ? Haussant un sourcil sceptique, Rochel demanda sur un ton presque amusé : - Oui, je vois, enfin qui aurait peur des chinchillas, franchement ? Il n’entendit pas vraiment la réponse que le médecin lui donna à cause du demi-tour rapide que celui-ci effectua pour s’éloigner du trio. Il lui sembla tout de même entendre quelque chose ressemblant à « connard » ou quelque chose du genre. Il se mordit alors les lèvres, conscient d’avoir gaffé de manière assez grossière. Faisant un geste dans le vide, Rochel haussa la voix pour adresser un Excusez-moi, je ne voulais pas… qui trouva comme seule réponse un grognement assez mécontent.
- Ah bravo… Bon. En rapport avec la pathologie, hein ? ce devait forcément toucher au sommeil ou aux cauchemars, surtout si son premier pouvoir se manifestait durant son sommeil. Attrapant un second médecin par l’épaule, il lui demanda : - Si je vous dis « sommeil », vous pensez à quoi, vous ? Et le pauvre homme de tourner de l’œil puis de s’affaler sur le sol. Interdit, Rochel fit un pas en arrière en levant les mains comme pour montrer patte blanche ; son regard trahissait à des kilomètres qu’il avait quelque chose à voir dans ce qui venait de se passer. Judith, qui venait de les rejoindre, l’interpella. - Je crois que vous devriez arrêter cela, lui intima-t-elle avant de bâiller, les yeux visiblement tirés. Il regarda autour de lui et il constata que Milly et Eve aussi avaient été touchées par cette aura narcoleptique. L’insomniaque plaqua sa main sur sa bouche d’où sortit un « désolé » étouffé. Horrible. Ce monde et ces pouvoirs étaient tout simplement horribles. | |
| | | Eve M. Todrovitch
Maladie mentale : Troubles paranoïaques
Messages : 316
Feuille de personnage Sac à dos: Pouvoirs : Bourse: 485,5 rubz
| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Sam 28 Juin - 20:04 | |
| Rochel répondit à sa plaisanterie en renchérissant. Même si elle n’en laissa rien paraître, son cœur eut un battement différent – très légèrement différent. Un unique signe qu’elle n’était pas irrémédiablement brûlée à l’acide de l’intérieur, que quelque chose de l’humaine qu’elle avait été subsistait. En vérité, c’était la première fois qu’un homme lui faisait cette impression. Bien entendu Eve avait déjà connu des histoires fades ou sans lendemain, des couches éphémères qui ne lui avaient jamais manqué. Mais jamais personne n’avait su esquisser ce sentiment : celui que « peut-être », elle pourrait lui faire confiance.
Ce fil de pensée survivant à sa folie se disloqua quand elle entendit le hurlement de sa protégée. La bête dans ses entrailles poussa un rugissement dément, cherchant à briser ses chaines avec la fureur d’un félin trop longtemps enfermé. A la vue de l’adolescente inconsciente dans son cylindre, la russo-américaine se rua sur Judith qui ne l’avait pas seulement vu venir. Elle attrapa son col proprement plié et la serra si fort que la femme aux allures passées peinait à respirer. Les yeux marron de la détenue ne reflétaient rien d’autre qu’un torrent de folie sans fond.
- Qu’est-ce que vous avez fait ?! - Mais enfin qu’est-ce qui vous prend ?! Nous essayons de…
Elle s’était interrompue quand le poing d’Eve s’était dressé, prêt à s’écraser sur son visage fardé. La taularde avait stoppé son geste uniquement parce que sa montre était apparue pour émettre un bruit strident, mais sa main tremblait de façon inquiétante. Des secousses de démence. C’était évident non ?! Ils l’attiraient ici, sortaient leur baratin au sujet des ombres et électrocutaient Jade en prétextant un accident. Après tout, la résistance aurait eut des raisons de le faire n’est-ce pas ? N’y avait-il pas un souci avec « l’autre elle » de la psychotique ? Tue-la. TUE-LA ! Fais le ou tu seras la prochaine. Vas-y !!
Dans son dos, le brancard passait avec le défibrillateur, mais la russo-américaine ne l’avait pas vu. Elle se contenta de serrer un peu plus sa prise, soulevant presque Judith de terre d’une seule main, ses forces décuplées par la folie.
- Vous avez fait une putain d’erreur, vous le savez ça ?! - C’est… c’est vous qui… faites erreur, articula péniblement sa proie à moitié étranglée, vous… êtes… - Je ne suis PAS FOLLE !! s’exclama Eve d’une voix qui déraillait, signe qu’elle perdait les pédales. Je ne… hum… reprit-elle en s’efforçant de se calmer, son inexpression glaciale plus effrayante que n’importe lequel des rictus de colère, vous essayez de me faire déraper pour me faire accuser… ce sera encore le « monstre » Toddrovitch le responsable. N’est-ce pas ?
Plus aucun moyen qu’elle entende raison alors qu’elle ne faisait pas attention à son pouvoir qui lui déchirait les oreilles. La panique gagnait peu à peu les prunelles de Judith qui réalisait qu’elle était belle et bien entre les mains d’une déséquilibrée mentale.
- V-votre montre ! s’exclama-t-elle en brûlant d’un coup le peu d’air qu’arrivaient à recueillir ses poumons.
Eve ne daigna tourner ses yeux vers le point d’exclamation rouge qui clignotait frénétiquement. Alors que la digue allait se briser et qu’elle s’apprêtait à faire payer leur meurtre à toutes les personnes dans cette pièce, la voix de Jade qui reprenait conscience la fit revenir à elle. Encore secouée de frissons de démence, elle lâcha Judith pour s’approcher de sa protégée.
Visiblement, cette dernière était secouée mais bien vivante, son ombre bien accrochée à ses pieds. Ce ne fût qu’alors que les pensées de la criminelle, peu à peu déliées de ses chaînes tortueuses, se tournèrent vers son pouvoir. Jusqu’à lors, sa montre n’avait bipé que pour lui signaler des injustices mais cette fois… ça avait été un bruit différent. Il s’était déclenché quand elle agrippait Judith, voulait-il lui signaler qu’elle faisait erreur ?
Jade vint vers ses amis pour assurer qu’elle était saine et sauve, un faux sourire aux lèvres, tandis que plusieurs personnes s’étaient précipitées vers leur supérieur. Celle-ci fit signe qu’elle n’avait rien en massant sa gorge endolori, mais ses jambes étaient encore en coton. De son coté Rochel, qui cherchait visiblement à en savoir plus sur ses dons, déclencha sans le vouloir une compétence narcoleptique. Eve se sentit soudainement prête à tomber endormie, incapable de réprimer un bâillement à s’en décrocher la mâchoire. Elle parvint tout de même à poser mollement sa main sur l’épaule de la psychotique pour demander :
- Tu es sûre que tout va bien ?
La sommation de Judith n’eut aucun effet. Tentant de reprendre contenance, elle s’approcha des trois voyageurs pour leur parler d’une voix cassée, son ton autoritaire ruiné par sa somnolence :
- Faites cessez ça et aller faire relever vos statistiques vitaux post-opération pour pouvoir partir. Nous avons pas mal de choses à faire ici. N’oubliez pas de prendre nos bipers, ils vont servir à vous recontacter pour renouveler les tests comme convenu.
Elle n’osait pas faire mention de l’agression de la détenue sur sa personne, mais il était certain qu’elle ferait état de cet incident à sa hiérarchie. Elle estimait travailler assez dur dans ces sous-sols pour ne pas mériter qu’on envoie des malades mentaux intenter à sa vie. | |
| | | Le Marchand de sable
Messages : 379
| Sujet: Re: Savoir garder son sang froid Mer 9 Juil - 10:06 | |
| Au sommet des monts infinis, loin... loin au-delà de la couche de nuage qui masquait le ciel en permanence se trouvait Odécia, la cité divine. Une grande partie des divinités de Dreamland avait élu domicile dans cette vaste cité de marbre, d’or et de platine. Un bâtiment gigantesque surplombait les autres palais, ses colonnes d’or immenses brillant d’une lueur aveuglante sous les rayons du couchant. C’était Ôh, la maison maîtresse, qui abritait les plus puissants des Dieux. Ces habitants changeaient régulièrement, au gré de l’évolution des croyances. Actuellement on pouvait y trouver Marchus, Alita, Chronos et Destin, tous assis en tailleur autour de ce qui ressemblait à s’y méprendre à un échiquier. - « Je m’ennuie. Ils tournent en rond et j’ai l’impression de perdre mon temps...» grogna Chronos, poussant du doigt une figurine d’aspect humain. - « Je peux encore leur envoyer un monstre ou un géant.» répondit Marchus tout en penchant d’un air pensif son menaçant visage lupin. - « Non ! Je n’en peux plus ! Je veux quelque chose de différent, je veux du neuf ! C’est toujours la même chose avec vous. Destin ! Fais nous un de tes tours, tu es doué pour ça ! Si on laisse faire ces deux là nous n’en sortirons jamais et cette partie me fera mourir d’ennui !- Soit. Comment pimenter ça...» Sous sa capuche vert sombre, l’obscurité qui lui tenait place de visage sembla sourire. Il aurait bien pu dire qu’il allait changer les projets de leurs pions mais c’était plus que ça. C’était la destiné. Ce qu’il déciderait était simplement ce qui devait être. Même si pour cela il allait falloir un peu bousculer le temps et l’espace... D’une longue main fine d’un noir d’ébène il se mit à mouvoir les pions sur l’échiquier. Ces pièces ressemblaient de loin à un assemblage de bric et de broc, mêlant pièces de métal, de bois et d’argile, mais quand on s’approchait on pouvait discerner leurs traits et comprendre qu’il s’agissait de voyageurs qu’on ne connaissait que trop. A chaque mouvement effectué par le Destin un pauvre voyageur se retrouvait propulsé loin, trop loin de ce qu’il connaissait. Et de ceux qu’il aimait. Alors que la main noire s’approchait du dernier groupe Alita posa l’une de ses 8 mains sur la sienne pour interrompre son geste. - « Laisse les. Ils vont croiser la route de Saytan, je ne voudrais pas rater ça.» Eve part en direction d'Atlantis Rochel part en direction de Candyland Jade part en direction de Miquitzli | |
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