[concours] Eve / Dakota / Jonh

Message 1/3

Une oie blanche. C’est la conclusion à laquelle la détenue était arrivée à force de s’être observée du mieux qu’elle pouvait sous sa forme animale. Si la citation de l’écriteau était vraie « la forêt incarnation est le miroir de votre âme », Eve ne savait pas ce qu’elle avait d’un oiseau migrateur, à part peut-être sa tendance à voyager très souvent avant d’avoir été enfermée dans une cage. Néanmoins, le problème n’était pas là, mais au fait qu’elle et ses acolytes n’avaient que 3 heures pour retrouver des œufs explosifs disséminés dans un site aussi vaste. Elle aurait pu croire à une plaisanterie, mais les arbres qui avaient confirmé la mission étaient formels. Des arbres !

Un chat et un inséparable, voilà son équipe de choc, et elle serait visiblement forcée de faire avec. Impossible de savoir qui se cachait en réalité derrière ces enveloppes temporaires, et de longues observations n’aidèrent pas plus à la prise de contact. Elle déploya maladroitement ses ailes, les agita avec lenteur dans l’espoir de comprendre comment elles pouvaient bien s’en servir. Dans ces conditions, elle ne pouvait même pas se griller une cigarette afin que la brûlure de ses poumons lui fasse oublier son trouble.

Eve savait que la bienséance aurait voulu qu’elle se présente, qu’elle s’intéresse à en savoir un minimum sur ses comparses afin de mener un travail d’équipe s’il n’était efficace, au moins dans un minimum de cordialité ; mais c’était plus fort qu’elle : à défaut de pouvoir fumer, il fallait au moins qu’elle avance.

- Bon, bah on y va, commença-t-elle. J’ai pas l’intention de garder cette forme toute ma vie.

Retardant l’échéance où il lui serait demandé de voler – car elle redoutait que ce moment n’arrive – la détenue progressait à pied, son arrière train se dandinant de façon involontairement parodique. Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas vu de forêt ; habitant en ville, ayant passé pratiquement le tiers de sa vie en taule, elle avait surtout connu le béton et le goudron. Les fois où elle s’était retrouvée dans un environnement pareil devaient se compter sur les doigts de la main, constat inutile qui créait au creux de son ventre un vide étrange ; la sensation de ne pas avoir connu grand-chose en réalité.

La forêt incarnation les enveloppait de toute sa taille, les écrasait de tout son poids. Comment retrouver les bombes là-dedans ? Ils auraient sans doute plus vite fait de chercher une aiguille dans une meule de foin. Inutile de se demander comment un pigeon censé être un mâle avait pondu des œufs, mais plutôt comment allaient-ils bien pouvoir les reconnaitre ? Les druides n’avaient pas précisés à quoi ressemblaient les armes de ce terroriste. La russo-américaine leva la tête. La lumière du jour filtrait au travers le feuillage épais :

- J’espère au moins qu’ils sont reconnaissables ces œufs piégés. Certains doivent être cachés en hauteur…

Les arbres parurent s’étirer, comme pour la narguer en la défiant de s’envoler. Redoutant elle-même ce qu’elle allait dire, l’oie proposa :

- On a pas tellement d’autre choix que de faire un quadrillage aérien et un quadrillage au sol.

Au moins, leur équipe n’était pas démunie d’avantages. Le chat – ou la chatte – pourrait assez rapidement patrouiller au sol tandis que son ami volant devraient pouvoir assurer la recherche vu ciel. Eve n’était pas certaine de pouvoir évoluer dans les airs, une oie, c’était relativement gros, et elle craignait de ne pas être assez habile pour slalomer entre les branches sans s’en prendre une dans la figure. Elle aurait très bien pu survoler la cime, mais elle doutait d’être assez efficace de cette façon.

MESSAGE 1/3

Les pupilles de Dakota s’agrandirent pour capter la lumière tamisée qui perçait la cime des arbres alors que ses oreilles pivotaient en tous sens à la recherche de la source du bruit qu’elle venait d’entendre. On aurait dit un bruit d’ailes, à une dizaine de mètres plus avant. Elle pouvait même sentir les vibrations provoquées par cette masse en mouvement et qui se dispersaient dans la terre meuble. Ses coussinets, ses vibrisses, son ouïe, son odorat… tout la transformait en une sorte de radar et c’était suffisant pour déboussoler la phobophobe.

Néanmoins le trajet jusqu’à la forêt sous cette forme lui avait permis de prendre ses marques, et il fallait avouer que l’équilibre de cette forme féline avait grandement aidé à son apprentissage de la mobilité. Elle présageait d’ailleurs un grand avantage pour la réussite de sa mission : tous ces facteurs ne pouvaient qu’être appréciables pour la recherche et la récupération de ces « œufs explosifs », quant à leur destruction… ils verraient en temps voulu.

Forte de ses convictions, elle rejoignit en quelques bons les êtres qu’elle avait détecté et qui se révélèrent être une oie et un inséparable. Le fait que le plus gros des volatils lui adresse la parole en langue humaine signifiait qu’il, ou plutôt elle étant donné la voix, était tout comme elle envoyé pour empêcher l’incendie. Et si elle leur parlait au pluriel, les chances que l’autre soit aussi humain était grandes. Deux collègues à plumes s’offraient à elle, et la surdouée ne perdit pas de temps pour disséquer leur être et en apprendre plus sur eux. Leurs formes animales étaient le reflet de leur âme ? Et bien…

La première était une oie. Qu’étaient les oies ? Des volailles à l’esprit étroit, et agressives de surcroit. Prêtes à la violence pour protéger leur territoire et leurs congénères… elle-même tout simplement en fait.. Le ton et les paroles qu’elle employait appuyaient ces hypothèses en la présentant comme une personne autoritaire, sèche et vindicative. Pressée et inquiète de sa condition physique. Quelqu’un de peu fiable en somme.

Le second, en partant de l’idée qu’il était bien un être humain, était un inséparable. Un petit perroquet qui était connu comme étant très lié à son partenaire. Avoir un de ces oiseaux seul était étrange car on disait qu’il se laissait mourir en cas de décès de leur partenaire, et ne se séparant jamais on pouvait supposer à juste titre que son nouveau compagnon était dans ce cas. Quelqu’un de dépressif donc, au bord du gouffre et seul. Tout aussi peu fiable que le sujet numéro un.

Le regard bleu glacé du chat se planta dans ceux d’Eve non sans un mépris évident. Un quadrillage aérien et un au sol ? Et elle se plaçait ou là-dedans ? Elle avait l’air de répugner à l’idée de voler c’était évident, et si Dakota comptait bien retrouver ces œufs elle se refusait de se faire diriger à la baguette par un général bien au chaud en retrait.

- Moi j’ai une idée. Je cherche de mon côté et vous ne vous mettez pas dans mes pattes. Faites ce que vous voulez, volez, fouillez dans les herbes mais loin de moi. Je ne veux pas d’ordres ou de plan de bataille bidon. La forêt est trop grande pour nous trois et il serait idéaliste de penser faire un quadrillage complet seuls. Sans coordination avec les autres personnes envoyées c’est peine perdue.

Elle marqua une légère pause pendant laquelle elle se lécha la patte avec détachement. Son pelage blond était parsemé de mèches rosées et des feuilles s’y étaient accrochées à sa fourrure en bataille en bataille, la toilette semblait s’imposer à son esprit animal comme une évidence. Les poils qu’elle avalait au passage lui grattaient la gorge mais ça ne l’empêcha pas de reprendre avec ce même ton glacial.

- Appelez-moi si vous trouvez quelque chose, sinon fichez moi la paix. Je n’ai pas besoin de trainer des boulets. Vous me ralentiriez.

Sur ces douces paroles elle bondit dans les fourrés, tous ses sens en éveil. Plus qu’une odeur particulière d’œufs explosifs qu’elle ne pouvait pas connaître, elle cherchait des sons d’oiseaux en vol, un pigeons survolant la forêt d’un air moqueur… mais elle ne perçu qu’un tic tac. Un tic tac ?

Le petit bruit était discret mais néanmoins audible, presque hypnotisant lorsqu’on commençait à comprendre de quoi il s’agissait. Aussitôt ses oreilles s’agitèrent, jusqu’à s’immobiliser dans la direction de la source de se bruit inquiétant. Ou plutôt de ces trois bruits. Notre ami le pigeon avait eu la bonne idée de planquer trois de ses bombes à la base d’un chêne centenaire qui surplombait ses congénères tel un impressionnant géant.

- Là !, s'exclama-t-elle pour elle-même.

MESSAGE 1/3

Même si Jonh n'avait pas pu voir vraiment quelle était son apparence, ses pattes n'était pas trompeuses, il était devenu un oiseau. Pourquoi un oiseau ? Aucune idée pour le moment et à vrai dire ce n'était pas le but dans cette forêt mais plutôt celui de trouver des œufs placés dans cet endroit qui exploseraient bientôt. L'inséparable avait comme équipe une oie et un chat, ou plutôt une chatte vu la voix féminine qui en sortit. Cette dernière lui disait quelque chose mais impossible pour le dépressif de s'en rappeler.

L'oie mit rapidement un plan et par conséquent le quadrillage en l'air lui était destiné et le sol pour les deux autres. Jonh ignorait comment on faisait pour faire fonctionner des ailes...La chatte décida de partir de son côté leur donnant l'ordre de ne pas venir l'embêter. Ok...chacun pour sa poire quoi. Le dépressif regarda la féline partir puis reporta ses yeux sur l'oie qui lui semblait immense tout comme son environnement.

- Bon bah...bonne chance hein

Il n'avait trouvé rien d’autre à dire et partie de son côté en faisant des petits sauts pour marché tout en battant des ailes pour s'envoler. Ah ça commençait à venir petit à petit jusqu'à ce que Jonh arrive enfin à décoller. Les virages ce n'était pas encore ça et il faillit se prendre un arbre en plein bec. Pourquoi est ce qu’il faisait ça au juste ? C'est vrai c'était pas son problème si cette forêt cramait. Lui il avait juste besoin d'un endroit pour mourir tranquillement afin de rejoindre enfin sa partenaire. Et puis de toute façon comment pouvait il trouver des oeufs dans cette apparence ridicule ? Il avait pas une ouïe ni une vue super développé.
Finalement Jonh décida de faire une pause et doucement se posa sur une branche près d'un nid. Là au moins il était tranquille même si à côté il y avait une horloge.

- Une horloge ?

Piailla t-il avant de se rapprocher penchant la tête sur le côté tel un oiseau. Ca c'était vraiment pas de bol...Et qu'est ce qu'il était censé faire avec ça ? Il devait retrouver une des deux autres pour s'en débarrasser. Jonh sautilla sur l'oeuf et agrippa ses pattes comme si c'était des mains les fils puis battit des ailes afin de rejoindre les airs. L'inséparable sillonna pendant un certains temps surveillant le sol lorsque qu'une forme blanche se décomposa parmi les herbes.
Le dépressif piqua vers le sol et laissa malencontreusement tombé l’œuf qui rebondit sur le crâne de son cousin plumé.

- Oups...

Message 2/3

La réplique de Dakota la sidéra. En parlant de quadrillage, il était bien évident qu’elle ne parlait pas d’une couverture optimum de toute la forêt, mais d’un ratissage organisé du périmètre proche. C’était tellement évident compte tenu des circonstances qu’elle aurait pensé que son abus de langage serait compris par tous, mais il semblerait que l’une de ses coéquipières avait envie de faire de l’esprit. Un compagnon aussi imbu de sa personne était trop peu fiable pour convenir à la détenue, elle toisa la phobophobe qui s’éloigna en bondissant puis secoua la tête en maugréant quelque chose d’inintelligible.

Jonh lui souhaita bonne chance avant d’entamer une série de sautillements destinés à lui permettre de s’envoler. Ce n’était pas très adroit, mais au moins, il avait essayé. Seule, Eve tournait la tête de droite à gauche pour voir si elle décelait quelque chose. Au moins, sa forme d’oie lui permettait d’avoir une vue plus efficace que celle des humains.

Rien dans son périmètre visible ; la russo-américaine fit quelques pas, puis se résolu à tenter de s’envoler pour aller plus vite. Elle déploya ses grandes ailes blanches qu’elle sentait à la fois puissantes et légères, puis osa un battement destiné à la faire quitter le plancher des vaches. Surprise de son succès, la taularde perdit totalement le contrôle de sa direction et se cogna contre un arbre avant de tomber dans un buisson touffu.

- Saleté de forêt, pesta-t-elle en se remettant sur ses pattes.

Au moins, elle avait à peu près compris. Timidement, l’oie réitéra l’opération et cette fois, parcourut plusieurs mettre au dessus des petits massifs, scrutant du même coup les zones qu’elle survolait. Rien. Du moins, rien qui attira son attention, même si le fait de voir un serpent aboyer et de croiser un rouge-gorge meugler comme une vache avait quelque chose de particulièrement intriguant.

Eve s’était posée sur le sol depuis quelques minutes lorsqu’un objet lui rebondit sur le crâne. « aïe ! » Elle vit rouler l’œuf rouge dans l’herbe verte, perçut son cliquetis inquiétant, et réalisa alors qu’elle venait tout bonnement de recevoir l’une des bombes sur le coin du crâne. En se retournant, elle aperçut l’inséparable, celui avec lequel elle était censée faire équipe. Avait-il voulu la tuer ? Il espérait la faire exploser n’est-ce pas ? Se débarrasser d’elle pour une quelconque raison ?! Par un réflexe animal, aussi fulgurent que la folie qui éclata dans son cœur pour se distiller dans ses veines, le bec de la détenue fusa pour pincer douloureusement le dépressif au niveau de l’aile gauche.

Elle y avait été si fort qu’en plus d’avoir arraché trois plumes à son partenaire, elle l’avait méchamment désarçonné. Insatisfaite, l’oie en colère s’aida de ses ailes pour se projeter vers l’inséparable et lui flanquer un second coup de bec qui le jeta pratiquement au sol. Elle lui atterrit alors dessus de tout son poids, l’emprisonnant sous l’une de ses pattes. Dans son encéphale à la raison fragile, oubliée la quête des œufs, il ne subsistait plus que les hurlements de ce monstre tapis dans ses entrailles qui réclamait que l’affront soit réparé : car si Jonh l’avait tué, personne ne l’aurait condamné, sans aucun doute. En y repensant, c’était vrai que son souhait de « bonne chance » était louche : cela avait été les paroles d’un criminel qui narguait la future victime de son forfait, c’était tellement évident que la taularde se haïssait de ne pas l’avoir découvert avant.

- Raté si tu pensais réussir à me faire sauter… donne moi une seule bonne raison de ne pas t’écraser maintenant…

La russo-américaine accentua un peu la pression pour bien signifier qu’elle n’hésiterait pas à le faire. En y réfléchissant, elle n’était pas certaine que ses membres d’oie soient suffisamment forts pour lui permettre de briser le corps d’un inséparable, mais la folie glacée qui dansait dans ses yeux d’animal était elle, impossible à ignorer.

(MESSAGE 2/3)

C’est à force de coups de pattes que Dakota réussi à extirper les trois œufs explosifs de leur trou. Des petits fils en sortaient comme pour les bombes à retardement qu’on voyait au cinéma et un petit écran digital indiquait même le temps restant. 2h03…

Il aurait été parfaitement utopique – et fêlé- de penser pouvoir les désamorcer sans aucune autre expérience que celle des séries télés dont on les abreuvait généreusement. La chatte se contenta donc de les faire rouler jusqu’à ses collègues en espérant que l’oie pourrait enfin se rendre utile en se débarrassant de la menace par voie des airs mais… c’était sans compter sur l’agressivité de cette dernière. Lorsque Dak’ déboucha sur la clairière où les deux volatils se situaient, ce fut pour les trouver en pleine prise de bec. Un regard de profond mépris engloba la scène pathétique qui se déroulait devant eux avant que la voix de la surdouée s’élève enfin, glaciale et cassante.

- Ca suffit. Arrêtez vos gamineries.

Elle avait plus ou moins compris aux bribes de conversation qui lui parvenaient que l’oie accusait l’inséparable de tentative de meurtre. Ridicule, parfaitement ridicule.

- Et si un piaf te chie dessus tu vas dire que c’est parce qu’on l’a soudoyé ?

Un ploc résonna alors dans les sous-bois alors qu’une fiente grisâtre s’étalait sur l’une des ailes de l’animal de basse-cour. Ce manque de chance dépita un peu plus la phobophobe qui ajouta précipitamment avant d’avoir peur d’avoir peur de se faire attaquer à son tour :

- Ce n’est pas ce que tu crois, elle marqua une pause puis reprit, Oh et puis merde. Réglez ça entre vous, j’ai jamais voulu d’une carrière de médiateur.

Elle repoussa les œufs vers le duo sans chercher à masquer son agacement avant de tourner de nouveau des talons pour s’enfoncer dans les broussailles. Elle marcha tout droit un bon moment, l’oreille dressée sans déceler le moindre bruit suspect. Ses pas finirent néanmoins par la mener près d’un terrier noir comme un four au fond duquel il lui sembla percevoir ce son répétitif et hypnotisant. Tic-tac-tic-tac-tic-tac…

S’enfoncer là-dedans n’était pas pour lui faire plaisir mais Dakota prit sur elle et se lança. Le conduit était étroit, à peine assez large pour laisser passer son corps menu. Les pierres et les racines qui saillaient écorchaient sa peau lors de mouvements trop brusque sans manquer de la faire miauler d’indignation. L’obscurité ambiante ne permettait pas de voir bien loin, source d’une foule de nouvelles angoisses. Heureusement elle finit par déboucher sur un espace plus large au fond duquel sommeillait un lapin. Tout contre son ventre duveteux reposait un œuf.

La chatte s’approcha à pattes de velours et ne s’arrêta que lorsqu’elle surplomba l’animal et son trésor. Alors qu’elle avançait la patte pour s’en saisir le rongeur ouvrit un œil courroucé avant de rugir si fort que Dakota manqua d’en tomber sur l’arrière train. Pas le temps de se reprendre que le lapin lui sautait déjà à la gorge dans l’idée de la lui arracher bel et bien. L’adolescente tellement rationnel mit un certain temps pour comprendre que cet animal était un lion à contrario de ce que son apparence laissait entendre, et que s’il n’avait plus les moyens de le mettre en pièce ses instincts restaient intacts. Première chose à faire ? Se protéger les yeux avec l’une de ses pattes avant. La seconde ? Sortir les griffes bien sûr !

Pour pouvoir accomplir le plan qui se mettait en place dans sa caboche Dakota prit soin de s’asseoir, libérant ainsi sa seconde patte avant qui vint lacérer sans pitié le museau du lapin. Celui-ci revint à la charge alors que la surdouée tapait une nouvelle fois à l’aveugle de peur d’avoir peur de le devenir vraiment. La lutte fut longue, pitoyable aussi mais heureusement personne ne fut témoin de ce combat ô combien honteux.

Lorsque Dak’ reparu elle portait de nombreuses marques de morsures mais l’œuf se trouvait devant elle, symbole de sa victoire – même minable-. Mais pas le temps à son orgueil de souffrir : il lui fallait ramener sa trouvaille sans pouvoir la porter ce qui allait s’avérer long et fastidieux.

- Si seulement j’avais encore mes mains… soupira-t-elle en se mettant en marche, poussant la bombe devant elle comme un chat jouant avec une pelote de laine.

( Message 2/3)

L'oie était vraiment folle ! Comment pouvait elle penser que Jonh la ferait sauter, alors que au contraire il préférerait se faire sauter lui même...? A défaut de toute façon Eve décida de lui rendre sa monnaie de sa pièce en s'en prenant au pauvre oiseau. Chouette il allait mourir...! Si elle savait à quel point elle lui rendait service à en voulant l'écraser avec sa grosse patte, même si ça faisait mal il fallait l'avouer. Quelle bonne raison pour ne pas le tuer ? Le dépressif n'en voyait aucune à vrai dire mais il voulait quand même lui faire savoir qu'il n'avait jamais voulu attenter à sa vie.
C'est alors que leur troisième collègue refit leur apparition mais pas toute seule, accompagné d'oeufs et Jonh se retint de rire sous la remarque plus que pertinente de Dakota, suivi en plus d'une merde de pigeon sur son aile. Elle repartit ensuite comme elle était venue les laissant à leur petite guerre.

- Tu crois que j'ai que ça à faire de te faire sauter...? Je te connais même pas et surtout tu pense pas que je serai parti aussi sec...

Siffla t-il de son bec, la patte lui écrasant quelque peu son corps et sa voix avait quelque peu du mal à sortir. Maintenant si l'oie voulait bien s'enlever de sur lui pour qu'ils puissent continuer à chercher ce pour quoi ils étaient là cela serait sympathique de sa part. La menace de Eve lui passa au dessus de la tête et enfin la grosse oie bougea enfin ses fesses et l’inséparable se remit tant bien que mal sur ses pattes laissant échapper un gazouillis de douleur. La menace de Eve lui passa au dessus de la tête alors qu'il battait ses ailes et constata que l'un d'elle était cassé. Génial...
Jonh lui lança un regard noir ( un regard noir d'oiseau ca fait peur XD) plein de reproche.

- Merci beaucoup vraiment

Il soupira et regarda les oeufs amassés à côté d'eux en cherchant comment les désamorcer. Des fils dépassaient et le temps était affiché dessus comme si il s'agissait tout simplement d'un design de bombe.

- T'a une idée de comment les désactiver ou de s'en débarrasser ?

Message 3/3

Alors qu’elle tenait son assassin présumé sous ses pattes d’oies, le chat refit surface avec trois œufs. « Arrêter leurs gamineries » ? Certes, parce que régler son compte à un individu qui avait cherché à la tuer, ça n’était un enfantillage ? Peut-être que la jeune femme devrait s’occuper d’elle une fois qu’elle sera sortit de cette forêt aux effets infernaux, et on verra bien si ses mains autour de son cou d’humaine ne sont que des « enfantillages ». Néanmoins, le fil de pensées meurtrières d’Eve se perdit lorsqu’une fiente choisit pile la bonne réplique pour s’écraser sur l’une de ses ailes. Secouer ses plumes ne servit à rien, elle était souillée jusqu’à ce qu’elle s’octroie un brin de toilette, et elle avait malheureusement plus urgent.

Dakota était repartie en leur laissant ses trouvailles explosives. Ils en avaient quatre, qu’allaient-ils bien pouvoir en faire ? Les sifflements de l’inséparable écrasé lui rappelèrent à sa punition. Après l’avoir jaugé de ses yeux glacials, elle le libéra en ajoutant froidement :

- Si tu essayes encore de me tuer, je t’aplatis avant que tu comprennes comment.

En tout réponse, Jonh lui adressa un regard de colère qui ne la fit pas frissonner le moins du monde. D’ailleurs, elle leva la tête et aperçut le nuage gris du dépressif qu’elle avait déjà vu à Elipse. Combien de chance y avait-il que plusieurs personnes se baladent avec un cumulus au dessus du crâne ? D’ailleurs, en y repensant, sa voix lui disait quelque chose, et ça n’était pas forcément de bon augure. Ce type terne comme une peinture usée par le temps était l’acolyte fidèle de Liam, ça ne l’étonnerait pas que ce dernier ait envoyé son disciple tenter de se débarrasser d’elle en prétextant venir enrayer l’acte de Chéddar.

La russo-américaine regrettait presque de l’avoir épargné, mais la folie faisait déjà marche-arrière, le monstre incontrôlable rentrait ses crocs, et ses réflexions pouvaient désormais s’effectuer normalement. Comment empêcher les bombes d’exploser dans la forêt ? Et bien… il leur suffisait peut-être de les en sortir. La détenue avait envie d’une clope soit-dit en passant, mais mis à part le fait que son apparence rendrait la tâche difficile, son briquet et son paquet étaient restés dans ses vêtements.

- J’peux les sortir d’ici, répondit-elle finalement. Si ça saute dehors, il y aura moins de dégâts…

Sans l’ombre d’un remord pour son collègue à l’aile cassé, Eve attrapa un œuf dans chacun de ses pattes palmées et s’envola d’un puissant battement. Elle avait compris le truc désormais, et il fallait avouer qu’une fois l’habitude prise, c’était particulièrement grisant. C’était la liberté, hors de toute contrainte, baignée par le bleu du ciel, caressée par le vent, remise à elle-même. A son altitude de vol au dessus des cimes, elle pouvait englober le paysage de plaine dans toute sa splendeur. En comparaison à la prison, c’était tellement plus grand, plus beau, plus pur, … d’une certaine façon, Dreamland était infiniment plus magnifique que tout ce qu’elle avait connu aux États-Unis. De sa maison d’enfance à San Francisco à son errance solitaire hors Californie, rien n’avait été semblable. Ce n’était pourtant que des plaines et des arbres.

La jeune femme se souvenait environ de la distance qu’elle pouvait parcourir, au-delà de la lisière de la forêt incarnation, pour que sa transformation soit toujours effective. C’était largement suffisant pour larguer les œufs rouges hors du périmètre dangereux et faire demi-tour pour réaliser un autre voyage. Une fois revenue à leur point de départ, sans plus aucune bombe à évacuer, la taularde se permit de demander de son habituel intonation inexpressive :

- Alors Jonh… tu te promènes seul sans ton chaperon maintenant ? Qu’est-ce qui se passe, une petite brouille conjugale ?

(MESSAGE 3/3)

Alors qu’elle revenait avec son œuf, Dakota entendit une explosion au loin. Plusieurs minutes plus tard une autre s’ensuivit, puis une autre encore… elle espérait que ce n’était pas à cause d’un compte à rebours truqué sinon quoi elle sauterait elle aussi bientôt comme un feu d’artifice. Cette pensée fit déferler en elle la peur d’avoir peur d’exploser à cause d’une défaillance mais heureusement elle déboucha bientôt sur l’endroit où ses collègues l’attendait et puis ainsi constater en voyant Eve atterrir qu’il ne s’agissait que du volatil qui évacuait les bombes. Et qui se montrait désagréable et menaçant pour ne pas changer.

A vrai dire Dakota ne comprenait pas cette histoire de chaperon mais ça ne l’empêcha pas d’ouvrir la bouche pour signifier son retour et ce qu’elle pensait de cette attitude. On aurait dit un taulard cherchant à en impressionner un autre, vraiment ridicule. Leur situation d’urgence ne permettait pas de perdre leur temps précieux avec de pareilles billevesées.

- C’est pas bientôt fini ? Ça t’apporterait quoi de le savoir ? Va plutôt bazarder cette bombe dehors tu as l’air bien lancée.

Les yeux méprisants du chat s’étrécirent avant qu’elle ne les détourne avec mépris pour s’asseoir et lécher ses blessures. Entre chaque coup de langue elle tendait l’oreille pour tenter de repérer un nouveau bruit de bombe mais il n’y en avait aucun mis à part celui que l’oie emportait par les airs de mauvaise grâce et non sans une ou deux remarques acerbes qui lui signifiaient entre autres qu’elle aurait aussi bien pu le faire elle-même.

Dakota profita alors de la tranquillité retrouvée pour inviter Jonh à monter sur son dos lorsqu’elle se rendit compte que l’une de ses ailes était brisée. Ce n’était pas un geste de bonté pure, juste le fait qu’il était tout de même gênant de perdre un allié potentiel par un individualisme trop poussé. Une fois l’inséparable perché sur son dos elle se mit en marche vers la sortie bien déterminée à retrouver son aspect originel quand…

- Ahahahahahaha ! Encore une pour la route !

Un pigeon venait de passer en trombe au-dessus de leurs tête pour lâcher un nouvel œuf que la surdouée féline n’évita que de justesse. Il se percha alors sur une branche avant de rire une nouvelle fois tout son saoul mais c’était sans compter sur Dakota qui vit rouge. Cet idiot de terroriste méritait une bonne leçon !

Elle attrapa l’œuf par les fils grâce à ses dents et fit mine de s’éloigner mais s’arrêta non loin. Elle fixa alors son reflet dans un petit ruisseau qui passait non loin, posa la bombe entre ses pattes et psalmodia à mi-voix :

- Bloody Mary, bloody Mary, bloody Mary… Fais sa fête à cet imbécile emplumé s’il-te-plait !

La revenante s’extirpa alors de l’eau, les cheveux dégoulinants de sang sur sa robe d’une blancheur éclatante. Elle fonça aussitôt vers le terroriste qui s’enfuit à tire d’aile avec l’invocation sur les talons. Si Dakota avait été humaine elle aurait probablement sourit mesquinement, mais elle se contenta pour le coup de se lisser les moustaches avec un air satisfait. Tel est pris qui croyait prendre n’est-ce pas ? Il allait lui falloir une extraordinaire endurance pour semer Mary, et s’il pouvait avoir assez la frousse pour retenir la leçon ce serait tout aussi bien.

La chatte récupéra l’œuf, vérifia que Jonh ne l’avait pas quitté et se dirigea vers la sortie sans se presser. Elle avait juste le temps de balancer ce truc et de s’éloigner. C’est d’ailleurs ce qu’elle fit avant de déposer Jonh et de s’enfuir pour récupérer ses vêtements à l’endroit où elle les avait abandonné. Il n’y avait plus qu’à espérer que leurs efforts conjoins avaient suffi mais elle se passerait bien à l’avenir de ce genre de fait d’arme. C’était bien trop peu récompensé pour risquer sa peau avec ce genre de bêtises...

( Message 3/3 )

Comme à son habitude Eve s'occupa de son nombril et s'envola avec les oeufs laissant le pauvre petit Jonh tout seul au milieu de la forêt avec son aile cassée. Il savait depuis le début que cette femme n'était pas digne de confiance. Le dépressif posa ses fesses d'oiseau sur l'herbe en attendant que l'oie revienne ou bien la chatte. de toute façon avec son état qu'est ce qu'il pouvait bien faire ? Une seule aile ne lui permettait pas de voler et à vrai dire...marcher lui était aussi compliqué que si on lui avait arraché une patte.

Sa collègue plumée finit enfin par revenir mais au lieu de repartir directement elle ne peut s'empêcher de lancer une pique à Jonh. Inutile de chercher midi à quatorze heures elle parlait de Liam. Elle avait envie de baiser ? Et puis le dépressif pouvait très bien se déplacer sans lui quand même. Jonh allait lui dire d'aller se faire foutre mais la voix de Dakota s'éleva avant.

- Exactement...va voir ailleurs si j'y suis

Non mais c'était quoi son problème à cette femme ? L'oiseau laissa l'oie de côté et accepta la proposition de Dakota de monter sur son dos. Ca ne devait pas être par gentillesse mais bon...il se voyait mal retrouver la sortie en étant blessé. Sa coéquipière se mit en marche et un pigeon se mit alors à parler au dessus d'eux. En plus de jeter une bombe ! Génial des oiseaux lâcheurs d'explosifs. L'inséparable faillit tomber du dos du félin et s'accrocha à ses poils à l'aide de son bec. La suite et bien...il ignorait si la douleur l'avait fait délirer mais Dakota fit apparaître une femme fantôme en sang qui alla s'occuper de leur agresseur. Peut être était ce son pouvoir ? En tout les cas cela ne perturba nullement l'adolescente qui continua tranquillement son chemin.
Arrivé à la sortie, elle laissa Jonh et partit en courant. Le dépressif avait toujours mal même sous forme humaine et peina à se rhabiller en rejoignant l'endroit où il avait laissé ses vêtements. Il espérait que Eve s’était fait bombarder haha.