[job] Attention aux pépins

Hésyprius était une ville sortie tout droit de la Rome antique encerclée par une ceinture de collines. Loin d’être aussi vaste et majestueuse que sa grande sœur Sextus, on la surnommait souvent ville de l’art, car ici, les œuvres de mains d’hommes étaient adorées comme nulle autre chose. Ainsi, malgré l’époque apparente, il n’était pas rare de trouver dans les maisons des plus riches, ou entre les mains des marchands, des productions de toutes sortes de siècles et d’horizons. Les routes principales, dallées avec soin, rejoignaient toutes une place centrale organisée à la façon d’un musée en plein air, où chacun pouvait venir faire admirer ses nouvelles acquisitions ou mêmes ses propres pièces.

A Hésyprius, le rang social se notait donc à la valeur des possessions d’arts que chacun avait. Certains courants et certaines matières étaient plus ou moins en vogue selon les périodes, et il fallait se tenir régulièrement informé des penchants des villageois pour ne pas perdre en cote d’originalité. Sur ce principe, Augustus Marcus était devenu une star incontournable de la cité. Sa collection était peut-être la plus vaste de tout Dreamland, ses goûts étaient une référence pour tous, et ses opinions des jugements sans appel. Il se vantait de pouvoir s’approprier la moindre œuvre d’art ou le moindre objet rare dont il entendait parler, mais une unique chose lui restait inaccessible, et c’est la raison pour laquelle il avait fait appel à des voyageurs.


Un esclave en toge légère était venu chercher Liam, Gabriel et Yoru aux portes de la cité, au bout d'un chemin dallé gardé régulièrement par des arches en pierre. Il les invita à monter sur un chariot tracté par deux ânes. Un peu à l’écart de la ville, on apercevait la villa magnifique où habitaient les Héséprydes. La résidence était un majestueux palais à la romaine où se glissaient subtilement quelques clefs de voûtes et arcs-boutants gothiques, autorisant alors des folies inattendues, comme de grandes fenêtres translucides ou des rosas colorées. Le domaine était limité par de hautes grilles dorées terminées par des pointes et solidement incrustées dans un muret en pierre élevé d’un bon mètre, sur lequel grimpait paresseusement un lierre épais et fleuri. Les jardins étaient très beaux, chargés et hétéroclites, mais ce qui retenait immanquablement l’attention étaient les énormes pommiers dont les fruits brillaient à la lumière du soleil. Aussi grosses que des melons et parfaitement lisses, ces pommes d’argent ne poussaient que dans l’enceinte de cette villa.

En comparaison, bien que vaste et noble, la maison d’Augustus Marcus, installée en périphérie, paraissait étriquée et terne. Les voyageurs y furent parvenus après une vingtaine de minute d’un transport monotone au milieu des routes animées par le commerce et la propagande. L’homme d’une quarantaine d’année qui les attendait en haut des escaliers conduisant à sa résidence était un individu bien en chair, sa toge en tissu rare richement ornée ne parvenant pas à dissimuler une évidente bedaine. Il jouait distraitement avec ses multiples bagues et lorsqu’il aperçut ses employés, il fit une série de gestes maniérés afin de les saluer en souriant avant de les interpeler d’une voix plus aigüe qu’on ne s’y attendrait :

- Soyez les bienvenus mes amis ! Venez donc vous rafraichir, on sera plus à l’aise pour discuter.

Les invités furent conduits jusqu’à la terrasse, traversèrent l'édifice par ce qui semblait être une salle à manger dont les murs croulaient sous une infinité de tableaux, masques, sculptures et tapisseries, puis débouchèrent sur un jardin modeste où le feuillage des plantes et des arbustes était aussi taillé dans un désir d’harmonie artistique. Quatre chaises attendaient l’hôte et ses employés. A coté de chacune d’elle, une jeune femme vêtue d’une simple jupe de toile tenait une longue feuille de palmier dans une main et un verre remplit d’une boisson locale dans l’autre. Une fois que tous furent installés, cocktail en main et protégé du soleil par une ombre rafraichissante, Augustus Marcus prit la parole en regardant tout à tour chacun de ses invités :

- Nous sommes là pour parler affaire hein, alors j’irai droit au but ! En ce moment, j’ai un peu de mal à trouver de quoi revaloriser ma collection. Les modes tournent en rond et me fatiguent… il faudrait que je marque un grand coup ! Il me faut quelque chose de nouveau, de VRAIMENT nouveau.

Il but goulument la moitié de son verre avant de continuer. Les ombrages jouaient sur son crâne dégarni où perlaient quelques gouttes de sueur.

- Les pommes d’argent des Héséprydes seraient vraiment parfaites pour moi. J’ai déjà envoyé deux groupes d’esclaves essayer de m’en procurer, mais ils ne sont jamais revenus… je ne peux plus me permettre de perdre mon personnel, et puis, j’ai besoin de gens efficaces.

Augustus sonda brièvement ses nouveaux employés, comme s’il craignait que l’un d’eux ne rétorque qu’il s’était trompé sur la personne. Il eut finalement un sourire complice et se pencha en avant pour reprendre en parlant plus bas :

- On ne sait pas grand-chose sur les Héséprydes hormis qu’elles sont plus belles que n’importe quelle femme. Personne ne les a jamais vu en dehors de leur domaine, alors on raconte qu’elles ne peuvent pas en sortir... néanmoins elles apprécient beaucoup la visite des étrangers qui passent par chez nous. En ce qui concerne leur protection, il n’y a pas de soldats armés mais la nuit, la résidence est gardée par une meute de… chiens.

Avec une moue mal assurée qui en disant long sur l’euphémisme que représentait le terme « chien », le collectionneur se redressa en faisant un signe vague de la main.

- Personnellement, je n’en sais pas plus d’intéressant. Leur palais est entretenu par un bon nombre d'esclaves et elles y passent leur journées à y faire... allez savoir quoi. Finissez vos rafraichissements et mes jeunes filles vous conduiront à vos appartements. Vous pourrez y loger pendant toute la durée de votre travail pour moi. Je vous offre également vos repas, cela va sans dire ; mais j’attends de vous une belle réussite ! Ramenez moi autant de pommes que vous pourrez… je vous paierai en conséquence bien entendu !

Sur ses mots, Augustus finit son verre d'une seule traite et fixa ses collègues de ses pupilles qui brillaient déjà de convoitise.

Assis sur sa chaise, ou devrai-je dire affaler, Gabriel ne pouvait pas quitter Liam des yeux, pourquoi fallait-il encore qu’il tombe sur lui ? Ne faisait il pas de son mieux pour évité l’obsédé sexuel ? Ca devait être ce qu’on appelait le Karma ? Oui ca devait être ça, Gabriel avait fait quelque chose de mal, ou insulter quelqu’un et l’univers se retourner contre lui. Oui-oui c’était sans doute ça. Il quitta donc Liam des yeux et regarda autour de lui en sifflotant. Gaby était intenable, il écoutait a peine ce que lui disait l’homme, voler des pommes blablabla… Jolie filles Blablabla, meutes de chiens enragé blablabla.

Si Gabriel avait peur des chiens ca se sauraient! Non mais vraiment ! Pourquoi cette mine déconfite, comme s’il cachait quelque chose ? Des chiens ? Alors qu’ils avait eu affaire a des hordes d’Ellipsiens enragé ? A une chimère dans le colisée de Sextus ? Il était sensé avoir peut de pauvre clébard malade ?

Le problème avec Gaby vous voyez, c’est que c’est un trop grand trouillard, mais que dés qu’il est en confiance, ca en deviens excessif… Oh laissez le faire, il verra bien quand il se trouvera en face de la fameuse horde de chien, je pense que ca pourrait être intéressent !

En tout cas ce petit boulot était bien payé, et pour voler quelques pommes il n’y avait pas de quoi en faire tout un plat ! Gabriel pourrai peut être se payer un truc sympa avec l’argent gagner ici ? N’importe quoi pour en finir avec les vomissements dans le monde réel ? Par exemple ? Une idée comme ça !
Gabriel se mis à sourire tout seul, remercia la jeune fille aux seins nu du regard, et fini son verre d’une traite.

- C’est quoi d’ailleurs cette boisson ? C’est super bon ? C’est fait avec vos pommes argenté ?

Quand on vous dit que Gabriel suit à moitié, c’est un euphémisme.
Il suivit donc la jeune fille et sa feuille de palmier, accrocher a son sac comme a un arrêt de bus, elle était jolie non ? En tout cas Liam avait bien l’air de cette avis a la vue de son bras qui avait doublé de volume pendant l’apéritif improviser. Gabriel lui était tout rouge. Il n’avait pas, ou plus de problème avec la nudité depuis qu’il avait rencontré Hildegarde…Mais quand même, le soleil sur la peau bronzé, c’est flatteurs hein…surtout au niveau de la poitrine…

- Voilà monsieur, c’est ici. Peut être voudriez vous prendre un bain ou vous reposer avant le grand travail de ce soir ! Si monsieur a besoin de quelque chose, qu’il m’appelle. Je viendrai voir monsieur.

Gabriel ravala sa salive et chassa de la main ses idées obscènes. Aaaaah, la puberté, Fraiche comme la rosé du matin !

Il ne se fit pas prier pour le bain, attrapa les serviettes de lin que lui tendait la jeune esclave, et se précipita dans la salle de bain, prenant bien soin de fermer a clef. Sait-on jamais, Liam était dans les parages !
La salle de bain était magnifique, enfin elle l’aurait été plus si le tableau n’ornait pas chaque centimètre carré du mur, il y avait même un tableau dans la baignoire qui ressemblait a un gros tonneau en bois avec une plomberie en or. Gabriel pris le tableau et le posa contre le grand lavabo en marbre, tourna le robinet d’eau chaude et d’eau froide, et un troisième décoré d’une rose d’or. Aussitôt il eu tourné ce troisième robinet qu’une eau teinté de rose pale commença a couler dans la baignoire. Gabriel adorait le luxe, ce petit job s’annonçait fantastique.

Il se déshabilla, en profita pour mettre ses sous vêtement sale dans une poche a part du sac a bandoulière. Et attrapa un caleçon et des chaussettes au motif écossais qu’il avait trouvé dans l’œuf de pâque. Il plongea dans le bain, et c’est dans un soupir d’aise qu’il commença à réfléchir à la façon de subtiliser les pommes. Son pouvoir de chauve-souris devrait être efficace ? … oh il aviserait !
Il se lava, s’habilla et mis la serviette propre dans son sac…ça pouvait toujours servir, et puis on dit jamais non a une serviette de lin qui sent la rose hein…

Pour sa part Liam avait retenu l'essentiel du discours de leur employeur : des femmes à gros nichons gardaient des pommes, il fallait qu'ils les ramènent mais personne jusque là n'avait réussi cet exploit. Ah oui, et il y avait des chiens la nuit. Bon, soit. Ça n'en restait pas moins louche, parce que des gonzesses à poil merci bien, on a quand même vu meilleur gardien, et si les chiens étaient la seule menace il suffisait de venir de jour. Il y avait donc des dangers dont on ne leur parlait pas, et ça l'ex-taulard n'aimait pas ça du tout. Quitte à risquer sa peau autant s'informer au maximum au préalable.

Il fallait dire que la présence de servantes à moitié nues n'était pas pour l'aider à formuler correctement ses questions à Augustus. Pour l'heure il arrivait juste à s'imaginer leur arracher leurs jupes en lin et leur apprendre une autre utilité à la feuille de palme. Son bras et son membre associé ne mirent pas longtemps à gonfler de concert, le poussant à boire d'un trait son verre pour se donner un bon coup de fouet (à défaut de se servir de son martinet).

Liam reposa sèchement son verre vide dans les mains de l'exhibitionniste qui avait été désignée pour le servir et se força à détourner le regard du galbe de ses seins bronzés. C'était presque criminel de lui imposer ça dans un moment aussi critique quand on connaissait sa pathologie.

- Si vous avez des rumeurs sur elles, c'est que des gens en sont revenus non ? Alors j'aimerais connaître l'ennemi avant de prendre des risques. Si les chiens ne sortent que la nuit, quel est le danger le jour ? Combien sont-elles ? Utilisent-elles des armes ? Est-ce qu'elles ont des pouvoirs comme par exemple celui d'Asmodée ? Savez vous ce qui a causé la perte de vos hommes ? Quels moyens matériels nous donnerez vous pour accomplir notre tâche ?

Il avait enchainé volontairement les questions pour montrer le vide abyssal d'informations. Les faire partir comme ça les mains dans les poches c'était ni plus ni moins leur demander de se suicider. Déjà qu'il n'était pas gâté niveau collègues... entre le gosse sujet aux peurs paniques et l'hypocondriaque mal dégrossi ce serait un miracle s'ils arrivaient à ramener ne serait-ce qu'une pauvre pomme.

D'ailleurs Gabriel se tirait déjà au bras d'une servante après avoir posé une question stupide concernant leur boisson. Mais qu'est-ce qu'il avait bien pu faire pour mériter d'avoir dans les pattes un gland pareil ?! Enfin... ce n'était pas plus mal qu'il lui laisse le champ libre pour obtenir les renseignements essentiels à leur survie. Et si les gonzesses à poil avaient bien voulu suivre son exemple ça aurait été d'autant mieux.

- J'aurais besoin d'une liste détaillée de ce que vous savez et des moyens dont on disposera. Vous pouvez nous fournir ça ? Dans tous les cas c'est la condition sine qua non pour nous voir revenir en vie, et je suppose que vous ne souhaitez pas chercher de nouveau d'autres employés, surtout que ça ne fait que retarder l'acquisition de vos pommes d'argent. Je me trompe ?

Il était désormais penché sur la table, les mains croisées sous son menton. La mauvaise surprise de la forêt incarnation lui avait suffit. Si on voulait qu'il bosse, il faudrait d'abord être réglo. Rien n'était plus rageant que de mourir bêtement.

Yoru n'avait pas dit un mot depuis leur arrivée si bien qu'il pu enregistrer toutes les informations données par Augustus et observer ses collègues. Liam, il connaissait, c'était bien lui qui avait eut le culot de rafler toute la cagnotte du job de la cueillette dans la forêt incarnation, non? Ça! L'asiatique ne l'avait pas oublié, et il ferait bien attention lors de la prochaine remise de récompense, il ne se fera pas berner deux fois de suite! Gabriel, il le connaissait aussi. Son ancien rival pour Aldaée. Ou était-elle a présent? De l'histoire ancienne maintenant. Espérons que le vampirophobe n'ait pas une dent contre lui et que ça ne se reflète pas dans son comportement vis-à-vis de lui. Ici ont est là pour bosser, pas pour régler de vieilles querelles! Bref!

Durant son moment de silence, Yoru réfléchit également aux capacités de chacun pour accomplir ce job. Pour sa part, l'hypocondriaque n'avait pas vraiment de pouvoir pratique pour cueillir des pommes, peut-être chasser des chiens et encore.. Que faire contre les gardiennes? Il verra sur le tas! L'espoir était posé sur Gabriel en particulier qui, lui, avait la capacité de se changer en chauve souris, et ce n'était pas négligeable pour s'élever à hauteur des pommes, les dérober pendant que Liam et l'asiatique s'occuperaient tant bien que mal des gardiennes ou des chiens!

Lorsque Liam posa toute ses questions, l'asiatique s'avança contre la table intrigué de savoir ce qu'allait répondre le maitre de maison. Il avait raison, on ne savait pas grand chose à propos du déroulement de ce job. Il avait bien fait de poser ces questions, chose que les autres esclaves employé n'avaient surement pas du faire, d'où leur échec!

La présence des esclaves à la poitrine découverte rendait quelque peu mal a l'aise l'asiatique qui s'efforçait de regarder Augustus. Il prit néanmoins le verre tendu par l'une d'elle et le descendit d'une traite. Tandis que Gabriel jugeait bon de se détendre dans son bain et de ne pas écouter les recommandations d'Augustus et de recueillir les bonnes informations, l'hypocondriaque, lui stressait un peu. Nombreux, voir tous, étaient les jobs où il faillit y perdre gros: se faire agressé par un scarabée géant, être transformé en kangourou, risquer sa vie dans des tunnels obscures en mode "commando" ou encore jouer a la petite souris et se faire embrasser par Jade! Il avait donné! Alors maintenant, il se méfiait, mais le besoin de thunes amenait bien des gens à faire des choses dangereuses.

Augustus regarda avec satisfaction Gabriel s’élancer vers la maison avec l’esclave qui lui avait été assignée, mais manifestement, ses deux collègues ne l’entendaient pas de cette oreille. Voilà que le doyen, dont l’un des bras avait pris des proportions étranges, l’assommait déjà de questions pratiques. Certes, cela était tout à son honneur, il faisait là montre de professionnalisme, et le collectionneur en était ravi. Néanmoins, répondre à ces questions lui parut plutôt délicat. Il eut une mine angoissée et fit signe à une esclave qu’on lui apporte un autre verre.

- On entend quelques rumeurs sur elles parce qu’elles ne sont pas totalement fermées à l’extérieur… les touristes notamment, peuvent avoir la chance de se faire inviter pour une nuit ou deux s’ils se montrent assez intéressants. Lorsqu’ils en sortent, les villageois se pressent pour savoir ce qu’ils ont vu… mais ils racontent toujours la même chose : les Héséprydes sont magnifiques, leur résidence est somptueuse et le cœur de leur jardin, avec les pommiers d’argent, est indescriptible. Euh… je crois bien qu’ils ont tous affirmer qu’il y avait une partie souterraine au palais, que les Héséprydes refusent à faire visiter. Elles disent qu’il y a mieux à voir que les pierres froides de vieilles caves à vins abandonnées…

La boisson d’Augustus arriva. Il en but une longue gorgée avant de s’essuyer le front avec des manières si exagérées qu’on pourrait les croire volontairement caricaturale.

- Elles sont exactement quatre. Personne n’a fait état de pouvoirs similaires à ceux d’Asmodée… leur charme est vraiment naturel, et on n’a jamais entendu dire qu’elles utilisaient des armes quelconques. Je ne sais vraiment pas ce qui a mis mes hommes en déroutes… certes, les premiers y étaient allés la nuit. J’avais fait venir de très loin un poison puissant destiné à paralyser les bêtes pendant une heure ou deux… il y avait largement le temps de voler des fruits. Il n’a apparemment pas fonctionné et le lendemain, on a retrouvé d’eux que les restes que les chiens n’avaient pas voulu manger…

Le regard du collectionneur fuyait ceux du taulard. Il ne mentait pas, mais il avait peur qu’en présentant d’emblée de jeu la mission qu’il proposait comme très dangereuse, les volontaires préfèrent rentrer chez eux plutôt que de risquer leur vie pour une poignée de rubz, fût-elle bien grasse. Il continuait pourtant de renseigner les voyageurs autant qu’ils pouvaient :

- Le groupe suivant y était allé de jour. Il était parvenu à trouver un moment dans la journée où les esclaves désertaient le jardin assez longtemps pour commettre le vol… personne ne sait ce qui les a arrêté. Les gens ici font plus attention au commerce de l’art qu’au palais des Héséprydes vous savez ?! On sait qu’elles sont là, mais leurs merveilles sont inaccessibles, alors on se tourne vers d’autres choses plus monnayables. Un vieux croulant a affirmé avoir vu l’espace de quelques instants, une sorte de gros oiseau survoler les jardins, il y a eu des cris... mais c’est tout. Les esclaves du palais sortent de temps en temps, pour acheter à manger notamment. Les gens essayent de les interroger, mais ils sont muets comme des tombes… on dirait qu’un truc les terrifie en fait… mais allez savoir quoi.

Augustus finit son deuxième verre, mais demanda déjà à ce qu’on lui en prépare un troisième. Craignant que Liam n’annonce qu’il laissait tomber, il assura en toute sincérité :

- Je vous donnerai tout ce qu’il est en mon pouvoir de vous obtenir pour réussir. J’ai quelques armes, du matériel pratique, et deux ou trois artifices de Gloutoniskaïa. Si vous organisez disons… une première opération de repérage, vous pourriez me dire exactement de quoi vous avez besoin ; c’est vous les pros.

Fier de sa petite flatterie, le collectionneur se détendit un peu et termina en disant :

- Vous n’êtes pas du coin, rien ne vous empêche de vous faire passer pour un groupe de touriste qui aimerait rencontrer les Héséprydes. Elles adorent ça… vous aurez peut-être de meilleures informations, et une meilleure faille de l’intérieur.

Une fois habiller, le garçon sortit de la salle de bain et fut surpris que les appartements soient encore vide, il n’y avait personne, mise a part la jolie esclave installer au milieu de la pièce comme une potiche, elle le regarder avec un sourire indélébile en attendant ses instruction…Pauvre fille, se disait Gabriel, il ne savait que trop bien ce que ça faisait d’être un esclave…

- Ou sont les autres, demanda t-il simplement.

Le visage de la jeune femme aux formes voluptueuse s’anima, et elle lui répondit d’une voix enjoué mais poli.

- Monsieur Nakatomi et Monsieur Baldwin sont encore à table pour les instructions.

Ah mais ? Ce n’était pas fini ? Pourtant Augustus leurs avait bien dit de suivre les jeune femmes et leurs feuilles de palmier non ? Il suivit donc l’esclave jusqu’au point de départ, mais la voix forte du maitre de maison se faisait entendre du bout du couloir. Il avait pu entendre quasiment toute la conversation, et il comprit bien vite que ce petit job n’allait pas être une partie de plaisir comme il avait osé se l’imaginer.

Il était redevenu blanc comme un linge et c’était assis a coté de Yoru. Il regarda un instant le garçon et lui adressa un faible sourire…Heureusement qu’il était là lui…Entre les nymphes et leurs chiens mutants et Liam, ca aurait été folklorique !

Augustus narra enfin l’histoire du deuxième groupe, de cet oiseau immense et des disparitions inexpliquées… Et bien, ils y aller un peu a l’aveuglette là, non ? Aller voler des pommes ? Bien pas de problème ! Ne pas en revenir et ne pas savoir ce qui aller se passer, c’était un tantinet moins drôle, fallait l’avouer.

Le bon point c’est qu’Augustus était prêt a leurs fournir les équipements nécessaire, et il semblait bien plus sage de suivre son conseil et de se faire inviter par les jeune femmes. Le problème, c’est qu’il n’était pas non plus sur d’en revenir.

- Excusez moi, mais qui nous dit que si on y va comme des gentil touristes de Tekyo et nos appareilles photo elles ne vont pas nous faire de mal ?


Gabriel ne pouvait s'empecher de trouver les geste faussement théatrale d'Augustus, ses réponse un peu "légère" a son gout, et son alcoolisme un peu louche... Il y avait quelque chose de pas bien net la dessous.

Il voulait des réponses et il fut servi. Mais est-ce que ces infos étaient utiles ? Ça c'était une autre histoire, surtout que la mine contrite de leur employeur ne rassurait pas le taulard quant à la véracité de ces rumeurs. Bon, globalement il en ressortait que ces quatre nanas aimaient les touristes, que le gardien de jour n'avait rien à envier à ceux de nuit et qu'elles avaient des domestiques. Déjà quelques idées germaient dans la tête de Liam mais restait à savoir si elles étaient réalisables...

Gabriel qui avait débarqué en cours de route propre comme un sou neuf n'avait pas l'air du tout emballé pour jouer le japonais en chemise hawaïenne et appareil photo autour de coup. Pourtant c'était beaucoup plus sûr comme première approche que de sauter les grilles pour se faire tuer par on ne savait quoi.

- Pourtant on a pas trop le choix, c'est encore le moins risqué... mais il y a aussi la possibilité de se mêler aux domestiques. Je me demande si elles cherchent des employer en ce moment, après tout on verrait plus de choses en faisant partie du camp ennemi qu'en n'étant que leurs invités.

Le tueur se gratta le bouc l'air songeur, ses yeux noirs plongés dans la contemplation du verre qu'on venait de lui remplir de nouveau. S'ils venaient de loin il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'ils aient besoin de travailler pour se remplir les poches pour le voyage du retour. Les héséprides seraient peut-être charmée par l'idée d'engager des personnes « exotiques » ne serait-ce que pour quelques semaines. Oui, pourquoi pas...

- Au pire on y va en touristes et on glisse la proposition au cours d'une conversation. Qu'est-ce qu'on risque après tout vu que leurs invités reviennent en vie ? On ne tentera rien au premier voyage, on fera juste un repérage... ça vous va ?

En fait que ça leur aille ou pas que trentenaire était bien décidé à le faire à sa sauce, mais ça ne coûtait rien de faire semblant de leur demander leur avis. Non seulement ça donnait l'impression qu'il faisait preuve d'esprit d'équipe mais ça pourrait possiblement calmer la méfiance dont ses collègues faisaient preuve à son égard. Autant il comprenait pour l'asiatique dont il avait volé le dernier salaire sans aucun scrupule, autant pour Gabriel il n'y avait pas de raisons motivant cette retenue. Ils étaient tous dans le même camp après tout non ?

Liam vida son verre avant de le déposer entre les mains de sa servante attitré puis se mit debout, légèrement euphorique sous l'effet de l'alcool. Il avait la soirée devant lui pour se détendre en vue de leur escapade du lendemain, car ce n'était pas décent d'aller voir des dames à une heure aussi tardive, n'est-ce pas ? Il attira la demoiselle à demi nue vers lui, lui demanda avec un sourire pervers :

- Vous pourriez me montrer ma chambre ? J'aimerais me reposer et me détendre afin d'être fin prêt pour demain.

Puis le taulard ajouta dans le creux de l'oreille de la servante qui put profiter seule de la confidence :

- On pourrait même se détendre à deux...

-Jouer les touristes super intéressés, tenter de se faire embaucher et gagner leurs confiance ça me parait bien plus prudent que de leur forcer la main en essayant de rentrer par effraction la nuit et affronter les chiens et plus utile que d'aller interroger les habitants de la ville!

Yoru reconnaissait à cet instant précis que Liam était doué. Il n'avait même plus besoin de réfléchir, tout ce dont il fallait penser avait déjà été évoqué dans les questions du taulard. L'asiatique se contenta alors d'hocher la tête l'air confiant tandis que la réunion prenait fin. Il n'avait pas bien comprit l'attitude de Gabriel de s'absenter pendant cette dernière. La pause c'était bien maintenant et pas avant, non?

L'hypocondriaque observait tout les faits et gestes du taulard du coin de l'œil. Il était peut-être intelligent mais il n'en restait pas moins manipulateur et futé. Il faudra à l'occasion qu'il mette en garde Gabriel avant la remise du salaire: Il s'imaginait que Liam avait pour habitude de dépouiller ses collègues de travail à chaque fin de job. Il fallait prévenir le vampirophobe, mais ce n'était pas l'heure.

Yoru se leva alors à son tour et saluant une dernière fois Augustus, il se retourna vers sa servante attitré, il lui dit alors:

-Conduisez moi a ma chambre s'il vous plait.

Sans dire un mot, la jeune femme s'activa et s'avança dans le couloir. L'hypocondriaque la suivit et lança aux autres:

-Reposez vous bien, demain c'est le grand jour!

Un sourire aux lèvres, Yoru sentit une montée d'adrénaline monter en lui. L'inconnu, le risque, l'action, la stratégie: Tout cela formait un tout qui lui était familier depuis sa venue dans le monde des rêves. Avant, dans sa petite vie bien organisée, tout était clair, précis, prévu! Rien de bien palpitant. Sa vie à DreamLand lui avait apprit et fait vivre tant de choses et en y pensant, il en garda le sourire jusqu'à son arrivé dans sa chambre.

Posté à l'encadrement de la porte, l'asiatique poussa un "waohh" à la vue du mobilier. Tout était nickel, propre, bien rangé, rien qui dépassait! Et la décoration était de très bon gout!

-Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je ne serai pas loin, appelez Ophélie, c'est moi.

Dit la jeune fille en s'inclinant, elle ajouta:

-La salle d'eau se trouve juste à droite. Je vous souhaite un agréable séjour dans cette demeure.

L'asiatique apprécia l'amabilité de cette jeune fille, mais..

*Pourquoi ont-elle besoin d'être a demi nue >.< Leur patron est un pervers c'est sûr!*

A cette pensée, Yoru bafouilla:

-Merci euh.. Ophélie. Je crois que je vais pouvoir me débrouiller maintenant.

Un sourire gêné, l'asiatique fit un signe de la main à la demoiselle qui s'éclipsa au loin, sans doute pour aller donner de sa personne ailleurs.
Yoru s'effondra alors sur le lit, les draps sentaient bons. Puis il roula sur le côté et se remit sur ses pieds afin de rejoindre la salle de bain. Et pourquoi pas un bon bain?

L’idée de Liam, même si ca le dégouter que ca soit ENCORE lui qui en ai une, était tout bonnement fantastique. Devenir domestique, connaitre les secrets de la villa, les aiderai sans doute a subtiliser quelque pommes, Même s’il douter s’en sortir sans aucune égratignures, Gabriel devait bien avouer que c’était bien la seul chose intelligente qu’il avait entendu ces 5 dernières minutes. Il fit juste un signe de la tête a Liam et Yoru pour leur faire comprendre qu’il les suivait. Ils les auraient ces foutu pommes. Meute de chien, Monstre volant, ou femme toute-nue, Foi de chauve-souris !

Liam parti alors en compagnie de « son » esclave, bientôt suivit par Yoru. Gabriel se retourna alors dans la direction d’Augustus, et lui fit un grand sourire.

- On essaiera de ne pas vous décevoir monsieur !

Le gamin se retourna et repartit en direction de sa chambre, il avait bien sur remarqué le bras gigantesque de Liam, et les joue de l’asiatique rosir, mais il n’en fit pas cas. Qu’ils s’occupent comme ils le voulaient, Gabriel avait d’autre projet en tête pour le moment. Une fois dans sa chambre, il claqua la porte au nez de l’esclave et sauta sur le lit, Se retourna sur le dos, les mains derrière la tête, et se perdit dans le plafonnier en Crystal. Il resta un bon moment sans rien faire, juste a penser a tout ça, a son retour a Dreamland, de la façon ou ils allaient se débrouiller pour rapporter quelques pommes d’argent a Augustus, si l’un d’eux seraient blesser, si les gardienne de ces pommes était sexy…Gabriel se claqua… Plus il fréquentait Liam, plus des idées perverses lui venaient a l’esprit. Ce mec était intenable, non seulement c’était un violeur pédophile, mais en plus il avait énormément d’influence, une très mauvaise influence.

Gabriel se leva, se rinça le visage dans le lavabo, et se regarda dans la glace…Il avait changé…sans parler de sa coupe de cheveux, Dreamland l’avait changé. Mais il était incapable de dire en quoi et a cause de quoi ? Etait-ce le danger permanent ? Les amourettes avec Elijah ou Aldaée ? Les rencontres avec des personnes comme Liam ou Jeremiah ?

On toqua la porte, Gabriel sortit de ses pensées dans un secouement de tête dont il avait le secret, et alla ouvrir. C’était l’esclave qui lui avait été assigné.

- Je voulais savoir si monsieur avait faim. Faut il qu’on lui apporte quelque chose avant de se coucher ?

Gabriel fit non de la tête, et vit dans le couloir que l’esclave de Liam avait été attiré a l’intérieure de sa chambre.

…

- Non merci Mademoiselle. Merci…

Il respira un bon coup, et un sourire aux lèvres, il chuchota

- Bonne nuit, Liam…

La chambre était somptueuse, la femme aussi. Il manquait néanmoins un petit quelque chose sur lequel Liam n'arrivait pas à mettre le doigt, et ce ne fut que lorsqu'il entendit à travers les murs Yoru congédier sa servante qu'il comprit ce qu'il lui fallait. Une fille de plus, ou deux. Ses yeux pétillèrent sous l'afflux des pensées lubriques alors que sa langue glissait paresseusement sur la lèvre supérieure. Oui, une nuit avec 3 paires de seins était encore la meilleure méthode pour se préparer à une dure journée de labeur.

- Dis moi mon cœur, tu pourrais aller chercher des amies pour la soirée ? Plus on est de fous plus on rit n'est-ce pas ?

La bonne à moitié nue tressaillit, mais impossible à dire si c'était à cause de la soirée qui se préparait ou à cause de la vision du bras gonflé de l'ex-taulard. Elle se serait probablement enfuit en courant si elle avait pu, mais le maitre leur avait dit de se plier à toutes les volontés de ses précieux employés donc...

- Je vais mander Ophélie et Alicia. C'est l'affaire de quelques minutes.

- Ça m'ira très bien, répondit Liam sans quitter des yeux la poitrine opulente de la donzelle.

Le moins qu'on puisse dire était que leur patron avait des goûts sûr en matière de femmes. Celles qu'il avait vu étaient vraiment à croquer, et c'était bien dommage qu'il ne puisse s'offrir le luxe d'un peu les abîmer une fois qu'il en aurait fait son affaire. A cette pensée il sentit le poids de sa lame dans sa poche, arme qui ne lui serait probablement d'aucune utilité contre les héséprides. Mais demain était un autre jour et pour l'heure il n'avait qu'à s'inquiéter du choix du préservatif. Même chimériques les MST n'avaient rien de très attrayantes et il n'avait pas envie de tester les maux locaux. Après tout son pénis était presque un outil de travail pour lui.

Le tueur jeta un coup d'œil dans la table de nuit et constata avec un sourire en coin que le maitre des lieux avait vraiment pensé à tout. Une douzaine de capote étaient disposées en cercle dans le tiroir du meuble, à croire qu'on était vraiment pas dans la région sextusienne pour rien...

Sa bonniche à demi nue revint au bout de 5 minutes dans la chambre en compagnie de celles de Gabriel et Yoru, déjà congédiées pour la nuit. Le violeur les attendait sur le lit, son regard annonçant de manière aussi explicite que la bosse déformant son pantalon le programme de la nuit. Et elle serait longue, oh oui.

- Ne faites pas les timides... après tout on se connaitra en profondeur dans moins d'une heure. Maintenant faite moi le plaisir d'ôter le bas : j'ai toujours préféré le nudisme au monokini.

Une orgie nocturne débuta alors et ne s'acheva qu'au petit matin, n'offrant à Liam qu'une poignée d'heures de sommeil qui lui suffiraient malgré tout. Il n'avait jamais été un gros dormeur et se vider les couilles suffisaient à l'emplir d'une énergie débordante. Après l'acte il se sentait toujours dans un état de plénitude absolue, oubliant sa rancœur, son passé, son manque d'avenir. Les esclaves avaient été congédiées d'une tape sur la fesse et ne reviendrait que pour l'heure du petit déjeuner.

C'est au moment ou le soleil pointait entre les arbres à l'horizon que le trentenaire sombra dans le sommeil, enroulé nu dans les draps collés à sa peau par la transpiration et d'autres fluides moins respectables.

Au petit matin un rayon de soleil illuminait la belle chambre de Yoru et le réveilla doucement. On pouvait dire que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas aussi bien dormit! En forme, il se redressa et alla directement à la douche! Elle était là, il fallait bien en profiter! L'eau fraiche coula sur le visage de l'asiatique et déjà, il se sentait frais et disponible pour une journée de travail. Sa douche une fois fini, il se frictionna de la grande serviette de bain mise à disposition et qui sentait bon. Il s'habilla et sortit de sa chambre, parcourut le couloir silencieux qui menait à la salle à manger. Il n'y avait personne et le silence le plus pur régnait, c'était bienn! Yoru était friand de ces moments de découverte, seul dans cette grande maison avec le silence des lieux. Ça lui manquait. La grande table, autour de laquelle la veille ils discutaient de la mission du lendemain avec Augustus, était emplit de viennoiseries, pain, confiture, miel et d'un pot de crème inconnu, spécialité locale surement. Le couvert était déjà prêt, parfaitement placé au millimètre prêt. Comme quoi ici on pensait à tout et on mettait aux petits soins ses convives ou plutôt ses employés. Timidement Yoru lança dans le vent:

-Euh.. Ophelie, vous êtes là??

Le jeune fille arriva avec un plateau et dit:

-Bonjour M. Nakatomi, comment s'est passé votre nuit?

-J'ai très bien dormi merci et vous?

Lança-t-il enjoué. La demoiselle parut gênée face à cette question qui pouvait paraitre anodine et l'asiatique cru même voir ses joues rougir. Il fronça les sourcils d'un air interrogateur mais ne posa aucune questions. La jeune servante avait une petite mine en ce bon matin et paraissait fatiguée mais ca ne le regardait pas après tout. Il valait mieux qu'il ne sache pas en fin de compte. Afin de briser le silence gênant qui s'instaurait, la servante dit alors d'une voie fébrile:

-Asseyez-vous et mangez ce que vous désirez, que voulez-vous boire ce matin?

L'asiatique s'exécuta et répondit:

-Merci, je prendrais un café.

La servante partit chercher la cafetière sur le champs. L'asiatique prit alors un croissant et mordit dedans quand son café chaud arriva. Depuis longtemps il n'avait pas mangé de croissant au beurre aussi bons! Il sucra sa tasse et plongea le reste de son croissant à l'intérieur. Pour bien commencer la journée, rien ne vaut un bon petit déjeuner posé dans une salle à manger magnifique et accompagné d'une jolie demoiselle! Plusieurs fois, l'hypocondriaque se resservit quand un de ses compagnons fit irruption dans la salle à manger.

-Salut! Bien dormi?

Lança-t-il sans voir de qui il s'agissait.

Après un sommeil court mais profond Liam se réveilla, s'étirant comme un chat en examinant d'un air critique l'endroit où il se trouvait. Le souvenir de son nouveau travail remonta comme une bulle d'air pour éclater à la surface de sa conscience, et celui de la nuit suivit dans la foulée en lui tirant un rictus vicieux. On ne pouvait pas oublier longtemps ce genre de détails après tout. Il s'extirpa avec lenteur des draps encore humides qu'il rejeta au sol sans aucune considération pour celle qui viendraient s'occuper du ménage. Son esprit était désormais occupé par une pensée unique et qui se résumait à « j'ai faim ». Et on sait tous que les besoins primaires dominaient le tueur plus que n'importe quels principes moraux.

Mais il ne pouvait pas se présenter ainsi, transpirant et débraillé, même s'il aurait plutôt exprimé ça crument avec une phrase comme « et ça sent la moule pas fraiche ». Il se glissa donc dans la salle de bain pour se faire couler un bain chaud dans lequel il se plongea avec volupté, faisant disparaître ainsi les traces de ses activités nocturnes.. Les essences mêlées à l'eau étaient un vrai délice olfactif et il sentait déjà sa peau tannée s'adoucir au contact du savon. Leur patron n'avait pas fait les choses à moitié, on pouvait au moins lui accorder ça, et il espérait fortement que le déjeuner serait à la hauteur de ce qu'il avait déjà pu observer.

Une fois propre comme un sous neuf l'ex-taulard se dirigea d'un pas nonchalant vers l'endroit où on les avaient reçu hier pour leur présenter leur tâche plus en détail. Il pensait être le premier mais il fut détrompé en apercevant la silhouette de l'asiatique qui lui tournait le dos. Son collègue semblait occupé à se remplir la panse de viennoiseries mais s'arrêta tout de même l'espace d'un instant pour s'enquérir de sa nuit. Le pauvre, s'il savait, il ne regardait plus jamais sa bonniche de la même manière à n'en pas douter.

- On peut dire ça.

Il se saisit de la chaise à droite de Yoru pour s'y laisser tomber, faisant main basse du même coup sur une partie de la nourriture disposée là pour eux. Ophélie arriva alors avec le café de son maitre temporaire et manqua de le faire choir en voyant qui s'était joins au repas. Elle déposa nerveusement la tasse avant de demander au violeur s'il souhaitait boire quelque chose, ce à quoi il répondit d'abord seulement par un sourire équivoque. Il finit toutefois par s'exprimer par mots, mais bien loin de la réalité de sa pensée.

- Je prendrais aussi un café. Noir.

Alors que la donzelle s'éclipsait il ajouta à l'adresse de son « camarade » :

- Elle a l'air crevée, elle devrait travailler son endurance si elle fatigue pour si peu.

Sa remarque levait un peu les doutes sur ce à quoi ils avaient occupés tout deux leur soirée mais Liam ne laissa pas le temps à Yoru de s'offusquer. Le temps du plaisir était presque arrivée à son terme, il fallait maintenant penser au travail. C'était pour ça qu'ils se trouvaient ici après tout. Il engloutit un croissant pour calmer les grognements de son estomac et se donner du cœur à l'ouvrage, après quoi il se mit en tête de sonder la motivation de celui sur qui il devrait compter.

- Bon, c'est pas tout mais on va bientôt devoir y aller si le mioche daigne se réveiller un jour. J'aimerais être sûr que tu te défileras pas, tu m'suis ? Je sais bien que tu ne m'aimes pas et je te demande pas de le faire, juste de pas nous mettre des bâtons dans les roues à cause d'un manque d'affinité. Surtout que je sais que tu m'en veux pour cette obscure histoire de salaire, mais ce n'est pas ma faute si les druides étaient trop bourrés pour vous donner vos parts...

L'asiatique fut rejoint par le taulard qui s'assit à sa droite. Il aurait préféré que ce soit Gabriel, il le connaissait un peu mieux et ils avaient déjà fait un bout de chemin ensemble. L'hypocondriaque savait que Gab' était vampirophobe et cernait à peu près ses pouvoirs. En ce qui concernait Liam, il n'avait qu'une vision négative de lui et ne savait pas quels étaient ses pouvoirs ni sa maladie. En fait, il n'avait aucune envie de le connaitre.
L'échange entre la servante et Liam n'éveilla aucun soupçon de la part de Yoru, bien trop occupé à honorer le petit déjeuner offert par Augustus. Il n'avait pas l'intention de remettre l'histoire du salaire sur la table mais le taulard se sentit obligé d'en parler. Ce n'est qu'au moment où Liam en venait à lui poser des questions et lui exprimer ses doutes en ce qui concernait la fiabilité de l'asiatique au travail (d'un air un peu trop sur de lui) que Yoru se mit à le regarder dans les yeux et lança:

-Tu me prend pour qui? Si l'on réfléchit bien, de nous deux c'est toi le plus lâche! Et ce n'était pas une "obscure" histoire de salaire, tu te l'est joué perso et t'as tout pris! Rien ne t'empêchait de partager la somme en 3 une fois que tu l'avais dans les mains! J'oublierai jamais le coup que tu m'a fais, tu me dois de la thune mec! Et le "mioche" c'est mon pote alors un peu de respect!

Il en parlait parce qu'il se sentait coupable où bien pour remuer le couteau dans la plaie et montrer qu'il assumait parfaitement? Yoru détourna la tête pour regarder ailleurs, cela ne servirait à rien d'user de ses pouvoirs en ce bon matin volontairement ou involontairement d'ailleurs. Ce qu'il avait fait n'était pas loyale, il n'avait pas le droit et rien que le fait de venir lui parler était prit comme une insulte de la part de l'hypocondriaque. La collaboration allait être difficile entre eux et Yoru comptait bien prévenir Gabriel de cet incident sans que Liam ne le sache.
Ce lâche n'avait pas de parole et Yoru, bien que restant pacifique, du fait qu'il étaient dans une humble demeure et en plein travail, ne comptait pas en rester là! Cet argent il en avait besoin, comme tout voyageur en galère! A ces pensées, il était difficile de faire la part des choses et voir positif à ce moment précis. Il se calma un peu et mordit dans son croissant dont il avait interrompu la dégustation lorsque Liam avait commencé à lui parler. Il dit alors un ton plus bas:

-J'suis pas du genre à abandonner les gens moi.. C'est tout.

A présent de mauvaise humeur, l'asiatique avait hâte de commencer le travail et se demanda ce que pouvait bien faire Gabriel et Augustus.

Apparemment le bridé n'appréciait pas qu'on remette ce sujet sensible sur le tapis et pourtant ! Il n'y avait aucune preuve que Liam avait eut leur part. On avait juste vu une bourse fermée et on pouvait penser sans mal que si les druides leur avaient donné trois fioles de panacée il se devait d'y avoir trois bourses. C'était faux bien sûr, mais ça n'en restait pas moins logique, mais il fallait croire que l'ancien kangourou était dépourvu de cette pourtant bien belle qualité. Voilà qu'il s'enflammait déjà, parlant de lâcheté alors que ça n'avait rien à voir avec leur affaire, défendant le pauvre Gabriel parce qu'on osait le définir tel qu'il était... quitte à choisir une cause à défendre il ferait bien d'en choisir une bonne à l'avenir, parce que pour l'heure il se rendait juste ridicule.

Au fil de son discours le visage de Liam se recomposait en une moue offusquée à la limite du dégoût. Une fois que Yoru eut fini sa diatribe il prit la parole à son tour en prenant bien soin de paraître crédible. La prison l'avait bien souvent entrainé à ce genre de mise en scène quand il s'agissait d'échapper à la matraque des matons, souvent pour la faire tomber sur d'autres.

- Quelle lâcheté ? J'allais quand même pas te donner mon salaire ! J'avais que mes deux cents rubz dans cette fichue bourse. Moi tout ce que je vois c'est que tu cherches un coupable. T'as aucune preuve c'est trop facile... et t'as juste pas les couilles d'admettre que les druides sont la cause de ce problème. T'avais pas le courage de leur tenir tête pour qu'ils te donnent ton dû, à cause de leurs pouvoirs peut-être, ou juste parce que tu crains la colère de mecs bourrés ? Minable et puéril.

Il secoua la tête de dépit, l'air sincèrement vexé. Pour achever sa plaidoirie qui déjà tenait la route il ajouta avec mépris :

- Et si j'avais que ça à faire de voler la thune des autres, tu penses bien que j'aurais pris le salaire de Melena quand on avait bossé pour Clampin. Parce que j'en ai largement eu l'occasion et je peux te dire que la somme était bien plus rondelette. Je suis désolé pour toi, mais j'y suis pour rien. Ou en fait non j'en ai rien à battre. J'aime juste pas qu'on m'accuse à tord. Je suis déjà coupable d'assez de choses j'ai pas besoin de fausses accusations en prime.

Il cracha par terre pour signifier ce qu'il pensait de l'avis de son collègue, avant d'étirer ses lèvres fines en un rictus pervers. Ses doigts glissèrent agilement sur le dossier du siège qu'occupait l'asiatique alors qu'il susurrait perfidement :

- Mais si tu veux une vraie raison pour te plaindre de moi je peux t'en donner une sans mal. Demande moi juste.

Si son bras ne grossissait pas encore, son couteau dans son autre main posée sur sa cuisse était lui bien visible. Oh oui, il n'attendait que ça. Si ce mec ne calmait pas sa rage aveugle il ne leur serrait d'aucune aide pendant leur job alors autant le violer tout de suite et l'égorger après. Ou dans l'autre sens peu importait.

Des bruits de pas provenant de la porte le poussèrent à retrouver une attitude moins menaçante, et un bref coup d'œil lui appris qu'il s'agissait d'Ophélie qui revenait avec son café. Elle déposa avec nervosité la tasse devant l'ex-taulard avant de disparaître de nouveau comme si l'atmosphère qui régnait ici était toxique. Peut-être était d'ailleurs le cas.

L'intervention avait eu le don de calmer légèrement les envies sexuelles et meurtrières du trentenaire qui entreprit de goûter au liquide brun et chaud, non sans garder par sécurité son arme en main. Il était délicieux, il n'y avait pas à dire les gens d'ici savaient comment s'occuper de leurs invités. Il regarda ensuite la pendule qui affichait déjà 10h, alors que Gabriel n'avait même pas encore pointé son nez hors de sa chambre.

- C'est pas tout mais je crois qu'il est plus que temps d'aller bosser. Ton « pote » nous rejoindra là-bas. T'as besoin d'argent ou pas ? Alors on va pas passer notre vie à bouffer.

Le taulard entama une complainte des plus ironique et la moue offusquée qu'il arborait surprit Yoru qui le regarda avec mépris de coin de l'œil et une grimace pour couronner le tout. Liam se défendait de ne rien à voir avec l'histoire de partage de la récompense pour le job de cueillette dans la forêt incarnation. Comme c'est bizarre! Yoru était pourtant sûr qu'il était coupable. Il essayait de le manipuler c'était évident! Et l'asiatique n'était pas dup'!

-Fais pas l'innocent.. Pourquoi t'en as parlé alors hein? C'est bien toi qui a lancé en premier le sujet, non? Peut-être parce que tu te sentais coupable?! Non, en fait un mec comme toi ne se sentirai coupable de rien et c'est ça le plus dégueulasse..

Yoru en était sûr, il était coupable et le niait en bloque préférant jouer la carte du pauvre petit innocent en quête de pardon! Il faudra qu'il revoit son jeu d'acteur! Il ajouta à sa seconde réplique:

-J'en ai rien à foutre de Melena.. Et puis ça prouve rien!

Lorsque Liam sorti qu'il devait être coupable de bon nombre de choses, Yoru le fixa l'air interrogateur. D'un coup, il lui paru beaucoup plus étrange qu'a l'accoutumé et un brin pervers. Pas qu'un brin en fait! Yoru ne savait pas qui était Liam, ce qu'il avait fait, le pourquoi du comment il était à DreamLand. Il ne savait pas qu'il venait de prison pour des histoires de viols et meurtres. Il ne savait pas non plus qu'il était hypersexuel et pas seulement du côté hétéro. Aussi, il ne savait pas qu'il envisageait d'avoir Yoru dans sa liste des plaisirs, si l'on pouvait appeler ça comme ça -__-. En quelques secondes, l'asiatique se sentit refroidit. A la simple vision du visage un peu trop près du taulard et de l'apparition de sa main l'encerclant, l'hypocondriaque se raidit et resta au aguets les yeux légèrement écarquillés. La tension était au plus haut lorsqu'un bruit de vaisselle se fit entendre. Ophelie venait d'entrer dans le salon.

Ni une ni deux, Yoru se dégagea de l'emprise malsaine du taulard et se redressa debout remettant nerveusement ses affaires en place. Il fit un petit sourire nerveux et affreusement faux à Ophelie qui, on pouvait le dire, tombait à pique. L'asiatique aurait bien continué de prendre son petit déjeuner en paix mais la paix n'était plus vraiment à l'ordre du jour et la faim s'était envolée. La servante repartit aussitôt et Liam reprit la parole pour changer de sujet et une fois de plus se plaindre de l'attitude de Gabriel qui n'était toujours pas levé. Yoru entreprit une réponse motivée en veillant à garder une voix stable et sereine:

-Oui! hum.. C'est l'heure là, faut qu'on y aille!

Yoru se remotiva mentalement et moralement. Il faudra faire équipe avec cet énergumène extrêmement bizarre et tenir jusqu'à la fin sans perdre la face. L'asiatique prit alors sa veste et interpella une des servantes qui passait dans le couloir, il lui demanda la route pour les Héséprydes. Elle le renseigna le plus précisément possible et ils sortirent de la maison, ce n'était pas loin. La rue dehors était déjà emplie de gens tous occupés par leur petites affaires. Le bruit y était omniprésent, toute cette vie réveilla encore plus l'esprit de Yoru, esprit encore un peu choqué par l'attitude de Liam et toutes les interrogations qui allaient avec! Il chassa ces mauvaises pensées et se concentra sur son travail: Trouver la maison des Héséprides! Le chemin se fit en silence, enfin.. entre les deux collègues, Yoru se refusant de parler quand ils arrivèrent devant la demeure en question.

- Pourquoi j'en ai parlé ? Mais parce que je vois bien les regards que tu me lances. Que tu me crois ou pas changera rien au fait que j'ai pas ta thune, alors autant mettre ton énergie dans le job au lieu de t'exciter comme un roquet. Tout ce que je veux, c'est qu'on puisse compter les uns sur les autres et je pensais que mettre les choses à plat aiderait. Mais c'était sans compter sur ton côté parano... mon pauvre petit.

Il accompagna sa conclusion d'une regard animé d'une lueur malsaine mais Yoru s'échappait déjà en prétextant un intérêt soudain pour l'heure avancée. Un ricanement moqueur s'échappa des lèvres de l'ex-taulard qui connaissait bien la véritable raison se cachant derrière ce regain de motivation. Il avait peur, on pouvait sentir d'ici l'angoisse suinter à travers chacun des pores de sa peau, empuantissant l'air. Son regard fuyant, son empressement, sa voix légèrement trop aigu... les éléments pointant du doigt le mal être du japonais ne manquaient pas. L'observer était un spectacle de premier choix pour une personnalité aussi tordue que celle de Liam.

Se levant à son tour, il récupéra prestement sa veste et son sac à main qu'il se trimbalait depuis longtemps déjà. Cet accessoire lui donnait une apparence étrange, presque comique mais qui disparaissait au moment où l'on croisait ses yeux noirs engoncés dans leurs orbites. On ne rigolait pas d'un tueur, ça finissait souvent mal.

Une fois renseignés sur leur destination le duo se mit en route sans attendre leur collègue qui devait encore dormir comme un bébé. La route se passait en silence, à croire que malgré le soleil rayonnant et la brise légère l'atmosphère restait lourde, comme lestée de plomb par leur précédent échange. Les pensées de Liam tourbillonnaient furieusement dans sa tête et il manqua plusieurs fois de prendre la parole pour taquiner le bridé mais il retint bien heureusement à chaque fois. Au bout d'une vingtaine de minutes ils firent enfin face à la haute grille d'enceinte du palais des Héséprides dont la lueur dorée était presque aveuglante. Le seul mot qui venait à l'esprit en contemplant ce bâtiment était « démesure ». Il avait dû falloir un esprit brillant pour le concevoir, des centaines d'hommes pour le construire et des millions de rubz pour le financer.

- Ça c'est d'la baraque, finit par dire Liam sans quitter des yeux le palais.

Ses pas le rapprochèrent un peu plus des grilles qu'il frôla du doigt, s'attendant presque à être électrocuté sur la champs. Au lieu de ça seule une fois s'éleva non loin, de l'autre côté des barreaux. Un homme basané et en sueur, sécateur à la main, observait leur duo l'air intrigué. Probablement un des nombreux serviteurs de la propriété.

- Vous cherchez quelque chose ? S'enquit l'inconnu, les sourcils légèrement froncés.

**Vos pommes connard.**

- Nous sommes en voyage dans la région, et on avait trouvé dommage de ne pas venir contempler une telle merveille... un vrai chez d'œuvre architectural à vrai dire, le violeur jaugea le bâtiment avant de poursuivre, Et pour tout vous dire, nous sommes un peu à cours d'argent pour poursuivre notre route. Vous devez avoir besoin de beaucoup de personnel pour entretenir la propriété, alors quelques mains de plus vous intéresseraient ? Une main d'œuvre saisonnière, juste de quoi nous faire gagner assez pour repartir vous voyez ?

Pour son discours il avait adopté son air bien sous tout rapports, étrangement convainquant. Il espérait que Yoru aurait l'intelligence de faire de même pour appuyer ses dires et leur donner de meilleures chances d'obtenir le résultat voulu : un aller simple pour les petits secrets de celles qu'ils s'apprêtaient à voler.

- Suivez-moi, avait simplement répondu l’esclave à Liam avant de s’approcher des grandes grilles dorées pour les ouvrir, non sans un grincement.

Le jardin des Héséprydes étaient tout bonnement gigantesque. A l’avant de la demeure, le gazon tondu à ras étaient fendu par plusieurs sentiers de graviers immaculés, l’un menant à la terrasse, mais les autres se dispersant pour rejoindre un bassin en marbre semblable à une piscine, ou encore un kiosque sur lequel trônait une longue table et un dispositif archaïque de barbecue. Quelques massifs de fleurs s’élevaient ponctuellement, méticuleusement disséminés pour agrémenter le décor sans le surchargé. A l’arrière de la résidence, de hautes haies d’arbres fruitiers ou décoratifs traçaient des sentiers sinueux qui constituaient, pour tout novice, un véritable labyrinthe qui conduisait jusqu’aux pommiers particuliers des Héséprydes. C’est dans cette partie que s’agitait quotidiennement la plus grande partie des esclaves, soignant les fruits et la végétations et assurant la surveillance des pommes d’argent.

Si le jardin était grand, le palais ne l’était pas moins. Ses arcs-boutants étaient enlacés par du lierre fleuri dont les pétales blancs dansaient au gré du vent. Les colonnes romaines se voyaient ligotés par des lianes de roses rouges sans épines qui envahissaient la façade jusqu’aux premières grandes fenêtres colorées. Il y avait un parvis de plusieurs marches qui amenait à une vaste terrasse en marbre sur laquelle étaient soigneusement rangées chaises et tables, ainsi qu’un bar pour l’heure désert. Le hall intérieur pourrait faire penser à la nef d’une cathédrale, les sièges en moins. En face de l’entrée large, un grand escalier grimpait vers les étages, tous visibles depuis le rez-de-chaussée, dessinant une série de balcons circulaires jusqu’au toit en clef de voute peint d’un tableau mythologique éclatant. De part et d’autres de ce hall impressionnant, d’harmonieux arc permettaient d’accéder à droite à une grande salle à manger décorée à la fois avec sobriété et une classe indicible, et à gauche à un vestibule qui amenait à un salon de réception avec tapisseries uniques et table en cristal.

L’esclave qui conduisait les deux voyageurs n’était pas bavard. Il évitait de croiser le regard des deux inconnus puis, lorsqu’il les eut amenés dans le hall d’entrée, appela les propriétaires afin qu’elles puissent venir à l’encontre de leurs visiteurs. Presque aussitôt, quatre silhouettes féminines se présentèrent depuis le haut de l’escalier en provenance du premier étage. Un grand sourire fendait chacun de leur faciès délicieux de façon totalement désarmante alors qu’elles s’empressaient de rejoindre les étrangers.

- Bonjour messieurs, commença l’une d’elle d’une voix suave.

Les quatre femmes s'appelaient Samara, Melinda, Sia et Temara. Toutes étaient incroyablement minces et élancées, dépassant Liam d'au moins une tête. Elles avaient une chevelure dorée qui scintillaient légèrement à la lumière, nattées et partiellement retenue par diverses pinces aussi décoratives qu'utilitaires. A chacun de leurs mouvements gracieux et aériens, quelques mèches libres dansaient avec une élégance légère. Chacune des Héséprydes avait également un long visage en forme de cœur, un nez pointu comme celui d'une fée et des lèvres d'un rose claire étonnant qui se mariait à merveille avec leur teint crémeux. Le plus surprenant dans leur apparence devait certainement êtres leurs yeux : ils étaient grand et en amande, surmontés de longs cils pailletés d'argent. Leurs iris étaient larges et mordorés, anneau éclatant autour d'une pupille noir de jais. On croirait le regard d'un aigle, vif et perçant, auquel rien, pas même le geste le plus subtil, ne pourrait échapper.

Elles étaient vêtues de robes antiques, légères et à moitié transparentes, laissant entrevoir les courbes de leurs corps souples. Samara, celle qui s’adressa la première aux visiteurs, offrait même un décolleté plongeant sur sa poitrine généreuse.

- Que nous vaut l’honneur de cette visite imprévue ? demanda-t-elle avec malice.
- Ce sont des touristes de passage dans la région mesdemoiselles, informa l’esclave, ils aimeraient travailler pour vous quelque temps.
- Vraiment ? s’étonna Sia.
- Travailler ? reprit Samara d’une voix enchanteresse. Voilà qui est original. D’ordinaire, les visiteurs veulent simplement faire un tour du propriétaire et s’en mettre plein vue.
- Ce qui n’est pas un mal, intervint Melinda, la seule des quatre Héséprydes qui avait un grain de beauté sous l’œil droit. Il faut dire que nous n’avons pas souvent de visite, et celles des étrangers sont généralement très intéressantes.
- Certes, trancha Samara en dévisageant Liam et Yoru de ses yeux perçants. Mais rien ne presse n’est-ce pas messieurs ? Venez donc vous installer dans le salon, on vous servira une boisson fraîche, vous vous présenterez histoire que l’on vous connaisse un peu mieux, et vous nous expliquerez cette volonté d’œuvrer entre nos murs.

La grande femme claqua des doigts avant de prendre la direction du salon, sa table de cristal luisant à la lumière du jour qui traversait les vitres. Les tapisseries flamboyantes donnaient l’impression de ce mouvoir au cœur d’une fresque épique, embrasant le tapis et les sofas visiblement confortable. Il ne fallut pas quelques minutes pour qu’une serviette vêtue d’une toge de lin blanc fasse son apparition par une porte dérobée, portant un plateau sur lequel trônaient six verres et un pichet d’une boisson mauve.

- On vous écoute, invita Samara avec un sourire charmeur, ses pupilles profondes fixés sur ses hôtes.

Le jardinier n'était décidément pas bavard, il leur ouvrit sans plus de question le portail en les invitant à les suivre. C'était trop louche pour que Liam se laisse aller à contempler les merveilles du parc et le cul rebondi des employées travaillant sur les arbres fruitiers un peu plus loin. Entrer aussi facilement n'était pas une bonne chose. Ça voulait juste dire que les propriétaires étaient persuadées que personne ne pouvait venir à bout de leur système de sécurité, et même si un défaut de méfiance dû à leur orgueil était une faille potentielle, ça ne faisait que souligner le danger qu'ils encourraient bientôt. S'il avait pu il aurait fait demi tour pour renégocier son salaire mais c'était trop tard, il était déjà dans l'ombre fraiche de l'entrée du palais.

A peine le temps de souffler que quatre femmes à la beauté irréelles descendirent de l'étage à défaut de le faire du ciel comme leurs visages angéliques auraient pu le faire croire. Leur plastique n'avait rien à envier à leur traits mutins, mais un détail mit fin au désir croissant du tueur. Son érection retomba comme un soufflé en empêchant du même coup son pouvoir de s'exprimer. Ces vêtements aguicheurs, ces obus débordants sans pudeur des décolletés, ces jambes sans fin, ces voix suaves incitant au vice... plus rien ne comptait que leurs yeux.

Lorsqu'il plongea son regard dans ces lacs d'or liquide Liam eut l'impression qu'il s'y perdrait pour de bon. Les pupilles étaient des puits sans fond dans lesquels on était irrémédiablement aspiré, mis à nu, dévoilé. Face à de tels yeux on se sentait faible, scrutés, soumis. On ne pouvait rien cacher à ces disques opalescents, ainsi lui criait son cœur. Ils courraient droit à leur propre perte, ainsi lui hurlait son âme. Et malgré tous ces sentiments violents qui se déchainaient dans l'enceinte de son crâne le taulard ne cilla pas.

- Avec plaisir. Converser avec des dames aussi charmantes est plus qu'un plaisir, c'est un honneur.

Il singea avec humour une courbette pour échapper un instant aux regards de leurs hôtes et se sentit aussitôt soulagé. Même s'il ne pouvait plus profiter de leur beauté en inclinant la tête vers le sol, il se libérait du poison que distillaient leurs yeux d'aigles étrangement perçants. Lorsqu'il se redressa les Héséprides s'étaient déjà détournées pour leur montrer le chemin du salon. Emplit d'un soulagement indicible il leur emboita le pas pour se laisser tomber dans un sofa d'un rouge flamboyant.

Regarder autour de lui était douloureux à force de lumière et de reflet et il fut bien forcé de reporter son regard vers celui de Samara qui les invitait à parler alors que ses yeux les transperçaient lui et Yoru comme des poignards. Elle les écoutait ? C'était le moment de mentir et de ne pas se louper, il n'y avait plus qu'à espérer que l'asiatique ne ferait pas tout capoter en laissant échapper un ou deux anecdotes révélatrices.

- Nous voyageons à 3 depuis quelques temps déjà, par la force des choses. On parcourt le monde sans but précis à vrai dire... et nos pas nous ont mené pour l'heure d'Elipse à Sextus puis jusqu'à vous. Notre dernier compagnon n'est pas un lève tôt et nous avons préféré le laisser dormir un peu plus longtemps mais vous aurez probablement le plaisir de le rencontrer un peu plus tard dans la journée.

Expliquer l'absence de Gabriel était une vraie plaie et Liam espérait du fond du cœur qu'aucune de ses choses à corps de femme ne désirerait s'enquérir de son lieu exact de résidence.

- Voyager coûte cher et nous voyons déjà le fond de nos bourses. Quand j'ai vu la magnificence de votre demeure et le nombre de vos employés j'ai tout de suite pensé que de la main d'œuvre supplémentaire ne pourrait pas faire de mal. Et puis... enfin...

Le violeur se pencha en avant, hésitant, arborant l'air de celui à deux doigts de faire une confidence. Et si c'était bien le cas il ne le faisait aucunement par sincérité mais plutôt par calcul... et parce qu'il savait bien que son premier pouvoir finirait par le trahir. Il souffla donc, l'air gêné :

- … nous sommes des voyageurs. Dans tous les sens du terme. C'est d'ailleurs pour ça qu'on roule autant notre bosse. Il est dur de trouver de nos jours un endroit où l'on ne tente ni de nous tuer, ni de nous vendre, ni de nous transformer en cobayes quand on découvre notre nature. Être différents n'est pas toujours bon.

Il avait volontairement fini son discours de manière à souligner la similitude entre leurs hôtes et eux. Si elles pouvaient éprouver des sentiments cela éveillerait peut-être en elles un peu de compassion... mais rien n'était moins sûr.

Yoru resta muet comme une tombe et s'était dit qu'il ne parlerai pas au taulard, jusqu’à leur approche du temple des Héséprydes. Il voyait bien que Liam hésita à plusieurs reprise de faire une remarque ou essayer de lancer la conversation mais il se résigna à plusieurs reprises. A quoi jouait-il? S'il voulait que tout se passe bien, il faudrait qu'il arrête son petit jeu pervers avec l'asiatique.

*C'est quoi son problème.. tsss*

Pendant tout le temps de la marche, l'asiatique ruminait des pensées noires à l'égard du taulard en prenant soin de toujours l'observer du coin de l’œil: On ne sait jamais! Une fois sur place, Liam commença à parler à un jardinier à travers la grille du palais des Héséprides. De son côté, Yoru resta bouche bée face à cette demeure. Il savait à présent l’ampleur du pouvoir des Héséprides et de leur richesse. Surprit par l'immensité et par la beauté de cette demeure, l'asiatique laissa s’échapper un "wooahhh" fasciné. Son regard, tel celui d'un enfant découvrant ses jouets à Noël, ne pouvait pas choisir entre les jardins, le palais puis les jardins, etc... Cette maison était splendide, Yoru en bavait presque devant toute cette richesse. Il rêverait d'être riche de la sorte!

L'hypocondriaque fut tiré de toutes ses pensées quand il entendit Liam et ses mensonges. Il suivait le petit jeu de ce dernier avec attention lorsqu'il s'adressa au jardinier. Il prétendait qu'ils étaient des touristes à court d'argent voyageant au quatre coins de Dreamland. Il faisait ça avec conviction et Yoru lui même serait enclin à le croire, ce qui ne le rassura pas en ce qui concernait la réelle personnalité de Liam. Il était bizarre ou plutôt ambigu disons, un brin pervers, menteur et voleur! Super comme coéquipier!-_- Malgré tout ou plutôt grâce à lui, les deux voyageurs entrèrent, guidé par ce dit jardinier.

De l’intérieur tout était encore plus beau et de plus en plus Yoru stressait. Il ne savait pas à quoi s'attendre, n'était pas sûr de leur petit jeu, si cela marcherait! Il avait presque envie de faire demi tour. La présence de Gabriel aurait au moins pu l'encourager mais malheureusement, elle n'était pas à envisager. L'heure de leur rencontre avec les Héséprides était imminente! Les 4 femmes en question descendirent les escaliers et accueillirent les 2 voyageurs avec amabilité. Leur grandeur, leur richesse et leur beauté était dérangeante. L'asiatique se forçait à tenir son regard droit des les yeux de l'une d'entre elle, celle avec le grain de beauté sous l’œil. Et il s'obligea à rester réactif à chacune de leur paroles pour ne pas paraitre suspect ou stressé, ce qui pourrait compromettre leur venu ici.

Au "bonjour" de Samara, l'asiatique s'inclina respectueusement devant ses 4 dames afin de les saluer à son tours. Il dissimula son soulagement lorsque Liam décida de prendre la parole en premier. Cette première rencontre, c'était comme un entretien d’embauche ou un oral examen. Il ne fallait pas stresser au risque de tout faire capoter, il ne fallait pas se louper, rester convainquant et tenir son propos jusqu'au bout! Le fait que le taulard prenne la parole en premier fixa les bases de ce que Yoru devait prétendre à son tour.
Ce dernier décida de se lancer à son tour pour ne pas paraitre trop timide ou réservé, il dit alors d'une voix sereine:

-C'est exact, mon ami Liam (Il insista sur son prénom) à tout résumé! Je m'appelle Yoru et je tiens à vous féliciter pour la magnificence de votre demeure. C'est incroyable, vraiment! Mais je suppose qu'on a du vous le dire des millions de fois!


L'asiatique plus stressé que jamais avait les jambes tétanisées sur place, crispées comme pas possible. En apparence, cela ne se voyait pas car il arborait un sourire artificiel mais convainquant. En réalité Yoru avait une de ces envies de crier tout ce qu'il pouvait et de courir loin, trèès loin! Il continua néanmoins sur un ton plus doux:

-Travailler ici serai un honneur pour nous, et cela nous permettrait de continuer notre chemin vers d'autres villes et continents. (Il se mit à perler un ton plus bas) Nous savons que les voyageurs ici ne sont pas les bienvenus et loin de nous l'idée de vous ennuyer, nous resterons discrets bien évidemment..!

A cours d'arguments, Liam avait tout dit, il regarda alors ce dernier avec insistance afin qu'il reprenne la parole.

Les sourires des quatre femmes s’étaient élargis au fur et à mesure que parlaient les deux voyageurs. Lorsque Liam se pencha vers elle pour leur confier leur nature d’un air gêné, Sia le dévisagea avec une moue presque compatissante avant de tourner ses grands yeux en amande vers ses camarades. Temara buvait délicatement son breuvage avec cette grâce inexplicable propre à la noblesse alors que Samara fit un signe de tête pour inviter ses hôtes à continuer.

Le compliment de Yoru fit légèrement rire Melinda qui l’enveloppa totalement de son regard perçant. Rien ne pouvait leur échapper et bien qu’il souriait de façon convaincante, la crispation de son corps raidit par le stresse était aussi visible pour les Héséprydes que son nez au milieu de ses traits exotiques.

- On nous l’a mainte fois dit oui, acquiesça Sia avec clignement de ses cils pailletés d’argent.

L’asiatique réitéra leur souhait de travailler dans le palais. Cette fois, les sourires enchanteurs des jeunes femmes se dissipèrent légèrement, laissant place à une expression impassible, voire même un froncement de sourcils chez Temara qui donnait soudainement à son visage angélique des traits étrangement durs.

- Nous comprenons ce que vous endurez, commença Samara avec douceur, une main délicate posée sur son cœur. Nous même avions dues être cloitrées dans ce palace pour nos différences sans doute… à vrai dire, il y a tellement de temps que nous sommes ici que le pourquoi nous échappe.
- C’est la raison pour laquelle les touristes nous ravissent, confia Sia. Ils apportent avec eux un extérieur que nous ne verrons peut-être jamais, et parfois même sont des divertissements intéressants et enrichissants.
- C’est vrai, confirma Melinda. N’ayez aucune crainte avec nous.
- Je m’interroge même sur votre empressement à quitter la région, intervint Temara. A vous entendre, vous n’avez aucune obligations nulle part, ni aucune raison de fuir notre hospitalité, alors pourquoi tant de hâte au labeur ?
- Ma sœur a raison, renchérit Samara, pourquoi ne pas profiter d'un peu de détente parmi nous ? J’insiste même pour que vous acceptiez d’être nos invités pour au moins un jour ou deux. Nous réfléchirons ensuite à une manière de vous faire participer à la vie du palais mais…
- Nous n’avons pas besoin de main d’œuvre, trancha Temara. Nos esclaves s’en sortent parfaitement bien.
- Certes, tempéra Sia, mais… pourquoi ne pas rendre service à ces voyageurs ? Après tout, ils sont déjà bien marginaux de demander à nous aider, ce serait une insulte de leur refuser leur requête.

Un silence méditatif lia les quatre jeunes femmes qui se concertèrent de leurs regards perçants. Leurs yeux bougeaient si rapidement qu’elles ressemblaient à des oiseaux de proie infailliblement à l’affût. Même sans que leurs pupilles ne soient tournées vers eux, quel certitude y avait-il que les deux hôtes ne soient pas malgré tout dans leur champ visuel ?
Ce fut le trac de l’hypocondriaque qui incita la réponse de l’ainée du groupe :

- Voyons, détendez-vous monsieur Yoru, nous n’allons pas vous manger. Nous ne sommes pas… cannibales.

A ces mots, avec un sourire taquin, elle leva son verre et but une longue gorgée avant de poursuivre :

- Votre ami est lui aussi le bienvenu, qu’il arrive quand il le souhaite. En ce qui vous concerne, je vais donner l’ordre que vous soit préparée une suite. Avez-vous des préférences pour le repas de ce midi ? Nos cuisiniers sont fabuleux, ils parviendront sans aucun doute à vous satisfaire.
- Nous pourrions même vous faire visiter le château et ses jardins. Vous pourriez profiter de la piscine, consulter la bibliothèque, vous divertir dans notre salle de jeu…
- Et nous comptons bien entendu sur vous pour nous raconter votre voyage tout à l’heure. Vous m’avez l’air d’hommes d’expériences qui ont plus d’une aventure à conter à de… pauvres prisonnières comme nous.

Cette dernière déclaration de Melinda, lâchée d’une voix suave et sensuelle était significative. Les Héséprydes avaient soif de récits, d’originalité et de divertissements, mais elles n’étaient pas dupes. Les quatre paires d’yeux perçants braquées sur Yoru et Liam voulaient clairement dire que l’invitation n’était pas discutable et qu’ils seraient très inconvenant de refuser.

Son... ami ? Liam tiqua à ce mot mais ne dit rien, se contentant d'un regard moqueur qu'il ne chercha même pas à cacher à leurs hôtes. Ils avaient dit qu'ils voyageaient ensemble par la force des choses, pas par choix. Faire croire qu'il était en bons termes avec ce gamin représentait trop d'efforts pour trop peu d'avantages. D'ailleurs sa nervosité allait finir par leur causer du tord. Il aurait peut-être mieux valu lui laisser sa servante pour qu'il se détende un peu la nuit précédente...

Le bridé en faisait des tonnes et dégoulinait de servilité en étalant couche de flatterie sur couche de flagornerie, sans oublier de saupoudrer le tout d'adulation naïve. C'était un peu trop mais ça ne sembla pas déranger les Héséprydes qui rirent même de l'émerveillement du jeune homme. L'évocation du travail fit par contre bien vite disparaître les sourires éclatants et aussitôt les yeux du taulard s'étrécirent. Il allait falloir la jouer serré. Leurs yeux en disaient bien plus long sur leur véritable caractère que leurs mots et leurs visages, elles n'étaient pas dupes. Pas encore au courant de leur véritable but mais leur insistance était de toute évidence louche. Il allait falloir la mettre un peu en veilleuse de ce côté.

Les paroles fusaient du côté des demoiselles alors que Liam et son collègue sombraient dans un mutisme attentif. Elles n'avaient pas l'air d'accord sur leur sort mais le jugement fini par être rendu : ils seraient leurs invités. Et qu'ils le veuillent où non vu le regard explicite que leur lancèrent en cœur les quatre femmes.

- Je crois que vous l'impressionnez beaucoup. Il n'a pas encore croisé votre pareille et je crois que je serais dans le même état si je n'avais pas déjà connu Asmodée.

Le tueur se pencha pour se saisir du pichet et remplir l'un des verres vides. Il s'en saisit une fois plein et l'agita légèrement pour faire tinter les glaçons, après quoi il goûta au liquide qui s'avéra délicieux. Il porta son regard un instant sur l'Hésépryde la plus proche de lui qui le fixait sans ciller. Il devait encore répondre à l'invitation mais ces mises à l'épreuve sur mises à l'épreuve commençaient à l'agacer sérieusement.

- Je souffrirais de vous causer une quelconque déception en refusant votre invitation, néanmoins... nous ne pouvons vraiment pas nous attarder plus que quelques jours. Nous avons tous quelqu'un qui nous est cher à retrouver, et je ne le pourrais en profitant trop longtemps de votre généreuse hospitalité.

L'image d'Ella s'imposa à son esprit et ce fut une véritable grimace chagrine qui déforma ses traits. Mettre un peu de vrai dans les mensonges ne faisaient que les rendre plus crédibles, il le savait bien. Mais il fallait désormais ramener la conversation sur le détail qui avait attiré son attention dans leur discours. Elles se disaient prisonnières, cloitrées. Dans leurs bouches ces mots ressemblaient à de mauvaises plaisanteries mais ça expliquait pourtant parfaitement leur attrait pour les voyageurs de toutes sortes, de ce monde ou de l'autre.

Le violeur bu une nouvelle gorgée avant de reposer son verre et de se passer la main dans les cheveux. Il avait l'air d'un homme en proie à l'indécision, et après un longue pause il finit par reprendre :

- Mais pourquoi vous qualifiez vous de prisonnières ? De ce que je vois vous sembler posséder gloire, beauté, richesse, pouvoir... qu'est-ce qui pourrait bien vous retenir ici ? Si vous le désiriez vraiment vous ne pourriez pas courir le monde pour en découvrir vous même les merveilles ? C'est bien triste de ne connaître Dreamland que par procuration au travers des quelques récits peut-être faux que vous font les gens de passage...

Il se força à plonger ses yeux noirs dans ceux flamboyants de Samara. Ne pas ciller, ne pas ciller...

- Vous pourriez nous accompagner.

Liam garda son sérieux une poignée de seconde puis partit dans un éclat de rire qui résonna dans la pièce aux dimensions colossales. Il ne savait pas si une telle approche pouvait marcher mais malgré la dangerosité que représentait ces jeunes femmes et leurs yeux dérangeant, son instinct de chasseur ne pouvait l'empêcher d'essayer de bousculer un peu leurs sentiments, voir leurs hormones. En mettre une dans son lit aurait d'ailleurs été une voie royale vers les pommes, mais ça semblait totalement du domaine de l'impossible.

- Je plaisante, je doute que vous soyez enclines à suivre de parfaits inconnus. Même pas charmants de surcroit, acheva-t-il d'une boutade avec un regard entendu vers le visage percé de partout de Yoru.

Le discours des deux voyageurs n'avait pas l'air très convainquant à en juger les regards et sourires complices que se lancèrent les 4 héséprides une fois que Yoru eut fini de parler. Quelque chose dans ce qu'il avait dit ne leur avait visiblement pas plus et leur sourires s'estompa significativement. Yoru était loin de s'imaginer qu'insister sur l'idée de travail pourrait les démasquer dans la mesure où ils souhaitaient réellement travailler pour elles! Elles devinrent méfiantes d'un seul coup comme si elles savaient d'avance que l'intention des voyageurs était de passer de leur côté pour en apprendre plus sur elles.. Et les pommes! Avaient-elles sentit la supercherie? En tout les cas, l'une d'entre elle, de ses yeux perçant, avait remarqué le malaise de l'asiatique si bien qu'elle lui en fit la remarque. L'hypocondriaque devint pale comme un linge et dut fixer son regard dans celui de Samara qui l'observait. Car un regard fuyant de sa part paraitrait encore plus suspect et il ne voulait pas tout faire foirer pour une histoire de stress.

Yoru prit une grande inspiration discrète, (bien sûr elles ont du la remarquer) et se ressaisit. Il afficha un sourire gêné en réponse à Samara et continua d'écouter le discours des Héséprides avec beaucoup d'attention, toujours alerte, hochant la tête et tentant quelques expressions du visage aux moments opportuns.


*Rester présent.. rester présent.. Avoir l'air confiant! J'assure.. j'assure..*

Pensa Yoru en boucle dans sa tête comme pour se rassurer personnellement. Liam prit la peine d'excuser l'attitude.. tendue de l'asiatique et ce dernier lui en fut reconnaissant. Dans son état stressé et encore surprit de l'aptitude à l'observation des Héséprides, il ne pourrai plus prendre la parole aussi naturellement qu'à l’accoutumé. Liam s'en sortait très bien pour cela. Comme s'il eut fait ça toute sa vie! Le blabla c'était pas pour lui, ce qui intéressait l'hypocondriaque, c'était l'action! Et il était loin le chemin vers les pommes...

Poser les questions à la place des Héséprides, et passer pour intéressé de leurs sort, était également une technique de Liam, saluée par l'asiatique qui se refusa un sourire en coin de peur que l'une de ces dames ne le remarque. Il se contenta de regarder faire son collègue sans rien dire mais tout en restant alerte et présent.

*Alerte et présent.. Alerte et présent...*

Yoru avait envie de disparaitre. Il se sentait comme dans une garde vue. Un interrogatoire bien que contourné par Liam. En somme c'était peut-être les 4 paires d'yeux rivés vers lui qui le mettait dans cet état de malaise permanent. Même les blagues douteuses de Liam lui
faisait l'effet inverse. De l'auto dérision, chouette, c'est parfait dans les moments où on a besoin d'avoir confiance en soi! *ironie* Yoru regarda alors le taulard et fit semblant de rigoler en essayant d'avoir l'air le plus sincère possible. Il se tourna vers les Héséprides pour communiquer sa gaité et essayer de détendre l'atmosphère tout en veillant à ce que cela ne soit pas trop "gros". En même temps Yoru se demandait dans sa tête ce qu'il allait dire à propos de leur voyage dans la mesure où les deux voyageurs n'avaient pas vraiment voyagé ensemble depuis leur arrivée à Dreamland. Son sourire s'estompa quelque peu pour accueillir les réponses des Héséprides. Qu'allait-elle dire sur leur "emprisonnement"? Peut-être accepteront-elles la proposition de Liam de leur faire visiter Dreamland ou tout du moins les alentours. Une excellente manière de faire diversion pour voler les pommes dans leur dos! A voir..

Liam excusa la gêne de Yoru en usant habilement de la beauté ensorcelante des Héséprydes comme prétexte. En nommant la propriétaire de la tour de la luxure, Samara leva brièvement les yeux au ciel alors qu’un sourire en coin étira discrètement ses lèvres roses.

- Cette très chère Asmodée, murmura-t-elle mystérieusement, sans qu’il fût possible de savoir si les relations des quatre femmes avec la gardienne étaient chaleureuses ou orageuses.

Le taulard poursuivit en glissant dans son discours factice la véritable peine qu’il éprouvait à être loin de sa petite rouquine. Sia porta ses mains à son cœur en signe de compassion, Melinda sourit amicalement et Samara plaça délicatement le dos d’une main sous son menton en signe de grand intérêt. Seule Temara restait de marbre, dévisageant le trentenaire et son compagnon muet et stressé avec une immobilité attentive qui donnerait presque l’impression qu’elle allait se jeter sur eux d’un moment à l’autre.

Après un instant visible de sincère hésitation, ce fut au tour de Liam d’interroger ses hôtes. Immédiatement, les grands yeux en amandes de Melinda s’étrécirent, et Sia cessa de sourire en reposant ses mains sur ses genoux. Seule Samara n’avait pas quitté son expression captivée, mais ses yeux mordorés brillaient d’un éclat mystérieux jusqu’à ce que la boutade de son invité lui laisse l’occasion de reprendre la parole avec une douceur amusée :

- Nous ne restons pas ici par simple plaisir ; un puissant sortilège nous retient à l’intérieur de la villa, nous ne pouvons pas passer les grilles. Peut-être un jour notre prince charmant les escaladera pour nous libérer de cette prison dorée, ajouta-t-elle avec un sourire malicieux tout en remplissant son verre, il aurait pu être vous si seulement votre cœur ne semblait pas déjà pris…

Sur ces mots, l’Hésépryde porta un toast avec élégance et bu une gorgée de sa boisson fraiche.

- Vous êtes les premiers depuis très longtemps à nous proposer de partir, c’est véritablement charmant, continua Melinda, je suis certaine que votre compagnie au palais sera des plus fabuleuses.
- Avoir quelqu’un à rejoindre est sans doute merveilleux, confia Sia d’une petite voix.
- C’est vrai, mais le luxe de l’amour ne semble pas nous être destiné.

Temara restait muette. Son attention était désormais réservée à Yoru : elle avait vu qu’il était à contretemps lors de la plaisanterie de son ami, exactement comme si son hilarité était feinte de toute pièce. Certes, il pouvait n’être que troublé de se retrouver face à quatre belles jeunes femmes, mais celles-ci ne devaient pas ignorer non plus qu’on avait à mainte reprise tenter de les voler… et certains s’étaient montrés encore plus mignonnets que ces deux voyageurs.

- De toute façon, reprit Samara, je le dis sans présomption, nous sommes le phare d’Héséprius désormais. C’est grâce à notre présence que cette ville est devenu un centre incontournable de l’art, nous en aller serait priver ces gens de la plus belle pièce de leur collection. Elle n’y survivrait peut-être pas.
- Voyons, coupa Temara sur un ton doucereux à faire froid dans le dos, tu risques d’encore plus effrayer nos hôtes en disant cela… tu sais bien que les femmes de pouvoir ne sont pas toujours rassurantes pour ces messieurs. Ce jeune homme semble déjà contrit de peur, conclut-elle en désignant Yoru d’un geste ample et élégant.

L’attention des quatre paires de grands yeux fut instantanément reportée sur l’hypocondriaque. Le sourire hospitalier de Samara s’élargit mais elle ne quitta pas sa posture d’intéressée qui faisait une succincte référence au penseur de Rodin.

- Ma sœur a raison, je suis navrée. Que diriez-vous de vous détendre dans notre piscine alors ? Deux esclaves vous masseront et seront à votre service. Prenez tout votre temps ! De notre coté, nous allons superviser la préparation de vos suites et de votre déjeuner.

L’Hésépryde se leva pour signifier que l’entretien était terminé et qu’elle ne souffrirait plus aucune question personnelle. Sans qu’aucune demande ne fût formulée à haute voix, deux jeunes hommes d’à peine 20 ans se présentèrent dans le salon, vêtus de vêtements de toile simples et aérés. Ils avaient la mine soumise des jeunes esclaves dévoués et apeurés. Avec un geste doux presque maternel, Samara les prit par les épaules pour les présenter :

- Ted et Neb seront vos serviteurs. Si vous le désirez, après votre baignade, ils pourront vous faire visiter les jardins ; vous devez déjà savoir que nous avons quelques merveilles qui valent d’être vues. Lorsque vous voudrez nous revoir, il suffira de leur demander de venir nous chercher.

Délicatement, elle les poussa vers Liam et Yoru, les obligeant alors à lever leurs yeux noirs fuyants vers les deux voyageurs.

- Le pouvoir ne peut que voir rendre d'autant plus fascinantes. S'effrayer de se genre de choses ferait de nous de terribles phallocrates, rétorqua Liam avec un demi sourire tout en levant son verre pour boire de nouveau.

Chaque réaction des héséprydes était source de tension, mais certaines semblaient plus amicales que d'autres. Si Samara semblait plus plus gentille, s'il était possible que ces créatures le soit, Temara était la plus suspicieuse de toutes. Les regards perçants dont elle dardait Yoru n'étaient pas pour rassurer le taulard qui doutait de plus en plus de la capacité de son collègue à tenir la route. Pitié qu'il ne fasse pas de bourde ! Il noya son angoisse naissante dans une nouvelle gorgée d'alcool qui lui permit de chasser un peu la désagréable sensation de ne rien contrôler.

Le fait que les quatre jeunes femmes soient réellement emprisonnées compliquait grandement les choses; Si seulement il avait pu les éloigner de la propriété ils auraient eut le champs libre pour cambrioler leur si célèbre verger, mais cette douce idée venait de s'envoler définitivement. Si elles n'avaient rien pu faire contre ce sort, aussi puissantes qu'elles semblaient l'être, penser qu'un voyageurs dans son genre pourrait y arriver tenait de la blague.

La proposition de la piscine arriva à point nommé. Supporter ces 4 paires d'yeux plus longtemps aurait été un vrai travail d'Hercule et s'y soustraire se révélait être une véritable bénédiction. Va pour le bain et les massages ! Même si les esclaves qu'on leur octroya semblaient terrorisés et tout bonnement coincés, Liam ferait avec.

- Nous acceptons avec plaisir votre invitation, mais j'espère avoir de nouveau bientôt le plaisir de converser avec vous. Les rencontres aussi charmantes que vous l'êtes ne jonchent pas nos routes...

L'ex-taulard prit le plus proche esclave par l'épaule et ajouta à son adresse d'un ton jovial :

- Et bien Ted ! Tu as l'air tendu ! Je crois que toi aussi tu as besoin d'un bon massage !

Ils s'éloignèrent bien vite en direction de la piscine, disparaissant du même coup du champs visuel des héséprydes. Le tueur en ressentis un soulagement tel qu'il faillit avoir une érection. Leurs pas les amenèrent près d'un immense bassin aux eaux azur, le fond tapissé d'une mosaïque tout bonnement divine. Des jets d'eau formaient des arcs intermittents deux mètres au dessus de la surface dans une sorte de ballet aquatique. Des colonnes de marbre blanc couvert de ceps de vigne jouxtaient le bassin pour offrir une ombre fraiche à la table qu'elles surplombaient et qui était pour l'heure couverte d'une multitudes de fruits frais. Pour compléter ce charmant tableau des tables de massages étaient déjà prêtes pour qu'ils s'y laissent tomber et succombent aux délices de la friction de deux corps.

Liam s'assit sur la table de massage la plus proche, ses jambes pendant dans le vide. D'ici ils avaient une vue imprenable sur les jardins et même sur le bosquet qui abritait probablement les pommes. Des esclaves semblaient s'activer de ce côté mais le taulard évita de laisser son regard vagabonder trop longtemps de ce côté. Ça risquait de devenir suspect. Mieux valait se concentrer sur les esclaves qui pourraient peut-être leur fournir quelques détails si le questionnement se faisait assez subtil.

- Ça doit être génial de vivre dans un cadre pareil... vous êtes ici depuis longtemps ?

Le jeune homme baissa ses yeux noirs vers ses mains entrecroisées sur son ventre. Impossible de dire s'il était muet ou juste intimidé, mais il en fallait plus que ça pour arrêter un Liam Baldwin lancé à vive allure. Le taulard retira sa chemise et son pantalon pour se retrouver en caleçon, puis s'allongea sur le ventre et ce sans s'arrêter de parler un seul instant avec cette désinvolture totalement désarmante.

- J'allais vous demander votre salaire mais je suppose que vous êtes plutôt de ces employés qu'on ne paie pas hein ? J'ai connu aussi, on m'avait vendu à Sextus. Ma maitresse était magnifique mais c'était pour ainsi dire une femme... très peu correcte. Vous faites quoi au juste ici ? Vous vous occupez juste des invités ou vous faites aussi un brins de ménage et de jardinage ? Vu la taille de la propriété vous devez avoir du boulot de l'aube jusqu'au crépuscule... bon Yoru tu te décide à te poser ou tu attends qu'on t'y invite ?

Alors comme ça, les Héséprydes étaient prisonnières d'un sort qui les maintenait enfermés dans cette demeure. Pas vraiment horrible comme prison mais il est vrai qu'elles devaient s'ennuyer. A la suite de cette révélation, les 4 femmes proposèrent aux voyageurs d'aller se détendre près d'une piscine avec les services de Ted et Neb, leurs esclaves masseurs, pendant qu'elle allaient superviser le déjeuner.
Pas de refus. Yoru fit volte face et ainsi les Héséprydes quittèrent son champs de vision. Chose qui le soulagea d'un coup, comme si l'on eut enlevé un lourd poids de ses épaules. L'asiatique souffla et s'éloigna aux côtés de Liam et des 2 esclaves. Le taulard ne tarda pas pour profiter des tables de massage et de son esclave. Yoru était un peu plus en retrait, le regard observant l'architecture intérieur du palais, les fontaines, le paysage, la superbe piscine, la splendeur lointaine des jardins qui semblaient s'étendre à l'infini.

-Grandiose..

Souffla-t-il de manière inaudible. Étrangement, la beauté de cet environnement paisible n'apporta pas la paix, ni la sereinement à l'esprit de Yoru et bien vite cela eut l'effet contraire. Les épaules de l'hypocondriaque, déjà bien crispées auparavant l'étaient encore plus à présent. Le cadre était magnifique, trop beau, il en devenait suspect. Yoru devenait-il paranoïaque ou était-ce simplement du au fait qu'il n'avait pas l’habitude de ce genre de visite?

-Faut que j'me détende j'crois..

Sans se soucier de la remarque de Liam à son encontre, l'asiatique s’essaya sur la table de massage et ordonna à l'esclave:

-Mec, s'teu'plait. J'ai pas l'habitude de d'mander ça mais faut que tu me débloque le dos là.. J'suis un peu crispé et comme t'es masseur, bah fais ton boulot..

L'hypocondriaque retira son haut laissant apparaitre tout ses tatouages tandis que l'esclave s'exécuta et bien que Yoru n'aime pas le contact d'autres mains que les siennes sur son corps, il fallait avouer que ce massage était rudement agréable et nécessaire. Au début il grimaça à ce contact mais s'en accommoda bien vite, le plaisir d'être massé prenant le pas sur ses réticences d'hypocondriaque. Les deux serviteurs des Héséprydes semblaient bien silencieux, même malgré les questions de Liam. Ils semblaient même hésitant à répondre comme s'ils avaient peur de représailles. Yoru profita de ce silence pour lancer à Liam..

-Il faudrait surtout leur demander ce qui les à amené ici!

Puis il s'adressa aux esclaves:

-C'est vrai.. Vous êtes leurs serviteurs.. Vous semblez mort de peur et submergé de boulot.. Pourquoi vous restez ici? Un sort vous retient ici aussi? Loin de moi l'idée de vous donner des envies de fuite..

Le massage de Neb était divin et l'asiatique le remercia une fois qu'il fut achevé.Son dos était débloqué, détendu.. Il se releva et s'approcha de Liam en se rhabillant pour dire:

-Ahhh merci Neb! Je me sens rudement mieux! Neb! Dehors tu pourrais ouvrir ton salon de massage, ça ferait un carton! (il regarda Liam) Ah! Nan mais taleur c'était insupportable..! comme une puissance invisible qui t'écrase et qui t'absorbe en même temps. Maintenant j'vais mieux!

Yoru mima cette phrase de grands gestes très significatifs, presque comique. Il n'avait pas dit de quoi il parlait, exprès. Il souri le regard confiant.