C'est le débarquement !

Lorsqu'il regarda le plateau d'échiquier pour se détendre, il se rendit compte qu'il n'y avait eu aucun mouvement sur l'échiquier. Ainsi, elle réfléchissait? Ou peut-être se rebellait-elle? C'était sans doute plus probable...

Mais on ne fuyait pas une partie avec Nikodim. Ou elle finissait d'une manière bien tragique...

Il voulut parler à la jeune impertinente, mais le gong de l'horloge sonna. 18 heures. Mais Jerry sembla s'activer, en regardant par la fenêtre. Il reconnaissait cette réaction. La panique.... Que pouvait-elle voir?

Il se rapprocha, et n'en cru pas ses yeux... Des hommes et des femmes sortaient de terres... Les tripes à l'air pour certain. Des cadavres vivants dans ce monde? C'était forcément une farce! Ou un mauvais rêve! Oui sans doute.... Il allait se réveiller, avec Oeil de Verre qui lui donnerait l'argent qu'il devait recevoir du détournement d'une banque de Miami, et....

Il se secoua la tête. Il avait déjà oublié qu'il s'était sans doute pris une balle. Et voilà ou maintenant cela le menait: dans un monde étrange, ou même des créatures digne de la science fiction ou de l'horreur se levait pour s'abattre sur la ville... Au moins, cela expliquait la réaction des habitants...

Nikodim commença à paniquer, mais lorsqu'il entendit le cri de Jerry, le cri de terreur, il se ressaisit. Il était le plus vieux, l'homme ici... Il devait montrer ce dont il était capable. Peu importait sa fierté et son arrogance dans une tel situation.
Il prit certains meubles et les déplaça vers la porte, mais voyant un cadavre s'approcher des fenêtres, il commença à se demander si il ne valait mieux pas barrer ce coin là. Dans le doute, il disposa une des chaises près de la fenêtre, pour la bloquer au dernier moment s'il le fallait.

Et l'autre jeune fille ne bougeait pas d'un pouce. Elle était sans doute terrorisé.

- Venez nous aidez, jeune fille! On n'y arrivera pas seuls, nous sommes dans la même galère!

Soudain, un plan digne du stratège d'échec qu'il était se mit en place.

- Nous ne tiendrons pas tout la nuit ici! Il ne faut pas oublier l'étage en dernier recours! Préparons des meubles pour les monter!

Puis il posa son regard sur l'échiquier. Il était fixé au sol. Il ne risquait rien. Seul les pièces pouvaient bouger, mais il se rappelait chaque position.

Il continua à aider Jerry dans son entreprise. Mais il n'oubliait pas ses actions... Elle ne perdrait rien pour attendre.

Plus réactif que la jeune donzelle, Nikodim vint à la rescousse pour l'aider à bloquer l'entrée sous peine de finir aussi dévoré par les macchabées. C'était donc ces créatures à l'origine du comportement des habitants ! La vie n'était pas de tout repos sur cette île. Continuant de déplacer les meubles et de fermer les portes avec, Jerry risqua un oeil par la fenêtre où l'on pouvait apercevoir un flot continu de morts-vivants en provenance de cette tour étrange. Là, Griffin aurait raison d'avoir peur de la foule de toute façon les ellipsiens ne valaient guère mieux. Chez qui seraient-ils enfin en sécurité ? Surement chez eux.. Mais quelle misère ! Toutes ces personnes ou semi-personnes méritaient de crever dans un caniveau, si la condamnation à mort était de se faire dévorer ces gens méritaient tout simplement le même châtiment. Encore dans certains états des E.U. la peine de mort existait, mais les condamnés n'avaient pas le temps de souffrir de la piqure. Ils mériteraient une bonne corrections ces enfoirés de...

Dans l'obscurité à l'extérieur, un hurlement déchirant venait de retentir. Un pauvre bougre venait de se faire attrapper par ces satanées déchets humains et s'ils ne faisaient pas attention, ces bestioles feraient de même avec eux. En tendant bien l'oreille, la cleptomane les entendait gratter la porte et le rebord de la fenêtre. Les griffures.. Tout coïncidait. Les affamés se jetèrent sur les lambeaux de chair mis en évidence par les anciens propriétaires de la baraque, cela ne suffirait certainement pas à les rassasier tous mais à force d'essais les zombies dépités s'en allèrent essayer de voler la nourriture à celui qui détenait l'appât. Bientôt les zombies se dispersèrent, s'enfonçant un peu plus dans la ville pour un festin des plus macabres.

Nikodim avait vu juste, s'ils arrivaient à rentrer il faudrait monter se réfugier à l'étage. Après ils auraient peur de redescendre dès qu'il y aurait moins de remous. Mauvais plan, il fallait tenir bon coûte que coûte. La bâtisse solide et bien barricadée offrait de meilleures chances de survie. Voyant que les meubles bougeaient sous la pression constante de leurs assaillants, elle regarda autour d'elle. Quelques morceaux de bois étaient disposés à l'entrée et un pouvait tout faire basculer. Une poutre d'apparence solide ressortait du tas. Jerry s'en saisit rapidement, grommelant à cause de quelques échardes et tenta de la caler entre la toute première marche des escaliers et le large fauteuil qu'ils avaient poussé. Cela devait freiner l'inévitable, non ils n'allaient pas mourir à une attaque de trépassés. Les ellipsiens pouvaient toujours courir tant que sa vengeance n'était pas accomplie.

- Pour une peine de mort, ils auraient pu choisir quelque chose de moins spectaculaire !

Comme pour répondre à sa remarque, une main griffue défonça la vitre. Même si elle venait de la traverser, le corps décomposé n'y parvenait pas et tenta de chercher le moyen d'abattre l'obstacle en parcourant les côtés de la fenêtre. Sacré problème ! Cherchant un moyen de la neutraliser dans toute la pièce, Jerry remarqua une bibliothèque contenant de grandes séries de livres. Elle en attrapa un, assez poussiéreux pour la faire éternuer mais aussi très épais. Ayant une bonne prise, elle se rapprocha de la fenêtre et assena plusieurs coups sur le membre indésirable. Chasse-taupe ! La main se recroquevilla pour mieux essayer d'attraper Jerry, devant une telle détermination à la bouffer, la cleptomane lui montra que elle aussi pouvait être têtue et redoubla d'effort pour la faire sortir. C'était limite si la main allait bientôt se décrocher du bras. Pas complètement cinglée, la créature se replia pour mieux surgir gueule béante avec un cri effrayant. Prise de panique devant une telle figure putréfiée assoiffée de chair et de sang, la cleptomane usa de son pouvoir et plongea la main dans sa poche pour en extraire une pièce du jeu d'échec qu'elle balança dans la gorge du putréfié. Devant le goût bizarre de la chose qu'il venait d'avaler, il se stoppa un court instant juste le temps nécessaire à Jerry pour qu'elle puisse lui envoyer le tome dans les gencives.

Mécontente, la créature enragée remua pour passer au travers ne récoltant que les bouts de verre de la vitre. La cleptomane terrorisée se recula. En dehors, on aurait dit que les zombies se déplaçaient, qu'ils avaient moins l'air d'être intéressés par cette aire de pique-nique ! Surement parce que la bouffe faisait de la résistance..

Moins intéressés ? La raison des déplacements des zombies à l’extérieur de la maison était en réalité bien moins utopique que celle que Jerry avait en tête… Bien que morts, ces créatures n’étaient pas complètement décérébrées et avaient repéré plus d’une faille dans la sécurité. C’est ça le problème quand on joue aux échecs au lieu de barricader la maison : on oublie jusqu’à fermer les volets, laissant ainsi des ouvertures de choix aux envahisseurs qui n’ont plus dès lors qu’à briser les carreaux ! Et le second problème, c’est qu’ayant fait le choix d’investir la maison la plus vaste, ces voies d’entrées étaient nombreuses, très nombreuses, trop nombreuses.

Le trio avait privilégié la protection des portes, laissant ainsi aux morts-vivants la possibilité de contourner le bâtiment à une vitesse rendue accrue par le trépas et d’entrer en masse par l’arrière de la bâtisse pendant que quelques-uns des leurs faisaient diversion par l’avant (comme celui que Jerry repoussait tant bien que mal). Les vitres ternies non protégées volèrent en éclats, laissant une voie royale aux macchabées. Bientôt le rez-de chaussée fut envahis de grognements inhumains, de grattements et, détail encore plus horrible, de gargouillis d’estomacs. Les morts étaient plus que déterminés à se repaitre des vivants.

Les pas à la fois trainants et précipités se rapprochaient à une vitesse folle, tous comme les râles gutturaux des prédateurs décédés. Déjà la porte du salon où ils se trouvaient volait pour atterrir sur le sol en soulevant un nuage de poussière sous une pluie d’éclats de bois. Des corps morts s’amassaient déjà dans l’embrassure, leur gueules béantes salivant d’avance à la vue de ces corps pétrifiés mais vivant… tellement appétissants. Seules deux options se présentaient aux voyageurs : monter à l’étage et barricader l’escalier du mieux qu’ils pouvaient en espérant qu’aucun zombies ne se prendrait de l’idée d’escalader la facade, ou rester, se battre et… mourir à 99% de chances.

A Freedoom, on ne barricadait pas sa maison pour faire joli, mais parce que c’était nécessaire à la survie. Et si les voyageurs n’avaient pas encore intégré cette donnée, ce serait fait s’ils arrivaient à passer la nuit. Et rien n’était moins sûr.

======HRP=======

La bouffe fait TOUJOURS de la résistance à Freedoom, peu importe la maison. Alors les zombies ne vous lâcheront pas, ça non, ils resteront tout au long de la nuit pour votre plus grand plaisir. Vous avez "oublié" de vous protéger, alors assumez. Battez vous comme des lions, barricadez comme des fous, ne grosbillisez pas et souvenez vous que les zombies de Freedoom sont plus rapides et plus forts que de leur vivant. Si ça dérive encore vers la facilité, je reviendrais pour qu'ils vous croquent les fesses... vraiment. =)

Nikodim faisait tout son possible pour barricader les fenêtres, et regardait si Jerry se débrouillait, de son côté.
Cette fille avait beau être une rebelle revancharde, elle se débrouillait effectivement bien, alors que Naomie semblait pétrifié de peur. Elle avait réagi plus vite que lui. Cela aurait été une honte, dans une autre situation. Mais ici, il n'y avait que la survie qui comptait.

Elle lança une remarque sur la peine de mort... C'est vrai qu'ils étaient là pour ça. Même si lui n'avait absolument rien fait. Ce système "Ellipsien" était définitivement pourri jusqu'à la moelle. Il lui faudrait changer cela. Et pour ça, il allait tout faire pour y arriver. Si cela consistait à joindre n'importe quel mouvement totalitaire, il n'allait pas hésiter.
Sa famille l'avait déjà tant fait.

- Tu as bien raison, il existe surement des moyens moins douloureux!

C'est ce moment que choisi un zombie pour tenter d'attaquer Jerry. Elle eut un geste réfléchi, en prenant un livre et en l'abattant sur la main du cadavre. Cette fille pourrait définitivement lui être utile.

- Bien jouée, jeune fille!

Puis, étrangement, les zombies se firent moins pressant contre les fenêtres. Jerry avait l'air de le vivre comme un repos... Mais Nikodim se posa une question.
Les êtres humains étaient tous des pourris, au fond d'eux. Est-ce que ce côté pourrissant se réveillant dans la mort?

Il eut la confirmation en entendant une fenêtre se briser, puis les zombies arriver rapidement vers le salon. Il avait dû casser une fenêtre à l'arrière...

- Ils sont passés!

Il regarda rapidement l'échiquier, puis se dit qu'il y avait plus important à faire. L'instant de survie le guida, et il prit les deux filles sous son aile... Les emmenant vers une chambre à l'étage, ou il commença à barricader la porte. Puis il vit le lit.

- Les filles, aidez-moi à pousser le lit contre la porte!

Après, il leur faudrait bloquer la fenêtre, mais les volets étaient déjà bloqués. Il regarda autour de lui. Au moins, la chambre étaient coquette. Ils allaient avec un peu de chance pouvoir se reposer un minimum...
Et puis, le lit était bien.

Il secoua sa tête, et, se plaçant derrière le lit, chercha à le pousser. L'instinct de survie d'abord, les plaisirs ensuite!

Dans son acharnement vain contre le zombie à qui elle tenait tête, Jerry n'avait pas vu que le reste de la bande avaient testé les défenses à l'arrière de la maison. À vrai dire, les nouveaux arrivants n'avaient pas encore adhérer à une moeurs vitale sur cette île : Barricader sa piaule ! Et les décérébrés n'avaient eût aucun mal à rentrer dans la maison en vitesse comme des membres du GIGN. Même en ayant verrouiller la porte moins massive qu'à l'entrée, ces mort-vivants à la force herculéenne auraient tôt fait de la détruire et de prendre leur lunch après une dure journée à euh.. faire le mort ? Peu importe, savoir n'était pas la question mais comment échapper aux zombies ! La cleptomane était effrayée, voir même paralysée par temps de chahut. Les râles gutturaux résonnaient dans son crâne et occupaient son esprit, mêlé à son désespoir croissant il l'empêchait de réagir à temps. On s'est fait... bitter..

Plus réactif qu'au début, Nikodim l'entraina avec Naomie à l'étage. Il était clair qu'elle lui devait une fière chandelle pour cette prouesse, si seulement elle avait un peu plus de courage elle n'en n'aurait pas été là. L'impulsion d'un partenaire plus ou moins amical lui avait été communiquer et elle courut se réfugier avec ses deux comparses. Une fois rentrés dans la chambre, ils firent un déménagement de mobiliers. Leur dernier échappatoire était cette pièce en quelque sorte. Obéissante comme un automate, Jerry aida le russe à pousser le lit contre la porte, se tournant quelque fois vers Naomie qui ne disait pas grand chose en espérant pouvoir la rassurer même si au fond d'elle, la cleptomane était très dérangée par cet événement malencontreux. Elle ressentait aussi un grand vide avec l'absence de Griffin et elle osait espérer le revoir sain et sauf. Le serrer dans ses bras, le décoincer peu à peu, faire des galipettes avec lui... Tout plein de choses auxquelles elle se raccrochait pour ne pas sombrer dans une angoisse.

Même avec cela, les hurlements d'outre-tombe lui glaçaient le sang et lui firent fondre un câble comme jamais. Elle se laissa tomber en position foetale cachant son visage de ses mains crispées sous le choc.

- Mais c'est un truc de DINGUE !

Les larmes commencèrent peu à peu à humidifier son visage nerveux. Elle ne savait même plus où elle habitait. Devant l'intérêt culinaire que lui portaient ces cannibales et leur rapidité à laquelle ils s'étaient glissé dans la maison, elle savait pertinemment qu'ils étaient plus que mal barrés. Violent ! Et puis qu'est-ce qu'ils savaient faire d'autres ces déchets ? Des bélier pour défoncer la porte ? Ou en avaient-ils tous simplement pas
besoin ? Trop de question jaillissaient dans sa tête chamboulée, elle perdait le fil de la réalité.. mais peut être cherchait-elle justement cela ? Toute cette histoire loufoque la privait de ses propres conceptions des choses, ce désordre anarchique où le surnaturel régnait en maître avait de quoi lui faire littéralement perdre la boule ! Sa séparation avec ses connaissances proches ne faisait qu'amplifier ce sentiment cruel de peur, une peur presque morbide. Tout à fait, la situation était clairement hostile. Aucune pitié, des morts, trop de surprise allait tuer cette pauvre Jerry ! Et niet popof, Griffin était absent pour la réconforter comme il le faisait si bien.. Enfin, même si c'était elle qui l'y poussait un peu.

Une sombre pensée ne pouvait que lui traverser l'esprit. S'il n'était pas ici avec eux.. c'est qu'il était ailleurs ! Et dehors ce n'était pas la joie, personne d'authentiquement humain ne pouvait survivre à la vague de macchabés en vadrouille. Elle voulait vivre mais le poids de la mort d'un être cher serait dur à remonter, elle aurait dû se méfier avant de s'enticher de quelqu'un. Cela dit, personne ne peut contrôler son affection et la cleptomane était l'impératrice en matière de céder à ses envies.

Nikodim fut aidé par Jerry, tandis que les zombies beuglaient leur faim de chair humaine. D'ailleurs, est-ce qu'un zombie beuglait? C'était une question fort intéressante..... Mais inutile, en tout état de cause.
Les zombies grattait, essayait de défoncer la porte. Mais elle était solide, et tout ce qu'ils avaient mis contre la porte allait tenir. Au moins, la jeune fille était utile: elle l'avait aidé. Il était impressionné.

Mais il pensait sans doute trop vite, car elle commença à se recroqueviller, en criant de désespoir. C'était vrai que la situation pouvait en déconcerté plus d'un, mais il fallait résister à la tentation de l'effroi! Il fallait montrer sa force et sa volonté face à l'adversité! Et cette fille était faible.

Cependant, il eut un peu d'égard pour elle. Elle s'était montrée astucieuse, et forte, jusqu'à l'arrivée de ces créatures. Et elle était jeune. Il allait l'aider à avoir de nouveau les idées en place.

Il la gifla donc violemment, et lui parla de sa voix forte, avec son accent prononcé.

- Ressaisissez-vous, jeune fille! Si vous continuez à vous lamentez et à pleurer ainsi, nous ne survivrons pas! Je suis conscient que cette scène est effrayante, mais ne cédez jamais à la panique! Sinon, vous ne serez qu'un de ces nombreux moutons... Et vous ferez exactement ce que désire cette société: abandonner votre vie dans la fosse à purin!

Il la regarda, l'air en colère. Puis, il s'approcha d'elle, et remit ses cheveux en place. Il en s'en voulait pas vraiment de l'avoir frappé. Cela lui avait fait plaisir, et puis, c'était pour l'aider. Mais elle était son seule véritable contact ici. Et elle pourrait encore lui servir. Et puis, sa façon de penser de la société était intéressante à expérimenter....

Il regarda encore la pièce. Il restait quelques meubles, comme une penderie, contre le mur. Cela pouvait toujours servir. Il s'approcha de la fenêtre, recouvert par les volets, et les ouvrit.
Des zombies cherchaient à grimper par là. Il peinait encore pour le moment, mais il risquait de passer. S'il ne protégeait pas la fenêtre, la même scène que plus bas se passerait.
Et cette fois-ci, il n'y aurait d'échappatoire.

Il referma le volet ,et se pressa vivement vers l'armoire. Il commença à la pousser. Elle ne semblait pas très lourde, mais seul, il n'y arriverait pas. Il regarda donc à nouveau les filles, et leur fit un signe.

- Ils grimpent! Venez m'aidez à bloquer la fenêtre!

Il allait devoir se presser. Et il espérait que la jeune fille n'allait pas refuser de l'aider, car sinon il allait avoir du mal à déplacer l'armoire. Et il allait être fichu.
Il n'allait pas se laisser abattre.

En proie à la panique des morts, la cleptomane ne put esquiver la gifle qu'elle n'avait pas vu venir. Ce soufflet l'hébéta quelques instants le temps que le russe fan d'échec blablate et la traite de mouton. Mouton ? Grr ! Dans la chaine alimentaire, elle se situait au dessus, du côté des rapaces opportunistes. D'ailleurs elle avait des proies toutes choisies, les pigeons potentiels à qui elle pouvait aisément substituer des affaires sans qu'ils ne s'en rendent compte ou juste lorsqu'elle était bien loin. Bref, Jerry venait de prendre cher et son amour propre avait été piqué au vif. Elle avait survécu à la pression d'un tribunal ellipsien et toute seule ! Son compagnon phobique l'avait lâché en route et elle portait le poids de la mort d'Aiden.. C'était pas d'la merde ! Bien évidement la cavalerie Nikodimienne était arrivée à la bourre comme toujours. Il n'avait pas put savoir à quel point ses nerfs avaient été mis à rude épreuve.

Petite bizarrerie ou ironie, le quadragénaire venait de remettre d'aplomb sa chevelure désordonnée par sa leçon de vie. Cette drôle d'affection creusa des traits perplexes sur le visage fin de la cleptomane. La gifle avait coupé net son élan de dépressive lui rappelant qu'ils étaient toujours en vie pour leur plus grand bonheur et pour la plus grande déception des zombies. Sur ses gardes, elle fixa la porte condamnée que des mains griffus essayaient d'abattre à force de racler et de violenter. Ils n'avaient toujours pas l'air de changer d'adresse niveau restaurant peut être à cause de leur réussite des opérations, ils les avaient bien prit au dépourvu. Elle est vraiment paradisiaque cette île, je la recommanderai sur le guide touristique.. Avec un flegme britannique souligné, elle sortit sa petite brosse à dents qu'elle s'était procurée miraculeusement et la regarda sous tous les angles. Ce n'était pas avec ça qu'elle allait faire une boucherie de tout cet amas de corps frais ou en putréfaction avancée mais elle osait y croire en mimant un coup fendant l'air. Pathétique..

Le plus dur psychologiquement était d'entendre les râles bestiaux résonant un peu partout à l'étage comme au rez-de-chaussé, des cris aussi bruyants qu'éphémères ponctuaient de temps en temps cette chorale grâce à quelques malheureux dévorés vivants à l'extérieur. Jerry essayait de faire abstraction de tout ce boucan, elle le faisait aussi parce que sa fierté en avait prit un coup. Lentement, elle balaya la pièce du regard pendant que Nikodim espionnait par la fenêtre. Son regard buta sur la pauvre Naomie sujette au trouble ambiant. Une part de délire poussa la cleptomane à envoyer des bisous volants vers la jeune femme jusqu'à ce que son éducateur la tire de son occupation, ses excès de folie ne s'en arrêtèrent pas là..

- J'arrive Papa !

Trop occupée à se ruer vers le meuble pour le déplacer, elle ne prit pas le temps de juger de ce qu'elle venait de formuler. Il fallait dire que le bazar n'était pas seulement à l'extérieur, mais dans sa tête aussi ! Pourtant ses gestes restaient parfaitement coordonnés et se conjuguaient à ceux du russe. L'armoire grinça et stationna contre la fenêtre, l'obstruant complètement. Après ses efforts, la cleptomane frappa l'armoire de la même manière que l'on frapperait une porte. La solidité du bois la fit sourire. Si l'armoire se trouvait être en chêne, il n'y avait aucune inquiétude à se faire.

Enjouée, elle sauta sur le lit retenant les envahisseurs à l'extérieur de la pièce et toqua à la porte comme pour les inciter à faire pareil. Ce qu'ils firent même avant qu'elle n'arrive.

- Bin alors vous savez pas ouvrir les portes les sacs d'os ?

Des grognements se firent entendre et les coups reprirent de plus belle alors que Jerry les narguait depuis sa position des plus.. confortables.

Nikodim fut heureux et en même temps choqué par la réaction de la jeune fille. Certes, elle l'aidait à éviter tout cataclysme zombirifique dans cet demeure, et avec une assurance rare... Mais d'un autre côté, elle l'avait appelé... Papa? Elle avait sans doute perdu un plomb lors de la bataille! Il n'était pas américain, déjà. Et puis, surement pas le père d'une fille aussi mauvaise! Même si elle était bien formée... Il faudrait qu'il songe à devenir père, un jour... Il aurait plusieurs filles à sa disposition, de toute âge et de toutes couleurs.....

Il déplacèrent donc l'armoire, qui crissa. Le bois était en bon état, mais c'était un vieux meuble. Cependant, il était persuadé que les zombies ne briseraient pas ce meuble: trop solide. La porte s'ouvrit, durant le déplacement, déversant son contenu face à Nikodim. Il regarda ce qui était tombé.

Il y avait une petite bourse de rubz, 255 pour être précis, un bon de réduction de 15% pour l'achat d'un objet, et dans les objets plus intéressant, un magazine playboy spécial gros seins. Il commença à le feuilleter. Voilà qui pourrait lui donner des images intéressantes, au milieu de ces zombies. Il regarda une photo, en pensant que la paire de nichons qu'il voyait pourrait très bien aller à Jerry. Puis il secoua sa tête.
Un dernier objet restait là, et il regarda de plus près. Un cube, accompagné d'une notice. Apparemment, le nom du cube était le Cube Orgasmaïque. Il lut rapidement la notice, puis sourit. Intéressant, comme concept. Comme quoi, il y avait des choses utiles dans ce monde... Peut-être que cela lui servirait.

Il reprit tout les objets, puis se tourna. La jeune fille pétait un plomb, c'était certain. Mais l'autre n'était pas mieux: elle restait dans son coin, recroquevillé en position du foetus. Définitivement, il était pas si bien entouré.

Puis il regarda mieux Jerry. Elle se moquait des zombies... Mais sa position était suggestive. Nikodim devait se détendre, et maintenant. Il s'approcha doucement d'elle, s'asseyant sur le lit. Il devait commencer en douceur.

- Allons, jeune fille, il n'est pas l'heure de dormir...

Il commença à caresser doucement son visage, puis descendit ses doigts le long de son corps. Il hésitait encore. Allait-il la violer sciemment?

Les zombies, pendant ce temps, tentait inutilement de défoncer la porte. Il y avait bien trop de renforts pour que cela ne fasse effet pour le moment. Et au pire, il était près à surgir. Il avait repérer une planche clouté, non loin de la porte. Cela lui servirait d'arme.

Ou d'arme de punition pour Jerry...

Affalée sur le lit, Jerry se posait un instant, le temps de récupérer de cette soirée mouvementée qui venait d'à peine commencer. Elle ne s'en rendait pas forcément compte, mais le pire restait à venir, sachant que les rares moyens de sortir de l'île n'étaient pas en sa possession. Je suis sûre que c'est une histoire de clefs, voler des clefs.... voler ! Son pétage de plomb ne la rendait pas très lucide et évidement le gros cochon de la pièce voulait en profiter. Tournant sa tête sur le côté, la cleptomane aperçu le toqué en possession d'une revue parti- cul -ière. La couverture attira instantanément son regard lubrique. Il fallait dire qu'entre le coincoin vibro et la revue x, les freedoomiens avaient le temps de se faire plaisir dans tout cet enfer. Ils doivent tellement se faire chier à rester cloitrés chez eux...

Les yeux mis-clos, elle retourna à sa rêverie en tentant de faire toujours abstraction des désagréments bruyants. Durant sa quiétude, ses pensées se tournèrent vers celui qu'elle appréciait le plus dans ce monde loufoque. Où était-il passé ? Que faisait-il ? Peu importe, elle souhaitait de tout coeur qu'il soit là auprès d'elle.. et cela ne marchait pas. Mais elle osait y croire car ses désirs font désordre ! Le sentiment d'affection qu'elle avait pour lui alimentait sa folie du moment et lorsque Nikodim passa une main tendre sur son visage, elle a bien crût que c'était en réalité...

- Griffin d'amour, Griffin.. Grrrrrifin ! Gri.. ? ronronna t'elle en frottant délibérément sa tête contre cette présence apaisante avant de s'apercevoir de son erreur, s'arrêtant nette.

Déjà il ne s'habillait pas comme cela, vu qu'il n'avait juste qu'un caleçon pour vêtement.. Et secundo, même s'il avait trouvé des fringues à se mettre, elles ne seraient pas aussi bien entretenues. Après l'attraction, la répulsion ! Jerry chercha tant bien que mal de se dégager de ce piège qui lui rappela l'embrouille dans la ruelle sombre et étroite.

- Pas Griffin d'amour.. CRUNCH ! Gronda t-elle avant de mordre la main qui l'avait caresser.

Ni pute, ni soumise. La cleptomane sauta hors du lit pour échapper à l'hypothétique agresseur sexuel, puis fit un rapide volte face. Même si le mal rongeait et raclait la porte avec ses griffes et ses os, il avait réussit à pénétrer le périmètre de sécurité et se trouvait dans leurs murs ! À fond dans son délire, Jerry menaça le russe avec sa brosse à dent.. la meilleure des façons de lui dire qu'il pouvait toujours se brosser, il n'obtiendrait rien d'elle.. et puis.. et puis.. Griffin d'amour reviendra ! Agitant sa brosse à dent et la tenant tel un crucifix, elle comptait bel et bien tenir sa position. Pour qui il se prenait non mais ! Et puis on fait pas de cochonneries avec son papa... Sauf pour oublier un cauchemar que l'on a fait.. Après si Papa était en manque parce que Moman n'était pas là.. Tandis qu'elle le fixait toujours yeux dans les yeux, elle se savait en danger. Papa, c'était le grand méchant loup et il ne fallait pas qu'il l'attrape sinon Game over ! Cette idée de mioche logée dans sa tête n'arrangeait pas grand chose à sa situation, même si c'était plus fun.

- Poooouce ! Le camp c'est.. c'est.. le lit ! disait-elle accompagné du geste enfantin.

Cette mongole voulait soit qu'il vire du lit pour se faire courir après comme si les zombies ne lui suffisait pas, soit avoir le lit pour elle rien qu'à elle. Elle voleuse ? Naaaan ! En y prêtant un peu plus d'attention, elle remarqua un étrange petit cube dans la main de son paternel imaginaire qu'elle prit immédiatement pour un jouet. Sans demander le consentement préalable, la curiosité l'emporta et la jeune femme à l'âge mentale décadent se rua pour prendre l'objet de manière traditionnelle cette fois-ci. Mal lui en prit, elle fut immédiatement transformée en pie, elle avait pourtant jurer ne pas faire la même erreur deux fois mais dans son état, ses neurones se battaient en duel enfin.. plutôt le vide qu'elle avait entre ses deux oreilles.

Son apparition sous cette forme digne d'un récit mythologique fut moins chaotique que sa toute première fois : au lieu de s'emmêler les pattes dans ses fringues, elle s'échappa par la manche de son vêtement. L'oiseau clairement stupide et insignifiant comparé à la Jerry originelle, s'évertua à picorer le cube tombé par terre comme si la curiosité était resté intacte, sans se préoccuper de Papa poule qui devait se poser des tas de questions.

En un élan, la pie agrippa le cube pour le transporter vers des cieux plus cléments.. c'est alors qu'un 'clic' se déclencha suite à une pression sur l'un des coins. Surprise par le déploiement du lit transportable, la pie décolla en poussant une série de "tchaka tchiiia" soulignant son effroi devant cette merveille de la technologie. Il est vivant, VIVANT ! Bientôt le petit cube se transforma en lit deux places à baldaquin, gênant le circuit aérien de la trouillarde. La crise passée, la curiosité l'emporta de nouveau et la bestiole inaugura le matelas en faisant un gracieux atterrissage dessus. Instantanément, des effluves agréable vinrent chatouiller son bec et il ne se passa qu'un court instant avant que l'oiseau ne se frotte les plumes contre cet îlot luxueux sentant le plaisir !

Alors qu'il n'avait pas encore décider de ce qu'il allait faire, il se fit sauvagement mordre par Jerry, qui commençait sérieusement à délirer... Elle l'avait pris pour ce fichu Griffin... Au moins, ses soupçons étaient levés: elle et lui était en couple! Mais cette garce allait le payer...

Elle se leva, et partit dans un délire... On aurait vraiment dit une sale gosse qui jouait ou non avec son père... Depuis tout à l'heure, elle ne s'était donc pas calmée.... Il comprenait mieux sa réaction. Il regardait sa main. Au moins, si il avait quelques marques de dents, il ne saignait guère. Heureusement, d'ailleurs. Mais pour le moment, si il voulait qu'elle reste, il lui faudrait la gifler...

Il avait sortit le cube de sa poche, et s'amusait avec machinalement, lorsque la jeune fille se rua sur lui, sans crier gare, et lui prit l'objet des mains. Mais qu'est ce qui lui prenait? C'était à lui! Et on ne volait pas impunément Nikodim Vialkovitch!
Mais soudainement, la jeune femme se volatilisa... Et ses vêtements se retrouvèrent sur le sol. Mais bon sang, ou était-il atterri? Les gens disparaissaient, les zombies se relevaient...
Puis, la seconde plus tard, une pie sortit d'une des manches des vestiges de Jerry... Et repartit à l'assaut du cube. Ce n'était sans doute pas une coïncidence: toutes les fenêtres étaient fermés! Et puis, pile dans les vêtements de la jeune femme, qui avait voulu ce cube.... Étrange!

Soudainement, un clic se fit entendre, et le cube se déplia, se transformant en un magnifique lit de l'ancienne ère. L'oiseau se lova dedans, et sembla... apaisé? Nikodim se rappela alors la notice... Ainsi, les " nuits de plaisirs" promises étaient réellement possible... Il allait pouvoir se calmer un peu.

Il se posa sur le lit, et sentit la texture du lit... Moelleux, de très bonne qualité... Cela sentait le luxe.
Et le sexe, aussi. Il se posa doucement sur le lit, et commença à caresser doucement la pie qu'il supposait être Jerry. Il allait voir ce qui allait se passer, sans bouger.

Pendant ce temps, les zombies grattaient toujours inutilement la porte, tel des caniches n'ayant pas eu leur pâtée....

Stimulée par des senteurs aphrodisiaques, la pie pas très futée se frottait avec acharnement contre la literie dont le parfum émanait. Ses plumes ébouriffées se faisaient caresser par la main de Nikodim demeurant silencieux. Peu après 15 minutes, Jerry redevint femme. Son premier réflexe fut de sortir la tête du lit, elle avait froid tout à coup et elle comprit bien vite en regardant ses vêtements gisants sur le sol. Putain pas encore ! Maintenant les rôles s'inversaient, ce n'était plus les voyageurs qui apparaissaient à poil; c'était elle ! Perturbée, elle regarda par dessus son épaule. Le russe qui l'épiait devait se poser des questions, elle aussi s'en serait posée.

Essayant de garder son sang froid qu'elle regagnait petit à petit, la cleptomane se dirigea vers l'armoire pour en retirer un drap poussiéreux, mais néanmoins propre et s'y emmitoufla dedans. C'était comme cela qu'elle dormait habituellement, sans fringues et pourquoi avec un petit ou une petite amie. N'ayant pas celui que son corps réclamait à ses côtés, elle irait dormir sur un des côtés du lit magique. D'ailleurs depuis quand il trônait dans la pièce celui-la ? Jerry s'arrêta un instant à mi-parcours avant de se dire que ça ne valait franchement pas la peine de se poser des questions. La fatigue l'avait achevé à petit feu et le lit moelleux l'attirant comme un aimant n'arrangeait strictement pas la chose, surtout qu'il lui donnait l'envie de.. hum ! La seule personne potable dans toute la pièce était la plus discrète et restait en retrait encore sous le choc de ce qu'elle avait vécu. Eh bien nous voilà pas sortit de l'auberge.. S'affalant de tout son long sur le côté du lit qu'elle venait de s'accaparer, elle se replia sur elle-même essayant de tempérer ses ardeurs.

- Bonne nuit, soupira t'elle avant de bailler.

Que c'était dur et compliqué ! Son odorat stimulé par des odeurs alléchantes augmentait son désir. Elle avait beau se tourner et se retourner 8 000 fois, aucune position ne lui convenait. J'ai envie de faire l'amour.. *Sigh* Et Griffin il est pas là.. Très frustrée, elle désirait même ouvrir la fenêtre pour y balancer le mobilier sur les zombies qui commençaient vraiment à lui taper sur le système avec leurs cris. Elle perdait la tête, mais elle n'en n'avait jamais vraiment eût. Discrètement, elle observait Nikodim et il naissait des désirs effrayants de ses observations.

Mais voyons Jerry-chou, propose lui un plan fesse. Griffin n'avait qu'à bouger les siennes.. Son compagnon d'aventures précédent s'effaçait progressivement de ses pensées, s'il ne s'était rien passé avec lui, elle aurait peut être plus de chances avec le quadragénaire qui -même s'il était vieux- avait de beaux restes comparé aux pourritures de dehors. Han la vache ! N'imagine jamais plus de baiser avec un zombie Jerry, c'est A-FFREUX ! Elle fixa son comparse le jaugeant avant de se lancer. C'était toujours dans des moments où elle avait été contrainte d'être reclus que ses désirs charnelles prenaient le dessus. L'avantage était que les personnes à côté d'elle ne pouvaient plus s'enfuir hin hin.

Bien maintenant la cible ! Ce n'était pas un tanguy comme l'autre, lui était beaucoup plus mature mais ça ne la dérangeait vraiment pas et la chanson de Baloo résonnait en écho dans sa tête. Se pinçant les lèvres avant de les humecter, elle adressa sa question déplacée sans se tourner vers lui.

- Dites, dans votre vie, vous avez déjà eût droit à un massage de la prostate ?

Les oreilles à l'affût, elle traquait la moindre réaction. Elle l'avait peut être mis mal à l'aise, ça promettait d'être drôle !

Nikodim fut surpris de la tournure que pris les évènements, et ce n’était sans doute pas fini.
Tout d’abord, il ne comprenait comment il était possible que Jerry ce soit transformé en pigeon… enfin, en pie, mais c’était qu’un volatile. C’était véritablement étrange…

Mais quand elle réapparut, dans son plus simple appareil, cela l’étonna moins. Ses vêtements étaient par terre, après tout, ils n’allaient pas se téléporter. Ce qui l’étonna, c’était l’érotisme qu’il trouvait à la situation, et les belles formes de la jeune femme. Elle se recouvrit de la couverture assez rapidement, en lui souhaitant un « bonne nuit ». C’était une situation pour le moins ridicule, et lui avait envie d’elle… Et pour une fois, il ne voulait pas être aussi violent. Peut-être le lit… Peut-être le fait que les zombies frappaient toujours, et qu’ils risquaient de tous y passer. Mais avec sa réaction, il se demanda si ce lit n’était pas de la camelote. Au moins, il ne l’avait pas payé.

Puis, elle se retourna, et lui demanda s’il avait déjà eu un massage particulier. Il partit dans un rire légèrement teinté de sadisme, et lui répondit alors, d’une voix mielleuse.

- Peut-être bien, mais je suis sûr que vous êtes plus douée pour cela…

Et tout se passa comme il l’avait espéré. Il fut très vite déshabillé à son tour. Chacun y allait du sien pendant la scène, il y avait des passages dominants-dominés, sans doute aidé par le lit et par le caractère fort des deux individus. Quoi qu’il en soit, Nikodim ne s’était pas autant amusé depuis longtemps. Et puis, elle avait bien voulu jouer avec lui aux échecs. En fait, elle devait bien l’aimer.

Mais tout ne devait pas se passer comme prévu. Alors qu’ils se reposaient doucement, les zombies redoublèrent de force dans leurs coups, et Nikodim se leva en sursaut, prenant la planche cloutée près de la porte. Il se recula, et bien lui en fit, car les monstres arrivèrent en défonçant la porte. Il leva son arme, prêt à défendre les filles. Ce n’était peut-être que des moutons, mais elles pouvaient encore lui servir. Il s’aperçut aussi que le lit faisait bien moins d’effet, maintenant que l’adrénaline montait en lui.
Les bêtes putréfiés poussèrent le lit, pour ne pas dire le ravagèrent, et il frappa de toute ses forces le premier zombie qui vint à sa rencontre, et celui-ci s’aplatit sur le sol. Il en frappa un deuxième avec sa planche, mais elle resta coincé dans les orbites vides de son assaillant. Un cadavre profita de la situation pour lui sauter dessus, et lui mordre sauvagement. Il hurla, mais il le repoussa dans les autres cadavres, et commença à le matraquer de coups avec sa main libre, ce qui le fit lâcher. Un corps sans tête commença à lui griffer le dos, et il fut très vite marqué. Il lui colla un coup de coude.

Puis, l'aube se leva, et les morts marchèrent vers leurs tombes, et pour certains rampèrent, ramenant des morceaux de citoyens avec eux... Et lâchant Nikodim, étrangement, qui en fut soulagé. Il se tourna vers les filles, qui avaient l'air d'aller bien. Il se mit à genoux, souffrant de ses blessures lors du combat.

- Franchement, il aurait pu mieux choisir, comme lieu de vacances... Ils nous ont même pas amené la vodka!

Il allait falloir réfléchir sur ce qu'il fallait faire maintenant, après l'attaque des zombies. Au moins, ses vêtements n'avait guère été tâché. Et il n'avait pas été tant sali que cela.
Il allait, de toute manière, devoir apprendre à se débrouiller seul.

Le monde est décidément plein de surprises, songea intérieurement Jerry en voyant que visiblement Nikodim n'était pas dérangé du tout, bien au contraire. Alors elle se rapprocha et commença à le déshabiller sans le quitter des yeux. Il ne lui imposait aucune limite, elle en profita donc. Pire même, il ne l'avait pas interrogé au sujet de sa transformation en pie. Soit il avait vraiment d'autre chose en tête, soit il n'était pas très fufute. Maintenant, les anciens propriétaires de la maison devenus zombifiés avaient une bonne raison de leur en vouloir : ils avaient souillés leur chambre. La cleptomane ne portait pas vraiment dans son coeur le russe, elle détestait la solitude et lorsque l'on venait à l'abandonner sans crier gare, Nikodim était le seul du convoi à ne pas avoir disparu. Il était son point de repère dans sa vie de prisonnière déboussolée.

C'est lorsqu'ils prirent un repos bien mérité après leurs galipettes que les zombies firent irruption dans la pièce beuglant telle une équipe du GIGN, bref la panique ! Il n'y avait vraiment plus d'échappatoire, en dernier recours une planche parsemée de pointes en fer que brandissait son camarade de jeu. Alors que les assaillants plus nombreux allaient lui faire mordre la poussière ou même plus encore, ils s'arrêtèrent en cours de route laissant quelques égratignures à Nikodim. Trop apeurées pour réagir Jerry, ni même Naomie avaient préféré se planquer pour rester en dehors de cette boucherie. Pas d'aide. Le toqué pouvait se vanter de les avoir retenu jusqu'à l'heure fatidique où leurs corps décomposés devaient se rafraichir à l'ombre, la demeure du monde souterrain. Alerte et haletante, la cleptomane se tourna vers l'extérieur lumineux pour voir l'exode zombiesque convergeant vers cette mystérieuse tour dont elle ne savait que très peu de choses, voir quasiment rien. De lointains souvenirs de créatures peuplantes l'imaginaire humain refaisaient surface. Les morts-vivants se déplaçaient la nuit et évitaient le jour telles certaines créatures ne vivants qu'à travers les contes de fées. Blake fit un parallèle avec un récit sur les trolls, ils évitaient la lumière du jour pour la bonne raison qu'ils se transformaient en pierre à cause des rayons. Allez dans la lumière..

Un peu plus calme, elle se tourna vers ses congénères, tous rescapés. Le fou qui s'était interposé face aux zombies avaient de sacrées contusions sans pour autant chouriner comme un bébé, un coup de chance. Faisant un rapide lien entre ce qu'elle voyait et les dires du russe, il n'y avait plus qu'à agir.

- En parlant d'alcool, il faudrait penser à nettoyer ces vilaines blessures avant de devenir comme eux qui sait..

En parlant trop et regardant tellement de films du genre, on ne pouvait que tirer des conclusions hâtives et très peu réfléchit..

- Cependant même si l'on ne le sait pas, il faut éviter ce cas de figure.. Et tester..

Jerry s'interrompit pour ouvrir, puis s'engouffrer dans l'armoire et disparaître dans la forêt de vêtements pour ressurgir quelques instants après en refermant la porte.

- Narnia.. c'est pas pour demain, grinça t-elle des dents.

Pour revenir à moins de fantaisie et atterrir, il fallait guérir et se prémunir de tous ces évènements fâcheux. Comme les zombies semblaient tous s'être fait la malle, elle n'appréhendait plus le fait de sortir de la chambre et de constater les dégâts. Se recouvrant de sa couverture qu'elle avait ôté pour satisfaire ses désirs de jeune cochonne, elle se dirigea vers la porte.

- Vu à quel train ils vivent, ça m'étonnerait qu'il reste une seule goutte d'alcool dans le coin. Je vais quand même vérifier à la cave, ensuite vous vous débrouillerez..

Elle descendit les marches en faisant scrupuleusement attention sur quoi elle marchait, quelques macchabées aillaient tellement souvent chez le dentiste que part endroits, ils avaient semé leur dentition. Berk il y a même de la pulpe.. Sans s'attarder plus, elle descendit dans la cave obscure qui ne lui inspirait rien de bon. La cleptomane avait au préalable trouvé une bougie et un stock d'allumettes à la cuisine avant de se lancer dans cet endroit empestant la mort et tellement proche des gens à six pieds sous terre. Pas folle la guêpe !

L'endroit frais et humide recelait de babioles en tout genre entassées. Ce n'était pas le pillage qu'il l'intéressait le plus, mais bel et bien lorsque les gens étaient encore vivants prêt à être dépouillés par ses mains aguerris au fil des manœuvres. Elle se rendait bien à l'évidence que pour l'instant, dans sa condition, il fallait faire profil bas. Une lueur d'espoir s'inscrivit dans son regard lorsqu'elle aperçut des bouteilles au coin d'un meuble. Toute vides cependant, sauf une ! L'étiquette du breuvage s'intitulait "Vin de vérité", curieux comme nom. Sans faire patienter sa curiosité débordante, Jerry regarda de plus près le texte miniature en dessous. Ce vin n'était pas un vin ordinaire, mais une sorte de sérum de vérité agissant durant la durée d'une heure. Les dernières lignes prêtèrent à sourire, la victime serait donc "chaude comme la braise" après ingestion. Il fallait y avoir le coeur net, mais pour l'instant elle garda sa trouvaille secrète et l'enroula délicatement dans son écharpe de Noël avant de cacher son butin dans sa hotte. Elle en aurait besoin pour plus tard lorsqu'elle serait en manque de divertissements.

Pour l'heure, elle rechercha activement ce qui pouvait faire office de désinfectant et fouilla les meubles. Au bout du compte, elle ne trouva pas et remonta bredouille avec quelques chiffons pouvant peut être servir de bandages.

Nikodim fut surpris de la réaction de Jerry quand à sa blessure. Il n'avait jamais été très science-fiction ou film en tout genre. Il était plutôt chiffres, magouilles et complots. Elle pensait quoi, qu'il allait se transformer en cadavre purulent? C'était ridicule. Les morts n'étaient déjà pas sensés se relever, remarque. Il tacherait de faire attention.

La seule chose qu'il savait, c'est que son dos et son mollet était douloureux. Il prit son pantalon chic, et le remit. Un peu de poussière, qu'il épousseta. Il remonta légèrement le bas de la jambe blessé, que la blessure soit visible. C'est que le zombie l'avait bien mordu! Il avait l'habitude de voir du sang, des contusions, et tout ce qui allait avec une bonne rouste. Mais c'était la première fois qu'il avait le droit de contempler cela sur lui. Pas très charmant.

La jeune fille était donc partie chercher de l'alcool... Mais elle avait avant cela dis des choses étranges... Narnia? Qu'est ce que c'était que cela encore? Un pays de ce monde étrange? Il allait vraiment devoir se remettre à jour... Cet imbécile qui lui avait tiré une balle, il le paierait, ça c'était sûr.

Il regarda à son tour dans la penderie... Quelques jolis costumes. Il pourrait éventuellement servir à rafistoler le sien : ils étaient de la même couleur. Mais il n'allait pas les mettre. Trop piètres notoriétés. Seul son costume valait la peine. Peut être que la jeune Jerry était bonne couturière?

D'ailleurs, la jeune fille revenait, avec de vieux morceaux de tissus, et pas d'alcool... Cela n'allait pas vraiment aider à désinfecter. Ainsi, même dans cette maison de riche, il n'y avait pas d'alcool?

Au moins, elle avait chercher. Il la remercia d'un signe de tête, et se posa sur le lit. Il repensa à tout ces évènements. Très rapides. Très dangereux. Cela était amusant. Pas autant qu'une partie d'échecs, certes, mais tout de même amusant. Puis il repensa à la nuit passé.

Soudain il se leva. Bien lui en fut, car le lit se retransforma en cube. Il le récupéra, et le mit dans sa poche. La notice n'avait pas mentie. C'était rare... Si jamais il revenait chez lui, il tacherait, s'il le peut, de ramener cet objet avec lui. Il pourrait devenir riche. Et continuer ses sinistres desseins...

Maintenant, qu'allait-il faire? Se renseigner sur les gérants de la ville? S'enfuir? Ce qui était sûr, c'est qu'ils leurs faudraient partir...

Il attendit de voir ce qu'allait dire Jerry. Il regarda par la fenêtre. Ce paysage était sinistre.
Et étrangement, cela l'apaisait plus ou moins.

Revenue bredouille, Jerry déposa les chiffons sur le lit où s'était installé la petite Naomie. L'autre lit bien curieux était redevenu un cube. Pratique ! Tandis qu'elle se rhabillait tout en ajustant bien son foulard autour du cou, elle ne pouvait pas s'empêcher de songer à son collègue mordu par les créatures. Le sentiment d'insécurité revenait au galop. Mais il fallait faire quoi ? L'amputer ? Le tuer ? Aller dans une pharma.. AAAAH non pas la pharmacie ! La boutique dont on ne doit pas prononcer le nom.. Plutôt le tuer que de revenir dans ce piège..

C'était horrible de parvenir à une telle conclusion mais elle ne comptait pas mourir maintenant. En réfléchissant bien, Nikodim se transformerait le soir, peut être à la même heure que l'arrivée des zombies. En fouillant dans sa hotte, un petit papier tomba par terre. La cleptomane se pencha pour le ramasser, intriguée. La surprise se lisait sur son visage, puis de l'inquiétude. C'était le ticket restaurant de Griffin ! Sur l'une des faces était gribouillé une grille de bataille navale, celle qu'ils n'avaient jamais fini. Le phobique n'avait pas montré de signe de vie depuis leur dispersion à l'arrivée. Jerry devait le retrouver.

Tout en se redressant, son regard se posa sur le visage de Naomie. Elle n'allait certainement pas la laisser seule avec le zombie en devenir, elle était cruelle mais pas à ce point.

- On va s'absenter quelques instants, on reviendra plus tard !

Naomie lui fit comprendre qu'elle ne resterai pas éternellement cloîtrée dans la maison. Non, elle avait des projets et qui plus est, un plan d'évasion ! Elle avait en gros un rendez-vous devant chez le coiffeur avec plusieurs personnes susceptibles de les faire sortir. Hum voilà qui est intéressant..
La cleptomane se tourna ensuite vers le prochain danger potentiel.

- Je vais faire un tour en ville, histoire de retrouver certaines de mes connaissances et peut être.. Elle frotta son ventre plat. Trouver un coin où manger un morceau. Vous devriez venir.

Maintenant si Monsieur se sentait d'aller dans une pharmatruc, se serait sans elle ! Elle attrapa sa hotte et fila.

- Je vous attends dehors !

En passant dans le hall, Jerry remarqua que les visiteurs d'hier soir avaient renversés plusieurs nids à poussières disposés sur les buffets, l'un d'entre eux cassé avait répandu ce qu'il cachait sur le sol. Plusieurs économies en rubz et un bon de réduction de 75 % sur un achat valable pour n'importe quelle boutique que la pillarde s'était empressé de ramasser. Une aubaine qui gonfla son porte-feuille. 620 rubz en tout.. Elle esquissa un sourire. La journée avait l'air d'être bien partie.

C'est avec un regard mûre qu'elle sortit. Rien ne l'étonnait plus entre ses transformation en pie, les méduses qui ponctionnent le cerveau, les morts revenus à la vie et les costumes à la con.. Pour tout vous dire, même un tyrex en skateboard passant à côté d'elle ne lui aurait même pas arraché un cri d'étonnement. Quelques pas plus loin ce fût autre chose qui retint son attention. Une carcasse déchiquetée est méconnaissable qu'elle identifia tout de suite. C'était le chien qui l'avait prit en chasse lors de sa première transformation. Bien fait, tu ne mordras plus.. La fourrure tachée de sang lui avait mis la puce à l'oreille et la chair en lambeau en disait long sur ses derniers instants.

Indisposée par la nuée de mouches autour de la dépouille, elle revint sur ses pas attendant patiemment que l'estropié descende. Avec quelqu'un à ses côtés même une ruelle sombre étroite ne lui faisait plus peur. Cependant, les ruelles de Freedoom étaient bien plus dangereuses qu'elle ne l'imaginait...

Il la regardait se rhabiller doucement, ayant quelques autres pensées en tête. Bien sûr, il avait en tête les images de la nuit, mais aussi d'autres... Qui correspondait plus à son domaine de sadisme. Une fois attachée, elle pourrait parler, et peut-être même crier de plaisir...

Il sourit intérieurement. Il allait falloir être patient, avant que cela n'arrive. Et puis, si cela se trouve, elle pourrait tout simplement être une bonne concubine... Ainsi, il pourrait éventuellement redistribuer son héritage à son fils unique... Il s'efforcerait d'avoir seulement ce fils unique, qui lui ressemblerait le plus possible...
Après tout, n'était-il pas un homme riche et influent?

Il se calma rapidement. Il ne devait pas prendre la grosse tête. Après tout, il s'était pris une balle pour cela. Il lui faudrait renforcer sa garde, une fois dans le monde réel. Et tuer le type qui avait osé abîmé son costume. Un costume valant aussi cher...

Jerry fixait la jambe du russe, parfois avec insistance. Il se rappela son histoire de " Transformation".

- Ne t'en fais pas, je vais très bien, va!

Il commença à bander sa blessure à partir des chiffons, après les avoir épousseter loin de son costume. Il n'allait tout de même pas se salir.

La jeune Blake avait décidé de sortir, et apparemment elle l'invitait. La nuit avait vraiment dû bien se passer, pour un rencard si rapide... Mais il devait rester méfiant. Les relations ne changent pas en un jour et une nuit.

Il s'épousseta son costume, puis la rejoignit. L'ambiance macabre des lieux était... Intéressant. Il n'avait jamais vu de réels films d'horreur. Il était plutôt bercé par les classiques de parrain et de mafioso en tout genre. Mais peut-être qu'un mélange des deux...

Il se dit qu'avec ses richesses, il investirait dans un coin tel que celui-ci. Les zombies en moins, bien sûr. Il en ferait un parc d'attraction. De douleur et de souffrance, dont il pourrait s'amuser. Il mettrait aussi des pièces d'échecs, tient.

Il secoua sa tête. Mauvaise idée. Il ne fallait pas y repenser. A moins que...

- Je te propose que l'on fasse d'abord un tour de la ville, voir s'il reste pas un magasin digne de ce nom, et ensuite voir qui dirige cette foutue ville . Qu'en pense-tu?

Il attendait sa réponse, tandis qu'ils descendaient de la colline tout les deux, non pas comme un couple, mais plutôt comme des complices.

Un magasin ? Triple bingo ! Jerry voyait une opportunité à saisir. Elle pourrait glaner des informations au sujet de Griffin tout en faisant des achats. Ces futurs achats avaient un étrange parfum de poudre et des reflets métalliques. Tout en continuant à marcher à côté de Nikodim, elle pesait le pour et le contre d'une telle exécution. Cet homme n'avait rien de très méchant, juste chiant à mourir avec son jeu d'échecs. Il lui avait aussi bien remonté le moral en ces temps de crise en s'adonnant à des activités diverses et variées sous la couette.

En descendant la rue, son regard s'arrêta sur une boutique discrète sans vitrine avec des écritures gravées sur la porte. "Armurerie".

- Avant d'aller voir les dirigeants comme vous dites, ne vaudrait-il mieux pas être armé ? Avec ce que j'ai vécu hier soir j'en conclu que ce n'est pas en option ! Avant de pousser la porte, elle s'adressa de nouveau à lui. Vous croyez vraiment que les grands en ont quelque chose à faire de nous ? Si l'on a été transféré ici ce n'est surement pas prendre le thé avec ces dirigeants !

Il était clair que si les ellipsiens les avaient refilé à quelqu'un dans le but de les laisser crever, c'est que cette personne avait le même avis sur eux.. À savoir que tous les voyageurs devaient mourir sans exception. Les amis de mes ennemis sont également mes ennemis.. La cleptomane ne voulait pas se retrouver en position délicate face à ces monstres qu'elle supposait être à l'origine de la dévastation causé par les zombies. Se tirer de ce gourbi lui suffisait amplement et pour cela il lui fallait une carte de plus dans son jeu.

À l'intérieur, la boutique regorgeait de marchandises. Jerry, sans perdre son temps, se mit à tourner autour des étagères et comparer les prix. Avec son bon, elle pouvait se permettre de faire un gros achat. Sa petite somme de rubz suffirait à payer avec la réduction. Ses choix se portèrent sur une arme légère et peu encombrante : un revolver ! Derrière son comptoir, le vendeur lui fit la réduction de 1 125 rubz sur les 1 500. Elle ne déboursa donc que 375 rubz et 120 supplémentaire pour la douzaine de balles qu'elle acheta. Deux chargements pour ce "six coups" en prévision de sa maîtrise approximative de l'arme.

Maintenant qu'elle pouvait compter sur quelque chose pour ce défendre de ce monde et de ses étrangetés, elle se sentit rassurée. Cette belle arme lui servirait peut être à ôter la vie de Nikodim s'il venait à devenir un zombie... Mais.. je ne peux pas faire ça.. Trop de sentiments et aussi d'amusements avec ce type. De sa vie, jamais elle n'avait tué.. peut être qu'elle l'aurait fait au moment des soldes, mais... Elle regarda pensivement le chargeur remplie de six balles. Si ce n'est pas lui, ce sera moi.. En d'autres thermes, elle y était obligée.

Rangeant ses rubz bien à l'abri dans sa hotte, elle se souvint de l'essentiel qui lui rongeait l'esprit et s'adressa au vendeur occupé à compter sa monnaie.

- Au fait, vous n'auriez pas vu un homme à peu près haut comme ça, cheveux noir et se sentant mal à l'aise en présence de beaucoup de monde ? Mima t-elle avec des gestes.

La réponse négative du bonhomme la fit déprimer. Elle n'aurait jamais dû quitter Griffin d'une semelle, il était comme un mioche qu'on devait surveiller sous peine de ne plus le revoir. Déçue, elle se mordit les lèvres et sortit du commerce. Il avait l'air plus âgé qu'elle et donc plus dégourdi, mais ce n'était qu'une impression. Griffin qu'es-tu devenu..

Ils continuèrent ainsi à marcher vers les rares échoppes de ce bidonville... En effet, on pouvait appeler cela un bidonville. La famille Vialkovitch avait toujours vécu éloigné de ces nids de pestes et autres assassinat, mais s'efforçait toujours d'avoir des contacts dans ces endroits, pour les plus sinistres tâches... Nikodim était sans doute un de ces individus novateur, qui préférait briser les codes familiaux: après tout, sa " salle de torture" était non loin de sa demeure. Mais suffisamment caché pour que nul autre que lui et ses sbires puisse y entrer.

Et encore, les sbires ne pouvaient entrer que les yeux voilés, guidé par les hommes de mains familiaux....

Si voir une tel ville aurait pu faire changer de voie un homme fort et dur ordinaire, pour Nikodim, cela ne fit que confirmer ce qu'il pensait du bas-peuple: des moutons. Ils iront tout droit à l'abattoir, le jour venu.
Mais pour le moment, il devait agir, avec sa "protégée". Apparemment, leur relation commençait à devenir intéressante... Il allait en profiter. Chaque pièces compte sur l'échiquier.

Elle avait décidé d'aller d'abord à l'armurerie, mais avant d'entrer, elle l'interrogea sur l'utilité de parler aux "dirigeants", qui ne devait en effet être que des pions, et remettait en cause son jugement.

- Bien sûr, ils n'auront sans doute que faire de nous.... Au départ. Je pense qu'on peut toujours chercher à nouer de bonnes relations, pour le départ... Non pas que cela me plaise, soyez-en sûr.

Il regarda autour de lui. Personne ne leur prêtait attention. Il s'approcha de l'oreille de la jeune fille, et finit sa tirade.

- Croyez-moi, nous apprendrons à ses pourceaux ce qu'est la douleur...

Peut-être n'allait-elle pas aimé cela. Mais il le pensait, réellement. Et peu lui importait son avis.
Ils entrèrent, et elle choisit rapidement son arme. Pendant ce temps, lui regardait la collection. Les prix étaient bien trop important pour lui, pour ce qui est des armes "propres et convenables". Une arme blanche ou une arme contondante salirait trop sa tenue. Et puis, si Jerry prenait une arme, cela suffirait.

D'ailleurs, celle-ci commençait à glaner des informations sur un individu... Qu'il reconnu comme Griffin, le muet du camion. C'est vrai qu'il était pas reparu, celui-là... Une très bonne chose pour lui. Maintenant, ils avaient une maison digne de ce nom à réparer, suite à l'assaut des zombies, mais qui pouvait se révéler très solide.

La jeune fille, en sortant du commerce, semblait plus morne. Il la regarda. Ah la tristesse... Il aimait souvent la faire ressentir aux gens. Les prémices du désespoir. Mais ici, il devait faire en sorte que tout se passe pour le mieux.

- De ce que j'ai pu en voir, c'est un jeune homme bien bâti. Il s'en est surement tiré. Il est peut-être même déjà sorti de cette merde.

Il n'avait pas mis un brin de colère. Son ton était plutôt neutre, se voulant faussement rassurant. Cela marchait toujours, avec les veuves éplorés.

Ils passèrent devant un magasin général délabré par le précédent assaut des zombies. A l'intérieur,
divers produits alimentaires, de soins et quelques loisirs. Le quadragénaire prit d'abord une trousse de soin, qui lui permettrait de soigner sa morsure de zombie à l'avenir. Puis, il rechercha au fond du magasin ce qu'il voulait : un jeu d'échec.

Il regarda les différents jeux. Il y avait des basiques, en plastique, pour pas très cher... Mais celui qui le plaisait se trouvait dans une petite mallette noire. Les pièces étaient détaillés, et les origines semblaient quelque peu russes... Le créateur de ce jeux était peut-être un "voyageur"?

Il alla donc payer ses trouvailles auprès du vendeur, qui avait derrière son comptoir un fusil à pompe. On pouvait aisément comprendre que c'était avec lui que le vendeur se défendait des zombies, le soir.
Le russe donna son ticket de réduction pour le jeu d'échec. Ainsi, il paierait moins cher. Un total de 150 Rubz, ce qui lui liquidait déjà pas mal de ses trouvailles... Au moins, il n'avait pas travaillé pour acquérir cette fortune.

En sortant du magasin, il s'adressa à la jeune fille.

- Nous devrions peut-être commencé par suivre les indications de Naomie. Cela pourrait nous être utile. Et bander ma blessure, aussi, maintenant que l'on a ce qu'il faut.

C'est vrai que la blessure commençait à lui faire mal. Alors, autant ne pas se gêner.

Elle se sentait mal de l'avoir laissé... Mais en même temps sa disparition était peut être le signe qu'il avait réussi à se tirer du pétrin. De quoi être verte de jalousie ! Jerry ne savait toujours pas comment sortir de cette dimension parallèle mais la chance allait peut être tourner suite aux informations que détenait Naomie. L'espoir la faisait vivre.

Les deux voyageurs s'arrêtèrent dans une autre boutique et le quadragénaire en profita pour acheter une trousse de soin pour soigner sa vilaine blessure. Eh ben, c'est pas trop tôt ! Si la blessure est désinfectée à temps, il pourrait être sauvé. J'aurai pas besoin de gaspiller mes balles.. Des balles qui en même temps de trouer les corps venaient de trouer son porte-monnaie, mais elle venait de faire le bon choix question survie.

En passant à travers les rayons, elle luttait contre l'irrésistible envie de se barrer avec un truc. La dernière chose qu'elle verrait avant de faire 'piou', pas intéressant ! Sans compter que même avec son petit tour de passe passe, le code barre ne disparaîtrait pas. La cleptomane découvrit aussi que la trousse n'était pas le seule achat du russe. Non, il avait fait aussi une fixette sur les jeux d'échecs. Les jeux d'échec par ci, les jeux d'échec par là.. Ça en devenait presque effrayant cette obsession ! Même au départ, il en voulait un durant leur transfert par camion blindé... Je sens que ça va pas le faire.. Bordel ! mais il lui voulait quoi à ce jeu ? En plus, ils y avaient joué avant la vague des zombies. On pouvait faire aisément le parallèle avec Jumanji, un jeu de plateau aussi ! L'annonciateur du fléau est parmi nous.. Noooooon, il faut s'en débarrasser !

Ou tout bonnement, lui faire croire qu'il a acheté de la merde en volant une à une les pièces. Jerry ne put s'empêcher de réprimer un sourire moqueur, elle allait jouer à un petit jeu qu'elle préférait par dessus tout et cette perspective effaça la peine qu'elle éprouvait.

En sortant du magasin, elle se posa sur un banc et attendit qu'il ait fini de se mettre un bandage. Le rôle de l'infirmière ne lui était pas attribué et elle en profita pour astiquer son arme avec un morceau de chiffon qu'elle s'était procurée. L'arme fatale avait désormais les reflets du métal.

D'après les indications de Naomie, il fallait attendre devant chez le coiffeur que les personnes tant attendues daigner pointer le bout de leur nez. Jerry n'avait pas trop confiance en ces dires, mais ils n'avaient pas trop le choix.

- On va voir si les fameuses personnes se trouvent à l'endroit qu'elle nous a indiqué.. Et.. elle marqua un petit temps de pause avant de poursuivre. Si elle ne se fiche pas de nous.

Suite à la pose du bandage, ils se dirigèrent suite aux indications des autochtones vers le lieu du rendez vous. Après il n'y avait pas foule pour l'instant. Ce n'était pas encore le moment. Ils étaient bien gentils de les faire patienter, mais ils n'allaient pas faire ça toute la journée surtout si au final personne ne se pointait.

- On devrait aller manger, je doute qu'ils ne viennent..

Goinfre de Jerry ! Mais cela faisait un temps fou qu'elle n'avait rien pu se mettre sous la dent. De grâce ! Quelque chose à manger ! Elle voyait justement un restaurant à côté, surement pas un 4 étoiles vu le coin mais ils devaient servir des trucs à peu près comestible et sans douleur de ventre.

Le russe n'était pas infirmier, mais il savait poser des bandages. Dans son "métier", il était toujours utile de savoir, pour prolonger la torture...

Suite à la pose de son bandage, ils partirent donc en direction du coiffeur... Ce qui fut chose difficile pour Nikodim, puisqu'il ne supportait pas la vue de ses gens dépravés dans ses rues minables.... Voir de tels individus, dans une telle misère, qui était incapable de voir plus haut que leur survie... Et ne faisait rien pour survivre, d'ailleurs! Seul le désespoir les menait. Ou l'espoir pour certains

Pour lui, il fallait de l'ambition, du charisme et du pouvoir pour réussir! Il fallait être sûr de ses choix.
Et il était persuadé que son choix actuel, celui de suivre Jerry, et de chercher à la mettre de son côté, l'aiderait dans ses plans futurs....

Cependant, celle-ci doutait de l'information de Naomie. Seulement, c'était leur seule piste. Il devait s'y fier. Et cela ne coutait pas grand chose. Il resterait un peu ici, et ensuite, si l'attente s'éternisait, il rentrerait pour améliorer les défenses de leur maison.

Cependant, il devait faire en sorte qu'ils restent ici un certain temps.

- Nous n'avons pas de meilleures pistes pour atteindre les dirigeants ou sortir d'ici pour le moment. Faisons confiance à Naomie. Elle n'est pas futée, mais elle nous doit la vie.

Sa jambe lui faisait mal, malgré le bandage. Mais cela se calmerait avec le temps. Il commençait à se demander si l'aventure qu'il avait eu la veille était la première qu'elle avait jamais eu de sa vie.

Jerry lui proposait de manger... A cette heure, dans un endroit pareil? Il se faisait encore tôt, mais... C'est vrai qu'il n'avait pas manger depuis son arrivée dans cet enfer. Mais qu'allait-il servir?

Et surtout, à quel prix? Il n'était pas aussi riche que dans le monde réel.

- Je ne serais pas contre, car cela permettrait d'en apprendre plus sur chacun, et aussi d'attendre un peu pour le rendez-vous....

Ce qui était partiellement vrai. Il n'aimait guère l'idée de manger dans un taudis pareil, lui qui était pour la luxure, mais il devait s'efforcer de paraître "gentil". Et puis, peut-être allait-elle souffrir dans ce restaurant.
Et surtout, il allait plus en apprendre sur elle qu'elle sur lui.

-... Cependant, il y a deux problèmes: j'ai peur qu'ils ne nous servent guère grand chose. Mais surtout... A quel prix? Je ne suis pas sûr d'avoir suffisamment d'argent pour cela...

Il n'avait jamais fait d'emprunt, auparavant. Et pour cette fois-ci, cela le dérangerait s'il lui fallait rendre la monnaie. Il espérait qu'il n'aurait pas à la rendre plus tard.

Mais après tout, il allait bien plus gagner que perdre. Le pion avait laissé place au fou, mais il était toujours le roi de l'échiquier. Et il était persuadé qu'il pouvait vaincre son adversaire sans problème...

Il était vrai que Naomie ne pouvait pas leur mentir après avoir réchappée de la mort grâce à la réaction du quadragénaire, mais cela n'empêcherai pas les autres de leur poser un lapin. Jerry n'avait pas confiance et la perte de temps se révélait ici avoir de lourdes conséquences sur la vie de chacun. Son programme ne serait pas de figurer au menu de ces créatures.

- Bien, mais ne perdons pas de temps. D'accord ?

Visiblement, Nikodim désirait lui aussi casser la croute, cependant un petit problème vint pointé le bout de son nez..

- Comment ça vous n'avez pas assez d'argent ? Vous venez d'acheter un jeu et vous n'avez même pas envisager de garder du pognon pour ce qui est vital ? C'est une blague ?.. Elle est très drôle !

Le russe avait beau être vieux, il était moins gaga que sa grand-mère ce qui signifiait qui se ficher réellement de sa survie. Dans sa hotte, il y avait les deux tickets resto de Noël, le sien et celui de Griffin. Elle irait se servir du sien sans se séparer de celui de Griffin qu'elle gardait précieusement telle une relique, il faudrait bien qu'elle le lui rende un jour..

La cuisine par ici, ne valait rien par rapport à celle de son confort habituel. Le restaurant était bas de gamme et lié au niveau de vie des habitants. Surveille ta soupe ma petite Jerry.. La cleptomane regarda les prix affichés sur un tableau crasseux couvert par endroit de sang séché et fit un sourire.

- Le menu du jour coute 15 rubz. Il me reste des sous malgré mes achats.. mais ça s'appelle retour !

Elle aimait la compagnie et le pognon qu'on lui rendait. Cet homme allait-il lui rendre la monnaie ? En regardant bien la petite mallette noire qu'il tenait, ça ne faisait pas très sérieux. Dire qu'il a l'espoir de jouer dans ce lieu très "calme".. Je sais pas où l'on est, mais pas question de prendre des vacances ! Et non, il avait du taff ! Pas question de jouer sous peine de se trouver fort dépourvu quand le soir viendra.

Pour l'instant son ventre criait famine, il valait mieux le nourrir histoire qu'il arrête d'hurler comme une bête sauvage. Jerry commanda un menu du jour et laissa Nikodim commander le sien, puis alla s'asseoir à une table à l'extérieur, un point stratégique pour savoir lorsque ces soi-disantes personnes stationneraient devant le coiffeur. Pendant qu'elle déposait sa hotte à côté, un corbeau la surprit par sa proximité mais surtout par son cri retentissant ! Elle essaya de le faire partir en faisant des gestes intimidants sans résultat.

- File avant que je te taille en nuggets satané volaille ! Grogna t-elle vers l'animal.

Il était bizarre de constater que l'animal fit exactement ce qu'elle lui avait ordonné, comme s'il avait comprit les menaces de Jerry. C'était curieux, mais ça lui passa au dessus de la tête sachant que Nikodim arriva juste après le départ de l'oiseau de malheur. Il avait l'air soucieux, contrairement à Jerry qui n'était pratiquement jamais aller au restaurant à cause de son budget. Peut être qu'il était plus tatillon qu'elle question endroit à fréquenter. La bouffe était et resterait moins bonne que dans ses lointains souvenirs, c'était sûr.. mais elle avait un creux à combler, difficile de ne pas le boucher autrement...

Apparemment, elle ne voulait pas perdre de temps... ce qui était normal. Après tout, du temps perdu les mènerait à leur morts prématuré. Mais elle n'était aussi apparemment pas du genre à prêter facilement de l'argent. Cela le fit sourire. Ils pouvaient se comprendre, il en était sûr.

Ils partirent donc pour le restaurant, et en voyant les prix, il eut une mine déconfite. Le repas allait être ignoble, à coup sûr. Il fit cependant comme si de rien n'était, et se tourna vers sa "compagne de voyage", pour ne pas dire " compagne de lit", en lui déclarant qu'il paierait la note. Il n'était pas aussi peu riche que cela, tout de même!

Il s'installèrent donc à la table, dans cette atmosphère sale et malodorante, qui ne plaisait guère au russe, habitué au luxe et à la propreté. Mais il put sourire lorsqu'il vit la scène du corbeau et de Jerry. Elle ne devait pas aimer ces oiseaux, signe de souffrance et de mort...

Mais les Vialkovitch aimait la souffrance infligé... Et peut-être qu'elle souffrirait de son idée: le restaurant n'allait peut-être pas lui apporter de plaisir...

Un homme arriva, avec un tablier qui aurait fait pâlir le plus sanguinaire des bouchers. Apparemment, c'était un des serveurs, qui devait aussi faire la cuisine puisqu'il repartit accomplir son sinistre office après avoir pris leur commande...

Nikodim regarda Jerry dans les yeux. Au moins, il avait affaire à une battante, et cela allait lui plaire. Il prendrait plaisir à la faire souffrir, plus tard, s'il le fallait.

- Dis-moi... Je peux t'appeler Jerry? que faisais-tu dans notre belle Amérique avant d'arriver ici? Tu es plutôt débrouillarde, et je doute que tu servais dans des restaurants ou faisait de la manucure, comme beaucoup d'autres...

En effet, elle n'était pas un mouton comme les autres individus qu'il connaissait en temps normal, et qu'il manipulait à sa guise. Celle-la, elle avait du cran.

Le serveur revint, et le visage de Nikodim se renfrogna a la vue des plats.
En effet, il y avait trois choses qui le rebutait dans le plat: la viande d'origine indéfini qui avait un aspect caoutchouteux, des légumes étranges qui ne devaient pas être mûres, et le pire de tout ces mets: un "ragoût", ou tout du moins ce qui était sensé être un.
En effet, la couleur était peu engageante.... Couplé à l'os couverte de viande rongé dépassant du plat.

Nikodim n'aimait pas du tout l'aspect, mais peut-être n'était-ce pas si mauvais que cela... Il allait goûter, et s'il le fallait, il allait se plaindre. On ne trompait pas un Vialkovitch ainsi!

Mais il avait une meilleure idée....

- Hum... A toi l'honneur, très chère.

Il souriait intérieurement du supplice qu'elle allait subir....

La journée ne s'annonçait pas si mal mais Jerry déchanta bien vite en voyant le tablier du serveur rougeoyant de sang. Non non, c'était bel et bien la couleur emblématique de cette région et il faudrait s'y faire. Tant que c'était des bêtes que l'on égorgeait.. ça irait mais si c'était des hommes.. un peu moins. Les images d'Aiden recirculèrent dans sa tête, la fin tragique surtout où le sang avait rougi le sable de l'espace des condamnés. Pas très reluisant.

C'est en croisant son regard que Nikodim entama la conversation qui promettait d'être drôle. En effet, il pensait qu'elle ne pouvait pas faire parti des serveurs de restaurant ou d'autres métiers pas très bien perçu par l'homme d'affaire qu'il était. Il se trompait. Elle était serveuse mais pour amortir ses frais de scolarité sans emmerder la mamie. Des qualités ? Elle en avait, mais elle avait dû vraiment l'impressionner pour qu'il en vienne à lui dire ça.

- Et vous.. Je peux vous appeler Nikodim ? Les apparences sont trompeuses vous savez, je travaille justement dans un restaurant à San Francisco, mais ce n'est qu'à mi-temps pour financer une partie de mes études..

-De cambrioleuse voulait elle ajouter même si ce n'était pas tout à fait cela, il y avait quand même une part de vérité : Les dictionnaires, les clefs Usb et les affaires trainant dans les salles n'étaient jamais à l'abri avec la cleptomane dans les parages. Elle ria un bon coup puis reprit son sérieux.

- C'est fou les idées qui circulent sur telle ou telle personne.. Je pourrai dire de vous que vous êtes soit un homme d'affaire, soit un mafioso alors que je me trompe peut être..

Mafioso. Ça la faisait bien rire, ça oui mais elle se souvenait d'un élément troublant : le russe affirmait que certain McCarton lui avait tiré dessus, la pègre n'était pas une piste à écarter..

Le serveur coupa nette leur discussion en apportant des plats très.. très.. Raffinés ! oui c'est le mot.. Même Jerry commençait à se demander si elle avait vraiment la dalle en ces circonstances. À priori oui, loulou ventrou en réclamait un petit bout. Et puis la délicate attention de Nikodim de lui laisser le "loisir" de goûter en premier ne lui laissait pas vraiment le choix. Les femmes et les enfants d'abord qu'ils disaient.. soupira t-elle intérieurement

- Mais naturellement.. Elle se forçait à sourire dans cette épreuve se disant que l'apparence de la bouffe ne faisait pas le contenu en lui-même et prit une bouchée des légumes.

Elle sentait à la texture pâteuse qu'il y avait un problème et recracha instantanément. L'oiseau de malheur qui s'était en aller faire un tour, revint et récupéra ce qu'elle venait de régurgiter. Tout n'était pas perdu pour tout le monde. Le test peut concluant, elle s'efforça de découper la viande pour la manger. Elle était encore chaude, il fallait en profiter. Le goût fade ne l'arrêtait pas dans sa démarche, il lui fallait reconstituer ses forces et hors de question de laisser de la nourriture qu'elle venait de payer. La cleptomane vit le toqué résistant à l'appel de la nourriture et lui tint ces propos :

- Manger, profitez-en tant que ce n'est pas vous qui l'êtes..

Sur ce, elle continua de manger le plat sans saveur avec espoir qu'il ne soit pas le dernier.

Ce qui l'amusait, c'est que cette fille avait un esprit certain pour certaines choses, et pour d'autre elle se laissait faire... Mais il était sûre qu'elle ne disait pas tout.

Nikodim put tout de même voir les tests culinaires non-probant pour ce qui était des légumes, et il ne regarda même pas le ragoût. Il préféra commencer à couper la viande, sans relever la dernière remarque de Jerry. Au moins, elle le calmait un temps soit peu. Il fallait bien se tenir, après tout...

La viande était assez ignoble a la première bouchée, tout du moins par rapport à ce qu'il avait l'habitude de manger, mais il fut obligé de manger cela, par petite bouchée cependant.

- Ne me vouvoie pas. Nous n'en sommes plus là je crois. Tu n'es pas si loin de la vérité en tout cas...

Cela l'amusait beaucoup. Lui, faire partie de la mafia? Il était bien pire. La mafia aurait bien besoin de lui comme parrain. Cette pensée le fit rire à son tour. Mais il sentait qu'ils étaient vraiment sur la même longueur d'ondes, et c'était ce qui comptait. Ce qui était certain, c'est qu'il allait avoir cette nouvelle compagne de jeu... Elle lui faisait penser à sa première " petite amie".

Bien sûr, elle avait été consentante la première fois, pas comme la petite amie en question, ce qui la distinguait d'autant plus, et lui donnait plus de valeurs.

- Ces mets sont parfaitement ignobles... Le serveur entendra de mes nouvelles... Dis-moi, qu'espère tu des contacts de Naomie, pour ta part?

Il était toujours intéressant d'en apprendre plus sur la manière de pensée des gens anormaux. Quand il regardait autour de lui, la plupart était soit galeux, soit désespéré. Lui, il s'amusait. Même si les zombies l'avaient surpris, il se disait que ces gens l'avaient mérités.


- Pour ma part, je me dis que ces gens sont peut-être suffisamment haut placés. Après tout, qui d'autres pourraient proposé un rendez-vous ainsi? Un club anti-zombie? Un dealer bricoleur?

Il était sûr de ce qu'il pensait. Et il était presque sûr qu'ils allaient s'en sortir.
Presque.

L'envie de jouer se faisait ressentir. Il voulait jouer aux échecs, mais ce n'était sans doute pas le moment ni le lieu. Il lui faudrait attendre...

Cela lui fit penser à la remarque de la jeune fille, au sujet de son argent et du jeu d'échec. Elle ne comprenait pas réellement la signification de ce jeu pour lui. Il devait essayer de s'expliquer.

- Au fait... Pardonne moi ma lubie, mais ce jeu d'échec est un jeu magnifique typique russe, fortement détaillé... Et je joue avec ce genre de jeu depuis fort longtemps. Je suis en partie devenu célèbre grâce à cela. C'est une passion. Voilà pourquoi je désirerais finir notre partie, plus tard. Je me rappelle de l'emplacement des pièces.


Il avait enfin finit sa viande, en ayant mélangé avec un peu de ragoût. Au moins, il n'avait nullement tâché son costume.

- Devrait-on s'oser au dessert?

Il était habituellement friand de dessert, mais ici, peut-être n'était-ce pas une bonne idée... Mais il était au moins fier de son trait d'humour.

Pas si loin de la vérité. Comment ça ? Elle venait de plaisanter au sujet qu'il pourrait être un éventuel mafieux et ça n'avait pas l'air de le troubler.. Angoissant ! Elle continua de manger tout en l'écoutant, c'était bien mieux que de se concentrer à discerner un goût. Apparemment il se posait beaucoup de question, surtout au sujet des personnes qu'ils devaient rencontrer.

- J'aimerai surtout qu'elles nous fassent sortir d'ici.. J'ai pas envie de rester dans cette.. cette..

Elle jeta un coup d'oeil au corbeau qui continuer de picorer à distance avec ses potes, puis aux gens vêtus d'habits sales et son regard se perdit derrière l'horizon.

Tombe, murmura Jerry tout bas. Qu'il était triste cet endroit. Le temps, la bouffe, les habitants.. Rien ne donnait envie à la cleptomane et surtout pas d'y rester jusqu'à la fin de ses jours. Quant aux personnes, elles pourraient peut être l'aider à regagner le monde réel. Là où elle se sentait chez elle, sans flics au cul, sans zombie au cul, sans la mort au cul bref.. rejoindre un monde où elle aurait moins de problèmes. Mais était-elle certaine de n'avoir pas eût de problèmes ?

Pendant qu'elle écoutait le russe expliquer sa passion débordante pour les échecs, elle eût les paupières très lourdes. C'est vrai qu'il commençait à l'assommer avec son jeu. Mais en réalité, son esprit s'échappait petite à petit et regagna son corps à la surface. Jerry se trouvait allongée par terre. Le contact frais avec le sol la fit sortir de sa torpeur. Elle entrevoyait quelques lueurs de lampadaires sans discerner en détail son environnement. Tout était flou et quelque chose de chaud engluait ses mains. Mais c'est du.. ?

Avant qu'elle ne puisse achever sa phrase, elle se retrouva de nouveau à table avec le russe. Ce brusque changement la fit sursauter et elle regarda perturbée les alentours. C'était un songe probablement, ces types ne l'auraient quand même pas saigné non ? Elle regarda de nouveau ses mains en espérant qu'elles ne soient pas maculées de sang. Ce rêve venait de la déranger, enfin elle pensait que s'en était un.

- Personnellement, j'ai envie de me tirer sans payer l'addition.. souffla t-elle à voix basse.

Le dessert, à supposer qu'il ne soit pas périmé pouvait encore la faire changer d'avis. Compte tenu de la propreté de l'établissement, il y avait des chances..

- Et quels sont tes projets.. Je veux dire, après Freedoom ?

Dit comme cela, ça sonnait bizarre. On aurait dit qu'ils allaient bientôt se séparer. Pas bon du tout. Jerry ne voulait pas terminer le voyage toute seule mais accompagnée, et avec le plus de monde possible ! Mais non, il allait la suivre bien gentiment.

C'est alors que le serveur avec l'habit de service richement taché arriva avec les desserts... À supposer exquis. La vaste comédie continuait avec une sorte d'île flottante. Waa quelle originalité ! La crème anglaise avait bien sur un aspect louche avec de nombreux morceaux de trucs indéfinissables dedans, mais le must restait à la surface. Déjà au test de la cuillère, la matière réagissait autrement que d'habitude à savoir : l'île restait intacte presque comme si elle était constituée d'une matière caoutchouteuse. On pouvait faire un joli parallèle avec la matière des globes oculaires mais la qualité déplorable des plats ne s'arrêta pas là..

- Génial des poils de quéquette.. J'en redemande tous les jours !

Jerry jeta rageusement sa cuillère sur la table puis demanda à Nikodim :

- Vous voulez mon dessert ?

Finalement, je crois pas revenir au restaurant avant petit bout de temps..