Cette cité trompeuse aux maisons délabrées n'est en fait rien d'autre qu'une prison d'où l'on ne revient pas, encadrée par une mer aux eaux déchaînées. Il y règne une atmosphère glauque et pesante due autant à l'architecture des bâtiments, sortie tout droit d'un film d'horreur ou d'un jeu vidéo terrifiant, qu'à la grise mine de ses habitants. Une sorte de brume épaisse semble toujours y flotter, pénétrant jusqu'à la moelle de vos os pour vous tirer frissons et claquements de dents jusque dans vos lits. On y trouve néanmoins un confort sommaire, quelques échoppes poussiéreuses, une poignée de bars pour oublier où l'on se trouve et bien sûr de jolies tombes pour passer une mort agréable.
Le cimetière de Freedoom est d'ailleurs le plus grand de Dreamland et encercle la tour de la paresse comme un anneau morbide. Rien d'étonnant quand on sait que 18h passée, l'heure du couvre feu signalé par une sirène stridente provenant de la tour, les zombis déferlent en vagues pour faire de vous leur quatre heures. Seuls les fous ou les suicidaires pointent leur nez dehors à la nuit tombée, les autres se contentant de prier sous la table du salon pour que les macchabées gémissant arrêtent de gratter à leur porte barricadée. L'assaut nocturne laisse chaque matin de nombreux dégâts que les habitants réparent du mieux qu'ils peuvent avec les matériaux du bord, souvent en piquant une partie du mur de la maison d'un voisin trépassé.
De nouveaux "habitants" sont envoyés par bateau une fois par mois, empêchant l'extinction totale des vivants sur l'île. Le débarquement est effectué sous contrôle strict de sbires de la tour de la paresse pour empêcher toute tentative de fuite et les nouveaux arrivants se voient attribués une maison vide par tirage au sort.
Malgré ce climat instable de mort permanente, la cité conserve un ordre et une hiérarchie précise. On utilise les rubz comme partout ailleurs dans Dreamland, on y gagne son pain par un travail honnête et les hors-la-loi finissent bien vite par pendre au bout d'une corde sur la place de la ville avant l'heure du déjeuner. Les survivants les plus anciens sont aussi les plus respectés et peuvent même à l'occasion récupérer une maison plus cossue mais surtout plus solide. Et s'ils vivent assez longtemps pour se reproduire, leur progéniture sera comme eux condamnée à vivre sur cette île-prison.
C'est ainsi, la vie est souvent injuste à Freedoom et les seuls qui y trouvent leur compte sont sûrement les gardiens ainsi que Mr Jack, le croquemort.