Hypnose : l'Exil
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 Sur les eaux de l'esclavage

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Diane Hargreaves

Diane Hargreaves


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MessageSujet: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeJeu 19 Nov - 8:14

En provenance de San Factody.

Diane avait hoché faiblement la tête. Que pouvait-elle faire d’autre ? On l’avait menacée de plein de choses dans sa vie. De la frapper, de la dénoncer, de la rejeter, de la licencier… mais ça n’avait, presque toujours, été que des paroles motivées par l’incompréhension de ce qu’elle était. Et puis, ce n’étaient que des mots aussi, souvent. Là, elle sentait dans tout son corps androgyne que cet homme ne rigolait pas. Comment son existence avait pu basculer ainsi ? Elle se croyait comme dans un rêve d’où elle ne se réveillait pas.

L’entrevue semblait en tout cas être terminée. On lia les mains des prisonnières et elles furent rudement emmenées vers l’arrière d’une voiture. Trop passe-partout songea la trentenaire avec regret. Personne ne les arrêterait, ou ne les contrôlerait. D’ailleurs, y avait-il ce genre de choses ici ? Y avait-il eu des témoins de leur enlèvement ? Est-ce que les autorités étaient à leur recherche ?

Les pensées de Diane s’étiolèrent. Quand elle vit l’espace dans lequel on voulait la mettre, elle résista plus que de raison, malgré sa faiblesse, murmurant des « non, non, s’il vous plait » absolument inutiles. Les hommes durent s’y prendre à deux pour la faire rentrer dans le coffre. Même là, elle se débattit, chercha à redescendre, mais la porte s’était refermée. Sa respiration s’accéléra alors, paniquée, saccadée. Son regard bleu croisa celui de Fanny, désemparé, mais aucun mot ne franchissait plus ses lèvres, alors elle ferma les yeux.

Ce fut certainement le voyage le plus long de son existence. Ce n’était pas les nids de poule et autres cahots qui la dérangeaient, bien que son corps fût rapidement brisé de douleur. Ce n’était même plus la présence des ravisseurs de l’autre côté de la vitre, de leurs respirations lourdes et de leurs discussions répugnantes. Non, c’était sa peur profonde, qui lui faisait perdre la tête. Combien de fois eut-elle l’impression d’étouffer ? Combien de fois avait-elle reprit sa respiration bruyamment, comme une noyée qui sort enfin de l’eau ? Elle avait martelé les parois de ses pieds, mais rien à faire : la voiture avait filé. Vers la mer.

Quand le véhicule s’arrêta enfin, la blague de Fanny tomba à plat. Diane n’avait pas le cœur à rire. Elle était blanche comme une craie, secouée de tremblements, l’air un peu hébété et respirant péniblement. Quand on la tira hors du coffre, ce fut comme une libération ; la journaliste en aurait presque embrassé son geôlier ! Presque. Ses cheveux blonds échevelés masquaient presque entièrement son visage, elle inspirait à grande bouffée, aveuglée par la lumière du soleil en ascension dans le ciel nuageux. Pour avoir vécu presque toute sa vie à quelques pas de l’océan pacifique, la trentenaire reconnaissait les embruns, l’odeur du sel, le cri des mouettes, le clapotis des vagues. Ce n’était pas qu’un lac ici.

Les voyageuses furent traînées vers un bateau. Une espèce de chalutier en fait, mais débarrassé d’une grande partie du matériel de pêche. Diane n’avait pu lire ni le panneau indiquant les lieux, ni le nom du  bâtiment, on la poussa à l’intérieur. Les entrailles du navire étaient étroites, suffisamment pour l’inquiéter, mais avec assez marge de mouvement pour qu’elle ne crise pas. Elle était surtout mal à l’aise et se promit de passer le plus de temps possible sur le pont.

On les abandonna dans une petite pièce au confort minimal après avoir délié leurs mains. La trentenaire massa ses poignets douloureux et tachés de sang coagulé. Elle rêvait d’une douche mais se contenterait de pouvoir se laver ses mains et ses blessures. Fanny la prit de court en demandant si elle avait une idée. Une idée pour quoi exactement ? Elle venait, tout comme elle, d’être déposée dans un bateau qui courait vers l’esclavage et ce n’était pas pendant sa crise claustrophobique qu’elle avait échafaudé un plan.

- Je…

Pas le temps de finir : leur intimité était bafouée par un homme de main porteur de mauvaise nouvelle. Diane voulut s’offusquer et affirmer que jamais elle ne s’abaisserait à se trémousser devant un pervers, mais avait-elle un autre choix ? Elle attrapa d’un air dégoûté la tenue qui se composait d’un string, d’un bandeau pour les seins et d’un voile de tulle à clipser sur le tout. Génial. Elle pourrait être à poil, ce serait la même chose.

- Est-ce que au moins je peux me laver les mains ? Demanda-t-elle courageusement. Devant l’hésitation de leur garde, elle précisa en montrant ses poignets ensanglantés, ce n’est pas très… « sexy ».

Elle s’effraya elle-même de l’audace qu’elle retrouvait. Heureusement, le gorille ne releva pas l’affront et lui indiqua une porte minuscule au fond de la pièce qu’elle n’avait pas encore vu. Alors qu’elle s’en approchait, les méninges de la journaliste recommençaient à tourner à plein régime. « Comment s’enfuir ? Comment s’enfuir ? ». Pour l’instant elle ne voyait que deux grandes solutions : tuer l’équipage et récupérer le chalutier – sans commentaire – ou s’enfuir avec un des canots de sauvetage – s’il y en avait.

La trentenaire eut un instant d’hésitation. La pièce qui servait de toilette-salle de bain était tellement exigüe qu’elle n’y tiendrait pas debout. Elle voulait renoncer mais sentait peser sur son dos, ou sur ses fesses, le regard du ravisseur et ça la dégoutait. Prenant une grande inspiration Diane s’aventura à l’intérieur et poussa la porte derrière elle, la laissant à peine entrouverte. Alors, au moment où elle sentit venir une nouvelle crise de claustrophobie, le monde parut s’étirer, s’étirer, s’étirer… ce fut la sensation de ses chairs qui se condensait, et surtout le fait qu’elle finisse par se perdre dans ses propres vêtements qu’elle comprit : c’était elle qui venait de rapetisser !
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Fanny Melycena

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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeLun 23 Nov - 15:26

"Arrive de Enchanté San Factory"

Fanny avait beau considérer comme un peu potache sa camarde d'aventure, enfin, de galère, elle éprouvait tout de même un minimum de respect envers sa personne. Les efforts accomplis pour maîtriser sa phobie et ne pas partir en crise s'avéraient être à souligner dans le bon sens. Et puis en fait, ça l'arrangeait bien de ne pas avoir de soucis supplémentaires à gérer.

Quoi qu'il en soit, il est bien dommage que la situation présente ne s'y prête pas, puisque sinon, la vue du corps nu de sa petite camarade l'aurait bien plus émoustillée que présentement. Heureusement que le manque de sexe ne se faisais pas trop sentir pour le moment... Fanny savait se contrôler, au moins un minimum. Mais l'envie de toucher la peau des autres ça, c'était une autre histoire. Son pouvoir l'en empêchait, et cela la rendait folle. Elle en avait besoin. Autant dans le monde réel, il y avait pleins d'excuses pour toucher le corps des autres, mais là, aucune chance... Oh qu'elle s'en donnerait à cœur joie dès qu'elle réussirait à annuler son pouvoir.

Complètement perdue dans ces pensées, elle fut ramenée à la réalité par la question de Diane. Regardant ses propres poignets abîmés, elle put effectivement se dire que l'idée n'était pas idiote. C'est ainsi qu'elle put observer sa camarade se diriger vers une petite porte au fond du couloir, malmenée par le regard porcin de leur « garde ». Il faut bien dire que les tenues ne cachaient pas grand chose, et qu'il en profitait au maximum, encore plus lors du mouvement de fesses lors de la marche. Somme toute, Fanny s'avouait quand même que le déhanché de Diane était plutôt attirant...

Mais une fois la claustrophobe rentrée dans sa petite pièce avec – apparemment – quelques résistances, le regard du garde changea de cible. Ça en était des plus déplaisait pour la dermatophile qui les lui aurait bien crevé les yeux – de manière lente et douloureuse bien sûr. L'égorger lentement après l'avoir dépecé vivant semblait une idée des plus intéressante aussi...


Cela faisait déjà un certain temps non négligeable que Diane s'était enfermée – enfin, la porte était entrouverte – dans la pièce, mais ne semblait pas vouloir en ressortir. Sans compter qu'il n'y avait pas de bruit d'eau, donc pas de lavage de main quel qu'il soit. Le garde, commençant à s'impatienter fortement, parti d'un pas lourd vers la pièce en râlant d'un langage très fleurit sur ce que pouvait bien « faire » la demoiselle au dedans. Sans réellement d'hésitation, il ouvrit la porte – pour ne rien trouver d'autres que les vêtements (enfin, vêtements, c'est un grand mot...) de la claustrophobe.

Avec cette découverte, il en resta bouche bée, Fanny aussi tant qu'à faire. À en croire ce qu'elle voyait de loin, il n'y avait aucun moyen de s’échapper de cette pièce, tout du moins pour toute personne taille humaine. À moins que... ? Peut être pourrait-ce être là une manifestation du pouvoir de Diane ? Mais le garde, n'ayant pas vraiment de bonnes capacités de raisonnement se retourna, furieux, et attrapa Fanny qu'il – pratiquement – traîna derrière lui. Suivant difficilement le rythme – en même temps, difficile de se déplacer avec facilité dans sa situation – la dermatophile fut amenée à « l'étage », dans une grande pièce et jetée au sol. Le « patron » était présent, ainsi qu'un certain nombre de garde, et une jeune femme au regard triste et pitoyable, comme brisé depuis longtemps. Elle portait aussi une tenue similaire à Fanny, et était affalée au sol à côté du fauteuil du chef du groupe, attachée pas une chaîne allant de son cou au dossier.

Le garde s'exclama, hargneux, et en hurlant :

- Cette pute a détournée mon attention pour permettre à sa copine de se faire la malle ! Je sais pas où elle est passée ! Elle était dans la salle d'eau de leur palier, et paf, plus rien. Elle pouvait pas se casser sans passer devant moi !

Une veine poussa instantanément sur le front du patron, qui ordonna quelque chose du genre « de jeter cet incapable par dessus bord » avant de se lever et de s'approcher de la voyageuse avec un regard évoquant une contrariété et une colère froide.

- Où est-elle passée ? fut la seule phrase posée par l'homme avant qu'il ne rajoute : Tu dois bien le savoir, non ? Tu es sa camarade. Je suppose que tu connais aussi ses pouvoirs. Dis moi – maintenant – ce qu'ils sont.

Ne sachant pas répondre, ne pouvant pas nécessairement non plus, Fanny tenta de se défendre, avec un ton peut être trop piquant :
- J'en sais rien, je l'ai rencontrée que le soir où on a été kidnappés par les autres idiots à qui vous nous avez acheté. Et à la limite, même si je savais, je vous dirai rien. Alors va te faire voir !

La chose n'aurait peut être pas dû être dites ainsi, puisque la jeune fille prit avant même d'avoir le temps de réagir une claque non négligeable avant d'entendre l'homme dire à ses hommes de fouiller le bateau de fond en comble. Et d'emporter l'autre fille – ayant le droit d'en faire ce qu'ils voulaient, comme d'habitude – pour remplacer par Fanny. D'après ses mots, il saurait la dresser pour la rendre obéissante.

Ne pouvant rien faire, de toute manière trop sonnée sur le moment, Fanny se retrouvée enchaînée au fauteuil, lançant un regard des plus glacial à l'homme. Son arrêt de mort était signé, et avec une chaîne, à la seconde où il s'approcherait, elle le tuerait en l'étranglant...


Dernière édition par Fanny Melycena le Lun 7 Déc - 14:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeMer 25 Nov - 19:06

Minuscule. Elle était minuscule. Si petite que les mailles de ses vêtements lui apparaissaient comme un lourd filet. Diane se débattit frénétiquement, prisonnière, terrifiée dans cet espace étouffant. Une fois libre, elle était essoufflée, échevelée, et le monde lui paraissait gigantesque. D’un air ébahi, elle observait le moindre détail : chaque mouton de poussière lui paraissait démesuré, les installations étaient titanesques, chaque fissure un trou où elle pouvait se tordre la cheville. Les vibrations du bateau, presque imperceptibles sous sa forme normale, était considérablement amplifiées. Tenir debout était une vraie bataille. La trentenaire serra son corps nu dans ses bras, plus insignifiante que jamais dans ce monde de brutes. Drôle de pouvoir qui lui permettait de se soustraire à sa plus grande frayeur…

Que pouvait-elle faire désormais ? Cette taille était un incroyable atout, mais pourtant, il lui était impossible de quitter le navire dans cet état. Peut-être pourrait-elle faire du repérage ? La journaliste n’avait aucune idée du temps que sa faculté durait, mais cette dernière lui conférait un courage tout neuf. Se morfondre et se soumettre ne faisaient plus parties de ses habitudes depuis longtemps : elle se battrait et essaierait tout. A pas prudents, Diane s’approcha de la porte entrouverte. La petite marche qu’il fallait enjamber auparavant était un véritable obstacle désormais ; il lui arrivait à la taille. Heureusement, ni Fanny, ni le garde ne la virent passer par-dessus et se faufiler sous les couchettes.

Bien. Et après ? Qu’avaient-elles comme solution ? Les hommes étaient environ six ou sept sur le chalutier sans compter leur boss. Les voyageuses étaient deux. Impossible de mener une mutinerie par la force alors, mais il y avait peut-être une petite chose à faire qui causerait une pagaille suffisante pour qu’elles inversent la tendance… ou s’enfuient sur un canoë de sauvetage.

L’avantage du gorille qui matait inlassablement sa cadette, c’est que la trentenaire put discrètement se faufiler entre ses grands pieds pour filer dans le « couloir ». Les entrailles du bateau étaient de toute façon très restreintes : à cet étage, simplement plusieurs cabines juxtaposées, la laverie et l’étroit escalier qui menait à la machinerie. Avec sa petite taille, il était impensable pour Diane de grimper ou descendre un étage. Le silence était de mise. La plupart des hommes devaient être affectés ailleurs : la surveillance des esclaves ou le bon fonctionnement du bateau.

Elle avait froid, mais ce n’était pas son principal problème actuellement. Son cœur battait à tout rompre. A n’importe quel moment, quelqu’un pourrait débouler, la trouver, voire même l’écraser sans aucune forme de cérémonie. Les deux premières portes étaient fermées : impossible de les ouvrir ni même de se glisser en dessous. La suivante néanmoins baillait en frémissant au rythme du bateau. La cabine à l’intérieur était remarquablement propre quand on songea qu’elle était occupée par des hommes travaillant dans le commerce de femmes. Il régnait toutefois une odeur de sueur et de sexe. Si la peur et les hurlements avaient un parfois, la journaliste était persuadée qu’on les sentirait aussi. Combien de filles étaient été violées ou humiliées ici ?

Hormis cela, la pièce était sensiblement semblable à celle qui avait été affectée à Fanny et Diane. A la différence que la literie paraissait plus confortable et que certains vêtements tout à fait décents étaient posés sur une chaise. La trentenaire allait s’en aller quand elle l’aperçut : un couteau suisse, dépassant au trois-quarts de la poche d’un des pantalons ainsi entreposés, prêt à tomber au moindre mouvement. Et si…

Elle se mordit la lèvre. Trop peu de temps pour prendre une décision. Trop peu de temps pour agir. Oserait-elle ? L’idée qu’elle puisse s’en servir pour tuer quelqu’un était ridicule – elle n’avait jamais fait ça – mais en cas de légitime défense ? Elle n’était pas une criminelle. D’ailleurs, ne risquait-elle pas que de s’attirer plus d’ennuis ? C’était une arme maigre, dérisoire, mais peut-être que couplée à la surprise, il y avait un espoir ? La claustrophobe regardait au dessus de son épaule. Personne n’arrivait, il fallait qu’elle se dépêche !

Du haut de ses trois pommes, elle courut jusqu’au tissu qui lui apparut étonnement épais et rigide. Elle dut l’attraper à pleines mains et secouer de toutes ses forces pour que l’objet de ses convoitises commence à frémir, bouger, glisser, puis tomber. Parée à cette éventualité, la journaliste plongea sur le côté pour éviter que le couteau-suisse ne lui tombe sur la tête. Le bruit fut assourdissant mais il fut couvert par un autre plus inquiétant : le garde qui venait de s’apercevoir de sa disparition et traînait Fanny à l’étage. Diane pâlit. Elle était encore trop petite ! Comment ramener sa trouvaille désormais ? Celle-ci était bien trop lourde…

Comme en réponse à son désespoir, son corps recommença à s’étirer dans un concert désagréable de craquements d’os et de crissement de peau. Aussi vite qu’elle avait rapetissé, la claustrophobe venait de reprendre sa taille normale. Piquée par l’adrénaline, elle ramassa le couteau-suisse et déguerpit en quatrième vitesse. Son cœur explosait dans sa poitrine décorée de tâches de son, des voix retentissaient à l’étage, mais personne dans le couloir. Ce coup-ci, elle put retourner dans sa cabine en deux enjambées et se réfugia – à contrecœur – dans la minuscule salle de bain.

Fermant les yeux pour essayer d’ignorer l’espace confiné qui l’étouffait, elle enfila rapidement – et fébrilement –sa tenue d’esclave et dissimula sa trouvaille dans le bandeau qui couvrait ses seins. Elle eut tout juste le temps de s’assurer que personne ne pourrait découvrir la supercherie que des pas lourds remplissaient la pièce voisine. Quand ils la découvriraient, elle jurerait ne pas avoir bougé !
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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeVen 27 Nov - 10:49

Pour Fanny, la situation n'était pas la meilleure qui puisse exister. Attachée comme elle l'était, elle pouvait regarder l'agitation régnant à bord du bateau. De nombreux hommes de mains couraient à droite et à gauche sur ordre de leur chef. À en croire l’inquiétude portée par leurs visages, ils avaient véritablement intérêt à retrouver rapidement Diane, sans quoi une sanction loin d'être désirée tomberait... Peut être se retrouver être jeté par dessus bord, comme son ancien garde. Et en pleine mer, l'idée n'était pas des plus judicieuse, même pour un professionnel de natation, ce à quoi ils ne ressemblent pas le moins du monde.

Toutefois, sa situation lui permit d'observer son environnement, à commencer par la salle où elle se trouvait. Elle l'avait estimée grande, et c'était réellement le cas. Par rapport à son souvenir de la taille du bateau, cette pièce devait bien prendre les 3 quarts de la taille de celui-ci. Elle disposait de simples hublots à ses murs, excepté une double-porte vitrée menant grâce à une légère volée de marche à, normalement, le pont. Tout du moins le pensait-elle puisque, dans sa position, elle n'avait pas une vue très bonne de ce à quoi amené cette porte. En effet, le fauteuil auquel elle était liée se positionné dans un coin de la pièce, adjacent à cette porte, elle-même collée au coin opposé. Une séparation, du style comptoir de bar, lui gênait aussi la vue.
Quand au reste de la pièce ? Les escaliers par lesquels on l'avait amené se trouvaient à l'opposé, sans toutefois atteindre le mur du fond. On pouvait aussi remarquer plusieurs tables – sales de déchets de bouteilles vides – où les gardes se posaient, ainsi que des canapés près du fauteuil. Plusieurs coffres, placards et étagères garnissaient les murs. Globalement, les lieux s'assombrissaient sous de lourdes tentures de multiples couleurs, ambitionnant certainement de rendre l'endroit chaleureux et confortable. L'effet obtenu faisait plutôt ressortir caricaturalement l'impression de se trouver dans un lieu de débauche où nombre de femmes avaient été violées, voir battues.

Autrement dit, ça craignait pour elle de s'éterniser sur ce bateau... Au moins fut-elle plutôt rassurée en comptant tout au plus une dizaine de gardes différents, dont l'un d'eux qui pourrait passer pour le chef de la « sécurité », complété uniquement par le patron lui-même.

Durant cette attente et agitation constante, elle testa plusieurs fois de détacher la chaîne qui la maintenait. Mais malgré ses efforts, il lui fut impossible d'arriver à un quelconque résultat utile pour elle, mit à part se blesser le cou à cause du « collier ». Et l'horrible esclavagiste finit par revenir auprès d'elle et s’asseoir tranquillement, sans crainte aucune. Sans aucune hésitation, Fanny se jeta sur lui, envoyant dans le même temps sa chaîne sur lui, dans le but de l'étrangler. C'est à ce moment là qu'un horrible sourire fut visible sur son visage, et que la jeune fille comprit l'erreur dû à son action.
Une horrible douleur lui traversa le corps, démarrant au niveau du collier. Plus précisément, elle venait de prendre une décharge électrique qui la fit défaillir et s'écrouler au sol, pliée en deux, les yeux fermés et serrant les dents pour ne pas risquer de se mordre la langue.

Quand enfin la douleur stoppa, ce fut pour découvrir l'homme, penché sur elle par dessus le bras de son siège. Ce dernier lui signala, avec une voix doucereuse, mais affreusement pleine de sous-entendus qu'elle avait tout intérêt à rester calme, sans quoi les choses pourraient mal tourner pour elle. Puis, il lui ordonna de se lever et de danser – tout de suite – et que de toute manière, Diane serrait retrouvée à un moment donné ou un autre.

N'ayant pas d'échappatoire, Fanny se leva, et, serrant les dents, commença à danser, aussi bien que possible après la décharge reçue. Si son regard pouvait tuer, l'homme serait déjà mort, plutôt deux fois qu'une. Mais bien au contraire, son regard lui valu le droit à une nouvelle « sanction » électrique. D'après les mots qu'elle entendit, elle n'était pas assez aguichante et sensuelle, et elle ne souriait pas. Selon lui, ça n'allait pas du tout. De fait, Fanny se leva à nouveau, et fit tous les efforts du monde pour lui convenir, au moins le temps de trouver comment se sortir de cette situation.
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Diane Hargreaves

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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeSam 28 Nov - 19:26

Les hommes l’avaient attrapée sans ménagement. Visiblement, même si certains avaient eu l’air d’hésiter, ils n’étaient pas persuadés que leur – ex – collègue ait pu être stupide au point de ne pas la voir. Ça cachait quelque chose, mais quoi ? Voilà pourquoi beaucoup d’entre eux détestaient avoir à transporter des voyageurs. Même quand on croyait les cerner, même quand on pensait que tout était au point, ils trouvaient une faille. De vrais rats.

A chaque pas, Diane manquait de trébucher. Elle avait renoncé à se débattre depuis que l’un des gorilles qui la tenait avait failli lui casser le bras en resserrant son étreinte. Finalement, le couteau-suisse qu’elle avait trouvé lui paraissait être une arme dérisoire. Ils étaient trop nombreux à bord, trop forts, et armés de flingues. Tout ce qu’elle gagnerait serait de se faire cribler de balles et balancer par-dessus bord comme un vulgaire appât à requin.  

On la conduisit dans une vaste salle aux tentures mal assorties au goût de la journaliste. Par les hublots, on pouvait clairement voir que le bateau avait déjà rejoint le large. Il n’y avait qu’un bleu-gris à l’horizon, la surface reflétant la couleur du ciel. Diane se raidit quand elle réalisa que la pauvre femme enchaînée au « trône » du patron comme un animal domestique n’était autre que Fanny. Fanny qui accusait les conséquences de la découverte de son pouvoir alors qu’elle n’y était absolument pour rien. Elle retrouva quelques forces pour se débattre mais les poignes qui maintenaient ses bras minces étaient de fer. Ses yeux bleus roulèrent sur toute la pièce, à la recherche d’une issu imaginaire, mais il n’y avait rien. Aucune chance. Un cauchemar parfait.

- Alors comme ça, vous vous moquez de moi et mes hommes…, commenta lentement l’homme à la moustache, ce n’était pas très malin de-
- C’est pas elle, trancha soudainement la trentenaire.

Son cœur battait à tout rompre sous ses petits seins. Même si la situation était désespérée, même si elle risquait gros, elle avait des principes. Diane affrontait ses combats, ne laissait pas les autres payer pour elle. C’était comme ça. Dire qu’elle se conduisait en « homme » serait plutôt ironique, non… disons plutôt qu’elle se battait comme une fille. Dans une autre circonstance, la référence lui aurait soutiré un sourire, mais son sens de l’humour n’était pas monté à bord du chalutier. Elle tremblait, et pas seulement parce qu’elle n’avait pas mangé depuis un moment, mais ses orbes défiaient courageusement ceux endurcis du trafiquant.

- Elle ne m’a pas aidée, c’est moi toute seule qui ait voulu… tenter quelque chose.
- Tenter quelque chose…, répéta l’homme d’une voix doucereuse.

Il y eu un instant de silence. Lourd. A croire que même ses hommes redoutaient sa colère : Diane aurait juré que l’un des gorilles avait reculé d’un pas. Le calme avant une tempête qui ne tarda pas à éclater. L’air soudainement fou, l’esclavagiste attrapa la journaliste par la gorge et la souleva de terre comme si elle ne pesait rien. Ses sbires avaient immédiatement lâché prise et, sans qu’elle ne puisse résister la blonde fut traînée jusqu’à l’une des tables encombrées. Celle-ci fut débarrassée d’un bras rageur et avec une rigueur experte, la claustrophobe fut plaquée sur la surface froide. Le chef des opérations l’immobilisait d’une main alors que de l’autre, il lui écartait les jambes et se frottait contre son intimité à peine protégée d’un string sextusien. Une lueur malsaine dans le regard il desserra légèrement son étreinte, pour le pas l’étouffer, et siffla :      

- J’avais prévenu que je n’étais pas patient, n’est-ce pas ? J’ai eu la bonté de vous prévenir et toi… j’ai du me séparer d’un de mes hommes à cause de toi.

La main qui caressait ses cuisses et son bas ventre sans aucune douceur lui donnait envie de vomir. Respirant avec difficulté, Diane voyait le monde en taches de couleur, toute floues, mais les contactes étrangers sur sa peau étaient brûlants ; tranchant même. Elle avait l’impression de se perdre elle-même, d’être arrachée à son propre corps. Être à ce point humiliée, c’était comme se faire arracher la seule chose qui devrait nous appartenir en toute circonstance, c’était ne plus rien avoir.

- Ton honnêteté est admirable, mais ça ne changera rien pour ton amie. Non, non, non,… tu sais ce qui te sauve ? Il pencha sur elle son ignoble visage avec l’air de vouloir lui confier un secret répugnant, Je sais ce que tu es. Et je suis sûr que notre « acheteur » paiera le double pour être le premier à farcir ton minou artificiel. Ça mérite bien que je fasse un petit effort…

Alors il s’avança, l’écrasant de tout son poids, et écrasa ses lèvres contres les siennes. Il était bien trop fort pour résister et Diane dut faire appel à des trésors de volonté pour ne pas vomir ou lui arracher la langue à coups de dents. Elle se sentait souillée, qu’il ne l’ait pas pénétrée n’y changeait rien, et quand il s’écarta pour retourner à son fauteuil, elle resta inerte. Comme une poupée malmenée, le corps fébrile, le cœur affolée, et les larmes aux yeux…
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Fanny Melycena

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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeLun 7 Déc - 14:45

Complètement déboussolée tant par le contre-coups de la décharge que malade de par le ballottement du bateau, Fanny dansa comme elle pouvait. Puis, au bout d'un certain temps qu'elle aurait bien était incapable de calculer, elle fut autorisée à se « reposer », ce qu'elle fit en se posant au sol, seul endroit « disponible ». Haïr ses bourreaux n'était même pas envisageable tant elle se sentait mal, à la limite de l'envie de vomir. Mais se montrer faible n'étant pas une solution, elle prit le partie de respirer lentement et profondément pour tenir bon, puis fit attention aux événements...

Ok, si on l'avait laissée tranquille, c'est parce que Diane avait été attrapée. Tout son petit délire autour de son pouvoir pour rien, si ce n'est des ennuis, magnifique... Tiens, au moins cette dernière tentait de défendre Fanny. Mais ne se rendait-elle pas compte que cela ne servirait à rien ? Il valait mieux juste la fermer pour le moment.

Les faits lui donnèrent d'ailleurs raison quand elle fut carrément levée du sol et pratiquement violée par l'esclavagiste. Dans la brume de son esprit, et surtout à travers les rires gras des gardes, Fanny put percevoir la phrase « je sais ce que tu es » et « minou artificiel ». De quoi parlait-il ? Impossible en son état de remettre ses idées en place, et encore moins de comprendre ce qui se disait...

Puis Diane fut enfin relâchée, et plus ou moins jetée au sol. L'ordre de la ramener à sa cabine fut donné, et son exécution commencée, mais pas fini. Pourquoi ? Parce que à peine atteint les escaliers qu'un énorme bruit explosa à travers le bateau, et qu'il fut tellement secoué que tout le monde s'écroula au sol, tout du moins ceux qui n'y étaient pas. Une deuxième explosion cassa l'une des parois de la pièce, diffusant une forte quantité de fumée à bord...

Pour Fanny, le monde n'était plus que chaos. Plus égarée et malade qu'elle, ça ne devait pas exister à bord. Elle entendait principalement des cris et des tirs à droite à gauche. Des bruits sourds de corps qui tombent aussi. Se focalisant sur les paroles, elle put saisir plusieurs demandes pour que passagers « se rendent », qu'ils étaient de toute manière perdus. Plus loin dans la fumée, elle entendit aussi un homme annoncer à un autre que « l'abordage se passait bien ».

Ni une ni deux, danse cette confusion la plus totale, la jeune fille estima qu'elle trouverait là une chance de s'en tirer, avec ou sans sa camarade. Elle ne savait même pas de toute manière où la trouver... De fait, elle n'hésita pas et, difficilement, se releva pour arracher la chaîne du fauteuil. Il lui fallut de durs efforts pour réussir son objectifs, surtout qu'elle s'étouffait à moitié avec la fumée des lieux... D'ailleurs, il faisait vachement chaud aussi... Libres, elle s’apprêtait à fuir au dehors pour respirer quand elle fut attrapée par les cheveux et jetée au sol par l'esclavagiste, plein de sang mais manifestement bien vivant, les yeux injectés de colère. Il baragouinait d'incompréhensibles paroles, furieux. Fanny crut même mourir quand il leva une arme vers elle – un « vous me faites tous chier ! » comme seule chose intelligible de lancé. Une lame d'épée l'empêcha d'aller plus loin, le figeant sur place, puis le laissant choir au sol au crachant du sang.

-  « Viens si tu veux t'en sortir miss ».

Ce fut pratiquement tout ce qu'elle conscientisa de ce que l'homme qui tenait l'arme venait de dire et de la suite des événements. Plus concrètement, sans même savoir ce qu'elle faisait elle le suivit en dehors de la pièce, la chaîne et le collier toujours attaché à son cou. La liberté dût à l'air libre lui fit relâcher toutes ses résistances, et pour le coup, elle n'en pouvait vraiment plus. Elle s'effondra ainsi sur place, soumise au mal de mer, aux effets de la décharge, à l'intoxication à la fumée, et aux coups reçus, voyant dans sa chute ce qui semblait une sorte de bateau pirate « stationnée » à côté de leur propre bateau qui penchait dangereusement...
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Diane Hargreaves

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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeMar 8 Déc - 19:23

Elle n’était plus rien. Ses oreilles bourdonnaient. Diane ne comprenait pas les ordres lancés à son sujet, elle sentit à peine les mains brusques qui la saisirent. Jamais elle ne s’était sentie aussi démunie. Brisée en mille morceaux, anéantie. Etait-ce là tout ce qui l’attendait à Dreamland ? Une vie d’esclave sexuelle, de poupée sans âme, de monstre de foire. Si c’était cela, alors peut-être fallait-il en finir immédiatement ? Soudainement, une secousse ébranla le bateau et elle tomba au sol. Une autre explosion éventra l’un des murs et une fumée épaisse s’engouffra dans le salon de luxure.

Les hommes avaient relâchée la journaliste en chutant. Piquée par l’adrénaline, son esprit revint brutalement s’accrocher à son corps. Elle bondit sur ses pieds et se rua vers l’escalier qui menait aux cabines. Un véritable chaos grondait sur le chalutier : des coups de feu, des hurlements, des explosions, des cris de guerre. Une autre secousse ébranla le navire, Diane trébucha et tomba contre un mur. Deux gorilles apparurent alors, sortant de leurs cabines en chargeant leurs colts, et hurlant à la blonde un ordre qu’elle ne comprit pas. Ils lui passèrent devant sans lui accorder plus d’attention tandis qu’une autre explosion faisait trembler le bateau.

La fumée se glissant désormais dans les étages inférieurs, s’épaississaient, obscurcissant la vision à plus de quelques pas. La claustrophobe se précipita dans la cabine qu’elles étaient censées partager avec Fanny et posait une main sur leurs affaires quand une voix lui ordonna de s’immobiliser. Un « clic » significatif l’incita à obéir et à attendre qu’on lui en donne la consigne pour se retourner, les mains en l’air. Ses yeux bleus parlaient à sa place : ils appelaient à l’indulgence, à l’aide, à n’importe quoi qui lui permettrait de quitter le chemin de l’enfer. Face à elle, un pirate. Authentique. De ceux qu’on voyait dans Pirates des caraïbes : crasseux, barbu, mal coiffé, les bras marqués de tatouages et de cicatrices. Il pointait sur elle une vieille arme à feu, usée mais très certainement fonctionnelle.

- On a beau dire, dit-il enfin d’une voix éraillée, je déteste les esclavagistes. Je te laisse le choix ma belle : tu restes couler avec ce rafiot de cloportes ou bien tu embarques avec nous autres et paye ton voyage en travaillant, il cessa de la mettre en joue, choisis !

Il s’éclipsa brusquement, avec une souplesse étonnante pour un homme qui ressemblait presque plus à un clochard. Diane ne se fit pas prier, elle ramassa ses affaires, celles de sa comparse, et se rua à la poursuite de l’inconnue. Le chalutier vibrait, sans doute en train de sombrer. A l’étage, les murs étaient éventrés, la lumière grise du jour tombait sur les corps et le mobilier saccagé. La journaliste suivit une silhouette qu’elle vit s’engouffrer vers la sortie alors que dehors, retentissaient des voix clamant que le butin avait valu le coup. Elle se mit à courir, de peur d’être oubliée.

Sur le pont, une dizaine de pirates riaient, portaient des mallettes remplies de rubz – sans doute – et traversaient le fossé entre le navire esclavagiste et leur bâtiment en se balançant sur des cordes. La trentenaire eut à peine le temps de se demander comment elle allait suivre qu’elle fut brusquement harponnée à la taille et en moins de temps qu’il n’en fallait pour hurler, elle était déposée sur un plancher en bois aux côtés de la dermatophile. Trop choquée pour réagir, elle resta immobile alors que les hommes aux alentours poussaient des hourras vainqueurs, beuglaient des jurons pour la forme, et regardaient couler le chalutier. Leur bateau était un peu plus grand, en bois, cordes et voiles. Deux mats et un étendard rouge sang avec une tête de mort noire au crâne fissuré. L’air était gorgé de sel, d’humidité, de sueur et de poudre.

Enfin, un homme se présenta aux anciens esclaves. Grand, coiffé d’un tricorne, arborant une épaisse barbe châtain décorée de multiples bijoux. Sous son manteau de cuir, et ses vêtements de toile, on devinait une silhouette musclé, qui avait bravé bien des tempêtes. Il embrassa un instant du regard les quatre pauvres filles sauvées de la noyade, Diane, Fanny, et deux autres poupées arrachées aux griffes des trafiquants de femmes, et leur dit d’une voix chaud :

- Bienvenue sur « l’Angelus » mesdemoiselles, vous pouvez vous relever, n’ayez pas peur, il attendit que les concernées s’exécutent avant de poursuivre, allons à l’essentiel : on a besoin de main d’œuvre aux cuisines et à la laverie, alors on vous fait une fleur. On vous dépose à terre saine et sauve dès qu’on rejoint la côte et en attendant, vous bossez pour nous pour payer votre traversée.

La journaliste se tourna un instant vers Fanny pour l’interroger du regard. Elles n’avaient pas vraiment le choix en fait, mais passer de la soumission à l’exploitation, il y avait un pas qui allait dans le bon sens… non ?

- Je vous préviens toutefois, reprit le capitaine, nous n’aimons pas les esclavagistes, on préfère le pillage pur et simple ; mais ne tentez pas d’abuser de notre bonté. Notre planche est toujours prête à servir, même pour les femmes.

La claustrophobe plongea ses yeux dans ceux du maître à bord. La concernant, tant qu’elle pouvait s’habiller correctement, tout irait bien. Ses standards de confort en avait pris un coup. Sa gorge était sèche, ses cheveux blonds dansaient au gré du vent marin. Le silence étreignait l’équipage qui les encerclait, comme si chacun de ses membres retenait sous souffle pour connaître l’issu de cette « intégration ».

- Ça me va, déclara Diane. Elle hésita un instant et tendit une main pour serrer cette du capitaine.
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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeJeu 10 Déc - 18:41

Lorsque Fanny reprit un peu plus ses esprits, elle était déjà sur le ponton du bateau, accompagnée de Diane et de deux autres filles inconnues. Même ses affaires étaient à ses pieds. Elle sourit ainsi légèrement en voyant cela en plus du fait que sa compagne ne se trouvait pas au fond de la mer avec l'épave de leur ancien transport, tout du moins était-ce là ce qu'elle saisissait de la situation. Elle profita du grand air pour prendre de grandes bouffées d'oxygène, la fumée d'il y a peu lui ayant plutôt déplu question bonne respiration, sans compter que cela l'aidait à faire passer son léger mal de mer.

Elle profita du cours laps de temps avant que n'arrive le dirigeant du bateau, véritable caricature du capitaine pirate, pour examiner les lieux. C'était un voilier tout à fait sympathique, lui aussi caricaturale, comme s'il sortait tout droit d'un film. D'après l'homme, maintenant arrêté devant elle, ce vaisseau avait comme petit nom « L'Angelus ». Très peu à son goût, mais dans sa situation présente, il faudrait faire avec.

Durant la discussion qui s'ensuivit, il fut proposer aux jeunes filles de travailler en attendant d'être déposé à terre, par besoin de main d’œuvre, soit à la cuisine, soit à la laverie. Vraiment, dans le cadre où elle avait en partie le mal de mer, il était hors de question de se retrouver à aller cuisiner quoi que ce soit. L'option « lingerie » s'avérait déjà des plus intéressantes. Diane, elle, semblait réfléchir intensivement à cette proposition aussi, tout comme l'une des deux filles avec elles, mais pas l'autre. Les menaces claires de passer par dessus bord le cas échéant l'aidèrent à se décider, décrochant un sourire moqueur de la part de Fanny. Pauvre petite chose que cette fille pitoyable...

Étonnamment, ce fut Diane la première à réagir, serrant fermement la main du capitaine, confirmant son désir de travailler. Fanny ne traîna pas nécessairement non plus, cela aurait été inutile, et serra aussi la main de l'homme, annonçant que la laverie lui conviendrait. Les deux filles, de manière différemment motivée, acceptèrent aussi. En même temps, personne ne pouvait désirer passer par dessus bord, non ?

Pour la suite du programme, elles furent amenées dans une « pièce » commune – si l'on pouvait appeler l'endroit ainsi – où se situaient moultes hamacs. Dans un coin de la pièce, un drap fut accroché, séparant ainsi 4 couchettes – superposées 2 par 2 – du reste. Soit disant pour « leur laisser de l'intimité » d'après l'homme qui les avait amené. D'ailleurs, ce dernier possédait une magnifique jambe de bois, l'aidant particulièrement bien à boiter, ainsi qu'un vieux pistolet à sa ceinture, juste à côté de son sabre. Toutefois, et ceci malgré une barbe mal rasée, son visage avait quelque chose de doux, étrange... Il donna aux filles quelques minutes pour se changer avant d'immédiatement aller travailler, surtout si elles voulaient manger au soir.

La première chose que Fanny fit, ce fut de vérifier le contenu de son sac, et puis, après tout, il fallait bien qu'elle en sorte ses habits. Elle fut extrêmement étonnée d'y découvrir tout un tas de barda qui n'y était pas quelques heures plus tôt, principalement aux couleurs de noël, et un assortiment de pâtes de fruits. Sérieusement, comment tout cela avait pu arriver ici ?

Mais Fanny fut déconcentrée, et ne poussa pas la réflexion plus loin. En effet, son regard porta sur les peaux si attirantes de ses compagnes, et ne put le détacher, l'obligeant à se mordre la lèvre de ne pouvoir faire quoi que ce soit pour les toucher, les découper et les garder dans son sac. Elle avait déjà vu Diane, mais pas les deux nouvelles, et prit ainsi le temps de les détailler tout en s'habillant elle-même. Fanny put comme cela observer les parties les plus intimes de ces magnifiques épidermes, comme l’auréole des tétons qui fripaient de manière terriblement excitantes à cause du froid ambiant, ou ces cuisses pleines de chaire de poule...

Ce qui arriva coupa court à toute rêverie : elle se cogna le pouce d'un de ses pieds dans un clou mal planté avec toute la force mise dans son déplacement. Pliée en deux, elle avait mal, vraiment mal, et se rendait compte qu'elle avait tapée suffisamment fort pour s'être entaillée au point de faire perler 2-3 goûtes de sang... Pour faire passer la douleur, ou au moins la minimiser, ses petites camarades purent l'entendre jurer comme jamais.

Peu de temps après, se maudissant pour sa maladresse, habillée de son jean et d'un t-shit simple, elle fut amenée vers la laverie. Et dieu seul sait combien elle resta pratiquement bouche bée devant la tonne de choses tout aussi diverses que variées à laver... Elle tiqua aussi sur un élément de décors qui n'avait strictement rien à faire là. Sur une petite planche servant d'étagère, dans un coin de la pièce, se trouvait un petit père-noël tenant un écriteau avec le message suivant : « Joyeux Noël ».
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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeJeu 10 Déc - 19:42

Les hommes ne cessaient de les dévisager mais aucun ne semblait manifester l’intention de se jeter sur elles. Diane avait serré la main du capitaine en soutenant son regard hypnotique puis se laissa conduire dans la vaste pièce intérieure qui servait de « dortoir » aux marins. Le pirate claudiquant qui les guidait eut beau tirer un drap pour séparer les demoiselles de la masse d’hormones mâles, cette mince isolation ne coupait pas les mauvaises odeurs et ne sera sans doute pas un rempart aux ronflements. La sueur, le rhum, la fumée, le vieux pet, même la moisissure. Cet endroit schlinguait mais la blonde, en signe de gratitude à l’hospitalité dont les criminels faisaient preuve, ne dit rien et remercia avec un sourire. Si elle pouvait, elle passerait ses nuits sur le pont, à la belle étoile.

La trentenaire ne se fit pas prier quand elle réalisa qu’on l’autorisait à se rhabiller. Sa pudeur et sa fierté avait tellement été violées ces dernières heures qu’un marin aurait pu être caché pour la regarde se mettre à nu qu’elle s’en fichait. Elle avait toujours envie de pouvoir se doucher mais ce n’était visiblement pas au programme. Et si elle ne voyait pas une goutte d’eau avant d’atteindre terre ? L’idée la répugnait d’avance. Sans être précieuse, Diane avait des standards assez tenaces en termes d’hygiène personnelle. Très rapidement, elle avait retrouvé sa marinière, son pantacourt et ses converses. Ça détonnait carrément avec le décor mais elle se sentait si « protégée » avec ces simples barrières de tissus qu’elle braverait la saleté et la faim sans problème. Parce qu’elle avait faim.

Fanny se mit soudainement à prononcer des jurons qui feraient pâlir un charretier. Quand la journaliste s’aperçut que sa camarade s’était simplement cogné un orteil, elle ne put s’empêcher de rire, cachée dans une main. Elle se sentait libérée, étonnement libre même quand on songeait à sa situation, et visiblement, son acolyte s’appropriait déjà le langage local. L’espace d’un instant, le regard bleu posé sur la dermatophile s’était fait presque lascif. Bizarre. Une espèce de pulsion sexuelle née du fait qu’elles s’étaient échappées du même enfer. Pure réaction hormonale. Un sourire aux lèvres, Diane suivit sa cadette dans un dédale insoupçonnable de couloirs étroits.

Heureusement, la laverie était suffisamment grande pour qu’elle ne suffoque pas, même si la journaliste n’aurait pas été contre une ou deux fenêtres. Avant de constater la charge de travail qui les attendait, elle observa chaque mur avec une insistance angoissée, comme s’ils risquaient de se rapprocher pour l’aplatir. Il y avait de gros bacs remplis d’une autre grisâtre devant lesquelles les filles devraient se pencher. Leurs seules armes ? D’énormes pains de savon que la trentenaire peinait à saisir d’une main. Les piles de fringues sales qui attendaient d’être lavés arrivaient à la taille de Diane et des bassines vides attendaient de recevoir des fripes propres, afin qu’elles soient emmenées et étendues ailleurs. Quand les deux voyageuses eurent retrouvé leurs esprits, séparés des deux autres anciennes esclaves qui avaient été aiguillées en cuisine, le pirate à la jambe de bois qui les avait accompagnées déclara :

- Déjeuner dans 3h. Mais vous êtes à l’essai, alors c’est simplement si vous avez bien bossé.

Il les planta là, sans surveillance, mais la blonde n’avait absolument pas envie de tenter une fuite. On la respectait, on lui promettait le lit et le couvert, elle savait reconnaître quand il était sage de ne pas exiger plus. Et puis, elle gardait encore trop fraîchement en mémoire la violence dont elle avait été victime depuis sont arrivée à Dreamland. Faire une pause et s’occuper les mains… c’était un peu comme le paradis. Suffisait de relativiser. Repoussant ses cheveux dans son dos, elle attrapa une première chemise – tellement informe qu’elle devina ce que c’était simplement parce que ça avait des bras – et la plongea dans l’eau. Chaude.

- Bloggeuse et journaliste dans un monde, stripteaseuse et femme de ménage dans l’autre… mon CV en prend un coup, ironisa Diane à Fanny pour essayer de briser la glace maintenant qu’elles étaient seules, tu faisais quoi toi, dans la vraie vie ? Demanda-t-elle après un silence.

Avant que la concernée ne réponde, une petit mélopée de clochettes retentit. La claustrophobe n’eut pas le temps de se demander d’où ça provenait qu’un grand calendrier de l’avent apparut et la couvrit d’objets divers et variés. Ensuite il disparut, comme il était venu, tout simplement. Les yeux ronds, la trentenaire sortit ses mains de l’eau pour étudier ce qu’on lui avait donné et découvrit – entre autre – qu’elle avait un peu d’argent. Femme de parole, elle retira 4 rubz du petit sac en cuir qui servait de bourse et les tendit à la dermatophile :

- Tiens, c’est ce que je te dois, non ? Joyeux Noël.
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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeSam 12 Déc - 17:19

Il était des plus intéressant de noter que tout ce que les filles auraient pour laver, ce serait des pains de savon difficiles à tenir en main, et des bacs pleins d'eau non nécessairement très propre. Cette dernière était chaude au moins... Fanny manqua d'exploser de rire quand on lui annonça qu'elle n'était qu'à l'essai. À moins de poser son cul et de ne rien faire, les vêtements ne pourraient que devenir plus propres. Même les tremper dans l'eau et les étendre immédiatement suffirait à les décrasser.

Une fois seules, Diane trouva à faire de l'ironie malgré la situation, et Fanny souligna la véracité de la situation en répondant par un sourire. Puis, alors qu'elle s’apprêtait à répondre à la question de sa camarade, elle eut la surprise de voir un calendrier de l'avant tenter de tuer la phobique en lui lançant moult objets à la figure. Elle nota au passage que ces derniers ressemblaient en partie à ceux qui étaient apparus dans son sac.

Prenant un pantalon en toile – si tant est que ça en avait encore le nom -, probablement blanc à une époque lointaine, elle finit par répondre :

- … Bah, je fais pleins de petits boulots. Mais surtout, j'aime au magasin familial, pour le reprendre un de ces quatre. Rien de bien passionnant quoi.

Plongeant le pantalon dans l'eau, et commençant à frotter avec le pain sur la planche adéquate, comme au bon vieux temps, elle repensa à ce qu'elle avait entendue sur le bateau des esclavagistes... Tout en continuant son lavage, elle lança :

- Hey, c'était quoi cette histoire de « je sais ce que tu es » sur le bateau avant ?

L'allusion de l'homme n'était pas trop compliqué à comprendre, et Fanny se moquait du sexe initial ou présent de sa camarade, mais pour maintenant, savoir n'était pas plus mal. Elle prit tout de même le temps de la rassurer :

- T'inquiète, peu m'importe la réponse, ça change rien pour moi, je m'en fou. C'est surtout histoire de savoir.

Tout en continuant la discussion, puisque après tout, il n'y avait pas grand chose d'autre à faire que parler, elle enchaîna au bout d'un moment à propos des pouvoirs de Diane.

- Au fait, c'est quoi ton pouvoir de voyageuse pour avoir disparue dans la salle de bain tout à l'heure ?

Finalement, elles avançaient bien plus vite que prévu et le bac récupérateur de linge « propre » était déjà rempli. Fanny se proposa d'aller accrocher le linge, ce qu'elle fit en embarquant le tout dans la pièce voisine de taille similaire qui disposait, elle, d'une pseudo-fenêtre et de nombreuses cordes destinées à étendre les affaires. La fenêtre devait certainement service à aérer le tout.

Une fois cette fastidieuse tâche effectuée, elle revint dans la laverie pour recommencer à zéro. Ce fut ainsi une boucle pratiquement sans fin jusqu'à ce que l'homme vienne les chercher pour manger, avouant au passage que de voir des habits propres était étrange. Mais pour les jeunes filles, la pile n'avait pas l'air d'avoir baissée, ou assez peu. Et malgré tout, la salle où s'étendaient les fringues était pleine à craquer. Ça en était désespérant pour elles.

En souriant à Diane, elle lança :

- Ouf, j'en ai un peu ras la casquette... Ça fait du bien de s'arrêter...


Quand elles arrivèrent dans la salle à manger, les discussions cessèrent pratiquement instantanément, contribuant à faire que les membres de l'équipage les dévisagés. Les ignorant royalement, notant toutefois - n'en revenant surtout pas - que l'un d'eux avait en main une affiche de pub pour du coca cola, Fanny s'installa à la petite table à leur disposition avec l'écuelle récupérée à la marmite tenue par l'une des deux filles sauvée en même temps qu'elles. La bouilli n'était pas bien appétissante, mais vue la faim qui tenaillait son estomac, elle ne comptait pas faire la fine bouche, et mangea de ce fait le tout, dévorant le quignon de pain associé au repas.
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Diane Hargreaves

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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeSam 12 Déc - 20:20

Comme elle l’avait espéré, le travail occupait l’esprit. Toutes les tensions qui crispaient son corps androgyne depuis plusieurs heures quittaient peu à peu ses muscles, lui rendant une agréable sensation de liberté de mouvement. Et puis se sentir utile, plutôt que soumise, lui donnait l’impression de purger ce qu’elle avait subi. Ou de le contrebalancer plutôt, parce qu’en fait, elle se sentait toujours souillée. Comme si ça avait été sa faute. D’ailleurs, Fanny aborda le sujet sensible et la mine de Diane se ferma un instant. Pas parce qu’elle avait honte de ce qu’elle était, mais parce que les sensations brutales revenaient : la main autour de son cou, la bosse contre son intimité, les lèvres du pervers… un léger sourire fendit son visage quand la dermatophile prit la précaution de lui dire qu’elle ne changerait pas de jugement, mais elle gardait les yeux rivés sur ce qu’elle lavait.

- Je ne dirais pas que j’ai été un homme, répondit la journaliste, parce que quand je le fais, les gens s’arrêtent au mot « homme » et ne m’acceptent plus tel que je suis. Je préfère dire que je suis une femme… qui a eu la malchance de naître dans la mauvaise enveloppe. Et dans la mauvaise famille qui plus est…

Elle était habituée, et endurcie, pourtant, ça faisait toujours mal de réaliser qu’on était pas aimé par ses propres parents. En 33 ans, ils auraient pu faire un effort, non ? Ça représentait un délai convenable pour une remise en question. Mais non. Pourquoi ? Ils avaient déjà deux filles qui, à défaut d’être aussi étriquées, se comportaient suffisamment « normalement » en société pour qu’ils tolèrent de les présenter aux gens. Chaque jour, les milliers d’habitants de leur planète perdaient un enfant et le couple Hargreaves lui… feignait ne pas avoir d’aîné, sans regret. Heureusement que les fripes crasseuses étaient là pour faire barrière à ses pensées maussades ; la conversation reprit quand Fanny l’interrogea sur ses pouvoirs.

- Oh oui ! s’exclama-t-elle en levant enfin ses yeux bleus, j’ai rétréci. J’étais devenue vraiment minuscule et… j’avoue, je suis sortie voir si je pouvais explorer le bateau, vous ne m’aviez pas vue. J’avais trouvé un couteau-suisse. Je m’étais dit que ça pourrait être utile en cas d’urgence… genre pour le planter dans la gorge de ce type s’il avait essayé de me violer.

Est-ce qu’elle l’aurait fait ? Elle avait peur d’admettre que non mais craignait de réaliser que oui. Qui sait jusqu’où on serait capable d’aller quand on est acculé par le désespoir ? Le silence s’invita alors pour leur tenir compagnie. Le rythme était pris, marqué par les éclaboussures de l’eau, le bruit du frottement, le concert de friction. Le temps se déroula, infini et instantané. Diane n’avait même pas conscience que ses bras lui faisaient mal tellement elle se laissait emportée par la vertu cathartique de son activité. Quand on vint leur annoncer qu’il était l’heure de manger, ce fut comme si elle émergeait d’un rêve. La trentenaire était courbaturée, mais elle se sentait bien. A la complainte de sa cadette, ce fut son ventre qui répondit en gargouillant bruyamment.

- Et moi j’ai la dalle…

Les conversations tonitruantes se turent immédiatement quand les deux voyageuses firent irruption dans la pièce à manger, mais Diane ne s’en formalisa pas. Elle eut même un haussement de sourcil amusé en voyant celui qui tenait l’affiche publicitaire sur Coca Cola. Dreamland était comme un patchwork de leurs cultures et imaginaires. Les anachronismes n’existaient pas chez eux, pour le meilleur et pour le pire.

Non sans se sentir épiée et détaillée, la blonde se mit à table, repoussa ses cheveux derrière ses oreilles et se servit d’un plat difficile à décrire. Peu à peu, chacun reprit le fil de ce qu’il racontait. Elle avait trop faim pour parler, mais elle écoutait, s’accordant même à rire à une ou deux des plaisanteries qu’elle parvenait à comprendre, même hors de leur contexte. Bien entendu, les pirates étaient toujours à l’affut et plusieurs regards étaient glissés aux filles à la dérobée. Diane ne doutait pas que pour l’instant, si elles étaient tranquilles, c’était simplement parce que c’était leur premier déjeuner.

- Au fait tu ne m’as pas dit, reprit-elle le ventre plein, c’est quoi ton magasin familiale ?
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Gawain Collingwood

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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeMar 15 Déc - 22:47

Gawain sentit son corps être projeté à une vitesse infernale, avant de s'écraser lamentablement contre une cloison en bois. Le souffle court, il sentit une douleur sourde parcourir son corps, et il gémit lamentablement. Qu'est-ce qu'il se passait ? L'instant d'avant, il était avec sa psy… Et là, il se retrouvait écrasé contre un mur. Lâchant un juron, le jeune homme se sentit tomber brusquement ; l'instinct de survie prit le dessus, et il hurla, essayant de se raccrocher à quelque chose. Une planche, un rebord, un clou… C'était peine perdue, et il chuta quelques secondes, dans une eau qui lui parut glacée.
La panique lui fit boire la tasse, et il tentait de se débattre, sans rien comprendre. Etait-il en train d'halluciner ? L'idée de se pincer lui vint à l'esprit pendant quelques secondes, mais il fallait bien reconnaître que côté éléments douloureux et traumatisants, il y avait pire qu'une légère douleur temporaire. Il était en train de se noyer, bordel ! Sa tête émergea de l'eau, et il en profita pour prendre une inspiration puissante, qui ne dura que quelques secondes, avant qu'il ne retourne côtoyer les poissons. Est-ce qu'il allait mourir, là ? Et bordel, qu'est-ce qu'il se passait !?
Alors qu'il sentait que ses forces l'abandonnaient, une poigne puissante lui attrapa un bras, et le tira vers la surface. A semi-conscient, il se sentit traîné sur quelques mètres, essayant d'aider par quelques battements de pieds son sauveur. Celui-ci le prit sur son épaule, tel un simple ballot de paille, et le porta tout en montant à une échelle de corde. Finalement, il n'allait peut-être pas y rester… Une fois sur le pont du bateau, il put cracher l'eau de ses poumons -manquant, à son avis de les cracher en même temps- et s'effondrer telle une loque. Bordel. Où est-ce qu'il était ?
Des hommes, à l'air menaçant, l'entouraient. Une vague envie de hurler le prit, mais il se retint, et se contenta de se relever, s'asseyant maladroitement sur le pont.


    - Je… J'étais avec ma psy… Qu'est-ce qui se passe ? C'est un rêve ? Une hallucination ? Je… Où est-ce que je suis ?

Quand on est dans un rêve, ou qu'on subit une hallucination, on n'est pas censé se poser ce genre de questions, non ? Et puis, ça lui semblait bien réel… Le poids des vêtements humides, la douleur chaude dans son torse… Assez bêtement, il espéra juste que sa jupe, noire, ne soit pas trop abîmée par le sel de la mer. Ca serait bête, il l'aimait bien… Presque autant que sa chemise blanche, qui elle avait moins de risque de griser, pour sûr.
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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeMer 16 Déc - 21:17

Fanny n’eut pas le temps de lui répondre. Un choc sur l’un des hublots attira l’attention de toutes les personnes dans la salle et ils n’eurent le temps que de voir un visage humain glisser sur la vitre avant que son propriétaire ne tombe dans les eaux glacées de l’océan. A voir la tête que faisaient les pirates, ce genre d’événement n’arrivait pas souvent. Diane fit rapidement le rapprochement avec la manière dont elle avait épousé la vitrine d’une boutique en atterrissant à San Factody. Et s’il s’agissait du même phénomène ? Cette personne était certainement un voyageur ! Et même s’il ne l’était pas, elle n’avait pas le cœur à laisser se noyer un individu potentiellement innocent.

- Est-ce que… vous avez l’intention de sauver cette personne quand même ?

Ses yeux bleus croisèrent plusieurs ses expressions indifférentes des hommes qui l’entouraient jusqu’à ce que l’un d’eux décide de se lever. Dans sa barbe, il marmonnait que ça ferait une personne de plus pour faire la lessive et que ce n’était pas de trop ; ainsi que quelques jurons propre au métier dont la blonde ignorait fort heureusement la traduction. Tout le monde lui emboîta le pas et la journaliste glissa sa silhouette mince parmi les corps endurcis et malodorants. Avant qu’elle ne puisse se faire une place sur le pont, un « plouf » significatif lui indiquait déjà que l’un des marins avait plongé. Elle s’appuya contre la rambarde pour assister au sauvetage et retint son souffle jusqu’à ce que les deux silhouettes ballotées par les vagues se soient accrochées à l’échelle de corde.

Diane ne se formalisa pas de cet homme – apparemment – portant une jupe. Il y avait bien longtemps qu’à ses yeux, l’identité sexuelle comprenait de nombreux spectres. Outre les expressions peu hospitalières des pirates, certains ne faisaient pas grand effort pour cacher leurs moqueries. Après tout dans leurs coutumes, les hommes portaient des bottes, des sabres et s’usaient contre la mer ; ils ne se noyaient pas en jupe. La trentenaire les ignora et se pencha vers l’inconnu quand il s’éveilla et parla de son psy. Un voyageur, sans aucune doute. Elle était dans le même état la veille au soir.

- Ce n’est pas vraiment un rêve, expliqua-t-elle en prenant soin de détacher ses mots, je… c’est difficile à croire, mais ton âme à bien été projetée dans un monde parallèle.

Des pas impérieux résonnèrent sur le bois du pont et plus aucun des martins n’osa émettre un son. C’était le capitaine, toujours coiffé de son tricorne, son regard charismatique et autoritaire allant de la journaliste au nouveau venu. Ses lèvres frémirent avant qu’il ne parle, faisant tressaillir les bijoux accrochés à son épaisse barbe châtain.

- Je peux savoir ce qui se passe ? Je ne me souviens pas du passage où ce navire devenait une arche de sauvetage.

Diane déglutit. C’était plus fort qu’elle : elle était redevable à cet équipage et savait qu’il valait mieux filer droit, mais ce n’était pas encore dans ses valeurs de laisser l’océan emporter un être humain. Avec le même courage qui l’avait poussée à défier l’esclavagiste plusieurs heures plus tôt, elle planta ses yeux clairs dans les orbes d’ambre du maître à bord.

- Il se noyait Monsieur, excusez-moi, j’ai poussé vos hommes à le secourir. Il-
- Mes hommes n’obéissent qu’à une seule personne, trancha-t-il, ne vous attribuez pas tout le mérite de leurs frivolités. Il travaillera avec vous et vous en êtes responsable ! ajouta le capitaine après un instant.

La blonde se contenta de hocher la tête et se tourna vers l’inconnu pour lui tendre une main. A bien y regarder, il lui rappelait vaguement quelqu’un, mais elle était incapable de mettre le doigt sur qui. Peut-être que son cerveau lui jouait des tours, ou qu’elle l’avait juste déjà aperçu à une Gay Pride, impossible de le dire. Incitant le nouveau venu à lui faire confiance d’un sourire, la trentenaire lui dit :

- Je sais que ça fait un choc au début mais… viens avec moi, on aura tout le temps de t’expliquer ce qui t’arrive pendant qu’on fera leur lessive. Si on se bouge pas, on va tous les deux se faire jeter par-dessus bord.

Elle attendit patiemment qu’il consente à se remettre sur pieds pour le guider, non sans être intimidée, au travers les rangs de pirates qui les dévisageaient toujours avec des mines étranges. En tout cas le message était clair : les voyageurs avaient intérêt à faire du bon travail et à se faire oublier s’ils ne voulaient pas se faire d’ennemis. Ces marins avaient beau leur avoir proposé la liberté, alors qu’elle et Fanny étaient vouées à l’esclavage, ils n’en restaient pas moins des criminels. Des pilleurs, des voleurs, des contrebandiers… au final, la laverie lui apparut presque comme une pièce familière quand Diane la retrouva. Même si l'odeur âcre de vieille humidité remplaçait les embruns rafraîchissant de l'océan. L’eau dans les bacs était étrangement toujours aussi chaude, mais elle arborait une teinte marronnâte. Quand aux piles de linge sales, elles étaient toujours aussi hautes. Ils n’allaient pas chômer, ça c’est sûr.

- Alors on commence... comment tu t'appelles ?
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Gawain Collingwood

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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeJeu 17 Déc - 4:41

Gawain reprit petit à petit ses esprits, et s'ouvrit au monde. Jusqu'ici, il s'était plutôt focalisé sur son ressenti, sur la situation, se demandant bien qu'est-ce que son esprit pouvait bien lui avoir joué comme tours. En trente ans, il était passé par plusieurs phases pas toujours jolies, mais rien n'avait été à ce point déroutant que ce qui lui arrivait maintenant. Des éclats de voix lui parvinrent, moqueurs, mais il ne s'en offusqua pas, trop choqué par la situation, et trop habitué au quotidien. Même lui s'étonnait, en phobique social qu'il était, d'avoir le courage de sortir de chez lui en transcendant les critères si binaires de la société. Alors, les moqueries, les chuchotements, les insultes… Il connaissait. Ca n'était pas agréable pour autant, et quand il vit une figure féminine se pencher vers lui avec un sourire, il s'accrocha à cet îlot de douceur, et se focalisa sur elle, comme pour oublier tout le reste du bateau. La jeune femme tenta de lui expliquer ce qu'il se passait, mais cela ne le plongea que dans une perplexité encore plus profonde ? Son âme, dans un monde parallèle ? Cela lui semblait difficile à avaler, mais pourquoi pas… De toute façon, il n'avait guère le choix. Mais même en prenant ce principe comme valable, d'autres questions venaient tourbillonner autour de son esprit, qui cherchait vainement à trouver une explication rationnelle à tout ceci.
Il s'apprêtait à ouvrir la bouche pour demander à l'inconnue des précisions, mais des pas lourds se dirigeaient vers l'attroupement : il s'agissait d'un homme, qui, sans trop réfléchir, faisait penser à la figure du capitaine -vu les accoutrements des hommes sur le pont, il avait atterri en plein milieu d'un équipage pirate -pas vraiment des gens connus pour leur ouverture d'esprit et leur sens du vivre ensemble. Et, en effet, l'homme parlait comme un chef d'équipage, il en avait l'assurance et la verve. Gawain s'apprêta à répondre, mais il fut coupé par la demoiselle qui l'avait aiguillé il y a quelques instants. Celle-ci semblait avoir autant d'assurance que le jeune homme en manquait, et ce dernier ne put s'empêcher de faire naître un rictus sur son visage encore trempé. Le capitaine cependant n'était pas de cet avis, et il envoyait la pauvre fille paître en deux phrases bien sèches, qui rassurèrent néanmoins Gawain. S'il devait juste travailler pour assurer sa survie, ça lui allait ; quoi qu'on lui demande, il trouverait bien comment s'adapter, et il pouvait se targuer d'une musculature suffisamment taillée pour pouvoir effectuer même des tâches physiques.
Il attrapa la main tendue vers lui avec un sourire reconnaissant, et acquiesça à ses paroles. Un choc ? C'était peu de le dire : s'il avait été effectivement transporté dans un univers parallèle, alors sa vie devait être bien chamboulée… Une pensée lui traversa l'esprit : combien de jours d'avance avait-il sur son travail, dans le « vrai monde » ? Il postait une page de son comics, RainBow, tous les trois jours… Et évidemment, la file d'attente de ses pages n'était pas indéfinie : en faisant de rapides estimations, ses lecteurs devraient en avoir à se mettre sous la dent pour encore deux semaines et demi… Et après ? D'ici là, il espérait avoir trouvé une solution pour rentrer. Et en même temps, ça lui semblait un peu hors de propos de penser à ça alors qu'il était en plein milieu de l'océan, sur un bateau pirate, et qu'il venait de passer à deux doigts de la noyade.
Il suivit donc la blonde, et pinça les lèvres. Il avait envie de se faire tout petit, de croiser ses bras autour de son corps… Il détestait être dévisagé ainsi, et les mots qu'il entendit se heurtèrent à ses tympans comme pour le faire rétrécir encore. Est-ce qu'il allait devoir passer tout son temps ici, avec eux ? Il déglutit, et se sentit complètement submergé par la crainte et la tristesse. Si tout ceci n'était qu'une plaisanterie de son cerveau… Eh bien c'était une très mauvaise plaisanterie. Quand il entra dans la pièce, il se sentit soulagé de ne plus avoir à subir les regards des autres. Il frissonna, et se tourna vers sa compagne d'infortune, qui lui demanda son prénom, tout en se motivant à commencer à travailler. Avec un sourire triste, il répondit :


    - Gawain… Et toi ? Il hésita un instant, et reprit : Tu penses que je peux prendre des vêtements propres ici ? Les miens sont trempés, et en plus d'être désagréable, je risque d'attraper froid.

Il rougit, se sentant vraiment bête de dire ça. Il haussa les épaules, et reprit :

    - Merci de m'avoir sauvé la vie… Je… Tu sais comment je suis arrivé là ?

Il ne pouvait pas s'empêcher de vouloir en savoir plus… Mais la situation était tellement étrange !
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Fanny Melycena

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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeJeu 17 Déc - 13:49

Alors que Diane lui posait la question du magasin, un « poc » résonna dans toute la pièce, attirant l'attention de tous. À en croire ce qui se déroulait, un homme s'était prit le hublot, mais depuis l'extérieur. Le « plouf » qui suivit confirma donc bien la théorie visant à dire que « ce n'est pas une situation normale ». Ayant faim, voulant finir son assiette, Fanny laissa ainsi sa camarade s'exciter toute seule et rameter les membres de l'équipage pour aller récupérer l'individu. Alors même qu'ils partaient, tous, elle prit le temps de retourner à la marmite se servir discrètement – encore que, si il n'y a personne, il n'y a pas besoin de discrétion – et de finir sa nouvelle assiette. Certes, la nourriture n'était pas exceptionnelle, très loin de là, mais bon, mieux valait avoir l'estomac plein que de passer plusieurs heures à mourir de faim plus tard... Surtout avec du travail physique comme le leur...

L'agitation au dehors venait de plus ou moins terminer lorsque Fanny se décida à bouger du réfectoire, passant en sens inverse de celui des matelots qui venaient pour finir leur repas. Elle put constater en passant sur le pont que le soir ne tarderait pas à tomber. La corvée ne durerait pas si longtemps que cela... Elle emprunta donc l'enfilade de couloirs menant à la laverie – dieu seul sait combien elle avait du mal à appeler cela une laverie – juste à temps pour entendre les questions du nouvel arrivant. Elle ouvrit alors sans ménagement la porte et lança, sans même se présenter, sur un ton peu être plus sec que ce qu'elle aurait voulu :

- Si tu cherche des vêtements propre, cherche donc, y'en a pas ici, et ceux qu'on a lavé sont trempés et en train de sécher à côté. Mais sert toi donc dans le tas va.

Accompagnant ses paroles, elle montra d'un grand geste l'immonde pile de vêtements sales.

- Au moins, tu seras déjà plus au sec, et... j'm'en fiche hein, mais sur un bateau comme celui-là, j'éviterai de me balader habillé comme tu l'es. Ce monde fonctionne pas comme celui d'où on vient. Et pour ta seconde question, tu as pleins de façon d'arriver ici. Tu chercheras à connaître ton pouvoir aussi d'ailleurs... Ça te sera utile si tu veux éviter de mourir.

Finalement, elle était fatiguée, et n'avait pas envie de parler beaucoup plus. En si peu de temps dans ce monde, elle avait délivré une ville, à peine quelques heures après, elle était devenu l’aînée d'une nouvelle, et même pas le temps de souffler qu'un petit nouveau arrivait cette fois-ci... Ce monde était du grand n'importe quoi, combien de voyageurs arrivaient à chaque minute ? Au fond d'elle, elle savait pertinemment avoir eu beaucoup de chance en tombant avec un groupe de gens expérimentés. Quel nombre de nouveau se retrouvait lâché dans la nature sans rien savoir ? Vu la facilité à tomber sur des ennuis à Dreamland, être seul était plutôt risqué...
Enfin, ça la fatiguait d'avance si elle devait tous les jours expliquer ce qu'elle comprenait de ce monde à des nouveaux, tout en leur faisant comprendre que le tout était bien réel, et non pas un simple rêve. Pour le nouveau, il se débrouillerait avec Diane.

- Bon, je reviens, le nouveau, je laisse Diane tout t'expliquer, si elle se souvient de tout ce que j'avais moi-même dit.

Elle avait lancé sa phrase tout en se retournant et passant la porte. Traversant à nouveau les couloirs, elle se dirigea sur le pont, ayant une autre obligation plus importante que celle de la lessive, nécessitant d'ailleurs de questionner l'un des membres d'équipage.

Elle discuta avec la personne qui semblait jouer rôle de sentinelle sur le sus-dit pont. La question semblait ridicule, mais elle n'avait pas le choix, et portait sur le sujet suivant : Où se trouvaient les toilettes ? Un besoin approximativement urgent se faisait en effet sentir. L'homme rigola, et lui indiqua qu'il n'y en avait pas, qu'elle n'avait qu'à faire comme tout le monde, aller à la proue du navire, et faire ça sur la poulaine. Ne sachant pas ce qu'était une poulaine, Fanny s'y dirigea, un peu frustrée du rire moqueur de l'homme. Et quand elle sut de quoi il en ressortait, une sorte d'assemblage de pièces de bois quadrillé à l'avant du navire, suggérant son utilisation assez aisément, elle désespéra un peu, avant de se reprendre. Elle fit ce qu'elle devait faire, la nuit tombant l'arrangeant bien avec son obscurité omniprésente, avant de se retourner à la laverie.

Arrivée, elle chercha à oublier le fonctionnement de ces toilettes, et attrapa des vêtements qu'elle se mit à laver, et s'adressa dans le même temps au deux autres :

- Diane, pour te répondre, le magasin, c'est un sex-shop. Et toi, le nouveau, c'est quoi ton nom ? Diane t'a bien tout raconté ?
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Diane Hargreaves

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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeJeu 17 Déc - 18:43

Diane ouvrait la bouche pour apporter des réponses convenables au moment où Fanny fit irruption dans la pièce pour s’adresser sèchement au dénommé Gawain. Ses yeux bleus s’écarquillèrent et elle dévisagea sa comparse qu’elle avait l’impression de découvrir sous un nouveau jour. Certes, la trentenaire avait compris depuis longtemps que ce n’était pas le modèle de fille bienfaitrice dans l’âme, mais ne l’avait-elle pas aidée ? Et elle-même n’avait pas avoué avoir reçu de l’aide à ses débuts ? On aurait dit que la dermatophile reprochait au jeune homme ce qu’il était, à savoir perdu et déboussolé. La journaliste se sentait fortement empathique à cet instant. Même si la force des choses l’avait contrainte à très rapidement s’adapter, il n’empêche qu’elle ne savait pas grand-chose de Dreamland, et qu’elle n’en avait pas encore vu les aspects les plus reluisants.

- Excuse-là, dit Diane quand la benjamine se fut éclipsée, elle n’a pas l’air très sympa quand on la voit comme ça, mais elle a bon fond.

En fin de compte, elle réalisait qu’elle ne connaissait que très peu Fanny. Elles n’avaient que partagé un café et différents lieux de captivité, mais n’avaient jamais vraiment eu l’occasion de discuter. Peut-être même qu'en creusant, elle était désagréable et la seule raison pour laquelle elle aurait accepté la compagnie de la trentenaire, ça aurait été pour ne pas être seule. En plus, ne venait-elle pas de se contredire ? Avant le déjeuner, elle avait affirmé que le fait que Diane soit une transsexuelle ne la dérangeait pas du tout ; et là, voir un homme porter une jupe semblait au-delà des clous de sa tolérance. Intérieurement, la journaliste refoula ces réflexions en se disant que la benjamine ne serait pas la première à être mal à l’aise avec les gens comme elle.

- Je m’appelle Diane, reprit-elle en s’approchant du coin où son bazar était entreposé à défaut d’avoir un sac, de sec et de propre, je n’ai que ça, elle tendit à Gawain sa tenue de Mère Noël avec une moue navrée, désolé… j’espère que ce sera à ta taille.

Elle revint alors vers le bac d’eau où, malheureusement, le linge de se laverait pas tout seul. A peine avait-elle recommencé à vigoureusement frotter une paire de grandes chaussettes informes que la douleur de ses muscles se réveilla. Pourvu que ces pirates n’aient pas prévu de passer des mois en mer, parce que son corps ne supporterait certainement pas ce traitement continuellement.

- Je n’en sais pas beaucoup plus que toi, expliqua-t-elle soudainement, je sais simplement que notre esprit est projeté ici pendant notre inconscience… tu as dit être chez ton psy, tu as été hypnotisé ? C’est ce qui m’est arrivé. Le Docteur Camélia Thores… je me demande si elle est consciente de ce qu’elle fait.

Elle leva les chaussettes à hauteur de son regard bleu pour juger de leur propreté et malheureusement : elle ne s’était pas assez échinée. Diane les replongea donc dans l’eau chaude armée d’un pain de savon si gros qu’il tenait à peine dans sa main.

- Il paraît aussi que les gens comme nous s’appellent des « voyageurs » et qu’on développe des facultés particulières en rapport avec nos traits psychiatriques… je t’avoue que moi aussi j’avais beaucoup de mal à y croire, jusqu’à ce que je me vois rétrécir jusqu’à ça.

Avec un pouce et un index ruisselant d’eau sale, elle mima quelque chose entre une quinzaine et une vingtaine de centimètres. Après un trajet pour balancer sa paire de chaussettes dans un bac à linge « propre », elle s’empara d’un grand tee-shirt en toile qui tenait plus de la serpillère imbibée de sueur. Ça faisait effectivement longtemps que personne ne s’était donné la peine de faire la lessive sur ce bateau.

- Si tu essayes de toucher Fanny, tu verras que c’est impossible. Sa peau repousse toutes les autres comme deux aimants de même polarité, après un instant d’hésitation, elle ajouta : désolé… j’aurais aimé pouvoir t’apporter des solutions, ou te dire que ça va aller, mais on est comme toi… ça ne fait même pas une journée que je suis ici.

Et combien de temps dans le monde réel ? La trentenaire supposait que si la psychiatre l’avait réellement endormie, alors le temps se déroulait de façon différente. Comme lorsqu’on dormait. On peut vivre des semaines de rêve en une demi-seconde. Il se pouvait fortement qu’à San Francisco, son corps de chair et d’os venait à peine de fermer ses paupières. Alors combien d’années devra-t-elle survivre à Dreamland alors de retourner à sa vie ? Quels impacts cette latence aurait-elle sur son mental ?

Fanny trancha net dans ses pensées en revenant dans les pièces. Diane plissa les yeux car le fil s’était rompu depuis un moment, il fallut qu’elle retrouve pourquoi diable sa benjamine lui parlait d’un sex shop. Hors contexte, ça pouvait même paraître assez étrange.

- Il s’appelle Gawain, rétorqua-t-elle simplement, et je crois lui avoir dit tout ce que je savais…
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Gawain Collingwood

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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeVen 18 Déc - 4:32

Une autre demoiselle -bien plus jeune d'ailleurs que celle qui l'avait tiré de l'océan- fit son apparition, et répondit d'une voix cassante aux questions que posait Gawain. Il jeta un coup d’œil au tas que lui proposait l'inconnue, et il ne put s'empêcher de lâcher une grimace de dégoût. Il avait beau se dire que c'était plus raisonnable, ça ne le rendait guère joyeux de se voir contraint d'enfiler des vêtements qui semblaient avoir macéré dans leur jus depuis des mois. Eurk. Il retroussa son nez de dégoût, et se tourna vers la jeune femme, qui continua sur sa lancée, l'avertissant que ses vêtements risquaient de ne pas être appréciés. Sans blague ? Comme s'il n'avait pas entendu les vulgarités lancées par les pirates… Peut-être que si elle s'était souciée d'un autre petit cul que le sien, et qu'elle avait été aussi présente pour lui que la blondinette, elle aurait été au courant aussi ? Il retint sa verve, et baissa simplement les yeux ; il n'était pas capable de s'élever contre qui que ce soit, ça le mettait tellement mal à l'aise ! Même s'il n'en pensait pas moins.
Il la regarda s'éloigner du coin de l’œil, et se tourna vers la jeune femme qui restait. Celle-ci ne resta pas bien longtemps silencieuse, et excusa son amie. Gawain haussa les épaules, et répondit avec un sourire :


    - C'est pas grave, ça arrive d'être de mauvaise humeur…

La jeune femme reprit, se présentant, et lui proposant un costume de mère noël d'un rouge vif, tout aussi « féminin » que ses vêtements actuels. A la vue de la tenue, Gawain ne put se retenir de rire, soulagé de voir qu'au moins, ce délire psychédélique n'avait pas que des mauvais côtés, et il répliqua après s'être légèrement calmé :

[list]- Merci beaucoup ! Je vais mettre ça le temps de travailler ici, mais je pense que dès qu'il faudra que je sorte, j'essaierais de trouver des habits secs et propres qui viennent de chez eux. Non pas que porter quelque chose comme ça me déplaise, mais je n'ai pas envie de trop attirer l'attention de ces hommes dans un espace clos…
Il attendit que Diane soit retournée à son travail, et fit lui-même volte-face, se changeant à toute vitesse, et faisant pendre ses propres vêtements mouillés à une patère. Il retourna auprès de la demoiselle et attrapa un pain de savon, avec le sourire.

    - Je me sens fabuleux avec ça sur le dos. C'est plutôt motivant, je trouve !

Diane reprit les explications là où l'inconnue les avait arrêtées, alors que Gawain se mettait à frotter vigoureusement un pantalon sale, tout en essayant d'éviter de penser à ce que le pantalon avait pu voir comme liquides divers et variés. Il réfléchit un instant, et répondit aux mots de la jeune femme :

    - Oui, c'est ça aussi… Mais qu'est-ce qui se passe avec nos corps ? Si on a été hypnotisés par la même psy, elle doit bien se rendre compte qu'un truc cloche ? A moins qu'on vive tout ça à des moments différents… C'est vraiment bizarre.

Il observa Diane décrire son pouvoir, et hocha la tête. Il avait consulté pour sa dépression, mais elle était liée à sa phobie sociale et à son mal-être quant à sa transidentité… Quel pouvoir pouvait-il donc avoir ? Et quel trait psychiatrique pouvait bien causer le fait de rapetisser ? Ça, ça ne le regardait pas, et il tut ses questions.

    - Pas besoin de t'excuser. J'aurais peut-être dû mieux vérifier les antécédents de ma psy, haha ! Et puis, tu as l'air aussi perdue que moi…

L'autre femme fit irruption dans la pièce, parlant d'un sex shop -sans doute en se tournant vers Diane, Gawain n'avait aucune idée de ce dont elle parlait. Elle lui demanda cependant son nom, et alors qu'il s'apprêtait à répondre, Diane le prit de cours.

    - Oui, c'est un peu plus clair maintenant, merci. Comment est-ce que tu t'appelles ?

Autant être un peu sympathique, s'il devait passer du temps avec ces deux jeunes femmes. Il sourit, tout en replongeant les mains dans l'eau grisâtre. Il aurait préféré, et de loin, être chez lui, une main sur sa tablette et l'autre dans un paquet de chips.
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Fanny Melycena

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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeVen 18 Déc - 11:19

Diane avait répondu à la place du nouveau venu. Donc, son nom était Gawain. Autrement dit, un nom pas vraiment courant, pas inintéressant.

- Moi, c'est Fanny...

Soufflant un coup, s’asseyant sur le rebord d'une bassine pleine d'eau, l'assurant de ne pas bouger, elle continua, regardant le nouveau droit dans les yeux :

- 'Hem, désolé pour tout à l'heure. J'étais de mauvaise humeur, et je suis fatiguée. J'ai peut être parlé un peu plus sec que d'habitude...

Elle ne poussa pour le moment pas plus loin. Elle n'en avait pas l'envie non plus. Après tout, elle s'était bien plus excusée pour la forme que pour autre chose. Elle remarqua au passage qu'il avait gardé des vêtements féminins. Ça ne l'ennuyait pas le moins du monde, surtout vu les gens qu'elle pouvait côtoyer au magasin, mais ce monde, c'était du grand n'importe quoi. Elle n'avait aucun doute sur le fait que, sur un navire pirate tel que celui-ci, il puisse se faire tuer facilement pour aussi peu. Enfin, elle avait prévenu, c'était maintenant son problème, plus le sien.

À partir de cette réflexion, elle attrapa quelques fringues sales qu'elle lança dans sa bassine et commença à les laver. Ça ne l'amusait pas plus que cela, mais être envoyée faire un plongeon dans l'eau – certainement froide – de la mer, elle s'en passerait. De toute manière, vu que le soir était là, le travail ne durerait pas bien longtemps encore aujourd'hui...

- Bon, et finalement, Gawain, tu faisais quoi avant d'arriver ici ? Autant discuter un peu quitte à s'ennuyer à laver des fringues puants... Enfin, je vous laisse la part discussion, et je prend la part « écouter ».

Ainsi, ils continuèrent à laver pendant un certain temps, suffisamment pour leurs bras fassent mal à force de frotter. Puis, alors que la bassine de fringues « propres » était pleine, l'homme – toujours aussi boiteux, normal cela dit – vint les chercher, leur annonçant que le groupe en avait fini pour le moment. Ils avaient champ libre pour faire ce qu'ils voulaient une fois le linge accroché, mais qu'aux premières lueurs du jours, ils étaient repartis pour travailler après le déjeuner.

Demandant de l'aide à ses camarades, Fanny traîna la bassine dans la pièce adjacente, déjà pleine à craquer d'habits « propres » et trempés, et tenta tant bien que mal d'accrocher rapidement les diverses loques. Elle proposa ensuite d'aller faire un tour sur le pont, histoire de respirer un minimum d'air frais et de souffler un coup avant d'aller dormir...

Suivie ou non, elle y alla. L'air de la mer, du grand large, était agréable, surtout après l'ambiance un peu renfermée de la pièce précédente. Il faisait peut être un peu froid, et elle tremblotait un peu, mais bon, ça conviendrait. Elle s'allongea dans un coin, et regarda les étoiles. Il y a longtemps qu'elle ne l'avait pas fait, et après tout ces événements, elle devait avouer que cela l'aidait à se relaxer.

Qu'allait-elle faire une fois que ces pirates les auraient débarqués à terre ? Rester avec Diane, ou bouger seule ? Hum, non, rester seule était une mauvaise idée... restait à trouver quoi faire maintenant... Elle regarda ainsi autour d'elle si ses deux camarades avaient suivi, et si c'était le cas, elle questionna Diane sur ses projets d'avenir, sur la suite...
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Diane Hargreaves

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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeVen 18 Déc - 19:50

Ainsi donc, ils avaient la même psychiatre. C’était bon à savoir, et pas seulement pour apprécier la popularité de Miss Thores. Cela signifiait soit que, comme le suggérait Gawain, les temporalités se tordaient si bien qu’ils vivaient actuellement le même instant à deux moments différents du monde réel ; soit, et ça lui paraissait plus logique, qu’elle devait disposer d’une salle de repos. Diane imaginerait très bien une pièce où seraient conduits ses patients sous hypnose, le temps que la « technique » fasse ses effets. Peut-être bien qu’à l’heure actuelle, elle et son cadet étaient allongés l’un à côté de l’autre dans une espèce de dortoir pour personnes souffrants de troubles psychologiques. C’était assez dérangeant quand on y pensait.

Au moins, Fanny se montrait moins désagréable et présentait ses propres excuses. La blonde sourit en s’acharnant sur le tissu usé qu’elle décrassait. Dans une situation pareille, rester unis constituait leur plus grande force. La benjamine du groupe questionna alors le nouveau venu sur ses activités : une très belle perche pour la journaliste qui avait l’impression de le reconnaître. Avant de laisser au concerné le temps de répondre, elle dit avec un débit plus rapide que la normale :

- Oh, à ce sujet, je t’avoue que tu me dis quelque chose ! Genre… pas seulement comme si tes traits me rappelaient vaguement quelqu’un, j’ai sincèrement l’impression de t’avoir déjà vu, jugeant qu’il valait mieux qu’elle en dise plus sur elle avant, Diane ajouta : je suis une journaliste indépendante et… j’écris aussi sur un blog appelé « Le journal d’une femme nouvelle ». Je vous l'accorde c'est pas très original... A la base, il ne devait me servir qu’à me permettre de parler librement, mais il est assez vite devenu une espèce de… d’étendard militant pour les lecteurs qui se sont reconnus dans mes sujets.

La trentenaire n’aimait pas trop étaler son succès, mais c’était la réalité. A une époque où les célébrités émergeaient sur youtube et dans les réseaux sociaux, certains de ses posts étaient rapidement devenus viraux. A un certain point, elle recevait même des messages d’encouragement, des interrogations, voire de réels appels à l’aide. Bien sûr, il y avait les intolérants et ceux qui se montraient désobligeants ou ouvertement méchants, mais elle s’en fichait. Avant, elle songeait être seule et isolée, prisonnière d’un schéma de vie qu’elle n’avait pas choisi. Désormais, elle savait qu’il y avait un monde alternatif caché sous toute sorte de masques, fragile et vulnérable, et elle se sentait honorée de les représenter. Sa seule blessure restait alors la position des lesbiennes ultra-féministes, qui voyait sa condition comme « un autre moyen pour les hommes d'asseoir leur domination sur les femmes »... affligeant et bas.

- Du coup je suis déjà un peu intervenu à la radio ou sur des talk show… bon ok, c’est hyper embarrassant de parler de ça comme ça, s'interrompit-elle avec un rire, je ne suis pas du tout en train de me vanter de quoique ce soit. Tout ça pour dire que j’ai l’impression de t’avoir déjà aperçu dans le monde réel Gawain, mais…

Ses yeux bleus se posèrent un instant sur l’homme habillé en Mère Noël. Pour beaucoup, ce serait une scène assez cocasse. Pour elle, c’était assez touchant. C’était incroyable de penser que sa propre identité de genre était si difficile à assumer dans un monde « moderne ». Si son cadet était heureux de cette façon, il n’y avait rien de plus admirable. Laissant finalement la parole à celui concerné par la question initiale, la blonde alla déposer le tee-shirt qu’elle torturait dans le bac propre pour piocher le gros lot : un caleçon démesuré et pas de la dernière fraîcheur.


Spoiler:
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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeSam 19 Déc - 14:31

Gawain haussa les épaules en entendant Fanny s'excuser. Il n'avait de toute façon pas envie d'entrer dans une polémique, et il se contenta de sourire, et de répliquer que ça n'était pas grave, que ça arrivait… Enfin, ils n'allaient pas rester là-dessus, quoi. La demoiselle se mit elle aussi au travail, en même temps que ses deux comparses, et reprit la parole, lui demandant quelques précisions sur sa « vraie » vie -si tant était que celle ici était fausse. Il sourit, heureux de pouvoir parler de quelque chose qui lui tenait à cœur, d'autant plus que Diane semblait se fiche comme de l'an trente des stéréotypes de genre : il était assez confiant que son engagement social et politique ne soit ni moqué, ni renié ou quoi que ce soit. Celle-ci, d'ailleurs, l'interrompit alors qu'il allait se lancer, pour lui expliquer qu'elle semblait le reconnaître. Comme pour se justifier d'être curieuse -ou se justifier d'avoir le sentiment de le reconnaître- elle lui expliqua brièvement ce qu'elle-même faisait dans la vie d'avant. Gawain eut un grimace légère en se disant qu'il pensait déjà à son confort comme la vie « d'avant », quelque chose qui serait désormais passé et inaccessible ; mieux valait éviter ce genre de pensées, tout de même.
Par contre, quand elle parla de son blog, c'est une moue surprise qui s'afficha sur le visage de l'homme, avant de se muer en un sourire ravi, presque excité.


    - Wow… Je ne t'avais pas reconnu, mais, en effet ! Je suis vraiment ravi de faire ta connaissance, même si j'aurais préféré que ce soit dans des circonstances moins… particulières. Je suis le dessinateur du webcomic RainBow, c'est sans doute pour ça que tu sembles m'avoir vu ! Je postais de temps en temps des photos de moi, notamment quand j'ai commencé à prendre de la T, pour voir les changements… Je doute cependant qu'on se soit croisés sur des plateaux, je n'y allais que très rarement, ce genre de choses me gênent un peu…

Il était vraiment très excité de la situation, semblant presque oublier le cadre peu ragoutant de leur rencontre. Le web militant dans les milieux LGBT+, il y avait passé un sacré bout de temps, du coup, il pouvait se targuer de connaître au moins un peu le parcours de Diane. Se mordillant la langue comme un gamin trop excité à l'idée d'ouvrir ses cadeaux de Noël, il se rendit compte en même temps des hasards qu'il avait fallu pour qu'il tombe sur elle ici. A moins que le hasard ait une toute autre définition sur Dreamland ?
Quelques temps plus tard, un pirate mal en point vint les chercher pour leur dire qu'il était temps qu'ils prennent une pause. Accueillant ce temps avec un large soupir, Gawain aida les deux femmes à accrocher les vêtements propres, et fit d'ailleurs son petit marché parmi les vêtements des pirates, trouvant une chemise de jute et un pantalon à sa taille et presque secs. Faisant signe à ses compagnes d'y aller, il se changea rapidement, et reposa le costume de mère noël dans le coin où Diane l'avait cherché, avant de s'élancer à la poursuite de celle-ci et de Fanny jusqu'au pont.
Arrivant à l'air libre, il lâcha un soupir en fermant les yeux, pour mieux profiter de l'environnement. Au moins ça le dépaysait, jamais il n'avait eu l'occasion de se retrouver sur un bateau. Un juron à propos de « fifs » se fit entendre, et le jeune homme ouvrit les yeux, pour découvrir un des pirates, affublé d'un étrange chapeau de père-noël, le bousculer en passant. Qu'est-ce qu'ils avaient tous avec les vêtements de noël ? Enfin, ce chapeau avait l'air fort crasseux, et les poils blancs étaient drus, et collés entre eux. Yurk, bien moins agréable que la jolie robe d'avant. Il ne prit cependant pas rigueur de l'insulte, et balaya du regard le pont, avant de tomber sur la silhouette de Fanny, allongée. Avec un sourire, il la rejoignit, et s'assit en tailleurs à ses côtés. Attendant quelques secondes, il prit la parole, d'un ton mêlant douceur et curiosité :


    - Et toi, si ce n'est pas trop indiscret, qu'est-ce que tu faisais avant ?
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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeDim 20 Déc - 14:33

Profitant du moment de calme, accompagnée par son nouveau camarade, Gawain, Fanny se sentait relativement bien. Certes, elle était fatigué par tout le travail effectué, mais elle était jeune, et s'en remettrait. Écoutant la demande de Gawain, elle lui répondit simplement :

- Je suis jeune, je faisais à peine quelques petits boulot tout en aidant aussi à tenir le magasin de mes parents...

Et elle le regarda, pensive, avant de continuer :
- Par rapport à toi et Diane, je ne fais pas grand chose de bien grandiose quoi. Me diras-tu, je n'ai fêtée mes 21 que quelques jours avant d'arriver dans ce monde. Vous avez quoi, vous, la trentaine facile non ? Enfin, même à votre âge, je ne suis pas bien sûre d'être aussi militants que vous semblez l'être.

Fanny pensait ce qu'elle disait. Sa tranquillité – si l'on pouvait dire – lui était plus importante qu'une cause ou une autre. Peut être était-ce là cause de sa jeunesse, mais elle s'en moquait... Après tout, elle verrait bien au cours des années si les choses changeaient. Elle avait tout son temps devant elle.

Se redressant un peu, elle prit le temps de s'étirer convenablement les bras. Il aurait été idiot de ne pas le faire pour se retrouver le lendemain matin complètement courbaturée. Et puis le tout permettait de faire passer le temps tout en réfléchissant aux événements. Elle continua dans le même temps à s'adresser à son petit camarade :
- Tu devrais faire comme moi, sinon tu vas manger cher demain, même si tu n'as pas travaillé longtemps par rapport à Diane et moi.

Le regardant, Fanny se remémora son arrivée à Dreamland. Elle s'était embarquée sans trop avoir le choix dans une quête mine de rien assez dangereuse, et avait manqué d'y rester. Diane aussi, si elle ne lui avait pas tendue la main, qu'aurait-elle fait, seule, en pleine milieu de début de soirée, et sans argent... Elle prit de fait un grand souffle et s'amusa à ré-expliquer encore une fois ce qu'elle comprenait de ce monde, ce que Diane pouvait ne pas avoir expliquée :
- Je sais pas ce que Diane t'a dis, mais je te préviens, ce monde est dangereux pour nous. J'ai eu de la chance de tombée avec un groupe de gens sympas, qui m'ont aidés à m'en sortir, et qui m'ont sauvé la vie...

Sur cette dernière phrase, elle montra ses agents bras où étaient clairement visibles les cicatrices acquises lors du combat avec la jeune boulimique toute gentille.
- Ça ne fait pas bien longtemps que je suis arrivée, mais seule, je pense que je pourrais être morte... Je ne sais pas combien de temps nous allons rester en groupe, mais vraiment, fait gaffe à ton cul. Surtout que, sans vouloir être méchante, hein, ni être une connasse, mais comparé aux voyageurs avec qui je suis tombé, j'ai tout sauf des pouvoirs suffisants pour vous protéger, ni l'envie non plus. Me protéger moi-seule est déjà suffisamment compliqué comme ça.

Ses étirements étant finis, elle s'allongea à nouveau, plaçant ses mains derrière la tête comme un oreiller...
- Enfin, fais en ce que tu veux de ce que je dis, et prends le comme tu veux, mais je dis ça pour toi...

Elle ne continua pas plus loin, les explications devraient normalement suffirent. Et puis, il fallait laisser mijoter tout cela dans son petit cerveau. Pendant ce temps là, le vaisseau continuait de fendre les flots, ses voiles claquant sous le vent du grand large, qui n'aidait pas à rester coiffée. Les marins devaient être à l'intérieur, puisque à part quelques uns, il n'y avait pas un rat sur le pont. Ce n'était pas plus mal pour avoir de la tranquillité, et éviter les regards pervers.
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Diane Hargreaves

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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeMar 22 Déc - 19:07

- Ah mais oui ! S’exclama Diane alors que le voile se levait.

Le fameux dessinateur de Rainbow. Elle avait passé de bons moments, emmitouflée sous sa couette en pleine nuit, à lire le webcomic de Gawain. De manière générale d’ailleurs, la blonde était du monde de la nuit. Elle écrivait bien mieux des heures après que le soleil ait choisi de délaisser le ciel qu’en pleine journée. D’où lui venait cette inspiration nocturne ? Impossible de le dire. Ou bien il s’agissait d’un sujet encore trop délicat à aborder, même pour elle-même. Elle sourit quand son cadet confia que les plateaux médiatiques n’étaient pas des lieux où il se sentait à l’aise.

- Moi non plus ce n’est pas ce que je préfère, avoua la trentenaire, je préfère largement rester chez moi à écrire mes articles face à la mer... tellement cliché,concéda-t-elle avec un bref éclat de rire.

Le monde était petit, non ? Combien y avait-il de transsexuels dans le monde, et combien Dreamland était-il vaste, pour que comme par hasard, ils soient deux habitants de San Francisco à se retrouver au même endroit. Leur parcours respectif les prédestinaient-ils à frotter les culottes sales d’une bande de pirates semi-pacifistes ? Cette pensée ironique fit sourire Diane pour elle-même. Si on cherchait à voir un bon côté à sa situation, elle n’était pas si mal tombée. Elle imaginait maintenant avec un dégoût effaré toutes les filles qui avaient dû être kidnappées, vendues, violées, réduites en esclavage, détruites… elle avait été brève et pourtant, l’humiliation qu’elle avait endurée pendant ces heures de soumission lui faisait l’effet d’une brûlure profonde sur sa chair pâle.

Bien décidée à ne pas démériter, car elle espérait vraiment que les marins tiennent paroles en la posant à terre à la prochaine escale, la journaliste frotta sans relâche. A la fin de la journée, ses bras étaient endoloris, engourdis, raidis par trop d’effort. Un travail cathartique et épuisant. En aidant ses comparses à porter la bassine de linge propre pour l’étendre dans la pièce réservée à cet effet, la claustrophobe se dit qu’elle rêvait d’une douche. Pourtant, à voir l’état des fringues et l’odeur générale des pirates, ce n’était pas dit qu’ils disposent d’installations sanitaires.

Tiens parlant de ça, elle avait envie de vider sa vessie. Tandis que Gawain restait en retrait pour « emprunter » des fringues et que Fanny s’éclipsait pour prendre l’air, Diane réussit à trouver un marin qui, comme à sa benjamine quelques heures, lui indiqua la poulaine à l’avant du navire. Elle crut à une plaisanterie jusqu’à ce qu’à la fraicheur du ciel nocturne, elle découvre effectivement les claies dans le plancher qui servait de WC. Interdite, la journaliste resta figée sur place de longues secondes tandis qu’une musique venue de nulle part s’éleva dans les airs. Ce fut plus fort qu’elle : elle s’exprima en chantant sur l’air du refrain.

♫ Mais c’est déguela-asse…
Faut vraiment que je pisse là ?
Mais c’est déguela-asse…
Rien qu’un siège de toilette et du papier,
C’est trop d’mander…
Ils n’sont pas civilisés
C’est trop d’mander…
Juste de pouvoir s’asseoir et s’essuyer.
Au moins j’suis cachée par la voile ♫


… qu’est-ce qui lui avait pris ? Si un esprit farceur, après ceux d’Halloween et de Noël, s’était décidé à se manifester, elle aurait apprécié que ce soit dans un moment un peu plus poétique. Heureusement, personne ne semblait l’avoir entendu, alors elle s’empressa bien vite de faire ses affaires pour rejoindre le coin du pont où ses deux acolytes discutaient. Refoulant ses envies d’occidentales qui lui faisaient réclamant un lavabo ou du gel hypoallergénique, elle se glissa à leurs côtés au moment où Fanny confiait ne pas pouvoir les protéger. Les yeux bleus de Diane se posèrent vers l’horizon dominé par l’océan avant de se poser sur la jeune femme.

- Tu sais… il n’y a aucune règle qui dit que tu es obligée de nous protéger, elle lui sourit avant de poursuivre, c’est très gentil de ta part ! Mais comme tu l’as dit, c’est déjà compliqué de prendre soin de soi, ne t’impose pas un fardeau supplémentaire.

Une bourrasque souleva ses cheveux blonds pâles qui barrèrent son visage. Elle les écarta avec patience, consciente qu’ils ne tiendraient pas longtemps derrière ses oreilles, et frictionna ses épaules frêles. Sa marinière était loin de lui tenir suffisamment chaud. Cette petite virée sur le pont d’un bateau tout droit tiré du XVIIIè siècle aurait été parfaite avec un bon manteau. Les flots étaient paisibles, réguliers. L’imagination de Diane se mit à fleurir : y avait-il des monstres marins dans ce monde ? Des chimères ? Un kraken ? Y avait-il la moindre chance qu’elle ne revoit jamais la terre ? Finalement, mieux valait ne pas y songer. Absorbée par l’observation du ciel étoilé, la trentenaire s’appuya sur le bord du pont avec un sourire rêveur :

- Dans un sens, c’est une super expérience de la liberté non ? A cet instant je veux dire. Qu’est-ce qu’il y a de plus libre qu’un bateau de pirates sur en pleine mer ? Elle se retourna pour faire un clin d’œil à Gawain, j’ai un bel article à écrire en rentrant chez nous.
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Fanny Melycena

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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeMer 30 Déc - 17:04

Et voilà que Diane répondait à sa tirade en annonçant qu'aucune règle ne disait qu'il fallait les protéger. Fanny avait l'impression d'être prise pour une enfant avec le sourire de la blonde et son « c'est très gentil de ta part » lancé sur un ton qu'elle ressentait comme condescendant. La différence d'âge restait faible, et elle n'était pas conne, elle savait très bien qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait. Mais franchement, peu de monde était suffisamment insensible pour laisser crever la gueule ouverte dans la poussière un de ses semblables quand un minimum était faisable pour aider. Elle avait uniquement prévenu ses compagnons des dangers de ce monde, rien de plus. Jamais elle ne s'était fait devoir de les aider.

Mais plutôt que de partir et/ou provoquer un conflit, Fanny choisit de se taire. Cette option paraissait plus intelligente. Mettre les points sur les « i » serait toujours possible plus tard, si besoin se faisait sentir. Elle écouta tranquillement, sans dire mot, ce qui se disait, comprenant donc « l'article à écrire une fois rentrée ». Pour le coup, elle s'exprima tout de même :

- Pour ça, faudrait-il que l'on arrive à rentrer. Mes anciens camarades ne m'ont pas donnés de méthode pour ça, et je ne sais même pas dans quelle mesure c'est possible...

Elle se redressa, frissonnant :
- En parlant de rentrer, il fait quand même froid, et il n'a pas l'air d'être très tôt... Autant que l'on aille se coucher pour être en forme demain non ?

Puis elle se releva carrément, étirant ses membres engourdis.

- À moins que tu ne veuilles faire autre chose ?

N'obtenant aucune forme de négation face à l'idée proposée, Fanny se dirigea donc à travers le bateau afin de rejoindre les couchettes qui leurs avaient été fournies, Diane au moins sur les talons. La traversée de la pièce commune ne fut pas des plus agréables, les deux femmes subissant les regards lubriques des hommes de l'équipage qui se retenaient de leur mieux pour ne pas leur sauter dessus. Arrivées à destination, elles tirèrent convenablement le drap servant de séparation pour rester « tranquilles », ou tout du moins limiter les risques de problèmes.

Pour Fanny, aucune envie quelconque de se changer, et elle se coucha dans son hamac entièrement habillée, son sac plein de babioles nouvelles servant d'oreiller, et la maigre couverture qu'on lui avait fournie sur elle. Elle regrettait de ne pas avoir d'arme « au cas où ». Quelle erreur de ne pas avoir acheté un couteau à la supérette...
Elle chuchota un : « Bonne nuit, et fait attention... » à Diane avant de fermer les yeux et rapidement sombrer dans un profond sommeil dû à la fatigue qui était sienne.

De tout cela ne ressortit aucunement le moindre rêve. Déjà qu'habituellement, elle rêvait peu, elle se rendrait bien compte au réveil qu'ici, le chose semblait ne pas arriver tout court. Malgré tout, la nuit fut peu agréable. Le bateau grinçait de partout, il faisait froid, et le bruit des vagues se faisait continuellement entendre, tout comme celui du vent s'engouffrant dans les coursives. Les matelots eux-même ronflaient, faisant pratiquement la compétition pour savoir qui ferait le plus de bruit. La jeune femme ne pouvait que remercier la fatigue de ne la rendre qu'à moitié conscience de tout ce tintouin, et de la laisser presque dormir convenablement.

Ainsi, Fanny fut réveillée, encore fatiguée, par le bruit de cloche sonnant dans la cale. L'un des membres d'équipage se chargeait en effet de remettre tout le monde au travail au levé du jour, autrement dit, tôt. Pour les filles, il était donc question de retourner à la laverie... Mais pas avant le déjeuner annoncé pour prendre des forces pour cette dure journée. Difficilement, elle s'assit et se prépara – pour le peu qu'il y avait à préparer – à y aller, lançant un bonjour à Diane entre deux bâillement et étirement intense.
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Diane Hargreaves

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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeSam 2 Jan - 15:41

HRP:

Fanny s’appliqua à saper ses pensées positives en soulignant que pour l’instant, elle ne connaissait pas le processus inverse. Diane se tut avec le sentiment, non pas d’être découragée, mais plutôt d’être seule face à un défi immense. Ses yeux bleus se posèrent un instant sur Gawain mais, évidemment, celui-ci n’avait pas plus de réponse. Elle acquiesça alors simplement pour signifier qu’elle aussi allait se coucher et suivit sa cadette dans les entrailles du bateau.

Le « dortoir » était déjà bien rempli. L’atmosphère était étouffante à cause de la chaleur humaine et des odeurs corporelles. La journaliste évita soigneusement de croiser un regard, de peur que ce soit mal interprété, et fila dans le hamac qui était supposé être le sien. Quelqu’un avait eu la gentillesse de déplacer ses affaires et, visiblement, en lui glissant quelques cadeaux supplémentaires. En analysant ses possessions, la trentenaire dégota un Père Noël en chocolat. Elle s’empressa de le déballer pour le croquer. Non pas qu’elle était dingue de ça mais… le professeur Lupin avait raison : rien de mieux qu’un peu de chocolat pour s’apaiser un peu d’une situation extrême.

A défaut de « pyjama » à proprement parler, Diane enfila son pull de Noël à la place de ses vêtements. Ne pas avoir de bas, hormis ses dessous, accentuait le fait que ses jambes nues étaient longues et interminables. Une fois installée, après avoir murmuré un « bonne nuit », elle ne mit pas longtemps à s’endormir. Son corps avait été sous pression depuis si longtemps que ses muscles se détendirent d’un coup et elle plongea dans un profond sommeil sans rêve. Un trou noir dont elle n’avait même pas conscience.

Le son de la cloche l’éveilla en sursaut. Le cœur battant à tout rompre, il fallut de longues secondes pour se rappeler où elle se trouvait. Ses muscles courbaturés hurlaient à chacun de ses mouvements et elle avait mal au crâne. Ce matin là, sa baie vitrée donnant sur une plage du Pacifique lui manquait. Il n’y avait que les planches humides et les visages de ses compagnons de galère. Ses cheveux blonds étaient emmêlés, elle empestait et osait à peine ouvrir la bouche. Diane rêvait d’une douche, mais c’était impossible à bord de l’Angelus.

Silencieuse, elle se rhabilla avec son pantacourt et sa marinière, faute de mieux. Avant de prendre la direction du petit déjeuner, et même avant d’adresser la parole à ses compagnons, elle se faufila jusqu’au pont pour profiter d’un peu d’air frais. Le soleil était à peine levé. Il trônait dans un ciel clair, illuminant les flots d’une lueur dorée. La journaliste ignora le froid qui lui donnait la chair de poule. Ainsi, elle se sentait vivante, libre même. Elle s’approcha du bord pour venir observer les flots se briser contre le navire, sous le regard du capitaine qui maintenait le cap avec assurance.

- On touchera terre demain dans la journée, informa-t-il de loin, nos coffres sont suffisamment plein pour que l’on s’accorde un répit.

La claustrophobe ne savait pas comment réagir à ce renseignement. Elle hocha simplement la tête en guise de remerciement et s’éclipsa pour rejoindre le petit-déjeuner. Fanny était déjà là mais impossible de voir Gawain pour l’instant. Se glissant entre les corps musclés et les barbes, Diane rejoignit sa comparse et s’assit face à un bol de « porridge ». En vérité, la substance qui s’y trouvait était indéfinissable mais ne sentait pas si mauvais. Tout en y plongeant sa cuillère en bois, la journaliste répéta à son alliée :

- On serra à terre demain. Plus qu’une ou deux journées de lessive…

Elle avala une bouchée. Ce n’était pas immonde en fait. Ni sucré ni salé, ou un astucieux point d’équilibre entre les deux. Grimaçant à cause de la douleur de ses bras, la blonde s’étira avant de poursuivre :

- Ça va faire bizarre non ? D’être libres je veux dire… je me demande ce que je vais bien pouvoir faire ici.

Reporter ? Bon c’était stupide en soi mais elle ne savait vraiment faire que ça. Ecrire sur des sujets. Qui sait si elle ne pouvait pas tomber sur un endroit suffisamment moderne pour que la presse soit développée ? Ce serait un excellent moyen de découvrir Dreamland tout en se rendant utile. Quoiqu’avant tout ça, elle espérait bien se trouvait une chambre d’hôtel avec une douche et un vrai lit. Très sincèrement, elle l’admettait, Diane n’était pas taillée pour la vie à la dure. Elle pouvait le supporter bien sûr, survie oblige, mais jamais elle ne supporterait de se complaire dans un tel déficit d’hygiène.

- Au fait…, commença la trentenaire avec hésitation, pourquoi… enfin… d’après toi, pourquoi ton pouvoir se manifeste comme ça ? Qu’on ne puisse pas te toucher ?
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MessageSujet: Re: Sur les eaux de l'esclavage   Sur les eaux de l'esclavage Icon_minitimeDim 3 Jan - 13:48

À peine réveillée, la tête toujours complètement dans le brouillard pour Fanny, que Diane filait déjà. À croire qu'elle devait vraiment être affamée pour partir aussi vite sans même un bonjour. D'ailleurs, si Gawain était revenu après qu'elles se soient endormies, lui-même était déjà partie dieu sait où. Après avoir tenté – difficilement – de remettre un minimum ses cheveux en place, la jeune femme se leva dans la douleur des courbatures. Et dire qu'il faudrait encore travailler toute la journée vu la quantité de lessive. C'était un véritable enfer qui entendait les voyageuses – et Gawain s'il se montrait...

Se dirigeant vers la salle commune pour le déjeuner, Fanny dut retenir quelques hauts le cœur provoqués par le ballottement du bateau. Elle était désormais fixées : les bateaux, très peu pour elle. Elle n'avait pas le pied marin du tout. Elle n'aurait toutefois pas le choix que de faire avec au moins jusqu'à ce que l'on puisse les déposer à terre. Dans pas longtemps si possible...

C'est donc sans vraiment avoir faim que Fanny fila le plus discrètement possible chercher son bol de porridge et se cala dans un coin de la salle pour être tranquille. Sa nourriture n'avait aucun goût, et ce n'était pas plus mal. Elle ne se sentait pas prête à lutter plus qu'elle ne le faisait déjà contre son mal de mer. Diane arriva peu de temps après, seule. Elle annonça, à la plus grande joie de Fanny, que leur voyage toucherait bien plus vite que prévu à sa fin.

Le sourire jusqu'aux oreilles, elle annonça :
- Ah putain, génial ! Tu sais quoi ? J'ai découvert que je n'ai pas le pied marin... Plus vite nous serons à terre, mieux je me porterais...

Tout en s'étirant, sa camarade continua la discussion en parlant de liberté et du programme futur. Ce à quoi la dermatophile répondit :
- Bah... Nous verrons bien une fois arrivée hein ? Je propose surtout de se prendre un jour de repos, à ne rien faire... Et puis libre, potentiellement, je n'ai pas l'impression qu'en tant que voyageuses Dreamland nous laisse l'être.

Finalement, Fanny s'habituait relativement bien à la présence de Diane. Elle avait l'impression qu'elle pourrait bien faire un bout de chemin avec cette dernière. Même si par moment Diane pouvait l'exaspérer, elle n'était pas conne, et potentiellement, pourrait servir. Et sympathique comme elle l'était, il était probable qu'elle ne risquait rien d'elle.
Ainsi, Fanny continua :
- Enfin, si tu as envie que nous continuions à faire un peu de chemin ensemble, à moins que tu ne me considères comme trop jeune et que tu partes de ton côté ?

Il était bien plus simple d'avoir d'ors et déjà une réponse claire. Savoir si, comme pour James, Liam et Rochel, tout le monde se séparerait après n'était pas des plus mal pour planifier la suite du parcours. D'ailleurs, à ce demander ce qu'ils pouvaient devenir... Surtout Liam qu'elle avait vraiment bien apprécié. Il est vrai que les contacts avec Rochel et James étaient restés plus superficiels, bien qu'elle avait pu saisir qu'ils n'étaient pas des « méchants ». Un petit bout de route avec James aurait pu être intéressant, tout comme avec Liam.

Complètement dans ses pensées, Fanny fut surprise par la question de Diane concernant son pouvoir. Cela ressemblait bien trop à une question piège à son goût, bien qu'elle n'eut aucun doute sur le fait de l’innocence de sa camarade lors de son questionnement. Elle préféra battre en retraite pour le moment, pensant à une excellente diversion :
- Aucune idée, je n'y ai pas réfléchie encore... Je devrait peut-être... Mais à ton avis, qu'est ce que l'on imagine à mon propos avec un pouvoir pareil ? Histoire de jouer sur les apparences au besoin...

L'annonçant, elle fit à Diane un clin d’œil comme si elles préparaient toutes les deux un plan secret x ou y futur qui pourraient servir leurs intérêts communs. Il faudrait espérer que tout cela suffise pour le moment pour que Diane ne se pose pas plus de question.
Puis, quelques minutes plus tard, elles durent repartir « s'amuser » à la laverie. Le travail se fit sans aucun intérêt, quel qu'il soit. Il fut juste, long et fatiguant, les courbatures n'aidant vraiment pas. Même le repas du midi fut court, avant de repartir au travail.

C'est ainsi qu'en milieu d'après-midi, alors que les filles prenaient une légère pause pour souffler que l'un des matelots vint les chercher :
- Hey ! Bougez vos culs sur le pont, on va avoir besoin de tout le monde ! Y'a une tempête comme on a rarement vue qui arrive, va falloir que tout le monde aide !

Sur le coup, Fanny comprenait pourquoi son mal de mer augmentait, et que les mouvements du bateau devenaient de plus en plus chaotique. Cela expliquait aussi la perte de luminosité dans la salle de séchage du linge...
Arrivées sur le pont, le ciel était effectivement d'un noir des plus menaçant. Loin à l'horizon, quelques éclairs zébraient le ciel. Fanny n'avait jamais de sa vie vue d'aussi grosses vagues. Pour un peu, elle aurait eu peur. De grosses gouttes commençaient à tomber, accompagnées de bourrasques de vents assez phénoménales.
Se tournant vers Diane, elle lança, inquiète :
- Tu évites de te casser la tronche par dessus bord hein... parce qu'à mon avis, ça va durer cette tempête, et elle va être énorme... Vraiment, la navigation, ce n'est pas pour moi...
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