Hypnose : l'Exil
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 Enchanté San Factody

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Diane Hargreaves

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MessageSujet: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeJeu 22 Oct - 17:53

Il fait clair ce matin. Diane était encore en pyjama, ses cheveux blonds noués en queue de cheval. Elle prenait un café face à la grande baie vitrée qui donnait sur l’horizon bleu de l’océan. Arizona avait beau lui dire que même au premier étage, ça nuisait à son intimité, la trentenaire assurait que cela lui permettait de ne pas se sentir enfermée. Bien que plus grand, son appartement de Seattle lui apparaissait beaucoup plus étouffant en comparaison. Ceci étant dit, elle avait parfois l’impression que peu de choses ne lui paraissait pas oppressant, et c’était ce qui l’amenait à ce rendez-vous avec la jeune docteur Camélia Thores.

Ses méthodes, autant que la finalité de la rencontre, avaient convaincu Diane de consulter. La théorie d’une thérapie par l’hypnose profonde était très intéressante pour la journaliste/bloggeuse qu’elle était. Même dans le pire des cas – c’est-à-dire une perte sèche de temps et d’argent – elle aurait toujours un sujet pour un post sensationnel. Et si ça marchait ? Alors elle se sentait intimement fier de participer à la promotion de la médecine parallèle.

Aux alentours de 10:00, la claustrophobe sélectionna un pentacourt en jean qui lui arrivait à mi-mollet et une marinière. Avec une paire de converses et un caban bleu nuit, elle était prête pour son rendez-vous. Ses cheveux dégradés lâchés sur ses épaules frêles, elle descendit les marches de son petit immeuble et récupéra son vélo dans le local dédié. Il lui fallut une petite demi-heure pour rejoindre le cabinet de la doctoresse, l’appréhension montait à chaque mètre qu’elle avalait.

Dans la sale d’attente, elle jouait nerveusement des talons, consultant son Iphone toutes les trente secondes comme si un imprévu pouvait altérer la situation. Elle avait reçu 3 sms depuis qu’elle était arrivée : sa sœur qui lui souhaitait bonne chance, l’une de ses amis qui voulait savoir comment elle allait et le rédacteur en chef d’un journal pour lequel elle bossait qui lui rappelait qu’il attendait un article pour le lendemain matin. « Plus tard » se promit Diane en relisant le message pour la quatrième fois, comme s’il disposait d’un sens caché.

Finalement, ce fut son tour à 10:53 très exactement. Les yeux bleus de la trentenaire bondissaient partout, pour retenir le plus de détails. La porte dérobée à droite du bureau, le parfum frais qui régnait, le canapé en cuir, les meubles en bois vernis, la beauté de la psychiatre… elle hocha beaucoup la tête, confirma qu’elle était là pour essayer de se débarrasser de son angoisse des espaces confinés et fut presque immédiatement mise en condition. Diane aurait aimé rester suffisamment vive pour analyser ses propres sensations, comprendre le mécanisme, mais elle se sentir partir inexorablement. De plus en plus faible, alors que la vision du pendule devenait un phare dans le néant, qui resta imprimé derrière ses paupières closes alors qu’elle fermait les yeux et se sentait aspirée… ailleurs.

***

Ailleurs. C’était bien le mot. Elle se sentit chuter, comme cette sensation désagréable qu’on a parfois le soir et que le lit se transforme en puits sans fond. Puis elle crut passer par le trou d’une tête d’épingle, manqua d’étouffer, et fut brusquement libérée. En ouvrant ses yeux bleus, elle vit une ville en un éclair, comme si elle survolait San Francisco, puis tout disparut. Diane avait l’impression de glisser dans un tube aux couleurs brouillées, à la manière d'une peinture trempée par la pluie, et puis…

- Aïe !!

La fin du voyage. Elle s’était heurtée à une vitrine crasseuse et s’était vautrée dans la poussière. Son crâne tout entier semblait résonner, elle aurait certainement une bosse sur le crâne, mais elle était indemne. Lentement, la trentenaire se redressa, une main posée sur sa tête, ses pensées se remettant rapidement en place. A l’origine de cet étrange trip, elle était chez le psychiatre pas vrai ? On l’avait hypnotisée, puis…

Elle regarda autour d’elle. La nuit tombait alors qu’elle avait rendez-vous en milieu de matinée. L’endroit était terne, sordide même. Une brume glacée flottait au dessus d’un sol fait de sable et de poussière, encore trempée par la pluie qui avait dû tomber dernièrement. Les lampadaires étaient crasseux, jaunâtres, certains ne fonctionnaient pas ou crachotaient, à l’agonie. Les habitants étaient rares, beaucoup étaient réduits à des semi-ombres fatiguées, silencieuses, aussi sinistre que le décor. Si elle était encore aux Etats-Unis, Diane n’avait aucune idée de l’endroit où elle se trouvait.

Deux options s’imposaient à son esprit : un rêve ou un enlèvement. Elle frissonnant en songeant à la seconde, parce que tout semblait trop « réel », jusqu’à l’humidité froide qui pénétrait sa marinière, pour qu’il ne s’agisse que d’un songe. Elle frictionna ses épaules. Bien sûr, elle n’avait ni sac à main ni rien d’autre que ses vêtements ; Elle sursauta. Une jeune femme venait de sortir de la boutique dont la vitrine avait souhaité la bienvenue à son front. Jean, tee-shirt et manteau simple : elle s’accordait suffisamment avec le décor pour être du coin. Pourtant, ignorant la raison pour laquelle elle était ici, la blondinette choisit de jouer la comédie.

- Excusez-moi, héla-t-elle à l’adresse de la dermatophile avec un sourire embarrassé, je… j’ai perdu mon téléphone…, mentit-t-elle en la rattrapant, est-ce que je pourrai emprunter le votre pour appeler chez moi ?

Finalement, ça pourrait ne pas être si dur. Il ne lui restait qu’à téléphoner à sa sœur et à lui demander de l’aider…


Dernière édition par Diane Hargreaves le Ven 23 Oct - 20:37, édité 1 fois
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Fanny Melycena

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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeVen 23 Oct - 17:44

Arrive de : Un voyage casse-bonbon

Sortant de la boutique, Fanny avait bien l'intention d'aller se traîner au café du coin au moins le temps de réfléchir à quoi faire pour la suite de ses « aventures ». Toutefois, ses plans durent changer au moment où elle croisa le regard d'une espèce de paumée à la gueule de « madame parfaite, j'ai 20/20 partout ». La pauvre était blonde en plus... M'enfin, elle allait partir, la laissant là en plan, et surtout en l'empêchant de lui adresser la parole – c'est vachement plus compliqué de se débarrasser de quelqu'un à qui on a parlé même 20 secondes – quand Fanny, regardant le visage de l'inconnue, eut un instant de blocage, un instant de trop.

La peau de cette inconnue l'avait émoustillée, ces petites tâches si excitantes sur son visage accaparèrent son attention, et ce temps de latence permit à la jeune femme de démarrer une conversation. Elle voulait lui emprunter un téléphone. La bonne blague, Fanny ne savait même pas si un tel outil existait en ce monde, et surtout elle était arrivée sans le sien moins de 24h plus tôt...

- Écoute cocote, j'ai pas le mien, et j'ai encore vu personne avec un truc du genre dans ce monde, alors non, tu peux pas. Je sais même pas si ça existe par ici... T'as vue la gueule de la ville non ?

Oh qu'elle désirait l'envoyer bouler encore plus, et continuer son chemin, mais vraiment, ces petites tâches l'attiraient. Et c'était le soir, elle pourrait peut être attirer l'inconnue dans un coin pour s'occuper de ce jolie minois, l'arracher et le garder en collection, dans une nouvelle collection. Encore faudrait-il passer outre son pouvoir par contre, et ça, ce n'était pas une mince à faire.

Se ravisant donc, elle continua, un sourire amicale – étrange – sur le visage :
- Bref, je sais pas qui t'es, mais t'es d'ici ? Si nan, t'as qu'à venir faire un tour, je vais me poser à un café-bar encore ouvert à cette heure ci en attendant de savoir quoi faire...

Sur ces mots, elle lui fit un signe de tête d'accompagnement et se dirigea directement vers la gare. Il y aurait certainement ce qu'elle cherchait là-bas, tout du moins l'espérait-elle. Son intuition ne la trompa pas, un petit établissement un peu tristounet était encore ouvert. Fanny n'hésita pas à aller s'y poser et commanda une pression, estimant le besoin de boire un peu d'alcool pour réfléchir aux événements de la nuit précédente.

La petite inconnue, enfin petite, pas tant que cela quand même, avait suivie, pour son plus grand plaisir de regarder encore ces tâches, à la lumière cette fois-ci. C'en était encore plus excitant pour la dermatophile.

- Bon ! Tu veux boire quelque chose ? Je suis d'humeur gentille ce soir, je te paye une conso'.

Une fois l'éventuelle commande effectuée, Fanny continua, avec sa voix la plus attirante, et la plus rassurante, tentant au mieux de s'accaparer la confiance de sa compagne de table :
- Allez, je me présente. Je m'appelle Fanny. Et toi, c'est quoi ton petit nom ? Pour ma part, ça fait peu de temps que je suis ici, mais toi, tu me racontes un peu pourquoi tu es venue te perdre par ici ? Ça a l'air vraiment paumé...

Manifestement, Fanny se sentait finalement l'envie de parler de tout et de rien. Et puis, il était toujours marrant de draguer quelqu'un, bien plus que d'être poursuivie par des loups géants. Elle comptait bien profiter à 100 % de la soirée qui se présentait à elle avec cette jolie jeune fille, quitte à payer une chambre pour deux dans un hôtel du coin. Et pour tout dire, elle oubliait tout autant la blondeur des cheveux de cette dernière que l'effet désagréable de son propre pouvoir.
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Diane Hargreaves

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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeVen 23 Oct - 21:27

Personne n’avait un téléphone dans le coin ? Diane haussa les sourcils, sincèrement surprise. Dans quelle partie de leur pays était-il possible, à cette époque, de croiser un patelin où les gens ne connaissaient pas les téléphones portables ?! Effectivement, cette… « ville » semblait avoir ignoré une partie de la seconde révolution industrielle, mais en admettant qu’ils soient à ce point arriéré, peut-être avaient-ils au moins un téléphone fixe ? Une vieille cabine ? N’importe quoi pour lui permettre de contacter Arizona.

La trentenaire frissonna. Il faisait frais, la nuit tombante et la brume n’arrangeaient rien, mais les personnes qui l’avaient amenées ici ne semblaient pas avoir jugé utile de lui laisser son manteau. La familiarité, et le sourire étrange, de la jeune femme qu’elle avait accosté la faisait hésiter à la suivre. Pourtant, avait-elle de meilleurs choix ? En étant réaliste, elle serait toujours – statistiquement – plus en sécurité avec de la compagnie, une femme qui plus est, qu’en errant seule dans un bled sinistre. Quant à savoir si elle était d’ici, Diane ne dit rien. Elle avait un sale pressentiment.

Ses bras serrés autour de son corps mince, la claustrophobe suivit sa cadette en se retournant les méninges. Les bars, généralement, ils avaient des postes de téléphone publics, non ? Forte de cet espoir, Diane pénétra l’établissement triste, presque miteux, qu’indiquait l’inconnue. L’endroit n’était pas bien grand. Pas encore trop petit pour sérieusement l’inquiéter bien sûr, mais elle gardait un œil sur les mûrs à l’hygiène douteuse, comme s’ils risquaient de subitement se mettre à se rapprocher.

- Je veux bien un café… merci beaucoup.

Diane n’aimait pas trop l’idée d’être redevable à une personne qu’elle ne connaissait pas, mais il fallait se rendre à l’évidence : elle n’avait pas d’argent et une boisson chaude lui ferait vraiment du bien. La jeune fille s’appelait Fanny. Maintenant qu’elles étaient sous une lumière un peu plus rassurante que celles de l’extérieur, et que le premier choc se dissipait, la trentenaire réalisait qu’elle était plutôt mignonne, mais qu’elle devait aussi être bien plus jeune. Dans tous les cas, elle était à mille lieux de penser à trouver une compagne pour une one close night. Les questions, les doutes et les craintes se bousculaient tellement qu’elle ne savait pas tellement pas où commencer pour répondre aux questions de la dermatophile.

- Je… je m’appelle Diane. En fait je…

Que pouvait-elle révéler ? Même si elle ne voulait pas croire qu’une petite brunette bavarde, et qui lui offrait un café, constitue une menace, qui n’avait jamais vu de film sur ces villes coupées du monde où les habitants, semblables à une vaste secte, promettaient de funestes destins aux étrangers ? Fanny avait pourtant confié ne pas être dans le coin depuis longtemps, mais c’était peut-être un leurre. Après tout, on était aux Etats-Unis… certainement le pays où les malades mentaux avaient le plus d’imagination et de champ libre pour agir.

- Je t’avoue que j’avais un rendez-vous mais je me suis perdue… ma sœur sait que je suis ici, mentit-elle, il faut juste que je puisse l’appeler pour qu’elle me récupère.

Les boissons arrivèrent, permettant à Diane d’occuper ses mains dont les doigts se bouffaient nerveusement. Préciser que quelqu’un de proche savait où on était, généralement, ça faisait les criminels hésiter un peu, parce qu’ils pouvaient craindre d’être retrouvés. Maigre défense dans sa situation, mais pouvait-elle faire autrement ? C’était bien la première fois de sa vie qu’elle se réveillait sans savoir où elle était ; pas se souvenir mais vraiment « savoir ». Repoussant ses cheveux blonds derrière son oreille gauche, la trentenaire avala une gorgée de son breuvage. Fade, pas sucré, mais au moins, c’était chaud et pour l’heure, ça suffisait.

- En tout cas ça à l’air paumé c’est clair, reprit Diane pour éloigner la discussion de son sujet, j’ai plus l’habitude des grandes villes, je ne suis pas… habituée, elle but une autre gorgée de son café et questionna : mais, excuse-moi, pourquoi une jeune fille comme toi se retrouve à boire une bière dans un endroit pareil ?

La claustrophobe regarda par-dessus son épaule. Les rares clients correspondaient plutôt au cliché de l’homme-épave qui vient se remplir de bière et de burgers après une journée à se remplir de whisky de seconde main. D’ailleurs, la présence de deux femmes à une table semblait ne pas passer inaperçue, rappelant à Diane la raison première pour laquelle elle avait suivi Fanny :

- Aussi… je suis vraiment désolée, je pourrais t’emprunter encore 1$ pour passer un coup de fil depuis leur téléphone public ? Je te rembourserai dès que ma sœur arrivera, promis ! s’empressa-t-elle d’ajouter avant d’être taxée de profiteuse.
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Fanny Melycena

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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeDim 25 Oct - 16:25

Fanny écoutait tranquillement la jeune fille tout en buvant calmement sa bière. Il était d'ailleurs compliqué de traiter cette dernière de « bière de qualité », son goût ayant un peu tourné, sans compter sur la probable piètre qualité des ingrédients de base. Pour un peu, elle pourrait presque regretter de ne pas avoir fait comme sa compagne de table et prit un café – encore qu'il se puisse qu'il soit lui aussi mauvais.

Diane que la femme s'appelait donc ? Nom intéressant et peu courant, bien que relativement classique, pas de quoi s'étaler sur le sujet en définitive. Par contre, son histoire de sœur avec qui elle aurait soit disant rendez-vous sentait l'enfumage à plein nez. Il ne fallait pas non plus prendre Fanny pour une idiote tout ça à cause de sa jeunesse. À force de draguer, et de se faire draguer, elle lisait un minimum à travers les dires des gens. Et puis, qui attend pour un rendez-vous en traînant dans la poussière, et sans téléphone permettant de prévenir en cas de soucis x ou y ? L'essai de mensonge de Diane était en définitive bien peu convaincant aux yeux de la jeune dermatophile. Il faudrait tout de même garder à l'idée que ça puisse être vrai, certaines personnes s'exprimaient parfois si maladroitement que l'on arrivait pas à les croire bien qu'elles puissent dire la vérité...

À l'annonce concernant les grandes villes, Fanny ne trouva rien d'autre à faire que de sourire. Elle même préférait largement les grandes agglomérations, y vivant, mais elle se connaissait bien et n'avait aucun soucis de débrouillardise depuis très jeune. Quel que soit le lieu, elle saurait se s'adapter à la situation, ce qui n'avait pas vraiment l'air de cette femme posée en face d'elle. Mais peut être se trompait-elle ? Qui sait...

Fanny prit le parti de ne pas répondre immédiatement à la question concernant les raisons de sa présence en ces lieux. Parfois, il valait mieux réfléchir et parler calmement. Elle se demandait si elle pourrait tirer de la notoriété de son sauvetage de Candyland, encore que le lieu soit complètement isolé, perdu dans les montagnes et que le maire n'était pas l'être le plus aimable qu'elle avait connue. Quoi qu'il en soit, son léger temps d'attente permit à Diane de quémander de l'argent supplémentaire à celui utilisé pour le café. Comme quoi certaines personnes n'avaient peur de rien... Même pas une heure qu'elle l'a connaissait – peu – que ça faisait déjà 2 fois qu'elle demandait un service. Génial, vraiment génial.

D'un air perplexe, Fanny fit l'effort de rectifier sa compagne :
- C'est des rubz ici, pas des dollards. Je sais pas pourquoi ça s'appelle comme ça, mais j'y peux rien, c'est comme ça. Bref, tiens, prends...

Et Fanny tendit ainsi 1 rubz à la claustrophobe qui fila directement chercher un téléphone. À croire qu'elle avait vraiment rendez-vous ça se trouve ? Bref, quand elle revint avec un drôle d'air, Fanny continua son discours :
- Bref, pour répondre à ta question, je suis arrivée dans ce monde hier soir, et avant même d'avoir le temps de dire ouf, j'ai passée la nuit à libérer – avec un groupe de mec habitué à ce monde – une ville, Candyland, de « dévoreurs », des espèces de loups géants. Ils m'ont dit que j'étais « une voyageuse », qu'on vient du monde réel dans ce monde imaginaire, Dreamland si je me souviens bien. C'était un peu n'importe quoi mais bon... apparemment c'est vrai...

En disant cela, elle se rendit compte que son interlocutrice écarquillait grand les yeux, et continua donc :
- Ouai, je suis une voyageuse. Et j'ai un pouvoir aussi, comme tous les voyageurs. C'est à cause de ça que j'ai cru à la leur histoire hallucinante...

Fanny se dit qu'une démo n'était pas inintéressante, et avança sa main vers celle de la femme, démontrant clairement qu'elle ne pouvait pas la toucher.
- T'as vue ? Ça c'est mon pouvoir de merde, y'a une espèce de champs de force entre ma peau et celle des autres. C'est bidon et j'arrive pas à l'annuler... M'enfin ça m'a sauvé la vie hier. Et d'ailleurs tout ça pour dire qu'une fois tout ce merdier terminé, je me suis cassée après un gros dodo aujourd'hui, et me voilà. Je sais même pas quoi faire maintenant...

Prenant une pause, Fanny lança une dernière injonction :
- Alors ? T'as pu l'avoir ta sœur ? Rassures moi d'ailleurs, il y a bien des téléphones dans ce monde ?
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Diane Hargreaves

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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeDim 25 Oct - 18:39

Diane comprenait que son interlocutrice ne soit pas ravie de lui prêter – encore – de l’argent mais dans un sens, personne ne lui avait demandé de l’inviter à boire un café. Tout ce qu’elle voulait c’était un téléphone et cette entrevue aurait pu s’arrêter à un refus. En elle-même, la situation était déjà très étrange, elle ne le fut que plus encore, quand Fanny parlait de « rubz » et non de « dollars ». La claustrophobe prit la gemme qu’on lui tendit d’un air éberlué. Dans quel pays du monde est-ce qu’on pouvait bien utiliser ce genre de chose ? Elle connaissait pas mal de devises pourtant, mais celle-ci…inconnue au bataillon. Est-ce que c’était une sorte de monnaie locale ? Comme dans ces villages qui s’inventaient leur circuit interne de monétisation ?  

La tête pleine de questions, Diane s’était levée pour essayer de trouver le dit téléphone public. Il y en avait bien un, fixé à un mur couvert d’annonces en tout genre dont les papiers jaunies tombaient de décrépitude. Pas d’isoloir, rien pour l’intimité, mais c’était actuellement le cadet de ses soucis. Elle introduisit la gemme dans la fente prévue à cet effet et composa le numéro de sa sœur, avec l’indicatif de la Californie dans le doute. Les sonneries défilaient, parfois coupées par de la friture, et une voix monocorde et automatique finit par lui dire que le numéro n’était pas attribué.

C’était dingue. Combien de temps s’était-il passé depuis qu’elle s’était allongée chez le psychiatre ? Où était-elle ? Pourquoi diable le portable d’Arizona ne répondait pas ? Défaite, Diane revint fébrilement vers la brunette, qui commença immédiatement à lui parler de monde imaginaire, de loups géants, de voyageurs et d’une ville dont elle ignorait l’existence. Dans tout ça, la démonstration du pouvoir de Fanny fut très réaliste : elle aurait pu croire à un jeu de mime si elle ne ressentait pas sur sa propre peau la résistance magnétique émise par cette proximité.  

La trentenaire enfouit momentanément son visage dans ses mains. Ça n’avait absolument ni queue ni tête, mais elle ne voyait pas qui aurait les moyens – et l’idée – de mettre en place une telle supercherie. Bien sûr, avant d’aller à son rendez-vous, elle s’était un peu renseigner sur l’hypnose, les témoignages de personnes l’ayant été, mais très peu – voir aucune – ne faisait mention d’une dimension parallèle où les humains avaient des superpouvoirs.  La question de Fanny parut la réveiller. Diane la regarda comme si elle venait de se rendre compte de sa présence, émergeant difficilement du méandre de ses réflexions.

- Ça n’a pas marché, ça me dit que son numéro n’est pas attribué…

Après avoir jeté un œil angoissé aux alentours, elle se rapprocha un peu de son interlocutrice, comme pour faire une confidence. Elle murmurait, à croire que ses paroles pouvaient tomber dans des oreilles mal avisées.

- Je ne suis pas sûre de comprendre, tu veux dire qu’on est plus… enfin… « sur terre » ? Je viens des Etats-Unis, expliqua brusquement Diane, San Francisco pour être précis. Ça veut dire que je suis comme toi ? Une « voyageuse » ? Mais… hum… pourquoi ?! Pourquoi ça nous arrive ?

Et oui. Pourquoi ? Etait-ce un phénomène contrôlé ou involontaire ? Si ce monde s’appelait « Dreamland », est-ce que ça avait un rapport avec son sommeil ? Avec ses rêves ? Est-ce qu’il s’agissait d’une expérience unique, défiant l’entendement, comme les NDE ? Est-ce l’hypnose qui l’avait conduit là ? Ne pouvait-elle alors pas simplement se réveiller ? Et si tout n’était qu’un songe affreusement réaliste dicté au fur et à mesure par le Dr Thores ? Comment savoir si elle faisait vraiment partie d’un autre monde, où si ce n’était qu’un rêve ? Oh, bien sûr !

- Excuse-moi mais… si on est vraiment dans un monde parallèle, et pas dans ma tête, alors si je te pose une question à laquelle seul quelqu’un de proche de moi – ou moi – peut répondre, tu devrais te tromper, pas vrai ? Sans attendre plus de réponse, elle demanda : comment s’appelait le chien que mes parents avaient quand j’étais petite ?

Ça pouvait paraître ridicule, mais à ses yeux, c’était important. Et si c’était un test ? Si on cherchait à savoir si elle était folle ou rationnelle ? Si la camisole n’était pas préférable ? Qui sait : un coup monté de sa mère, pour lui faire comprendre à quel point elle était « une erreur » ? Aucune hypothèse n’était à écarter ; bien qu’elle ne sache absolument pas comment réagir si Fanny connaissait effectivement la réponse…
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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeLun 26 Oct - 12:17

En pleine « conversation », Diane venait de se prendre la tête entre ses mains. Il n'en fallait pas vraiment plus pour confirmer ses doutes à Fanny. Cette fille n'était pas vraiment d'ici, et elle n'avait pas de rendez-vous avec sa sœur... D'ailleurs, le fait que le numéro appelé puisse ne pas être attribué réaffirma le statut de nouvelle arrivante de la claustrophobe. Fanny souriait intérieurement à cela, se disant que dans ces conditions, elle ne chercherait certainement pas à filer à l'anglaise et resterait avec elle. Avec un peu de temps, Fanny trouverait bien à annuler momentanément son pouvoir, suffisamment longtemps pour coucher avec Diane, et lui arracher la peau du visage pour sa collection.

Toutefois, pour que tout cela fonctionne, il faudrait faire attention à passer pour quelqu'un d'un minimum plus expérimentée que ce qu'elle avait déjà pu révéler sur son parcours. Elle se maudissait intérieurement pour cela, et comptait bien modifier le tir...

En attendant, la dermatophile fut surprise sur le moment quand sa camarade se rapprocha aussi soudainement d'elle pour pratiquement chuchoter. Elle ne s'attendait vraiment pas à un tel rapprochement, lui donnant un zoom et une excellente vue sur ses tâches sur le visage. Fanny eut à se maîtriser, serrant son verre de bière à s'en faire mal à la main, et se mordant discrètement la lèvre intérieure.

Une fois ses esprits retrouvés, elle réfléchit ce que Diane baragouinait tout doucement. Ok, elle venait de SanFrancisco – autrement dit comme elle-même ; Et de fait, oui, elle ne pouvait être qu'une voyageuse d'après ce qu'elle comprenait du fonctionnement de ce monde.

- Ben... Si t'es pas de ce monde, et que t'as débarquée de nul part, ouai, t'es une voyageuse.

Bien que semblant vachement sûr d'elle, ce n'était pas vraiment le cas. Elle espérait avoir bien compris le fonctionnement de ce monde, et ne pas dire de bêtises. Cela pourrait porter un préjudice irréparable à l'attitude experte qu'elle voulait se donner. Se rappelant du discours de James, elle continua même sur sa lancée, désireuse d'en savoir plus à ce sujet :

- D'ailleurs, puisque t'es une voyageuse, tu as un pouvoir aussi, et qui est lié à un « problème » que l'on a dans le monde réel... Dis moi, tu as quoi comme « soucis » ? On pourra peut être trouver à quoi ressemble ton pouvoir, ça serait toujours ça de gagné pour toi.

Oui, faire semblant de s'intéresser plus à l'autre qu'à soi-même a toujours bien fonctionné pour que les gens nous apprécient. Et Fanny comptait bien mettre ce principe à l’œuvre, dans son propre intérêt. Il ne faudrait pas qu'un quelconque pouvoir se retourne contre elle-même à un moment fatidique... Et connaître le problème de l'autre donnait un moyen de pression si besoin.

Et pour répondre au « pourquoi »...
- Pourquoi ça nous arrive ? J'en sais rien, et franchement, je m'en fou. C'est arrivé et on n'y peut rien maintenant. C'est plus le problème là, ce qu'il faut, c'est se débrouiller pour s'en sortir ou se tirer d'ici.

C'est à ce moment là que Diane trouva l'idée foireuse de « la question qu'il n'y a qu'elle ou presque dont la réponse est connue ». Fanny connaissait peu d'idée aussi inutile que celle-ci. Premièrement, pour peu que la chance rentre en compte, la personne a qui l'on demandait cela serait fichue capable de trouver la réponse. Deuxièmement, si l'esprit voulait vraiment tromper son possesseur, rien ne prouvait que ce dernier n’empêcherait pas les protagonistes du rêve de connaître cette information. En bref, cette idée de « question » était particulièrement inutile...

- Tu veux vraiment que je réponde ? Ça sert à rien tu sais, on pourrait être dans ton esprit et que je ne connaisse pas la réponse, ou que je tombe dessus par hasard hein... T'as pas trop d'autres choix que de me croire. Et à la limite, la meilleure preuve que tu auras, c'est quand tu dormiras. On est pas sensé pouvoir dormir dans nos rêves, et là je t'assure que l'on peut.

Sur ces mots, Fanny finit d'une traite le reste de bière qu'il lui restait et s'excusa auprès de sa camarade le temps d'aller payer les consommations : 3 rubz le café, et 5 pour la bière. Bon, au moins elle ne se ruinerait pas avec une boisson de temps en temps. Puis elle revint à sa table, espérant que Diane aurait assimilé les événements.

- Alors ? Tu te remets de tes émotions ? En attendant, il va bien falloir se décider à faire quelque chose, on va pas rester ici toute la nuit. Et ayant dormi toute la journée, je ne suis pas bien beaucoup fatiguée pour le moment, surtout que j'ai l'habitude de me coucher tard.

Ainsi, Fanny invita l'ancienne inconnue à aller marcher – l'ambiance ne pouvant être que meilleure par rapport à celle de ce bar miteux. Et se promener pourrait permettre de trouver quoi faire...
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Diane Hargreaves

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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeMar 27 Oct - 19:12

Diane eut un maigre sourire quand Fanny parla de « tomber au hasard » sur la bonne réponse. C’était tout simplement impossible, pour la simple bonne raison qu’elle n’avait jamais eu de chien, mais elle aimait la théorie selon laquelle elle ne pouvait pas dormir dans ses rêves. Convaincue par cet argument, du moins pour l’instant, elle conserva le silence. Elle n’avait rien dit depuis que, lorsque la dermatophile avait soulevé l’existence d’un « soucis » la concernant, elle avait marmonné :

- Demande donc à mon père… je suis persuadée qu’il te trouverait une liste de soucis longue comme mon bras.

Sur le coup, la trentenaire n’avait pas pensé à sa maladie mentale. C’était pourtant la raison pour laquelle elle voyait un médecin : elle avait clairement été diagnostiquée comme claustrophobe, les faits étaient indéniables. Pendant que sa comparse s’éloignait pour payer leurs consommations, Diane vida sa tasse d’un air pensif. C’était complètement dément. La dernière fois qu’elle avait eu ce sentiment d’être nue et démunie dans un monde neuf, elle entrait dans une clinique de chirurgie esthétique pour commencer sa transformation. Ce n’était pas forcément quelque chose qu’elle avait envie d’affronter à nouveau, surtout si la métaphore s’appliquait aussi aux phases les plus douloureuses de ses opérations.

De retour, sa cadette l’invita à quitter l’établissement. La trentenaire était surprise par cette attention. En vérité, elle s’était plutôt attendue à ce que, sa bonne action accomplie, Fanny retourne fouetter ses chats. Sincèrement touchée, avec un sourire, Diane lui répondit :

- Ça va aller, je suppose… et pour moi il n’était même pas 11:00 y’a 20 minutes, donc je ne suis pas pressée de dormir non plus.

En retrouvant la nuit froide pourtant, elle regretta presque de ne pas être toujours assise dans le bar miteux. La brume semblait encore plus épaisse, masquant le sol, les poubelles et certaines pancartes accrochées trop bas. L’endroit avait vraiment l’air fantomatique mais au moins, elle n’était pas seule, et ça contribuait grandement à ce qu’elle ne crève pas de trouille quelque part.

- Merci encore, lança soudainement Diane, c’est vraiment très gentil de ta part. Même si on est… enfin « voyageuses » toutes les deux, rien ne t’obligeait à prendre le temps de me payer un café pour me faire un topo. Tout le monde ne l’aurait pas fait.

Marchant jusqu’à lors en regardant ses pieds pour ne pas se prendre les pieds dans un obstacle invisible, la trentenaire se tourna vers la dermatophile pour lui adresser un sourire légèrement embarrassé. Si on lisait entre son franc-parler un peu abrupt, elle était sympathique. Et puis, quoique ce lien signifie, Fanny avait aussi besoin de compagnie. D’ailleurs, quelle pouvait être son « problème » si elle râlait contre un pouvoir l’empêcher d’entrer en contact avec la peau des autres ? La trentenaire n’avait pas encore toutes les clefs en main pour deviner, mais une chose était certaine : ici aussi, l’argent faisait tourner le monde. La générosité de son acolyte aurait ses limites et la tolérance de la trentenaire à la pauvreté aussi.

- J’oublie pas que je te dois aussi un café et un… rubz ? reprit Diane en hésitant sur la monnaie locale, j’ai pas l’intention de te dépouiller plus. Quitte à ne pas dormir, tu crois que je pourrais me faire embaucher pour un travail de nuit ? Même faire la plonge dans un resto’ miteux, n’importe quoi qui paye cache et à l’heure pour que je puisse te rembourser.

Certes, elle n’avait aucune notion en ce qui concernait les méthodes de recrutement de « Dreamland », mais elle se doutait que dans un patelin pareil, les lois américaines du monde du travail n’étaient qu’une idéologie. Même à San Francisco on pouvait trouver des petits boulots payés au lance-pierre, et au noir, pourvu qu’on tombe au bon endroit au bon moment. D’ailleurs, un job lui permettrait aussi de se mettre au chaud parce que mine de rien, on faisait plus chaud que la simple marinière qu’elle portait.

Quelque part, un chat miaula et déguerpit en courant. Il y eu le bruit étouffé d’un train qui partait, sans doute de la gare qu’elle avait vu. Eventuellement, quand elle aurait trouvé une façon de se remplir les poches, elle partirait d’ici pour un ailleurs moins glacial. Oh, ou bien elle pouvait aussi se réveiller, bien sûr… mais les premières frayeurs passées, sa curiosité prenait le dessus. C’était un post sensationnel qui menaçait de sortir sur son blog à son retour, alors plus elle expérimenterait, mieux il sera.
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Fanny Melycena

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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeMer 28 Oct - 20:22

Oh, mais c'est qu'il faisait plutôt frais dehors, bien plus qu'avant d'être rentré dans le bar. Fanny se félicitait intérieurement d'avoir décidée de passer acheter quelques vêtements en arrivant en ville. Combien même elle n'appréciait pas de trop se couvrir, elle priorisait ne pas attraper un rhume ou autre chose du même style. D'ailleurs, le brouillard rendait l'ambiance de la ville vraiment glauque et flippante. D'une certaine manière, elle était contente de ne pas être seule, combien même sa compagne ne servirait pas à grand chose en cas de problème.

En marchant, Fanny regarda Diane et prit conscience du fait qu'elle devait avoir plutôt froid. Mais ayant déjà trop donné, il était hors de question de lui proposer l'un de ses habits neufs, hors de question. Elle se fit cette réflexion tout en repensant à James qui lui avait offert de quoi se couvrir. C'était un bon petit gars, gentil, mais vraiment pas pour elle. Quoi qu'il en soit, se trouver un coin pour passer la nuit, même non fatiguée, ne serais pas trop quémander...

Dans la rue, Diane la remercia pour le café, le téléphone, et même le topo. Comme si Fanny avait fait cela par pure bonté ! Elle comptait bien avoir un retour sur investissement à plus ou moins long terme. La dermatophile ne ressemblait pas vraiment à une bonne sœur, loin de là. Encore heureux d'ailleurs que sa camarade de route lui propose de la rembourser !

À l'annonce du désir de travailler cette nuit, n'étant pas fatiguée tout comme elle-même, Fanny eut immédiatement une idée précise de quoi faire. Et leur nombre tombait parfaitement bien. Observatrice, elle avait pu remarquer au comptoir de l'espèce de magasin fréquenté plus tôt une petite annonce demandant quelqu'un de jeune pour tenir la caisse la nuit, ainsi que quelqu'un pour le ménage...

- Si tu veux, je sais où on peut trouver un petit job au moins pour cette nuit... T'as qu'à me suivre, c'est le magasin devant lequel je t'ai croisée.

Arrivé sur place, Fanny prit le temps d'examiner l'établissement. Oui, vraiment, de dehors, cela ressemblait vraiment à ces magasins que l'on trouvait sur les aires de péage. Qui plus est, ce n'était pas à plus de 2-3 minutes de la gare, on pouvait donc penser l'endroit relativement bien choisi pour les voyageurs ne faisant que passer dans cette ville. Sûre d'elle, elle rentra, ne serais-ce que pour se mettre au chaud et continua son examen. À l'intérieur, on pouvait voir à droite tout le coin « consommable », avec la nourriture et les boissons, séparés par une petite barrière et par la caisse. À gauche se trouvait tout le coin « bazars », vrai fourbi de nombreux livres prenant la poussière, et divers goodies et jouets bons marchés. Au fond, après tout ça, se trouvait le coin remplis de vêtements où elle avait pu faire ses « courses ». Et si l'on continuait tout droit, un renfoncement proposé des distributeurs de boissons chaudes, cafés et autres, ainsi que quelques tables et chaises, et les portes respectives des toilettes et du personnel.

Ni une, ni deux, Fanny se dirigea vers la caisse où l'homme l'ayant servi semblait ne pas avoir bougé d'un poil. De son ton le plus doux, elle commença :
- Rebonsoir Monsieur. J'ai vue votre annonce tout à l'heure pour travailler de nuit. Et bien, je pense vraiment que ma camarade et moi-même pouvons vous dépanner et effectuer ce travail sans problème.

Ce à quoi elle eut une réponse des plus intéressantes :
- Grumf... T'es sûre que tu vas t'en sortir ? T'es une femme, et t'as pas l'air douée, comm' ta copine là... Et pi j'paye pas beaucoup hein. T'as des qualifications pour fair' la caisse ou nettoyer ? Nan, t'en a pas l'air...

Entendant cela, Fanny s'était mordue au sang la lèvre intérieure. Si elle ne désirait pas d'occupation pour la nuit, elle aurait probablement fait avaler ses dents à cet homme. Faisant mine de partir, elle continua :
- Si vous nous considérez comme ça, on va s'en aller hein, et je vais vous laisser passer une bonne nuit derrière votre comptoir, à moins que vous ne deviez fermer pour dormir ?

Et l'homme la retint ainsi :
- Rôh c'est bon jeun' fille, si on peut mêm' pas rire un ch'ti coup ! S'qu'on s'ennuit ferm' dans l'coin. Allez, c'est bon, j'ai b'soin d'me reposer un coup, z'avez l'job. Z'avez qu'à aller au local vous changer tout' les deux, on réglera l'administratif d'main matin. J'veux juste vos noms pour êtr' sûr d'pas avoir d'problèm'.

Ce faisant, Fanny nota son nom, un faux, mais son vrai prénom, sur le papier avancé sur le comptoir, puis prit les clés tendues par l'homme (ainsi que les deux fiches indiquant les travaux à effectuer, et comment utiliser la caisse) pour aller au local, invitant Diane à la suivre. Oh qu'elle aimerait ça, la voir se changer, se déshabiller et l'admirer. Ce serait dur de se retenir... Peut être devrait-elle passer un coup aux toilettes pour se calmer...

Aux « vestiaires », Fanny attendit sa camarade pour la distribution des rôles, tout en regardant les fiches descriptives :
- Tu veux la caisse ? C'est chiant, faut ranger les articles et faire payer les éventuels clients. Mais le reste, c'est ménage, de tout, même des toilettes... C'est crade. C'est aussi surveiller le magasin quand l'autre à la caisse est occupé. C'est toi qui voit...
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Diane Hargreaves

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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeJeu 29 Oct - 0:05

Diane accepta de suivre sa comparse. De toutes les façons, elle n’avait pas vraiment meilleur plan. A l’intérieur de la vieille supérette, le chauffage devait être en panne et les lampes jaunâtre produisaient un léger buzz continu. Ce n’était pas vraiment – voire pas du tout – accueillant, à tel point que la trentenaire regretta presque sa proposition. Au moins, elles étaient à l’abri de la brume pénétrante et si la fréquentation restait aussi intense toute la nuit, elles risquaient bien d’être payées à ne pas faire grand-chose.

Tandis que Fanny « négociait » avec le propriétaire des lieux, Diane ne pouvait s’empêcher de détailler chaque détail, aussi lugubre soit-il. Tout paraissait si réel. Pas comme un de ces songes où les décors sont flous et les protagonistes sans visage. Ici, il y en avait pour ses cinq sens. Elle reconnaissait l’odeur d’un vieux carburant qui flottait dans l’air, elle avait encore sur la langue le goût de son café fade, et la chair de poule hérissée sur sa peau était plus vraie que nature. Mais alors, que ce passait-il « chez elle » ? Si elle était ici en rêve, alors son vrai corps dormait, n’est-ce pas ? Tordu.

La claustrophobe ne s’intéressa à la conversation que lorsqu’il fut question de signer la paperasse le lendemain. Si sa cadette se prêtait au jeu sans rechigner, elle fronça les sourcils. Outre l’absence total d’un semblant d’entretien : on ne commençait pas un boulot avant d’avoir signé son contrat… c’était le b a ba pour ne pas se faire exploiter. Suivant Fanny, Diane se promit de simplement jeter un œil aux uniformes mais qu’elle irait en toucher deux mots au patron immédiatement.

Si les espaces publics se devaient d’être un minimum présentable, les vestiaires, eux, étaient dans un piteux état. Pas réellement sales, mais la plupart des casiers étaient démunis de portes, la moitié des ampoules clignotaient aléatoirement et il flottait une odeur âcre de calcaire. Aux propositions de la dermatophile, la trentenaire fit une grimace qui traduisait parfaitement son incertitude.

- Je ne suis pas certaine que la caisse me passionne, répondit-elle, mais ce serait ingrat de ma part de te laisser récurer les chiottes.

Il y eut un bruit de portière étouffé, lointain, auquel elle ne prêta pas attention et s’attarda plutôt sur l’allure des uniformes. On aurait dit qu’ils étaient faits pour des garagistes : des combinaisons unitons couleur boue, propre mais clairement usées. La plupart seraient bien trop larges pour elle, bien qu’elle puisse certainement trouver sa taille dans toutes celles qui étaient disponibles.

- Ok… bon je vais essayer d’aller voir le patron, informa Diane, je viens peut-être d’arriver mais je ne suis pas complètement idiote. Ça ne me dit rien de bosser sans « vrai » contrat.

La trentenaire ressortit, sa chevelure blonde battant le rythme de ses pas sur ses épaules, et après seulement quatre ou cinq mètres, le monde vira au blanc. Elle se souvint vaguement d’une étreinte musclée, d’une respiration sifflante et d’un tissu qu’on lui collait sous le nez. Son expérience des séries télévisées lui fit immédiatement penser à du chloroforme, bien qu’elle n’ait aucune idée en réalité de l’odeur que ça avait. Il pouvait tout aussi bien s’agir d’une substance dreamlandienne ou d’un cocktail maison.

Une chose était sûre : quand elle rouvrit ses yeux bleus, il faisait noir et le sol vibrait sous elle, métallique. Dans son état semi-comateux ne lui parvenaient que son mal de crâne, l’impression que ses mâchoires avaient été collées à la glu et l’odeur de sueur rance mêlée à celle de vieux outils. Une secousse lui donna un haut-le-cœur, mais Diane comprit alors qu’elle était dans une espèce de camionnette – ou en tout cas un équivalent vintage bien crasseux.

Ses sens se déliaient petit à petit. Plus elle réalisait la situation, plus elle avait peur, et pas seulement parce qu’elle venait de se faire kidnapper. Elle crut entendre du mouvement à côté d’elle et en tâtonnant, ses doigts se heurtèrent à une étrange résistance magnétique. Le pouvoir de Fanny, bien réel, comme tout le reste. Désormais, la trentenaire était assez éveillée pour céder à l'horreur. L’obscurité opaque était glacée, elle était frigorifiée, et elle n’avait même pas la place d’étendre ses jambes engourdies.

Sa respiration devint difficile, saccadée, et une angoisse aussi viscérale qu’irrationnelle ébranla son corps tout entier. Les parois étaient beaucoup trop proches, elle avait besoin d’air, elle étouffait dans cette camionnette ! Saisie d’une hystérie incontrôlable, la claustrophobe se mit à marteler les battants métalliques jusqu’à se faire mal aux mains. A présent, elle respirait profondément et difficilement, comme une asthmatique en crise, et les sons peinaient à sortir de sa gorge :

- Fa…nny… je… pas respirer…
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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeLun 2 Nov - 13:34

Posée sur l'unique siège du vestiaire, Fanny regarda Diane avec perplexité. Elle n'arrivait pas choisir quel poste prendre. Bon sang, il existait des choix bien plus compliqué que cela ? Pourquoi se prendre la tête pour si peu... Sa camarade pouvait bien être terriblement attirante, la jeune fille avait vraiment du mal sur certains points de son caractère. La prise de tête inutile faisait partie de ce genre de chose.

Puis, avant même qu'elle ne puisse répondre, Diane annonçait vouloir discuter avec le patron pour des contrats signés en bons et dû forme. Elle ne réussirait probablement qu'à l'agacer. L'évidence même disait qu'à cette heure avancée de la soirée, personne ne voudrait s'embêter à éditer des contrats. Et puis, pour une nuit de travail, pourquoi autant se prendre la tête ? Décidément, la claustrophobe n'améliorait pas son score de popularité envers la dermatophile.

Une fois seule, elle se mit à regarder ces horribles tenues tout sauf avantageuses qui serviraient d'uniformes de travail. Ils étaient vraiment moches, et la probabilité de réussir à en faire quelque chose de bien ne pouvait être que nulle. Ça en était déprimant. Mais le débit sur ces horreurs n'eut pas loisir à s'étaler quand un homme, grand, très grand, et très baraqué, beaucoup trop, rentrant dans le vestiaire en annonçant « qu'il y en a encore une là » à de petits camarades restés au dehors. Ni une ni deux, Fanny comprit l'existence d'un problème. Une pancarte clignotante notée « Danger » aurait été plantée là que ça n'aurait rien changé à son état d'esprit. Seul problème ? Aucune arme... Sauf peut être si... Oui, il fallait essayer tout comme à Candyland de faire venir l'homme déguisé en joker. Ça ressemblait à un pouvoir, et dans ce cas, ça pourrait marcher, et surtout l'aider à se sortir de ce pétrin.

Et alors que l'homme s'approchait, Fanny se concentra fortement, fermant les yeux et essayant sans savoir comment de faire apparaître le tueur. Elle eut une sorte de « tilt » l'amenant à croire en sa réussite et ouvrit les yeux. Elle fut dépitée par ce qu'elle voyait, qui n'était pas vraiment dans le cadre de ses attentes. Le malfrat s'arrêta aussi, surpris. Seul le gamin ayant réclamé des bonbons la veille la regardait droit dans les yeux, demandant « ce qu'elle veut la dame ». En aucun cas Fanny ne laisserait un enfant se battre à sa place, elle s'excusa auprès de lui pour le dérangement, et se tourna vers la brute :

- Ok ok, c'est bon, je vais rien faire, on se calme. Tu, enfin vous voulez quoi ?

Elle n'eut pour réponse qu'un simple grognement, qu'elle interpréta comme l'invitation à sortir des lieux, ce qu'elle fit. L'idée n'était pas des plus judicieuses, puisqu'à peine la porte passée, quelqu'un lui plaqua un tissu fortement odorant sur le visage. L'écran noir fut pratiquement instantané.

Plus tard, sans savoir combien de temps exactement, elle fut réveillée, ligotée, dans un véhicule. Elle le sentait à travers les vibrations du « lieu ». Mais ce qui attira son attention, ce fut les petits bruits étouffés de Diane. Fanny se disait que le besoin de rechercher la pathologie de sa camarade, elle l'avait trouvée : la claustrophobie. En tout cas, ça ne réglait pas le problème posé par la détresse de sa camarade. Mais ligotée ainsi, elle n'avait aucune liberté d'action, exaspérée de plus par cette phobie. Et puis, Diane lui tapait quelque peu sur le système, à avoir constamment besoin d'aide depuis son arrivée dans ce monde. Elle-même n'en avait pas demandé autant la veille. D'ailleurs, sa jeunesse à Dreamland ne faisait pas non plus de la dermatophile quelqu'un de beaucoup plus expérimentée que la jeune fille...

La seule solution trouvée fut, assez calmement :
- Calme toi donc ! On est coincées, et je peux même pas t'aider, c'est soit ça, soit tu l'as dans l'os... Ata, je vais tenter un truc, ça pourra peut être te soulager un peu s'ils ouvrent les portes...

Puis en hurlant à pleins poumons, frappant
- Heeeeeyyyyy ! Bougez vous ! Ma copine est en train de faire une crise ! Si vous faites rien, elle va crever et tant pis pour votre gueule ! Faites quelque chose !

À croire qu'elle avait braillée assez fort, puisque la camionnette – en supposant que c'était ce genre de véhicule – s'arrêta net, faisant glisser Fanny contre le fond du fourgon, au point qu'elle se cogna assez fortement la tête, la renvoyant au pays des rêves.

À nouveau, elle se réveilla plus tard, mais dans une cave sombre et humide, mais relativement grande, et en sous-vêtements. Essayant de retrouver ses esprits malgré son crâne douloureux, elle examina son environnement : Diane était présente, déshabillée aussi et attachée, tout comme Fanny à une chaîne. Pour le reste, elles étaient libres Les deux filles reposaient chacune dans des sortes de petites cellules faites uniquement de barreaux en fer – ou tout du moins du métal. Plus loin, sur un vieux congélateur à bac, se trouvait son sac et toutes leurs affaires.

Sa tête lui faisant mal, elle ne réussit pas à garder suffisamment l'esprit clair pour comprendre le temps qui passait. Tout ce qu'elle comprenait et l'aidait à appréhender les durées, c'était la faim qui la tenaillait de plus en plus. C'est pourquoi lorsque qu'une petite vieille, digne du look d'une sorcière, apparue, proposant un bonbon, la dermatophile ne sut dire non.

Le résultat fut une friandise au goût inattendu de bolognaise. Parfait pour quelqu'un ayant vraiment faim. Et il n'y avait pas l'air d'y avoir de contre-coups... Enfin, jusqu'à ce qu'elle ressente une douleur affreuse au niveau de sa mâchoire, ayant l'impression qu'elle se modifiait, que son articulation et ses os se déformaient. Puis la douleur se changea en faim terrible. Et Diane qui était là paraissait d'un coup terriblement appétissante, non plus dans le sens sexuel du terme, mais bien culinaire... Elle rêvait de croquer un bout de sa nouvelle compagne...


Dernière édition par Fanny Melycena le Lun 2 Nov - 21:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeLun 2 Nov - 13:34

Le membre 'Fanny Melycena' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Halloween' :
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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeMar 3 Nov - 8:22

Se calmer ? Si seulement c’était si facile à faire… l’espace lui paraissait encore plus restreint dans l’obscurité, avait été enlevée dans un monde qu’elle ne connaissait pas n’aidait en rien. Même si elle s’en sortait : qui prêt à l’avaler ou à la broyer. Sa peur avait beau être irrationnelle, elle était affreusement réelle, et savoir qu’elle prévenir ? Ou fuir ? L’impression d’être totalement prise au piège était atroce, c’était à en perdre la raison. Fanny avait pris le relais pour les hurlements. Diane ne savait pas trop si ça aidait, parce qu’elle avait désormais tellement de mal à respirer que les sons refusaient de franchir sa gorge.

La camionnette s’était arrêtée et la terreur ne fut que plus intense. Qu’allaient-ils faire ? Certainement pas les relâcher, ce serait trop beau. Sa comparse était muette. La claustrophobe tremblait littéralement quand elle perçut les pas lourds qui contournaient le véhicule. Bientôt, la porte latérale s’ouvrit. Une grande silhouette se découpa à la lumière crue de la lune, mais en contre-jour, impossible de voir son visage. La trentenaire ne put que murmurer quelques pitoyables « s’il vous plait, s’il vous plait,… » avant qu’un autre tissu chloroformé l’envoie au pays des songes.

Avant que ses yeux bleus ne s’ouvrent à nouveau, elle perçut les odeurs de moisi et de poussière significative des caves. Un mal de crâne alourdissait sa tête, lui donnant l’impression qu’elle pesait des tonnes. Une fois encore, il lui fallut de longues minutes avant de reprendre possession de ses moyens. Elle était en sous-vêtement, ses mains étaient liées à une grosse chaîne plantée dans le mur et elle était séparée de Fanny par d’épais barreaux métalliques. Ceux-ci étaient suffisamment écartés pour que, malgré le malaise de Diane, elle ne se sente pas complètement opprimé et puisse conserver un rythme respiratoire normal.

Sa gorge et ses sinus lui faisaient mal aussi. Lentement, elle se redressa pour détailler le reste de la pièce. Un semi-éclairage régnait, lugubre, principalement dû à des rais de lumière qui filtrait depuis l’étage supérieur. Leurs affaires étaient posées sur un congélateur à bac et Diane ne put s’empêcher ce qu’il y avait à l’intérieur de ce dernier. Elle était terrorisée, c’était la première fois de sa vie qu’elle se retrouvait dans ce genre de situation et à vrai dire, elle aurait juré – et préféré – que ça n’arrive que dans les films. Incapable de parler, et sans savoir quoi dire, la trentenaire décida de s’occuper l’esprit en analysant les lieux. C’était le meilleur moyen de ne pas succomber.

Déjà, on ne les avait pas frappées. C’était con mais ça signifiait que quelque soit la raison pour laquelle on les avait enlevées, on les voulait intactes. Ensuite, il n’y avait pas de matelas, ni de toilettes ; compte tenu de l’absence d’odeurs incrustées de matières fécales ou de mort, on pouvait supposer que cet endroit n’était que transitoire. Après… on les avait déshabillées. Sans doute pour les intimider et les humilier, rien que ça pouvait casser le moral de nombreuses personnes. Quelles étaient les options alors ? Trafic d’organes ? Traite des blanches ? Esclavage sexuel ? Chacune de ses possibilités lui faisait froid dans le dos, mais une chose lui donnait du courage : cette cave n’était que transitoire, elle le savait. Alors ça signifiait qu’il lui restait encore quelques heures à vivre – au moins. Suffisant pour trouver une solution, non ?

La blondinette allait faire part de ses réflexions à Fanny quand elle fit une étrange vieille femme lui offrir un bonbon qu’elle avala immédiatement. Diane aussi avait faim, mais de là à accepter la marchandise étrange d’une sorcière qui apparaissait de nulle part… les coutumes de Dreamland semblaient défier bien des logiques du monde réel.

- Qu’est-ce que…

Elle n’eut pas le temps de finir sa question. Ce n’était pas tant la transformation de la dermatophile qui l’avait choquée – la pénombre l’avait empêchée de correctement la voir – mais plutôt de l’entendre mâcher ses chaînes et les barreaux en métal, avant de les recracher comme s’il s’agissait de beurre. Bientôt, Fanny était libre et en s’avançant de quelques pas, Diane put enfin observer l’aliénation de ses mâchoires, rendue encore plus effrayante dans l’obscurité. Quelque chose de particulier, dans le regard de la cadette peut-être, lui donna la chair de poule. Elle recula brusquement et se heurta à quelqu’un… la même vieille !!

Tout était confus dans la tête de la trentenaire mais elle savait une chose : si ce qu’elle avait avalé avait causé la transformation de Fanny (ne cherche pas pourquoi) et que cette dernière la regardait désormais d’un drôle d’air, il avait falloir – dans le doute – combattre le feu par le feu, non ? Alors que la dermatophile attaquait maintenant ses barreaux, Diane attrapa l’un des bonbons gluants et l’enfourna brusquement. A peine avait-elle croqué qu’elle le regretta instantanément : c’était si mauvais que le mot « dégueulasse » devait avoir été inventé suite à ce genre d’expérience. Elle se forcer à avaler s’attendant à ressentir une métamorphose semblable à celle de sa comparse… mais rien.

Non rien. Cette dernière se tenait maintenant à moins de deux mètres, mais ne semblait pas vouloir venir plus près, comme si elle était incommodée par une odeur particulière. Diane, écœurée par le goût de son bonbon, nettoyait ses dents avec sa langue en grimaçant. Elle de sentait rien de spécial, si ce n’était une vague odeur de souffre mêlé à des œufs pourris, mais qui semblait venir de bien loin. Après un moment de silence gêné elle dit :

- Rassure-moi, tu n’avais pas l’intention de me manger ? Tu avais l’air… bref, coupa-t-elle en jeta un regard inquiet vers l’escalier, je pense que ces types ne veulent pas nous tuer et qu’on n’est pas au bout du voyage. Je ne sais pas ce qui vient ensuite, mais j’ai pas trop envie de savoir… on devrait tenter un truc.

Son cœur battait comme il n’avait jamais battu dans sa poitrine. Ce n’était pas une chasse à l’homme fictive ou une haletante partie de paintball, c’était la vraie vie. Enfin, en quelque sorte.

- Ça peut paraître fou, poursuivit Diane en murmurant, mais je ne crois pas qu’ils s’attendent à ce qu’on ait pu sortir. En plus ils ne veulent pas nous « abîmer » j’en suis sûr. Même s’ils nous surprennent dehors, ils nous tueront pas.

En vérité, il n’y avait que sa maigre conviction qui lui soufflait cela. C’était réaliste sans être vérifié. Leurs geôliers pouvaient tout aussi bien être des sociopathes qui aimaient torturer leurs victimes quand elles étaient au meilleur de leurs dispositions mais ça… elle préférait ne pas l’imaginer.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeMer 4 Nov - 15:12

Décidément, Diane lui faisait vraiment envie, mais ses chaînes l’empêchaient de mettre en pratique tout ce qu'elle imaginait pouvoir faire avec son futur repas. En bavant d'avance à l'idée de déchiqueter sa camarade et de la dévorer, crue, Fanny s'attaqua à ses liens, faisant exception du mauvais goût de ces derniers – de toute manière, elle les recrachait – puis fit de même avec les barreaux de sa propre cellule.

Se dirigeant vers celle voisine, elle remarqua – avec surprise – que la petite vieille avait changée de cellule, et faisait la même proposition de bonbon à Diane – qui l'avala d'ailleurs. Comment avait-elle pu faire ça ? À la limite, le fait qu'elle fut dans sa cellule pouvait s'expliquer par une arrivée pendant que Fanny était inconsciente, mais là, la preuve en était qu'il fallait chercher une autre explication. Mais sa conscience sombra à nouveau dans le besoin de dévorer la jeune femme, et elle ne chercha pas plus loin.

À peine le temps de réduire en morceau quelques barreaux la séparant de son repas, Fanny stoppa nette, une immonde odeur d’œufs pourris lui agressa les narines au point de la rendre nauséeuse. Elle recula immédiatement à bonne distance de sa cible, retrouvant pour le coup beaucoup plus ses esprits. Hors de question de manger quelque chose d'aussi immonde.

Et dans le même temps, les arguments de Diane faisaient mouche. Oh oui, les mecs reviendraient. Ils seraient obligés de revenir... Et à ce moment là, elle calerait son creux à l'estomac. Mais en attendant, il faudra prendre son mal en patience. Par chance, il n'y eu pas longtemps à attendre. Le bruit du métal recraché avait fait du bruit au sol, et attiré l'attention de leurs kidnappeurs. Fanny pouvait les entendre arriver. Mais ce  qui la fit réagir fut la discussion qu'ils avaient en même temps, quand l'un d'eux stoppa juste derrière la porte :

- Eh, fait gaffe en descendant. Tu sais très bien que c'est des voyageurs. On les a prises par surprise au magasin, mais si elles sont réveillées, elles ont peut être des pouvoirs bizarres...

- T'inquiète ! La blonde je l'ai vu s'écraser. Elle est toute nouvelle, et paraît que les nouveaux ils ont pas des pouvoirs très bon. Et l'autre, sa peau réagissait comme un aimant avec la mienne, ça fait pas de mal ça. Je gères.

- Ouai, ben tu gères peut être, mais méfies toi, on sait jamais de quoi ils sont capables. Et pis il les faut en bon état pour quand le mec viendra les chercher. Il a dit qu'il voulait des voyageurs en bon état.

- Et tu sais pour quoi faire ? Parait que c'est quand même un employé d'un esclavagiste de Sextus... Ils ont balancés des annonces partout pour qu'on leur livre des voyageurs d'après Laurent.

- Ah, putain, c'est pas à côté s'ils les embarquent...

- Comme tu dis mec. Allez, je vais voir ce qu'ils foutent.

À ce moment là, le bruit de la serrure de la porte en haut des escaliers se fit entendre, et la porte s'entrouvrit. Fanny, espérant surprendre son agresseur, se recula dans un coin d'ombre proche du bas des marches, et attendit, prête à bondir...

Et à peine la dernière marche descendue – à la va-vite voyant la cellule vide – qu'elle sauta sur l'homme – différent de celui croisé dans les vestiaires. Tel une bête sauvage, elle voulu le mordre à la gorge, mais ayant complètement oubliée son pouvoir, elle ne réussit pas à la lui arracher, tout juste à planter ses crocs, puis se sentie repoussée. L'homme lui-même réagit rapidement, hurlant un clair « C'est quoi ce bordel ! » et tirant un couteau pour menacer dangereusement Fanny. Cette dernière, inconsciemment, enclencha son pouvoir, et le repoussa à une cinquantaine de centimètres, donnant aussi la chance d'esquiver le coup. Toutefois, elle avait aussi conscience qu'elle ne pourrait non plus le tuer – littéralement – tant que son pouvoir serait actif. Qui savait combien de temps cela pourrait durer ?

Et l'homme semblait ne pas être un idiot puisqu'il se plaça rapidement dans l'escalier peu large, le bloquant ainsi. Il appela son compagnon à la rescousse pendant que Fanny cherchait une solution, incapable de réfléchir tant elle voulait le dévorer. Elle fut tant perturbée que le renfort arriva avec un fusil avant qu'elle n'eut fait quoi que ce soit. Quand ce dernier la visa, elle se rendit compte, d'un coup, qu'elle n'avait plus cette faim horrible, que sa mâchoire était redevenue normale, et surtout qu'elle ne pourrait rien faire.

Le tir ne fit pas de bruit. En effet, l'arme ne tirait pas des balles, mais des fléchettes, tout du moins une dans le cas présent, qui aida fortement Fanny à s'écrouler au sol, prise de fatigue soudaine en regardant la fléchette – hypodermique à coup sûr – plantée dans son épaule. Sombrant, elle réussit à entendre, très légèrement :

- Putain mec ! On en a presque plus des munitions ! Qu'est ce que t'as foutu à en cramer une pour rien ! On l'aurait maîtrisée sans !
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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeJeu 5 Nov - 7:10

- Et toi qu’est-ce que tu fous avec ce couteau ? Le type les veut intactes, c’est clair non ? Il nous paiera moins si tu les blesses.

Diane ferma les yeux. S’en était déjà fini de ses espoirs. Mais pourquoi Fanny ne l’avait-elle pas libérée avant ? Elles auraient pu tenter quelque chose à deux, prendre celui qui descendait en otage, n’importe quoi ! La peur faisait fleurir des idées bien saugrenue dans sa tête de journaliste ; des choses dont elle ne se serait jamais cru capable dans un monde où elle ne s’était jamais retrouvée presque nue dans une cave. Au moins, elle était certaine que son destin n’était pas de finir dépossédée de ses organes par un scientifique fou, dans une salle d’opération crasseuse ; mais le mot « esclavagiste » lui avait quand même fait un drôle d’effet. Aux Etats-Unis, c’était un terme lointain, hors de portée. On savait que ça avait existé, on l’enseignait plus ou moins, on y pensait plus ou moins, mais c’était du passé. En vérité, Diane n’avait aucune idée de ce que ça signifiait.

Elle tira vainement sur ses chaînes pendant que les types réfléchissaient à un moyen de contourner le pouvoir de Fanny pour la traîner à nouveau dans sa cellule. Quand ils passèrent devant elle, la trentenaire les accrocha de son regard bleu clair. Que faire ? Sa gorge était sèche, elle savait qu’il n’y avait pas beaucoup d’espoir, pourtant l’angoisse la fit parler. Peut-être juste pour gagner du temps, ou chercher une faille…

- S’il vous plait… vous… vous ne pouvez pas faire ça. Vous ne voulez pas, pas vrai ?! C’est pour de l’argent ? Je peux vous aider autrement.

Et que serait-elle prête à faire ? Sa tête s’engourdit à force de se répéter cette question. Jusqu’où irait-elle pour ne pas être vendue ? Pour être libre ? Une frontière venait de se briser. Celle qui séparait ses préjugés – ou ses idées toutes faites – de la réalité. Diane se sentait bercée désormais d’une compréhension crue pour toutes ces femmes qui vendaient leur corps en échange de la vie, ceux qui trahissaient leurs amis pour leur salut, ceux qui développaient un syndrome de Stockholm, … quel était le prix de « sa » liberté ? L’homme ne lui avait pas répondu, il avait simplement haussé les épaules en marmonnant des paroles inintelligibles.

Le silence qui retomba alors dans la pièce fit alors l’effet d’une chape de plomb. A tel point que la claustrophobe se dit que Fanny avait bien de la chance d’être inconsciente. Elle aurait presque rit quand l’un des geôliers, en voulait vérifier ses chaînes, fut chassé de sa cellule par l’odeur nauséabonde qu’elle dégageait. Depuis il surveillait, visiblement à contrecœur, assis sur une vieille chaise en bois qui grinçait dès qu’il faisait un mouvement.

Il faisait un peu plus clair. Les lampes qui avaient été allumées projetaient des cônes d’une lumière blanchâtres tamisée par les couches de poussière recouvrant les ampoules. Assise à même le sol, à défaut d’essayer de renouer un contact, Diane observait leur geôlier. Lui, évitait son regard. Presque machinalement, elle réalisa qu’il soupirait à intervalles réguliers, qu’il se curait toujours la narine droite, que ses oreilles étaient étrangement asymétriques et que sa chaussure gauche baillait.

- J’ai envie de faire pipi, lança brusquement la journaliste, vous allez m’emmener aux toilettes où vous préférez vendre une « esclave » couverte de pisse ?

Le type ouvrit la bouche, ce qui lui donna l’air d’un poisson particulièrement idiot, puis consentit lourdement à se lever pour la libérer. Rien que pour le plaisir de ne plus sentir ses poignets entravés, ça valait le coup. Sa peau était rougie et ses os douloureux. Profitant de sa liberté provisoire, Diane ne s’offusqua pas des quelques menaces censées la dissuader de chercher à s’enfuir. Elle n’eut pas le temps de voir grand-chose à l’étage qu’on la poussait dans une pièce exigüe, malodorante, et c’est simplement à ce moment qu’elle réalisa que sa propre odeur s’était évanouie. Sa poitrine se sentit écrasée, son rythme cardiaque s’accéléra. C’était vraiment petit… Bien qu’anxieuse, la trentenaire voulut fermer la porte mais son geôlier l’en empêcha.      

- Quoi, vous voulez que je me soulage la porte ouverte ?
- Ouai, je te quitte pas des yeux.
- Malin, et en attendant, mon amie est toute seule en bas.

Diane crut voir que sa remarque le faisait hésiter, mais il ne bougea pas. Provocante, refoulant l’humiliation, elle baissa sa culotte en défiant l’homme du regard et s’assit, trop bouleversée pour songée à se ménager une marge d’hygiène. Le type l’avait d’abord dévisagée, comme si son anatomie, bien qu’admirablement fidèle, avait quelque chose de différent… puis il s’était détournée, n’ayant au fond aucun fantasme urinophile.

De retour dans sa cellule, la journaliste eut l’impression que les chaînes lui faisaient encore plus mal. La tête lui tournait aussi. Elle commençait à avoir faim, depuis combien de temps était-elle enfermée ici ? Elle avait envie de hurler, de pleurer, mais il était hors de question de montrer qu’elle craquait. Ses forces s'amoindrissaient déjà, elle perdait les notions de résistance et de pudeur. Sans être encore esclave, Diane se sentait déjà rabaissée, ramenée à l’état d’une moins que rien.
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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeLun 9 Nov - 14:00

Fanny eut le droit – encore – à un réveil difficile dans sa cellule, une nouvelle fois les mains ligotées. La seringue anesthésiante avait fonctionné à la perfection, et sortir de ce lourd sommeil relevait de l'exploit. La chape de fatigue planant sur tout son corps voulait la replonger dans les bras de Morphée, et elle dut lutter pendant près d'un bon quart d'heure pour reprendre possession de tous ses moyens, et observer son environnement.

Manifestement, rien n'avait changé, elle était toujours prisonnière, et sa camarade aussi. Au moins ne sentait-elle plus l’œuf pourri. Finalement, sa lutte précédente ne servait qu'à gagner le droit à un garde. Maigre victoire en soi que d'obtenir qu'un adversaire vienne s'ennuyer ferme dans une cave pitoyable, sombre et humide.

Mais dans une telle situation, que faire à part attendre ? C'est le grouillement de son ventre qui lui donna la réponse : réclamer à manger. Cela devait faire elle ne savait combien de temps qu'elle n'avait pas mangée, et la faim tenaillait plus que plus son estomac.

- Dites, on peut pas avoir quelque chose à grignoter ? J'ai genre vraiment faim, et je ne pense pas que le mec à qui vous voulez nous vendre veuille acheter des cadavres parce que l'on serait tombée d'inanition...

L'homme la regarda avec un regard digne d'un merlan frit, sans aucune expression. Les deux filles pouvaient toutefois sentir que les rouages de son cerveau tentaient de démarrer, de se mettre en branle, difficilement. En grognant, il se leva en les menaçant de ne rien faire jusqu'à son retour. Comment voulait-il qu'elles fassent quoi que ce soit en aussi peu de temps, et les mains liées ? Lorsqu'il revint, sans dire mot, il leur fit glisser sous les barreaux d'immondes lentilles – pas cuites – dans des assiettes jetables en carton. Puis il ouvrit tout de même la bouffe :

- C'tout ce que vous aurez. Bouffez et arrêtez de me faire chier maintenant...

L'assiette étant arrivée un chouilla trop loin, Fanny dut s'aider des ses pieds pour l'attirer suffisamment près pour qu'elle puisse l'attraper avec le peu de mou que lui laissait la chaîne. Cette dernière commençait d'ailleurs à lui irriter plus que plus les poignets. Leur repas, sans compter qu'il n'était pas cuit, avait un goût immonde, au point d'être digne des sous-marques de produits parmi les sous-marques. Mais la faim dictait le comportement en cet instant, et puisqu'il fallait en passer par là pour reprendre des forces, elle avala jusqu'à la dernière lentille de son assiette, avant de la jeter le plus loin d'elle possible.

Puis l'attente reprit, le temps passant très lentement, au point que même leur bourreau s'était endormi sur sa chaise. Fanny finit par se décider à ouvrir un peu la bouche – pas trop fort – en direction de Diane :

- Bon... donc t'es claustro non ? Par rapport à la camionnette... Et t'inquiète va, je suis sûre qu'on va s'en sortir. Quand ils nous feront bouger, on va les éclater. Mais s'ils sont beaucoup je vais vraiment avoir besoin de toi...

Et alors même que Diane répondait, un klaxon se faisait entendre en très léger fond sonore, présageant probablement que leur moment était venu....

- Allez ! C'est bon ça va être notre tour !

En quelques minutes du bruit indistinct se faisait entendre au rez-de-chaussé, puis la porte s'ouvrit, avec peut être un peu trop de lumière au goût de Fanny qui fut éblouie momentanément. Plusieurs personnes descendirent : Leurs bourreaux, ceux contre qui elle s'était battu, et de nouvelles personnes qu'elle ne connaissait pas. L'un d'eux semblait clairement être le chef du groupe, un homme pas très grand, mais qui compensait cela par la taille de son ventre. Il portait un costard, légèrement sale et abîmé, et portait une moustache digne des années 40. La dermatophile supposait qu'il devait se sentir très classe ainsi, bien que ce ne soit pas vraiment le cas. Son sourire, quand il vit les filles, sentait terriblement l'immonde pervers, ce qui eut pour effet de répugner de tout son corps Fanny.

Quoi qu'il en soit, le reste du peuple ressemblait plutôt à d'énorme gorilles portant ostensiblement des armes à feu, rien de bien rassurant, et finalement, il ne serait peut être pas si judicieux que cela de tenter quelque chose pour le moment. Peut être qu'une autre fenêtre d'action s'ouvrirait plus tard... Puis les cages furent ouvertes sur ordres, et avec toutes les précautions du monde – c'est à dire une arme sur la tempe. Diane tout comme Fanny furent emmenées hors de leurs cages non sans avoir été mises nues et – littéralement – fouillées de haut en bas « au cas où elles cacheraient quelque chose » d'après les mots de l'esclavagiste (sans même de difficultés pour Fanny – les hommes ayant des gants en latex).

De manière plutôt rassurante, elle put apercevoir l'un des sous-fifres prendre leurs affaires avec lui... Mais leur cauchemars ne semblait pas près de finir...


Voguons donc sur les eaux de l'esclavage
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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeMar 10 Nov - 18:57

Assise, la tête reposée sur ses bras entravés par les chaînes, Diane s’était assoupie. Ce fut la douleur qui cisaillait ses poignets qui la réveilla. Elle se sentait engourdie, courbaturée, sale et affamée. Depuis combien de temps était-elle ici ? Les lumières blanchâtres semblaient épuisées elles-aussi et le type chargé de les surveiller piquait aussi du nez de temps à autre. La trentenaire supposa qu’il n’avait pas prévu de devoir jouer le chaperon, mais ce n’était qu’une maigre consolation dans sa situation. Tout ça pour une séance d’hypnose chez un psychiatre…

Fanny finit par s’éveiller, difficilement. Visiblement, on devait traiter leurs semblables comme de véritables animaux pour leur administrer de tels traitements. Tout était abject dans ce comportement, mais il fallait que ça lui arrive pour que la réalité lui éclate au visage. Comment des êtres humains pouvaient faire ça à d’autres êtres humains ? Elle voulut poser la question, mais sa voix refusa de sortir au premier essai. Engourdie elle aussi. Finalement, la blonde choisit d’économiser son énergie.

Ses yeux bleus restaient posés sur la dermatophile le temps qu’elle émerge et réclame à manger. A la recherche d’une solution ? D’un indice ? D’une autre idée ? Mais il n’y avait rien… les « pouvoirs » de sa comparse ne semblaient pas suffisant pour échapper à ce genre de situation et les siens, si elle en avait, ne se manifestaient pas. Quand leur garde monta à l’étage, Diane étudia les barreaux rongés auparavant par Fanny, mais ça ne changeait rien… les chaînes les retenaient toujours.

Plus pour changer de position que par réelle envie, la journaliste se mit sur ses pieds. Elle avait des fourmis dans le derrière qui se répandaient dans ses cuisses, manquait plus que ça ! Ses dandinant légèrement d’un pied sur l’autre, elle découvrait également l’ampleur des dégâts sur ses poignets pâles, écorchés par les menottes. Un élan de profond désespoir l’envahie. Elle avait envie de pleurer, de hurler, mais serra les dents pour maintenant enfermée toute cette amertume.

Le chaperon revint avec un plat infâme, pas cuit, balancé comme si elles étaient deux chiennes galeuses. Si Fanny se jeta dessus immédiatement, Diane se ressaisit pour dévisager leur geôlier avec défi et bouder leur repas. Qu’importe qu’elle ait faim ! Elle était déjà exposée et humiliée, elle n’allait pas en plus ramper pour s’empoisonner. Mieux fallait mourir sur ses pieds que vivre à genoux !... bon ce n’était pas exactement le contexte, mais il y avait un peu de l’idée.

La journaliste ne se formalisa pourtant pas de sa comparse de galère qui avala l’intégralité du contenu de son assiette. Après tout, elle était visiblement plus jeune et la vie ne l’avait sans doute pas éduquée de la même façon qu’elle. Diane se contenta alors de fermer les yeux, debout dans sa prison, comme pour s’évader à nouveau par la pensée. Quand allait venir les types chargés de les récupérer ? Elle redoutait un autre camion étroit, d’autres mauvais traitements, une autre cage… mais en même temps, le mouvement leur donnerait peut-être une chance, non ? La voix de Fanny la tira de sa transe. Sa question d’ameublement lui semblait presque déplacée. Pourtant, elle se contenta de hocher la tête en affirmant :

- Je suis là, t’en fais pas… on va s’en sortir.

Paroles vaines lâchées pour se donner du courage. Bientôt, des hommes qu’elle n’avait jamais vu descendirent dans leur cave humide. Celui qui apparaissait comme leur chef avait cet air répugnant de mac vintage. On pouvait voir dans ses yeux qu’il aimait voir la marchandise, qu’il aimait la voir humiliée, qu’il aimait imaginer ce qui allait leur arriver. Diane se sentit glacée quand sa cellule fut ouverte et que les mains gantées furent refermées sur ses bras. On lui plaqua une arme sur la tempe, on la déshabilla, et on la « fouilla » plus par prétexte de la tripoter.

A l’étage, ils firent tous halte dans un salon si petit qu’on avait l’impression qu’ils étaient une centaine. La lumière du petit matin se collait aux carreaux crasseux et se jetait sur les meubles vieillots et les fauteuils usés empestant la sueur et la bière. Le plafond était bas, il y avait une vieille télé cathodique dans un coin, des toiles d’araignées dans les angles du plafond et un vinyle rayé tournait en boucle une mélodie kitch à bas volume. Le type à la moustache se délecta encore de la vue des deux voyageuses nus, adressant un clin d’œil à Diane comme si son œil expert lui avait permit de percer la vérité, puis il leur dit d’une voix doucereuse :

- Normalement, j’ai pour habitude de tester la marchandise qu’on me fait livrer. J’ai bien m’assurer de la qualité de mes produits.

Il y eut quelques gloussements gras parmi les gorilles, l’un d’eux sembla même s’arranger les parties intimes de la main qui ne tenait pas de flingue, mais le silence revint rapidement. La journaliste, elle, s’était raidit soudainement et tremblait comme une feuille. Elle allait vraiment se faire violer ? C’était… non… ça ne pouvait pas arriver !

- Dommage que notre employeur nous ait spécifié qu’il vous voulait impérativement « neutre », reprit le mac avec un soupir déçu, comme c’est un client réputé, on ne va pas le décevoir…, il fit un signe de la main au type qui tenait les vêtements, rends-leur leur fringues. Tu ne voudrais pas qu’on livre ces pauvres demoiselles enrhumées quand même.

On leur jeta négligemment leurs effets. Diane était encore tellement sous le choc qu’elle mit de longues secondes avant de se pencher, fébrile, et de s’emparer de ses sous-vêtements pour les remettre en tremblant. On parlait de casser le morale des captives ? Ce type avait réussi à ramener le sien sous 0. Elle était sonnée, incapable de parler ou de faire un geste, simplement retrouver l’illusion protectrice de son pantacourt et de sa marinière.

- Par contre, je suis quelqu’un d’assez peu patient, prévint leur nouveau bourreau, à la moindre action… déplacée dirai-je, on règle ça à l’arrière de ma camionnette. Vu ?
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MessageSujet: Re: Enchanté San Factody   Enchanté San Factody Icon_minitimeMer 18 Nov - 12:59

Après la petite « fouille » absolument désagréable dans ces conditions, les deux filles furent amenées à l'étage. Fanny se faisait mal aux pieds rien qu'à marcher sur les nombreux gravillons ayant élus domicile dans la maison lors d'un voyage sous les chaussures de ses kidnappeurs. Et la petite pièce à l'étage n'aidait pas à se sentir beaucoup plus à son aise : immonde, sale, et ridiculement petite, obligeant à une proximité peu désirée avec les autres...

Quoi qu'il en soit, Fanny préféra ne pas répondre aux provocation du porc qui semblait être le chef. Ses réflexions étaient franchement pitoyables, et ne méritaient pas d'être relevées. Si le but recherché se voulait être de casser leur moral, il faudrait réessayer, parce que pour le moment, le tout ne faisait qu'aider la jeune Dermatophile à renforcer sa résistance mental grâce à la haine envers ces idiots. Oh, ils pouvaient bien la mater de tout leur saoul, et admirer ses tatouages, elle n'en avait cure. De toute manière, montrer son corps ne lui avait jamais posé de problème. À vrai dire, elle s'inquiétait bien plus pour sa compagne dont la visage laissait trahir de multiples soucis. Mais pour le moment, impossible de faire quoi que ce soit.

Finalement, on finit même par leur rendre leurs vêtements. Vu la faible chaleur des lieux, l'idée ne pouvait qu'être bonne, et fut plutôt bien accueillie. Se rhabillant tranquillement, et surtout en époussetant ses affaires ayant prit la poussière dans cette porcherie, elle écouta posément l'homme qui les prévenait de se tenir tranquille, sous réserve de sévisse. Mais qu'il essaye donc de la toucher ! Il aura déjà bien du mal vu la nature du pouvoir qu'elle détenait, mais plus encore, il risquerait – littéralement – de perdre la vie beaucoup plus tôt de prévu, ou au moins ses attributs masculins.

Peu après, les filles eurent droit aux mains liées dans le dos à être conduites – un peu forcées et bousculées – en dehors de la « maison », dont l’appellation – vu de dehors – mériterait plutôt d'être « grande cabane ». Encore que la lumière du petit matin – terne et triste – ne permette pas de mesurer pleinement le niveau de « pitoyabilité » des lieux. Une voiture format familiale les attendaient plus loin. Elle avait tout de la voiture passe-partout, exception faite des vitres teintées, et finalement, de l'intérieur.

En effet, Diane et Fanny furent « chargées » de part le coffre. Il n'y avait pas énormément de place, encore que l'on puisse bien y rajouter 2 à 3 personnes, et pas de sièges. Une vitre plastique assez épaisse, percée de multiples trous de la taille d'un petit doigt vers son centre, les séparait du reste de l'habitacle du véhicule. Deux des gorilles se mirent sur les sièges les plus proches, intelligemment orientés dos aux côtés latéraux de la voiture, permettant ainsi de les surveiller. Il fallait définitivement croire qu'ils étaient habitués à ce genre d’enlèvement, et des professionnels. Fanny estima immédiatement que – pour le moment tout du moins – il ne servirait à rien de lutter, encore moins les mains liées dans le dos...

Après que tout le monde soit monté, et les premiers ravisseurs payés, la voiture démarra et le voyage commença. Pour où ? Bonne question. Ce fut particulièrement désagréable, la route était sinueuse, peuplée d'une colonie de bosses et de trous, tous plus gros les uns que les autres et la vitesse excédant sans conteste la limite autorisée. Et sans ceinture, sans siège, sans mains pour se tenir, Fanny et Diane n'eurent pas le droit à une promenade de santé.

C'est complètement nauséeuses qu'elles arrivèrent à destination : un ponton s'avançant sur un très grand lac ou une mer peut être ? Au bout de celui-ci, un bateau relativement simple, passe-partout lui aussi. Il aurait très bien pu servir à voyager comme il pourrait être utiliser pour la pèche. Fanny lança sur le moment une petite blague à sa camarade :

- Et ben... Si on a le mal de mer, on est mal barrées. La voiture m'a déjà rendue assez malade comme ça...

En quelques minutes, elles étaient embarquées et parquées sans douceur aucune dans les entrailles du bateau, dans une espèce de cabine comportant deux lits, si l'on pouvait appeler ça ainsi. Même des lits de camps de militaires auraient parus plus agréables. Leurs liens, au moins, avaient été coupés. Rapidement, le bruit des moteurs du bateau se fit entendre, et le « voyage » commença. Elles pouvaient en être sûr grâce à l'assez petit hublot qui leur fournissait une faible lumière, unique élément de décors en dehors des murs gris ferraille, lisses ou presque.

Fanny se tourna alors vers sa petite camarade :
- Bon, là je ne sais vraiment pas ce que l'on peut faire... Tu as p'têt une idée toi .. ?

À peine le temps de dire cela que la porte de la « cabine » s'ouvrait sur l'un des gorilles. Il arborait un grand sourire pervers qui n'annonçait rien de bon pour les deux demoiselles. Du sac qu'il avait en main, il en sortit deux « tenues » plutôt légères qu'il leur lança...

- Changez vous ! Maintenant. D'ici à c'que l'on arrive à Sextus, autant qu'vous serviez à quelque chose. Vous allez danser et servir le patron, v'savez pas l'choix. Sinon, vous risquez de le regretter. Et quand le patron dit « danse », faites gaffes à bien être sexy.

Puis il partie d'un horrible rire gras avant de reprendre son immonde sourire...

- Autrement dit, vous êtes nos strip-tiseuses en plus de nous servir à boire et à manger. 'fin le patron surtout... Nous on va juste pouvoir vous r'garder. Mais vu vos beaux p'tis cul, c'est déjà pas mal. Et on a l'droit d'vous appliquer les punitions parfois.

Puis il resta planté dans l'encadrement de la porte, faisant jouer ses muscles, et surtout l'arme à sa ceinture, prétextant que s'il regardait, c'était pour « vérifier que les habits ne seront pas abîmés ». Les tenues furent plutôt légères, ne cachant pas grand chose. En fait, les voiles de tulle ne sont pas vraiment fais pour cacher quoi que ce soit... Et les sous-vêtements en eux-même s'avéraient des plus ravageurs sur le plan « attirance ». La seule chose pour réconforter Fanny fut que sa tenue avait des tons rouges...

"Direction : Sur les eaux de l'esclavage"
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