Jerem's loft

Les yeux de Liam s’écarquillèrent de surprise alors que Jonh, au lieu de sortir de l’eau comme n’importe qui l’aurait fait, lui murmura une dernière supplique avant de l’embrasser de nouveau. Un froncement de sourcil remplaça bien vite l’expression étonnée qu’il affichait, pour disparaître à son tour en une poignée de secondes. Ce n’était pas son problème après tout si son élève était tellement retourné qu’il était prêt à tout, y compris à une première expérience avec un violeur multirécidiviste. Il avait un accord tacite avec le dépressif, un trou où nicher en échange d’une épaule réconfortante… tout le monde y trouvait son compte.

C’est avec un immense soulagement que le taulard céda à la tentation, laissant ses mains disproportionnées voguer sur les courbes du corps collé contre lui, ses lèvres courir sur la peau brûlante de son partenaire, et son membre s’unir à lui pour ne faire plus qu’un, encore et encore, encore et toujours…

Si Jonh tenait à le voir, lui se contentait de fermer les yeux. Avoir des rapports avec des gens proches de lui le mettait mal à l’aise, surtout quand les raisons les poussant à l’acte étaient aussi tordues. Dans un jour le dépressif regretterait son acte, et Liam serait bien heureux de ne pas avoir d’images le motivant à reproduire contre la volonté de son élève ce qu’ils étaient en train de faire. C’était bien plus facile d’avoir des rapports en étant amoureux, ou avec quelqu’un qu’on ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Encore plus facile quand l’acte résultait d’un rapport de force, de rage, de haine et de vengeance. La colère alimentait la perversion et supprimait les remords mieux que n’importe quelle pilule. C’était un peu sa drogue à lui.

S’efforçant à faire le vide dans son esprit, le trentenaire laissa son corps en pilote automatique pour se concentrer pleinement sur le plaisir qui déferlait en lui. Toute la tension que subissait son corps s’envolait, remplacée par une plénitude reposante… si les psys voulaient vraiment qu’il règle son problème d’hypersexualité, il faudrait sûrement qu’ils lui trouvent d’abord une méthode aussi efficace de faire le vide de sa tête et de ses couilles. Son calme retrouvé, il se retira en douceur et sortit de l’eau sans un mot après avoir brièvement nettoyé son « outil ». Il attrapa une serviette éponge qu’il enroula autour de sa taille, ramassa ses vêtements et se dirigea vers la porte comme si de rien n’était. Ce n’est qu’au moment d’actionner la poignée qu’il lâcha par-dessus son épaule :

- C’était sympa, mais ça m’a donné faim.

Il quitta la pièce sans se retourner pour filer vers le salon ou poireautait toujours Gabriel. Le corps d’Alexander était toujours étendu sur le sol, inerte, vue qui tira un léger sourire au détraqué. C’était finalement une belle soirée. Faisant fi de la pudeur il abandonna ses vêtements sur l’un des tabourets de bar, gardant sa tenue minimaliste le temps de sécher. Malgré son grignotage une heure plus tôt, il avait l’impression de ne pas avoir mangé depuis une bonne semaine, il s’enfourna donc sans gêne tout ce qui lui passait sous la main et ne s’arrêta que lorsqu’il entendit derrière lui les pas de Jonh en provenance de la salle de bain.

Tout ce qu’espérait Liam était qu’il ne lui demande pas de discuter de ce qui s’était passé. La réponse ne lui plairait pas de toutes manières. « T’étais désespéré, j’étais en chien et voilà tout » n’étaient pas des mots d’amour très convenable, et le tueur était prêt à parier que son élève était du genre romantique. Après une brève hésitation sur l’attitude à adopter, il se leva, récupéra une nouvelle fois ses affaires et monta cette fois-ci à l’étage sans se soucier de la vue qu’il offrait sur son intimité vu d’en bas.

- Je vais pioncer, le lit de Jeremiah avait l’air pas mal… à demain !

Une fois dans la chambre il chercha le verrou à tâtons mais grommela en se rendant compte qu’il n’y en avait pas. Tant pis, il faudrait faire avec les éventuelles incursions pendant son sommeil, mais si le dépressif venait chercher un câlin d’après l’amour il risquerait d’être grandement déçu.

Liam se glissa dans les draps de soie d’une fraicheur exquise, ferma les yeux et sombra bien vite dans les bras de Morphée. Et ce qui n’avait commencé que comme un rêve classique se précisa peu à peu, lieu connu, têtes déjà vues, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il était de retour à Dreamland qu’il le veuille ou non. A peine cette idée avait-elle éclaté dans son crâne comme une bulle de savon que la fraicheur des draps se changea en blizzard glacial des terres gelées, le ramenant à son point de sortie. Bon retour à DL…

Cela pouvait paraitre étrange qu'un homme comme Jonh se soit autant rapproché d'un type comme Liam. Le mauvais humain en puissance qui avait tout sur le dos : viol, meurtre. Mais voilà le taulard c'était trouvé au mauvais moment dans la vie de Jonh qui était complètement triste et morne. Dire qu'il aurait pu trouver une autre épaule aurait été tout à fait possible, d'ailleurs ça avait commencé avec Lys, une adolescente dépressive comme lui mais cette dernière avait disparu. Sa première rencontre, aussi aurait pu, Lou mais pareil, envolé. Peu importe que Liam soit un mauvais bougre il était là, tout simplement et influençable dans sa peine Jonh était venue méchant, suivant le violeur pour victimiser la pauvre Sélène.
Et aujourd'hui le voilà qu'il se retrouvait dans une baignoire avec Liam prêt à...C'était quand même un comble non ? Alors qu'au début le dépressif considérait Liam comme la pire espèce, il allait se lier avec cette dernière. Peut être que sa fréquentation avait vraiment changé son opinion sur le taulard, rapprocher de lui sans s'en rendre compte en traversant les péripéties de Dreamland à ses côtés ?

Liam ne voulait que du cul, le dépressif le savait parfaitement et il la seule chose qu'il souhaitait c'était de servir au moins à quelque chose maintenant. Passé par le sexe était en soit parfaitement ridicule il fallait l'avouer. Alors pour au moins n'être pas comme les autres victimes Jonh voulait voir Liam le prendre.
Ce fut étrange, nouveau...il ne savait pas quel mot mettre dessus, mais au vue du plaisir qu'il avait ressenti il avait aimé. Une fois libéré Liam sortit de la baignoire sans dire un mot et alors qu'il allait ouvrir la porte annonça son impression sur la chose. Jonh après quelques secondes afficha un rictus amer, tout seul dans son bain. Une phrase digne de Liam il n'y avait aucun doute.
Le dépressif soupira et sortit de l'eau avant de prendre une serviette pour se sécher. Regrettait d'avoir franchi le pas avec Liam ? Non, après tout il l'avait cherché tout seul...Il espérait juste que cela ne change rien à leur relation de "neutralité".
Jonh, une fois sec, fouilla un peu partout pour voir si il n'y avait pas un peignoir qui trainait et en trouva un dans une des armoires. leur hôte ne lui en voudra pas de lui emprunter...
Une fois vêtu de son nouveau vêtement Jonh sortit de la salle de bain pour rejoindre les autres et à peine fut il arrivé que Liam annonça qu'il allait pioncer. Soit le dépressif était parano soit le taulard l'évitait...?
Il resta scotché sur place sur le coup et entreprit d'aller manger quelque chose avant d'aller faire de même, car demain s’annonçait une longue journée. Il faillait trébucher sur le corps d'Alexander qu'il n'avait pas vu et grimaça devant l'état de son crâne, signe que Liam était passé par ici. Vraiment...Comment avait il pu coucher avec un type pareil ?

Une fois le trou dans son estomac remplit Jonh monta les escaliers et ouvrit une porte tombant sur Liam déjà endormi dans le lit. Génial. Pour la énième fois le dépressif soupira et se dit que après avoir partagé un bain ils pouvaient bien dormir sur le même matelas. Il remarqua que la serviette de Liam trainait par terre, signe que celui ci devait être tout nu. Encore mieux. Pas question de le rejoindre là dessus. Jonh partit donc fouiller à nouveau et trouva un caleçon et un jogging qu'il enfila après avoir enlevé son peignoir. A l'aise il alla s'allonger sur le drap, aussi loin que possible de Liam et ferma les yeux. Alors que Morphée l'avait attrapé dans ses bras et que la chaleur de l'habitat l'avait enveloppé le tout changea pour faire place à le fraicheur de la neige, des visage connus se mettant en place dans sa tête. A peine eut il eu le temps de se dire qu'il devait faire un mauvais rêve que la réalité s'imposa : Le sommeil l'avait guidé vers Dreamland.

>> Direction Dreamland