Hypnose : l'Exil
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 Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure

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Selene Nymphadora

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Maladie mentale : TOC des épouvantails

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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeLun 2 Jan - 15:57

Dakota finit par lui répondre, pas troublée le moins du monde. La rouquine n’était même pas sûre de se retrouver avec la même adolescente anxieuse qu’elle avait écouté dans la limousine, comme si cet épisode avait été inédit, collector et relégué au placard. Bien sûr, à entendre la version de la phobophobe, Mrs Earnshow ne semblait pas être quelqu’un de très maternelle, ni même très agréable à fréquenter, mais Selene aurait pensé que son amie serait plus bouleversée que ça. D’ailleurs, elle allait lui demander si elle était certaine que tout allait bien, malgré que sa mère s’inquiète si peu de son bien-être, mais fût prise de vitesse.

Les rôles étaient désormais inversées et la toquée était coincée, obligée de raconter comment elle avait rencontré les épouvantails. Ce n’était pas quelque chose qu’elle avait fait souvent… d’abord parce que ça lui rappelait une période de sa vie assez sombre, mais aussi assez floue, comme si le traumatisme avait fragilisé ses souvenirs ; aussi parce qu’elle savait que la plupart des gens ne la comprenaient pas, et se contentaient de la railler plus ou moins ouvertement lorsqu’ils découvraient sa passion pour les êtres de pailles.

Selene espérait que Dakota serait différente, plus tolérante. Pour gagner du temps, le temps de rassembler ses idées, elle croqua un bout de son hot dog, ses yeux noisette perdus dans le ciel noir qui les enveloppait de toute sa beauté. Gloutoniskaïa était vraiment une ville magnifique, et ce constat faillit lui faire oublier la raison pour laquelle elle réfléchissait. Finalement, l’adolescente avala sa bouchée et commença avec hésitation :

- Avant… quand j’étais petite, mon père s’était mis à… nous battre maman et moi. Je crois qu’il avait eu beaucoup de problème à son travail… j’me souviens vraiment plus trop, je sais même plus quel âge j’avais quand ça a commencé. Mais ça a été de pire en pire et… ma mère ne résistait pas, et ne m’aidait pas vraiment… elle prenait tout un tas de cachet, pleurait presque tout le temps en cachette… mais elle me disait de ne rien dire à personne, que « papa est juste en colère ».

La rouquine poussa un soupir. Sa gorge se serrait, ça lui faisait un peu mal d’en parler ; tout était encore si proche, si présent. A la place des yeux glaciers de Dakota, ce furent les prunelles mornes de Mrs Nymphadora qui s’imposèrent au milieu du grouillement de serpents, forçant l’adolescente qu’était devenue Selene a détourner son regard vers son sandwich. L’envie de mordre de temps était dissipée par l’ombre des réminiscences qui assiégeaient désormais ses pensées, transformant sa faim en nausée, mais elle poursuivit tout de même d’une voix légèrement tremblante :

- Comme j’étais toute seule et que j’avais trop peur de croiser mon père, je restais dans ma chambre et je regardais souvent dehors… il y avait un épouvantail dans le jardin, je crois que je l’ai adopté au fond, parce qu’il était comme… un membre de la famille qui me souriait toujours. Des fois, on aurait dit qu’il bougeait, ou qu’il me parlait… quand j’me faisais frapper, je sortais et je m’asseyais à ses pieds ; ça me calmait. Je crois que des fois, je lui racontais des choses aussi… il était un peu le seul à m’écouter.

Selene n’osait plus regarder son amie. Que devait-elle penser désormais ? Sans doute comme les autres ? Qu’elle était « folle » ? « Bizarre » ? « Originale » ? Est-ce qu’elle saurait comprendre à quel point les épouvantails étaient importants pour elle, ou bien se contenterait juste d’une remarque froide voire dédaigneuse ?! Dégoutée par la douleur qui venait lui oppresser la poitrine, la rouquine abaissa son hot dog, reportant définitivement le soin de le manger à plus tard.

- Je pense que sans ce soutien, je me serai laissé mourir… j’avais tellement de fois espérer qu’un mauvais coup me tue… mais penser à notre épouvantail me faisait tenir. J’étais avec lui quand mes parents sont…

Sa phrase resta en suspend, sa gorge trop nouée pour laisser sortir le mot fatidique, mais la blondinette devait avait compris de toute manière, alors la galloise se contenta de se cantonner au silence. Soudainement épuisée, elle avait envie de trouver un endroit où dormir pour se coucher, mais n’osait pas le demander de but en blanc.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeMar 3 Jan - 16:17

Vu la tronche que tirait Selene, elle semblait déçu ou tout du moins surprise de sa réponse. A croire qu’elle attendait vraiment plus, comme des pleurs ou des flots de souvenirs marqués par la douleur et le ressentiment. Pas étonnant après l’épisode de la limousine mais on ne pouvait pas baser une théorie sur un évènement, surtout quand on n’avait pas toutes les données en main. Par exemple la donne changeait quand on savait que c’était plus la crise de panique causée par sa phobie qui l’avait mis dans cet état que la douleur d’entretenir des rapports méfiants et conflictuels avec ses géniteurs. Ici pas de peur, donc pas de réaction émotionnelle disproportionnée… CQFD.

Mais ces réflexions se confinèrent dans le crâne de Dakota car son amie ne tarda pas à répondre aux questions qui lui avaient été retournées, et de manière bien plus émotive que la surdouée. Le discours de la rouquine était un déballage de maltraitance, d’abattement, de lâcheté et de folie et contrairement à ce qu’elle semblait craindre, la phobophobe pouvait comprendre. Pas la réaction des parents bien sûr, mais celle de l’enfant qu’avait été Selene. Alors qu’elle avait fuis ses propres peurs en faisant preuve d’un terre-à-terre atterrant, sa camarade s’était plongée à corps perdu dans l’irrationalité la plus totale, voilà tout. Même si pour elle ce genre d’extrémité restait ce qu’elles étaient – des bizarreries – elle pouvait concevoir cette solution comme valable. Peut-être même plus que la sienne quand on voyait que la toquée arrivait à sourire, elle.

Dakota écouta jusqu’au bout, le visage dénué de toute expression ce qui pouvait paraître peu engageant mais son interlocutrice était si torturée par ses souvenirs qu’elle ne s’en formalisait pas. Elle regarda de l’œil d’un scientifique devant une souris de laboratoire le visage qui se décomposait, la main encore chargée d’un demi hot-dog qui finissait par s’échouer sur un genou dénudé… d’un côté elle enviait Selene d’être aussi humaine, fragile et, oui, normale. Lorsqu’elle sentit que c’était le moment pour elle de faire quelque chose, la peur d’avoir peur de ne pas agir correctement la prit au ventre mais elle fit un effort pour tendre la main et tapoter maladroitement l’épaule de la rouquine.

- Ca va aller.

Un gros blanc suivi sa remarque qui remplissait malheureusement tous les critères de ses craintes, elle ajouta donc l’air légèrement mal-à-l’aise :

- Je sais pas quoi dire. Je suis désolée mais j’ai pas l’habitude.

La gamine récupéra sa main dans un soupir avant de jouer négligemment avec un serpent avec un serpent qui s’était enroulé autour de son poignet. Il faisait noir maintenant, mais pas assez pour qu’elle ne voit pas l’abime d’incapacité sociale au fond duquel elle se trouvait. Avec son énorme cerveau, elle était in capable d’une chose aussi élémentaire. C’était pathétique… elle était pathétique. Ses poings se crispèrent alors qu’elle se remettait debout pour faire face à Selene et lui tendre sa main pour l’aider à suivre son exemple.

- Allez viens on s’en va, on va aller te changer les idées.

Ce serait toujours plus satisfaisant que de continuer à essayer de la réconforter avec des mots finalement vides de sens. Dak’ entraina la toquée au beau milieu du marché et ne s’arrêta que lorsqu’elle fut persuadé d’avoir trouvé un spectacle assez fascinant pour faire oublier, au moins quelques instants, le douloureux passé de sa camarade.

Devant eux se produisait un petit théâtre de marionnettes. Pas de ficelles ici, c’était la magie qui octroyait paroles et mouvements aux petites créatures de bois et de tissu qui leur comptait la « fabuleuse histoire du temple perdu ». Les deux adolescentes prirent place au milieu d’une foule majoritairement enfantine et la surdouée cala son menton dans sa main. C’était un peu trop immature à son goût, mais après tout ça ne changeait pas beaucoup des programmes télés dont on les abreuvait et la possibilité que le conte ait une origine réelle suffisait à attirer son attention. Qui pouvait savoir si elles n’auraient pas à se rendre un jour où l’autre près du lac où était englouti ce temple ?

- Ca te va ? souffla-t-elle par simple désir d’information à l’oreille de Selene.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeMar 3 Jan - 18:02

La maladresse de Dakota pour la réconforter la fit sourire. Ça allait bien sûr, depuis qu’elle avait son ami avec elle, ça allait toujours ; et quand bien même elle avait vécu des épreuves qui avait cherché à tordre son échine fragile, à la faire voler en éclat, elle s’en était toujours sortie, et elle souriait toujours. Selene se laissa entrainer dans le marché illuminé par son éclairage nocturne, son émerveillement de retour pour chasser bien vite ses vieux démons. Cela ne faisait que trois ans, peut-être même un peu moins, que son cauchemar s’était terminé ; mais sa vie était tellement passé d’un extrême à un autre qu’elle avait l’impression qu’elle avait été scindée en deux en un point net qui dérivait progressivement vers le passé.

Cette impression lui venait peut-être du fait qu’elle n’avait jamais vraiment vécu avant ses 12 ans. Comment avoir des amis, inviter des camarades, ou faire des sorties avec un père violent et une mère dépressive ? La moindre exposition publique était une porte ouverte sur le scandale et s’il y avait une chose sur laquelle les parents Nymphadora étaient d’accords, c’était sur le fait que leurs problèmes ne devaient pas sortir du cercle familial.

La rouquine se demandait souvent si elle était galloise ou américaine au fond, car si elle avait pour l’instant passé la majeure partie de sa vie au Pays-de-Galles, et qu’elle y était née, sa vie n’avait été valable qu’à partir du moment où elle était arrivée à San Francisco. Tous ses souvenirs heureux s’y trouvaient, tous ses rires mémorables, ses premiers amis humains, ses premières sorties, son premier petit ami même. Une vague de nostalgie remplaça la douleur, elle aurait aimé parler de tout ça à Dakota, sans vraiment savoir pourquoi, mais cette dernière venait de la coller devant un spectacle de marionnette assez enfantin. Lorsqu’elle lui demanda si ça lui allait, la toquée ouvrit enfin la bouche pour lui dire :

- Oui, ne t’en fais pas, ça va !

Un instant, Selene se demanda si c’était là l’image que la phobophobe avait d’elle : une gamine qu’il suffisait de mettre devant un spectacle de marionnettes pour la faire aller mieux, mais elle décida de ne pas pousser la réflexion. Le geste était touchant, c’était ce qui importait ; et puis, ce n’était pas si mal de ce détendre devant ce genre de distraction. La galloise se plongea alors dans la représentation, un petit sourire flottant sur ses lèvres rosées, jusqu’à ce que la fin de l’épopée soit marquée par le narrateur. Enthousiasmée, elle se joignit aux applaudissements puis se tourna vers sa comparse pour la regarder avec timidité et bien-être :

- Merci Dakota, t’es une fille cool.

Bien sûr, cela ne voudrait certainement rien dire pour la blondinette, mais ça voulait tout dire pour la toquée qui n’avait jusqu’à lors connu que la maltraitance de Liam. Avoir rencontré une voyageuse qui ne cherchait pas à la tuer, qui faisait des efforts pour l’aider et qui semblait la comprendre un petit peu, ça ne courrait certainement pas les rues. Selene se rendit alors compte qu’elle n’avait toujours pas fini son hot dog. Depuis le temps, ce n’était plus terrible, mais son estomac libéré du poids des souvenirs douloureux recommençaient à crier famine, alors elle acheva de l’engloutir sans se plaindre.

- Tu veux qu’on aille chercher un endroit où dormir ? Demanda la galloise entre deux bouchées. J’aimerais bien continuer à me balader, mais on commence assez tôt demain et on fait une journée entière… ce serait bête d’être crevée.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeJeu 5 Jan - 17:36

C’était plutôt ennuyeux en définitive, et si Selene n’avait pas eu l’air aussi amusée par le spectacle Dakota serait partie depuis longtemps. Aucune information utile à glaner, juste un récit romancé qui ne gardait plus que de très vagues rapports avec la réalité. Lorsque le rideau tomba sur les marionnettes sagement alignées pour réaliser une révérence, la surdouée applaudit poliment mais sans aucun enthousiasme et s’arrêta presque aussitôt lorsque la toquée lui annonça qu’elle était « cool ».

Un sourcil haussé elle examina les traits francs qui lui faisaient face pour y déceler de l’ironie, ou de la simple moquerie mais rien de tout ça. C’était presque frustrant. D’ailleurs qu’est-ce qu’elle avait bien pu faire pour mériter ce qualificatif ? Faute de savoir quelle réaction fournir elle se contenta de hocher la tête avant de se remettre debout et d’épousseter sa robe qui avait pris la poussière au niveau des genoux et du postérieur.

Il devait être plus de 22h maintenant, Dak’ accueillit donc la proposition avec un enthousiasme peu visible mais pourtant réel. Le tout restait de trouver une chambre bon marché, car il fallait avouer que sa bourse presque vide l’angoissait légèrement. Dans cette ville de touriste il faudrait peut-être chercher longtemps avant de trouver un lieu correct qui ne soit pas hors de prix et rien que d’y penser la surdouée se sentait exténuée. Plus tôt elles s’y mettraient mieux ce serait.

- Je préfèrerais en effet.

Elles se mirent en route sous la pluie de lumière qu’était le marché en mode nocturne, son soleil miniature suivant sa circonvolution à une allure tranquille. Leurs pas les éloignaient peu à peu du centre-ville pour les mener vers des quartiers moins commerciaux, et par conséquent où l’on ne tenterait pas de leur monnayer une fortune une chambre de bonne dans un cloaque sous prétexte que c’était charmant car « pittoresque ».

Quelques passants déambulaient dans les rues d’un pas pressé, revenant probablement du travail avec en tête un repas chaud et un lit douillet. D’ailleurs en parlant de lit…

- Cet hôtel a l’air pas mal… constata Dakota, pensive.

La phobophobe s’était arrêtée devant une petite auberge à l’allure accueillante dont les tarifs affichés à droite de l’entrée paraissaient plus que convenables. 30 rubz la chambre, petit déjeuner compris. Comme il n’y avait pas de petites économies elle comptait bien proposer à Selene d’en partager une, quitte à lui céder le petit déjeuner. Son sac contenait quelques réserves pouvant palier ce manque de toutes façons et on ne crachait pas sur 15 rubz d’économisés quand on venait d’en dépenser des milliers.

Le duo pénétra dans l’établissement où flottait la délicieuse odeur des plats servis dans le petit restaurant tenu au rez-de-chaussée. L’atmosphère était chaleureuse et engageante, tout comme le sourire de l’aubergiste qui vint les accueillir à la porte dans sa robe bouffante nouée à la taille par un tablier étincelant.

- Bienvenue à l’auberge de la Licorne ! Vous cherchez une chambre pour la nuit ?

- Pour la nuit et les suivantes même, marmonna la surdouée prise au dépourvue.

Qu’on lui saute dessus à peine entrée était quelque chose de difficilement supportable pour l’abonnée à la solitude qu’elle était. C’était aussi la priver de la prise de décision, crime ignoble dans l’esprit de la gamine. Elle fixa donc un instant, bougonne, le sourire étincelant et le brushing impeccable de la femme qui lui faisait face avant de reprendre en désignant Selene du pouce :

- Une seule pour nous deux, on partagera la note, morigéna-t-elle avant d’ajouter à contrecœur, Enfin si tu es d’accord bien sûr. Mais économiquement parlant ce serait stupide de prendre deux chambres, après tout on tient sans problème à deux dans un lit vu qu’on est loin d’être épaisses et je ne pense pas que la question d’intimité puisse contrebalancer le gain de rubz occasionné par…

Dakota s’interrompit d’elle-même en poussant un profond soupir de dépit.

- Bref, une chambre s’il-vous-plait.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeJeu 5 Jan - 20:54

La phobophobe accepta de se mettre en quête d’un hôtel et se remit en route sur le champ. Un sourire illumina le visage doux de la galloise. Impossible de pouvoir expliquer pourquoi, mais elle se sentait bien, étrangement apaisée après cette journée pourtant pleine de rebondissements. Peut-être le travail avait-il dissout la peur et l’appréhension, ou bien le fait de s’être confié l’avait momentanément délestée d’un poids ?! Ses yeux noisette se nourrissaient de tout ce qu’elle voyait, décor magnifique et magique plus enchanteur que tout ce qu’elle avait connu jusqu’à lors. Si Dakota n’était pas charmé, la rouquine l’était pour deux.

L’auberge de la licorne n’était pas pour lui déplaire. C’est même à cet instant que Selene regretta de ne pas avoir d’appareil photo, parce qu’elle aurait voulu immortaliser tous ces lieux si particuliers, insolites même selon son point de vue de voyageuse. L’aubergiste les accueillit avec enthousiasme, et après avoir répondu, la phobophobe se tourna vers elle pour lui expliciter sa décision par A +B. La galloise la dévisagea avec étonnement, se demandant pourquoi elle se donnait tant de peine pour justifier son idée. C’était très bien, il n’y avait aucune raison que la toquée refuse cette proximité, ce n’était pas comme si sa cadette était un homme de 38 ans aux mœurs inquiétantes.

- Ça me va, ne t’en fait pas, répondit-elle simplement.

Les rubz changèrent donc de main et les deux adolescentes se virent confiée la clef de leur lieu de résidence pour la nuit. L’ambiance chaleureuse les suivit jusqu’à l’escalier en colimaçon, puis au premier où elles devaient se rendre. Le couloir était éclairé par des couples de boursouflets qui, s’ils ne dormaient pas paisiblement dans leur bocal en lévitation, semblaient se poursuivre amicalement en décrivant des cercles vagues. Un instant, Selene se demanda si ça n’était pas de l’abus animalier que d’enfermer ces charmantes bestioles de la sorte pour leur demander d’illuminer des pièces d’intérieur – ou même l’extérieur – mais elle était trop lasse pour se lancer dans ce genre de considération.

A l’intérieur de la chambre, tout était soft, mais engageant et propre. Ce petit quelque chose de féerique qui semblait rependu dans tout Gloutoniskaïa se retrouvait jusqu’aux draps couleur crème impeccablement tirés. Après avoir refermé la porte derrière elle, la galloise souffla de soulagement avant de poser sa hotte et de s’assoir en savourant la décontraction des muscles de ses cuisses.

- Pfiou, ça fait du bien quand même…

Ses yeux noisette épousèrent tour à tour le petit écran de télévision éteint, la fenêtre aux rideaux opaques, la petite lampe de chevet sans fil électrique, les deux étagères arrondis prévues pour disposer ses affaires et le mur derrière lequel devait se cacher la salle de bain. La rouquine songea avec satisfaction qu’elle avait un peigne, c’était l’occasion de pouvoir remettre de l’ordre dans sa tignasse.

- Dis, ça te dérange si je vais me doucher maintenant ?

Devant l’indifférence de son amie, Selene s’y rendit après avoir pris le nécessaire dans sa hotte qu’elle laissa auprès du lit. L’idée que la phobophobe puisse lui voler ses affaires et partir comme une voleuse ne l’avait même pas effleuré, pas un instant. La première chose qu’elle vit en entrant dans la petite – mais impeccable – pièce d’eau, ce fut son reflet dans une glace. Et que lui montrait-il ? Une jeune fille fatiguée, pâle, et décoiffée. La toquée se sourit histoire d’apporter une bonne note au tableau, puis s’assit d’abord sur les toilettes pour faire ce qu’elle avait à y faire. La chasse s’actionna toute seule une fois qu’elle se fut relevée.

Ensuite, elle entreprit d’enlever ses bandages pour jeter un œil à ses écorchures ; ce n’était pas très beau à voir, mais ça guérissait. Selene les jeta dans une petite poubelle et se déshabilla avant d’entrer dans la cabine de douche. Ici, pas de gel volant, de pyramide de produits de bain, de bassin thermo-magique ; seulement un échantillon de savon et des robinets traditionnels. Du moins, c’est ce que crut la rouquine, mais à peine avait-elle pensé à les tourner pour trouver la température idéale que ceux-ci bougèrent sans crier garde afin de lui déverser un jet d’eau tiède sur la tête. Un petit cri avait échappé à la galloise, surprise, mais elle rit bien vite de sa bêtise, avant d’ajuster légèrement l’arrivée d’eau chaude.

Une fois sa douche terminée, elle sortit et se sécha à l’aide de l’une des serviettes du tas mis à disposition. Voyant qu’il y en avait assez, elle s’autorisa même à s’enrouler les cheveux dans une seconde, avant d’enfiler ses sous-vêtements de Noël et de laver les anciens dans le lavabo. Selene les suspendit alors sur un repose serviette inutilisé, se rhabilla, rinça la douche, se brossa longuement les dents sans dentifrice, s’assura qu’elle ne laissait pas de bazar, puis sortit enfin pour retrouver Dakota.

Le teint rafraichit par sa toilette, le sourire qu’elle lui adressa parut plus lumineux. Elle retrouva alors sa hotte pour attraper ses bandages et refaire ses pansements – merci les ciseaux gagnés avec le calendrier de l’avent – puis décida d’inspecter enfin tout ce qu’elle possédait ; ça commençait à faire beaucoup de choses, dont un certain nombre de babioles.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeSam 7 Jan - 9:57

La chambre était propre et confortable, et cela convenait parfaitement à Dakota. Oh, pas de là à sauter de joie ou à dévorer la décoration des yeux comme sa camarade, mais assez pour se sentir satisfaite de son investissement. Elle eut à peine le temps de poser sa hotte au pied du lit et ses fesses sur celui-ci que Selene lui demandait déjà si elle pouvait passer d’abord dans la salle de bain. La surdouée la fixa un moment un silence avant de répondre sans que rien ne puisse laisser transparaitre ses pensées :

- Comme tu veux, je m’en fiche.

Non mais franchement… que pouvait-elle répondre d’autre ? « Non, ça me dérange, je veux passer d’abord ! » suivi d’un bon crêpage de chignon pour la forme ? Elle était assez grande pour prendre des décisions aussi basiques sans s’inquiéter de ce qu’elle pouvait penser de son côté non ? Surtout que l’hygiène, à moins de plaies ouvertes, restait quelque chose d’accessoire à Dreamland. La gamine avait largement eu le temps de se pencher sur le sujet. On savait que la mort ici faisait disparaitre l’âme, entrainant un état végétatif dans le monde réel. On pouvait supposer que des blessures se traduiraient par des blessures de l’âme, donc les répercutions –inconnues- restaient très plausibles. Mais sentir mauvais au niveau spirituel ? C’était ridicule.

Mais sa solitude retrouvée, même pour des raisons douteuses, lui permettait de jeter un œil aux objets qu’on lui avait largué au visage tout au long de la journée. Un joli barda si vous voulez son avis. Dak’ étala soigneusement ses possessions sur le lit tout en chassant de temps à autre un serpent qui s’aventurait devant son visage. Il y avait déjà tout un tas de paperasse : bons de réduction, pour une coiffure gratuite, pour aller à la patinoire, pour un repas, un billet d’avion et des places de cinéma et… un bon pour une nuit à l’hôtel. La phobophobe leva les yeux au ciel en soupirant. C’était toujours trop tard qu’on tombait sur les choses utiles. Malgré tout le reste des papiers était d’un intérêt douteux, ce qui ne l’empêcha pas de les ranger soigneusement.

Le reste était un mélange sorti tout droit d’un bazar d’un goût douteux. Entre la boule à neige, la veilleuse et les drôles de petits cachets dans un sachet plastique, impossible de déterminer ce qui la dépitait le plus. Elle souleva à hauteur de ses yeux le plastique transparent contenant la drogue et l’examina avec une suspicion visible.

- Hors de question que j’avale ça…

Alors qu’elle finissait de tout remettre dans sa hotte avec une minutie maniaque, Selene quitta enfin la salle de bain. Dakota la regarda commencer à refaire ses pansements puis détourna le regard en se mettant debout. A la douche donc ? Soit.

Elle rejoignit la salle d’eau bien moins clinquante que celle que le maire avait mis à leur disposition, tout en restant d’une propreté irréprochable. Ses frusques sextusiennes furent bientôt retirées et la première chose qu’elle fit fut de les nettoyer avec énergie, tout comme ses sous-vêtements qui avaient connu des jours meilleurs. Une fois les habits étendus elle se glissa dans la douche pour se frotter énergiquement à l’aide des échantillons de savons fournis. Bientôt elle fut propre comme un sou neuf et pu se pencher sur la suite du programme, à commencer par enfiler ces sous-vêtements ridicules décorés de petits rennes tirant un traineau. Le soupir qu’elle poussa en les regardant parvint jusqu’aux oreilles de Selene tant le dépit de la phobophobe était énorme.

Elle quitta ensuite la pièce en sous-vêtements et se glissa sous les draps sans tarder. Elle n’avait pas réellement envie de dormir mais c’était encore le moyen le plus efficace de couper court à toute tentative de communication. Du point de vue de la gamine elle avait fait bien assez d’efforts pour la journée, la suivante et les milles autres qui défileraient à la suite, au bas mot.

- Bonne nuit.

Les yeux clos Dakota attendit patiemment que la toquée finisse ses petites affaires et la rejoigne après avoir éteint la lumière. Bientôt le silence retomba, seulement troublé par la respiration paisible de sa camarade. Dakota elle, ne dormait pas, trop occupée à se demander ce qu’ils allaient devenir mais surtout… ce qu’il était advenu de James.

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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeSam 7 Jan - 20:05

Inspecter et trier tous ses objets lui avaient pris un certain temps, de sorte qu’elle n’eut pas à être désœuvrée longtemps en attendant que Dakota sorte de la salle de bain en sous-vêtements. Selene, qui ne s’attendait pas à une telle marque d’aise resta interdite un certain temps, mais face à l’indifférence totale de sa cadette qui se mit au lit, elle ne put que continuer à vivre sa vie comme si de rien était.

Un nouveau séjour dans la pièce d’eau s’imposa pour dénouer ses cheveux et les peigner soigneusement. A Dreamland, ça fait bien plus de trois semaines – si ce n’était plus – que sa tignasse rousse n’avait pas connu les joies du démêlage, et les nœuds étaient légions. La galloise s’appliqua donc pendant plusieurs minutes à glisser les dents de son peigne bas de gamme dans sa chevelure flamboyante humide, et ne s’arrêta que lorsqu’elle eut la parfaite sensation que sa tête respirait, comme si elle avait du même coup dénoué des agrégats de neurones qui lui alourdissaient le crâne.

Prenant exemple sur Dakota, elle ôta finalement son short pour pouvoir dormir plus à l’aise. Une attention tout à fait futile mais pourtant si naturelle s’imposa à son esprit à cet instant : Selene examina l’état de ses cuisses. Elles étaient plus fermes qu’au moment de son arrivé, signe que les jours de galère, de marche, de courses et de vache maigre l’avaient fait maigrir ou l’avaient un peu musclée. Comme pour venir gâcher ce moment de simplicité terre-à-terre, la sensation des mains violentes de Liam sur sa peau blanche s’imposa avec sournoiserie. L’adolescente frissonna des pieds à la tête, jeta les cheveux restés accrochés à son peigne et éteignit la lumière pour retourner dans la chambre. Là, elle déposa ses affaires dans sa hotte et plonger la chambre dans le noir avant de s’allonger doucement aux cotés de la phobophobe.

- Bonne nuit, murmura faiblement la toquée avant de fermer les yeux.

Elle était tellement épuisée que le sommeil la rattrapa sans mal, l’emportant dans un repos sans rêve qui la déposa sur les rives de la veille de la veille au moment des plus belles couleurs de l’aurore. Celles-ci filtraient par l’interstice entre les rideaux, déposant une ligne dorée étincelante qui coupait la pièce en deux. Selene se redressa la première et jeta un coup d’œil à Dakota. Elle avait sûrement fini par s’endormir, parce que pour la première fois, son visage avait l’air plus paisible, loin de toute cette froideur quotidienne. Un sourire attendri étira les lèvres de la galloise qui jeta un œil à une horloge accrochée au mur : 06 :57.

Il était encore tôt, elles ne travaillaient que dans trois heures, mais la rouquine avait peur de se rendormir pour finalement rater le coche. Glissant souplement hors des draps, elle s’aventura jusqu’à sa hotte pour y récupérer son carnet et son crayon, avant de revenir se réfugier sous la couette. Là, elle commença silencieusement à tracer un épouvantail, soigné et décoré, qui lui souriait de toute sa bouche cousue à la ficelle. Ça faisait un bien fou, n’ayant pas pu assouvir sa pulsion la veille. Les restes de tensions qui dormaient dans son estomac s’évanouirent complètement : elle se sentait légère, neuve, comme si une toute nouvelle vie s’offrait subitement. Il était 07 :42 quand elle leva les yeux de son œuvre. La nuque engourdie par sa position, elle se massa le cou au mieux tandis que son amie commençait à remuer.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeMer 11 Jan - 22:03

Le temps s’égrainait, rythmé par le tic-tac régulier de l’horloge suspendue sur le mur face au lit. Étendue dans une immobilité parfaite Dakota regardait le plafond depuis des heures. Elle pensait. Elle pensait à tous les risques qui les guettaient, à leurs ombres disparus et aux conséquences possibles que cela induirait, au marchand de sable dont l’œil ne les avait peut-être pas quitté. Elle pensait aux autres qui étaient peut-être mort, à Ernest Mc Arthur qui ne voyait probablement en eux que des marionnettes, au monde réel où ils finiraient bientôt traqués comme à Elipse. Elle entrevoyait un avenir sombre, sans espoir et angoissant, berceau de toutes les peurs possibles et imaginables qui germaient dans son esprit malade. La peur lui rongeait l’esprit, faisant fuir le sommeil loin, toujours plus loin jusqu’à ce que son corps n’en puisse plus elle qu’elle sombre soudainement comme un bateau englouti par les eaux. Quelques heures volées, fugaces mais jamais suffisante, et cette nuit ne ferait pas défaut à cette vieille habitude.

Lorsqu’elle se mit à remuer son corps était toujours plombé par la fatigue et les rayons du soleil dardant entre les rideaux attaquaient douloureusement ses rétines. Se servant de sa main comme d’un écran entre le jour et ses yeux cernés, la blondinette se redressa avant de jeter un coup d’œil rapide à l’horloge qui indiquait 7h42. Déjà ? Bon sang, c’était infernal. Même pas le temps de se reposer de sa journée de la veille qu’une nouvelle débarquait déjà avec son lot de tâches ingrates et, Dakota l’aurait parié, de séries télévisées stupides.

- B’jour, marmonna-t-elle en s’extirpant des couvertures sans un regard vers Selene.

Ses réveils n’avaient rien à envier à ceux de Sydney et bien malvenu serait celui qui la brusquerait. D’ailleurs pour prévenir tout comportement malveillant la première chose qu’elle fit fut d’attraper la couronne de Méduse qu’elle avait fini par retirer aux alentours de minuit et la glissa de nouveau dans sa chevelure pour la transformer en un nid de serpents. Ce genre de parure serait en parfaite adéquation avec l’animalerie où on les employait à bien y regarder, et ça l’arrangeait bien. Elle n’avait aucune envie de s’en séparer avec les dangers qui rodaient.

La gamine enfila ses vieux vêtements composés d’une veste grise, d’un t-shirt noir arborant le logo du recyclage et une jupe courte léopard formant un ensemble plus que douteux. Sans s’en soucier le moins du monde elle alla récupérer ses affaires sextusiennes qui avaient séché pendant la nuit et les rangea dans sa hotte avant de se diriger vers la porte. Elles avaient tout juste le temps de déjeuner tranquilles et de se rendre à l’animalerie, ce n’était pas le moment de lambiner.

- Je descends. Je te laisse le petit déjeuner comme promis.

Une fois en bas elle s’installa à la table que la gérante lui indiqua avant de sortir sous les yeux éberlués des témoins une biscotte de son sac pour la mâchonner l’air absent. Que ce soit un manque flagrant de politesse, de manière, de savoir vivre ou de tout ce vous voulez, la phobophobe en était consciente et s’en fichait comme de sa dernière paire de chaussettes. Elle n’interrompit donc pas son geste, et ne consentit à ouvrit de nouveau la bouche que quand la toquée l’eut rejoint pour s’installer devant un petit déjeuner tout à fait honorable. C’était loin d’être aussi tape à l’œil que chez le maire mais ça suffirait amplement à remplir l’estomac de la rouquine.

- Bon appétit… et ne me met rien de côté. J’en veux vraiment pas hein ? T’façon j’ai pas vraiment faim, je grignote pour pas faire de malaise c’est tout.

Dak’ avait l’air parfaitement sincère, si bien que sa camarade n’avait pas grand-chose à ajouter sur la question. Cela tombait bien car l’attention de la surdouée vu bientôt happée par l’arrivée d’un hibou qui se posa à l’extrémité de leur table pour délivrer à Dakota une lettre accompagné d’une bourse rondelette. Aussitôt son fardeau décroché, le volatil s’envola en laissant la gamine libre d’ouvrir sa missive et de la lire attentivement. A en croire la lettre, le Dreamland soir lui envoyait sa paye pour les derniers articles écris. Une belle somme d’ailleurs, bien assez pour rassurer la jeune fille sur sa sécurité financière immédiate.

La première chose qu’elle fit après avoir rangé soigneusement son courrier fut de compter les rubz pour s’assurer qu’il n’en manquait pas, après quoi elle les rangea eux aussi directement dans la poche de sa veste cette fois ci. Ce n’est qu’une fois tout cela effectué qu’elle s’autorisa à éclairer la lanterne de la rouquine qui ne devait pas comprendre grand-chose à ce qui venait de se passer.

- J’ai reçu ma paye pour un boulot. Tu te souviens que j’écris pour un journal n’est-ce pas ? Et bien c’est ça. Bon… tu as fini de manger ?

Ce qui signifiait plutôt « on peut y aller ? », mais Selene n’aurait probablement aucun mal à le comprendre en croisant le regard agacé de Dakota qui trépignait intérieurement. Le peur d’avoir peur d’être en retard la tourmentait déjà, malheureusement.

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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeJeu 12 Jan - 0:23

- Bonjour !

L’adolescente s’attendit à un peu plus de dialogue, mais il fallait admettre que Dakota au réveil était encore moins communicative que d’ordinaire. Selene poussa donc un soupir discret en jetant un œil un peu triste à son dessin. Même pas un regard, une attention, la blondinette s’était contentée de se jeter sur sa parure reptilienne et ses vêtements qu’elle enfila rapidement, comme si elle avait envie de fuir la pièce le plus vite possible. C’était dans ces instants là qu’on se demandait si la personne avec laquelle on se trouvait tenait vraiment au moins un peu à notre compagnie, ou bien si on l’agaçait au plus au mois, et la rouquine n’échappait pas à la règle. Elle était humaine, et elle avait 15 ans.

Sa comparse la fit sursauter en déclarant qu’elle descendait, elle prit cela pour le top départ de sa préparation. Une fois la phobophobe repartie, le silence envahit de nouveau la chambre, comme si rien ne s’était passé. Malgré son dessin qui gonflait son cœur de soulagement et de courage, une petite larme coula sur la joue de la toquée, et son pouvoir se déclencha aussitôt. Son fidèle épouvantail d’enfance se dressa de nulle part, rompant alors le vide laissé par la gamine en interpelant sa protégée de sa voix si particulière :

- Qu’est-ce qui ne va pas Selene ?

La jeune fille fit volte face alors qu’elle était en train de déplier son short pour l’enfiler. Un sourire illumina son visage en un instant, mais la pointe de tristesse qui gâchait son récent apaisement continuait de briller dans ses prunelles noisette. D’une petite voix, continuant de s’habiller, elle répondit :

- Je sais pas trop… j’aime bien Dakota, mais je crois qu’elle ne m’aime pas… et je ne sais pas quoi faire pour… j’sais pas, l’amusez un peu, la faire sourire, discuter…
- Tu ne pourras pas plaire à tout le monde tu sais ?
- Oui mais… je comprends pas. Je ne lui ais rien fait du tout, sauf…

Le souvenir de l’affrontement qui avait eu lieu dans la suite prêtée par le maire lui revint en tête. Pourtant, la phobophobe lui avait dit ne pas en tenir rigueur, elle l’avait empêché de se suicider, c’est qu’elle comptait pour quelque chose, non ?

- Tu ne devrais plus penser à ça, intervint l’épouvantail en coupant le fil de ses pensées, ce n’était pas ta faute.

La rouquine acquiesça sans être convaincue. Devait-elle réellement fuir la responsabilité de ses actes avec la bague d’Unseelie ? Elle savait qu’elle n’était pas possédée, que ce qu’elle avait ressenti n’était autre que ses propres émotions, celles qui étaient ordinairement refoulées, cachées, ignorées, parce qu’elles ne lui ressemblaient pas. Pourtant, la raison pour laquelle la toquée n’avait pas quitté cet objet magique, c’était bien parce qu’il la fascinait, que la force qu’il lui donnait l’impression d’avoir l’aiderait peut-être parfois à assumer certaines épreuves.

Elle poussa un soupir en finissant de ranger ses affaires. Parfois, elle aurait bien envie de pouvoir mettre les mauvais souvenirs dans une petite boite, pour oublier qu’ils existent. C’était un peu ce qu’elle faisait petite, quand son père la frappait : venir au pied de l’épouvantail lui permettait de tout cacher très loin, assez loin pour qu’elle ne soit plus touchée.

- Ce serait tellement simple de tout effacer… peut-être que c’est à cause de moi que tout va mal en fait… et que j’me fais des films…

Sans rien en dire, l’ami non-humain de la toquée prit cette déclaration comme un souhait. Rien ne valait le sourire de sa propriétaire, alors il lui ôta de l’esprit les images de la précédente nuit goutoniskaïenne, laissant dans sa mémoire un trou depuis sa sortie de la salle de bain jusqu’à son réveil au matin, c’était sans doute bien ainsi.

- Ça va aller, ne t’en fais pas, dit-il la voix chargée de réconfort.

Instantanément, le visage de la galloise s’illumina. Elle acheva de se préparer en vitesse, peigna ses cheveux, récupéra ses effets, fit le lit, hésita un instant à se mettre du rouge à lèvre, mais opta finalement pour le naturel. Avant qu’il ne disparaisse, elle enlaça son confident de paille en le remerciant d’être là, puis elle quitta la pièce pour aller prendre son petit déjeuner.

Un bol de chocolat chaud, du pain à tartiner, des échantillons de beurre et confitures ainsi qu’un verre de jus de fruits. C’était très bien, largement suffisant même pour une adolescente qui n’avait pas énormément mangé la veille. Alors que la gérante chaleureuse lui confiait son plateau, son ventre gronda bruyamment. A peine Selene avait-elle rejoint Dakota que cette dernière lui assura qu’elle pouvait tout manger et ne rien lui laisser. Bien que ses yeux bleus glaciers témoignaient qu’elle était tout à fait sérieuse, la rouquine hésitait quand même en engloutir l’intégralité d’un repas que, théoriquement, son amie avait payé à moitié.

Un hibou vint apporter une lettre et de l’argent à la blondinette, scène que la toquée observa en mangeant distraitement. Elle n’osait même pas demander de quoi il s’agissait, de peur de contrarier sa comparse. Pourtant, elle essayait de se souvenir ce qui l’avait inquiété ce matin, mais elle n’arrivait plus à mettre le doigt dessus. Certes, elle avait eu un petit coup de bas parce qu’elle avait pensé que Dakota la détestait, mais la raison de cette supposition était aux abonnés absents de sa mémoire… un mauvais rêve lui avait joué des tours peut-être.

Quoiqu’il en soit, la galloise était longue à manger, et lorsque sa camarade lui demanda si elle avait terminé, après avoir expliqué la teneur de son courrier, elle en était en réalité qu’à la moitié de son repas.

- Oui, oui…, murmura-t-elle avant d’avaler son jus d’orange d’une traite.

Le temps de rapporter son plateau, elle s’empressa d’avaler la tartine qui lui restait et s’essuya les lèvres avec une serviette en papier. De retour auprès de la phobophobe, prête à partir, Selene se fit la remarque qu’un brossage de dents n’aurait pas été de refus, mais sa cadette n’aurait certainement pas tolérée d’être retardée. Elles se mirent donc en route pour l’animalerie alors qu’il était à peine plus de 8h. La ville s’éveillait tout juste : seuls les plus matinaux, voire les étudiants qui se rendaient en cours, arpentaient déjà les rues ; mais la majorité des commerçants ouvraient plus tard, offrant alors aux passants leurs vitrines éteintes. Certaines étaient animées : des textes défilaient, des images se déplaçaient et abordaient les piétons, toute sorte de chose pour attirer l’attention.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeSam 14 Jan - 14:32

Alors que la pendule de l’entrée indiquait 8h30, Selene et Dakota sortirent de l’auberge dans un silence qui n’avait pas l’air de plaire à la rouquine. Si elle s’attendait à ce que la surdouée s’amuse à lui faire la conversation de bon matin, la pauvre fille serait bien déçue. C’était déjà bien assez contraignant de le faire quand elle était en forme, mais à moitié réveillée ça n’aurait fait que rendre la blondinette plus exécrable encore. Et puis il fallait rester réaliste : même si elle consentait à certains efforts pour être dans les petits papiers de la galloise, il faudrait bien que celle-ci comprenne sa vraie nature et l’accepte un jour où l’autre. S’amuser à jouer un rôle éternellement dans le seul but de ne pas être rejeté, c’était bon pour les autres.

Les rues tout d’abord presque désertes s’animèrent rapidement malgré l’heure matinale, et sur leur passage les adolescentes pouvaient admirer de nombreuses démonstrations de magie si commune dans la région. Des gens qui se déplaçaient sur des animaux volant ou sur d’étranges planches flottantes, des téléportations inattendues, des objets matérialisés de nulle part… et ce n’était que quelques exemples parmi les centaines d’étrangetés qui défilaient devant leurs yeux. Même si Dakota pouvait apprécier l’aspect pratique de la chose, son esprit ne pouvait pas s’empêcher de mépriser cette absence totale de rationalité qui habitait Gloutoniskaia.

**Comment est-ce que ce truc peut voler franchement ?! Même en lui mettant des ailes ce serait physiquement impossible… c’est vraiment n’importe quoi.**

Comment se sentir en sécurité dans un monde où l’impossible était possible ? Ça ne faisait que faire naitre de nouvelles peurs dignes de celles qui l’habitaient enfant. Ici le monstre sous le lit pouvait exister, tout comme son ami du placard. Ici des mains pouvaient vous attraper les chevilles entre les marches d’un escalier et des milliers de mètre cube de sable s’échapper d’un livre avec une flopée de scorpions en prime. Dreamland était vraiment le pire des mondes pour les gens aussi tristement terre-à-terre que la phobophobe.

Elles ne se pressaient pas, si bien qu’elles n’arrivèrent à l’animalerie qu’à 9h15 passé. C’était toujours beaucoup trop tôt mais ça donna l’opportunité à Vendredi déjà présent de dénicher leurs tenues de travail qu’il n’avait pu leur fournir hier dans un recoin de l’arrière-boutique. Leur uniforme était composé d’une casquette noire avec le logo du magasin sur l’avant, un t-shirt aux mêmes attributs ainsi qu’un short rouge vif qui leur arriverait juste au-dessus des genoux. Il était fait pour être pratique et sa taille s’ajustait magiquement à la physionomie de la personne qui le portait.

Dak’ ne put s’empêcher de penser encore une fois que c’était complètement délirant, irréaliste et donc atroce en soi, mais ça ne l’empêcha pas de se glisser dans les vêtements qu’on lui avait confié. Alors qu’elle en arrivait à enfoncer la casquette sur son crâne elle arrêta son geste et ses traits se rembrunirent un peu plus qu’à l’accoutumée.

- Je peux pas porter la couronne ET la casquette, grommela-t-elle avant de se tourner vers leur patron, Je suis obligée de la porter ?

Bien sûr il le fallut, ce qui tira un profond soupir d’agacement à la gamine qui arracha la couronne de Méduse de son crâne en provoquant le retour de sa chevelure blonde. Elle glissa ses cheveux noués en queue de cheval par le trou à l’arrière du couvre-chef puis plissa les yeux en examinant son achat. Peut-être que…

** Ça marcherait par-dessus ? **

Avec un scepticisme visible la surdouée posa la couronne par-dessus et par miracle ses cheveux se remirent à siffler et se mouvoir, véritable nid de serpents. Après un hochement de tête satisfait elle prit une chaise en salle de pause et se servit un thé à une machine mise à l’heure disposition. Il restait encore un quart d’heure avant l’ouverture et une –trop- longue journée de travail.

Ses yeux glacés glissèrent jusqu’au visage de Selene qui avait l’air de supporter de moins en moins l’indifférence dont elle croyait être la cible. Dakota pencha la tête de côté, évaluant mentalement si elle avait le courage ou non d’être sociable. Bon, un petit peu devrait être supportable…

- … tu veux un thé ou un café ?

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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeSam 14 Jan - 15:16

Voir Gloutoniskaïa s’éveiller était vraiment d’une superbe encourageante. La ville n’avait rien à voir avec Sextus que l’adolescente n’avait vu que brièvement, ni avec Telehem, ni rien de ce qu’elle avait connu de son premier voyage en réalité. Pour elle qui avait l’imagination débordante, qui s’était copieusement nourrie de contes et autres légendes, c’était vraiment un rêve. Peut-être réagissait-elle de la sorte parce que son enfance avait été d’une trop dure réalité, et que si elle ne pouvait pas s’évader de la violence régulière, son esprit lui, était libre de divaguer. Qu’importe, le fait est que c’est de plutôt bonne humeur que la rouquine arriva sur son lieu de travail pour trouver Vendredi qui leur désigna des uniformes cette fois.

Ce n’était pas forcément très esthétique en soi, mais elle n’était pas venue travailler dans une boutique de cosmétique. Elle enfila donc les vêtements magiques sans rien dire, puis se tourna vers Dakota qui n’ouvrit la bouche que pour se plaindre qu’elle ne pouvait garder sa casquette ET sa couronne. La galloise lui aurait bien rétorqué avec douceur qu’elle n’avait pas nécessairement besoin d’un nid de serpent sur la tête pour travailler à la caisse, mais soit, la concernée avait trouvé une alternative. Selene réquisitionna un élastique auprès de son patron pour pouvoir attacher ses longs cheveux flamboyant en queue de cheval et les faire passer par le trou de sa casquette.

Une petite pièce dérobée entre deux rangées de vivarium servait visiblement de salle de pause et les deux voyageuses y furent conduites pour attendre l’ouverture. Encore une collation dans un silence dérangeant ? Non, cette fois, Dakota fit l’effort de lui demander ce qu’elle voulait. La toquée répondit avec un sourire :

- Un thé s’il te plait.

Une fois que le breuvage magiquement amené à une température buvable lui fit servi, elle remercia son amie et but timidement une gorgée après s’être choisi 1 sucre. C’était bon, de quoi la motiver plus encore de prendre son travail à cœur. Et puis, elle avait de quoi dessiner des épouvantails en cas de besoin cette fois, elle ne serait plus seule, de quoi aborder cette journée avec enthousiasme. D’ailleurs, elle déposa toutes ses affaires dans un coin de la pièce et s’assit sur une chaise. Ce simple fait lui rappela Sydney et sa manie de se réfugier sur les bancs, mais la jeune fille chassa rapidement cette douloureuse réminiscence. Elle se sentait un peu coupable de ne pas avoir fait plus de recherche pour retrouver leurs compagnons.

- Je n’aime pas vraiment le café, dit Selene sur le ton naturel de la conversation, sauf les cappuccino en général. Mais je suis plus habituée au thé… ma tante est fan, elle en fait régulièrement.

Elle but une autre gorgée. Celle fois-ci, avec le goût de la menthe lui vint un lot d’images, souvenirs qui lui manquaient inconsciemment. Même si la sœur de sa mère dépréciait grandement son obsession pour les épouvantails – plus par inquiétude qu’autre chose – elle était quelqu’un de vraiment gentil, qui avait pris soin de ne pas brutaliser la petite traumatisée qu’elle était en arrivant aux États-Unis. La toquée se sentait aussi mal de ne rien lui avoir dit, d’être rentrée à San Francisco après une épreuve horrible, mais d’avoir fuit dans la limousine d’une inconnue. Sa tante allait sans doute s’inquiéter de ne pas la voir rentrer, surtout avec toutes les histoires qui doivent courir à la télé sur des « individus auxquels certains témoignages accordent des capacités particulières ».

- Tu prends quoi toi en général ? Tu mangeais rien même dans le monde réel ?
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeSam 14 Jan - 16:06

Elle n’avait jamais vraiment compris ce besoin qu’avaient les gens de raconter leur vie à la suite d’une question sans réel rapport. La première réponse aurait suffi mais non, il avait fallu que la conversation dérive sur le capuccino, sa tante et… ses propres goûts. Que Selene veuille parler d’elle était une chose, mais forcer une Earnshow à faire de même était autrement plus délicat. Dakota pinça les lèvres, se les humecta puis fini par lâcher à contrecœur :

- Je mange, mais pas beaucoup… et pas souvent. J’ai juste pas faim.

Un serpent vint taquiner son cou, comme pour lui signaler que la réponse n’était pas suffisante. Le reptile fut chassé avec un agacement qu’elle ne prit pas la peine de camoufler avant de boire une gorgée de son thé brûlant. Elle voulait bien écouter tout ce qu’on lui racontait, ça ne pouvait pas être pire ou plus inintéressant que la majorité des programmes télévisée qu’elle suivait régulièrement, mais se livrer restait infiniment dérangeant. Pourquoi faire déjà ? Pour « vider son sac » ? A part se sentir encore plus mal, stupide et ridicule elle ne voyait pas trop ce que ce genre de thérapie pourrait lui apporter. Et puis il fallait être réaliste : qui s’y intéressait ? Les gens feraient juste semblant de compatir et hocheraient la tête en se demandant quand elle en aurait fini. Ainsi allait la vie.

Mais pas pour la rouquine apparemment, qui était suspendue à ses lèvres dans l’espoir que d’autres mots en sortiraient. La surdouée ne savait pas quoi rajouter sans rentrer dans des détails qu’elle ne souhaitait aborder, elle se contenta donc d’une gorgée de thé supplémentaire non sans jeter un coup d’œil rapide à l’horloge. Encore 12 minutes, bien trop long pour esquiver le sujet éternellement.

- Je pense trop, j’angoisse et ça me noue l’estomac. C’est pour ça aussi que je n’arrive pas à dormir. Ce sont juste des conséquences de ma phobie. D’ailleurs si on pouvait éviter le sujet…

Dakota marqua une pause avant de plonger son regard glacial dans les yeux noisette de la toquée.

- Je sais que je t’ai dit des choses dans la limousine, mais il faut bien comprendre que j’étais en pleine crise de panique. Je ne suis pas du genre à me confier, du tout. Je déteste m’ouvrir aux gens. Je ne t’empêche pas de me parler de toi bien sûr, mais je tiens juste à t’informer que la réciproque sera très rare, voire inexistante.

Ça aurait eu de quoi refroidir n’importe qui et Selene n’échappait pas à la règle, si bien que la surdouée s’en voulu d’avoir foulé au pied tous ses efforts du jour précédent. Il aurait fallu ajouter quelque chose de rassurant, de gentil, mais rien de la sorte ne lui venait à l’esprit. Faute de mieux elle ajouta avec un haussement d’épaule :

- C’est pas contre toi, ça n’a rien de personnel. Je t’apprécie plutôt en fait, c’est juste que ça… ce n’est pas moi.

Qu’est-ce qu’il fallait pas faire pour ménager les sentiments de ses « compagnons »… même s’il était vrai qu’elle n’avait rien contre la toquée, elle était loin de l’aimer autant qu’elle le laissait entendre. Peut-être qu’un jour elle pourrait occuper une place similaire à celle de James dans son cœur mais pour l’heure elle n’était qu’une adolescente trop naïve, trop sensible mais qui produisait une merveilleuse pilule bien utile. C’était un mode de pensée calculateur et amoral, mais c’était bien la dernière chose qui l’inquiétait. Le principal était de ne pas braquer Selene pour qu’elle respecte sa promesse, et un jour qui sait, ce mensonge n’en serait plus un.

L’adolescente termina son thé alors qu’il restait encore 7 minutes de pause. C’était fou comme le temps passait lentement quand on s’ennuyait on qu’on était mal à l’aise. Elle abaissa la casquette sur ses yeux comme si ça avait pu lui permettre de fuir cette pièce et soupira de nouveau. Si seulement elle avait été dans le monde réel, elle aurait eu ce qu’elle voulait avec un peu d’argent, et elle possédait ce dernier en telle quantité qu’elle n’aurait même pas senti la différence sur son compte en banque.

Mais ici c’était Dreamland, et il fallait faire des efforts et donner de sa personne. Se laisser juger par des gens qui n’en avait ni la capacité ni le droit. Si fatiguant…

- Je t’ai vexé ? interrogea-t-elle, toujours masquée par sa casquette.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeSam 14 Jan - 17:14

Selene s’était peut-être attendue à une réponse « made in Dakota », mais sans doute pas que cette dernière lui dise texto qu’elle n’avait pas envie de se confier parce que ce n’était pas son truc. Face au regard glacé plongé dans ses pupilles noisette, elle resta muette d’étonnement. Ce n’était pas de la tristesse ou de la peur, elle se doutait que la blondinette n’était pas très bavarde, elle ne pensait juste pas que c’était un trait de caractère exacerbé au point qu’elle la rembarre lorsqu’elle essaye d’ouvrir la conversation.

Le cas de la limousine était une exception alors, elle s’était juste trouvée au bon endroit au bon moment pour prêter une oreille à sa cadette. Soit. Au fond, la rouquine souffrait un peu de cette déclaration qui la remettait à sa place, c'est-à-dire pas aussi proche de la phobophobe qu’elle le pensait, mais si elle disait que ce n’était pas elle… alors elle ne pourrait pas grand-chose. Elle ressentit même un élan de culpabilité d’avoir voulu la forcer à parler alors qu’elle n’en éprouvait pas l’envie, et baissa tristement ses yeux son son thé dont elle but une gorgée. Amer. Quand sa comparse lui demanda si elle l’avait vexée, Selene redressa subitement la tête. C’est l’impression qu’elle avait donné ? Sans doute si on lui posait la question. Un petit sourire, gêné mais sincère, étira ses lèvres roses.

- Ne t’inquiète pas, ça va. Je suis désolé de te déranger avec mes questions alors… je t’en poserai plus.

Et c’était vrai. Elle n’était pas du genre à forcer les gens qui ne voulaient pas parler, ni à imposer sa compagnie. En fait, la galloise était plutôt de ces adolescentes capables de se faire oublier, ou de s’en aller si on leur demandait ou si on leur faisait comprendre qu’elles étaient en trop. Peut-être valait-il mieux que Dakota ne le sache pas d’ailleurs, sinon elle serait peut-être capable de la congédier pour avoir la paix ; et même si Gloutoniskaïa était génial, c’était toujours mieux de l’explorer avec quelqu’un.

Pour occuper les quelques minutes qui restaient avant l’ouverture, Selene tira donc son carnet de son sac pour griffonner des visages de Jack Skellington qui les souriaient comme jamais. De cette façon, elle fût totalement zen au moment où Vendredi vint les chercher pour leur informer qu’il ouvrait officiellement le magasin. Elle finit son thé d’une traite et se rendit au milieu des cages, la zone d’action qui serait la sienne pour la journée. D’ailleurs, l’adolescente se rendit compte que les boursouflets manquaient d’herbe. Elle s’attela donc rapidement à remplir leur gamelle, écartant précautionneusement les plus affamés qui venaient se coller à ses mains. La douceur de leur poil était si incroyable que la rouquine ne put s’empêcher d’en grattouiller un sur ce qui lui sembla être le dessus de son crâne avant de fermer le vivarium.

La télé s’alluma comme par magie, vomissant déjà sur les salariées qu’elles étaient des émissions sans grand intérêt que la phobophobe allait surement regarder toute la journée. Après s’être assurée qu’aucun des animaux, du plus banal au plus saugrenu, ne manquait de rien, Selene s’assit dans un coin en attendant les premiers clients. Pour l’instant, une sorte d’épisode de téléréalité qui s’appelait « Magic Academy » diffusait les aventures de ses candidats avec force d’interviews privées et de flash-back.

Elle poussa un soupir en constatant que le caractère navrant des productions du monde réel pouvait se retrouver jusqu’ici, puis se remit debout lorsqu’une cliente accompagnée d’un petit garçon ouvrit la porte de la boutique. Il ne devait pas avoir plus de cinq ans, mais il était sage comme une image, accroché à la jupe de sa mère dont il partageait les grands yeux noirs.

- Vas-y, lui dit-elle avec douceur, va demander ce que tu veux, maman doit acheter à manger pour Flammèche.

Tandis que la grande femme brune déplia une liste de course qui n’était autre que divers ingrédients destinés à être utilisés pour nourrir les dragons domestiques, son fils trottina timidement jusqu’à la toquée et leva vers elle ses grands yeux qui lui arrachèrent un grand sourire attendri.

- Oui ?
- Je… je voudtrai un ssien s’il vous plait madame.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeSam 14 Jan - 19:30

Elle s’était vexée. Pour sortir ce genre de réponse c’était bien obligé, après tout Dakota avait bien dit que ça ne l’ennuyait pas d’écouter, alors si la toquée venait à expliquer son silence par peur de la déranger c’était soit qu’elle manquait terriblement de logique, soit qu’elle avait pris la mouche. Tant pis pour elle, la surdouée en avoir marre de fournir efforts sur efforts pour un résultat moindre, voire inexistant. Si Selene voulait devenir son amie il lui faudrait s’affirmer un peu plus et arrêter de fuir comme ça au moindre obstacle. Même pour toutes les pilules magiques du monde Dak’ ne se voyait pas faire le boulot de deux pour construire cette relation.

L’heure de commencer arriva bientôt et sa camarade en profita pour fuir vers l’espace où étaient gardés les animaux. Dakota quant à elle se rendit vers sa caisse pour vérifier que tout était en ordre pour l’arrivée des premiers clients. Après avoir retourné le panneau sur la porte pour qu’il indique « ouvert », elle réapprovisionna les stocks de nourriture qui jouxtait sa caisse, soigneusement rangés sur des étagères disposées à cet effet. Ça l’occupa un bon moment jusqu’à l’arrivée d’une mère et de son fils en bas âge et nécessitant de toute évidence une visite chez l’orthophoniste.

- Un ssien ? Au lieu de lui acheter une bestiole apprenez lui d’abord à parler correctement, persifla la blondinette hors d’atteinte des oreilles qui auraient pu trainer dans le coin.

Il lui fallut ravaler ses autres remarques acerbes car la génitrice du petit gars qu’elle méprisait oralement se dirigeait vers elle pour s’intéresser à la nourriture pour dragons. Dakota l’observa un moment en mettant en rayon des bocaux d’herbes à boursoufflet, avant de constater que la femme ne trouvait pas ce qu’elle voulait, ce qui voulait dire qu’elle allait devoir lui parler .

**Misère…**

- Excusez-moi madame, mais vous avez besoin d’aide ?

- Et bien à vrai dire oui. J’avais vu dans une publicité récente que vous vendiez des dragroquettes, les croquettes pour dragons avec un mélange de vitamine spécifique aux fignis, les « petits rouges » des monts ferraille. Pourtant je ne les vois nulle part… vous êtes en rupture ?

- Je ne pense pas, on doit en avoir en réserve. Je vais aller vérifier.

L’occasion de s’éclipser était trop belle, et le calme de la réserve apaisant. Voir Selene faire mumuse avec le gosse en arrière-plan était probablement le pire. La mère, même mauvaise en éducation, avait au moins le mérite d’être socialement supportable. Il ne fallut pas longtemps pour mettre la main sur ce qu’elle cherchait et revenir avec un carton plein sous le bras. La cliente se saisit de deux paquets qu’elle paya sans se faire prier mais en lui demandant toutefois de lui en réserver deux pour son prochain passage dans un mois. La blondinette en prit note dans son carnet de commande et laissa la femme rejoindre son rejeton avant qu’il ne rende la toquée encore plus folle qu’elle n’était déjà.

L’argent dans la caisse et personne pour l’importuner elle put finir de ranger le rayon et retourner devant la sacrosainte télévision qui vomissait sur eux un flot d’inepties qui n’étaient pas sans rappeler celles de leur monde. La « Magic academy » hein ? Juste un ramassis d’apprentis mages plus cons que leurs pieds, bien plus doués pour se draguer et raconter de la merde que pour apprendre la magie. Au bout de 5 minutes Dakota avait d’ailleurs un avis bien arrêté sur le possible avenir sorcier de la quasi-totalité des candidats. Pour information, ça commençait par « au » et finissait par « cun ».

Les clients finirent par revenir près de sa caisse pour régler l’achat du chien que le mioche ne semblait pas vouloir lâcher malgré la bave dont il dégoulinait à cause des léchouilles dont l’abreuvait l’animal. Certains auraient pu trouver ça mignon mais pour Dakota c’était juste répugnant. Bon dieu, elle n’aimait vraiment pas les animaux…

- Alors avec la laisse, le collier et un sac de croquettes cela vous fera 650 rubz s’il-vous-plait, leur annonça-t-elle en arborant son sourire commercial qui commençait déjà à faire souffrir les muscles peu habitués de ses joues.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeSam 14 Jan - 21:39

- Un chien ? rectifia l’adolescente avec un sourire. Viens avec moi…

Instinctivement, elle lui tendit la main pour qu’il la prenne et le tira jusque devant un box où vivaient une dizaine de chiots. Certains dormaient encore, blottis les uns contre les autres, affichant des bouilles craquantes, alors que deux ou trois crapahutaient joyeusement en poussant des couinements amusés. La liste des différentes races était affiché sur des étiquettes, il y en avait même que la rouquine ne connaissait pas du tout, mais ça n’était certainement pas ce qui parlerait à un enfant de bas-âge.

- Alors, regarde, ils sont là. Tu sais déjà quel chien tu veux ?
- Un mignon !
- Ah, fit la galloise en éclatant de rire, je suis d’accord avec toi, j’en aurais voulu un pareil. Je te laisse choisir alors ?

Le bambin aux grands yeux noirs hocha la tête et épia alors chacune des bestioles, mais dès qu’il en désignait une en s’exclamant « lui ! lui ! », il changeait d’avis aussi rapidement pour finalement opter pour sa voisine, et ainsi de suite. Le guider ne servit à rien, et ce fut finalement l’arrivée de sa mère qui permit de le canaliser pour le faire choisir ce qui ressemblait à un petit husky blanc aux airs de peluche. Selene s’occupa de le sortir de son habitacle, l’arrachant malheureusement à une passionnante partie de chat engagée avec un comparse épagneul, puis le remit au gamin qui lui embrassa aussitôt la truffe en clamant :

- Merci !

Le chien, réceptif à cette marque d’affection, poussa un couinement avant de se mettre à lui léchouiller l’intégralité du visage. La toquée les regarda partir et régler avec un sourire, et la dernière parole qu’elle entendit de ce petit dreamlandien fût lorsqu’il sortit de la boutique en compagnie de sa mère :

- Dis môman, je peux l’appeler Petitpon ?

Un petit rire gagna la galloise qui se réfugia derrière une main pour dissimuler son hilarité. Elle le trouvait mignon ce gosse. Au même instant, un grand fracas retentit du coté de la télé : l’un des apprentis mages de la « Magic Academy » venait de mettre le feu aux vêtements d’une comparse de loft en ratant un sortilège et après qu’un autre candidat eut essayé de l’aider, le seul changement fût que les flammes étaient devenues mauves. Selene secoua la tête de dépit, affligée par ce qu’elle était en train de voir.

- C’est vraiment nul…, commenta-t-elle, faut croire que les téléréalités de ce monde ne sont pas mieux que celles du notre.

Remarque, ça n’était pas étonnant, suffisait de repenser à l’endroit d’où provenait les éléments de Dreamland. Est-ce qu’il y avait aussi des équivalents des émissions de chansons ici ? D’ailleurs parlant de musique, qu’est-ce qu’ils aimaient les habitants locaux ? Elle n’avait encore jamais eu l’occasion de prendre le temps d’en écouter depuis son arrivée. Est-ce qu’ils avaient des goûts similaires aux voyageurs ? Ou bien avaient-ils aussi développé des concepts musicaux totalement différents, voire entièrement oniriques ? La galloise se promit de se pencher sur la question alors qu’un bande de trois filles et deux mecs qui ne devaient pas avoir plus de 14 ans entrèrent en discutant.

Le regard de l’un des individus masculin s’attarda d’ailleurs plusieurs secondes sur le visage de Selene, mais à peine s’apprêtait-elle à demander si elle pouvait les aider que l’une des filles déclara :

- On ne fait que regarder, merci.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeSam 14 Jan - 23:13

La bande d’adolescents qui venait d’entrer ne plaisait pas, mais alors pas du tout à Dakota. Adolescence rimait avec puberté, qui rimait à son tour avec bouleversements hormonaux, stupidité et inconscience. L’un des filles tournaient décidément trop autour d’un étal de porte-clefs à l’effigie de toutes sortes de bestioles alors que ses amis s’extasiaient le visage plaqué contre un vivarium abritant d’énormes salamandres. La surdouée aurait mis sa main à couper que cette nana voulait voler quelque chose, et que l’un de ses amis aurait bien bécoté Selene dans l’arrière-boutique. Mais que ce soit pour l’un, pour l’autre ou pour leurs tripotée de camarade aucun d’eux n’avaient rien à faire ici. Ils n’achetaient rien ? Alors qu’ils sortent.

La blondinette rejoignit la voleuse en herbe alors qu’elle tentait de glisser un objet dans sa poche et referma sa petite main sur son poignet en s’éclaircissant bruyamment la gorge. Elle n’avait pas perdu son sourire commerciale et ça la rendait presque plus inquiétante, associé à son regard glacé et méprisant. L’attention du petit groupe s’était peu à peu tournée vers elle, et elle en profita pour faire passer un message clair.

- Ce n’est pas ce qu’on appelle « regarder », malgré tout le respect que je vous dois. Je me vois dans l’obligation de vous demander de sortir, et je pense que vos amis ne verront aucun inconvénient à vous accompagner.

- Je ne suis pas une vo… commença à s’insurger l’adolescente.

- Oh ? l’interrompit Dak’, Et c’est pour ça que vous avez déjà deux autres porte-clefs dans votre poche de veste je suppose ?

Un silence lourd de sens retomba alors que la fille rendait à contrecœur ce qu’elle avait volé avant de sortir en claquant la porte, l’air hautain. Les autres ne tardèrent pas à suivre y compris le garçon qui lorgnait sur Selene, mais pas sans lui avoir glissé dans la paume de sa main au préalable un papier ou était griffonné son numéro de téléphone. Il lui lança un « appelle-moi ! » avant de quitter la pièce sous le regard méprisant de la surdouée qui glissa bien vite vers la toquée. « Tu ne vas pas garder ça quand même ? » insinuait ce regard froid et implacable.

La princesse serpent fit néanmoins volte-face sans rien dire pour retourner à sa caisse et s’occuper des clients médusés qui y patientaient sagement sans oser troubler cette scène de tension. Les heures qui suivirent furent bien plus calme, à croire qu’une rumeur avait fini par courir, comme quoi on ne rigolait pas avec les vendeuses de l’animalerie. Les badauds qui passaient étaient tous sérieux, polis et savaient ce qu’ils voulaient… mais ça ne pourrait durer éternellement. Dakota le savait bien.

Les heures filèrent entre encaissement, programmes télé variés et entretien des rayons, puis le sacrosaint moment de la pause déjeuner arrive alors que l’horloge indiquait 13h30. La phobophobe fila vers la salle de pause pour s’attabler devant –Ô surprise- une biscotte. Sur un coup de tête elle ajouta une pomme à son repas frugal et se força à ne pas croiser le regard mi culpabilisateur, mi compatissant de la toquée. Elle n’avait pas faim, elle n’avait pas faim voilà tout ! Qui pourrait avoir la dalle avec un pseudo Dieu au cul, ainsi que la moitié des habitants d’un monde ?

- Bon ap’, annonça-t-elle avant de mordre dans sa pomme.

Le manque de nourriture entrainait une réelle faiblesse dans ses membres ainsi qu’une belle migraine et si ce repas ne put les faire disparaitre il avait au moins eut le mérite de les atténuer légèrement. Il s’était déroulé dans un silence rythmé par leurs bruits de mastication mutuel et ce n’est qu’au moment du café à 14h15 que Dakota daigna ouvrir la bouche en déposant un thé devant Selene.

- Tiens… mais tu sais tu as le droit de me parler, vraiment. C’est très agaçant là, j’ai l’impression que tu me fais la gueule parce que je refuse de me confier. C’est si grave que ça pour toi ?

En réalité le silence ne la gênait pas, mais de ne pas comprendre ce qui se passait dans le crâne de la rouquine c’était une autre affaire. Il fallait aussi avouer qu’elle n’était pas contre glaner des informations sur ses compagnons. On ne savait jamais ce qui pourrait être utile le moment venu, comme moyen de pression où autre situation moins fourbe.
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeSam 14 Jan - 23:40

Selene gardait un œil sur les jeunes, malgré qu’ils aient manifesté la volonté de ne faire « que regarder », mais l’un d’eux lui jetait des regards de plus en plus insistants. Feignant de se pencher avec enthousiasme sur l’habitacle de grosses salamandre, la rouquine fût persuadée de l’avoir vu glisser quelque chose à l’oreille de son complice, qui lui aussi zieuta la rouquine d’une façon qui n’était pas des plus discrètes. Elle pouvait être naïve pour beaucoup de chose, mais plus assez pour ne pas se rendre compte que l’un des deux adolescents avait flashé sur elle. Incapable de rester de marbre, la galloise détourna les yeux en rougissant alors que Dakota interpelait une voleuse en herbe pas douée pour un sou.

Toute la bande fut jetée dehors par la phobophobe qui semblait prendre très à cœur la volonté de maintenir un ordre stricte dans la boutique dont elle était responsable, mais l’intéressée fut assez courageux pour glisser à Selene un papier sur lequel était griffonné son numéro de téléphone. Le contact fugace de sa peau contre la sienne résonna longtemps en échos sur ses doigts fins, alors que ses yeux essayaient d’imprimer le souvenir de son visage. Il était mignon non ?

Le regard glacé de sa collègue la fit rougir plus encore. Elle secoua la tête, faisant mine de chercher une poubelle où balancer le numéro, mais se ravisa dès que les orbes bleus glaciers l’avaient quitté. Après tout, si elles étaient destinées à rester à Gloutoniskaïa un certain temps, il n’y avait rien de mal à vouloir se faire quelques amis de son âge ?! Après tout, les voyageurs se plaignaient sans cesse d’être mis à l’écart par la population locale ; mais s’ils ne trainaient qu’entre eux, c’est sûr qu’ils n’allaient pas s’intégrer.

Forte de cette excuse qui justifiait le fait qu’elle ne jette pas le numéro de l’inconnu immédiatement, Selene courut le ranger dans ses affaires et revint s’occuper des clients. Le temps s’effilocha alors avec une monotonie plate et régulière, comme si les clients s’étaient passé le mot qu’ils faisaient mieux de venir organisés et décidés. D’ailleurs, l’adolescentes n’eut pratiquement aucune bestiole à sortir, le plus gros des demandes ayant été concentrées sur le rayon d’activité de la blondinette. C’est donc principalement en suivant sans conviction les programmes de la télévision que la galloise vit venir le moment de la pause. N’ayant rien sur elle à grignoter dans l’immédiat, elle décider d’essayer de réutiliser le pouvoir qui s’était imposé la veille. Peut-être pourrait-elle influer le contenu ?

Néanmoins, si l’effet escompté – à savoir : faire apparaître un paquet cadeau – fût atteint, le premier élément étrange résidait dans le fait que la couleur de l’emballage était différent. Soit. Selene ouvrit son paquet pour découvrir… une paire de ranger, magiquement à sa taille. Dans l’absolu, c’était très bien, quoique superflu car elle en avait déjà, mais… ça ne se mangeait pas. Avec dépit, elle sortit donc rapidement s’acheter un sandwich pour revenir le déguster en salle de pause en compagnie de la phobophobe. Elle ne pipa pas un mot, soucieuse de ne pas déranger son amie, mais lorsque cette dernière déposa un thé devant elle en guise de digestif, elle haussa un sourcil agréablement surpris. Elle ne l’avait pas seulement écouté ce matin, elle avait même enregistré ses goûts, c’était sympa de sa part.

- Non, ce n’est pas grave, assura-t-elle d’une voix douce, j’ai juste… pas envie de déranger c’est tout. Mais si tu dis que ça ne te gêne vraiment pas, je ne me priverai pas pour te raconter quelque chose.

Un petit rire illumina ses traits avant qu’elle ne boive une gorgée de son thé. Ça faisait vraiment du bien, c’était réconfortant. La rouquine commençait à comprendre la force si symbolique de la pause dans le monde du travail, c’était vraiment des minutes bénies.

- D’ailleurs, commença Selene, je me demande ce qu’il me trouvait le mec ce matin… c’est pas comme si cette uniforme me rendait « super jolie », déjà qu’à la base…

Elle leva les yeux au ciel avec une mimique qui indiquait clairement ce qu’elle pensait de son apparence. Néanmoins, elle reprit la parole, l’air un pensive :

- Mais il ressemblait un peu à mon ex petit-copain… le seul que j’ai jamais eu en fait. C’est assez bizarre.

La rouquine haussa les épaules et but encore de son breuvage. Ça n’était pas non plus spécialement passionnant ce qu’elle racontait, mais aborder des futilités, c’était toujours le meilleur moyen de chasser la charge de travail – et surtout les lourds problèmes qui planaient au dessus de leur tête – loin de son esprit. Elle y songerait bien assez tôt.


Dernière édition par Selene Nymphadora le Dim 15 Jan - 0:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeSam 14 Jan - 23:40

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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeDim 15 Jan - 19:33

Voir Selene faire apparaitre un cadeau lui rappela qu’elle aussi avait pu le faire dans le monde réel. L’envie de connaître la fréquence d’utilisation de ce pouvoir commun ainsi que l’éventail d’objets qu’il pouvait apporter titillait sérieusement la phobophobe lorsqu’elle vit que le contenu du paquet de la toquée différait de ce qu’elle avait eu par le passé. Un livre, des chaussures… c’était incohérent, potentiellement inutile mais surtout absurde. Une sorte de loto mystique leur offrant tout mais surtout n’importe quoi. Elle hésita pendant tout le temps de son déjeuner mais fini par l’utiliser à son tour alors que la rouquine commençait à, horreur, la prendre au pied de la lettre.

Un coup d’œil à l’intérieur du carton lui apprit qu’elle avait elle aussi hérité de rangers magiquement adaptées à sa taille, mais pas le temps de les essayer ou de réfléchir au phénomène car on lui parlait de garçon. De garçon… à elle qui avait aussi peu d’expérience en la matière qu’un bambin en fusion nucléaire. Elle regrettait presque d’avoir ouvert la bouche pour tirer sa camarade de son mutisme.

Qu’était-on sensé répondre à ça ? Lui dire qu’effectivement qu’elle était jolie ou simplement la vérité, c’est-à-dire qu’à cette âge-là les hormones rendaient la drague facile mais aussi peu sélective ? Quant à cette histoire d’ex et de coïncidence, Dak’ n’avait aucune opinion sur le sujet. Que des gens se ressemblent on le voyait tous les jours. Peut-être même que Selene ne faisait qu’associer deux situations, trouvant des points communs là où il n’y en avait pas, juste par désir de retrouver des bases solides et connues.

- Ah, finit-elle par lâcher, les mains toujours serrée sur sa paire de chaussures.

Ce n’était pas ce qu’on appelait une réponse développée, ni même une réponse du tout. Il n’y avait pas ici de sujet-verbe-complément, même pas de quoi être nommée « phrase », alors inutile de dire que ça ne satisferait en rien son interlocutrice. A chaque pas en avant, un autre en arrière était effectué. La surdouée se rendait bien compte qu’elle tuait ses efforts dans l’œuf et cette situation la dérangeait profondément. Elle aurait voulu stabiliser cette relation mais ça lui semblait vraiment être au-dessus de ses forces.

En plus elle n’y connaissait rien en histoire de cœur, ni à l’amour tout court. Elle ne pouvait même pas affirmer aimer ses propres géniteurs. La seule personne qui avait réussi à se tracer un chemin au coupe-coupe jusque son cœur était James et encore… cette relation cachait de bien sombres souvenirs qui entachaient régulièrement leurs rapports. Et puis il y avait bien Henry mais…

- Je sais pas trop quoi dire. Les mecs c’est pas mon truc, annonça-t-elle finalement avant de voir le double sens et d’ajouter, Enfin je veux dire par là que je n’ai jamais été amoureuse. De toute façon ça ne rimerait à rien, je suis promise à quelqu’un depuis mes 4 ans. Le fils d’un associé de mon père. Je l’ai vu 3 fois en tout et pour tout, mais ça ne change rien au fait qu’on se mariera une fois majeurs. A partir de là, chercher à avoir un petit ami serait une perte de temps et d’énergie terrible, tu ne crois pas ?

Elle avait balancé ça comme si ça n’avait aucun impact sur elle, mais s’était réellement le cas. Qu’elle se marie à lui ou à un autre, ou pas du tout… ce n’était pas ce qui changerait grand-chose. Le fait que cette union augmenterait son capital financier et son influence sur le marché était de même un point non négligeable qui l’empêchait de se révolter contre ce système injuste qui reniait ses désirs et sentiments personnels.

Mais le temps de s’étendre sur le sujet était déjà passé. 14h30 sonnaient et elles durent retourner au travail, Selene parmi ses animaux et Dakota derrière sa caisse avec en éternel bruit de fond le ronronnement de la télévision. Alors qu’elle venait d’en finir avec un énième client et que le journal de 16h commençait tout juste, un client que les deux filles ne connaissaient que trop poussa la porte, l’air perdu.

- James ?! s’exclama la blondinette sans quitter son comptoir.

Il n’y avait aucun doute, c’était bien lui. Elle réajusta sa couronne qui avait glissée par-dessus sa casquette et s’approcha, un sourcil haussé. Comment avait-il réussi à les trouver ?

- Mais… qu’est-ce que tu fais là ? Comment t’as su où l’on se trouvait ?


Dernière édition par Dakota Earnshow le Dim 15 Jan - 19:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeDim 15 Jan - 19:33

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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeDim 15 Jan - 20:48

Les passants se demandaient sans doute qui était cet individu qui courait comme un dératé dans les rues de la ville. Heureusement que dans sa course il n'avait rien renverser sur son passage ou fait tomber quelqu'un. Jules finit enfin par s'arrêter lorsqu'il ne put plus lever les jambes, essoufflé et un peu rouge. Il faisait chaud dans ce pays. Le jeune homme alla s'asseoir sur un banc et posa sa hotte à côté de lui en profitant pour sortir un peu Simone qui coqueta joyeusement, si ça avait des sentiments une poule, lorsqu'il l'a prit dans ses bras. Au moins elle était en parfaite santé c'était une bonne chose.

Les minutes passèrent en attendant de retrouver un rythme normal du coeur normal mais ce ne fut pas la seule chose qui retrouva son origine car James retrouva son apparence initiale et c'est avec un regard perdu qu'il regarda autour de lui. Qu'est ce qu'il foutait là ? Où est ce qu'il était ? La dernière chose dont il se rappelait c'était d'avoir traversé la salle pour aller dehors et puis pouf le noir complet. Est ce qu'il s'était évanoui et quelqu'un l'avait transporté sur ce banc ? Pourtant il semblait à l'adolescent d'être vachement loin du bar quand même...
Enfin ce qui perturbait le plus James était d'être perdu, c'était le cas de le dire. Il ne se souvenait même pas du nom du bar et ne pourrait par conséquent demander son chemin à quelqu'un...L'adolescent ne pouvait de toute façon pas rester ici sur ce banc, il devait au moins chercher un plan. Peut être que ça rafraichirait sa mémoire.

James remit sa hotte sur son dos et déposa son animal de compagnie à terre pour qu'elle le suive. S'enfoncer encore plus dans cette ville était sans doute une mauvaise idée mais il n'avait que ça. L'adolescent erra donc comme un enfant perdu mais trouvant quand même le moyen de s'extasier devant de nombreuses choses...Comme des étalages d'objets magiques, de personnes les utilisant ou bien encore des choses improbables qui volaient comme dans un rêve. C'était ça il avait l'impression de rêver dans le monde des rêves.
Au bout de quelques temps James finit quand même par avoir faim mais ne trouva rien dans la rue où il était . Il y avait juste une boutique d'animalerie. Peut être le ou la vendeuse accepterait de l'aider ? L'adolescent parcourut donc la distance qui le séparait du magasin et entra à l'intérieur. La première chose ce fut les bruits d'animaux et puis CETTE voix.

- Dakotaaaaa !!

Un sourire de joie illumina le visage de l'interpellé qui ne perdit pas un instant pour serrer la blondinette dans ses bras. Il était tellement heureux de la revoir qu'une larme s'échappa de son oeil. Finalement il la lâcha quand même au bout d'un moment en se souvenant que c'était pas trop son truc et qu'elle lui avait aussi posé une question.

- Je me suis perdue...en fait je cherchais un endroit pour manger...

Ses yeux se posèrent sur les cheveux de son amie, du moins ce que c'était censé être à la base mais il ne croisa que des serpents. Heureusement qu'il n'avait pas peur des reptiles même si ceux là ne devaient pas être inoffensifs...

- Pourquoi tu as des serpents à la place des cheveux ?
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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeLun 16 Jan - 19:10

Surtout avec la réponse que lui avait précédemment fait Dakota sur son coté confidence, la toquée était loin de s’attendre à ce que cette dernière ne finisse par lui exposer que pour elle, les relations amoureuses n’avaient aucun sens parce qu’elle était promise à quelqu’un depuis ses quatre ans. C’était surprenant en fait, de savoir que ce genre de pratique archaïque – ou en tout cas monarchique sur les bords – se pratiquait encore avec autant de naturel. Ce n’était pas le genre de chose auquel on était confronté tous les jour quand on était du milieu moyen moins de Selene, et elle ne sut pas immédiatement quoi répondre. Bien sûr, de son point de vue, c’était quand même beaucoup plus sympa de rencontrer un garçon avec qui on délirait bien, qui était gentil et lui tapait dans l’œil ; mais c’était aussi normal qu’avec le caractère de la surdouée, elle trouve sa version beaucoup plus logique, ce qui n’était, dans l’absolu, pas faux.

- Tu as peut-être raison…, conclut la rouquine, pensive, n’ayant surtout pas le temps de s’étendre sur le sujet.

En rangeant ses rangers dans sa hotte, elle croisa encore le numéro du dragueur de la matinée, à croire que le destin cherchait à lui faire passer un message. Elle n’avait pas de téléphone de toute façon, mais il y avait peut-être des cabines quelque part dans cette ville… oh et puis pourquoi elle pensait ça, elle n’avait pas l’intention de reprendre contact le soir même. Normalement.

De retour parmi ses cages et vivarium, la galloise s’aperçut qu’une espèce de chinchilla capable d'enflammer certaines parties de son pelage n’avait plus de quoi manger. Elle s’appliqua donc à lui remplir sa gamelle avec précaution : la veille, elle avait failli se faire roussir le bout des doigts. La bestiole était mignonne pourtant, et l’adolescente la regarda grignoter avec attendrissement jusqu’à ce qu’une cliente vint lui demander de lui sortir un gecko.

Ainsi, l’après-midi se poursuivit, sans grande agitation, et elle s’efforçait de répondre aux besoins des visiteurs le plus précisément possible. Avec l’aide de ses fiches, le métier rentrait vite, et la jeune fille se surprit même à retenir plusieurs informations jusqu’à être capable de les restituer de mémoire. Finalement, c’était peut-être un plan de carrière pour elle ? Même si dans le monde réel, ce genre de boulot devait être beaucoup moins drôle ; Gloutoniskaïa apportait sa dose de magie et d’originalité à tout.

16h approchait quand une figure familière pénétra dans la boutique, après le départ d’un client qui venait de régler à la caisse. Selene était extrêmement contente de savoir qu’il était en vie, son cœur fit même une pirouette toute particulière, mais il ne l’avait pas encore remarqué. Il sauta plutôt sur Dakota pour la prendre dans ses bras, alors elle s’approcha tout doucement, les mains dans le dos, avant de dire timidement :

- Coucou James, tu vas bien ? Les autres ne sont pas avec toi ?

Un voile d’inquiétude vint tempérer son soulagement : et si les autres étaient morts pendant l’attaque de la bibliothèque ? S’ils avaient été kidnappés par le Marchand de Sable ? Soudainement, la chape de plomb que représentait cette histoire revint s’installer au dessus de sa tête, donnant l’impression d’appuyer sur ses épaules frêles. Pourtant, elle sourit à son ami avant de lui dire :

- D’ailleurs, si tu veux à manger, je peux t’aider ; il y a une toute petite sandwicherie pas très loin, c’est là que j’ai été me chercher de quoi faire ce midi.
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Dakota Earnshow

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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeLun 16 Jan - 20:19

Raide comme un piquet, Dakota attendait sagement que l’étreinte que lui imposait James prenne fin. Non pas que cela la dérangeait, mais les démonstrations affectives n’étaient vraiment pas dans ses habitudes. Elle se contenta de tapoter légèrement le dos de l’adolescent juste avant qu’il ne se détache d’elle avec la larme à l’œil. Alors il s’était inquiété autant que ça pour elle ? Étrangement… ça la touchait. C’était bien la première fois que quelqu’un s’inquiétait sincèrement de son sort.

Le hasard avait visiblement bien fait les choses pour James et les deux adolescentes, le garçon les ayant trouvés en rentrant simplement dans la première boutique venue après s’être perdu. Le terme « perdu » l’intriguait sérieusement, car on ne se perdait que lorsqu’on partait d’un endroit connu pour un autre sans repaires, mais il ne connaissait rien ici non ? A moins qu’il parle du reste du groupe ce qui signifierait du même coup qu’ils étaient tous vivants. La surdouée supposa que c’était une bonne chose, mais elle aurait tout le temps de vérifier ses hypothèse une fois leur travail terminé. Il y avait fort à parier que Vendredi ne verrait pas d’un bon œil ses employées batifoler avec un inconnu.

Puis la question du psychotique arriva comme un cheveu sur la soupe. Elle les oubliait presque maintenant, le sifflement des langues reptiliennes ne formant plus qu’un fond sonore apaisant. La gamine réajusta sa casquette avant de répondre avec un sérieux désarmant :

- Parce que c’est mode.

Devant le manque de réaction de son ami elle rajouta en levant les yeux au ciel :

- C’était une blague, mais je suppose qu’elle n’était pas drôle. C’est juste une babiole utile que j’ai acheté pour me défendre, ça me transforme en une sorte de Méduse. Je trouve ça plutôt rassurant, même si je crains que ça ne forme pas une protection bien efficace face à une attaque similaire à celle de la bibliothèque.

Alors qu’elle penchait la tête, pensive, Selene les rejoignit pour se réjouir à son tour de ses retrouvailles inopinées. Elle se proposait déjà de remplir l’estomac de James et Dakota pris ça comme le signal d’un retour au boulot. La file commençait déjà à s’allonger devant sa caisse et il serait impoli de faire attendre les clients plus longtemps, sans parler des regards furieux dont ils commençaient à la darder.

Une fois qu’elle eut encaissé le dernier client et que James était revenu un sandwich entre les mains, leur patron remonta du sous-sol. La phobophobe profita de l’occasion pour lui signifier qu’elle voulait discuter, après quoi elle se mit en tête de faire engager leur ami. Il fallait être réaliste : ni elle ni Selene ne le prendrait à charge indéfiniment et il faudrait bien qu’il travaille à son tour un jour ou l’autre. Qu’ils soient tous employés dans le même endroit restait l’option la plus pratique pour tout le monde.

- Je peux vous demander une faveur ? Notre ami James que voilà cherche aussi un travail, pour la période que nous passerons en ville. Vous ne chercheriez pas une troisième personne par hasard ? Je me porte garante de son efficacité, c’est un garçon sérieux et je suis sûre qu’il fera de son mieux. J’en prendrais la responsabilité le cas échéant.

Parfaitement inconsciente de la pression que cette déclaration pourrait créer chez James, elle attendit avec un masque d’indifférence que leur employeur lui donne sa réponse. Il sembla réfléchir un instant, jaugeant le psychotique en se caressant le menton. Cette proposition impromptue n’était pas pour lui plaire mais après tout une paire de mains supplémentaire ne pouvait pas faire de mal, non ?

- Soit, je veux bien l’engager mais ne pensez pas pouvoir faire embaucher tous vos amis que vous croiserez ces prochains jours. Ce sera le dernier, je n’aurais pas besoin de plus de monde. Il n’aura qu’à s’occuper de renseigner les clients sur les différents animaux, leur alimentation et les soins à leur prodiguer en se servant des fiches que Selene utilise déjà. Il gèrera aussi les plaintes et réclamations du service après-vente. Cela vous convient ?

Sans laisser à James le temps de répondre Dakota acquiesça et en moins de deux un contrat magique se matérialisa de nulle part. Il ne restait plus que 4 heures à travailler et la paye ne serait pas bien grosse, mais il faudrait faire avec. Une fois le contrat signé et Vendredi repartit, Dakota adressa un vague sourire à son ami avant de conclure :

- Et bien c’est toujours ça de réglé. Au boulot !

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James Brooks

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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeMar 17 Jan - 20:02

Une mode ? James resta quelque peu sceptique se demandant si Dakota était sérieuse ou non. De la part de cette dernière c'était étonnant qu'elle se préoccupe soudainement de ce genre de chose...L'adolescent préféra quand même rester sans réaction au cas où le regard fixé sur les serpents. Son amie rajouta après un silence que c'était une blague. Certes pas drôle mais que Dakota tente ce chemin là était vraiment bizarre. La vraie raison de la présence de ces reptiles était donc l'achat d'un objet pour que la blondinette puisse se défendre. C'est vrai que l'on était jamais trop prudent.

- Je vois !

James avait toujours le sourire accroché aux lèvres et tenta même de caresser l'un des serpents du bout de son index. Sélène vint alors les rejoindre saluant l'adolescent qui fut ravie de voir qu'elle aussi était en vie.

- Coucou Sélène ! Je suis content toi aussi tu n'a rien ! Les autres ils sont en bonne santé aussi, en train de travailler dans un bar

Il faudrait d'ailleurs qu'il touche deux mots à Dakota tout à l'heure au sujet de ses trous de mémoire étrange. La rouquine en profita pour lui glisser l'existence d'une sandwicherie pas loin. James la remercia pour l'information et fila donc vers l'endroit indiqué pour remplir son estomac, Simone sur ses talons. Là bas il acheta un sandwich à ce qui s'apparentait à un jambon-fromage. Il paya les rubz nécessaires et revint ensuite dans la boutique tout en mangeant son repas. Ca faisait quand même du bien de remplir son estomac ! Dakota s'adressa alors à un homme qui devait être le patron du magasin et lui demanda une faveur. Et pas n'importe laquelle : celle d'embaucher James dans son magasin. Ce dernier en resta coi, sa mâchoire s'immobilisant en activité. C'était légal d'avoir deux emplois dans ce pays ? Enfin si il revenait au bar nul doute qu'il se ferait renvoyer à coup de pied au cul...Même si avoir l’œil de Dakota sur soi était quand même flippant...Mais si l'adolescente avait demandé à son chef c'était qu'elle souhaitait qu'il reste et ça...ça mettait du baume au coeur.

- Merci beaucoup Monsieur vous ne serez pas déçue !

S'enthousiasma t-il avant de signer le contrat qui avait comme son autre job apparut de nulle part. Son nouveau patron partit et James rendit son sourire à la blondinette.

- Merci à toi Dak' ! Je ferai de mon mieux !

Il s'adressa ensuite à Sélène qui était en quelque sorte sa coéquipière de fiche si il avait tout saisi.

- Tu peux me montrer ces fiches Sélène s'il te plaît ?
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Selene Nymphadora

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MessageSujet: Re: Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure   Avoir le monde contre soi n'est pas une sinécure - Page 2 Icon_minitimeMar 17 Jan - 21:11

Visiblement, les autres avaient aussi trouvé un petit travail, à croire que les grands esprits se rencontraient. L’important était qu’ils soient bien sains et saufs, ce qui rassura la rouquine. Elle poussa un poussa un soupir de soulagement avant de rapidement indiquer à James où trouver de quoi se sustenter. Une fois qu’il fut revenu avec un sandwich, Vendredi remontait justement, et Dakota finit avec son client avant de lui demander d’approcher. Avec toute la force de persuasion dont elle était capable, elle demanda la faveur de faire embaucher le psychotique, et obtenu gain de cause.

Selene accueillit la nouvelle avec un grand sourire : travailler aux cotés du jeune garçon serait sans doute un plaisir. Elle allait peut-être pouvoir discuter un peu, et ne plus être murée dans son mutisme lorsque le magasin se faisait vide de ses visiteurs. D’ailleurs, son nouveau collègue se tourna vers elle pour s’informer aux sujets des fiches dont avait parlé le patron. Avec la satisfaction de celle qui pouvait transmettre ce qu’elle avait appris, la toquée invita son ami à la suivre :

- Viens, c’est en bas.

Elle l’entraina donc vers l’escalier en colimaçon jusqu'à une pièce conçue comme une antichambre où était exposé tout un tas de chose comme d’étranges ustensiles, des réserves de nourritures, des gants…. Sur un mur, face à un couloir qui menait à d’autres cages et bocaux, une série de casiers aux noms des différentes espèces de l’animalerie étaient remplis par des feuilles cartonnées entièrement vierges. La galloise se tourna vers ces derniers qu’elle désigna d’une geste professionnel involontaire :

- Tout ce que tu peux vouloir savoir se trouvera là… je pense. Tu prends une fiche, et tu demandes ce que tu veux sur l’animal concerné… et la réponse s’affichera dessus. Si jamais tu as besoin de quelque chose de général, par exemple « quels animaux ne se nourrissent que les soirs de pleine lune ? », tu poses ta question face aux casiers, et les fiches correspondantes te viendront dans les mains toutes seules.

Pour quelqu’un qui ne serait pas habitué aux bizarreries de Dreamland, l’adolescente passerait certainement pour une folle, mais heureusement, James était même bien plus rôdé qu’elle. Avec un sourire timide, elle ajouta :

- Je te laisse faire un essai si tu veux. Je… je vais remonter si jamais on a besoin de moi. Si tu veux de l’aide pendant ton travail, n’hésite pas à me demander.

L’adolescente s’éclipsa donc, resurgissant à la surface au moment où une famille entière débarquait dans la boutique. Pour ceux qui en avait déjà vu, c’était le stéréotype même du père au ventre gonflé de bière, de la mère élancée aux cheveux blonds tirés qui avait un faux air sévère, et des trois gosses complètement insupportables. D’ailleurs, les deux plus petits qui ne devaient pas avoir plus de deux ans d’écart se chamaillaient déjà en courant autour de leurs parents, tandis que la plus âgée, d’environ treize ans, faisait éclater une bulle de chewing gum avec un air de fille gâtée insatisfaite à gerber.

- Et j’vous rappelle que je veux une grosse salamandre, plus grosse que celle de Laetitia, déclara-t-elle en jaugeant les cages avec dédain.
- Oui, oui, répondit sa mère en cherchant à se dépêtrer d’un de ses fils, et ARRÊTEZ TOUS LES DEUX !

Sa voix avait éclaté d’un bond, faisait sursauter la toquée qui s’approchait doucement. La coupable lui adressa un bref sourire en coin pseudo gêné avant de lui dire sèchement, en faisait totalement fi des formules de politesse :

- Ma fille voudrait une salamandre, montrez lui où elles sont.
- Et puis aussi, commença le père en se penchant vers Dakota, mon serpent des Monts arides n’arrête pas de changer de couleur en ce moment, et il refuse de manger. Vous sauriez pas ce qu’il a ?

Contrainte de garder le sourire, Selene proposa à l’adolescente de la suivre, mais elle présentait que le traitement du cas de cette famille n’allait pas être de tout repos. Elle regrettait presque la gamine de la veille avec son calinours.
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