C'est l'heure de se réveiller...

Deux hurlements stridents prirent naissance au même instant de deux gorges distinctes mais pourtant parfaitement semblables. La sueur qui perlaient sur les deux fronts étaient les seuls restes de la douleur intenses qu’elles avaient ressenties. La souffrance semblait si grande qu’elle brouillait leurs souvenirs, leur vision, leur identité. Elles se souvenaient vaguement d’avoir enquêté pour trouver ce qu’était devenu le père noël avec foule d’autres personnes, d’avoir fini par comprendre que le faux n’était rien d’autre que le vrai transformé par trop de frustration… puis d’avoir ouvert les yeux dans cette salle blanche emplie de lits. Peu à peu la compréhension faisait son bonhomme de chemin, elles avaient dû se réveiller voila tout, mais… mais alors…

Pourquoi étaient-elles deux ?

Le lit métallique était trop petit pour les accueillir et Elie s’était retrouvée projetée sur le sol comme une poupée de chiffon. Elle se releva en grognant, regarda autour d’elle le visage plissé par l’incompréhension et finit par lâcher lorsque ses yeux se posèrent sur son double, tremblante :

- J’existe ! J’existe putain ! Regarde Jade ! J’ai un corps !

Tout en se palpant, totalement abasourdie, elle errait dans la salle en se heurtant aux autres patients qui se réveillaient tous en pleurant, criant, gémissant ou juste rendus silencieux par le choc. Jade encore enfouie sous les draps blancs laissait courir son regards sur les visages familiers qui l’entouraient, comme sortis d’un rêve. Mais n’était-ce pas le cas après tout ? Elle voyait cet idiot de Yoru, la petite Myia, et ce pauvre Gabriel qu’elles avaient vendu… et dans ce coin n’était-ce pas Dakota et Selene ? Tous, elles les connaissaient tous ou presque, et parmi les patients se trouvait quelqu’un qu’elle ne pouvait pas rater.

- Melena !

Elle sortit en sursaut de son lit, manquant de se prendre les pieds dans les plis du drap. Elie lui jeta un regard courroucé qu’elle remarqua à peine, trop pressée de rejoindre la fenêtre devant laquelle son amie s’éveillait peu à peu. Ils étaient là, tous vivants, tous sortis sains et saufs de ce monde de malades. Et la bonne jumelle se promettait bien de ne jamais y reposer un orteil. Maintenant qu’elle et Elie étaient séparées on pouvait dire que sa thérapie était terminée non ? Tout est bien qui finit bien. Elle avait toujours aimé les happy end.

Maintenant remise de ses émotions, El’ comptait bien ne pas laisser se reproduire dans le monde réel le même schéma qu’à DL. Ce squelette pâle à tignasse brune ne poserait plus un seul de ses doigts sur son double. Elle ne lui laisserait jamais Jade, jamais. Elie attrapa donc sa comparse par le bras et entreprit de l’éloigner du lit mais elle se heurta bien vite à un corps massif planté devant la porte de la salle de repos. Elle leva les yeux, agacée par cette nuisance, et tomba nez-à-nez avec ce très cher Parkinson qui ne comprenait visiblement rien de ce qu’il arrivait.

- Mais… que… comment se fait-il que… vous ne devriez pas vous réveiller encore… et… mais vous êtes deux ?!

Le regard du pratique dévia pour s’arrêter sur Myia qui semblait trouver l’instant propice pour se changer en enfant. Une chance que l’homme ne soit pas cardiaque, et si cette vision ne lui fut pas fatale ce fut juste assez pour le faire sortir à reculons en bredouillant des choses incompréhensibles. Avant même qu’un patient n’ait pu dire quoi que ce soit il avait déjà refermé la porte derrière lui et quittait le cabinet dans l’espoir que tout cela n’était que du surmenage. Il avait besoin de vacances, et il les prendrait. Et si ce n’était pas ça mais la réalité il avait toutes les raisons de filer à l’anglaise…

Lorsqu’Elie reprit ses esprits, elle ouvrit la porte pour ne trouver qu’un bureau vide. Elle cria tout de même pour la forme :

- Reviens sale lâche ! On a droit à des explications je pense !

Mais seul le silence lui répondit, ainsi que la main de Jade sur son épaule qui la força à se retourner. La bonne jumelle lui adressa un sourire doux avant de glisser dans un haussement d’épaules qui eut le don de calmer l’élan de colère de son double :

- Laisse tomber, on est de retour après tout. Toutes les deux, puis se tournant vers Melena qui était enfin debout, enfin… toutes les trois.

Melena n’avait pas vraiment réalisé à quel moment elle avait sombré dans les ténèbres. Elle ressentait encore la chaleur douillette de l’usine du père Noël, tout comme l’odeur désagréable qui flottait dans son bureau la suivit dans son black out, mais une douleur déchirante tira tout son corps. Un instant, elle crut qu’elle allait mourir et se prit à paniquer, cherchant à se débattre comme les ombres épaisses qui la tenaient emprisonnées. Rien n’y faisait mais brusquement, elle ouvrit les yeux.

Un plafond blanc était suspendu au dessus d’elle. La lumière du jour s'y reflétait, comme les éclats de lumière mouvant qui provenaient certainement des reflets du soleil sur la tôle des voitures circulant dans la rue en contrebas. Les membres de la nécrophobe étaient encore engourdis, tout comme son esprit qui peinait à se remettre ; pourtant elle comprenait peu à peu. Une série de cris, pleurs, gémissements et autres exclamations pour le moment aussi incompréhensibles qu’une bouillie sonore l’incita à se redresser légèrement en s’appuyant sur ses coudes. Les ressorts du lit métallique grincèrent amèrement. Les cheveux sombres de l’adolescente cascadèrent sur sa poitrine ; ils sentaient encore son shampoing… le shampoing qu’elle avait utilisé en se lavant le matin de son rendez-vous chez Parkinson.

Melena crut entendre quelqu’un l’appeler par son prénom, mais l’agitation qui régnait lui donna tellement le tournis que sa tête retomba lourdement sur son oreiller. Elle souleva l’une de ses mains pâles au dessus de ses yeux afin de la détailler : aucune trace de blessure ni de fatigue. Bien qu’il fourmillait encore d’une sensation désagréable, son corps était parfaitement intact. Un instant… un court instant, la nécrophobe voulut croire que tout n'avait été qu’un mauvais rêve atrocement réel. Cependant, les vociférations d’Elie lui apprirent que rien n’était encore terminé…

La jeune fille se redressa et à sa grande surprise, les deux jumelles étaient là toutes les deux, à l’identique, dissociées l’une de l’autre. Il y avait deux explications à cela : soit Jade s’était moquée d’elle en lui disant souffrir d’un dédoublement de personnalité, soit quelque chose ne tournait pas rond. Melena en eut la confirmation lorsqu’elle aperçut Myia, enfant nageant dans une tenue d’adulte bien trop grande. Comme un coup de fouet, l’irlandaise percuta ce qui venait de se passer. Ils s’étaient tous réveillés, tous ceux qui avaient pris rendez-vous étaient ici… la rouquine cachée dans un coin, Yoru, l’adolescent brun qu’elle ne supportait pas, la surdouée insupportable,… seul Liam manquait à l’appel. La nécrophobe se leva soudainement et dévisagea son amie. Jade et son double portaient la même tenue et étaient impeccablement semblables. Elle se fia donc au sourire soulagé que lui adressa la psychotique pour s’approcher à pas fébrile en se frictionnant les épaules.

Une fois parvenue à la hauteur des jumelles, elle grogna tout en croisant les bras :

- Je savais que ce type était pas fiable… c’était une arnaque dès le début son hypnose. Je viens le voir pour qu’il me soigne, et maintenant je peux mourir à volonté ! Merde !

Elle respira profondément suite à son emportement involontaire, puis observa la pièce autour d’elle. Des bruits de l’extérieur remontaient de la rue et s’engouffraient faiblement dans la pièce, tout juste perceptibles mais tout à fait identifiables. Il n’y avait aucun doute : ils étaient bien de retour à San Francisco. La nécrophobe avait souhaité ce moment pendant des jours et des nuits entières, elle avait maudit Dreamland, pesté contre le fait d’être une évadée en cavale et pourtant… elle ne se sentait pas tranquille. L’idée que ses pouvoirs l’aient suivit tordait ses entrailles d’un mauvais pressentiment. Et puis... si d’autres choses les avaient suivi ? Les monstres d’ombres, la pieuvre géante rencontrée dans les galeries de Clampin, les robots détraqués de la mécanoplaine…

Melena passa une main sur son visage blêmissant. La tête lui tournait, menaçant d'un malaise soudain. L’adolescente cligna frénétiquement des yeux et défit le premier bouton de son chemisier blanc, dévoilant légèrement le décolleté léger de sa petite poitrine tenue par un soutien noir. Sa peau était déjà moite, elle recueillit un peu de sueur du bout des doigts et déclara en faisant la grimace :

- Faut que j’passe au toilette , souffla-t-elle simplement. J’ai besoin de me passer de l’eau sur la figure, ça me dépasse là…

En un instant, le bureau du père Noël avait sombré dans les ténèbres. Selene avait mal, comme si une partie d’elle qu’elle n’arrivait pas à localiser lui était violemment arrachée. Elle s’éveilla en sursaut et se redressa brusquement dans son métallique en prenant bruyamment son inspiration. Haletante, ses mains dégageant fébrilement la couverture blanche qui la couvrait, la toquée n’arrivait pas à y croire. Son premier réflexe fut de tendre nerveusement ses bras devant elle, retroussant les manches de son tee-shirt pour inspecter ses bras : ils étaient intacte, mis à part ses cicatrices habituelles. Nul trace de a tentative de suicide et de ses autres égratignures survenues au court de son épopée interminable.

Soudainement, la galloise éclata en sanglot, secouée de frissons de soulagement, son visage enfoui dans ses paumes. Sa chevelure rousse avait retrouvé sa douceur ordinaire ; elle n’était plus ni brûlée par le soleil, ni asséchée par le sel et la crasse. Pendant un long moment, l’adolescente n’avait aucunement conscience de ce qui se déroulait autour d’elle. La première chose qu’elle vit en relevant ses yeux noisette, ce fut la mine au-delà de toute surprise qu’affichait Parkinson. Lorsqu’il se fut enfui lâchement sous la tempête de fureur d’Elie, Selene observa ses compagnons et commença à comprendre : le nuage de John n’avait pas disparu, Myia persistait à devenir enfant, James parlait toujours à une entité invisible, et Liam…

A cette pensée, le regard de la toquée fureta craintivement pour déceler le taulard. Elle fut légèrement apaisée de constater son absence, mais pas suffisamment pour ne pas stresser. Manifestement, leur pouvoir ne les avaient pas quitté… peut-être alors, n’étaient-ils pas réellement à San Francisco, aussi réussie paraissait cette illusion ?! Pourtant, elle avait recouvert son apparence initiale, et au pied du lit qui lui avait été attribué, son sac à dos l’attendait sagement.

Qu’importe qu’elle soit venue se faire soigner, la situation était assez inquiétante pour bafouer les objectifs de son traitement. Selene s’efforça de rendre silencieux les sanglots qui continuaient de lui venir, puis se jeta au pied du lit dont les ressorts protestèrent avec verve. Dans ses effets, elle récupéra un crayon et son carnet de dessin, dans lequel étaient déjà gribouillés des tas d’épouvantails. Ses mains nerveuses en tracèrent habilement un supplémentaire. Il souriait de toute sa bouche cousue grossièrement, cherchant à la rassurer de ses grands bras ouverts. Sans le savoir, la toquée utilisait une nouvelle fois ses pouvoirs qui touchèrent ses plus proches voisines, à savoir Zephyr et Myia.

Lorsqu’elle se sentit un petit peu mieux, l’adolescente se rassit sur son lit et renifla tristement en levant les yeux vers l’entrée. Sa tante n’était pas censée venir la chercher avant que Parkinson ne l’ait avertie qu’il la réveillerait… dans l’absolu, rien n’était urgent. Néanmoins, elle se demandait comment elle allait pouvoir régler son problème dreamlandien avant d’être obligée de rentrer. Devait-elle prendre le risque de faire une démonstration inconvenante de sa métamorphose en épouvantail humain ? Pour peu que sa tante s’inquiète réellement et ne la croit pas, elle l’enverrait dans un hôpital, qui la confiera sûrement à un laboratoire quelconque où elle subira des test à n'en plus finir.

A cette simple pensée, Selene se sentit agitée d’une angoisse intense qui lui retourna l’estomac. Il n’en fallut pas plus pour que son second pouvoir se révèle et que son magnifique tee-shirt à l’effigie de Jack se change en chemise à carreaux bleue remplie de paille, tandis que ses bras devenaient des branches noueuses et flexibles. Désespérée, la jeune fille baissa les yeux en murmurant :

- Mais qu’est-ce qui se passe… ?

Sans savoir pourquoi ni comment alors que le groupe poursuivait le traineau du méchant Père Noël, James se sentit happer avant de voir le noir total autour de lui. Il était mort ? Quelque chose lui était tombé dessus ? Après tout le froid du Pôle Nord ne se faisait plus ressentir et une odeur familière lui chatouillait les narines. l'adolescent osa ouvrir un œil, tombant sur un plafond aussi blanc que la précédente neige. Il était où là ? Il se redressa en entendant des voix autour de lui, des connus en prime. Et c'est avec une grande surprise que le voyageur constata qu'il était revenu chez Parkinson, du moins si Dreamland ne lui jouait pas des tours. Mais vu le nombre de personne qui dormait et les visages familiers cela n'en était pas un.
Un sourire s'afficha sur ses lèvres, il était de retour à la maison ! James pourrait enfin revoir sa maman et lui raconter toutes ses aventures avec Jules ! Ce dernier d'ailleurs était debout à côté de lui aussi propre qu'à son arrivé tout comme James. Logique puisque tous ça n'avait été qu'un "rêve" étrange.

- T'a vu ça Jules...? On est rentré !

Lança t-il joyeusement à son ami invisible qui n'affichait pas la même gaieté que son créateur. Au contraire, il avait l'air de ne pas être ravi d'avoir remit les pieds ici. Inquiet, James lui demanda ce qui se passait et il eut juste à suivre le hochement de tête vers les filles que le voyageur comprit. C'était les seuls mecs réveiller et ça dérangeait Jules. Ce dernier n'avait jamais aimé les filles pour une raison obscure mise à part Dakota, mais elle faisait pas beaucoup preuve de féminité.

- C'est bon c'est pas non plus la guerre Jules !

James ignora le regard noir de son ami et se dirigea vers les filles qui si il se souvenait bien était Jade, Elie, Melena et Sélène. Toute rencontré sur le bateau au cours de leurs aventures. Mais ce qui était étrange était le fait que la petite rouquine venait de se transformer en épouvantail. Et pourquoi il y avait un nuage dans la pièce ?

*Aaaah ! On a garder nos pouvoirs !*

Pensa t-il après avoir enfin compris. Le regard fixé sur Sélène en mode épouvantail il se demandait bien ce qui avait pu lui provoquer un pouvoir pareil et pas du tout pratique. C'était plus amusant de créer des objets et de transformer en peluche. Finalement il osa s'approcher de la jeune rousse :

- Ca va ? Tu as besoin d'aide ?

C'était la seule qui n'avait pas de compagnon de discussion, les trois autres là bas étant en pleine discussion James ne pouvait pas les interrompre bien que leur sujet semblait intéressant.

Elle était de retour, et elle avait bien peur d’en avoir peur.

La douleur poignante qu’il l’avait étreint s’en allait peu à peu en la laissant coite. Si elle n’avait pas tout de suite compris ce qui se passait, ouvrir les yeux dans le cabinet de Parkinson était bien assez clair. Sauf qu’elle ne voulait pas rentrer. C’était trop tôt, elle était encore malade. Qu’est-ce que c’était que ce travail bâclé ?! Mais la réaction étrange du pratiquant rendit improbable l’hypothèse d’un réveil désiré, alors qu’est-ce qu’il avait bien pu se passer ?

Les autres patients se réveillaient déjà et certains beuglaient, de joie ou de colère, comme des gorets qu’on égorge. Elle aurait voulu leur dire de se taire mais sa déception était encore trop grande pour qu’elle se lance dans des discours moralisateurs, elle se contenta donc de se redresser en soupirant, le regard noir. Il fallait trouver un moyen de retourner à Dreamland pour poursuivre sa thérapie, mais maintenant que le psy avait filé il allait falloir faire preuve d’ingéniosité… Un regard dans la salle la fit arriver à la conclusion qu’elle ne trouverait probablement en personne un allié pour un voyage retour. Même James qui… mais… comment se faisait-il que cette rouquine soit transformée ? Et les doubles étaient toujours deux !

Ça, ça sentait vraiment mauvais. Quand on voyait les problèmes que les voyageurs causaient dans le monde des rêves, imaginer qu’ils pourraient faire de même ici, dans leur monde, était tout bonnement effrayant. Mais ce détail était au moins la preuve que leur retour n’avait rien de naturel ce qui ne fit que titiller un peu plus la curiosité de la blondinette. Elle laissa pendre ses jambes hors du lit et se laissa glisser à terre, s’avançant vers la sortie d’un pas décidé. Une fois à la hauteur de la porte elle lâcha à l’attention des gens présents de son ton froid habituel :

- Je sais que la plupart d’entre vous se réjouissent, mais on est pas rentré de manière naturelle. Parkinson n’y comprend rien, on a encore nos pouvoirs… ça me plaît pas. Je vais chercher un moyen de retourner à Dreamland, pour éclaircir tout ça mais aussi parce que je pense que ça m’est nécessaire. Si quelqu’un partage ma vision des choses qu’il appelle ce numéro ou se rende à cette adresse où vous pourrez me trouver à toute heure ou presque.

Elle sortit un papier de son sac qu’elle avait récupéré au pied de son lit et y griffonna les informations évoquées. L’adolescente laissa le papier bien en vue sur le bureau de Parkinson et se dirigea vers la salle d’attente désertée dont la porte vers l’extérieur était encore ouverte et se balançait sous l’effet d’une brise. Ne restait plus qu’une question à laquelle elle n’avait pas voulu penser jusqu’à maintenant :

- Comment je rentre maintenant ?

Trop tard pour le faire à pied, elle pourrait avoir peur d’avoir peur de se faire agresser. Appeler un taxi ? Elle aurait peur d’avoir peur d’avoir un accident. Quelles conneries…

Alors que son esprit cherchait fiévreusement une solution, un paquet cadeau se matérialisa dans ses mains. Dakota haussa un sourcil et le fixa une bonne dizaine de seconde avant d’enfin tirer sur le ruban et arracher le papier cadeau. A l’intérieur de la boite, elle trouva un livre des castors juniors, recueil de conseils illustrés sur la survie, la chasse, le camping en forêt. Oh. C’est sûr ça aide quand on ne sait pas allumer un feu, mais pour l’heure ce n’était pas ça qui allait la ramener à la maison. Elle glissa le livre dans son sac l’air blasée avant de lâcher pour elle-même :

- T’façon j’ai toujours eu des cadeaux de merde…

Lorsque Zephyr ouvrit les yeux, sa première vision fût un mur blanc sur lequel jouait la lumière du soleil. Elle se redressa lentement, tentant de raviver sa mémoire encore brouillée par le sommeil et finit par rassembler quelques bribes de souvenirs. Elle se souvenait du froid qui régnait, de la douleur terrible qu'elle avait ressentie, du néant autour d'elle... Mais où était-elle bon sang ?

L'espace qui l'entourait avait quelque chose de famillier. Peut-être était-ce les rideaux immondes qui couvraient les fenêtres ? Ou cette odeur de cire d'abeille qui l'avait tant frappée autrefois... Son esprit termina sa phase de réveil, lui révelant une information capitale.

* Je suis chez Parkinson.*

Tout devint plus clair. D'abord, les souvenirs de Dreamland, puis les visages autour d'elle. Il y avait Dakota dans un lit voisin, James dans un coin de la salle... Voyant ses anciens compagnons, Zephyr éspera secretement apercevoir Dexter, mais la dure réalité lui apparu. Désormais, son ami n'était plus.Son premier sentiment fut du soulagement. Elle avait quittée Dreamland indemme et n'était plus affublée de ce ridicule bout de tissu Sextusien. Tout paraissait... Normal.

C'est alors qu'elle aperçue un nuage étrange flotter dans l'air... Puis une des deux jumelles qui se trouvaient plus loin s'étonna d'exister et paraissait s'extasier de sa forme humaine. Zephyr comprit rapidement que quelque chose ne tournait pas rond, et une vague de panique la submergea lorsqu'elle assimila ces évenements illogiques à Dreamland. Ainsi, non seulement elle n'était pas guérie, mais désormais elle ne devrait plus toucher quiconque, afin de ne pas vivre leur... Traumatisme. Ses yeux cherchèrent involontairement de l'aide et tombèrent sur la jeune Selene qui dessinait nerveusement sur un petit calepin. Lorsqu'elle le referma, la traumatisée se sentait déja mieux sans même savoir pourquoi.

Elle entreprit de se lever afin de parler à la toquée mais se rassit rapidement, en proie à un étrange malaise. Zephyr decida d'attendre encore un peu avant de s'approcher de la jeune fille, il faut dire que c'était la seule personne qu'elle avait trouvée agréable à Dreamland et qu'elle était bien decidée à la garder. Son regard était perdu dans le vague lorsqu'elle entendit une respiration haletante. Un regard lancé à Selene lui confirma sa réflexion. Les problèmes Dreamlandiens n'étaient pas terminés...

- Mais qu'est ce qui se passe ... ?

Zephyr aurait aimé pouvoir rassurer son amie mais elle ne l'était pas elle-même. Tout cela sentait mauvais. Terriblement mauvais. James s'approcha alors pour aider la rouquine. Malgré ce geste sympathique, Zephyr ne put que ressentir de l'amertume envers le jeune homme, après tout si il n'avait pas été là, Dexter pourrait encore... La Traumatisée chassa ses pensées noires de son esprit. Après tout, ils avaient quittés Dreamland et tout pouvait recommencer.

- Ne t'en fais pas. Tout va s'arranger.

Ces paroles se voulaient rassurantes mais Zephyr sentit bien que ça sonnait faux. Elle esperait au moins, que Selene y ait cru. La traumatisée lança un regard desespéré à James, esperant qu'il appuierai ses propos. Il n'eut pas le temps d'ajouter quoi que ce soit. Dakota, à la porte commençait déja une tirade comme elle savait si bien le faire. D'un geste preque théatral, elle déposa ses coordonnés sur le bureau de Parkinson, qui avait pris la fuite quelques minutes plus tôt. Zephyr ne savait pas quoi en penser. De plus, elle ne voulait pas prendre de décision seule. Elle se tourna alors vers les deux jeunes gens et attendit leur réaction.

La demande de James fit sursauter l’adolescente. Elle leva vers lui ses yeux embués de larmes. Il y avait un long moment qu’ils ne s’étaient pas vus… depuis leur dernière nuit de galère en réalité, juste avant d’être drogués et vendus comme des bêtes dans l’animalerie de Sextus. Selene ne le connaissait pas, mais elle était heureuse de le voir… elle serait toujours heureuse de reconnaitre un visage familier dans une situation pareille. Elle renifla et répondit :

- Ça va… c’est juste mon… pouvoir. Ça va partir tout seul… merci.

Elle sourit tristement au psychotique. Juste à cet instant, une douce voix lui assura que tout allait s’arranger. C’était sans doute ce que la jeune fille avait besoin d’entendre. Elle se sentit déjà un peu mieux, bien que sa transformation ne cessa pas. La toquée se retourna pour rencontrer le regard de son amie, qui elle-même fixait leur acolyte masculin avec espoir.

La voix de Dakota s’éleva alors, réduisant la plupart des autres nuisances sonores et bribes de bavardage au silence. Son ton froid et sec n’aida certainement pas les anciens voyageurs déboussolés à se remettre de leur ébahissement, ce fut sans doute même le contraire. Selene frissonna et regretta de ne plus avoir de mains capable de manier un crayon pour pouvoir se griffonner quelques épouvantails supplémentaires.

La galloise ne savait pas quoi penser de sa déclaration. Certes, il était évident que rien ne s’était passé normalement, puisque la transposition de leurs pouvoirs dans le monde réel ne faisait pas partie des prévisions du docteur Parkinson. De surcroit, ce dernier s’était enfui comme un voleur en découvrant la tournure des évènements, signe qu’il ne serait certainement pas d’une aide prodigieuse. Partant de là, les propos de la phobophobe étaient cohérents. Pourtant, rien que le souvenir de ses jours dreamlandiens faisait frémir la jeune toquée et elle espérait vainement qu’une solution se trouve à San Francisco.

La blondinette fut la première à quitter la pièce. Un étrange sentiment serrait le cœur de Selene. Elle avait l’impression que même s’ils ne se connaissaient pas tous, même si certains n’avaient jamais eu l’occasion de faire des bouts de chemin ensembles, ils formaient un groupe uni par la force des choses, parce qu’ils partageaient une expérience en commun. Tous souffraient d’une pathologie mentale, tous s'étaient rendus chez Parkinson et tous avaient été projetés à Dreamland. Alors voir Dakota s’en aller en solitaire laissait un goût amer à la rouquine, qui se leva en regardant tour à tour Myia, James et Zephyr.

- Je ne sais pas si c’est une bonne chose de la laisser seule…

Certes, Selene n’avait pas envie d’admettre que retourner au pays des rêves serait la solution adéquate pour que tout rentre dans l’ordre, mais d’un autre coté… elle ne pourrait jamais vivre dans le monde réel avec son pouvoir handicapant. Elle s’imaginait déjà se changer en épouvantails en plein cours, dans un centre commercial ou dans la rue…

L’adolescente sentit soudainement ses membres recouvrir leur apparence normale et redevint bientôt une jeune fille parfaitement en chair et en os. Soulagée, elle ramassa son carnet, son crayon et prit son sac sur ses épaules. Du revers de la main, elle essuya ses larmes brillantes, et afficha une mine décidée.

- Je crois qu’on devrait au moins prendre les coordonnées qu’elle nous a laissé… on devrait tous s’échanger nos coordonnés. Je… j’ai peur de retourner là-bas, mais je ne pourrai pas vivre de cette manière… et elle a raison… quelque chose cloche…

Après sa tirade, la toquée regarda d’abord James puis rosit et baissa timidement les yeux : elle n’avait pas encore remarqué à quel point il était mignon et elle craignait d’avoir trop attiré l’attention. Pour fuir son malaise, elle se tourna vers Zephyr, cherchant un appui de son coté. Selene ne la connaissait pas non plus énormément, hormis lors d’un partenariat au cours d’un boulot assez épique… mais elle se sentait proche de la traumatisée… peut-être simplement parce qu’elles avaient presque le même âge.

- Bah vas-y, désappe-toi pendant que t’y es c’est jour de fête, cracha Elie entre ses dents.

Son regard méprisant détailla le manège de Melena qui ouvrait son chemisier sans aucune pudeur. Alors comme ça elle avait chaud, elle se sentait mal ? Foutaises ! C’était forcément une de ses ruses foireuses pour se faire Jade. Comme si ce genre de choses pouvaient marcher…

- Y’a pas que ton visage que tu devrais arroser d’ailleurs. Tu sens la moule pas fraiche.

- Ça suffit ! S’insurgea Jade en se plaçant entre ses deux camarades.

Elle était encore trop fatiguée pour supporter ces âneries, et le comportement de son double était dans tous les cas déplacé. Elle ne comprenait pas pourquoi elle s’acharnait à dire que Mel’ était amoureuse d’elle, qu’elle voulait passer à l’acte… tout un tas d’inepties qui n’auraient convaincu personne. C’était juste son amie et El’ faisait une crise de jalousie en s’inventant des excuses. Elle comprenait que la complicité qu’elle avait créé avec la nécrophobe soit gênante mais ce n’était pas une raison d’en arriver à ce genre d’extrémités.

Jay détourna son regard moralisateur de la mauvaise jumelle pour faire face à sa compagne de galère qui n’avait pas l’air en forme du tout. Elle était encore plus pâle qu’à l’accoutumé et semblait sur le point de tomber. Elle passa son bras autour de la taille de cette dernière et la soutint jusqu’aux toilettes où elle l’abandonna après lui avoir soufflé à l’oreille :

- Ne fais pas attention à ce qu’elle dit. Elle est pas méchante, je crois juste qu’elle t’en veut parce qu’on s’entend bien. Jusqu’à peu elle n’avait que moi tu sais... Je t’attends à côté.

De son côté Elie regardait d’un œil courroucé cette scène d’amitié gerbante. Comment son double pouvait marcher à ce point, nier l’évidence comme personne ?? On ne pouvait vraiment compter que sur elle pour ce qui était de la vigilance, elle en avait encore une fois la preuve aujourd’hui. L’affaire avec Liam n’avait pas suffit apparemment, il fallait que Jay s’expose à la libido d’une lesbienne acariâtre. Mais malgré ses certitudes et sa rage elle réussit à rester coite depuis l’autre bout de la pièce, les bras croisés et la mine hautaine. Elle savait bien que de toutes façons la vérité finirait par éclater.

Enfin… sauf si elle mettait un terme à ces conneries avant.

D’ailleurs une idée malsaine germait dans l’enceinte de son crâne. Pas seulement faite de violence comme ses vengeances habituelles non, quelque chose de fin, de réfléchi mais surtout de blessant moralement. Plus elle y pensait plus ça lui paraissait parfait, il ne restait plus qu’à trouver un moyen de l’appliquer. Ces réflexions tordues lui tiraient un sourire lorsque Jade revint et celle-ci prit naïvement ça pour une signe de repenti.

- Bon tu es plus calme maintenant ? Je savais que tu comprendrais que ce n’était qu’une mauvaise interprétation. Melena est vraiment gentille tu sais ? J’aimerais vraiment que tu essayes de t’entendre avec elle.

- Oh oui, j’ai compris. La fatigue, sortir de Dreamland… ça m’avait un peu troublée, je suis désolée.

Elie posa sa main sur l’avant bras de sa copie conforme et ajouta avec un sourire en coin :

- Mais ne t’inquiètes pas, j’ai déjà quelques projets pour me rapprocher d’elle. D’ailleurs on devrait prendre son téléphone non ? Ce serait bête de perdre contact !

Malgré l’envie que Jade avait de voir les relations du groupe s’arranger, elle ne pu s’empêcher de trouver louche ce revirement complet de situation. Plus que se calmer, Elie avait l’air de bonne volonté et prête à s’investir ce qui tenait du pur miracle. Ça sentait même un peu mauvais mais elle garda l’espoir qu’il ne s’agisse que de son imagination. Après tout elle aussi était fatiguée non ?

Bien que Sélène lui certifia que tout allait bien et que ça allait partir tout seul, James avait un peu de mal à la croire surtout lorsqu'une autre fille, qu'il avait déjà croisé il semblait à l'adolescent lui parla d'une voix rassurante en lui disant que ça allait bien se passer avant de regarder le voyageur en cherchant de l'aide à ses paroles. Bah qu'est ce qui pouvait bien dire ? Il savait même pas qu'elle était son problème à la jeune rousse. Et puis c'était pas comme si c'était la vérité, sa transformation en épouvantail ne passerait pas inaperçu ici. Encore les siens se commandait à l'aide de son esprit mais pour la pauvre ce n'était apparemment pas le cas. James n'eut pas le temps de dire quelque chose que Dakota, qui s'était réveillé elle aussi, assombrissait les célébrations. C'est vrai que c'était pas normal qu'ils aient encore leur pouvoir mais James n'avait pas très envie de retourner à Dreamland, il voulait revoir sa mère tout d'abord. C'est avec toute son élégance que la blondinette déposa un papier avec ses coordonnées dessus avant de partir toute seule. L'adolescent hésitait à la suivre, après tout il l'aimait beaucoup et serait triste de ne plus jamais la revoir et puis tout comme Sélène qui avait enfin reprit son apparence normale, ça serait dangereux de la laisser seule, en sachant qu'il y avait peut être quelque chose d'autre qui clochait mise à part leurs pouvoirs toujours présent.
Laisser ses coordonnées était aussi une bonne idée oui.

- D'accord je vais les rajouter sur la feuille !

Il s'approcha du bureau de Parkinson où le papier avait été laissé avant d'imaginer dans son esprit un crayon de papier et d'inscrire dessus son adresse et son portable. Une fois cela fait il relâcha son imagination :

- Voilà c'est fait ! Je vais voir si Dakota est toujours là !

exécutant des bonnes paroles, James suivit les pas de son amie qui se tenait debout dans la salle d'attente. Qu'est ce qu'elle avait ? Faisait elle un malaise ?

- Tout va bien Dakota ?

Demanda t-il en s'approchant de cette dernière qui remettait quelque chose dans son sac tout en disant qu'elle n'avait jamais eu de chance avec les cadeaux. De quoi elle parlait ? Bref, ne voulant pas paraitre idiot il rajouta :

- Et euh t'a raison, on devrait aller voir ce qui cloche mais si tu restais là ? On pourrait échanger nos coordonnées et puis trouver un plan ?

Yoru ouvrit les yeux et la première chose qu'il vit fut le plafond blanc du cabinet de Parkinson. En une fraction de seconde, il comprit où il se trouvait, un peu comme si son 6eme sens l'avait détecté, ou peut-être tout simplement à cause de l'odeur très spécifique et qu'il connaissait si bien des cabinets de docteurs. L'asiatique resta un moment allongé, essayant de réaliser que tout était enfin fini. Il tourna enfin la tête sur le côté, dans l'espoir de voir Parkinson qui lui dirait "La séance est fini!". Il aurait bien voulu le voir et l'étrangler à l'occasion mais ce n'était pas le cas.

Au lieu de ça, il aperçu au loin toutes les personnes qu'il avait pu rencontrer au cours de son périple à Dreamland, tous regroupés dans le même cabinet. Lui qui espérait tant ne plus les revoir, rien n'était réellement fini. L'hypocondriaque se redressa alors mais personne ne le remarqua. Ils étaient déjà tous en groupe, comme unis. Le jeune homme fit alors un tour d'horizon et reconnu Melena, Miya, Selene, Jade et Elie et d'autres dont il ne se souvenait plus du nom. Lorsque son regard se posa sur chacun d'eux, il ne percuta pas de suite, aveuglé par l'habitude, mais après une courte réflexion, fut choqué de voir que certain avait encore leurs pouvoirs: Jade et Elie étaient bien 2, Selene s'était changé en épouvantail, Miya avait prit la forme d'une enfant et un nuage occupait le plafond du cabinet. On croirait rêver!

Est-ce que c'était valable pour tout le monde? Est-ce que lui même avait gardé ses pouvoirs? Yoru entreprit d'en avoir le cœur net! Il se mit debout et d'un effort de concentration appela son pouvoir qui, s'il était toujours présent en lui, ferait apparaitre d'énormes plaques d'exéma sur son torse et ses bras. Quelques secondes de concentration suffirent pour que l'asiatique vit l'effet escompté. Surprit comme la première fois, il eut un mouvement de recul et manqua de tomber mais se rattrapa au lit. Le visage blême et déjà en sueur, Yoru traça sa route à travers la salle, ignorant tout le monde au passage et se dirigea droit vers les toilettes pour hommes où il s'enferma.

Face au miroir, l'hypocondriaque fit couler de l'eau glacé qu'il projeta sur son visage. Les mains à présent crispées sur les bords du lavabo, il s'observa longuement, les dents serrées prêt à exploser, à crier toute la haine qu'il avait gardé jusqu'à présent. Il ne comprenait pas pourquoi rien n'avait changé! Pourquoi ils étaient rentré dans le vrai monde mais que leurs pouvoirs les avaient suivit! C'est depuis les toilettes que Yoru entendit le discours de Dakota. Il attendit que ses plaques se résorbent pour souffler. Quelques minutes plus tard, il sortit et retourna dans le cabinet, le regard bien bas.
*Mais pourquoi je ressens le besoin de rester avec eux, c'est débile*
Sans trop savoir, Yoru se dirigea vers le groupe le plus proche et sans grande conviction, il lança:

-Alors c'est ça? On se donne nos coordonnées comme de bons copains et si on a des problêmes, on s'appelle?

Lorsqu'il leva les yeux vers le groupe, il vit alors les regards de Melena, Jade et Elie tournés vers lui.

*Hé merde..*

Melena ouvrit la bouche pour rétorquer vivement à la pic gratuite d’Elie, mais Jade fut la plus rapide et s’interposa entre les deux rivales. L’irlandaise se tut, mais ses yeux gris flamboyant de colère dévisagèrent les traits de celle qui ressemblait tant à son amie… et qui était en même temps infiniment différente. Le tournis eut finalement raison de sa colère et elle se laissa entrainer jusqu’aux toilettes pour femme. Lorsque la psychotique lui murmura des paroles destinées à excuser sa copie conforme, la nécrophobe hocha la tête sans rien dire de plus. Elle aurait aimé pouvoir dire qu’elle n’avait pas non plus une foule d’amis qui l’attendait, mais sa gorge resta nouée. De toute manière, elle sentait que ce n’était pas forcément recommandé d’avouer ses ressentis de la sorte.

Lorsque Jade fut partie, Melena s’aspergea copieusement se visage jusqu’à ce que sa nausée se fut dissipée. Là, elle s’appuya dos contre un mur et regarda distraitement le plafond d’un blanc triste. Qu’allaient-elles devoir faire désormais ? Prendre le risque de rentrer ? Rester ensemble et trouver une solution ? Retrouver Parkinson et lui demander de réparer ses conneries ? Cette dernière suggestion tira un sourire en coin à l’adolescente, mais il ne contenait aucune conviction. Parkinson n’avait pas l’air de savoir ce qui s’était passé… il n’était qu’un vieux psychiatre qui s’était amusé avec une nouvelle méthode dont il ne connaissait pas réellement les tenants et aboutissants.

Depuis les toilettes, la nécrophobe entendit la déclaration de Dakota qui l’incita à sortir au plus vite. La blondinette ne l’a vit même pas lorsqu’elle lui passa devant, mais le regard de la jeune fille fut attiré par les coordonnées qu’elle avait laissé sur le bureau. C’était étrange d’admettre que la plus terre-à-terre d’entre eux ait pu la benjamine de leur groupe… mais sa vision des choses quelque peu alarmiste était surtout des plus réalistes. Melena s’approcha de Jade en ignorant royalement la présence de son double, puis lui dit d’une voix légèrement inquiète :

- Je crois qu’elle a raison tu sais… on devrait prendre ses coordonnés tu penses pas ? Juste au cas où…

L’adolescente tira son portable de sa poche. Elle resta un instant un contempler son écran large et lisse… c’était étrange de se dire qu’en réalité, elle n’avait pas passé plus de quelques heures dans le cabinet alors qu’à Dreamland, elle avait vu s’égrainer les jours avec une lenteur sinistre. Retrouver la technologie était quelque chose d’assez saisissant. Bien sûr, elle avait vu Formatek. Mais là, il s’agissait de SON portable…

Ce fut ce moment que James choisi pour venir écrire son nom sur la feuille laissée par Dakota. La nécrophobe suivit son manège des yeux en soulevant un sourcil, tout en songeant que manifestement, tout le monde ne semblait pas troublé par le fait d’avoir été poursuivi par ses pouvoirs dreamlandiens.

- En plus qu’est-ce qu’il lui passe par la tête ?! marmonna-t-elle. On va pas non plus tous s’échanger nos numéros, manquerait plus qu’on ouvre un réseau social après ça…

La brunette enregistra les coordonnées de la surdouée puis se tourna vers son amie l’air hésitante. Timidement, elle demanda d’une petite voix :

- Tu… tu veux bien me donner le tien aussi ?

Un frisson courut sur la peau de l’irlandaise. Elle aurait presque l’impression d’être en cours, en présence d’une nouvelle camarade avec laquelle elle échangeait un premier contact. Toutes ces habitudes paraissaient si… normales devant le périple que les adolescentes venaient de traverser qu’elles en avaient l’air déplacées. Tandis que la brunette recueillait les coordonnées de Jade, Yoru sortit des toilettes et lança une tirade qui fit tiquer son œil gauche. Elle l’avait oublié tient, et le revoir ne la faisait pas sauter au plafond. D’un air dédaigneux, Melena lui rétorqua :

- Tu as entendu quelqu’un te demander ton numéro là ?

Elle le dévisagea encore un instant de ses yeux glacials puis reporta son attention sur les jumelles. Il aurait parut étrange de proposer de rentrer chacune de leur coté, tant la situation ne s’y prêtait pas. Un mauvais pressentiment semblait avoir plombé l’atmosphère, notamment depuis la mise en garde de Dakota.

- Vous voulez que… qu’on reste ensemble au moins pour cette nuit ? On pourrait aller dans un hôtel et… enfin… voire demain ce qu’on doit faire… vous ne pouvez pas rentrer comme ça je suppose ?

Pendant qu'elles discutaient toutes les deux Dakota s'était décidé à se lancer dans un nouveau discours assommant. Elle avait peut-être raison, comme d'habitude, mais elle faisait aussi chier, comme d'habitude. Les doubles la laissèrent donc semer son téléphone et son adresse tout comme James une petite minute plus tard. Comme un signal de départ la pièce commençait à se vider mais ce n'avait rien de surprenant : une fois le premier choc passé la seule choses qu'il leur restait à faire était de rentrer chez eux. Camper ici ne rimerait à rien.

Alors que Jade commençait à se demander si elle devait ou non prendre les numéros qui s’accumulaient sur la feuille Yoru et Melena sortirent des toilettes comme des diables de leur boite. La nécrophobe fut la première qui semblait rassérénée et était visiblement en proie à la même hésitation que la mauvaise jumelle. Leurs téléphones étaient dégainés tels des armes mais aucune des deux ne voulait se lancer et ce fut finalement Mel’ qui finit par briser la glace. Jay hocha la tête avec précipitation tout en se mettant à pianoter sur les touches de son portable pour entrer le nom de son amie dans le répertoire.

- Oui oui pas de problème ! Elie proposait la même chose d’ailleurs. Alors le mien c’est 06 58 58 74 12. C’est bon tu l’as noté ?

Pendant ce temps El’ surveillait discrètement l’écran de l’irlandaise pour s’assurer qu’elle ne leur donnait pas un surnom ridiculement mièvre. Une fois rassuré elle détourna la tête pour fixer le japonais qui venait de s’autoriser une réflexion ironique et improductive. Si ce comportement ne la gênait pas chez elle, elle ne le supportait pas chez le bridé à qui elle offrit son plus beau regard méprisant. Pour une fois elle était d’accord avec Melle clitoris en feu : on lui avait rien demandé à ce mec.

- Et d’où tu nous parles d’ailleurs ? On a pas élevé les cochons ensemble à ce que je sache.

Alors que la mauvaise jumelle détournait les yeux Jade se contenta d’un soupir et d’un haussement d’épaules. Il voulait juste se faire remarquer alors lui répondre était la dernière chose à faire. C’était plus productif de récupérer les numéros inscrits sur la feuille, ce qu’elle fit avec un pouce agile qui ne semblait pas gêné par cette longue période sans pratique.

Melena la ramena à un autre problème majeur lorsqu’elle leur proposa de dormir à l’hôtel : qu’allaient dire ses parents ? Ils avaient envoyé une fille en thérapie et ils se retrouvaient avec deux. Jamais des gens aussi terre à terre qu’eux n’admettraient qu’elle et Elie n’étaient rien d’autre que deux parties d’un même être. Et si ils voyaient l’Elie-garou ? Là on pourrait faire une croix pour toujours sur une cohabitation. Direct à la fourrière ou pire, allez savoir. Dormir ailleurs pour reculer l’échéance ne servait peut-être à rien mais ça avait au moins le mérite de rassurer Jade qui était devenue une pro en fuite de ses responsabilités.

Mais malgré toute la motivation qui animait la bonne jumelle ce fut la mauvaise la plus rapide, et sa réponse avait de quoi étonner ses deux interlocutrices. Une main sur la hanche elle s’était juste exclamée avec un naturel déconcertant :

- J’allais le proposer ! Ce serait dommage de se quitter maintenant que les tensions commencent à se tasser non ?

- Que… ?

- Au fait Melena, je tiens à m’excuser. Je suis assez impulsive et j’ai pas toujours été correcte avec toi. J’espère que tu m’en voudras pas pour ça. On repart à 0 ?

Elle tendit la main vers la nécrophobe, un sourire engageant et vaguement embarrassé aux lèvres. C’était louche, très louche, définitivement louche. Mais qu’est-ce qu’elle avait l’air sincère bon sang !

- Bah prends la, elle va pas te mordre !

C’était on ne peut plus louche. Non seulement Elie semblait avoir changé du tout au tout, mais en plus, elle faisait même les premiers pas de l’amitié vers la nécrophobe qui resta coite de stupeur. Plusieurs fois il lui était arrivé de se faire avoir de la sorte à l’école, dupée par des faux sourires et une hypocrisie à toute épreuve ; mais Elie paraissait tellement sincère que l’irlandaise se sentait presque coupable de la soupçonner de fourberie. Après tout, il paraitrait qu’elle était une partie de Jade… alors peut-être que la meilleure des deux avait réussi à résonner la tumeur stupide qu'était l'autre à ses yeux. Ignorant désormais totalement Yoru, et même le reste des anciens patients de Parkinson, Melena tendit enfin sa main pour serrer celle de sa rivale. Sa poigne était ferme, mais ne représentait aucune animosité. Silencieuse, la brunette fixa ses yeux bleus sans y déceler quoique ce soit. Un sourire qui tenait plus de la grimace sans conviction flottaient sur ses lèvres pâles. Troublée, elle rangea son portable, s’éclipsa pour récupérer son sac à dos, et proposa timidement :

- On y va alors.

Dans l’entrée, le trio croisa Dakota et James qui semblaient hésiter à sortir. L’irlandaise leur souhaita poliment au revoir et se tourna vers la benjamine pour lui signalement d’un ton hésitant :

- On… on t’appellera je suppose…

Elle aurait voulu ajouter « s’il se passe quelque chose d’anormal » mais le fait est qu’il avait conservé leur pouvoir et qu’il s’agissait déjà de quelque chose de tout, sauf normal. L’après-midi se terminait et le crépuscule faisait son apparition. Il y avait encore beaucoup de monde dans les rues chics du quartier, mais contrairement à Elipse où Melena avait été dévisagée comme un animal échappé de sa cage de zoo, à San Francisco, les trois adolescentes étaient invisibles. Une foule de pensées qu’elle n’avait pas eut l’occasion de revisiter s’imposa alors à son esprit… faire attention à ne pas se faire agresser, ni tirer son sac, ne pas se faire écrasée par une voiture, quel bus devaient-elles prendre ? Avez-elle-même des dollars sur elle ?

Cette dernière idée fit sursauter la brunette. Elle chercha son portefeuille et l’ouvrit pour vérifier. Elle possédait bien quelques ressources en monnaie locale, argent de poche offert par sa tutrice pour la durée du séjour aux Etats-Unis. Néanmoins, ces dernières ne feraient pas long feu, a fortiori si elle s’offrait une nuit à l’hôtel, et elle serait bien forcée un jour ou l’autre de rentrer.

Melena chassa cette suggestion de son esprit et se contenta d’observer le ciel qui se chargeait en nuages grisâtres. Désormais, Dreamland lui apparaissait comme un vieux rêve à peine réel, et tout ici semblait étriqué et limité. Le bitume trop dur, les poteaux des lampadaires trop froids, les mines des passants trop fades, et l’atmosphère trop maussade. Pourtant, elle n’était pas dans l’un des quartiers les plus moches de la grande ville, loin de là, mais il manquait cette coloration magique propre à Dreamland, qui le rendait inexplicablement différent.

Arrivée à un arrêt de bus symbolisé par un abri très bien entretenu, la nécrophobe demanda aux deux jumelles :

- Vous savez quel bus prendre pour aller… à Union Square ? J’y suis passé quand je suis arrivé… j’ai vu qu’il y avait plein d’hôtels là-bas. Enfin… sauf si vous connaissez ailleurs.

C’était la première fois qu’elle s’adressait autant à Jade que à Elie et… elle dut admettre que ça n’était pas désagréable. Elle se méfiait toujours bien sûr, mais avoir l’impression qu’elles formaient désormais un trio d’amies soudées la rassurait un peu. Certes, ses sentiments à l’égard de la psychotique dépassaient ce simple stade, mais c’était déjà pas si mal de pouvoir la fréquenter sans être sans cesse critiquée par sa copie conforme. Après tout, peut-être que Jade avait eu raison, et que son comportement n’avaient été que le fruit d’un accès de jalousie qui avait fini par se calmer. A ce moment, Melena en oublierait presque le regard haineux qu’Elie lui avait jeté dans l’animalerie de Sextus.

Les jumelles indiquèrent le bus à prendre, et vérifièrent qu’il leur restait environ dix minutes à attendre. Adossée à l’un des poteaux de l’abri, l’irlandaise ferma les yeux en soupirant. Les odeurs de gaz d’échappements qui flottaient dans l’air ne lui avaient pas manqué, mais il fallait reconnaitre qu’ils suscitaient en elle une impression particulière. Elle réalisait soudainement qu’elle avait faim. Un sourire illumina enfin son visage ivoirin, puis elle se tourna vers ses deux compagnes pour déclarer :

- Je mangerai bien un truc cool ce soir… genre une grande pizza… j’ai l’impression que ça fait des années que j’en ai pas vu.

Son imagination aidant, elle en avait déjà l’eau à la bouche. Pour sûr, elles avaient intérêt à accepter !

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Melena, Jade et Elie => Direction Union Square.

A la suite de sa phrase, Yoru se prit ce qu'on appelle familièrement "un GROS vent" suivit d'une rafale méprisante de commentaires. Au fond, ça faisait un peu mal et il se sentait encore plus seul maintenant, mais il avait l'habitude. A croire que JAMAIS Yoru, Melena, Jade et Elie ne sauraient s'entendre. Pendant quelques secondes, l'air absent, Yoru réfléchissait sur les fondements de cette haine qu'avaient les filles envers lui. Il ne s'en souvenait plus et il s'en foutait au final. Haussant les épaules, l'asiatique ne prit même pas la peine de répondre, il adopterai cette fois-ci une attitude zen! Prenant donc sur lui, il soupira et se retira du champs de vision du trio de demoiselles pour en retrouver d'autres un peu plus loin (Selene, Miya,Zephir). Pas vraiment le même genre de caractère certes, mais au moins, il pouvait discuter avec elles en bon citoyen!

-Salut..

Lança-t-il avec toute la gaité et la conviction qu'il pouvait mettre dans sa voix. Et ce n'était pas convainquant.

-Désolé de vous déranger, voila j'suis un peu pommé là... Je sais pas vous mais moi là, j'ai pas tellement envie de rentrer chez moi.. tout seul quoi.. De toute façon personne ne m'attends ici, j'pense que ce serai mieux de ne pas trop se séparer. Tout le monde sait que quelque chose ne va pas et que toute cette histoire n'est pas terminée.. Peut-être que nos pouvoirs vont s'estomper peu à peu ou qu'alors on va devoir retourner la-bas.. je sais pas.. Alors si vous voulez venir...'fin c'est assez grand chez moi, j'veux pas vous obliger.. ni rester seul en fait.. Voila.. et ce serai mieux pour vous.. 'fin comme vous voulez.

Comme s'il parlait à lui même, Yoru n'assumait pas pleinement le fait qu'il ne voulait pas se retrouver subitement seul. Surement que si c'était le cas, il déprimerai. Il ne savait pas non plus comment il allait réagir en sortant de ce cabinet. Toutes les choses qu'il s'était passé sur Dreamland, il ne les oublierait jamais. Dans ce monde, il s'était découvert sous un autre jour, par la force des choses il du accepter une partie de lui qu'il ignorait totalement jusqu'alors. Il avait apprit à être et vivre avec des gens, les tolérer, à vivre à l'extérieur, comme tout le monde. A maitriser sa peur de sa maladie mais pas pleinement. Et le fait que tout s'arrête subitement était trop perturbant.

-Bon, réfléchissez.. Mes coordonnées sont ici.

Il tendit un bout de papier vers Sélène avec ses coordonnées téléphone et adresse dessus. Il alla prendre son sac et revint vers le groupe pour savoir leur réponses.

Le fait que James s’éclipse pour rejoindre Dakota laissa Selene sans voix. Elle ne savait pas vraiment à quoi elle s’était attendue, mais peut-être avait-elle silencieusement espéré qu’il reste encore un peu avec leur trio féminin. La toquée le suivit des yeux l’air boudeur. De leur coté, le groupe formé part les trois brunettes s’en allait après avoir rembarré durement l’asiatique que la galloise avait déjà croisé à Dreamland. C’était lui qui s’était subitement imposé dans la grange pour s’en prendre à Jonh, avant de disparaître plutôt mystérieusement. La rouquine ne comprenait pas trop ce que les trois adolescentes avaient contre lui… elles lui faisaient penser à ces bandes d’amies que l’on voit se former au collège, ces groupes inaccessibles qui avaient l’air fermé à tout incursion extérieur.

Yoru s’approcha timidement, puis déclara de but en blanc aux trois filles qu’il n’avait pas envie de rester seul et qu’il les invitait chez lui. Selene tressaillit. Comme un éclair, le souvenir de Liam lui revint. Elle se rappelait de ses étreintes douloureuses, de son air de pervers criminel et de la mesquinerie dont il faisait preuve. La sensation même de sa pénétration forcée était toujours présente, bien qu’elle incarnait un corps physique n’ayant subi aucune séquelle. Mal à l’aise, la toquée prit les coordonnées de l’hypocondriaque et se tourna vers Myia pour trouver son avis d’ainé. Manifestement, celle-ci connaissait bien le japonais et ne manifestait pas de crainte quant à l’idée qu’il les accueille chez lui.

L’adolescente vit revenir Yoru. C’était assez étrange qu’il leur donne son adresse et son numéro s’il s'attendait à être suivi immédiatement, mais soit. Ils devaient vite quitter le cabinet… peut-être Parkinson aurait-il appelé la police ? La C.I.A ? La zone 51 peut-être ? Va savoir ce qu’on réserverait aux énergumènes comme eux dans ce monde de fous…

Selene prit également soin de noter le numéro de James mais juste à la sortie du bâtiment, elle s’aperçut que lui et Dakota étaient toujours là. Finalement, il n’était peut-être pas nécessaire de se séparer s’ils avaient l’intention de se retrouver ensuite n’est-ce pas ? La galloise n’avait décidément pas envie de repasser chez elle. Les questions de sa tante la feraient stresser et ce stress risquait de déclencher ses pouvoirs. Sans compter qu’elle n’aurait peut-être pas la permission de ressortir immédiatement, ou quand elle le voudrait, pour contacter ses anciens camarades voyageurs. Elle rentrerait quand tout sera terminé ; quand elle sera redevenue une adolescente de 15 ans tout à fait normale.

S’improvisant une nouvelle fois porte parole de ses alliées jusque là peu bavarde, la toquée interpela la phobophobe et son acolyte afin de leur dire :

- Oh vous êtes encore là… on pourrait peut-être… rester ensemble alors ?

Certes, Dakota n’avait jamais laissé courir l’idée qu’elle souhaitait avoir de la compagnie pour la soirée, mais se dire qu’elle passait la nuit chez une autre adolescente rassurait implicitement plus Selene que si elle partait chez Yoru. Après tout, elles l’avaient connu à Dreamland… mais qu’est-ce qui garantissait que dans la vraie vie, il n’était pas bizarre, voire dangereux ?

La rouquine se tourna vers lui pour le dévisager discrètement. Il avait plutôt l’air propre sur lui certes, mais fichtrement excentrique. Ceci dit, dans la mesure où aucune de ses possessions n’était démunie de la marque d’un épouvantail quelconque, elle était sans doute l’une des dernières à pouvoir juger objectivement de l’excentricité d’autrui.

Un passant traversa la rue et regarda le petit groupe d’anciens patients avec les sourcils froncés d’étonnement. Pour la première fois, Selene se sentait différente et comprenait en quoi son obsession faisait d’elle une personnalité marginale. Sans cela, elle n’aurait pas été au pays des rêves, et n’aurais jamais eu de pouvoir particulier… elle aurait été de l’autre coté de la rue, à regarder d’autres personnes hésiter à se lancer dans le monde réel. Cela lui fit mal… de se rendre compte de la distance qu’il y avait entre les saints d’esprit et les fous.

Elle se sentait bloquée. Complètement engluée dans sa peur imbécile qui la forçait à rester là, indécise, sur le pas de la porte. Dakota se mordit la lèvre d’agacement tout en tentant de se convaincre qu’elle n’avait qu’à faire un pas vers l’extérieur, un seul petit pas pour déclencher la dose de courage suffisante pour retourner chez elle peu importe le moyen. Mais son pied restait cloué au sol complètement amorphe. Tu parles d’un leader… elle n’arrivait même pas à trouver un moyen de rentrer chez elle.

Ce fut James qui la rejoignit le premier et sa question sur sa santé provoqua en Dakota une vague de honte. Non ça n’allait pas, bien sûr que non ! Ça n’allait pas parce qu’elle n’était pas guérie, parce qu’elle allait devoir rentrer dans la peur d’avoir peur, réintégrer sa chambre envahie de souvenirs plus désagréables les uns que les autres, se heurter de nouveau à l’indifférence de ses parents bien trop occupés pour offrir un peu d’attention à leur rejeton. Ça n’allait pas parce qu’elle n’oserait jamais avouer ses faiblesses et devrait tout affronter seule, toujours.

- Oui… ça va. Je me demandais juste quel était le moyen le plus rapide et sûr pour rentrer.

Elle se gratta la tempe en soupirant, cherchant comment creuser un peu plus le mensonge pour le rendre crédible. Ce ne fut pas bien dur et elle n’eut presque pas à raconter des cracs d’ailleurs.

- Je sors pas souvent tu sais.

Son ami enchaina sans accorder aucune attention à sa réponse. Il voulait rester là ? Mais… pour faire quoi ? Ce n’est pas ici que les choses allaient avancer. Parkinson ne reviendrait probablement pas, quant à ses coordonnées elles étaient déjà écrites sur la feuille posée sur le bureau du médecin. Si quelqu’un voulait la contacter il le ferait et si personne ne l’appelait… et bien c’était que personne ne partageait sa vision des choses voila tout. Ca ne servait à rien d’accumuler des numéros inutiles comme certains le faisaient avec les amis facebook. Les concours de popularité c’était bon pour les autres.

- J’ai déjà laissé mon numéro, il est tard et mes domestiques doivent se demander où je suis passée. Je n’avais prévenu personne de mon rendez-vous.

Selene choisit ce moment pour les rejoindre devant la porte d’entrée, proposant avec une timidité charmante de rester ensemble. Sauf que Dakota avait bien l’intention de rentrer chez elle et que ça se transformait donc en demande de parasitage ce qui était rudement moins mignon. Cela dit vu que Dak’ avait laissé son adresse dans le but d’être rejointe… elle n’avait pas de raison de refuser.

L’adolescente haussa donc les épaules, le visage inexpressif. Ca irait tant qu’ils ne s’invitaient pas chez elle à 15. Non pas qu’elle n’ait pas la place pour les loger, c’était juste l’envie de les supporter mais aussi d’expliquer leur présence à ses parents et domestiques qui la gênait. Rien que d’y penser elle se sentait fatiguée d’avance.

- Si tu veux. Mais dans ce cas je pense qu’il vaut mieux que j’appelle mon chauffeur.

L’idée de monter en voiture la vit grimacer, mimique potentiellement mal interprétable. Elle sortit ensuite son portable de son sac et composa un numéro avant de porter l’appareil à son oreille. Comme d’habitude Thomas décrocha à la première sonnerie. A croire qu’il passait sa journée à attendre son appel. Elle lui expliqua posément qu’elle se trouvait dans la zone huppée de la ville et souhaitait ramener des amis à la maison, en conséquent elle avait besoin qu’il vienne les chercher. Le blanc qui suivit ne fut que trop explicite : des amis ? C’était bien la première fois que Dakota employait ce mot devant ses proches. Une fois que son domestique affirma partir sur l’instant elle raccrocha et rangea soigneusement son portable. Puis fit enfin ce premier pas, ce pas vers l’extérieur… de toutes façons elle n’avait plus le choix.

- Il sera là dans 5 minutes, il faut qu’on aille l’attendre un peu plus loin, je ne veux pas qu’il sache où j’étais.

C'était malpoli de ne pas écouter une réponse que l'on avait demandé mais James avait apprit que Dakota ne faisait pas partie de ces gens qui racontait leur vie mais plutôt de ceux qui était réservé. Et puis si il avait quand même entendu ce qu'avais dit l'adolescente et à vrai ça ne l'étonna même pas de l'entendre dire qu'elle ne sortait pas souvent, et puis c'était aussi son cas alors. Du moins la seule personne avec qui il passait du temps c'était Jules. Ce dernier d'ailleurs avait finalement décidé de bouger son derrière et à rejoindre son créateur qui fit une petite moue suite à la réponse qui sonnait négative à sa proposition de rester ici. Et il apprit par la même occasion que Dakota était une petite fille riche. Voila pourquoi elle était aussi intelligente et cultivé !
Alors que James allait se mettre à pleurer Sélène les rejoignit et leur proposa de rester ensemble. Les yeux de James scintillèrent d'espoir tout en regardant alternativement les deux filles.

* Allez dis oui ! Dis oui !*

La sentence ne se fit pas attendre et il retint à grand peine sa joie lorsque la blondinette accepta. Et en plus de cela elle les accueillait chez elle. Pour un peu l'adolescent lui sauterai au cou pour lui faire un câlin mais ça serait déplacé non ? La phobophobe sortit son portable et exécuta ses paroles parlant du petit groupe de voyageur en tant qu'ami. Ce terme illumina le visage de James bien qu'il se doutait que c'était pour une couverture mais ça lui faisait quand même chaud au coeur. Elle raccrocha et tout en se dirigeant vers la porte d'entrée dit que la voiture les attendraient un peu plus loin pour qu'elle ne se fasse pas démasquer.
Gaiement l'adolescent suivit son amie en prenant la main de Sélène et de Yoru au passage, 'ayant pas de troisième main c'était difficile de prendre celle de Zephyr. Il faudrait aussi qu'il prévienne sa mère qu'il serait pas à la maison, elle serait heureuse pour son fils de savoir que ce dernier s'était fait des amis ! L'adolescent l'appelerait tout à l'heure, là elle était encore au travail.

De toutes évidences, les deux jeunes gens ne désiraient pas rester les bras croisés face aux risques que prenait Dakota. Et bien soit. De toutes faÇons, Zephyr ne pouvait qu'approuver la déclaration de la phobophobe, si leur pouvoir avait été conservé dans le monde réel, c'est que quelque chose ne tournait pas rond... Malgré que Dreamland soit le lieu de toutes ses hantises, elle ne pouvait qu'y retourner pour découvrir ce qui se tramait. Et heureusement elle n'était pas seule. La traumatisée esquissa un sourire timide à l'égard de Selene qui proposait une échange de coordonnées... James s'empressa de noter les siens sur le papier de Dakota avant de sortir en trombe.

- Donnes-moi ton calepin, je vais te noter mon numéro.

Après avoir écrit les informations, Zephyr rendit le petit carnet a sa propriétaire et sortit, a l'instar d'une brune qui se trouvait près du bureau, son portable afin de noter les numéros inscrits sur le papier de Dakota, ainsi que celui de la toquée et de Miya. Cela étant fait, elle se tourna vers les jeunes filles.

- Je crois que nous devrions suivre James et Dak'. A plusieurs, nous auront plus de chance de nous en sortir face à...

* Face quoi au juste ? *

- ... Ce qui nous attend là bas...

A peine avait-elle formulée sa demande que l'asiatique arriva. Bien décidé a continuer l'aventure, il proposa au trio de séjourner chez lui afin de ne pas se séparer. La jeune fille resta perplexe mais n'en fit aucune remarque. Il faut dire qu'elle ne le connaissait pas le moins du monde. La petite compagnie traversa donc la salle de réveil avant de s'engager vers la sortie.

Le crépuscule tombait déja sur San Francisco lorsque la troupe sortit de l'etablissement, précédée de peu par un trio de filles. Le cabinet se vidait peu à peu, bientôt, toutes les pièces redeviendraient tout bonnement «normales», sans une once de magie.

Rejoignant le duo de James et Dakota, Zephyr sentit comme un gout de “déja vu”. Il fallait reconnaitre que cela ne l'enchentait guère de se retrouver dans une telle situation. Mais elle devait admettre qu'elle se trouvait en présence de personnes «censées».

* drole de manieres de qualifier des fous... *

Découvrir ce qui se tramait serait donc plus simple. Du moins, l'esperait-elle. Ce fut Selene qui formula ce que tout le monde désirait dire a la phobophobe.

- Salut, lanÇa Zephyr a l'intention de Dakota.

Il est vrai qu'elles ne s'étaient jamais vraiment parlée. Et la phobophobe etait terriblement impressionante malgré son age.. Zephyr n'était donc pas rassurée à l'idée de s'incruster. Malheureusement personne n'avait le choix.

Lorsque Dak' accepta et entreprit d'appeler son chauffeur, Zephyr s'étonna. Finalement, elle n'était pas si désagréble. Mais de toutes ces émotions, ce qui la marqua le plus fut d'entendre le mot «ami» sortir de la bouche de la phobique.
Finalement, cette derniere prit la tete du groupe afin de s'éloigner du cabinet. La traumatisée pouvait comprendre, ce n'était pas si simple de vivre en société avec une maladie mentale. Elle connaissait Ça.

Esperons simplement que rien ne se passe chez Dakota.. Il suffirait d'un rien pour que tout bascule dans le monde réel. Cette pensée la fit songer a autre chose. Elle se permis de l'énoncée a haute voix alors qu'ils s'éloignaient du cabinet.

- Et pour Dreamland ? Qu'est ce qu'on fait ? A mon avis, Parkinson n'est pas prêt de nous reprendre en consultation, il a paru effrayé..

Dans un certain sens, elle etait rassurée d'etre entourée. Malgré sa nature solitaire, elle avait appris qu'elle avait besoin des autres et que les autres avaient besoin d'elle. Décidemment, Dreamland n'était pas qu'une méthode de guérison, mais bien une leÇon de vie.

(Hrp : Je modifierai la mise en forme plus tard, étant sur mon portable, il est difficile de pouvoir manipuler les outils destinés a cela.)

Dakota accepta que leur groupe mal assorti reste ensemble, mais cela ne parut pas lui faire plaisir. Une grimace étrange s’était brièvement imprimée sur ses traits lorsqu’elle avait émit l’idée d’appeler son chauffeur. D’ailleurs, cela fit se soulever un sourcil de la rouquine. Elle ne savait pas que la blondinette était issue d’une famille riche… même que son visage blafard inexpressif et ses mèches colorées délavées pouvaient laisser à penser le contraire. Selene se sentit soudainement intimidée par la phobophobe et balbutia un simple merci lorsque cette dernière raccrochait. James prit soudainement la main de la toquée de façon si enthousiaste qu’elle devint rouge pivoine après avoir sursauté. Elle baissa la tête pour dissimuler tant bien que mal l’effet que lui faisait cette marque inattendue de familiarité. La chaleur de la paume du psychotique la faisait frissonner. Décidément… il n’y avait qu’elle pour se découvrir un faible pour quelqu’un dans une situation pareille.

Cherchant à conserver un contact moins déstabilisant que celui imposé par James, Selene attrapa la main de Myia, qui était la plus proche. A bien y réfléchir, leur chaine de 4 déambulant dans une rue de la zone huppée devait avoir l’air étrange, mais les pensées de la rouquine n’étaient pas à l’instant présent. Elle se demandait si elle devait au moins appeler sa tante pour lui signaler son absence, ou bien s’il était préférable d’attendre que tout soit terminé pour lui expliquer après coup.

Leur procession croisa l’arrête de bus où attendaient Melena, Jade et Elie. De leur conversation, la toquée n’entendit que le mot « pizza » et brusquement, son estomac émit un gargouillis discret. Elle avait l’impression que cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas mangé un repas digne de ce nom. Les denrées dreamlandiennes auxquelles elle avait gouté n’avaient pas été mauvaises en elles-mêmes, mais avalées avec un nœud au travers de la gorge, elles s’étaient montrées trop peu savoureuses. Selene ne savait pas si elle se sentait prête à affronter de nouveau ce monde hostile mais… elle n’avait pas le choix, c’était évident.

La question de Zephyr tira un sourire triste à la galloise. Parkinson n’avait pas simplement paru effrayé, il s’était enfui en courant en laissant son bureau complètement en plan, ce qui signifiait bien que toute cette histoire le dépassait largement. La toquée repensait à tout ce qu’elle avait pu apprendre de ce qu’il se disait au sujet des voyageurs. Il semblerait que pour les habitants du monde des rêves, les voyageurs étaient une tare qui existait depuis la nuit des temps…

- Je crois que l’existence de gens... comme nous à Dreamland est plus vieille que le cabinet de Parkinson. Il doit surement y avoir d’autres moyens de passer…

L’adolescente songea alors à son bourreau. Où était-il ? Avait-il également l’intention de retourner là-bas ? Que se passerait-il s’ils se voyaient dans le monde réel ? Liam était certainement la personne qui l’avait le plus effrayé durant son périple. A y réfléchir, même les pirates, mêmes les vampires, même Asmodée elle-même avaient l’air moins terrifiant dans ses souvenirs. Le taulard avait brisé une partie intérieure de son être en la violant, et jamais elle ne pourrait l’oublier.

Le groupe était arrivé à l’angle de la rue et poursuivit malgré tout, longeant une série de bijouteries et parfumeries de marques cachées sous l’ombre fraiche de l’immeuble qui les abritait. Voir les clients penchés sur les vitrines et les vendeurs de haut-standing les accoster avec un sourire professionnel ou leur présenter un produit avec force d’explications maniérées fit sourire Selene. Ce spectacle d’une banalité presque affligeante lui apparaissait comme des cas d’originalité. Elle se souvint être déjà venu dans cette rue avec sa tante qui avait promit de lui offrir un parfum pour son anniversaire. La rouquine avait mit des heures à choisir pour finir par sortir avec un Nina Ricci dont elle brisa malencontreusement le flacon la semaine suivante en la faisait tomber d’une étagère. En effet, elle essayait d’y installer une maquette d’épouvantail assez encombrante…

Ce souvenir fit s’élargir le sourire de la jeune fille. L’image de ses amies s'imposa, et une lumière s’alluma dans son esprit : c’était l’une d’elles qu’elle joindrait pour tenter de lui expliquer sa situation et faire l’intermédiaire avec sa tante. C’était plus sûr de cette façon, mais il allait encore falloir lui faire comprendre que son histoire était très sérieuse. Elle s’en occuperait une fois chez Dakota.

Jeremiah se réveilla soudain, bien sagement allongé dans un lit, la situation était incompréhensible… Il se sentait complètement désorienté…
Le sociopathe avait horreur de ne pas comprendre les choses, il préféra donc garder les yeux fermés et ne pas bouger, il entendait d’autres personnes s’agiter autour de lui.
Bien vite ils les entendis parler, ainsi ils avaient été renvoyé dans la réalité…
C’était ennuyeux…
Jeremiah adorait son nouveau terrain de jeu…

Continuant d’écouter ce qui se disait de ci de là il comprit aussi qu’apparemment ils avaient ramenés un peu de l’autre monde dans la réalité, leurs pouvoirs étaient toujours là.
Enfin une bonne nouvelle, il pourrait toujours jouer ici aussi, il lui faudrait seulement s’adapter, mais s’adapter était sa spécialité après tout.

Quand il fut sur que tous les éveillés étaient partis il se releva.
La pièce était bien calme tout d’un coup, quittant les draps il se dirigea vers la table ou était resté la feuille contenant les coordonnés des quelques voyageurs désireux de garder contact.
Avec un sourire il la glissa dans sa poche, peu être que ces gens feraient de bon amis plus tard, il l’étudierais au calme quand il aurait le temps, pour le moment il y avait une chose qu’il devait faire.

Le départ apparemment précipité du docteur ne présageait rien de bon, vu le nombre de patient et l’âge de certains il y avait de forte chance pour que les parents ou amis s’en mêlent , rendant l’affaire publique, il n’était pas question qu’on entende parlé de lui.
Si l’affaire devait éclaté au grand jour il se devait de couvrir ses traces. Il ne souhaitait pas être mêlé a quoi que ce soit d’étrange ou les enquêteur se feraient un joie de lui tomber dessus…
Il ne tenait pas a retourner en prison, il lui faudrait donc trouver rapidement un autre psy pour régler ces détails.

Quittant la pièce il se dirigea vers le bureau de Parkinson, la porte était restée ouverte dans la précipitation du praticien a fuir les lieux. Il reviendrais sans doute tôt ou tard pour récolter ses affaires.
Jeremiah ramassa un sacoche en cuir qui devait certainement appartenir au docteur et la retourna au sol pour en vider le contenu puis s’attaqua aux divers casiers se trouvant dans la pièce, des papiers sans grand intérêts , il vérifia tout de même que son nom ne figurait sur aucun d’entre eux.
Bien vite il arriva au dernier casier qui lui était fermé a clé, enfin quelques choses d’intéressant.
S’acharnant quelques minutes il fini par forcer la serrure.

Bingo!

Les dossiers des patients se trouvaient là… sans prendre la peine de les regarder de suite il les enfourna dans la sacoche, l’épluchage serais pour plus tard et il prendrais soin de détruire le sien.
Le doc avait surement des doubles mais il était près a parier qu’il les garderaient pour lui, un praticien qui joue au savant fou rend rarement ses recherche publique, et puis il serais bien temps de le retrouver plus tard…
C'était décidément son jour de chance, l’ordinateur du docteur était toujours allumé et Jeremiah passa un long moment a parcourir les dossiers qu’il contenait et a effacer la moindre trace de son nom, une fois sa tache accompli et de peur que quelques génie de l’informatique ne retrouve les fichier il fracassa la machine sur le sol avant de s’évertuer a ruiner chaque composant.
C’était agréable de se défouler…

Il s’apprêtait a quitter la pièce quand il aperçu une sorte d’agenda, le feuilletant rapidement il s’aperçu qu’il s’agissait du carnet de rendez vous du docteur et le glissa a son tour avec les dossiers, après une hésitation il fit le même traitement au bureau de la secrétaire.

Voila, il ne lui restait qu’une chose a faire.
Quand on a pas mal d’argent on peu se permettre pas mal de chose, c’était sans doute la seule chose intéressante dans ce monde, un bonne atout.
Prenant son téléphone portable il composa rapidement un numéro.

- C’est moi.

- …

Le silence qui suivi paru un peu gêné mais Jeremiah n’en fit pas cas et continua.

- J’ai un service a te demander, au tarif habituel bien sur.

- De quoi s’agit il?

- Le docteur Parkinson. J’aimerais que tu vérifie sur la toile qu’il n’y ai plus aucune trace de mon passage chez lui. Nulle part.

- Ca peu se faire…

- Bien j’aimerais aussi que tu intercepte auprès du pénitencier le mail que ce dernier a du envoyer au psy référent attestant que j’était passé chez lui et que tu le modifie. Je ne suis jamais venu. Vu la vitesse a laquelle cet imbécile traite ses dossier il ne l’a sans doute pas lu.
Je trouverais une excuse et trouverais un nouveau psy.

- Ca sera plus cher… hacker un docteur soit mais le réseau du pénitencier c’est autre chose.

- Aucun problème tu m’enverras la facture.

Le sociopathe raccrocha.
Jack était un des meilleurs hackeur de la baie, il n’avait pas de souci a se faire.
Ainsi rassuré il allait pouvoir partir tranquille.

Alors qu’il se mettait en route il aperçu par la fenêtre l’arrivé de deux hommes, il se dissimula rapidement et tendis l’oreille.
Il reconnu rapidement l’un des deux, s’était le type qui l’avait chargé sans ménagement dans la charrette alors qu’il était blessé a Dreamland.
L’autre ne lui disait trop rien mais il devait sans doute être lui aussi un voyageur. Il n’avait pas l’air très rassuré, la tête rentré dans les épaules l’expression abattu.
Ils cherchaient apparemment des gens.

Jeremiah sorti de l’ombre, et commença a parler d’une voix calme et posé.

- Ils sont tous partis a droite a gauche. Parkinson quand a lui a pris la tangente. Je ne sais pas pour vous mais je ne compte pas trainer dans le coin et attendre le venu des flics ou des journalistes.
Si vous voulez vous pouvez me suivre chez moi j’ai de quoi vous loger et même le moyen de joindre les autres.

Yoru sentit, bien que ce fut dissimulé, une certaine gêne de la part de Selene lorsqu'il proposa de l'héberger. Était-ce son style? Sa tête? Son origine?  ou son chromosome Y? Peut-être bien.. Sur le coup, son attitude le vexa un peu mais ça lui était égal (zennn Yoru zeenn ! -_-)! Une flopée de question déferlèrent au sein de son esprit au sujet de cette fille rousse. Il ne l'a connaissait pas, ne l'avait vu qu'une fois sur DreamLand. De ce qu'il avait vu, elle se changeait en épouvantail, un drôle de pouvoir pas très pratique! Cela voulait dire qu'elle avait à contrario, peur des épouvantails! A cette idée, un sourire se dessina sur les lèvres de Yoru qu'il camoufla avec un geste de la main pour ne pas paraitre plus "étrange" qu'il ne l'était déjà.

*Comment peut-on avoir peur des épouvantails..?*

Lorsque Selene proposa à Dakota de séjourner tous chez elle, Yoru fronça les sourcils.. Pourquoi ce serait mieux chez elle que chez lui, hein? T^T Décidément, elle en avait contre lui.. A croire qu'elle était influençable par ce qu'elle voyait et notamment la petite scénette qu'il eut avec Melena et des jumelles quelque temps plus tôt... Au final, après une courte réflexion, l'asiatique jugea que ce n'était pas plus mal d'aller chez Dakota, bien qu'il ne lui donnait pas une place de choix dans son cœur..

Lorsque la jeune fille prit la parole, à chacun de ses mots, il fut surprit: "un chauffeur", des "domestiques", ses "amis".. Dakota était donc riche! Une maison riche signifiait une maison propre et spacieuse, de la qua-li-té! L'idée plaisait bien à l'asiatique!
Lorsque James prit sa main dans la sienne, l'hypocondriaque tressaillit.

Quelques secondes plus tard, ils partirent et Yoru en profita pour se dégager doucement de l'emprise de James sans le froisser, il lança un léger:

-J'ai.. Ca me met mal a l'aise..Je supporte pas les contacts avec les gens..J'suis hypocondriaque.. dsl c'est pas toi hein..

Trop gêné, l'asiatique avait peur que James fasse fausse route sur les réelles causes de cette gêne. Loin d'être homophobe, l'asiatique était simplement hypocondriaque et certains avaient tendance à l'oublier! (ou ne le savaient pas) C'était un gros effort pour lui que d'avoir des contacts proches, longtemps, avec des gens qu'il ne connaissait pas.. Selene d'ailleurs n'avait pas à s'en faire! Si elle avait peur de se faire revioler, par Yoru! Elle tomberai de haut si elle apprenait qu'il était hypocondriaque! -_- Mais il fallait avouer qu'il avait rudement évolué à ce niveau la! Quelques jours plus tôt (jours dans le monde réel bien sûr), il se serait surement dégagé violemment de la main de James et n'aurait pas manqué de l'insulter.. Comme quoi.. tout le monde change!

Le petit groupe sortit donc du cabinet et parcouru les rues. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas ressentit cette pollution, toute cette masse humaine, ces bruits incessants de voitures et ça ne lui avait pas manqué du tout. Ni une ni deux, l'hypocondriaque sortit discrètement de son sac, un de ses masques jetables et le positionna sur son visage. Ces émanations de gaz urbains était réellement nocif pour la santé.. tout le monde le savait..

>> Chez Dakota en compagnie de Selene, James, Dakota, Zephyr et Myia.

Le plus dur était le retour à la réalité et Jonh ne voulait pas la voir. Réveillé depuis un certain temps le dépressif restait allongé, les yeux fermés en attendant. Attend quoi ? Peut être que Dreamland voudrait bien le reprendre même si il avait l'impression de s'être fait jeter comme une vieille chaussette par ce monde étrange. Qu'est ce qu'il pouvait faire ici ? Rien du tout. En plus de cela d'après les paroles des personnes réveillés les voyageurs avaient gardé leur pouvoir et lui par conséquent conservait son nuage...pas vraiment discret pour trainer à San Francisco. Le jeune homme n'avait pas d'autre choix que de rester ici, de se cacher. Ça lui rappelait Elipse, cette manie.
Le silence se fit tout d'un coup quand les autres partirent après avoir échangé leur coordonné. Il n'y avait plus que lui ou bien d'autres non réveillé. Jonh s'apprêtait à enfin se bouger lorsqu'un bruit se fit entendre, comme si quelqu'un fouillait puis un bruit de chute et le silence revint à nouveau. Un voleur était il entré ou bien un patient pas content ? Le dépressif ouvrit les yeux et se redressa. Il avait un peu soif. Se levant de son lit il se dirigea vers la porte des toilettes pour aller boire un peu. Qu'est ce qu'il allait faire maintenant ? Pas question de rentrer chez lui, il ne pourrait même pas répondre à l'étreinte de ses parents au risque de voir des mauvaises images dans sa tête. Un inconvénient de plus à son cumulus qui ne voulait pas le quitter. Jonh passa rapidement de l'eau sur son visage et alors qu'il allait sortir des voix se firent entendre de l'autre côté. Et ils connaissaient ces voix.
Le dépressif sortit de la pièce et vit qu'il ne s'était pas trompé. Il s'agissait bien de Liam, Jérémiah et Gabriel si sa mémoire était bonne. L'idée de l'arrivée des flics et des journalistes ne lui plaisait pas du tout. Le jeune homme n'avait pas envie de finir en bête de foire ni en cobaye. Si seulement il pouvait se débarrasser de son nuage pendant un temps.

- J'aimerai bien me joindre à vous mais j'ai comme un point rouge sur moi, ou plutôt au dessus de ma tête

Il lui avait déjà causer un problème d'ailleurs ce pouvoir à Elipse lors de leur tentative de fuir la capitale. repéré dans une gare par une petite fille qui avait eu la malchance de croiser le chemin de Liam. D'ailleurs ce dernier n'était pas vêtu comme il s'y attendait avec une tenue orange de prison mais en costume.

Liam et Gabriel n’avaient pas encore eus le temps de répondre qu’un nouvel arrivant faisait son apparition. Décidemment ces voyageurs étaient pleins de surprises, Jeremiah jubilais intérieurement, les jeux étaient loin d’être finis.
Finalement Jeremiah n’était pas le seul à être resté au lit le temps que les choses se tasses et que les autres voyageurs prennent la tangente.
Remarque il aurait pu s’en douter au vu du nuage d’intérieur mais après un passage a Dreamland on fait tout de suite moins attention a ce genre de détail, il fallait qu’il se reprenne.

Réfléchissant un instant a la situation il détailla l’arrivant et son air blasé, surement quelqu’un susceptible de devenir un ami intéressant.
Il sourit franchement au nouvel arrivant, ne se souvenant même pas si il avait déjà croisé ce dernier ou pas il préféras jouer cartes sur table.

- Je ne me souviens plus de tout le monde et je ne sais pas si on a été présenté mais cela peu attendre, l’urgence est de quitter ce lieu.

Il parcouru le lieu du regard une fois de plus comme pour mémoriser chaque détail.

-Il y a assez de place chez moi pour nous tous et j’accepte quiconque pouvant se rendre utile, j’aimerais bien tirer certaines choses au clairs.

Reportant son attention sur le dépressif il poursuivi.

-Bien sur il ne fais pas que tu sois un poids mort. Tout le monde devras mettre la main a la patte.

Son regard se portât finalement vers le nuage au dessus de la tête de Jonh, effectivement il était facilement repérable avec ça…
D’accord a San Francisco on croise pas mal de chose étranges ou d’illuminés inquiétant mais un type avec son nuage personnel ça ne courait pas les rues…
Si encore le nuage se postait dans le ciel comme tous ses petits congénères ça passerait simplement pour une couverture nuageuse normale, mais ça Jeremiah n’en avait aucune preuve…
Peu être que si…

-J’ai aperçu une chaise roulante près du bureau du doc… Si tu es inconscient ton pouvoir reste actif ou pas?

Le sourire du sociopathe était plus grand que jamais.

Gabriel ne tarda pas a avoir une réponse quand au sujet de ce qu’ils allaient faire, puisque le bureau n’était pas aussi vide que le phobique aurait bien voulu le croire. Un homme c’était approcher d’eux, et comme si tout était le plus normal du monde, il s’annonça et leurs dit que tout les autre était déjà parti ici ou là, Parkinson avec. C’était bien sa veine tien ! D’accord il n’était peut être plus tout seul avec Liam, mais les réponses que lui avait apporté Jeremiah était assez peu satisfaisante.

Déçu, il alla s’assoir dans un coin, écoutant a peineJeremiah parler des journalistes et des flics. Qu’est ce qu’il voulait bien que ça lui fasse ? La police d’Ellipse lui faisait bien plus peur que celle de San Francisco. A vrai dire, La police de San Francisco passait pour de véritables petits chatons à coté de ceux de l’autre monde, et la liberté de Liam en était la parfaite illustration, bien que Gabriel ignore tout du séjour prolongé de l’autre pervers.

Puis Jeremiah proposait maintenant de les loger ? Il ne les connaissait même pas ? Qui prouvait qu’ils n’étaient pas deux détraqués sexuels ? Bon… Ok il y en avait au moins un sur les deux, et Gabrie n’avait pas vraiment le physique de l’emploi, mais c’était quoi cette manie d’inviter des inconnus chez soi ? Ça aurait été Aldaée ou Kalyss il aurait compris. Après tout ils se connaissait. Gabriel n’avait pas vraiment envie d’accepter, l’idée de passer la nuit en compagnie de Liam le rendait complètement malade.

- Je ne sais pas si c’est une bonne…

Mais il n’eu pas le temps de répondre ! Décidément il avait de la merde dans les yeux ou quoi ? Le bureau du Docteur était bien loin d’être vide, et tous avaient eu la bonne idée de sa cacher et d’attendre le moment opportun pour sortir. Seulement il y avait quelque chose que Gabriel eu du mal à comprendre. S’ils avaient voulu éviter de croiser du monde, pourquoi se dévoilé quand Liam, qui était quand même pas très rassurant a voir, et Gabriel arrivait ? Toujours est-il que Jonh et son petit nuage domestique choisirent ce moment aussi pour se montrer.

Jeremiah repris alors la parole, c’était un vrai moulin a parole ce mec, en disant que les présentations serait pour plus tard, pour enfin réitéré son invitation… Mouais c’était quand même super louche tout ça ? pourquoi il tenait tant que ça a les invitez chez lui ? C’est vrai ça il sortait de chez Parkinson, et Chez Parki il y avait tout genre de fou. Comme pour illustrer sa pensée, il lança un regard furtif et inquiet a son taulard de compagnon et rebaissa les yeux au niveau de ses pied.

Se posa alors la question du nuage de John qui était un vrai « Whooohouuuu je suis là ! » personnifié. C’est vrai tien, s’ils voulaient rester discret, au moins pour ce soir c’était rater, autant le bras de Liam avait été facile a cacher, Gabriel et Jeremiah n’avait pas de pouvoir gênant a première vue, Mais John était une vrai lanterne avec sa chose sur la tête.

En tout cas la réflexion de Jeremiah prouva que pour une fois il n’avait pas tort, Il avait littéralement proposé a John de l’assommer pour l’emmener chez lui ? Mais quel dingue ! D’ailleurs, Gabriel ne mis pas longtemps a lui dire.

- Et c’est comme ça que tu veux qu’on vienne chez toi ? Tu crois que je vais vraiment suivre un mec qui propose d’assommer un autre pour désactiver son pouvoir ? et après on fait quoi on prend le thé ?

Après avoir eu affaire a Liam, Jeremiah n’impressionnait pas vraiment Gabriel, il faut dire qu’il venez de voir la tempête, alors la petite brise d’été, il la sentait a peine.

- Vous êtes de grand garçon non ? Et je ne pense pas que volez une voiture va vous poser un problème si vous avez vécu le même genre de truc que moi a Dreamland.

Il retourna a ses pied.

- Enfin…euh…ce que j’en dis t’façon, hein…

Alexander se réveilla.
Il restait les yeux fermés, mais il était réveillé. Il réfléchissait à tout ce qui s'était passé. Le labyrinthe, et ensuite...
Il n'arrivait pas à se rappeler. Ce qui est sûr, c'est que l'expérience l'avait changé.
Il ouvrit un oeil. Il n'était plus dans le labyrinthe... Ou peut-être que si?
Pourtant ,ses vêtements lui faisait penser à autre chose...

Le cabinet de Parkinson.

Il comptait se lever, lorsqu'il entendit du mouvement. Il attendit que le raffut se passa. Parkinson, une autre personne... Et Elie. Aaa, Elie...

Il n'aimait vraiment pas cette vulgaire demoiselle. Elle se servait des gens. Et lui, lui...
Il s'était laissé faire, pendant tout ce temps. Il avait laissé les moqueries passé sur lui, pendant tout ce temps... Il avait tout ignoré.

Mais maintenant, il réalisait. Il avait quitté un monde normal, ou il était rejeté, et s'était retrouvé dans un monde plus proche de lui, d'une certaine manière...
Mais il avait la aussi été rejeté.

Cela devait changer.

D'autres personnes s'étaient levés. Il attendit que la dernière personne soit sorti, puis fit de même. Il restait encore beaucoup d'endormi, dont un vieil homme, en bure. Etrange...

Il commença a entendre de l'agitation, dehors. Il partit vers cette direction...

Et reconnut Jonh et Jeremiah. Il avait rencontré l'un d'eux sur un navire, quand à l'autre, c'était dans un univers plus étrange que Dreamland...

Il ne reconnaissait pas les deux autres.

- Je ne sais peut-être pas qui vous êtes, mais Jeremiah a en partie raison. Jonh est quelque peu gênant...

Il se rapprocha du groupe. Il se méfiait de la proposition de Jeremiah... Mais que pouvaient-ils faire d'autre?

- Pour ce qui est de la voiture, il n'y a pas a en voler une. Je suis venu ici en voiture, on peut toujours voir si elle est toujours la. Et pour ce qui est de logé chez quelqu'un... C'est à vous de voir, mais ce ne sera pas chez moi.

Il n'allait tout de même pas leur proposé de dormir chez lui, tout de même. Ils étaient bien capable de se débrouiller.

- Quoiqu'il en soit, nous pourrons nous présenter en chemin.