C'est le débarquement !

>>En provenance des plaines félicités.

Endormie comme les autres durant la longue traversé pour aller rejoindre l'île, Jerry ne se réveilla qu'à l'arrivé et resta étourdie quelques instants par le sédatif qu'ils avaient utilisé. Tous ces gens, prisonniers de justice ou bien confrères voyageurs s'étaient regroupés et les geôliers leur retirèrent les maudits bracelets. Agacée par le port de cette parure peu commode, la cleptomane s'en trouva réjouit, mais ne comprit pas tout de suite ce qu'il leur était passé par la tête. Libre ? Point du tout ! Suite à un tirage au sort, on désigna une adresse à chacun, leur futur lieu de résidence ! Avec ses projets enfouis dans son esprit, elle ne pouvait se résigner accepter cela. Maintenant qu'ils pouvaient déambuler partout sur l'île, elle irait chercher les issues de secours.

À la longue, elle trouverait bien un moyen, fut-il aussi compliqué qu'il soit pour s'extraire de cette jungle et fausser compagnie à toute cette faune d'individus qu'elle méprisait. Même le terroriste partait dans son coin pour une raison obscure. Adieu, petit stylo snif.. De son côté, l'envie de se dégourdir les jambes pointait le bout de son nez et pourquoi pas faire du repérage en même temps. Sans attendre que cette masse compacte ne se disperse, elle s'éclipsa de son côté avec ses affaires récupérées en attendant que Griffin se calme d'une manière ou d'une autre. Vive le tourisme ! C'était très égoïste de sa part, mais elle n'en pouvait plus de rester attachée dans un endroit ou à d'autres personnes. On est indépendante ou on ne l'est pas..

Suivant les indications du petit bout de papier reçu au hasard, elle se dirigea vers le centre-ville. Cette endroit n'était pas très joyeux, mornes même. Pas d'enfants pour jouer dehors, des ruines un peu partout, la vie dans ce trou s'annonçait chaotique. Jerry fureta à la recherche de sa nouvelle demeure. Un 2 recouvert à moitié par la mousse lui désigna qu'elle se trouvait là. Ces avares lui avait refourgué une maison délabrée, dont l'humidité recouvrait presque entièrement le mur de la façade. Magnifique, c'était de toute beauté..

Auparavant, elle regarda à travers les fenêtres opaques sans toutefois percer à travers. Très accueillant.. Prenant une grande inspiration, elle entrouvrit le battant de la porte avec un grincement en prime. Le parquet était poussiéreux, des toiles d'araignée figuraient dans presque chaque angle du couloir et pour finir quelques scolopendres sortirent à vive allure, probablement dérangés par la lumière ou parce qu'ils n'avaient pas la conscience tranquille. Jerry se croyait dans Blanche neige et les 7 nains, sans les nabots parce qu'elle avait hérité d'un gourbi et que désormais c'était son toit.

Elle entreprit de visiter chaque pièce pour voir l'étendue des dégâts et de voir s'il n'y avait pas des choses intéressantes laissées par les défunts propriétaires. En fouillant bien, elle trouva plusieurs économies cachées dans les tiroirs poussiéreux. 200 rubz pour être exacte qu'elle ajouta à sa collection d'objets inutiles dans la hotte qu'elle avait. Sachant que tout, absolument tout pouvait s'avérer utile à un moment ou l'autre, elle redoubla d'effort et intensifia ses recherches. Plus tard, la découverte d'une perruque blonde et d'un canard vibromasseur la fit sourire. C'était la preuve que même dans cet enfer persistait un certain humour.

Sans travailler, elle avait acquis du pognon, mais à long terme il serait bien vite dépensé. La petite Blake devrait trouver un travail pour palier à cette éventualité, mais pour l'instant, elle se contentait de faire le ménage en ce lieu laissé à l'abandon.

Les hommes gardant les fourgons étaient venus les prendre, pour les endormir... Nikodim s'était débattu comme un forcené, mais ceux en face étaient plus nombreux et costaud, et il céda, laissant place à un sommeil profond...

Lorsqu'il se réveilla, on les faisait descendre du navire... Il se demanda d'ailleurs depuis combien de temps il était dans un navire. Il n'avait jamais apprécié les voyages en mer, et en général, il ne dormait guère. Il préférait toujours les voyages en avions.

Mais là, nul réveil. Leurs somnifères étaient drôlement costaud... Il ne voyait pas très clair. Puis on leur expliqua rapidement la situation. Ils allaient devoir aller à une maison, et la reconstruire... Apparemment, c'était important. Certaines personnes partirent rapidement, dont l'arabe.

" Tant mieux, ainsi, il ne me dérangera pas. Je dois aussi éviter de faire confiance aux américains."

Cependant, deux choses le gênait: la première était qu'il allait lui falloir travailler de ses propres mains pour survivre, apparemment... Or, si il s'entretenait, il n'avait jamais aimé les travaux manuels.
Exception faites de la torture. Et encore, il préférait prendre des gants ou un couteau, pour cela.

Le deuxième point... Réparer une maison, lui? Il n'avait jamais bricolé. Il avait bâti sa fortune sur les fomentations et les embrouilles, sur les parts de marchés et sur les bénéfices de sa société. Et aujourd'hui, on lui demandait de s'occuper d'une maison? Il n'avait pas un sous en poche, mais il aurait tout donné pour s'acheter son terrain, et se faire construire son palace.

Mais après tout, il ne comptait pas rester très longtemps dans les parages. Et c'était un homme puissant, à San Francisco. Il était peut-être au paradis, ou ailleurs... Mais il devait le connaître, et avait dû lui réserver un traitement de faveur.

Si ce n'était pas le cas, il entendrait sans doute parler de lui tôt ou tard. Le jour ou il leur couperait la langue, ou les petits doigts.

Il partit donc en quête de sa nouvelle maison. On lui avait indiqué une petite falaise. Au loin, il avait cru apercevoir une espèce de cabane... Si c'était cela, il allait criser...

Il s'approcha de la bicoque. Numéro 197. Magnifique. C'était exactement celle qu'il ne voulait pas. Il regarda.
Cela aurait pu être une chouette cabane... Pour séquestrer des enfants. Le lieu était exigu, et le toit était inexistant. Des morceaux de bois trainaient ici et là. Sans doute les vestiges du toit. On aurait pu penser que quelqu'un avait été propulsé jusque là.

D'ailleurs, des cheveux trainaient. Magnifiiique, vraiment. Les types qui lui avaient refilé le numéro le plus pourri allaient le payer très cher. Il fouilla alentour. Il n'y avait rien, au premier abord.

Il allait devoir tout ranger, planche par planche, et réparer ce fichu toit... Puis il se dit que la jeune fille et le jeune homme avait peut-être eu une pire habitation. Quitte à se protéger, ils auraient besoin de son aide...

Peut-être qu'il pourrait s'amuser, lui aussi. Même si l'envie n'y était guère.

Il commença à descendre de la falaise. Rude journée pour le Businessman...

Il y avait vraiment trop de bazar dans cette échoppe. Vaincue par la poussière et autre saloperie, Jerry se contenta de s'asseoir sur une chaise le temps que sa crise d'éternuements ne cesse. Son objectif n'était pas celui-là et toutes ses tâches domestiques handicapaient sa progression. Elle devait prendre l'air pour se mettre en route. Enfin, d'abord elle devait aérer l'endroit qui sentait le poney mort.. Par la fenêtre au joli trou laissé par un impact de balle, elle regarda la rue, songeuse. Se retrouver enfin en dehors d'une cellule ou d'un véhicule était dur à réaliser. Mais un de ses plus bas instinct la poussa à sortir de la maison.

Du haut de son perchoir, le rapace avait repéré sa proie. Un individu à moitié effondré gisait sur le pavé. Il empestait l'alcool et donc, il était une cible facile. Un de ces type à la ramasse que la cleptomane avait prévu de voler. Son échec critique dans la pharmacie l'avait contraint et forcé de réviser ses méthodes. C'est grâce à un stylo que sa rééducation avait commencé, il fallait continuer cette thérapie tout en fuyant les forces de l'ordre comme la peste. Dans son élan réfléchi, elle avait remarqué à côté du pseudo cadavre, un paquet de chips. Elle le regardait, il la regardait. Ils s'étaient compris ! Jerry s'approcha lentement, mais sûrement de cet objet qui ne demandait que d'être enlevé à cet ignoble individu même pas capable de tenir debout.

Encore vivant, l'alcolo chantait une berceuse. Il va pleuvoir maintenant.. Ni une, ni deux elle déroba le paquet de chips et se.. !!! Comme il faisait sombre tout à coup, cela restait inexplicable jusqu'à qu'elle se fraye un chemin vers la sortie. Ses jambes s'étaient empêtrées dans des liens qui étaient en réalité les bretelles de son sous-vêtement et elle tentait de les retirer avec son bec. Bec ? Jerry était terrifiée. À l'origine une femme, elle était devenue oiseau. ce miracle ne l'enchantait guère surtout qu'elle ne pouvait sortir que des sons bizarres et graves au lieu de ce qu'elle voulait dire. Couac ! Pour en avoir le coeur net, elle s'approcha au bord d'une flaque d'eau et constata de ses yeux ce qu'elle était devenue. Une magnifique pie avec de beaux reflets bleutés, métalliques et verdâtres sur ces plumes noires. Plutôt joli !

Douche ! N'y tenant plus, elle fit trempette dans sa baignoire improvisée et s'ébouriffa enlevant ainsi toute l'eau dont étaient gorgées ses plumes. Mieux que le nettoyage automatique d'une voiture ! Toute propre désormais, le volatile se promena en flânant le long de la rue en balançant sa queue de gauche à droite, puis de droite à gauche. Que c'était marrant de voir la ville sous un autre angle ! Tout paraissait si grand pour une bestiole si petite, même le chien qui venait à sa rencontre était énorme. Sentant le danger, la pie prit son envol mal maîtrisé. Après bon nombre de zig zag entre les bâtisses, elle se crasha sur le toit d'une maison. Elle.. elle.. venait de voler ! Ne pouvant exprimer sa joie autrement, elle poussa un grand cri. Tchakaa tchiaa ! C'était encore plus fort que son autre pouvoir et cela la mettait de bonne humeur.

Très excitée par cette nouveauté, la cleptomane voulut renouveler l'opération. Elle commença par s'essayer sur sa piste d'atterrissage forcé jusqu'à qu'elle pige le "truc" pour voler normalement. Convaincue de savoir, elle partit du toit avec son nouveau mode de déplacement. Le chien devait être partit depuis un bon moment aussi, le paquet de chips qu'elle avait vu la réclamait. Nourriture !

Avec un atterrissage moins pitoyable, elle se posa à côté du corps de l'autre déchet qui avait roulé entre-temps. Plus de chips ! Un pique-assiette l'avait précédé. Elle grondait intérieurement. Ceci dit, sa petite crise ne fut que passagère. Un éclat avait attiré son attention. En plein soleil, une vulgaire capsule de bouteille brillait de mille feux et se reflétait dans le regard de Jerry. Mon précieux ! Cette pacotille faisait l'objet de toutes les attentions de la pie naturellement attirée.

Fière de son acquisition, l'oiseau déambula dans la rue avec la capsule sous le bec.

>> En provenance de Freedoom, centre ville

Naomie ne trouvait rien d'utile. Si ce n'était que des petits bouts de bois sans intérêts. Le fait qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps ne lui permettait pas de bouger d'énormes caisses pour regarder derrière, même si elle aurait plus de chance d'y dénicher des matériaux plus intéressants. Elle revint à son abri avec du tissu, quelques planches de bois, des clous tordus, des briques... Rien de tellement solide. Elle désespérait en voyant le si peu d'objets qu'elle avait trouvé. Ce n'était pas avec ça qu'elle allait réussir à résister aux zombies. D'ailleurs, les zombies, qu'est-ce qu'elle savait dessus ? Elle avait regardé de nombreux films d'horreur avec des créatures surnaturelles comme des vampires, des fantômes, des loups-garous... Mais pas beaucoup sur les zombies. Elle savait seulement que c'était des cadavres qui reprenaient vie la nuit en sortant de leur tombe. Elle savait aussi qu'ils mangeaient de la chair humaine et qu'ensuite, leurs victimes devenaient à leur tour des zombies. Elle avait également entendu que ces pourritures ambulantes ne voyaient rien et qu'ils se dirigeaient vers leurs proies grâce aux bruits qu'ils faisaient et à l'odeur qu'ils dégageaient.

Naomie essayait de renforcer tant bien que mal cette misérable cabane en bois. Elle n'avait pas tous les matériaux qu'elle avait besoin et c'était bientôt l'heure. Elle stressait comme une folle, surtout qu'elle était seule. Elle n'avait personne pour l'aider, même pas un habitant avec un grand coeur. Les gens d'ici étaient vraiment bizarres. Ils n'avaient aucune sympathie pour personne, apparemment. Il ne faut pas s'apitoyer sur son sort, merde ! Il faut croquer la vie à pleine dent ! Enfin, s'il y a quelque chose de comestible à croquer ici, ce qui l'étonnerait. L'érémitophobe avait presque utiliser tout son de matériel. Des larmes commencèrent à couler. Elle avait peur. Peur de se faire manger par des zombies et d'en devenir un à son tour. Elle avait déjà ressentit cette peur. Cette peur effroyable qui vous fait perdre tout vos moyens et qui vous fait faire tout et n'importe quoi. C'était à cause de ça qu'elle était arrivé ici. Il fallait qu'elle réussisse à la contrôler avant de faire quelque chose de grave.

Soudain, Naomie vit une pie arrivé avec une capsule dans le bec. Elle essaya de la faire venir. «Petit, petit, petit ! Allez, viens, n'ai pas peur !». L'oiseau la regarda d'un air mécontent. Le volatile déploya ses ailes et fonça droit sur la New Yorkaise. Cette dernière se protégea tant qu'elle pouvait avec ses bras dénudés. La pie la piquait partout avec sa capsule. Naomie, ayant trop mal fit un geste brusque avec son bras et propulsa l'oiseau dans la porte en tissu de la cabane. On entendit un grand bruit à l'intérieur. La jeune fille se dirigea vers son abri. Elle ramassa la capsule qui était tombée devant. Elle poussa l'étoffe sale et sursauta. Sur les caisses du fond était affalé une fille un peu plus âgée qu'elle, entièrement dénudée. Par réflexe, Naomie attrapa un vieux tissu qui se trouvait par terre. Elle le lui tendit. La l'inconnue l'attrapa et s'en vêtu rapidement, rouge comme une tomate.

-Euh... comment ça se fait que tu es là ? Je ne t'es pas vu tout à l'heure. Et puis, tu n'aurais pas vu une pie ? Elle devrait être dans les parages. Je crois que je l'ai frappé un peu trop fort. Elle m'avait attaqué avec une capsule en même temps...

L'érémitophobe eu soudain l'impression de parlé trop. Par politesse, elle se reprit et se présenta.

-Euh... moi, c'est Naomie, lui fit-elle en lui tendant la main, et toi, comment tu t'appelles ?

En se promenant de ci de là en gazouillant, Jerry la pie respirait la joie et la bonne humeur raccrochée à un simple bout de métal brillant. Devant un tel comportement animal, n'importe qui dirait que c'est franchement stupide, le pire étant que l'oiseau en question est bel et bien humain. Trésor, trésor Tchiaaa ! Le pathétique oiseau arriva de fil en aiguille jusqu'à une petit cabane en bois pouvant servir à ses desseins les plus obscurs. Sachant qu'en réalité, le piaf cherchait à confectionner un nid douillet rempli de conneries brillantes en tout genre, tout aussi futiles les unes que les autres, cependant elle dû vite réviser ses position vis à vis de cette caverne d'Ali baba car déjà une grande silhouette se dressa devant elle. Devant une telle taille le minuscule oiseau se laissa effrayer avant de se ressaisir devant l'affront qu'elle lui faisait, genre l'appâter sans nourriture. Quel professionnalisme !

Le pire, c'est qu'elle y croyait la nana et puis ça sentait l'entourloupe à plein nez : elle voulait sa capsule de bouteille. Ni une ni deux, la pie courroucée se rua sur Naomie la corriger. Même si elle avait le cerveau réduit à la taille d'un gland, cela ne l'empêcha pas d'avoir l'intelligence de se servir de son bien comme d'un outil et elle ne s'en priva pas pour écorcher l'ennemi. Le volatile rapide la roua de coup de capsule jusqu'à finir dans le décor suite à un grand coup de la part de la fille. K.O. par une défaite, le chétif oiseau alla se crasher dans la cabane, regardant tristement sa capsule rouler jusqu'au pied du vainqueur. C'est alors qu'elle reprit son aspect d'origine, à un détail près.. sans ses fringues. Elle ne le comprit que lorsqu'un vent glacial lui chatouilla ses cuisses. Réflexe de survie, elle se replia sur elle-même se frictionnant les membres. Il fait froid ! J'en ai marre ! SA
MÈRE !

L'agresseuse qui avait prit possession de sa capsule reparut. Des souvenirs resurgissaient d'un passé lointain, ceux des deux hommes arrivés à Dreamland à poil et en caleçon, une aubaine pour la cleptomane. Cependant, elle aurait voulu apparaître comme cela à Griffin, paralysé comme il le serait, elle aurait bien pu en profiter. La cleptomane en rougissait rien qu'à l'idée et attrapa le tissu rapiécé que la jeune fille lui tendait. Ce n'était pas avec ce geste qu'elle deviendraient copines et dans la tête creuse de Jerry, chaque coup donné méritait d'être renvoyé. Tandis qu'elle essayait de se vêtir convenablement, la miss tenait un discours qui lui donnait plus envie de lui en foutre une que de faire la paix. Oui c'est elle la pie et oui elle l'avait agressé avec une capsule de bouteille qui avait un intérêt inavouable. En y repensant, elle n'avait même pas prit de voler la capsule qu'elle s'était enticher d'elle, ceci écoeurait Jerry. Les meilleures choses étaient toujours celles que l'on avaient dérobé. Pourquoi fallait-il que ce nouveau pouvoir se ligue contre elle au point de la transformer en oiseau même pas capable de faire la différence entre les pièces de valeurs et celles qui ne l'étaient pas ? Décidément, c'était le premier qui se révélait bien plus intéressant que le second et le dernier s'était déclenché pour un paquet de
chips ! De chips, bordel..

Le plus marrant dans toute cette histoire était que l'adolescente n'avait rien capté et lui tendait la main.

- Jerry Blake..

Tu vas morfler.. Jerry en bonne hypocrite accueillit sa poignée de main avec un sourire pour faire style et puis la tira d'un coup sec en avant pour qu'elle vienne s'écraser contre le mur en bois sur lequel elle s'était adossée. Rapide, net, précis, elle s'était vengée et ramassa la capsule, triomphante, puis lui glissa à l'oreille quelques mots.

- C'était moi la pie. Saches aussi que l'on ne me détrousse pas impunément sans faire d'échec critique..

Elle essaya de jongler avec la capsule façon "je me la pète" sans réellement réussir à le faire, puis reprit son air sérieux qui lui allait si mal et tourna les talons.

- Bonne fin d'après-midi, voleuse du dimanche..

Elle reprit la route en sens inverse, lentement puis rapidement au fur et à mesure que ses orteils commençaient à geler sur le sol froid. Vite vite ! Jerry retrouva ses affaires là où elle les avait perdu suivant sa transformation. Ne cherchant pas à savoir si des gens la mataient depuis leur fenêtre, elle se grouilla d'enfiler ses habits pour passer à l'étape suivante qui consistait à retrouver l'ochlophobe. Même un peu dans le brouillard durant le tirage au sort, la cleptomane avait tout entendu concernant la demeure dont avait hérité Griffin. Sans plus attendre, elle se dirigea vers le cimetière central.. le 86 lui semblait-il..

Nikodim n'aimait guère l'endroit, au premier abord. D'abord, car c'était la première fois qu'il était " prisonnier". D'habitude, il réussissait à tout faire pour ne pas avoir ne serait ce qu'une condamnation avec sursis. Ses collaborateurs, eux, avaient des contacts en prisons: ils étaient tout aussi utile à l'intérieur qu'à l'extérieur de leurs cellules.

Ensuite, car ici, il n'avait pour le moment aucun pouvoir. Ni argent, ni rien. Lui qui avait pour habitude d'être le maître dans chacune de ses négociations, et d'obtenir ce qu'il ne pouvait obtenir autrement par les bénéfices de sa compagnie, par ses avoirs et ses titres, ou en de rares occasions par la torture, ici il n'avait ni armes, ni richesses. Il lui faudrait se creuser un trou une seconde fois, si il devait rester ici.

Il devait trouver qui était les puissants de ce monde. Les côtoyer. Faire en sorte qu'ils aient confiance en lui. Et cela allait sans doute prendre du temps.

Autre problème. L'ambiance même du lieu. Si Nikodim avait l'habitude des personnes mornes et ternes, c'était due à leurs conditions de travail, et cela lui plaisait. Car ils souffraient, tous, tandis que lui se montrait puissant.
Ici, il n'avait vu que des gens semblant au désespoir, se plaignant, demandant de l'aide... Il avait même du en pousser une du pied, car elle s'accrochait à lui... Salissait ses vêtements... Il n'aimait guère ce genre de démuni. Inutile. La lie de l'humanité. Et le pire, c'est qu'ici, il approchait de cette lie. Il allait lui falloir agir rapidement.

Enfin, il n'avait toujours pas d'échiquier. Et ça, c'était aussi très dérangeant. Mais il allait devoir faire avec. Avec un peu de chance, ses nouveaux compagnons auraient de l'argent pour lui...

Mais il allait falloir les convaincre.

Il se dirigea vers la maison du jeune homme muet. Cela allait lui prendre du temps, pour mettre en confiance cet homme... Mais s'il ne le faisait pas, alors son avenir ici risquait d'être joué d'avance.

Il regarda au loin une batisse imposante. Une très belle demeure, d'un riche propriétaire sans aucun doute. La personne qui habitait cet endroit aurait un bon toit et un bon feu... Il devrait peut-être essayer de s'en faire un ami....

Mais au fur et à mesure qu'il s'approchait, il avait l'impression que cette maison allait être le numéro 86. Lorsqu'enfin, il fut en face de la maison, il commença à la détailler. Il ne semblait pas y avoir beaucoup de travaux à faire. Il s'approcha de la porte, et put voir le numéro siégeant sur celle-ci.

Le numéro 86.

Elle s'appelait Jerry. «C'est un peu bizarre comme nom.» se dit Naomie. La cleptomane lui paraissait tout de même sympathique. Et bien, elle se trompait. A peine Jerry lui prit la main qu'elle tira sur l'érémitophobe et la jeta contre le mur. Ouïe ! Ca fait mal. Toujours avec son drap, elle ramassa la capsule que la New Yorkaise avait fait tomber et lui chuchota à l'oreille. Les yeux de Naomie grossirent d'un coup. Quoi ? C'était donc elle la pie ? Et bah, décidément, cette ville est très bizarre, et les gens qui y habitent aussi, d'ailleurs. Et puis, elle ne lui avait rien volé. Qu'est-ce qu'elle raconte celle la ? Elle avait juste ramassé ce que Jerry avait fait tomber.

La cleptomane est sortie dans le froid glacial, toujours habillée de son étoffe. Naomie se leva. Son épaule lui faisait mal. Jerry avait une de ces forces ! Elle l'avait jeté brutalement contre le mur. Elle essaya de marcher sans trop bouger son bras. Elle sortit dehors pour finir l'amélioration de sa cabane. Elle avait déjà tout utilisé. Il était bientôt l'heure. Ne sachant plus quoi faire, elle paniqua. Elle tremblait rien qu'à penser aux zombies qui allaient sûrement la manger. Le ventre de l'érémitophobe gargouilla. Elle crevait la dalle. Elle regarda autour d'elle : il y avait des poubelles pleines.

L'idée de fouiller dedans pour ne serait-ce que trouver de la nourriture à moitié consommée lui traversa la tête un instant. La New Yorkaise s'en approcha puis s'en éloigna rapidement car l'odeur était trop forte. Elle préféra chercher autre part pour se nourrir. Elle marcha dans la rue. Comme d'habitude, tous les habitants la regardaient de travers. Elle avait envie de leur sortir «Bordel, vous avez un problème ? ».

Plus loin, Naomie trouva un homme par terre. À côté de lui se trouvait un paquet de chips. Elle s'approcha doucement. L'homme était à moitié endormi. L'érémitophobe piqua rapidement le paquet et s'éloigna un peu pour ne pas que le bonhomme par terre ne la remarque. Elle prit quelques chips dans ses mains et les enfila dans sa bouche. Elle avait plein de bouts de chips autour de la bouche mais elle s'en foutait totalement : elle avait faim.

POUAH !!! Ces chips étaient immangeables ! Elles avaient un goût de fromage pourri. Naomie les recracha toutes, sans exceptions. Elle se nettoya la bouche d'un coup rapide et s'en alla. Soudain, quelque chose s'accrochait à sa cheville. C'était l'homme qui était par terre. Il se tenait fortement à son pied. L'érémitophobe essaya de s'en détacher mais en vain. Mais que voulait-il ?

-Dis, jolie fille.... tu, tu n'aurais pas *hic* un peu à manger ...? lui demanda-t-il.
-Euh... Non, désolé. Mais, vous pouvez me lâcher s'il vous plaît ?

Il la regarda, puis, la lâcha. Elle s'en alla, marcher un peu dans la ville en attendant l'heure fatidique.

Sur le chemin, Jerry remarqua un étrange comportement chez les habitants de Freedoom. D'abord les rues étaient vides ou presque. Les gens avaient les yeux rivés sur leur montre, certains continuaient encore de placer des barbelés sur le rebord de leurs fenêtres ou des planches pour les condamner. Mais qu'est-ce que.. pourquoi faisaient-ils cela ? La cleptomane n'y voyait aucune raison de le faire, trop habituée à être en sécurité à San Francisco, mais elle se doutait qu'il se préparait quelque chose.. mais quoi exactement ? Durant le petit briefing des prisonniers, on leur avait dit de commencer les réparations de leur habitat et apparemment, ce n'était pas que pour faire beau.

Peu après, elle arriva devant une superbe battisse en meilleure état que celle qu'on lui avait confié. Les fenêtres en arc d'ogive ne trompaient pas sur le style d'architecture : une maison style gothique. Épatant ! Griffin, tu as tiré le gros lot.. Son élan de joie s'estompa peu à peu lorsqu'elle aperçu le russe du fourgon. Méfiante, elle s'approcha tout de même, remarquant au passage que la maison était bien le 86.

- Mister Nikodim ? Que faites-vous là ?

Question stupide mais qui pouvait entamer une discussion. La porte n'était pas ouverte, ni fermée à clef, une aubaine s'ils voulaient squatter. Les observations inquiétantes la poussaient à agir. Si les gens se protégeaient en renforçant leur maison, il devait y avoir un danger quelque part, une menace.

- Rentrez, j'ai comme le sentiment qu'il y a.. un problème.

Elle rentra la première sans réellement se soucier de savoir qu'il avait fermé la porte ou non. Curieuse, elle regarda plus attentivement l'intérieur de la demeure. Pas trop sale, ni trop poussiéreuse, avec des meubles barricadant certaines fenêtres, des renforts un peu partout. Tout laissait à penser que les défunts propriétaires se barricadaient à l'intérieur de la maison, tout comme les vivants à l'extérieur. Machinalement, Jerry ouvrit la fenêtre qui donnait sur la rue, voyant au passage Naomie en bas. À croire qu'elle la suivait..
Elle avait bien envie de l'appeler pour lui faire tourner la tête, mais une sombre découverte la fit taire.

Un lambeau de chair pendouillait lamentablement accroché à un des volets. Transi de peur, la cleptomane essaya de se rassurer en pensant que ce n'était pas une bout de viande et elle secoua le volet. La chose tomba dans la rue, sans apporter une quelconque réponse. Intriguant, mais pas plus que les traces de griffures sur le rebord de la fenêtre. Les découvertes macabres, une maison de morts, une brume épaisse pour couronner le tout. On se croyait dans un film d'horreur ! Il ne manquait plus que les monstres pour les bouffer et justement, Jerry pensait à eux à ce moment. Elle ferma les volets et appela Griffin, sans grand succès. Peut être qu'il n'était pas encore rentré...

Angoissée, elle fit le tour de la maison pour s'assurer qu'aucune porte n'était ouverte. Malgré la panique, une petite touche d'humour persistait dans le décor très sobre de la maison, comme le jeu d'échec dans le salon.

Nikodim se retourna en entendant la voix de Jerry. Apparemment, en voila une qui avait chercher de l'aide... Ou tout simplement son petit ami. C'est vrai que dès qu'il était arrivé dans ce fourgon, le jeune homme et elle était déjà ensemble. Un obstacle de plus....

... Qu'il allait falloir supporter. Il ne pouvait rien se permettre pour le moment. Toujours est-il qu'elle lui avait posé une question. Il existait des règles de bienséance... Et elle n'avait guère offusqué Nikodim, si ce n'est par sa présence. Elle méritait donc une réponse.

- Ce que je fais ici? Et bien, je pense que j'aurais bien besoin d'argent, et vu que vous êtes là depuis plus longtemps que moi...

Il arrêta sa phrase. Cela n'allait pas. Ce n'était pas bon! Il ne pouvait pas réfléchir correctement, pas dans l'inconnu, pas sans être sûr de lui...... Ce n'était pas possible!

Mais il n'eut pas à se justifier. En effet, la jeune fille parla d'un.. problème? Ici? Il avait des problèmes importants, c'est sûr... Mais elle n'en savait rien. Alors, un problème extérieur? Qu'est ce qui pouvait être pire que perdre sa fortune et sa notoriété d'un seul coup?!?

Il avait bien du mal à rester calme, mais il entra. Et il découvrit un endroit parfait pour lui.

On aurait dit un manoir gothique, mais il n'aurait pu daté la demeure. Elle était plutôt en bon état, mais les meubles avaient été disposé au niveau des entrées, comme pour en bloquer l'entrée... Sans doute la famille vivant ici désirait éviter les clochards de l'extérieur. Mais il y avait plus simple: une alarme, un code digital et des chiens. Certains ne voyaient définitivement pas l'esprit pratique.

Tandis que Jerry tournait autour de la maison, appelant Griffin vainement, Nikodim arrêta son regard sur l'échiquier siégeant dans la demeure. Il s'approcha lentement, sentant son cœur battre plus rapidement.
Des pièces magnifiques. On aurait dit les pièces faites d'ivoire et d'onyx. Ce n'étaient bien entendu pas le cas, car de tel pièces auraient coûtés une véritable fortune. Ce n'était qu'un faux semblant.

Une partie avait été stoppé. Le noir gagnait. Il avait commencé à engager un mouvement de fourchette royale, et le blanc ne voyait rien venir. Un expert et un débutant.
Certaines pièces semblaient poisseuses. Nikodim regarda aux alentour, et trouva un chiffon guère trop sale. Il commença à nettoyer les pièces.

Enfin, il allait pouvoir se détendre quelque peu.

Il jeta un regard vers la fille, qui semblait apeuré, pour ne pas dire terrifiée. Il devait la calmer, s'il désirait s'en servir. Il parla doucement, son accent faisant que chaque mots qu'il désirait accentué l'était plus que nécessaire.

- Mademoiselle... Jerry, c'est cela? Je ne suis pas sûr que votre "amant" n'arrive tout de suite: il n'est peut-être pas encore là. Nous devrions l'attendre pour lui demander de nous héberger. Une partie d'échecs vous tenterait, en attendant?

Même si elle disait non, il jouerait seul. Il n'allait pas chercher un inconnu.
Et puis, ces pièces l'appelaient, lui. Il commença à remettre en place chacune des pièces...

Encore dans tous ses états, Jerry ne savait pas ce qu'il se tramait sur cette île perdue. Les indices laissés dans la demeure et le comportement étrange des habitants montraient qu'ils devaient en aucun cas sortir. La terreur s'intensifia lorsqu'elle vit que Nikodim, le doyen de la bande faisait comme si de rien n'était. Peut être avait-elle rêvé ?

Maintenant qu'il lui demandait de l'argent, elle le considérait plus comme un parasite que tout autre chose. L'ancienneté qu'il mettait en avant ne signifiait rien, elle avait passé les 3/4 du temps en prison depuis son arrivé et le seul fric qu'elle s'était débrouillée à trouver était les économies des précédents propriétaires de la baraque. Excédée, elle croisa les bras en signe de refus.

- Et je peux savoir à quoi vous servirait cet argent ? J'en ai effectivement mais je ne le donne pas comme ça. Dans le monde d'où je viens, je suis serveuse dans un restaurant et je ne gagne pas des sommes fabuleuses certes, mais elles me servent à payer le prix de mes études sans trop pomper sur la retraite de ma grand mère..

Elle s'installa en face du russe sans le quitter des yeux.

- Même si cet univers n'est pas le même, je ne vais pas pour autant changer mes habitudes : pas de prêt d'argent, je ne veux pas être roulé dans la farine.

Les escrocs étaient nombreux, il fallait redoubler de prudence en ce bas monde. D'un air dédaigneux, la cleptomane regarda les pièces d'échec. Finalement le vieux a eût ce qu'il voulait.. Suite à la découverte macabre, Jerry était vissée à la chaise et ne sortirait en aucun cas de la maison. Avec un peu de chance, Griffin s'était mis en sécurité autre part et cette pensée optimiste la rassura quelque peu. Le calme ambiant était favorable au jeu et une opportunité était toujours bonne à saisir.

Les échecs ? Elle n'y avait quasiment jamais touché de sa vie, elle était novice mais elle s'en fichait. Ce jeu demandait une grande concentration ainsi que de la patience, ce qu'elle ne possédait vraiment pas. Cependant la présence en moins de l'ochlophobe la poussait à se tourner vers ce qu'elle avait sous la main, alors pourquoi ne pas jouer ? Il lui avait proposé gentiment en plus. Étant son adversaire, elle s'était installée du côté des blancs. Les pièces poussiéreuses avaient été nettoyé par le fanatique, une noble attention qui leur évitera de se salir les doigts. Suite à la galanterie de l'homme, il lui laissa le soin de commencer en premier.

Mais voilà quelle stratégie adopter ? Le but de ce jeu était de mettre en échec le roi de l'adversaire et avant, il fallait bouger les pièces de devant. Selon ses souvenirs, le pion pouvait parcourir deux cases à son premier déplacement. Jerry prit sans hésiter le pion tout à gauche et l'avança de deux cases le rapprochant de l'ennemi. Ce jeu commençait à amuser Jerry et la raison principale était qu'elle pouvait tenir les pièces dans sa main. Les mains pleines, le moral au beau fixe ! La seule pièce qu'elle appréciait pour sa symbolique était la tour, le bercail, le retour chez elle, voilà ce qu'elle représentait. En parlant de tour, une nappe de brouillard passait par intermittence devant la seule à un kilomètres à la ronde ressemblant beaucoup à la statue de la liberté. À chaque regard vers cette tour, la cleptomane se sentait légèrement oppressée. La raison ? On aurait dit que la tour était vivante et la regardait du coin de l'oeil.

Nikodim l'écouta patiemment, tout en regardant sa manière de jouer. Elle prenait très peu de temps pour réfléchir, et jouait la première pièce de son plateau, en ayant un regard légèrement appuyé vers la tour. Cela pouvait ne rien vouloir dire....

Puis elle regarda dehors. Elle suivit son regard. Une statue, ressemblant étrangement à celle en Amérique, dressé pour de faux principes... La Liberté? Il l'avait eu au prix du sang. Les Américains se pourvoyait de bons côtés, mais il n'y avait rien de bons chez eux. Aucun être humain n'était parfaitement bon. Il y avait toujours le mal, terré quelques part...

Lui, au moins, en tant que Russe, il le savait. Et il savait aussi qu'il était plus proche du mal que du bien. Mais il en avait cure. Un sourire se dessina sur ses lèvres, à ses pensées.

Toujours est-il que ce second geste avait pût lui confirmer ce qu'il désirait savoir : elle avait peut être quelque chose en tête avec la tour. Cela expliquerait le mouvement du pion. Plus facile pour sortir la tour. Il allait devoir se méfier.

Mais sa technique à lui l'aiderait. Et puis, elle avait vraiment l'air d'une débutante. Alors que lui avait été plusieurs fois champion. Alors, tout en réfléchissant à chaque mouvement futur de son adversaire, il reprit la conversation.

- Veuillez m'excusez pour tout à l'heure. Je n'aurais pas dû, en effet, vous demander cela. Je voulais juste avoir un peu d'argent pour prendre à manger, et me prendre un jeu d'échecs... Peut-être pas aussi flamboyant que celui-ci, mais... C'est une passion, pour moi.

Plus qu'une passion, une nécessité. Il commençait à s'en rendre compte. Cependant, ce n'était pas véritablement un d"faut. Après tout, qu'il y avait-il de mal à vouloir s'amuser? Il aimait juste beaucoup les échecs.

- Vous en avez appris beaucoup sur ce qui se passe dans le coin, par hasard? Pour ma part, je n'ai guère eu le temps, j'ai essayé de réparer mon abri de fortune... Mais quelqu'un a dû tomber du toit!

Il avait dit cela sur le ton de l'humour. Mais son rire faisait peut-être un peu trop "russe machiavélique". Cependant, il ne s'en rendait pas compte.

Sa technique allait consister en sa formation en Fer de Lance, dans un premier temps. Toujours long à mettre en marche, mais cependant, elle permettait de voir plus facilement les dangers arriver, et de pouvoir créer une pression quasi constante sur ses adversaires. Il n'existait qu'une légère faille...
Mais elle n'allait pas la trouver, ça non. Et Elle ne le connaissait pas.

- Vous avez une passion, Mademoiselle? Quelque chose qui vous fait vibrer? Qui vous donne la force de continuer?

Tout cela était dans son plan, bien sûr. Il ne cherchait pas à la déconcentrer, mais à la détendre. A l'amadouer pour mieux l'avoir dans ses filets. Peut-être pas pour les menus plaisirs qu'il appréciait tant... Mais pour avoir un premier guide. Une première connexion durable en ce monde.

Il prit enfin le pion juste à côté de celui qui avait bougé dans le camp adverse. Il l'avança d'une case, et l'annonça.

- Pion en B6!

Il eut un geste pour taper le chronomètre... qui n'existait pas. Il avait oublié. Il fit comme si de rien n'était et posa sa main sur la table, doucement, pour ne brusquer aucune pièce.

La Partie était joué d'avance. C'était presque trop facile. Il était le Roi dans cette demeure, et elle le Pion.
Et comme tout pion qui se respecte, elle allait le servir, à volonté. Il faudrait juste du temps...

C'était crédible qu'il lui demande des sous pour manger, elle-même avait un peu faim. C'était dû au trajet dans le bateau sûrement, le temps qu'ils atteignent l'île plusieurs jours devaient être passé. Après le jeu d'échec, c'était vraiment du gadget. Il fallait qu'il s'en passe sinon, Jerry avait l'impression que le jeu avait sur ce type un effet apaisant comme un calmant quoi ! Si c'était un accroc, il faudrait qu'il arrête pour regarder autour de lui, cet endroit n'est pas commode et Jerry en savait assez sur les us et coutumes des habitants en particulier des ellipsiens, de beaux salopards tous autant qu'ils étaient. Le prochain citoyen qu'elle croiserait serait un homme mort. À charge de revanche..

Du côté de la force obscure, Mister Nikodim avait jouer un pion lui aussi. Il fallait ruser à ce jeu-là mais Jerry n'avait pas le coeur à l'ouvrage soucieuse du danger qui se dissimulait près d'eux. Sa tactique pour l'instant consistait à jouer sa pièce fétiche.

-Tour en A3

Le problème était que si sa tour prenait un pion, elle était aussi vulnérable en plein camp ennemi. Heureusement ce n'était que le début, elle avait tout le temps de réfléchir. Le russe racontait que son domicile dreamlandais était un abri de fortune, décidément lui non plus n'était pas bien loti. Griffin était le seul à avoir hérité d'une maison en meilleure état, en revanche elle se situait aux abords d'un cimetière, lieu dans lequel des abrutis aiment venir à la nuit tombée pour se faire peur. La cleptomane ne voulait plus se risquer dans un endroit louche et pour cause, son agression avait suffit à la convaincre.

Aussi quand elle était pie, elle était encore plus vulnérable avec son petit corps duveteux. En réfléchissant à toutes éventualités, il se pourrait que la chose que redoutent les habitants vienne les déranger pendant la soirée. Jerry pensait que de se retrouver seule dans cette grande bâtisse était usant pour ses nerfs et son moral. Il valait mieux qu'il reste ici avec comme le prétexte que de doute façon, il était voyageur.

- Un abri de fortune ? Je pense que Griffin ne va pas vous mettre dehors sachant cela. De toute façon, cette maison est assez grande pour accueillir plusieurs familles..

En réalité, elle détestait se retrouver seule. Ses parents bien que tout proches d'elle petite, ne la remarquaient pas ou s'efforcer de la laisser toute seule en compagnie de jouets inanimés. La seule issue de secours demeurait ses ami(e)s et maintenant qu'elle était livrée à elle-même, autant sympathiser avec ce monsieur. Elle redoutait aussi ce qu'il pouvait se passer à nouveau en étant seule, comme la fois où elle s'était aventurer dans cette ruelle.

- Vous savez les gens d'ici n'ont pas la même routine que chez nous. J'ai l'impression qu'ils cherchent à se défendre de quelque chose en barricadant leur maison..

En fait, ce qu'elle avait vu tout à l'heure était plus difficile à communiquer avec des mots et elle sentait qu'elle allait peut être vomir en faisant la description. Lui ne semblait pas se douter de quoi que se soit, le genre de type qu'on prend au dépourvu lorsqu'une merde arrive. Après la question sur les passe-temps la chiffonnait quelque peu, son activité favorite devait impérativement rester secrète pour profiter du délicieux effet de surprise. C'était décidé, elle ne dirait rien à ce sujet. Elle fixa les pièces du plateau de jeu cherchant à comprendre quelle stratégie élaborer. Free style voyons !

Nikodim était empli de joie. Comme il le pensait, elle allait jouer avec sa tour. Et cela, c'était parfait. Elle ne pourrait pas faire grand chose de bien menaçant. Il savait ce qu'il risquait de perdre, quel que soit la prochaine action joué par la tour. Et il était capable de grand sacrifice. Ah! Le plaisir du jeu, de la victoire qui se profile à l'horizon... Cela lui avait manqué! Il avait bien besoin de se détendre ainsi!

Et il gagnait à un autre jeu: celui de l'attention de sa "complice" : elle parlait bien plus que dans le camion. Certes, elle avait zappé une question.... Peut-être l'inquiétude... Mais sans aucun doute un mystère, un secret enfoui en elle. Il allait devoir extirper ses secrets, un à un. Et cela n'allait pas être facile.

La Guerre psychologique était lancé, d'une certaine manière. Dans sa tête semblait résonné la 5eme symphonie de Shostakovich. Son esprit était en fusion. Il réfléchissait rapidement, à chaque action, chaque parole qu'il allait proféré. Une erreur, et c'était sa porte de sortie qui allait s'enfuir.

Il décida de rentrer dans son jeu à elle. Sans doute le moins risqué. Malgré le fait qu'il commençait à sérieusement avoir d'autres envie... Elle n'était certes pas une top-model, ni une de ces femmes avec qui il 'traitait', mais c'était la seule fille qu'il avait vu depuis son arrivée.
Il allait devoir patienter.

Il regarda le jeu. C'était son tour. Mais son mouvement était déjà prévu depuis le départ.

- Pion en C5.

Il repensa à ses paroles. Les gens ne vivaient en effet pas dans les même conditions ici, il s'en était aperçu... Mais se défendre de quelque chose? Cela expliquerait les meubles poussés et les travaux qu'ils devaient faire avant le soir.
La question était : De quoi?

- J'ai vu en effet qu'il vivait différemment. Se Protéger de quelque chose? Possible. Mais de quoi? De toute façon, nous n'avons rien à craindre. Et puis, nous seront sans doute 3 d'ici la soirée, lorsque ce cher Griffin viendra nous honorer de sa présence...

Pour l'instant, il pensait avoir plutôt bien jouer. Ce qu'il n'aimait pas dans cette ville, c'était tout ces pauvres, tout ces chiens errants qui ne méritaient que de pourrir dans les caniveaux...
Ce n'étaient que des pions, rien de plus. Pas une once de personnalité. Il retint une grimace, facilement grâce à la joie du jeu.

- Ce que j'ai pu voir, c'est le nombre de personnes pauvres dans le coin... Ils me font de la peine. Si nous étions encore chez nous, je les aurais aidé financièrement. Je ne suis pas un mauvais bougre.

Puis lui vint une idée. Il aimait bien jouer avec elle... Mais peut-être pouvait-il corser le jeu? Il fallait qu'elle accepte. Ainsi, il pourrait s'amuser, sans s'en vouloir...
Quoi qu'il obtiendrait d'elle, ce serait un petit bénéfice pour lui.

- Dites-moi, Mademoiselle... Cela vous tenterait de corser le jeu? Parié sur les pièces perdus? Si cela vous intéresse... Proposer votre prix, sachant que je n'ai pas d'argent à donner.

Il lui fit un sourire qui se voulait galant. Il n'aimerait pas qu'elle refuse. Mais il supporterait. Après tout, il allait gagner la partie de toute façon.

Au niveau psychologique, et au niveau de la partie d'échec.

Visiblement le russe n'avait pas la réponse au mystère, ils ne le sauraient qu'au dernier moment à ce train-là et Jerry n'aimait pas beaucoup nager dans le brouillard. Cependant, elle se rendait à l'évidence que seulement les autochtones pourraient les renseigner ne serait-ce qu'un peu. Le problème était qu'elle ne sortirait pas de la maison à moins qu'elle ne prenne feu, chose improbable pour l'instant. Lorsque Nikodim joua son pion, Jerry constata que les deux formaient une espèce de barrière. Sa stratégie était dure à comprendre et elle ne voyait rien venir. Il me reste le bluff, essayons..

- Pion en E4..

C'était peut être stupide de jouer un pion si loin mais il débloquait de nombreux avantages comme par exemple le fou allant en diagonal. Le fou.. La cleptomane se souvenait avoir considéré Aiden comme un dingue lors de sa crise, c'était douloureux d'y repenser. Elle savait qu'elle avait tord de l'avoir traité de la sorte juste avant qu'il ne soit abattu froidement par un ellipsien. C'était aussi cette pièce qu'elle enverrait à l'abattoir pour protéger sa tour.

L'homme d'affaire fit rire intérieurement Jerry lorsqu'il parla de la pauvreté du secteur. Elle n'était pas dupe, bien souvent elle entendait des paroles en l'air et avait l'habitude de les reconnaître. Un riche qui aide les pauvres, c'est tellement rare et si les gens étaient pauvres sur cette île ce n'était pas leur problème. Le plus drôle, c'est qu'il devrait changer d'avis entre-temps. La suite du programme fit lever les yeux de la cleptomane vers le ciel. Il veut parier et il a pas un rond..

En plus, elle n'allait pas se risquer à un jeu qu'elle ne pratiquait jamais. Elle n'était pas stupide et ce type donnait l'impression d'exploiter les faiblesses des autres quand il les voyait. Toi, t'es une belle pourriture..

- Je ne parierai rien, je ne vois aucun avantage à le faire.. À part si vous savez comment sortir de ce bourbier.

C'est vrai ça, entre la visite de la piteuse maison, de la transformation en pie et de la partie d'échec, elle n'avait toujours pas pu se renseigner à ce sujet. Plus vite, elle partirait d'ici, mieux se sera ! Lors de leur arrivée, elle avait remarqué comment les gardiens étaient vigilants, ils ne désireraient pas que leur cargaison reviennent dans les cales. Il fallait percer la défense à l'aide d'un quelconque moyen. La transformation en pie donnait des chances bien maigres d'entrer sur le bateau, sachant qu'ensuite elle pouvait dire adios à ses fringues et son fric. Cruel dilemme. Peut être que le russe, lui avait une astuce, déjà qu'il tentait de l'exploiter à l'aide d'un pari. Sur l'île, ils n'étaient pas seuls et d'autres voyageurs y étaient sûrement. Il fallait les trouver à la bonne adresse, lorsqu'un événement étrange se produirait.

Jerry avait beau se creuser la tête, elle ne voyait pas la pathologie de son collègue qui était pourtant sous son nez et encore moins le pouvoir de celui-ci..

Naomie était perdu dans ses pensées, elle ne regardait pas où elle allait. Elle sortit soudainement de sa rêverie lorsqu'elle aperçue les habitants de Freedoom barricader leur maison. Elle avait totalement oublié que c'était bientôt l'heure. Elle flippait. Elle s'imaginait l'armée de zombies avancer vers elle et la dévorer à toutes dents. Elle secoua la tête pour s'enlevé cette scène de l'esprit. Elle se tourna et vit Jerry. Cette dernière entrait dans une maison qui paraissait bien plus solide que les autres. Naomie chercha du regard une bâtisse semblable à celle qu'elle avait devant les yeux. Comme elle s'y attendait, il n'y avait que des vieilles baraques délabrées.

Soudain, quelque chose tomba de la fenêtre. L'érémitophone s'en approcha doucement. C'était un morceau de viande. Elle l'examina de tous les côtés pour voir s'il était mangeable : et bien non, il était bien trop sal pour être mangé par une fine bouche comme celle de la New Yorkaise. Voulant faire un geste gentil, elle prit un bout de bois, embrocha la viande et la tendit à un homme qui avait l'air affamé. Il le prit d'un geste rapide, comme si quelqu'un allait le lui prendre, et le dévora comme un sauvage qui n'avait pas mangé de puis plusieurs semaines. Naomie le regarda avec dégoût et s'éloigna un peu.

Elle se retourna vers la maison où était entrée Jerry. Elle regarda par la fenêtre. La pièce était relativement propre et des meubles était disposés un peu partout. Elle élabora alors un plan : elle ira sonné, on lui ouvrira et elle demandera à parler à Jerry. On feera entrer Naomie et elle lui présentera ses excuses. Elle fera en sorte que ça dure assez longtemps pour que les zombis arrivent et la cleptomane ne pourra pas la jeter dehors alors qu'il y aura des monstres affamés. L'érémitophobe ricana intérieurement. Elle n'avait jamais élaboré un plan aussi intelligent. Elle l'exécuta.

La New Yorkaise alla sonné à la porte. Elle attendit un moment avant que l'on ne lui ouvre.

Apparemment, la jeune fille n'aimait guère les paris.. Cela déplu quelque peu au russe, mais elle était aussi perspicace: elle savait qu'elle n'avait que peu de choses à demander. Cependant, elle n'avait sans doute pas compris le sens premier de son type de pari.

Elle se demandait apparemment comment sortir d'ici... Il n'avait guère la réponse. La seule chose qu'il pouvait donner était son plan: trouver la personne la plus haut placé de Freedoom, et l'amadouer. Après tout, ces gardes devait bien être dirigé par quelqu'un... Et puis, si cette ville semblait pauvre, ce n'était sans doute pas le cas de TOUTE la ville.

Il tapotait sur la table d'échecs, en pensant à tout cela. La question était: devait-il parler de tout son plan à ce pion? Avait-elle la force pour devenir une pièce plus forte, une pièce maîtresse de son jeu? Pouvait-il lui donner sa chance, sans pour autant tout révéler de son jeu? Après tout, il devait bien garder une carte dans sa manche...

Il regarda à nouveau le plateau. Bon, il pouvait aussi jouer à cet autre jeu... Voir si elle était capable de le servir, même si cela n'allait pas se présenter comme cela au premier abord. Il allait découvrir si la fille avait du cran ou non. Et puis, elle ne pourrait avoir meilleure compagnie, pour le moment.

En regardant le jeu, put s'apercevoir que la jeune fille ne savait guère ce qui se passait sur le jeu. Mais il avait vu une éventuelle action qui ne lui plairait guère si cela devait arriver. Il allait devoir jouer une de ses pièces qui ne méritait que peu d'intérêt, sauf dans des cas bien précis...

- Fou en B7. Bon, très bien, je ne vois pas pourquoi je cacherais mes plans...

Il la regarda, droit dans les yeux, pour avoir son attention.

- Je n'ai pas de porte de sortie sous la main, jeune fille. Pas ici. Je ne connais même pas les lieux. Mais je comptais essayer de trouver les responsables de ce lieu, et m'attirer leur faveur, pour nous faire sortir d'ici. C'est ce qu'il y a de mieux à faire. Mais je ne vous abandonnerais pas. Vous êtes le seul lien que j'ai avec cet endroit étrange.

Ce n'était pas tout à fait vrai. Il voulait sortir, seul ou accompagné, peu l'importait. Même si il aurait été mentir que de dire qu'une compagnie féminine n'était pas la bienvenue.

- J'ai décidé de vous faire confiance. J'espère que vous me ferez vous aussi confiance.

Oh oui, qu'il l'espérait. Il devait l'avoir sous ses mains, la maintenir comme une marionnette. Si pour cela il devait la traiter comme le fou sur cet échiquier, une spécialiste, alors il allait faire ainsi.

Soudain, une vieille sonnerie résonna dans la maison. Qui osait le déranger, lui, Nikodim Vialkovitch?
Puis il se rappela que ce n'était pas sa maison, ni celle de la jeune fille. Sans doute le jeune homme était-il revenu.

- Je vais ouvrir, ne bouges pas.

Il se leva, veillant à ne pas renverser le jeu d'échecs, et à mémoriser chaque pièces, chaque emplacement. Après tout, c'était peut-être une tricheuse...

Il entrouvrit la porte... Et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit une autre jeune fille, avec un visage plutôt joli. Mais c'était à peu près tout. Sa tenue n'était guère de toute fraicheur: elle avait du crapahuter partout dans cette ville. Si cela ne tenait qu'à lui, il l'aurait déjà jeter dehors. Mais il devait faire " bonne impression".

- Oui? Que puis-je faire pour vous?

Nikodim avançait désormais son fou, pile poil dans la diagonale de son pion déplacé plus tôt. Ce n'était peut être pas de bonne augure car il pouvait cacher un autre danger, mais après tout. Visiblement, il ne savait pas comment sortir de l'île, embêtant. Son plan consistait à trouver les dirigeants de cet endroit, mais comment comptait-il arriver à ses fins avec eux ? En jouant au lèche-botte ? C'était pas très glorieux, il devait y avoir un autre moyen en se creusant un peu la tête. Jerry n'avait pas trop confiance en ce type mais au vue des circonstances, il fallait faire un petit effort. S'il savait ce qu'il faisait, c'était bon signe.

Il arriva un moment tant attendu où quelqu'un sonna. Griffin ! Lui au moins, elle pouvait réellement lui faire confiance, elle savait beaucoup de choses sur lui alors que le russe restait mystérieux. D'ailleurs il alla ouvrir au maître du logis, enfin elle croyait que c'était lui et pas la fille qu'elle avait croisé plus tôt. Laissée seule en compagnie du jeu, c'était très tentant de bouger les pièces en sa faveur et puis c'était à son tour de jouer. Elle n'avait toujours aucune idée de la tactique élaborée par Nikodim mais ce n'était pas un problème qu'elle perde ou qu'elle gagne, il n'y avait rien en jeu et elle n'avait pas assez d'expériences au compteur.

Nonchalamment, elle plaça un pion en D3 et une barrière de plus ! Elle ne savait pas si elle arriverait à le contrer et se contenta de s'adosser contre sa chaise. Plongée dans le silence de la pièce, la cleptomane tenta d'écouter, voir si c'était bien l'ochlophobe qui rentrait. Pas du tout, elle entendait une voix féminine ! Qu'elle dégage si c'est une prostitué..

C'est bizarre plus elle y prêtait attention, plus cette voix lui donnait un sentiment de déjà vu. Ce ne serait pas..

Prudente, elle s'avança dans le hall tout en restant dans l'angle mort aux deux personnes. Elle jeta un regard discret pour en savoir plus sur cette énigmatique tapeuse. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle vit qu'elle n'était autre que la fille qui l'avait vu sous ses traits de pie. Tiens ça se complique.. En effet, elle n'avait rien dit à Nikodim au sujet des pouvoirs des voyageurs, peut être qu'il se sentirait moins enclin à lui faire confiance et qu'il reviendrait sur ses paroles.

De toute façon, les siens ne s'étaient pas manifestés et cela valait peut être mieux. C'était peut être un pouvoir comme voler les objets à distance, mais pour l'instant aucune disparition suspecte. Ce qu'elle pouvait faire était lié à son activité favorite, il était encore trop tôt pour l'affirmer mais peut être que pour lui se serait la même chose. Elle devrait ouvrir l'oeil, la partie ne faisait que commencer !

Pour l'heure, elle devait trouver la raison de la présence de la fillette. Elle voulait une revanche ? Elle traquait les voyageurs ? Sans crier gare, Jerry se faufila derrière Nikodim, souriante.

- Miss Naomie, que faites-vous ici ?

Une brise de vent frais sur son visage la rendait anxieuse vis à vis de l'extérieur. Rester à l'intérieur semblait plus prudent.

Nikodim se tourna vers Jerry, puis regarda tour à tour les 2 filles. Elle se connaissait? Cela allait être un peu plus intéressant alors...

Le vent frais soufflait dans la maison. Nikodim n'aimait pas cela. Non pas que le froid le gênait... mais cela allait gêner les belles jeunes filles qui étaient là. Et vu qu'il devait bien se comporter...

- Voyons, ne restez pas là! Les amies de mes amies sont mes amies.... Rentrez donc!

Nikodim fit donc entrer Naomie. Il trouva un siège pour la nouvelle "squatteuse", et le plaça non loin du jeu d'échec. Il regarda le plateau et se mit à réfléchir à la stratégie qu'il allait adopter...
Elle avait décidé de jouer a la défensive, en bloquant les mouvements de son fou. Très bien.

Il regarda de nouveau la dénommée Naomie. Était-ce une amie d'enfance? Une simple connaissance?
Ou peut-être une petite amie? Cela le fit sourire intérieurement. La soirée promettait d'être amusante....
Quoi qu'il en soit, il devait se renseigner sur elle, et sur Jerry. Il n'avait guère avancé depuis quelques minutes. Et il devait avoir le contrôle sur ces jeunes filles.

- Et bien, qu'est ce qui vous amène ici? Vous avez sans doute plein de choses à dire à votre amie! Ne restez pas muette!

Il n'aimait guère faire le gentil, mais si il voulait avoir leur confiance, c'était sa seule et unique chance. Même si pour le coup, les mots étaient peut-être mal choisi...

Il regarda à nouveau le plateau d'échec. Il allait continuer à mettre en marche sa tactique. Une débutante aurait bien du mal à la vaincre.

Il prit l'un de ses pions, et l'avança d'une case.

- Pion en G6 ! C'est à votre tour, mademoiselle Jerry!

Puis il regarda Naomie. C'était bien dommage qu'ils n'étaient pas chez lui : il avait à sa disposition un jeu d'échecs pour trois joueurs. Une pièce rare, et chère. Il n'avait sans doute pas ça, dans cet univers parallèle...

Il espérait que ses doutes étaient infondées. Que ce monde n'était pas aussi barbare qu'il le pensait. Il y avait cependant des avantages à ce qu'il soit barbare.

Il était plus facile de contrôler de faibles esprits.

Mais Naomie allait peut-être apporter son lot de réponses, et ainsi, un nouveau stratagème à élaborer pour Nikodim. Et les filles ne se doutaient sans doute pas du pétrin dans lequel elles s'étaient empêtrées. Elles ne devaient pas le décevoir.....

... Ou elles en paieraient le prix fort.

Un homme d'un quarantaine d'années vint lui ouvrir. Il faisait un peu peur à Naomie qui resta figé sur place. Elle ne savait pas quoi dire car elle pensait qu'il n'y avait que Jerry dans cette maison et que c'était elle qui allait lui ouvrir. En parlant du loup, la cleptomane arriva derrière et lui demanda la raison de sa présence.

Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Et bien, elle cherchait juste un endroit solide où s’abriter pendant la nuit pour éviter de se faire manger par des zombies. Bien évidemment, Naomie ne répondit pas ça.

-Euh... je voulais te parler Jerry...dit-elle.

L'érémitophobe eut un frisson dans le dos. Elle était toujours sur le palier de la porte et le vent soufflait fort à l'extérieur. L'homme la fit entrer puis referma la porte. Ensuite, il se dirigea vers un plateau d'échec. Ils devaient être en train de faire une partie avant qu'elle n'arrive.

Naomie était toujours muette. L'homme l'invita à parler. Elle avait peur de se lancer car elle pensait que si elle disait quelque chose de travers, elle se ferait jeter dehors. Elle réfléchit dans sa tête un petit moment à ce qu'elle allait dire.

-Jerry, je voulais m'excuser pour tout à l'heure, je ne savais pas que c'était toi. Et puis, pourquoi tu m'as fais un coup bas après ?

L'homme n'arrêtait pas de la regarder. Mais que voulait-il celui là ? Soudain, une pensée pas très nette lui traversa l'esprit. Se n'était quand même pas pour... ça que Jerry était là ? Elle espérait que non. Elle pensait à tout et à n'importe quoi tellement elle stressait. Ouhlala, fallait qu'elle se repose elle !

En effet, Naomie n'avait pas eu une minute de repos depuis son réveille : elle était tomber sur des gens pas très compatissants, elle s'était pris un caillou sur la tête, elle a découvert qu'elle possédait un pouvoir tout pourri, on lui apprit que pour partir de là elle devait être l'esclave de trois jeunes gens pendant une semaine, on lui apprit ensuite qu'il fallait qu'elle se construise un abris solide pour survivre aux zombies, elle avait rencontrer une pie pas très sympathique qui s'avérait être une fille pas très commode qui la jeté contre un mur et voilà qu'elle se retrouve chez quelqu'un qu'elle ne connait pas avec les idées un peu mélangées.

Naomie resta tout de même méfiant vis à vis de l'homme qui lui avait ouvert car il ne lui paraissait pas très net.

Des amies ? C'était vraiment l'impression qu'elles donnaient ? Cette appellation ne donnait vraiment pas envie de rire surtout que cette fille n'avait pas été sympa avec Jerry la Pie. Le pire c'est que le russe l'invitait dans la baraque ! Non mais il se prenait pour qui ? Griffin partit, les souris dansent... Et puis monsieur retournait à sa partie d'échec. Quant à Naomie, elle voulait.. lui parler ? La cleptomane ne se doutait pas un instant que la fille souhaitait s'excuser. Elle la mettait dans le même sac que les ellipsiens sans se douter qu'elle était logée à la même adresse. En y réfléchissant bien, Jerry ne connaissait que ses pouvoirs et celui d'Aiden, personne n'avait jusqu'alors révélé un potentiel caché. Quoi de plus banal de se croire seule au monde après ça.. pfff !

L'intrusion de Naomie dans la maison la mettait sur les nerfs. De un, elle pouvait révéler son petit secret et de deux, elle avait agressé un oiseaux sans défense. Jerry ne laisserait jamais passer une autre tentative, elle refusait de se laisser aller dans ce monde de sauvages à la justice déglinguée. Comme l'oncle le disait si bien : "Il faut vaincre la magie par la magie !", sauf qu'apparemment les natifs de Dreamland ne possédaient pas de pouvoirs, du moins ils ne les avaient pas montré. En cogitant bien, ces personnes les avaient emprisonné pour cette raison principalement donc ils avaient tout simplement peur d'eux. Mais mais, ça change TOUT !
Si ce qu'elle venait de trouver comme hypothèse s'avérait juste, c'est quand fait les voyageurs dépassaient par leur talent leurs adversaires. Cela se tenait avec la psychose ambiante.

En attendant Mister Nikodim continuait à jouer et voyant une nouvelle fois un pion joué, la cleptomane pensa que son espèce de barrière dressée sur un côté allait continué de l'autre. Et la grande muraille de Chine fut.. Elle ne savait probablement toujours pas à quoi elle se frottait et joua.

- Fou en E2..

Niveau tactique, elle était plutôt short mais quand elle avait besoin d'être aussi discrète qu'une petite souris, elle se fondait rapidement dans le décor. Malheureusement son temps d'adaptation à Ellipse avait été plutôt court.

Lorsque Naomie voulut se faire pardonnée, la cleptomane ouvrit enfin les yeux. L'autre personne qui lui avait aussi fait des excuses n'était autre que Griffin. La gentillesse, voilà ce qui émanait de cette personne, c'était bien rare, trop pour y croire mais pourquoi pas après tout. Après la question du coup bas ne se posait pas du tout, légitime défense ! Tellement de racailles devaient payer qu'elle ne comptait pas disperser ses efforts à aller les chercher alors qu'elle les a sous la main. La riposte était donc évidente pour elle.

- Tu aurais dû un peu mieux réfléchir quand tu m'as vu. Tu croyais sincèrement que je ne serai pas en colère après m'avoir projeté dans ton taudis ? Comment as-tu pu me faire ça ?

Jerry essayait par tous les moyens de ne pas révéler clairement ce qu'il s'était produit. Ce type n'avait pas besoin de savoir et à part la même situation dans laquelle ils étaient, rien ne lui indiquait qu'il ne les abandonnerait pas s'il venait un pépin.

Le russe s'amusait de voir la situation qui se déroulait devant lui . Ainsi, elles n'étaient pas amies? Décidément, cela promettait d'être amusant. En effet, cela pouvait peut-être mener à du catch féminin? Nikodim avait déjà vu ce genre de combat. Très amusant.
Surtout lorsque ses hommes attendaient la gagnante pour la ramener chez lui, pour " la récompenser".

Mais ici, c'était différent, il devait éviter de faire des vagues. Cependant, si elles se battaient, ce n'étaient guère grave, tant qu'elles ne brusquaient pas l'échiquier... On ne dérange jamais une partie en cours.

Quoi qu'il en soit, si elle se battait, c'était pour une raison qui lui était inconnue, et il n'avait point à s'en mêlé. Cependant, il pouvait de nouveau espérer des informations de la part de la jeune Naomie. Et puis, si elle était venu ici... Ce n'était peut-être pas pour s'excuser.

En effet, après tout, ils avaient tous des bicoques. Et elle étaient plutôt sales. Si ils l'acceptaient dans la maison, d'autres mendiants ou autres vermines voudraient rentrer dans la maison. Et il n'aimait guère inviter des inconnus.

Il se tourna vers Naomie, et parla d'une voix clair(ement russe)

- C'est bien beau tout cela, jeune fille, mais est-ce la seule raison de votre venue? Vous avez des informations à nous communiquer, quelque chose? Après tout, ici ce n'est pas chez nous, et il n'y aura peut-être pas la place pour tout le monde...

Il avait parlé sur un ton courtois, mais il voulait des réponses. A force de rester sans informations complémentaires, ils risquaient d'être surpris. Il s'approcha donc de Jerry, pour lui expliquer son ressentiment dans son oreille:

- Si elle reste ici, j'ai peur que d'autres personnes viennent demander asiles... A moins que ce soit ce que tu désires, bien sûr.

Sans le faire exprès, il s'était exprimé dans un chuchotis suave. Il la regarda, semblant s'excuser, même s'il ne le pensait guère. Il retourna à sa place, et regarda l'échiquier.

Elle avait déplacé son fou. Soit. Cela voulait dire qu'elle risquait de mener une offensive. Plutôt dangereux, comme jeu.

- Pion en E6

Il avait presque terminé. Bientôt, il serait en position de force. Et il pourrait enfoncer la défense de son adversaire...
Et peut-être défoncer la reine.

Ah tiens ! Le russe changeait d'avis ? Ce n'était pas un peu trop tard, vu que Naomie était dans la maison. Jerry ne pouvait faire que la moue en attendant ça, d'abord il aurait pu tout simplement ne pas la laisser entrer. Le ton qu'il avait employé ne plaisait guère à la cleptomane. Peut être parce qu'il était tout seul en compagnie de deux femmes qu'il se sentait investit d'une mission pas forcément très catholique ! En attendant le retour de Griffin.. enfin si ça pouvait changer quelque chose vu son tempérament, il faudrait montrer les crocs de temps à autre. Montrer qui est le patron.. Restant complètement neutre vis à vis de ce qui était dit, elle le regarda s'éloigner le jaugeant. Ce type de quarante balais n'allait certainement pas l'impressionner !

S'approchant du plateau, elle jeta un bref regard au dernier déplacement ennemi et déplaça un pion en G3.

- J'ai soif pas vous ? Je vais voir si qu'il y a en stock par ici..

Surement pas une limonade, mais qu'importe du moment qu'elle pouvait s'hydrater avec de l'eau fraîche. Cette peur pathétique de l'endroit où elle était ne pouvait pas l'empêcher de se déplacer dans la baraque. Mais comme l'avait dit Nikodim, pas d'autres invités ! Ils ont qu'à repasser demain à une certaine heure on ouvre plus..
La cuisine était dans un état lamentable, c'est à peine si Jerry pensait que les défunts connaissaient l'hygiène dans ce bled ! La vaisselle n'était même pas faite, comment voulez-vous servir des hôtes dans ce cas présent ?! En bonne serveuse, elle pouvait assurer le service mais certainement pas la plonge. Et qui s'y colle ? C'est Bibi ! Enfin, ce n'était que trois verres à remettre en état, le reste ba ils avaient qu'à se le faire flûte ! Après le nettoyage/décrassage, la cleptomane essuya soigneusement son verre, celui de Naomie et de Nikodim.. enfin non, cela ne lui faisait rien s'il s'empoisonnait avec du liquide vaisselle.

À part de l'eau plate du robinet, il n'y avait pas d'autres boissons, ni même de l'alcool. Même pas de biscuits secs dans les étagères, il ne restait seulement que du sucre en morceau. On va faire avec.. En souhaitant des denrées inexistantes, un étrange phénomène se produisit. Un paquet cadeau se matérialisa devant elle. Étonnée par ce qu'il venait de se passer, elle regarda longuement l'intrus avant de l'ouvrir. Personne n'avait vu la chose et Jerry déballa le paquet, découvrant une brosse à dent neuve ! Idéal sachant qu'en ce monde, elle n'avait pas pu emporter la sienne. Elle la plaça dans sa poche pour la mettre à l'abri des regards indiscrets et prit le plateau sur lequel elle avait placé les trois verres et un récipient contenant les carrés de sucre, puis retourna dans le salon pour distribuer.

Tout d'abord elle servit Naomie avec un sourire typique de son métier, puis Nikodim avec le verre contenant des résidus de liquide vaisselle et déposa sur une table à côté le plateau. Maintenant, s'ils voulaient autre chose, ils devraient trainer leurs fesses jusqu'à la cuisine comme des grands non mais !

Le membre 'Jerry Blake' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Joyeux noël' :

Nikodim sourit intérieurement lorsqu'il vit Jerry le dévisager. Le mouton commençait-il a vouloir se rebeller? Cela risquait d'être amusant. Elles étaient peut-être deux, mais si il voulait quelque chose, il l'obtenait.
Et ce n'était pas deux petites femelles qui allaient l'arrêter.

Les pions n'avaient aucunement le pouvoir. Ils étaient comme les paysans et les esclaves d'un royaume: de la chair à canon. Et il ne se rebellait guère souvent. Il y avait eu des rébellion, en effet. Les communistes, par exemple, demandait une révolte du travail.

Mais les russes n'avaient jamais été des pions. Les plus grand hommes qui avait mené ce mouvement étaient des seigneurs dans l'art de la manipulation.

Jerry était loin de ce stade avancé de réflexion. Le fou lui convenait toujours aussi bien. Mais peut-être que elle avait des aptitudes de cavalières...

Il rit intérieurement. Voyons, il n'était pas l'heure de passer à table....
Mais plus l'heure tournait, plus cette envie s'emparait de lui. Bah, si elle perdait aux échecs, il pourrait peut-être se permettre un petit écart.... Tout allait dépendre de comment allait tourner la situation.

Elle avait bougé son pion. Soit, une disposition étrange... Il remarqua une légère faille dans sa défense. Il allait devoir la consolider.
Il prit son second fou et le plaça en G7. Plus que quelques mouvements, et il était assuré de vaincre son adversaire et d'enfoncer ses défenses.

Jerry arriva avec des verres, qu'elle servit. Mais si Nikodim était un grand manipulateur, il savait reconnaître les plus faibles des manipulateurs.
Ce sourire sonnait réellement faux.

Il regarda le verre rapidement, avant de tourner son regard vers Jerry avec un grand sourire. Il restait encore la graisse du liquide vaisselle. Si elle voulait jouer avec lui, ils allaient jouer... Mais elle allait perdre.

Il parla tout naturellement, avec un air désolé.

- Merci beaucoup Jerry, mais je n'ai pas très soif. Je vais de ce pas remettre ce verre à sa place.

Ce n'était pas tout à fait faux. Il n'avait vraiment pas soif.
Mais lorsqu'il arriva à la cuisine, il se demanda si cette maison n'était pas un ancien refuge pour clodo. Autant de saletés... Même chez lui, il n'en avait jamais vu autant.
Il mis son verre à côté de l'évier. Bah, les femmes sauraient très bien faire ça...
Il regarda ensuite par la fenêtre. Deux choses l'étonnait.

D'abord, le cimetière près de la maison. Il semblait petit, et les tombes vétustes. La terre était retourné. Des gens étaient morts récemment, sans doute. Mais l'enterrement avait-il eu bien lieu ces derniers jours, ou y avaient-ils des pilleurs de tombes? Cela auraient été étonnant. Cela lui rappelait les cadavres que ses larbins avaient parfois dû déterrer, pour " ramener à la vie" leurs collègues qui n'avaient fait que simuler, pour le plan de Nikodim.

La deuxième chose qui le dérangeait était la présence d'un os, parsemé de chairs, sur le rebords de la fenêtre.

Plutôt glauques, comme spectacles. Mais Nikodim se dit qu'il y avait des tarés partout. Et puis, c'était peut-être le gigot d'un ancien chien des anciens propriétaires...

Mais il se doutait qu'il y avait autre chose derrière cela. Peut-être d'anciens manipulateurs?
Il rejoignit ses "camarades", légèrement plus tendu. Il se posait des questions. En s'asseyant, il laissa en échapper une.

- Pourquoi les habitants de cette maison laisseraient un os rongé près de la fenêtre? C'est ridicule!

Puis, se rendant compte qu'il avait parlé un peu plus fort que ses pensées, il se mit à rire.

- Veuillez m'excusez, je crois que j'ai rêvé...

Certes il avait dû voir sa petite magouille avec le verre, mais l'avantage était que le russe s'était détaché de son échiquier. S'il était vieux, il ne fallait pas qu'il vieillisse trop rapidement en se ramollissant de la sorte. Les d'jeuns ça bougent nom de diou ! Elle regarda le jeu d'un air glacial, elle avait envie de tout faire valdinguer rien que pour couper l'envie au vieux de recommencer une partie avec elle, en plus il se rapprochait de l'âge fatidique où alzeimer le frapperait et ne serait plus apte à se remémorer le jeu. Intérieurement, elle voulait un peu plus d'action dans toute cette baraque sinon on pouvait la reconvertir en maison de retraite ! Décidée à ne pas jouer à l'aide soignante, elle ne déplaça aucun pion et se rapprocha de la fenêtre légèrement embuée.

Un silence régnait dans la pièce, c'était frustrant. Même si le retour bruyant de Nikodim était le bienvenu, ce qu'il disait ne faisait qu'accentuer la crainte de ne rien savoir à propos de ce lieu. Tout simplement parce qu'elle était mal réveillée suite au transport, elle ne savait pas que les morts revenaient régulièrement à la vie à Freedoom. Pourquoi donc les habitants plaçaient-ils de la viande sur leurs fenêtres ? Pour conjurer le mauvais
sort ? Attirer les nombreux corbeaux bien grassouillets ? Jerry n'avait pas la réponse mais elle l'eût à ce moment sonnant pile à 18 heures. Une sonnerie assourdissante résonna dehors à tel point que l'on pouvait penser à une attaque de l'île ! Scrutant l'extérieur, la cleptomane voyait la rue déserte et le cimetière remuer. Instinctivement devant tout fait incroyablement surnaturel, elle écarquilla les yeux avant de changer l'angle duquel elle observait cette étrange mouvance.

Oui, il y avait de la vie dans ce cimetière ! Des mains crochus et griffus raclaient la terre pour s'extirper de leur prison diurne. Une nappe de brouillard balayait quelque fois le cimetière et les morts reparaissaient en dehors, debout en os et en chair décomposée. Des cadavres en balade.. J'aimerai vraiment que se soit à cause de mes cachets d'extasy mais ce n'est pas le cas..

Devant la peur que les décédés ne décident de les prendre comme lunch, scénario vu et revu dans tous les films pratiquement au cinéma, Jerry entreprit de pousser les meubles contre la portes d'entrée avec la détermination de sauver sa peau. Fait rare, elle sollicita l'aide du joueur d'échec.

- Vite ! Barricadez la maison, il ne faut pas qu'ils rentrent ! QUE CES CHOSES RENTRENT !

Le mot "revenant" ne lui échappait guère mais c'était comme s'avouer vaincu à l'avance de trop parler de son adversaire. Elle se rendait compte qu'en plus avoir des gens tarés à son actif, ce monde avait la surprise d'abriter des horreurs du fantastique. Mais pourquoi on a créé des conneries pareil, Phoque ! Pour de l'action, elle venait d'être servie mais pas du tout ce à quoi elle s'attendait. Elle espérait que le vieux grigou coopère, il lui devait bien ça puisqu'elle avait joué avec lui..