Hypnose : l'Exil
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 Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure

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Dakota Earnshow

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MessageSujet: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeSam 19 Nov - 22:10

En provenance de la bibliothèque

La vitre avait explosé sous le choc sans lui causer plus que quelques coupures sur ses bras nus. La chute bien que rude fut ensuite amortie par les buissons dont les branches achevèrent d’écorcher ses bras blancs. Elle était ankylosée, mais surtout terrifiée. Par les scorpions et les araignées qui vinrent les poursuivre jusque dans les rues pavées mais surtout par ces yeux de sable qui, elle en était sure, appartenait à Celui qui Est. Le marchand de sable en personne avait posé les yeux sur elles et il les avait vues. Rien de tel pour vous ficher une trouille de tous les diables.

Mais pas le temps d’avoir peur quand on doit courir de toutes ses forces pour échapper à une armée d’insectes meurtriers. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine en menaçant de lui briser les côtes, ses jambes en compotes étaient si douloureuses qu’elle avait l’impression que ses muscles allaient lâcher quant à ses poumons ils lui semblaient littéralement en proie aux flammes. Mais elle ne pouvait pas s’arrêter, jamais. Car si elle avait le malheur de stopper sa course et de regarder dans son dos elle savait qu’Il la verrait et qu’Il la tuerait à coup sûr.

Alors que la surdouée courait tête baissée en proie à ces peurs superstitieuses elle rentra de plein fouet dans Selene qui avait eu la même expérience avec un habitant local. Plus que de s’apitoyer sur de nouvelles blessures la première chose que fit Dakota fut de regarder nerveusement autour d’elle avant de se rendre compte que plus rien ne les poursuivait. Depuis longtemps peut-être, mais elle ne le saurait jamais.

Les reproches du mages et les excuses de la toquée lui parvenaient à peine tant elle était obnubilée par l’expérience qu’elles venaient de vivre. Puis, insidieuse, le fait d’avoir abandonné ses compagnons s’insinua dans son esprit. La blondinette pinça les lèvres en se remettant debout tout en chassant l’image du visage rayonnant de James de son esprit. Ils avaient survécu, forcément. Ne l’avaient-elles pas fait elles-mêmes ? Ils n’étaient pas manchots –oh oh- ils sauraient se débrouiller pour sauver leur peau.

Malgré ces certitudes c’est avec un pincement au cœur qu’elle se tourna vers Selene lorsque celle-ci lui jeta un regard de chien battu en parfaite adéquation avec la question qui s’échappa de l’enclos de ses lèvres. Une fois n’est pas coutume, Dakota n’eut pas grand-chose à répondre. Retourner près de la bibliothèque était hors de question, le danger était trop grand. Elle aurait bien proposé de retrouver les autres mais sans point de rendez-vous elles ne pourraient que tourner en vain dans la ville. Le temps filait et à l’approche de midi il devenait plus qu’urgent qu’elles pensent à se trouver de quoi manger et dormir pour la nuit.

Trop de choses à faire et aucun moyen ne leur était donné. C’était à s’en arracher les cheveux.

- Franchement ? On a l’incarnation même de Dreamland qui veut notre mort, on a aucun moyen de retrouver les autres sans se mettre en danger et aucun endroit où aller. Tu attends quoi de moi ? Que je te fasse un beau discours plein d’espoir sur la lumière au bout du tunnel et toutes ces conneries ?

Elle était lasse, tellement lasse… si seulement les choses avaient pu être facile une seule fois dans sa vie ! Dakota passa sa main dans ses cheveux et c’est seulement alors qu’elle se rendit compte qu’elle avait perdu son costume depuis un moment déjà. Dans la pagaille de l’attaque elle ne s’était rendu compte de rien, mais se voir redevenue normale était au moins l’un des rares points positifs qui lui venaient à l’esprit pour le moment.

- Je peux pas faire ça désolé. J’en ai ni l’envie, ni la force. Tout ce que je veux pour l’instant c’est trouver un endroit ou se mettre à l’abri. Chercher un petit boulot histoire de pouvoir se loger le temps de trouver quoi faire. En ville bien sûr si on veut pouvoir retrouver les garçons mais… ça ne doit pas être notre priorité. Ce n’est pas en mourant de faim dans les rues qu’on arrivera à quoi que ce soit.

Si seulement elle avait pu donner une pièce à James ou Sydney, elle aurait pu les tracer avec une facilité déconcertante… mais ça ne servait à rien de s’embarrasser de regrets. Elle avait trop tardé et devait désormais en assumer les conséquences.
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Selene Nymphadora

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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeSam 19 Nov - 23:05

La réponse de Dakota ne la rassura absolument pas. Travailler ? Vraiment ? Alors qu’elles avaient l’équivalent d’un Dieu à leurs trousses, que leurs compagnons étaient peut-être morts, que rien n’allait désormais plus ?! Seul son état d’épouvantail empêchait ses véritables émotions de transparaitre sur son corps, mais elle n’en était pas moins bouleversée. En moins d’une matinée, elle était passée de simple voyageuse perdue à adolescente cible d’une divinité en colère. Pourquoi elle ? Pourquoi ? Elle n’était qu’une galloise de 15 ans, sans rien de plus ni de moins que les autres, pourquoi ce simple rendez-vous chez Parkinson l’avait-elle amenée si loin ?

- Ok…, murmura-t-elle.

Impossible de pleurer pour ses yeux-boutons, et heureusement. Selene ne pouvait même pas s’entourer de ses amis, ses membres de bois en étaient secoués de tremblements pratiquement irrépressibles. Retourner en ville, n’est-ce pas ? Et comment faire sans savoir où elles étaient ? Ses jambes écorchées lui faisaient mal en plus ; elle avait juste envie de se reposer pour l’instant. Simplement ça. Néanmoins, en contrebas de l’allée, une espèce d’arche arrondie d’un étrange rose bonbon flottait au dessus du sol. La toquée s’en approcha, s’éloignant de la demeure en chapeau pointu du vieux qui les avait transportées ici par mégarde. Lorsqu’elle fut à moins de deux mètres, un grand plan de Gloutoniskaïa apparut comme tracé par un stylo invisible à l’encre pailleté, lévitant verticalement sous une banderole magique qui affichait : « arrêt : Sibelius D. Sevor ».

Selene gratta l’arrière de sa tête en toile en essayant de comprendre quelque chose. Ça ressemblait à un réseau de bus – ou en tout cas de transport en commun – mais elle avait du mal à bien saisir tous les tracés. Elle arrêta ses recherches lorsqu’elle aperçut une station « Mairie » et une autre « Tour de la Gourmandise » : ça devrait aller comme point de chute en ville. Visiblement, elle n’était pas si loin, juste dans une petite poche périphérique à l’écart de l’agitation quotidienne. La galloise se tourna alors vers la phobophobe pour lui dire :

- En tout cas, je crois que ce…. Bus retourne en ville, mais je ne vois pas d’horaire.

A peine eut-elle achevé sa phrase que le planning des heures de passages s’ajouta au dessus de la carte, avec le prochain à venir en surbrillance magique. La rouquine recouvrit alors son apparence normale, à son grand soulagement. Son teint était si pâle qu’on aurait pu la croire prête à rendre son dernier repas dans l’instant, mais elle eut assez de force pour prendre son coupe papier dans son sac et s’accroupir. Avant que Dakota n’ait pu s’en apercevoir, elle gravait dans la peau de sa cuisse déjà entamée par des griffures le visage souriant d’un épouvantail. Elle s’appliqua à ce qu’il apparaisse correctement, ignorant totalement la douleur qui s’ajoutait à celle de ses genoux, essuyant simplement son sang du bout des doigts.

Une fois son acte accompli, l’adolescente se sentit soudain mieux. Comme si on venait d’ouvrir une fenêtre dans une pièce renfermée et sous pression, ses tremblements cessèrent, son cœur cessa de lui tourner l’impression de battre à l’envers. Plus sereine, elle rangea son coupe papier et se redressa sans osée croiser le regard bleu glacier de son amie. Son pouvoir avait agi sur elle, mais comme jusqu’à présent, elle n’en avait pas conscience. Elle se contenta d’articuler :

- Si on arrive à travailler sur le marché, peut-être qu’on aura plus de chance de les croiser…

Mais était-ce possible que le Marchand de Sable ait aussi laissé l’un de ses petits mouchards ailleurs ? Comment savoir désormais ? Elles n’auront peut-être pas autant de chance que cette fois-ci. Son cerveau qui n’arrivait pas encore totalement à se détacher de la bibliothèque lui rappelait le nom de leurs célèbres prédécesseurs qu’elle avait aperçut dans l’ouvrage leur étant consacré :

- Dis… tu crois qu’on devrait demander de l’aide à de plus anciens voyageurs ? Dans un livre de la bibliothèque, j’ai lu que certains avaient… formé un groupe clandestin qui offrait des refuges aux… à tous les voyageurs qui acceptaient de les rejoindre. Quand j’avais été vendue à la tour de Sextus, c’est l’un d’eux qui nous avait libérés… il s’appelait Aston. Peut-être que si on les retrouvait…

Selene n’osait pas dire qu’elle avait aussi appris que ce groupuscule s’adonnait à des activités terroristes visant à détruire les sept tours. En fait, pour le simple fait qu’elle n’avait que trop peu d’informations pour trouver Hildegarde et sa clic, la toquée s’attendait à ce que sa comparse l’envoie bouler une fois de plus. Mais elle avait juste besoin d’un espoir, de quelque chose à quoi se raccrocher pour se dire qu’elle n’était pas seule, avec ses maigres forces d’adolescente, contre le Marchand de Sable.
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Dakota Earnshow

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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeJeu 1 Déc - 17:44

Selene n’avait pas l’air convaincue et Dakota n’en avait cure. Si sa comparse voulait jouer les clochardes à dormir dans la rue et fouiller les poubelles pour trouver un vieux truc moisi à se mettre sous la dent s’était son problème, mais il était hors de question qu’elle suive elle-même ce schéma. C’était un gros défaut que la toquée partageait avec énormément de voyageurs d’ailleurs. On veut rentrer à la maison, alors on fuit, on vole, on pille et on se plaint d’être poursuivi par une horde d’ennemis. Pourtant sans tentative d’insertion ça n’avait rien de surprenant. C’était même naturel : qui prendrait en pitié en des criminels qui se victimisent ?

L’expression pathétique qui se dessinait sur le visage de toile fit se pincer les lèvres de la surdouée, retenant de justesse une remarque acerbe. Heureusement l’arrêt de bus détourna leur conversation de ce sujet délicat pour opter pour un véritable plan d’avenir. Prendre le bus pour rejoindre le centre-ville, enfin quelque chose de concret. Si seulement Selene avait pu se retenir de se mutiler les choses auraient presque pu bien tourner.

Le pouvoir calmant de l’adolescente commença à agir sur Dakota qui n’eut plus que la force de soupirer. C’était son corps après tout, elle pouvait en faire ce qu’elle voulait, même vendre ses reins vu qu’après tout c’était à elle. Se mêler des affaires des autres n’apportait de toute façon que des ennuis. La phobophobe prêtait une oreille relativement ouverte au babil de sa camarade qui parlait de travailler au marcher et de demander de l’aide à des voyageurs plus expérimentés. Ce dernier point lui fit hausser un sourcil et ce ne fut que le valium qui l’empêcha de rabaisser ouvertement la rouquine.

- Leur demander conseil… pour ?

Son regard froid détailla ouvertement le visage qui lui faisait face avant d’ajouter sur un ton hautain :

- Tu veux qu’ils nous renseignent sur le marchand de sable ? Mais aucun d’eux n’a pu le connaître, il est endormi depuis des milliers d’années. Réfléchis un peu, tu es bien trop naïve. Personne ne peut nous aider face à lui. Et puis ils se sont fait jeter comme nous après tout.

Son regard se voila alors que la peur s’enroulait insidieusement autour de sa cage thoracique pour l’étouffer d’angoisse. L’action tranquillisante de Selene limitait cette sensation désagréable mais celle-ci était si forte qu’elle ne pouvait disparaitre complètement. Parce qu’elle pouvait mourir, et que rien n’était pire que la mort. Parce que cette éventualité l’épouvantait complètement. Elle frissonna, ses bras s’enroulant autour de ses frêles épaules. Elles étaient trop jeunes pour ce genre d’épreuves, elles n’auraient pas dû avoir à vivre ça.

Et puis la toquée semblait oublier un petit détail qu’elle se ferait un plaisir de lui remettre en mémoire…

- Et puis ce sont des voyageurs, des voyageurs puissants. Ils ne mettront pas beaucoup de temps avant d’attirer l’œil du marchand. Se balader avec eux c’est comme porter une cible dans le dos. Autant filer dans le désert et l’appeler directement pendant que tu y es.

Un tintement lui fit tourner la tête à droite alors qu’un étrange véhicule descendait d’une colline. Il semblait léviter au-dessus du sol à une allure raisonnable, coque de métal peint d’un violet vif et agrémenté de dorures le long des portes, des fenêtres et jusqu’aux flancs du véhicule où elles formaient des signes cabalistiques. Le bus, car c’était bien lui, s’arrêta à leur hauteur avant que la porte ne s’ouvre sur quelques voyageurs pressés de descendre. Une fois qu’ils eurent quitté le véhicule, le chauffeur fixa le duo avec l’air de celui qui n’a pas toute la journée.

Dakota attrapa le poignet de Selene et la tira à l’intérieur, ne s’arrêtant qu’une fois face au chauffeur. Ce n’était pas gratuit, forcément, mais il n’y avait plus qu’à espérer que le voyage n’ait pas un prix exorbitant. Elle s’éclaircit la gorge avant de se lancer, son autre main posée fermement sur son pécule.

- Bonjour, on voudrait deux billets pour la tour de la gourmandise.

- Ca fera 10 rubz ma petite demoiselle.

Le soulagement qui se lu sur son visage dû paraitre comique car les lèvres de l’homme s’étirèrent en un sourire amusé. Elle tira 5 rubz de sa poche qu’elle tendit au chauffeur avant de donner un coup de coude à la rouquine pour qu’elle s’active un peu.

- Me dis pas qu’il te reste plus rien ? interrogea-t-elle à voix basse avec un soupçon de reproche.
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Selene Nymphadora

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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeJeu 1 Déc - 20:48

Dakota n’était visiblement pas de son avis, et la rouquine n’avait ni la force, ni l’envie de lutter. Pourtant, certes les puissants voyageurs attiraient l’attention, mais peut-être aussi qu’ils seraient plus à même de leur proposer des refuges ou des protections. Le fait est que désormais, elles étaient seules dans une ville où leur ennemi avait déjà frappé, et que tant qu’elles restaient dans les parages, ils savaient où les trouver. « On a déjà une cible dans le dos » voulut rétorquer la toquée, mais l’arrivé du bus mit fin à la discussion. Bien évidemment, il ne ressemblait à rien que ne connaissait la jeune fille et s’arrêta à leur hauteur pour déverser son flot de passagers avant de les laisser monter.

Selene n’aurait pas sut dire si je ticket de bus était cher ou pas, dans la mesure où elle ne connaissait pas le change dollars – rubz, mais ses mains encore fébriles trainaient à dénicher son porte-monnaie. Le coup de coude de sa camarade lui fit commettre une maladresse qui eut pour conséquence la chute de ses gemmes sur le sol. Rougissant de se faire remarquer à peine entrer dans le véhicule, la galloise se baissa rapidement pour récupérer son argent et le tendit au chauffeur en l’échange d’un billet.

- Ça va, ça va, répondit-elle pendant sa manœuvre.

L'éternel ton de reproche de la phobophobe la fatiguait un peu. Elle avait mal aux jambes, mal à la tête, des nausées d’angoisses la surveillaient sournoisement, elle n’avait donc pas besoin en plus d’une comparse aussi désagréable. Sans rien laisser paraître sur ses traits pâles d’autre que l’inquiétude qui y était inscrite depuis leur fuite de la bibliothèque, Selene se demandait ce qui n’allait vraiment pas avec Dakota. Elle faisait pourtant l’effort d’être gentille, de l’assister, de l’aider… et la blondinette ne lui renvoyait que son intelligence froide, c’était une chose, mais en plus sans la plus petite forme de sympathie.

La rouquine s’assit vers le milieu du bus, sur l’un des bancs latéral gauche, derrière une jeune fille plongée dans ses devoirs sans doute. Elle se sentit soudainement envahit par une fatigue écrasant, contrecoup de tant d’agitation après une si petite nuit. En vérité, elle était épuisée ; sa tête se posa naturellement sur la vitre qui vibrait très légèrement avec les mouvements du véhicule, mais une sensation de liquide qui glissa sur son tibia gauche lui fit jeter un œil à son genou gauche. Il saignait, l’écorchure qu’elle s’était fait, bien que superficielle, appelait à quelques soins. Si seulement elle avait pu avoir de quoi se découper un morceau de bandage, elle aurait pu panser sa plaie dans l’immédiat. Il allait lui falloir attendre d’être arrivée à destination pour emprunter un ciseau. A moins que…

- Excusez-moi, commença timidement Selene en tapotant l’épaule de la fille devant elle, vous n’auriez pas un… ciseau s'il vous plait ?
- Euh… non, désolé, on en utilise pas chez nous… vous voulez couper quoi ?

Les yeux verts de la magicienne croisèrent les siens. Comme le seul regard de cette dernière possédait un pouvoir magique, elle resta muette un seconde à contempler ses iris émeraude, puis se ressaisit pour tirer une longueur de bande de soi en précisant :

- J’aurais juste besoin de m’en couper un bout…

L’inconnue parut murmurer une formule, et le tissu de soin se scinda de lui-même, plus nettement encore que ne l’aurait fait un cutter. Stupéfaite, les yeux noisette de la toquée brillèrent de fascination alors qu’elle remerciait la gloutoniskaïenne. Selene enroula donc son bandage autour de son genou après avoir sommairement essuyé sa mince coulée de sang – faute de mieux. Elle achevait de nouer son œuvre quand la voix de la jeune fille qui l'avait aidée les interpella, curieuse :

- Vous n’êtes pas du coin n’est-ce pas ? C’est une mauvaise chute qui vous as mit dans cet état ?

La galloise se redressa, renvoyant dans son dos sa chevelure flamboyante. Un instant, elle tourna la tête vers Dakota. Que devaient-elles faire ? Mentir ? Dire la vérité ? Certes, elles étaient effectivement mal tombées, il suffisait juste d’omettre de préciser que c’était parce que le Dieu de ce monde était à leur trousse. Non ?

- Ça va, ne vous inquiétez pas, répondit la rouquine en s’efforçant de sourire.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeVen 2 Déc - 18:26

Une fois installée dans le bus Dakota se laissa aller contre la vitre, son front en contact avec la surface agréablement fraiche. Elle s’était assise sur la même rangée que Selene mais du côté droit cette fois, pour fuir la conversation peut-être ou tout simplement parce que les contacts sociaux prolongés la mettaient mal à l’aise. Ici à Dreamland elle avait l’impression que les gens comptaient toujours sur elle, comme s’ils voyaient en l’adolescente d’à peine 13 ans qu’elle était une sorte de messie. Le fait qu’elle impose plus ou moins cette situation ne lui effleurait pas l’esprit, pour elle donner des ordres quand les gens se fourvoyaient n’était pas juste normal, c’était aussi naturel que de respirer.

Sa camarade avait engagé la conversation avec une autre passagère, mais la distance l’empêchait de comprendre l’intégralité de leur discussion. Lorsque la rouquine tourna vers elle un regard interrogateur la surdouée se contenta de hausser les épaules. Débrouille-toi voulait-il dire.

Elle détourna les yeux pour les reporter sur le paysage qui défilait de l’autre côté de la fenêtre sur laquelle elle s’appuyait. Certains l’auraient trouvé enchanteur, d’autre totalement magique, mais rien ne venait pourtant égayer ses pupilles gelées. Combien d’heures avait-elle dormi déjà ? Une. Deux tout au plus. Et même sans rien avoir mangé elle n’avait pas faim. Leurs perspectives d’avenir inexistantes lui coupaient l’appétit et lestait ses membres de plomb. Que représentait un joli paysage quand on était épuisé et persécuté ? Rien, du pipi de chat.

Ses doigts cherchèrent ses lunevolutives dans sa poche pour les glisser sur son nez, masquant ses cernes profonds. Les verres opaques lui servaient de remparts entre elle et le monde, palliatif dérisoire à l’absence des murs épais de sa chambre, dans le monde réel. Combien aurait-elle donné pour retrouver l’espace d’un instant cette sécurité offerte par la solitude ? Là-bas il ne se passait jamais rien, elle faisait en sorte que ce soit le cas. Ici… c’était le chaos. Même si elle cherchait la guérison elle n’était pas sûre qu’elle vaille le prix qu’on lui faisait payer dans ces contrée hostiles. Ils avaient le monde même à leurs trousses. Comment lutter contre ça ??

Dakota poussa un soupir et son souffle créa une fine buée sur la vitre. Elle y dessina inconsciemment un œil qui la fixait sans ciller. Même s’il n’était que la trace humide de son doigt, elle savait au fond d’elle qu’il était constitué de sable.

- Je te vois hein ? murmura-t-elle, Tu nous prends pour des gamins. Je ne fuirais plus cette époque est révolue. Trouve-toi un autre pantin.

D’un geste vif elle effaça son dessin avec sa paume. Le pouvoir de Selene l’empêchait d’avoir peur ou d’être en colère au niveau qui le méritait et elle en était consciente, tout comme elle était consciente que son caractère exécrable commençait à porter sur les nerfs de la rouquine. Mais n’était-ce pas réciproque ? Après tous les geignements perpétuels de son ainé l’agaçaient plus que de raison, mais la collaboration possible qu’elle avait entrevu l’empêchait de laisser la relation se dégrader. Même si elle n’en avait aucunement envie il fallait faire un geste, mais quoi ? Elle n’était pas douée pour ça.

Après une longue hésitation elle finit par quitter son siège pour s’asseoir à côté de Selene sans même la regarder, les lunevolutives toujours sur le nez. Elle jeta un bref coup d’œil à l’étudiante située devant elles et qui semblait s’intéresser un peu trop à leurs histoires. Dak’ imaginait déjà l’embrouillamini mental dans lequel se trouvait la galloise et qui se résumait à « raconter ma vie ou ne pas raconter ma vie, telle est la question ». La phobophobe régla le problème en lâchant abruptement :

- Nous sommes des touristes. On cherche du travail pour financer la suite de notre voyage. Vous auriez des adresses pour nous ?

Elle marqua une pause avant d’ajouter :

- S’il-vous-plait.

Pas très convaincant mais c’était toujours mieux que rien. Elle se tourna ensuite vers Selene pour entamer une phase plus délicate qu’elle avait autant envie de réaliser qu’une épilation du maillot à la cire bouillante. Cette étape était nommée dans son cerveau trop développé « phase 1 : détendre l’atmosphère ».

- Qu’est-ce que tu aimerais faire d’ailleurs ? Trouver quelque chose de facile serait vraiment un bonheur… Je pourrais peut-être écrire encore un ou deux articles pour le Dreamland soir, j’ai matière à le faire d’ailleurs mais les envois se font par mail ou par hibou ce qui nous empêcherait de recevoir de l’argent avant plusieurs jours. Et comme on a pas de ligne internet ça ne nous laisse pas trop le choix. Quelle misère.
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Selene Nymphadora

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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeVen 2 Déc - 19:43

Abandonnée par Dakota, Selene ne savait pas trop si sa réponse suffisait. Les yeux brillants de la magicienne l’épiaient toujours et alors qu’elle cherchait autre chose à dire, elle se surprit à craindre qu’elle puisse lire dans ses pensées. Cherchant à gagner du temps, elle empoigna sa chevelure rousse d’une main pour la démêler avec ses doigts, et insista avec une petite voix :

- Faut pas vous inquiéter, je suis juste tombée. Ce n’est rien de très grave. On…

Elle fut interrompue par la phobophobe qui se décida finalement à voler à son secours. Des lunettes de soleil opaques masquaient ses prunelles bleues glaciers, mais l’adolescente savait qu’il n’y avait rien d’autre à y lire que son habituelle froideur. Lorsque son amie se tourna vers elle pour lui demander ce qu’elle aimerait faire, la toquée resta silencieuse, prise de court. En vérité, elle ne s’était encore jamais demandé comment elle pourrait occuper sa vie dans une métropole magique qui n’avait rien à envier à l’univers de Harry Potter. Tranchant pour elle, l’inconnue reprenait la parole après avoir accueillit la réponse de la blondinette d’un hochement de tête :

- Oh, vous avez déjà travaillé pour le Dreamland soir ?! C’est cool ! On utilise pas internet ici, mais j’ai un oncle qui s’occupe d’une animalerie pas très loin du marché, et je crois bien qu’il cherchait une ou deux personnes pour l’aider parce qu’il vient de s’agrandir. S’il vous prend pour quelques temps, je pense qu’il vous laissera utiliser l’un de ses hiboux pour vos articles.

Ella marqua une pause pour rejeter en arrière sa crinière bouclée ambre. Maintenant que la conversation était lancée, Selene se détendait et prit le temps d‘observer la jeune fille qui ne devait pas avoir beaucoup plus que son âge. Sa robe de mage était très féminine, aussi verte que ses yeux étincelants, brodée d’ornement complexes et virevoltants qui décidaient régulièrement de changer de forme.

- Il s’en fiche d’engager des touristes ou des gens d'ici, du moment que vous bossez bien. Au fait, je m’appelle Blanche, et vous ?

La rouquine fut la première désignée par ses prunelles émeraude. Désormais soulagée de voir que la vie reprenait un cours normal – si l’on pouvait dire – après l’attaque de la bibliothèque, elle ne s’empêcha pas de sourire avant de répondre :

- Selene.

S’occuper d’une animalerie ? Est-ce que ce job lui conviendrait ? Après tout, elle avait déjà accompli plus difficile que ça à Dreamland. Néanmoins, qui savait le genre d’animal qui était susceptible de se trouver dans une boutique de Gloutoniskaïa ? Des hiboux certes, des crapauds certainement, mais ensuite ? Y aurait-il des petits dragons par exemple ? Des salamandres ? Sans compter les créatures qu’elle ne pourrait même pas nommer ?

Le bus fit un premier arrêt depuis la monté des voyageuses. Une unique personne descendit pour trois nouveaux passagers qui déballèrent comme par enchantement des tickets de transport. La surprise de la rouquine ne passa pas inaperçu aux yeux vifs de leur compagne de route. Devant son regard curieux et interrogateur, elle expliqua timidement :

- Je suis pas encore habituée, alors je suis toujours étonnée ; mais j’adore la magie, je suis contente d’être ici. Et ça me dirait bien de travailler à l’animalerie, on peut passer voir votre oncle maintenant ?

Ce qui, mis à part l’inconvénient d’être poursuivie par le Marchand de Sable, n’était pas faux. Si elle avait eu à choisir un endroit où passer ses jours dans le pays des rêves, Selene aurait très certainement voulu s’installer dans cette ville pour y gagner sa vie comme une honnête citoyenne. D’ailleurs, est-ce une chose à laquelle elle pouvait prétendre en se faisant engager chez l’oncle de Blanche ? Avoir assez d’argent pour louer un petit studio, vivre discrètement dans son petit monde en fuyant tout ce qui la rattache à son état de voyageur… apprendre la magie ? Si seulement c’était possible…

Certes, elle était venue pour guérir, et désormais le problème de son ombre se posait inévitablement ; mais et si son séjour durait plusieurs semaines, comme la dernière fois ; elle ne pourrait pas les passer dans des conditions aussi précaire ; dans la cale d’un vieux bateau, dans la fange de la tour de Sextus, dans une étable, sur une charrette volée… . Une chambre, un lit et un couvert, c’était tellement mieux. Loin de Liam, loin de la ville des excès qui hantait ses souvenirs, loin de ce viol qui lui collait à la peau, loin de tous ses cauchemars…

- Je descends à la tour de la gourmandise, répondit la magicienne, je vous amènerai à sa boutique, elle est pas très loin.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeDim 4 Déc - 20:57

** C’est… dur**

Dakota serra les poings pour se donner du courage. La voie de la sociabilisation n’était vraiment pas faite pour elle. L’adolescente s’efforça de focaliser son esprit sur les futurs valium qu’on lui offrirait si elle restait aimable, aux différentes utilisations qu’elle pourrait en faire et aux avantages certains qu’apportaient un carnet d’adresse bien rempli. Un sourire qui se voulait naturel mais qui n’était que crispé se dessina sur ses lèvres fines alors qu’elle suivait avec attention le discours de l’inconnu.

Louche, trop louche. Elle les connaissait à peine qu’elle leur proposait déjà du travail chez son oncle. Qu’est-ce qui leur disait que ce n’était pas un piège ? La peur d’avoir peur qu’elle soit une envoyée du marchand de sable naquit dans son cœur, poussant la gamine à serrer un peu plus les poings quitte à laisser dans ses paumes des traces sanglantes en forme de croissant de lune.

**Reste calme, ne panique pas. Ce n’est pas le moment de paniquer.**


- Dakota.

S’ensuivit une nouvelle démonstration du manque de discrétion de Selene et de sa naïveté. Elle adorait la magie hein ? Comment pouvait-elle déballer de telles conneries juste après que cette « magie » ait failli causer leur mort dans la bibliothèque ? Ca dépassait l’entendement. Garder le silence restait la meilleure option pour ne pas la rabrouer, mais le mutisme compromettrait certainement sa première phase. Il fallait dire un truc, n’importe quoi, mais surtout ne pas laisser sa langue agile lancer une pique à sa camarade.

- Le… hum… le travail consisterait en quoi ? J’espère que ça ne demande pas des qualifications trop pointues dans le domaine animal. Je n’ai jamais eu d’animaux, ma mère trouvait qu’ils étaient trop sales.

La vision de sa maison parfaitement entretenue par une armée de domestiques s’imposa à son esprit, avec ses sols étincelants et son mobilier dépourvu du moindre grain de poussière. Oui, une bête qui y aurait perdu ne serait-ce qu’un poil se serait fait jeter à la porte aussitôt. Les Earnshow avaient toujours aimé les choses carrées et nettes. La gente animale n’avait pas sa place dans la demeure de gens de leur espèce.

- Cela dit je n’ai rien contre et je ne rechigne pas à la tâche. Je suis assez bonne en économie et en gestion, j’ai déjà travaillée comme musicienne, organisatrice de concert, j’ai de même travaillé sur un bateau et dans des vignes… journaliste, exploratrice scientifique et enquêtrice aussi. Les touristes se doivent d’être polyvalents s’ils veulent pouvoir remplir leur bourse en toutes circonstances.

Mais rien de tout ça n’est utile dans une animalerie. Elle savait parler pour ne rien dire, mais n’était-ce pas le propre même des discussions futiles ? C’est pour ça qu’elle préférait se taire. Le silence est d’or n’est-ce pas ? Dommage que si peu de personnes partagent cette vision du monde.

Alors qu’elle laissait échapper un soupir de dépit le bus s’arrêta à hauteur d’un arrêt de bus situé sur la place qui jouxtait la tour de la gourmandise. Le bâtiment projetait son ombre inquiétante sur les pavés et lorsqu’elle descendit du véhicule la phobophobe ne put s’empêcher de se sentir mal à l’aise. Elle imaginait sans mal Baal l’épier à travers une fenêtre, son rire dément résonnant entre les murs de cette demeure immense. Jamais elle ne rentrerait là-dedans, même avec une armée à ses trousses.

Le duo qu’elle formait avec Selene suivit blanche jusqu’à une petite boutique coquette d’où provenait le brouhaha de nombreux bruissements de plumes. C’était le moment où jamais de faire bonne figure… la gamine maintint donc son sourire qui commençait à faire souffrir les muscles de ses joues peu entrainées à cet exercice difficile et pénétra dans le magasin sur les talons de leur bienfaitrice.

Alors qu’elle venait à peine d’entrer un carillon résonna comme un écho à celui qu’avait produit la porte et un calendrier de l’avent apparu de nulle part pour lui révéler trois cadeaux. La blondinette regarda avec suspicion les deux bons, l’écharpe et le bonnet d’un blanc immaculé qui venait de lui sauter dans les bras avant de murmurer peu convaincue :

- Hum… Joyeux noël ?
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeDim 4 Déc - 22:04

Dakota soulevait un point intéressant : Selene non plus ne connaissait pas grand-chose dans le domaine animalier. Bien sûr, elle saurait au moins comment les nourrir, même comment nettoyer leurs habitats si on lui expliquait, mais si le poste demandait plus que ça, elle serait certainement recalée avant même d’avoir essayé. Alors qu’elle allait déjà s’avouer vaincue, la propagande de son amie quant à son bagage lui redonna courage. Souriant à la sorcière, la rouquine déclara :

- Moi non plus je ne rechigne pas à la tâche, et j’aime bien les animaux. J’ai déjà fait des boulots assez difficiles aussi, comme rapporter l’épée Fyrionne dans les montagnes, et…

L’adolescente hésita. A quoi se résumaient ses autres expériences ? Servir d’esclave sur un bateau de pirates, puis de jouet à une gardienne cinglée, et enfin d’échanger des fruits volés sur la place de marché de Telehem. Ça n’était pas glorieux, et cela faisait partie des épisodes de sa vie qu’elle avait envie d’oublier… oublier à toute jamais.

- Et rien…, conclut-elle.

L’expression interrogative de Blanche se mua bientôt en petit rire. En rangeant ses affaires dans un grand sac magique qui n’avait pas l’air d’avoir de fond, elle répondit aux voyageuses :

- Vous verrez tout cela avec lui.

Le bus fit enfin halte près de la tour de la gourmandise. C’était incroyable comme l’aura même de l’édifice pétrifiait la toquée, comme si les couleurs diverses et éclatées de la demeure de Baal n’était qu’une allégorie de la raison morcelée de son propriétaire. Sans savoir pourquoi, alors que le petit trio de donzelles se dirigeait vers une boutique coquette, Selene se demanda quel était le lien du gardien avec le Marchand de Sable. Se connaissaient-ils ? Étaient-ils alliés ? Ennemi ? Y avait-il des chances que le clown terrifiant de Gloutoniskaïa les livre au dieu de ce monde ? Est-ce qu’il ne fallait mieux pas fuir, tout quitter, tout simplement ?

Trop tard, de toute façon, elle entrait déjà dans le magasin animalier, et la même effluve qu’on rencontrait ordinairement dans le monde réel vint chatouiller ses narines. Battements d’ailes, aboiement, mais aussi cris qu’elle ne connaissait pas, couinement et crissement, un véritable concerto pour bête animait l’antre du nom de l’Eden à poils et à plumes. Occupé à verser de la nourriture dans un bassin de poissons multicolores, le petit homme chauve gérant de la boutique ne se retourna pas immédiatement. En apercevant sa nièce, il sourit en venant lui faire la bise, l’obligeant à se pencher tout en écartant des mèches de sa crinière ambrée.

- Tu vas bien ? Tu je te présente Selene et Dakota. Ce sont des touristes que j’ai rencontré dans le bus, elles cherchent un travail dans le coin. Tu voulais bien avoir quelqu’un pour t’aider, non ?

Le petit homme jaugea les deux adolescentes de ces mêmes yeux verts qu’avait Blanche. Il opina du chef en tendant une main professionnelle à chacune de ses potentielles futures employées :

- Bonjour, je m’appelle Vendredi Roland. Vous êtes à Gloutoniskaïa depuis quand ? Vous avez déjà travaillé dans une animalerie ? Vous avez déjà une expérience en magasin ?

La galloise se retint de sourire à l’entente du prénom de son interlocuteur. D’ailleurs, peut-être qu’à Dreamland, le jour de la semaine qui portait ce nom n’existait pas, et alors « Vendredi » ne serait qu’un prénom comme un autre ; il n’y aurait donc même pas lieu de trouver ça amusant. Jouant avec une mèche rousse d’un air embarrassé, la toquée répondit :

- Je… nous sommes ici que depuis hier soir. Personnellement, je n’ai jamais travaillé dans une animalerie… ni dans aucune boutique d’ailleurs. Mais j’aime beaucoup les animaux, relança-t-elle avec empressement. Et je suis aussi prête à apprendre vite, et à m’investir !

Elle appuya sa déclaration de motivation de toute la force de son regard noisette. Nouveau tintement de clochettes et cette fois, ce fut à son tour de recevoir des cadeaux via un calendrier de l’avent magique qui se dissipa dans les airs aussi vite qu’il était apparut. Un ticket restaurant, un bon de réduction, un bonnet et une écharpe… c’était cool ! Avec un petit sourire, elle ajouta :

- Et joyeux Noël…
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeMer 7 Déc - 12:53

Le gérant était si petit qu’il dépassait à peine Dakota, si bien qu’elle pouvait sans mal voir son crâne chauve luire à la lueur du plafonnier. Il avait l’air d’un homme bon, mais ça ne suffisait pas à calmer la méfiance naturelle de la phobophobe. Seuls les faits le pourraient. A peine présentés que l’homme les bombardait déjà de questions qui n’étaient pas toutes pertinentes. En quoi savoir depuis quand elles étaient dans la cité avait de l’importance ? La peur d’avoir peur qu’il soit lié à cette histoire de marchand de sable pointa le bout de son nez mais elle la réprima du mieux qu’elle put sans se départir de son sourire crispé.

Les réponses de Selene étaient précipitées et angoissées comme celles d’une personne timide lors d’un examen à l’oral. Tout son corps semblait hurler qu’elle était motivée mais aussi profondément mal à l’aise. Dakota leva les yeux au ciel avant de prendre la parole à son tour.

- Même si je ne vois pas en quoi notre date d’arrivée importe… ma camarade dit vrai. Nous sommes là depuis hier, en fin d’après-midi. Je n’ai jamais travaillé en magasin à proprement parler, mais j’ai déjà fait un stage dans une succursale des entreprises de mon père. De la comptabilité et de la gestion principalement. Rien qui avait trait aux animaux en tout cas.

Son regard glacé parcouru l’espace étouffant de la boutique qui regorgeait de cages et de vivariums habités par des bestioles qui ne figuraient pas toutes dans les encyclopédies du monde réel. Même si elle avait pu avoir une expérience dans le domaine animalier, il était évident qu’elle n’aurait rien pu savoir sur cet espèce d’ornithorynque à plumes ou sur ces boules de poils lumineuses qui semblaient servir d’éclairage à une grande partie de la boutique. La gamine haussa les épaules avant de reporter son attention sur son possible futur employeur.

- Mais vous savez, la faune d’ici est si différente de celle de l’endroit d’où nous venons que même en ayant déjà travaillé en animalerie ça n’aurait pas fait grande différence. Donnez des instructions précises et je les appliquerais avec soin. Nous sommes consciencieuses et attentives, il n’y a pas de raison pour que nous ne réussissions pas à faire ce que vous attendez de nous.

- Je voulais simplement savoir si vous étiez accoutumée à notre ville si particulière, ou non mademoiselle. Mais soit, je veux bien faire un essai si vous êtes prête à commencer tout de suite, parce que deux paires de mains supplémentaires ne seront pas de refus. Si vous avez déjà eu une expérience de la gestion, je peux vous confier la caisse et la vente des accessoires ? Votre amie s'occupera plutôt des animaux en eux-mêmes dans ce cas.

- Nous avons eu plus d’une occasion de nous accoutumer aux « charmes » de votre ville, n’ayez crainte. Plus que nous l’aurions voulu, rétorqua-t-elle avec une pointe d’amertume, La caisse m’ira très bien.

C’était même à vrai dire un soulagement. Les animaux, si imprévisibles, auraient été une source d’angoisses sans fin. Au moins l’argent se contentait de rester sagement en place. Il ne remuait pas, il ne mordait pas, il ne criait pas… enfin en théorie. Mais si la question de l’embauche et des postes étaient réglées, il restait à aborder plusieurs point que l’oncle de Blanche semblait avoir totalement éclipsé volontairement ou non.

Les salaires tout d’abord. S’il comptait les exploiter pour 3 cacahuètes très peu pour elle, Dakota avait bien assez connu l’esclavage pour vouloir s’y replonger. Ensuite il n’avait même pas abordé la durée pendant laquelle il comptait les employer. Pourtant n’était-ce pas deux points primordiaux ? Cet homme faisait un bien mauvais patron.

- Mais avant que vous ne nous montriez les tâches à accomplir… pourrions-nous aborder le sujet du salaire ? Ça peut sembler assez abrupt, mais nous cherchons un travail pour trouver de quoi nous payer logis, couvert, mais surtout pour avoir de quoi continuer notre voyage. J’aimerais donc savoir à quoi m’en tenir quant à ce poste, sa rémunération, ses horaires et bien sûr la durée pendant lequel vous aurez besoin de main d’œuvre.

Ça pouvait paraître insolent, mais Dak’ ne s’en souciait aucunement. Forte était sa conviction de légitimité, ainsi elle resta immobile les bras croisés jusqu’à ce qu’elle ait la réponse voulu. Ce n’était pas parce qu’on était le demandeur d’emploi qu’on devait accepter le premier boulot sous-payé qui passait. Elle ajouta néanmoins pour modérer ses propos :

- Vous excuserez ma brusquerie, mais ma brève carrière d’esclave à Sextus a modelé chez moi une vision très particulière du monde du travail. Non pas que je doute de vous, mais je préfère être fixée dès le départ.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeMer 7 Déc - 16:50

Après un échange entre le patron et Dakota, Selene se vit désignée le soin des animaux. Partagée entre l’appréhension et l’excitation, elle laissa son amie traiter – un peu brusquement il fallait l’admettre – des modalités de leur embauche. Il était vrai que la rouquine n’y avait pas pensé, encore trop peu habituée à ce milieu pour avoir ces réflexes, et remercia intérieurement la phobophobe d’y avoir songé pour deux. D’ailleurs, ce qu’elle dit attira silencieusement son attention : trimer comme esclave ? C’est donc ça qu’elle avait fait à Sextus ? C’était toujours mieux que de se faire violer… tout serait forcément mieux. Même mourir… sans doute.

Vendredi détailla la blondinette, plissant légèrement les yeux. Avec lenteur, et la douceur exagérée avec laquelle on apprend à un enfant qu’il vient de se tromper, il rétorqua :

- Gloutoniskaïa est une ville de commerçants, pas d’esclavagistes, nous n’avons pas pour étique d’exploiter les gens. Comme quoi, vous n’êtes pas encore totalement rodée aux « charmes » de notre ville.

Il rattrapa un sourire et poursuivit sur un ton plus détendu :

- Vous serez payées 23 rubz de l’heure, et comme vous manifestez l’envie de repartir, je ne vais pas vous enchainer à votre poste. Je vous garde en contrat à durée indéterminée… chaque soir, vous devrez me renseigner avec certitude sur le jour suivant. Si vous confirmer votre présence, c’est un engagement qui devra être tenu ; et chaque journée doit être effectuée en entier, de 10h à 20h, avec 1h15 de pause par jour à répartir comme vous voulez. Vous aurez droit à un jour de congé par semaine, et le versement de votre salaire sera quotidien.

Selene resta longuement pensive devant cette réponse. N’ayant jamais été engagée nulle part, elle ne pouvait pas savoir si cette offre était honnête ou pas, ni mesurer réellement l’effort qu’elle allait devoir fournir. Dans sa tête, elle calcula simplement que 23 rubz de l’heure, pour une journée effective de 8h45, représentait environ… 200 rubz. C’était la moitié de ce qu’elle possédait. Pour une journée, ce n’était pas rien. C’était enfin l’occasion d’avoir un peu d’argent, ce qui signifiait de pouvoir s’acheter plus de choses, se trouver à manger, un endroit où dormir, voyager…

Sa vie de précarité était terminée et sans qu’elle ne puisse s’en empêcher, un sourire illumina son visage, signe qu’elle était d’accord et plus motivée que jamais. Apprendre à s’occuper des créatures dreamlandiennes ne devrait pas être trop difficile, elle y arriverait ; et puis, en cas de coups durs, ses amis seraient toujours là pour l’aider et l’encourager.

- Ça vous va ? interrogea Vendredi.

Un claquement de doigts et deux contrats de travail apparurent, flottant dans les airs à porté de mains des deux adolescentes. Ils résumaient les conditions précitées et d’autres closes propres au monde de l’emploi local – comme le droit d’avoir recours à la magie pour assumer les tâches confiées, dans la mesure où elles ne gênent le rendement global de l’établissement et n’offre pas une prestation inférieure à ce que ferait l’employé de lui-même. Deux plumes en panache se manifestèrent également, prêtes à l’utilisation. Impressionnée, la rouquine s’en empara et ses yeux noisette s’empressèrent de défiler sur les lignes administratives. N’ayant finalement décelé aucune arnaque, aucun point sombre susceptible de les prendre en otage – du moins, avec son expérience inexistante dans le domaine juridique – Selene signa le contrat de son nom et le laissa s’envoler docilement jusqu’à son patron.

Immédiatement après, son calendrier de l’avent fit un retour en fanfare, usant généreusement de ses clochettes. Il ouvrit cette fois trois nouvelles cases pour offrir à la toquée une boule à neige dont la tempête de flocons artificiels sur un chalet de montagne était animée au rythme de Jingle bells, une hotte en osier et lot de gemmes qui constituait une somme de 30 rubz. Embarrassée, la galloise rangea rapidement sa monnaie et sa boule qui se mura dans le silence une fois enfermée dans son sac à dos, puis attendit patiemment en se tenant nerveusement les mains.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeVen 9 Déc - 20:27

Comme on aurait pu s’y attendre, ses remarques avaient titillé la susceptibilité de leur nouvel employeur qui se mit aussitôt à vouloir prouver par A+B que Gloutoniskaïa était différente de Sextus. Il prit même un malin plaisir à souligner l’ignorance de Dakota qui se contenta de lui renvoyer un regard indifférent. Elle n’avait rien dit qui puisse l’embarrasser après tout, être prudent et suspicieux lorsque notre vie était continuellement en danger était juste une preuve de bon sens. Et s’il le prenait mal, ce n’était pas son problème à elle.

Heureusement le sujet dériva bien vite vers les réponses aux questions qu’elle avait posé en rafale. Elle n’avait pas encore une très bonne notion de la conversion rubz/dollar, mais il lui semblait que le salaire n’était pas bien fourni. Pas de quoi s’insurger malgré tout. Elle classa ça mentalement comme le SMIC Dreamlandien tout en enroulant une de ses mèches blondes autour de son index. Il leur demanda si ces conditions leur convenaient avant de faire apparaître un contrat par magie, dont les lignes minces et scellées recélaient des informations complémentaires.

- Je vous dis ça dans quelques minutes, répondit-elle simplement en se pencha sur le papier qui lui était destiné.

Si ses parents lui avaient appris une chose, c’était de toujours, toujours tout lire avant de signer quoi que ce soit. La fourberie était bien trop rependue pour se permettre d’être confiant et naïf. Elle hocha la tête avec satisfaction en voyant que Selene avait aussi la présence d’esprit de ne pas signer n’importe quoi, et se lança dans sa lecture. Tout avait l’air en ordre même si les lois du monde du travail dans ce monde différaient de celles qu’elle connaissait. Ne restait qu’à régler un petit détail…

- Nous sommes censés en garder une copie. Si vous aviez l’extrême amabilité de nous les fournir…

Une sourire crispé étira les lèvres de vendredi qui se plia à la demande d’un nouveau claquement de doigt mais avec une certaine réticence. Dak’ signa alors sagement les deux copies – après avoir relu la seconde juste au cas ou – et rangea celle qu’elle s’octroyait dans une poche de sa robe. Sa camarade et elles étaient désormais d’honnêtes employées d’une animalerie de Gloutoniskaïa, Dreamland. Qui l’aurait cru ? Pas elle en tout cas. Une fois cette tâche remplie, son calendrier de l’avent lui offrit une nouvelle flopée de cadeau qu’elle mit de côté sans trop sans soucier. Ce n’était pas le moment de s’émerveiller devant des paniers en osier et autres cochonneries.

Il était environ 14h lorsqu’elle commença sa formation de caissière sous la houlette de Vendredi alors que Selene avait été entrainée ailleurs par Blanche. Le boulot dont on lui donnait tous les détails était simple et d’un ennui affligeant, mais elle se força à écouter en silence et à prendre des notes. A vrai dire elle ne doutait pas de ses capacités d’adaptation, mais deux problèmes majeurs se présentaient à elle. Le premier était sa méconnaissance de la monnaie locale qu’il lui faudrait longtemps observer avant d’intégrer quel joyaux correspondait à quelle somme, le seconds était l’obligation de rester aimable et pire, souriante, tout au long de la journée.

Sourire… alors que pour l’avoir fait une petite heure elle sentait déjà ses joues lui envoyer des signaux de douleur. Quelle plaie. Le salaire à la clé était bien la seule chose qui permit à la surdouée de prendre sur elle et de ne rien dire jusqu’au moment où leur patron se retira dans l’arrière-boutique en la laissant aux commandes après l’avoir observé pendant les 10 premières transactions.

Une fois seule la peur d’avoir peur de faire des erreurs de caisse ou de provoquer des plaintes la pris aux tripes, mais une télévision suspendue dans l’un des angles de la pièce l’aidait à se changer les idées. Entre chaque client elle s’abrutissait l’esprit avec des séries locales ou des publicités ridicules, avec de temps en temps des produits qu’elle connaissait. Il lui sembla même que la pub pour coca cola qu’elle regarda d’un œil intrigué était exactement celle du monde réel. C’était parfaitement délirant mais… pourquoi pas après tout ? Il aurait juste suffit que quelqu’un la revoit en rêve non ?
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeVen 9 Déc - 23:26

Une fois tout en règle, Blanche invita Selene à la suivre avec un sourire, en expliquant qu’elle allait brièvement lui montrer ce qu’elle doit savoir. La rouquine se laissa volontiers entrainée dans vers l’arrière de la boutique, ses yeux noisette buvant tout ce qu’elle pouvait apercevoir. Des oiseaux piaillaient dans leurs cage, de toutes les couleurs, de plusieurs tailles aussi, et l’un d’eux attira l’attention de l’adolescente, qui fit halte devant deux espèces d’inséparables aux ailes bleues pailletées d’argent. « Trop beau » mimèrent silencieusement ses lèvres, puis elle rattrapa blanche qui était enfin arrivée au fond, là où étaient entreposés les rongeurs. Hamsters, cochons d’inde, chinchillas, lapins, plus d'autres animaux répertoriés dans les connaissances de la toquée étaient là. D’autres néanmoins, ne ressemblaient à rien qu’elle aurait pu imaginer, et la captivaient tellement que son guide dut lui faire un signe de la main pour qu’elle se concentre.

- Oui ! Désolé…
- Tous ceux qu’on vient de voir, expliqua la nièce du patron, tu devras simplement vérifier qu’ils aient toujours de quoi manger, les séparer si tu vois qu’ils se battent, surveiller que les gens ne leur fassent pas peur, et être là pour renseigner les clients. Pour t’aider, Tu verras en bas qu’il y a ce qu’il faut pour te renseigner et pouvoir répondre aux questions. Pour toutes les tâches plus longues, comme nettoyer la cage, laver un animal… ce sera Vendredi qui te dira quand le faire, quand tu seras mieux rodée. Au sous-sol, il y a encore d’autres espèces, plus « spéciales » que celles-ci. Généralement elles sont plus rares, voire plus dangereuses tu n’auras pas à t’en occuper pour l’instant.

Selene opina de la tête à chaque instruction. Vue comme ça, ça lui paraissait déjà être un boulot monstre ! L’idée que les clients puissent l’interroger sur des choses dont elle risquait de ne pas avoir la possibilité de fournir une réponse lui nouait l’estomac. Heureusement, la prochaine étape fut la descente par un escalier sénestrogyre jusque dans une pièce comme une antichambre. Sur un mur, face à un couloir qui menait à d’autres cages et bocaux, une série de casiers aux noms des différentes espèces de l’animalerie étaient remplis par une unique feuille cartonnée entièrement vierge. Avec un sourire amusée, Blanche en prit une sur les « boursouflets » et la tandis à la galloise en disant :

- Tout ce que tu dois savoir sur cette espèce se trouve ici.

La concernée souleva un sourcil. Elle faisait un effort bien sûr, mais elle ne voyait rien du tout. Peut-être les informations étaient écrites en encre magique que seuls les dreamlandiens étaient capables de lire ?! Alors que l’angoisse allait faire la jeune fille se mordiller les lèvres, la magicienne reprit en riant :

- C’est magique ! Pense à ce que tu veux savoir, répète le 3 fois dans ta tête.
- Ok, ok…

Se concentrant en plissant les yeux, Selene songea « brève présentation des boursouflets ! Brève présentation des boursouflets ! Brève présentation des boursouflets ! » et soudainement, comme si une main invisible traçait harmonieusement des lettres noires sur le papier cartonné, un petit paragraphe avec photo lui apporta toutes les réponses dont elle avait besoin.

- Waw…, s’exclama-t-elle, c’est vraiment génial !
- C’est le quotidien pour nous, répondit Blanche, allez viens on remonte. Je vais devoir partir moi, et toi te mettre au travail ?
- Oui !

La galloise suivit donc la gloutoniskaïenne après avoir reposé la fiche à sa place. Elle était motivée pour sa journée de boulot désormais, sa première de toute son existence.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeMar 13 Déc - 15:01

Le carillon de l’entrée sonna, encore. Dakota leva à peine les yeux vers le groupe qui venait d’entrer dans la boutique, une parfaite petite famille probablement à la recherche d’une bestiole quelconque pour satisfaire le caprice de leur gamine de 7 ans tout au plus. La petite fille aux longs cheveux blonds tombant en boucles serrées dans son dos se pressait d’une cage à l’autre, collant son petit visage extasié contre les vitres qui la séparaient des animaux exposés comme des objets. La surdouée plissa les yeux et reporta son regard sur la télévision où passait une série type typiquement niaise nommée « Magie, amour et maléfice ».

Ça faisait au moins 10 minutes que Mina tentait de comprendre pourquoi Derek ne s’intéressait plus à elle mais à cette… cette gourgandine de Morgane. Pourtant n’importe quel idiot aurait été capable de comprendre que cette dernière avait fait boire au jeune homme un filtre d’amour, mais comme la phobophobe le constatait avec horreur les personnages de fiction étaient aussi demeurés dans les deux mondes. Et faillit lâcher une exclamation chargée de frustration à l’égard de Mina mais la présence du père à un mètre d’elle à peine la sortit de son immersion télévisuelle.

- Vous désirez ? demanda-t-elle à contre cœur.

- Et bien en fait nous cherchons un câlinours. Un câlinours spécifique rose. Je me suis renseigné sur le catalogue de votre boutique et il est spécifié que vous n’êtes pas encore en rupture, j’aimerais donc que vous nous en apportiez un.

**S’il-vous-plait c’est pour les chiens ?**

- Mais bien sûr monsieur, je vais de ce pas demander à ma collègue de vous trouver ce… câlinours.

- Rose.

L’œil de Dakota tiqua mais elle se força à conserver son sourire et à ne pas envoyer paître cet abruti. Bien sûr qu’elle se souvenait qu’il en voulait un rose, que croyait-il ? Qu’elle était atteinte d’un Alzheimer précoce ? Elle ne put s’empêcher de souhaiter que la bestiole qu’ils achèteraient soit enragée et qu’elle les morde tous pour faire bonne mesure. De toute façon c’était presque une certitude qu’ils se lasseraient bien vite de l’animal pour l’abandonner dans une forêt proche attaché à un arbre.

Après avoir donné ordre à sa caisse de ne pas s’ouvrir pendant son absence – la magie était une chose merveilleuse – l’adolescente se dirigea vers l’arrière-boutique où Selene émergeait à peine d’un escalier menant au sous-sol. Le regard glacé de Dakota se planta dans celui plus doux de la toquée avant qu’elle ne prenne la parole sans même laisser le temps de placer une banalité.

- J’ai un client qui veut à tout prix un câlinours rose. S’il est pas rose il va nous péter une durite et j’imagine même pas si on n’a pas de câlinours. D’ailleurs qu’est-ce qu’un câlinours, je me le demande. Un dérivé de bisounours peut-être… bref. Tu pourrais mettre la main dessus s’il-te-plait ?

Elle fit volte-face aussitôt que sa camarade eut acquiescé. Ses pas pressés la dirigeaient vers son poste qu’elle n’aurait pas voulu quitter surtout pour des idiots capricieux, et la firent passer à côté d’un énorme vivarium où une sorte d’énorme lézard d’un blanc éclatant était lové. Autour de lui tombait une neige épaise et la surdouée aurait mit sa main à couper qu’il était responsable de ce phénomène. Mais qui voudrait acheter ce genre de choses à part une station de ski dont le canon à neige aurait rendu l’âme ? Elle secoua la tête et continua son chemin.

Une fois de retour elle constata avec dépit que le père avait décidé de camper à sa caisse jusqu’à ce qu’on lui apporte sa bestiole, sans surveiller un seule instant sa gamine présentement occupée à secouer la cage d’une pauvre perruche. La mère me direz-vous ? Bien trop occupée à rectifier son maquillage dans le reflet d’une vitre.

- Excusez-moi monsieur, mais pourriez-vous faire en sorte que votre fille n’embête pas nos animaux ? Je doute qu’ils apprécient de se faire secouer comme un shaker, malgré tout le respect que je vous dois.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeMar 13 Déc - 18:28

Selene était à peine remontée, délaissée par Blanche, que Dakota fondit sur elle pour lui demander un câlinours. Forcément, son après-midi de travail ne pouvait pas commencer par une demande de hamster, ou de lapin, ou de chat, ou de perroquet. Il fallait que ce soit un animal qu’elle ne connaissait pas et dont elle n’avait pas la moindre idée de l’apparence. Vendredi n’était plus dans les parages, peut-être était-il dans la réserve aux créatures spéciales. Impossible de le savoir, et la rouquine n’allait pas entamer son boulot avec un appel à l’aide. Elle acquiesça en s’en retourna rapidement près des casiers que lui avait présenté son instructrice magicienne. L’un d’eux était bien marqué d’une étiquette « Câlinours », muni d’une fiche vierge que s’empressa de déloger la galloise en se demandant trois fois « qu’est-ce qu’un Câlinours ? ».

L’image qui se dessina avant une brève définition la laissa perplexe. En fait, on aurait effectivement plutôt dit un bisounours, avec un cœur naturellement dessiné sur la fourrure de son ventre, et de minuscules ongles arrondis qui ne devaient pas lui servir à grand-chose. « Un animal assez rare au physique apparenté aux oursons qui se trouve dans la région de Gloutoniskaïa. Il a la particularité de déféquer des arcs-en-ciel et est indéniablement l’espèce vivante la plus affectueuse du pays des rêves. Le plus souvent, ils ont une fourrure brune, grise ou blanche, mais on a déjà répertorié d’autres spécimens de couleurs rose, miel, bleu, ou encore violet. »

Pas le temps de s’extasier sur cette créature saugrenue, l’adolescent courut à l’étage, la fiche dans une main, et chercha parmi toutes les cages et vivariums l’endroit où étaient présentés les Câlinours. Ses yeux noisette sautant frénétiquement d’une plaque à l’autre croisèrent même la prison de verre d’un oiseau aux ailes blanches qui semait une poudreuse fine à chacun de ses battements d’aile. La neige qui chutait dans son habitacle alors qu’il s’amusait à bondir d’un support à l’autre l’hypnotisa un moment, mais le raclement de gorge de son client la rappela à l’ordre.

Selene découvrit enfin un grand box aux parois en plexiglace où dormaient paisiblement six Câlinours : deux roses, trois bruns et un bleu ciel. En vrai, ils avaient l’air vraiment adorables, et la galloise se serait volontiers arrêtée là pour les regarder somnoler si la situation n’avait pas été si urgente. Évidement, pas de poignée, ni de clef, ni même de serrure, comment donc libérer les animaux ? Elle allait se résoudre à descendre chercher son patron quand une ouverture en rond s’aménagea magiquement dans la vitre, laissant juste la place pour faire passer l’une des créatures. La rouquine se pencha à l’intérieur de l’habitacle et, sans trop savoir comment faire, prit l’un des Câlinours rose sous les aisselles en murmurant :

- Coucou toi… n’ai pas peur, je t’emmène juste avec moi.

Soit l’animal n’avait pas entendu, soit il dormait toujours, soit il était totalement pacifiste, mais il se contenta de se lover contre la poitrine de la jeune fille pour toute réponse. Il était doux et diffusait une chaleur agréable, reposante. Le regard perçant du père qui s’impatientait incita Selene à revenir bien vite à hauteur de la caisse tandis que la vite se reconstituait.

- Voilà, présenta-t-elle avec un grand sourire, un Câlinours rose. Il est à 600 rubz, informa la toquée en se fiant à la plaque accrochée sous leur cage de verre. Voulez-vous d’autres informa-
- Mais papa, il est pas rose, il est fushia, coupa la gamine. Je le veux ROSE, pas fushia ! Fais quelque chose Papa !

Désemparée, l’expression de la galloise se figea. Elle regarda le père, s’attendant sans doute à ce qu’il tempère les caprices de sa fille, mais il rétorqua avec un mépris manifeste :

- C’est évident, à moins que vous ne soyez daltonienne, que ce Câlinours n’est pas rose. Si j’en cherche un spécifique rose, ce n’est pas pour accepter d’en prendre un fushia.

Les lèvres de Selene s’étaient défaites de leur sourire devant cette riposte qu’elle n’attendait pas et battirent dans le vide deux fois avant qu’elle ne conteste peut-être trop timidement :

- Je suis désolé… il y en a deux comme celui-ci, mais les autres ne sont absolument pas dans ce ton. Vous… vous pouvez venir voir… sinon, j’appellerai Mr Roland, il a pourra peut-être faire quelque chose…

Ce fut ce moment que choisit le Câlinours que tenait l’adolescente pour bâiller mâchoires grandes ouvertes et se blottir plus encore contre la voyageuse en produisant des petits bruits avec sa langue.

*Il a l’air trop mignon en plus celui-là, pourquoi ils en veulent pas ?!* Songea la toquée.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeMer 14 Déc - 21:41

Ils commençaient sérieusement à lui porter sur les nerfs. Si le père finit par rappeler sa gamine bon gré mal gré, la situation dérapa de nouveau lorsque Selene revint avec un câlinours qu’ils jugèrent fuchsia et non rose. C’était vraiment n’importe quoi surtout quand on savait que le fuchsia était une teinte de rose. Alors que la toquée jouait à la carpette Dakota serra les poings tout en tentant de calmer la colère froide qui montait en elle. Rester aimable et courtoise, rester aimable et courtoise… elle se répétait ces mots infiniment dans l’espoir d’en faire une réalité.

- Pas besoin d’appeler Mr Roland. Je suis sûre que ce monsieur se rendra compte assez vite que les câlinours roses sont dépassés.

Elle contourna sa caisse pour s’approcher de la petite et se pencha vers elle pour lui parler à sa hauteur.

- Tout le monde en a déjà, c’est has been. Alors que les Fuchsia sont non seulement rares mais beaucoup plus jolis. Tu ne veux pas rendre tes amies jalouses ?

La gosse la regarda bouche bée avant de se tourner avidement vers son père pour réclamer à corps et à cris cette bestiole en particulier pour rendre folle de jalousie sa copine Emma. Trop facile… les gosses pourris gâtés étaient vraiment manipulables. Le père par contre avait repéré la magouille, mais devant le caprice de sa fille il ne put que plier non sans un regard courroucé à l’adresse de la surdouée qui lui rendit un sourire faux.

- Et bien voilà c’est parfait ! N’est-ce pas ? Puis-je aussi vous proposer cette… nourriture particulièrement riche pour nourrir votre nouvel ami ? Ca rendra son pelage plus soyeux et plus doux, sans parler de… elle jeta un regard rapide au descriptif du sachet dont elle s’était saisi sur le rayonnage derrière elle, rendre ses arc-en-ciel bien plus beaux ! A peine 100 rubz le paquet, une aubaine madame vous ne pensez pas ?

- Euh… oui, oui je suppose. Je veux ce qu’il y a de mieux pour mon bébé, répondit la mère non sans étonnement.

Elle ne devait pas avoir l’habitude qu’on lui demande son avis, et la réponse de sa femme sembla faire monter d’un cran l’agacement du père qui ne se contint que grâce à l’expression de reconnaissance émerveillée de son rejeton. Le duo s’empressa dès lors de leurs fourrer dans les bras 3 paquets de nourriture pour faire bonne mesure, une cage contenant le charmant animal ainsu qu’une panoplie de jouets et d’accessoires inutiles que Dakota se fit un plaisir de refourguer avec un sourire de vendeuse hypocrite. Voir fulminer cet homme imbuvable était une bien délicieuse récompense.

Bientôt la caisse tinta alors que son tiroir-caisse s’ouvrait pour accueillir les 1400 rubz qu’elle venait de leur extorquer. Elle compta soigneusement les joyaux avant de les déposer à l’abri et de lancer à l’égard de la petite famille qui quittait le lieu avec une satisfaction plus que variable :

- Au revoir et bonne journée !

Dakota perdit aussitôt son sourire alors qu’elle se tournait vers Selene.

- Quelle bande de cons…

Elle réintégra sa chaise, son regard se reportant sur la télé qui diffusait maintenant un téléfilm d’action. Ces idiots lui avaient fait rater la fin. Quelle plaie ! Elle se renfrogna un peu plus tout en rangeant de manière maniaque tout ce qui trainait sur le comptoir où était posée sa caisse et ne s’arrêta que quand tout fut parfait. Bientôt un nouveau client arriva pour acheter une paire de perruche mais Dakota laissa le soin à la toquée de le renseigner. Les précédents clients l’avaient vraiment épuisé mais ça avait valu le coup.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeJeu 15 Déc - 14:36

Selene, coupée dans son élan, observa sans un mot la dextérité de Dakota à retourner la situation. Voilà désormais que la petite peste qui refusait ce câlinours « fushia » ne jurait plus que par lui, et ses parents n’eurent d’autres choix que d’assouvir ses caprices en déboursant près de 1500 rubz. La toquée avait conscience qu’il s’agissait d’un somme énorme, et même si elle ne portait pas ces clients dans son cœur, son honnêteté naturelle lui faisait ressentir ce petit étau assez particulier au creux de ces entrailles, signe qu’elle s’en voulait un peu d’arnaquer des inconnus. Commerce devait-il forcément rimer avec entourloupe ? Ce ne devait pas être un corps de métier pour elle…

Lorsque la phobophobe se tourna vers elle, une mimique gênée tordit les lèvres de la rouquine, qui murmura pourtant « oui… », parfaitement d’accord avec sa benjamine. Désormais désœuvrée, Selene retourna auprès des divers cages et vivariums pour essayer de se familiariser alors les espèces présentées. Se souvenir ne serait-ce que des noms, de l’endroit où se trouvaient certains animaux, ça l’aiderait au moins à ne pas avoir l’air plus perdue que les clients lorsqu’on lui demanderait quelque chose. D’ailleurs, un homme d’une trentaine d’année venait de se présenter pour un duo de perruches. Devant l’absence de réaction de la blondinette – de toute façon, ça n’était pas vraiment son rôle – la galloise s’avança en demandant :

- Bonjour, vous pouvez venir voir pour choisir vos perruches, elles sont là.

L’adolescente fit quelques pas en arrière pour désigner une cage où voletaient joyeusement les oiseaux concernés. Le temps que le client ne vienne se pencher sur l’habitacle pour choisir ceux qu’il voudrait, la toquée s’excusa afin de descendre se renseigner sur ces animaux qui existaient pourtant dans le monde réel. Elle apprit donc que pour attraper des perruches, il fallait non seulement porter des gants, mais aussi qu’il était préférable de les mettre dans la pénombre, pour qu’elles soient plus calmes. En ce qui concernait les gants, pas de soucis, il y en avait une paire entreposée dans ce sous-sol avec toute sorte d’autres objets et outils, mais pour la luminosité…

Selene remonta avec une petite cage de transport, pensive, et retrouva l’homme qui l’attendait patiemment, mains dans les poches de sa robe de mage.

- Vous avez choisi ?
- Je préfère ces deux là, répondit le client en désignant deux oiseaux, l’un au plumage jaune canari et l’autre blanc comme neige aux ailes nuancés de bleu.
- Ok. Vous avez déjà eu des perruches avant ? Vous savez comment vous en occuper ? interrogea l’adolescente qui n’aurait elle-même pas sur se répondre.
- Oui merci, je vais simplement reprendre de la nourriture. Pour le reste, j’ai ce qu’il faut.
- Bien, bien…

Là, ça devenait délicat. Les oiseaux étaient beaucoup trop agités pour se laisser attraper directement, et la galloise ne voyait pas comment faire se baisser la lumière ; elle n’allait tout de même pas plonger toute la boutique dans le noir juste pour ça. Pour meubler son hésitation, elle prit tout son temps pour enfiler ses gants, ses mains tremblant légèrement de nervosité, puis elle essaya quelque chose, au risque de paraitre stupide :

- Il n’y aura pas moyen de faire baisser la lumière juste dans la cage ?

Aussitôt dit, et comme si l’habitacle des perruches était muni d’un éclairage indépendant, une nappe d’ombre s’y étendit jusqu’à ce que les couleurs des plumages soient tout juste discernables. Les animaux se calmèrent spontanément, sagement posés sur leur support, frémissant de temps à autre. Essayant de cacher sa surprise, Selene ouvrit la cage pour attraper délicatement les deux heureuses élues avant de les glisser dans une autre maisonnette destinée à leur transport. Elle tendit alors le colis avec attention au gloutoniskaien en disant :

- Voilà, vous pouvez aller voir Dak… ma collègue pour la nourriture et le règlement.

Tandis que le mage s’éloignait, la rouquine expira longuement avant de refermer la cage. Ça allait venir, mais ce n’était pas encore ça… devant cette petite baisse de motivation passagère, elle ressentit le besoin de faire apparaitre l’un de ses amis, mais c’était impensable pour le moment. Elle en mourrait d’envie pourtant, et trépignait légèrement sur place en se demandant où et comment elle allait créer son épouvantail…

Pas le temps de trouver une réponse cependant car pendant que la phobophobe finissait sa part du travail, un couple qui portait d’étranges combinaisons moulantes pénétra dans la boutique. Les lunettes de soleil de la femme se rétractèrent instantanément, dans un cliquetis complexe de pièces électroniques et métalliques pour n’être plus que des disques de la taille d’une pièce de monnaie juste au dessus de ses oreilles.

- Bonjour, on va juste regarder pour l’instant, ajouta-t-elle en voyant Selene s’approcher, merci.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeVen 16 Déc - 22:25

- Oh Ulfric ! Que deviendrais-je si le gardien te tue ?
- C’est un risque à prendre mon cœur, si nous tenons à sauver la ville de son joug oppresseur…
- Ulfric… je ne supporterais pas de te perdre !
- Deena, tu sais bien que je ne pourrais sacrifier mon peuple pour mon propre bonheur.


Dakota bailla avant d’ordonner au téléviseur de passer sur la chaine suivante. Certains programmes étaient vraiment atterrants mais sa petite cure télévisuelle avait au moins le mérite de la plonger un peu plus dans le monde dreamlandien. Rien de tel pour mieux comprendre les réactions des habitants, leur manière de vivre et, hélas, leurs goûts de chiotte. Elle lorgna un instant sur une chaine qui diffusait des dessins animés avant de reporter son regard sur le couple de techyoïtes qui erraient toujours comme des âmes en peine dans la boutique. Elle avait eu le temps d’encaisser 5 clients depuis qu’ils étaient rentrés et ils n’avaient toujours porté leur choix sur rien.

C’était typiquement le genre de comportement qui l’agaçait. La surdouée les regarda passer devant son comptoir pour la 5ème fois au moins et finit par lâcher sèchement :

- Je peux vous aider ? Vous avez l’air de vouloir vous débrouiller seuls mais vous avez l’air perdus. Que cherchez-vous exactement ?

Elle les jaugea rapidement de son regard perçant avant de tenter :

- Vous êtes des touristes, je suppose que si vous tenez à acheter un animal ici c’est parce que vous ne trouvez pas ce que vous voulez chez vous. Un animal de la région je suppose.

- Nous n’avons pas besoin d’a…

- Selene ? les coupa-t-elle, Tu peux leur montrer les animaux les plus représentatifs de la région qui résistent au climat froid de Freedoom ? Ce serait bête de ramener un animal qui souffrirait une fois de retour chez eux.

Ce cas-là réglé elle put reporter son attention sur le petit garçon qui la fixait avec son bocal de boursouflets, un bonnet rouge à pompon visé sur le crâne. Elle encaissa 300 rubz pour trois de ces bestioles ainsi qu’un pot plein d’herbe à boursouflets et glissa dans la main de l’enfant un bonbon que le patron laissait trainer près de la caisse pour ce genre de client. S’ensuivit une mémé qui voulait de quoi faciliter la digestion de son loup des glaces qui supportait mal ses croquettes habituelles, un jeune couple qui voulaient acquérir des inséparables pour représenter leur couple et toute une ribambelle de clients en tous genre.

L’argent remplissait peu à peu la caisse, et les informations l’esprit assoiffé de savoir de Dakota. Elle apprit par exemple grâce à une émission culinaire qu’une tribu de la forêt noire fabriquait une soupe aux effets curatifs à partir d’un mélange d’insectes qu’on ne trouvait que dans la région. Elle se nota mentalement de passer leur demander la recette un jour, juste au cas où.

L’horloge à droite de la télévision, un vieux coucou suisse, indiquait déjà 18h30. Elle fixa l’heure avec un mélange de soulagement et de lassitude avant de soupirer.

**Aller, encore 1h30 à tirer…**

La sonnette du magasin retentit une nouvelle fois pour la ramener sur terre et lorsqu’elle se tourna vers la porte ce fut pour voir le maire de Gloutoniskaia en personne. Ils se regardèrent un instant aussi stupéfaits l’un que l’autre mais ce fut le gloutoniskaïen qui se reprit le premier avec un sourire énigmatique.

- Je vois que vous vous intégrez plutôt vite à notre belle ville. Mais revenons au sujet qui m’amène ici : avez-vous reçu ma commande ? J’avais payé d’avance pour 8 bêtes d’ombres, rien de tel pour jouer les chiens de garde pendant la nuit.


Dernière édition par Dakota Earnshow le Ven 16 Déc - 22:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeVen 16 Déc - 22:54

Selene regardait le couple visiter le magasin du coin de l’œil. Visiblement, ils n’avaient pas l’air de savoir exactement ce qu’ils voulaient, voire pas du tout. Elle n’osait pas aller leur proposer son aide, et se contentait de se tenir à leur disposition. L’envie de griffonner un épouvantail quelque part revint l’ébranler, mais ça n’était toujours pas possible. Néanmoins, son calendrier de l’avent se manifesta une nouvelle fois pour lui larguer une flopée d’objets à la figure, sauf pour une case qui demeura close. Surprise, l’adolescente voulut tendre une main pour le faire manuellement, mais l’apparition se dissipa immédiatement. Elle n’eut donc d’autres choix que de ranger ses nouvelles acquisitions dans son sac – qui lui était dans sa hotte – placé à un endroit où ça ne gênait personne.

Pur réflexe, la galloise inspecta son bandage pour surveiller l’état de la blessure légère. Ça n’était pas grand-chose, mais peut-être devrait-elle trouver quelque chose en ville pour faire disparaitre toutes les coupures – volontaires ou non – qui parsemaient ses jambes. Elle travaillait en short, et ce n’était pas très esthétique pour se présenter à la clientèle. D’ailleurs, cette dernière ne désemplissait pas, et plusieurs personnes se succédèrent, ayant parfois besoin de son intervention pour apporter un animal, parfois non. Finalement, ce fut Dakota elle-même qui la sollicita, en lui demandant de s’occuper du couple techyoïte qui n’arrivait pas à se décider.

Un animal propre à Gloutoniskaïa qui résisterait au froid ? Bien qu’elle ait eu l’occasion de voir plusieurs plaques et de lire plusieurs fiches depuis qu’elle avait commencé le job, Selene aurait été incapable de trouver quelle espèce correspondait le mieux à ces critères, simplement de mémoire. A contrecœur visiblement, l’homme aux cheveux bruns coupés courts ajouta une précision :

- Un animal assez autonome si possible, dont on ne soit pas obligé de s’occuper régulièrement. On est assez occupé par nos emplois respectifs, on n’a pas le temps de se tenir à un entretien quotidien et exigeant.
- D’accord, acquiesça simplement la toquée, attendez-moi une minute.

Encore une fois, elle allait avoir recours à ses fiches. Elle commençait à comprendre le principe de la magie de la ville, et était prête à essayer quelque chose. Une fois face à l’ensemble des casiers, elle énuméra distinctement :

- Je voudrais un animal typique de Gloutoniskaïa, qui résiste bien au froid et qui soit assez autonome pour se passer d’un entretien quotidien.

Aussitôt dit, aussitôt cinq fiches s’élevèrent avec lenteur de leurs emplacements pour venir se déposer sagement entre ses mains. Sur chacune, une photo, un nom et un bref descriptif d’un spécimen. Rien de tel pour faire sourire l’adolescente, qui remonta à l’étage proposer ses trouvailles aux deux techyoïtes qui semblaient l’étudier d’un œil étrange. Néanmoins, ils réussirent enfin à dégoter la perle rare et quittèrent le magasin avec non pas un, mais deux petits « dragons-flocons », ces reptiles blancs et tranquilles dotés d’une étrange aptitude à créer des microclimats neigeux.

L’après-midi poursuivit alors son cours, enchainant les clients plus simples à contenter. L’envie d’épouvantail de la rouquine était insatiable, mais elle s’interdisait d’arrêter, même si désormais, elle trépignait sur place en dansait d’un pied à l’autre, se rongeait les ongles et se grattait nerveusement les bras. La cloche de l’entrée sonna et en jetant un œil, Selene eut la surprise de découvrir le maire en personne. Pendant le blanc qui s’en suivit, son cœur comme mit en pause, ses yeux noisette explorèrent l’extérieur au moment où un individu coiffé d’un bonnet rouge à pompom longeait la boutique.

Les bêtes d’ombre, elle ne savait pas vraiment ce que c’était, mais avez bien vu que ces animaux n’étaient pas à l’étage public. Il devait s’agir d’une espèce particulière, qui dépendait du ressort du patron…

- J-je pense que pour ces animaux, il-il faut voir avec Mr Roland, dit-elle encore perturbée par son TOC inassouvi, je vais le chercher.

Après un signe de tête, la galloise descendit donc chercher Vendredi afin qu’il puisse répondre aux attentes d’Ernest Mac-Arthur.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeDim 18 Déc - 20:03

Un « mais de quoi tu te mêles » s’arrêta au bord de ses lèvres lorsque Selene prit les devants en décidant d’aller chercher Vendredi. Ce n’était pas son boulot de gérer ce genre de choses, surtout qu’il n’était même pas encore sûr que la commande soit arrivée. Dakota leva les yeux au ciel avant d’attraper avec une brusquerie causée par son profond agacement le livre de commandes posé sur le comptoir. Le patron lui avait brièvement expliqué qu’elle devait noter à l’intérieur la teneur des commandes, les noms et coordonnées des client et s’il avait payé d’avance. Ensuite les commandes étaient mises à jour dans le cahier au fil des réceptions d’animaux et de leur récupération.

Son doigt glissait le long des lignes à l’écriture serrée et s’arrêta à la hauteur de la commande faite au nom d’Ernest Mc Arthur. Les animaux n’avaient pas encore été livrés et une note dans la marge indiquait qu’il y avait eu un retard à cause d’une tempête en mer lors de la traversée du convoi marchand. La surdouée leva ses yeux glacés vers le maire et lui annonça de but en blanc.

- Non nous ne les avons pas reçu, et suite à un problème indépendant de notre volonté ils ne seront probablement pas là avant 3 jours. Nous vous prions de bien vouloir nous excuser.

A peine finissait-elle de parler que leur employeur débouchait déjà du sous-sol en compagnie de la toquée mais Dak’ leur fit signe que l’affaire était réglée. Avoir été dérangé pour rien agaça le marchand qui redescendit en ronchonnant et la gamine enfonça encore un peu plus le clou en lançant à l’adresse de sa camarade :

- C’est moi qui gère les commandes, alors ne prend pas les devants si tu ne connais pas la teneur du travail, elle marqua une pause avant d’ajouter avec un sourire forcé dans le cadre de son plan « bonne ambiance », S’il-te-plait.

Le maire qui n’avait pas bougé d’un iota attira de nouveau son attention en lâchant un rire qu’elle catalogua comme moqueur. Son visage se ferma aussitôt alors qu’elle le tournait vers ce haut fonctionnaire dépourvu de manière mais il ne lui laissa pas le loisir de partir dans une série de remarques acerbe.

- Vous êtes faites pour le commerce mademoiselle Earnshow, à n’en pas douter. Mais pour en revenir à un sujet plus sérieux… on m’a informé il y a peu d’un incident qui a eu lieu à la bibliothèque ce matin. Cela vous dit quelque chose.

- Bien sûr, quelle question, rétorqua-t-elle, Le marchand de sable avait laissé un mouchard dans un livre le concernant et en tentant de se renseigner sur lui on a attiré son attention. On a bien failli y passer et on a perdu nos amis de vue. Si vous voulez mon avis c’est dû à une gestion bien négligente de la bibliothèque municipale.

Et paf, dans les dents. Malgré tout Mc Arthur resta d’un calme olympien, se contentant de sourire d’un air énigmatique. Un « intéressant » franchit l’enclos de ses lèvres après quoi il leur souhaita une bonne journée et quitta la boutique. Cet homme lui tapait vraiment sur le système…

Elle passa les minutes qui suivirent à passer sa colère naissante sur les émissions qu’elle insultait copieusement et sur les clients qui avaient le malheur de poser des questions non pertinentes puis… vint l’heure fatidique de la fermeture. C’est avec application qu’elle compta sa caisse et constata qu’elle n’avait commis aucune erreur dans le rendu monnaie. La gamine rangea le caisson avec un air satisfait et s’assit sagement en attendant que leur patron vienne leur donner la paye du jour.

Dehors le soleil commençait à embraser l’horizon mais le marché battait toujours son plein. Peut-être Selene et elle auraient-elle le temps de faire quelques achats avant de partir à la recherche d’une chambre pour la nuit ?
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Selene Nymphadora

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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeDim 18 Déc - 21:30

Visiblement, elle avait fait trop de zèle en descendant chercher son patron. Non seulement ce dernier retourna à son bureau en bougonnant, mais en plus, Dakota remua le couteau dans la plaie en lui demandant de ne plus intervenir dans son travail. Selene aurait voulu protester qu’elle ne pouvait pas savoir qu’elle était en mesure de répondre seule à la demande du maire, mais resta finalement muette. A quoi bon ? Elle avait tort de toute façon. Tandis que Mc Arthur discutait avec la phobophobe, la rouquine s’en retourna aux animaux dont elle était censée s’occuper. D’ailleurs, une espèce de rongeur dreamlandien lui faisait savoir par une série de crachotements bien spécifique qu’ils avaient faim. L’adolescente descendit leur chercher à manger et le temps qu’elle remonte remplir les petites gamelles, le fonctionnaire était déjà partie, laissant la blondinette à ses commentaires des séries télé.

Dos à elle, la toquée se permit de sourire gentiment. C’était amusant de voir son amie critiquer ce qu’elle regardait, non pas pour se moquer d’elle, mais parce que c’était la preuve que sous sa carapace de froideur inexpressive, elle restait « humaine »… et ne résistait donc pas à l’appel absurde des absurdités télévisuelles.

La soirée se poursuivit, les clients se présentaient pour des accessoires, des animaux, ou venaient même simplement demander conseil à la rouquine, qui devait souvent s’aider de ses fiches pour ne pas dire de bêtises. Néanmoins, elle retint assez vite plusieurs choses, et se rendit compte qu’en plus de lui plaire, ce boulot lui permettait d’acquérir une connaissance basique de la faune dreamlandienne. Ce n’était pas grand-chose, mais toujours assez pour reconnaitre certaines espèces communes qu’elle était susceptible de rencontrer.

Après une dernière petite fille qui vint chercher des croquettes pour son chien, Selene s’enquit de vérifier que tous les animaux avaient de quoi manger et boire pour la nuit, car l’heure de la fermeture approchait. Un peu après 20h, Vendredi monta en se grattant l’arrière du crâne. Il inspecta rapidement que tout était en ordre du coté des cages et vivariums, puis s’approcha de la caisse avec un sourire.

- Ça va, vous vous débrouillez pas mal. Mais ce serait encore mieux si vous ne me dérangiez pas pour rien.

Son regard glissa vers la galloise qui baissa honteusement la tête, ses joues rosissantes. Leur employeur leur tendit deux bourses remplies de gemmes, commentant :

- Comme prévu par le contrat, 23 rubz de l’heure. Vous avez travaillé 6h aujourd’hui, ça vous fait 138 rubz. Je pense que je vous revois demain ?

Selene s’empressa de hocher la tête en redressant ses yeux noisette et se tourna vers Dakota pour s’assurer qu’elle suivait le mouvement. Une fois leur présence confirmée, Vendredi leur souhaita une bonne soirée avant de s’occuper, en quelques gestes magiques, d’éteindre la télé et de baisser les stores. La rouquine récupéra sa hotte et la hissa sur son dos pour sortir dans la rue.

Sous le soleil rougeoyant du crépuscule, le marché battait encore son plein, enveloppé de déclamations, de tintements divers, de musique et de bavardages. Le calendrier de l’avent choisit cet instant pour se manifester à nouveau et offrir à la toquée une veilleuse Rudolph indépendante et un lot de sous-vêtements rouge et blanc décorés d’illustrations de feuilles de houx qu’elle s’empressa de ranger. Toute cette agitation lui donnait envie de se balader parmi les étalages, mais rappela également à son estomac qu’il y avait longtemps qu’elle n’avait rien avalé.

- J’ai faim…, avoua-t-elle. J’aurais bien mangé un truc puis… fais un tour sur le marché. Ça ferme assez tard il me semble d’après ce qu’on a vu hier… tu en dis quoi ?
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeMer 21 Déc - 15:36

Dakota hocha la tête pensive lorsque Selene exprima les projets qui lui avaient traversé la caboche à un détail près. Elle ne voyait pas trop pourquoi gaspiller de l’argent en achetant à manger alors que ce qu’elle avait piqué à la mairie pouvait lui faire deux bons jours voir plus étant donné son appétit limité. Elle finit par hausser les épaules et répondre de son habituelle voix inexpressive :

- Je ne t’empêcherais pas de manger un truc sur le marché, mais je me contenterais de ce que j’ai dans mon sac. Ensuite je comptais justement faire des courses donc je n’ai rien contre la suite du programme.

Elle s’étira en réprimant un bâillement puis fila récupérer ses affaires dans l’arrière-boutique. Tout en marchant elle pouvait profiter des tintements joyeux des rubz gagnés à la sueur de son front qui brinquebalaient dans la poche de sa robe sextusienne, et la simple pensée de la sécurité matérielle immédiate dans laquelle elle se trouvait la remplissait de joie. Non pas parce qu’elle était vénale, mais parce que cela chassait la peur d’avoir peur de manquer de quelque chose ou de se retrouver à la rue. Bientôt son sac bricolé réintégra son épaule et elle sortit du magasin pour respirer l’air du crépuscule qui embaumait d’une légère odeur de fleurs qui la poussa à inspirer une nouvelle fois, plus profondément.

Cette ville avait beau être magique, et située dans un autre monde, passer une journée « normal » était rassérénant. Même si ce n’était que pour être simple caissière et être payée une poignée de cacahuètes, elle avait pu passer un après-midi relativement paisible et mieux encore, se changer les idées devant des programmes abrutissants. La télé… cette invention était vraiment un cadeau. De quoi se vider l’esprit et se le remplir à la fois. Elle ne comptait plus les infos qu’elle avait glané par hasard en regardant des émissions, des films ou même des dessins animés. Et dire que les gens pensaient que la télévision rendait les jeunes générations passives et stupides…

La toquée finit par la rejoindre à l’extérieur et elles prirent la direction du marché. Malgré l’heure tardive tous les stands étaient encore ouverts et les allées fourmillaient de monde, les bras chargés de paquets. Son calendrier choisit cet instant pour tintinnabuler en lui jetant de nouveaux cadeaux au visage avant de disparaître, évènement qui tira un profond soupir à Dakota. On aurait dit que le père noël s’était mis en tête de leur envoyer tout son surplus de cadeaux dont personne n’avait voulu, à croire qu’ils n’étaient rien d’autre que des bennes à ordures. C’est donc en ronchonnant qu’elle glissa toutes ses nouvelles possessions dans sa hotte en osier sans même leur prêter un regard.

- Y’a pas écrit « poubelle » sur mon front pourtant, grommela-t-elle pour elle-même alors qu’elle se redressait enfin.

Au moins voir que Selene subissait le même traitement avait un effet consolatoire. C’est sur cette pensée plus ou moins réconfortante qu’elle s’approcha d’un étal sur lequel étaient disposées toutes une foule de babioles aux effets divers et variées. Le prix indiqué sur les étiquettes avait souvent de quoi refroidir, néanmoins certains objets étaient tentant…

- Je sais même pas combien j’ai en fait, finit-elle par lâcher en reculant de deux pas.

La phobophobe fila jusque sur un banc abrité par un sapin majestueux et se mit à fouiller ses affaires à la recherche de ses économies. Elle compta soigneusement gemme par gemme et le résultat était plutôt satisfaisant. Aux 2245 rubz qu’elle possédait déjà s’ajoutait les 138 rubz qu’elle venait d’acquérir ce qui lui donnait un total de 2383 rubz. Largement de quoi dormir et mettre la main sur des objets enchantés pouvant leur sauver la mise le moment venu.

L’étrange petit sablier qui pouvait avancer ou reculer le temps par exemple, l’objet parfait pour la rassurer et lui donner la force de tenter des choses potentiellement risquées. Elle trouvait néanmoins cher payé 1200 rubz pour quelque chose ne servant que trois fois… à contrario les dés influant sur le destin qu’elle avait vu exposés étaient risqués mais à usage illimité. Elle se mordit la lèvre sous l’effet de l’indécision et finit par lancer à Selene :

- Tu as vu quelque chose qui t’intéresse ? J’ai bien vu une ou deux choses mais… je ne sais pas si ça vaut vraiment le coup.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeJeu 22 Déc - 14:10

Selene s’attendait un peu à ce que Dakota refuse de manger quelque chose sur le marché. Elle se souvenait bien qu’elle avait emporté des trucs du petit déjeuner du matin, mais – sans pour autant vouloir faire la snob – après une journée aussi éprouvante et riche en évènements, la rouquine préférait se trouver un vrai repas chaud plutôt que de grignoter les restes d’un petit déjeuner. Malgré tout, un sourire étira ses lèvres alors qu’elle s’éloignait de son lieu de travail avec son amie ; elles allaient se balader ensemble, c’était l’essentiel, et l’adolescente espérait que ce soit aussi l’occasion de laisser filer les tensions accumulées depuis leur retour à Dreamland.

Le calendrier de l’avent réapparut, lui lançant à la figure une autre série de cadeaux que la galloise inspecta rapidement. Parmi eux, une robe de soirée, assez basique certes, mais tout de même bien jolie. Visiblement, elle était noire, à dos et bras nus, et se terminait par une jupe souple faite pour tourbillonner à chacun de ses mouvements. Le bon pour une coupe de cheveux fit Selene réfléchir un petit moment : elle aurait bien besoin d’un petit rafraichissement après tout ce qu’elle avait enduré dans le monde des rêves… peut-être même devrait-elle se les couper très court ? Une question à travailler, bien qu’elle les avait longs depuis si longtemps que la décision serait difficile à prendre.

La rouquine avait à peine ranger ses nouvelles acquisitions qu’un hibou lui apportait un porte-clefs à son effigie de mauvaise fée. Sans réellement comprendre la nature de ce présent, elle le glissa dans la poche de son short et suivit la blondinette jusqu’aux premiers stands, slalomant entre les autres clients chargés d’achats. La lueur du crépuscule et les fragrances florales qui embaumaient les lieux rendaient le tout encore plus magique, et l’émerveillement de la galloise était tel que son jugement de Dreamland venait de changer du tout au tout, chassant même de son esprit l’incident du Marchand de Sable il y a juste quelques heures.

Tandis que la phobophobe s’écartait pour compter sa monnaie, les yeux noisette de la toquée continuaient de danser d’un objet mystique à l’autre. En vérité, peu l’intéressaient réellement, si ce n’était ce « pinceau de l’incroyable » qui nourrissait son imaginaire de dessinatrice occasionnelle, mais était fichtrement cher compte tenu de ce qu’elle possédait. Sa part de raison lui soufflait d’économiser encore un peu avant de se l’offrir, mais celle de la curiosité défendait qu’elle n'en retrouverait peut-être jamais. Indécise, Dakota coupa sa réflexion en lui demandant si elle avait vu quelque chose qui l’intéressait. Avec une moue hésitante, Selene répondit :

- Pas vraiment… enfin, j’aimerais bien avoir ça, elle désigna le fruit de ses convoitises, mais je me demande si le mieux n’est pas que j’économise un peu avant, j’ai peur de faire une folie.

De plus, elle aspirait actuellement à d’autres choses. Son envie d’épouvantail n’était pas tut, simplement atténuée du fait que la fin de son après-midi de travail avait sonné la fin de son angoisse perpétuelle. Néanmoins, être en possession d’ustensiles lui permettant de faire apparaitre ses amis quand elle le voulait, ce serait très pratique, et tout de même plus facile – et plus agréable – que de se les graver dans la chair.

- En fait, reprit-elle, j’aimerais bien avoir des trucs comme… un petit bloc à dessin, et un crayon… ce serait mieux pour les épouvantails, tu sais ?

A cet instant, elle s’adressait à sa comparse comme si sa pathologie était tout à fait normale, et donc que son raisonnement découlait d’une évidence qui se passait de démonstration. Jeter des coups d’œil aux stands voisins, se penchant de temps à autre pour voir au-delà d’une personne chargée qui stagnait devant un étalage, Selene finit par apercevoir un petit blondinet qui surveillait – avec celle qui devait être sa grande sœur – tout un bric-à-brac de banalités non magique. La toquée s’approcha en les saluant amicalement, puis se pencha sur les bacs totalement dépourvu d’organisation.

Elle finit par déceler un petit carnet de feuilles à petits carreaux, un crayon et un taille-crayon. Satisfaite, elle allait tendre ses articles aux deux jeunes gérants de stand avant de voir un peigne et une brosse à dent. Ça non plus ça ne serait pas du luxe, surtout si elle travaillait : se présenter à Vendredi chaque matin aussi mal coiffée et sans hygiène dentaire n’allait sans doute pas jouer en sa faveur. L’adolescente régla donc tous ses petits achats, tira 20 rubz de son porte-monnaie, puis s’en fût pour retrouver Dakota.

- Voilà, voilà… j’ai pris aussi de quoi me coiffer et me brosser les dents, précisa-t-elle. Ça manque quand même… tu as pu choisir ce que tu voulais, toi ?


=== HRP ===

Détail des achats (en rubz) :
Peigne : 5
Carnet : 5
Crayon : 2
Taille-crayon en métal : 3
Brosse à dents : 5
Total : 20.

NB : j'avais oublié de te demander pour le taille crayon, alors j'ai estimé à 3... si jamais ce n'est pas bon, dis moi, et j'éditerai le prix.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeLun 26 Déc - 9:23

Un pinceau ? Dakota s’approcha de l’étalage et se pencha en avant pour lire l’étiquette attachée à l’objet qui servait à en croire l’écriture en pattes de mouche à créer un objet réel à partir d’un dessin. C’était en effet quelque chose d’appréciable dans les situations difficiles… à condition de savoir dessiner. Quand la surdouée pensa aux épouvantails tordus de sa camarade elle pencha la tête de côté l’air peu convaincue. Vu son absence totale de talent artistique il valait mieux qu’elle s’abstienne, mais le dire risquait de ne pas être très urbain.

- Hum…tu devrais y réfléchir en effet.

Bon, ce n’était toujours pas le top en matière de tact et de communication mais c’était mieux que rien.

- Je vois ce que tu veux dire, ajouta-t-elle en réponse à la question qui n’avait pas tardé à venir.

Même si elle connaissait à connaître Selene, elle ne pouvait pas vraiment « savoir » ce que la rouquine voulait dire par là. L’imaginer, le concevoir vaguement… oui, mais pas entrevoir l’ensemble du trouble mental qui poussait ce bout de fille à peine plus vieux qu’elle à graver des épouvantails horribles y compris dans sa chair si aucune autre surface ne se présentait à elle. D’ailleurs qu’était-ce censé être comme maladie ? Une obsession ? Non… un T.O.C. plutôt. A côté de ce genre de comportement Dak’ se trouvait plutôt saine en réalité.

Elle laissa son « amie » s’éloigner pour faire quelques achats et s’intéressa de nouveau à l’étal qui lui faisait face. Quelques minutes de réflexion supplémentaires finirent par écarter les dés du destin et le sablier du temps. Plus tard peut-être… par contre cette ridicule couronne argentée et or qui rappelait les couronnes de princesse en plastique des petites filles se présentait de plus en plus comme un investissement intéressant. Elle n’était pas du genre à apprécier les combats mais cet objet s’avérait être aussi une défense appréciable surtout compte tenu de sa longue chevelure qui lui arrivait au pli du coude. Qui dirait non à une sécurité supplémentaire ? Pas elle en tout cas, ce genre de comportement était bon pour les autres.

- Je voudrais cette couronne de méduse.

Dakota pointa l’objet du doigt et le marchand se hâta de le troquer contre la modique somme de 2000 rubz. Voir toutes ces heures de travail s’envoler en un instant lui retourna l’estomac mais la gamine sera les dents en se saisissant de l’accessoire qui venait de la ruiner. Selene arriva juste à après que le commerçant se soit tourné vers un autre client, et s’inquiéta de la bonne avancée de ses achats.

Comme pour lui répondre, la phobophobe enfila la couronne ridicule qui contrastait avec son air grave. Aussitôt ses cheveux se mirent à onduler, remuer, se séparant par mèches épaisses qui prenaient l’apparence de serpents venimeux. Ils s’allongeaient comme des élastiques, masse grouillante et écailleuse qui encadrait le visage de l’enfant pour lui donner l’air d’une jeune Méduse de mythologie grecque. Dakota caressa l’une des bêtes et frissonna à ce contact froid. Fascinant…

- J’ai pris ça, mais ça a coûté très cher. Il ne me reste plus que 383 rubz.

Elle poussa un soupir avant de rejoindre un banc pour y mâchouiller l’une des biscottes qu’elle avait emporté de chez le maire. Enlever l’objet maintenant ? Et pourquoi donc, elle ne l’avait pas acheté pour le garder dans sa poche en tant que décoration ou souvenir quelconque. C’était le genre de chose qui n’était utile que si l’on l’avait à disposition sur l’instant alors elle le garderait quitte à paraitre effrayante et ridicule.

En parlant de frayeur… les enfants qui auparavant couraient en tous sens sans se soucier des passants faisaient désormais un large détour pour l’éviter lorsque les reptiles sifflaient, menaçants, à leur approche. Cette constatation tira un sourire étrange à la blondinette qui tendit à Selene une autre biscotte qui avait eu la chance de ne pas finir en miette pendant la fuite de la bibliothèque le matin même.

- Tu en veux une ?
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeLun 26 Déc - 15:20

La horde de serpents qui prit la place des cheveux de la blondinette lui glaça le sang. Il n’y avait plus que les yeux bleus glacier de la phobophobe qui étaient pointés sur elle désormais, mais un nombre incalculable de pupilles reptiliennes qui la paralysaient sur place. Selene déglutit difficilement devant le nouvel apparat de son amie, faillit l’implorer de le retirer, mais se résigna en se disant que de toute manière, ça n’aurait sans doute pas l’effet escompté. Elle la suivit malgré tout jusqu’à un banc où elle s’assit pour grignoter ses biscottes volées dans la matinée. L’estomac de la toquée choisit cet instant pour lui rappeler qu’il avait lui aussi envie de se remplir, mais également qu’il aspirait à quelque chose de plus consistant.

- Non merci, refusa gentiment l’adolescente avec un sourire. Je vais m’acheter un petit truc… je crois que mon ventre réclame quelque chose d’un peu plus lourd… voire même de plus gras, ajouta-t-elle en riant lorsque ses yeux noisette se posèrent sur un vendeur de hot-dogs.

La galloise s’éloigna donc de Dakota, appréciant avec un soulagement silencieux de mettre du même coup plus de distance entre elle et les serpents venimeux, pour aller chercher sa cochonnerie à 5 rubz. Elle préféra l’option ketchup à celle de la moutarde, et reparti donc avec un sandwich sanguinolent qu’elle ne put s’empêcher de croquer avant d’être revenue auprès de sa comparse. Ça n’était pas de la bonne cuisine, certes, mais après une journée aussi pleine d’émotion, de frayeur et de labeur, rien ne savait mieux l’apaiser que quelque chose d’aussi « normal ».

Selene s’essuya proprement les coins des lèvres avant de s’assoir à coté de son amie – à une distance raisonnable des reptiles – et s’efforça de faire abstraction des sifflements réguliers pour observer les gens qui passaient. Certains avaient l’air de connaitre le coin, d’autres pas du tout. Il y avait des sorciers en robe de mage, des créatures magiques, des humains d’une autre ville, et sans doute d’autres voyageurs qui se mêlaient au décor, jouissant de l’accueil, ou plutôt du non-accueil, qu’on leur faisait à Gloutoniskaïa.

La galloise aurait bien voulu discuter avec sa camarade, mais elle ne savait pas trop quoi lui dire. Elle commençait à la connaitre un peu et supposait que n’importe quel sujet d’adolescente risquait de l’ennuyer au plus haut point. Gagnant du temps en savourant une autre bouchée de son hot-dog au ketchup, écoutant discrètement les craquements de la biscotte de la blondinette, la rouquine finit par se tourner en demandant timidement :

- Au fait, je… je n’ai pas pu te demander depuis… comment s’est passée ta conversation avec ta mère ?

Un frisson lui donna la chair de poule. Pourquoi ? Parce que Dakota lui faisait peur ? Parce qu’elle ne se sentait pas à sa place ? Elle aurait aimé pourtant, mais la barrière de glace qui entourait la phobophobe était encore trop épaisse. Malgré tout, Selene ajouta en détournant les yeux d’un air gêné :

- Enfin… si tu veux me dire hein… je suis vraiment désolé pour ce qui s’est passé avec la bague tu sais ? Ce n’est pas dans mes habitudes du tout. Tu peux me parler si tu veux… je sais que tout le monde dit ça, mais c’est vrai que ça fait du bien ! Moi je… je crois sans mon épouvantail pour me soutenir petite, je serai morte depuis longtemps… c’est toujours bien d’avoir quelqu’un.

Elle se mordit la lèvre inférieure, se retenant d’ajouter « et je voudrais bien être ce quelqu’un pour toi ». Un nuage de tristesse passa dans ses prunelles, mais il fut chassé par un petit sourire encourageant. Oui, elle n’était pas seule, parce que ses amis préférés seraient toujours dans sa tête, sur ses bras, et sur le carnet à dessin qu’elle se promit de commencer à remplir dès qu’elle aura fini son sandwich.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure Icon_minitimeJeu 29 Déc - 13:26

Alors que les mâchoires de la gamine s’acharnaient sur sa biscotte molle le moment de la phase deux arrivait à grands pas. La phase deux ? Celle nommée « créer des liens » bien sûr, même si le fait de devoir se confier avant de remplir son objectif n’était pas pour lui plaire. Même si elle s’était livrée une fois sous le coup de l’émotion Dakota n’aimait pas offrir aux gens l’opportunité d’apprendre des choses sur elle qui pourraient lui porter préjudice. Tout ce qui était personnel était donc exclus mais elle était persuadée que la rouquine se braquerait de manière potentiellement irrémédiable si elle repoussait sa tentative d’amitié avec brusquerie, elle avait bien peur d’en avoir peur.

Dakota acheva sa bouchée sans se presser avant de déposer sa main tenant son encas à moitié consommé sur ses genoux. Selene semblait prendre son hésitation pour un refus et s’emballait déjà, s’excusant presque d’exister. La phobophobe haussa un sourcil mais ne pipa mot, trop occupée à retenir les points importants du discours de sa camarade. Sans son épouvantail pour la soutenir elle serait morte ? C’était absurde. Même s’il pouvait représenter un réel soutien moral pour l’esprit dérangé de la toquée, ça ne restait qu’un réconfort émotionnel et à moins d’être cardiaque personne ne risquait de mourir de peur, de colère ou de dépression.

C’était juste une envolée lyrique, une exagération à la marseillaise comme aimait à dire les français, et la gamine se retint de le lui dire malgré l’envie grandissante qui venait jusqu’à lui picoter la langue avec insistance. Il fallait à tout prix se focaliser sur la phase en cours et sur l’évidence du fait que Selene tentait vraiment de devenir son amie pour une raison que Dakota ne comprenait pas.

- Ca s’est passé… comme d’habitude, finit-elle par lâcher sans que sa voix ne soit troublée par une quelconque émotion, Elle a dit s’inquiéter pour moi en laissant bien comprendre que c’était plutôt pour sa réputation qu’elle s’en faisait, à voulu que je lui parle et je lui ai répondu grosso modo que ça ne la concernait pas. Elle a aussi craint que vous côtoyer soit une mauvaise chose. Rien d’important.

Et c’était vrai. Elle chassa un serpent qui était venu s’aventurer devant son visage opalin et prit une nouvelle bouchée de biscotte tout en se demandant sérieusement si la galloise attendait qu’elle pleure sur son épaule. Ses yeux se fermèrent un instant alors qu’elle tentait de mettre en branle son réseau lacrymal mais rien ne se passa. Tant pis, pleurer c’était bon pour les autres de toute façon.

- Qu’est-ce que tu entends par « je serais morte » d’ailleurs ? Un épouvantail ce n'est… rien qu’un épouvantail. Ça ne protège ni des coups, ni des balles, ni du feu ni de quoi que ce soit qui aurait pu te tuer. Comment par conséquent pourrait-il te sauver ?

**Merde, c’est sorti tout seul**

Impossible de retenir plus longtemps cette incohérence qui lui remuait toujours les méninges. Souligner les erreurs et les bêtises des gens était décidément un « défaut » dont on ne pouvait se défaire facilement. Vu le visage de son « amie » elle sentait qu’elle devait ajouter quelque chose pour ne pas couper court à ses efforts en vexant son interlocutrice, elle prit donc cette fois le temps de choisir ses mots avant de reprendre en affichant une moue étrange :

- Non pas que je dénigre ce que tu dis, c’est juste que je ne comprends pas. Je n’arrive pas à concevoir les faits à partir de l’ébauche plutôt imagée que tu as fait tout à l’heure, je n’y peux rien. Qu’est-ce que tu voulais dire par là ?

A vrai dire elle s’y intéressait autant qu’au commerce des lamas péruviens mais il fallait bien faire bonne figure, c’est pourquoi elle croisa ses mains maintenant vides sur ses genoux avant de planter son regard bleu glacier dans celui de Selene. Que cela puisse mettre sa camarade mal à l’aise ne lui effleura même pas l’esprit. C’était elle qui avait voulu discuter de choses privées non ? Il était normale qu’elle lui rende la pareille, simple échange de bons procédés.

Le soleil s’était désormais complètement couché alors que les deux adolescentes se fixaient, assises côté à côte sur un banc. Ce n’était pas aujourd’hui que Dakota comprendrait ce lieu mystérieux qu’était le monde des relations sociales…
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