Les psychoses
Les psychoses sont des troubles qui peuvent revêtir de nombreuses formes. Schizophrénie, syndrome maniaco-dépressif, bouffée délirante, paranoïa... Le point commun entre toutes est la perte de contact avec la réalité, l'apparition d'un délire. Zoom sur ces maladies :
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Troubles dissociatifs de l'identité :Il s'agit d'un nouveau terme, en effet, dans les versions précédentes du DSM ce trouble était dénommé Trouble de la personnalité multiple (TPM) et désignait la succession de " personnalités différentes " chez un même individu. L'existence du TPM avait alors fait l'objet de débats très vifs et contradictoires : certains avançant qu'il existait une vraie " épidémie cachée " de ce trouble, d'autres prétendant qu'il n'existait pas, ou bien alors qu'il s'agissait d'une forme d'hystérie.
Cette nouvelle dénomination Trouble dissociatif de l'identité, et le choix de critères diagnostiques plus restrictifs, mettent l'accent sur l'idée que les différentes personnalités ne constituent pas des entités discrètes et autonomes, mais qu'il s'agit plutôt de la dissociation d'une même personnalité, d'une même identité.
Les critères diagnostiques actuels :
A. Présence de deux ou plusieurs identités ou " états de personnalité " distincts, chacun ayant ses modalités constantes et particulières de perception, de pensée et de relation concernant l'environnement et soi-même.
B. Au moins deux de ces identités ou " états de personnalité " prennent tour à tour le contrôle du comportement du sujet.
C. Incapacité à évoquer des souvenirs personnels importants, trop marquée pour s'expliquer par une simple " mauvaise mémoire ".
D. La perturbation n'est pas due aux effets physiologiques directs d'une substance ou d'une affection médicale générale.
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Délire paranoïaque :Le délire paranoïaque est une maladie psychiatrique grave qui fait partie des psychoses, dans lesquelles la personne atteinte ne se rend pas compte de sa maladie.
Comme dans toutes les psychoses, le signe principal est l'apparition d'un délire, donc de la perte de contact avec la réalité. Ce délire est en général bien organisé autour d'un thème principal lié à la conviction d'être persécuté. Le malade interprète alors tous les éléments de la vie quotidienne à partir de cette conviction, et réorganise la réalité de façon délirante, souvent avec une grande exaltation et en croyant fermement à ses interprétations.
Il existe un risque d'agressivité de la personne malade en cas de fixation des idées délirantes sur une personne précise.
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Bouffée délirante :La bouffée délirante est une apparition brutale et momentanée d’épisodes délirants chez une personne auparavant sans problème. Cette atteinte est nommée "bouffée" car elle dure en général quelques semaines, et reste inférieure à 6 mois.
Ce trouble n’est pas perçu par la personne, qui est convaincue de vivre réellement les éléments de son délire : il ou elle adhère complètement aux idées qu’elle peut avoir, sans recul ni critique. La bouffée délirante peut se manifester de plusieurs façons : hallucinations, altérations du jugement, sensations d’intuition soudaines et absolues, interprétations insensées d’évènements vécus... Ce délire peut avoir de très nombreux thèmes. Parmi les plus fréquents, on peut citer : impressions de possession, de persécution, sensation de grandeur, de puissance, mégalomanie, thèmes érotiques ou mystiques. On observe pendant cette période une grande instabilité de l’humeur. Les personnes atteintes passent alors d’une sensation de joie intense, euphorique, à des phases de profonde dépression en quelques instants.
Les personnes atteintes, même si elles n’ont pas conscience du trouble, sont très angoissées par ce qui leur arrive, et cette angoisse peut également être vécue de façon délirante. Ceci peut conduire à des actes de suicide ou d’agression.
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Syndrome maniaco-dépressif :Le syndrome maniaco-dépressif, encore appelé désordres bipolaires, est un trouble de l'humeur caractérisé par des épisodes alternant euphorie et dépression.
Une personne maniaco-dépressive va donc présenter des épisodes de dépression alternant avec des épisodes d’euphorie exagérée. Les épisodes dépressifs sont marqués par des symptômes que l’on retrouve dans les autres formes de dépression : tristesse extrême et permanente, perte d’intérêt pour toutes choses, irritabilité, troubles du sommeil, manque d’énergie, troubles de la mémoire ou de la concentration, troubles de l’appétit, pensées de mort et de suicide… Les épisodes maniaques sont marqués par une humeur euphorique, une énergie permanente et démesurée, une activité débordante voire une grande agitation, une surestimation de ses capacités, un sommeil réduit à quelques heures sans entraîner de fatigue, un accroissement de l’appétit sexuel, un jugement erroné sur la réalité, consistant à méconnaître les difficultés et les problèmes, et notamment à ne pas s’apercevoir du caractère anormal de son propre état.
Tous les degrés de l’humeur peuvent se rencontrer dans le syndrome maniaco-dépressif, depuis la dépression sévère (accès mélancolique) jusqu’à l’exaltation extrême (accès maniaque), en passant par la dépression modérée ou les périodes d’humeur normale. Les accès de mélancolie nécessitent de la part de l’entourage une attention toute particulière car l’intensité de la dépression y est telle que le risque de suicide est extrêmement important. Les accès maniaques se traduisent parfois par de tels épisodes d’agitation qu’ils peuvent conduire les malades au poste de police avant qu’on les réoriente vers un médecin.
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Psychopathie :Il existe plusieurs définitions des troubles psychopathologiques. Un rapport de la Haute Autorité de santé sur la prise en charge des psychopathies a lui identifié six points qui caractérisent la personnalité psychopathe :
L’indifférence froide.
Les personnes ne sont pas sensibles, on ne peut pas les "prendre par les sentiments".
L’irresponsabilité.
Cette irresponsabilité est souvent revendiquée, constante, avec un mépris des règles et des contraintes sociales.
Difficulté de maintenir une relation avec autrui
Mais de manière paradoxale, la personnalité psychopathe a des facilités à nouer des relations. Simplement, elles ne durent pas.
Intolérance à la frustration
La personnalité psychopathe ne supporte pas de ne pas obtenir ce qu’elle veut, et son seuil d’agressivité est très bas en la matière : elle va très vite s’énerver.
Absence de culpabilité
Il n’y a aucune remise en question après un passage à l’acte. Même les sanctions ne remettent pas le psychopathe en question.
Tendance à blâmer autrui
La personnalité psychopathe va expliquer de manière très rationnelle ses difficultés avec la société, en accusant les autres d’en être responsable, et de manière très convaincante.
Passages à l’acte
Comme le souligne le Dr Philippe Batel, l’un des auteurs du rapport, "nous pouvons tous exprimer à minima l’un de ces symptômes. Ce qui caractérise la personnalité psychopathe c’est le nombre et l’intensité". D’autant que ces symptômes ne sont pas isolés. Ils s’accompagnent d’une forte irritabilité et de passages à l’acte fréquents (actions violentes et impulsives). Ces passages à l’acte peuvent être dirigés contre soi (tentatives de suicide, automutilation…) ou contre les autres. Souvent, le psychopathe, par son impulsivité associée à son manque de culpabilité et son irresponsabilité, va connaître des démêlées avec la justice. D’ailleurs, un certain nombre connaîtront une incarcération.
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Schizophrénie :Il n'y a pas une, mais des schizophrénies, dont les caractères communs sont :
L'âge de début, entre 15 et 35 ans ;
La diminution de l'élan vital ;
La dissociation mentale ou la discordance : c'est une rupture de l'unité psychique de la personne, qui aboutit à un bouleversement de la personnalité, à des réactions totalement inappropriées et à une indifférence devant des éléments porteurs d'une charge émotionnelle ;
Une inhibition de l'activité mentale (perte d'intérêt) qui favorise un repli sur soi, avec apparition de fantasmes délirants ou hallucinatoires.
La schizophrénie peut débuter de manière très différente d'une personne à l'autre. Dans de nombreux cas, la mise en place est progressive et la schizophrénie est précédée par des "états schizoïdes" qui permettent encore à l'individu de mener une vie quasi normale. Il apparaît songeur, renfermé et sujet à des impulsions irraisonnées. Il décroche sur le plan scolaire et reconnaît lui-même avoir de plus en plus de difficulté à se concentrer. L'entourage essaie souvent de minimiser le caractère pathologique de ces comportements. Les troubles affectifs qui les accompagnent sont souvent attribués à une "crise d'adolescence".
Le caractère semble changer : le jeune est morose, froid, indifférent, il n'a plus d'élans affectifs, il s'isole de plus en plus et abandonne ses investissements extérieurs, fuit la compagnie de ses camarades et se montre irascible, hostile. Ses bizarreries deviennent plus nombreuses, son regard se dérobe. Il sourit sans raison ou esquisse des mouvements dont on ne perçoit pas la cause. Sa sexualité est souvent perturbée. Il arrive que l'adolescent lutte instinctivement contre la dépersonnalisation qui le menace, et qu'il s'attache alors à une idée, un concept religieux, un idéal politique ou un système philosophique, autour duquel il tente de se "rassembler". Mais il apporte dans cette foi une confusion d'esprit ou un rationalisme systématique jusqu'à l'absurde qui révèle la profondeur du trouble mental. Un tiers des schizophrènes ne passent pas par les phases préliminaires et s'installent rapidement dans leur délire. Dès lors, ces malades sont plongés dans une indifférence absolue. Ils éprouvent parfois l'impression d'être dédoublés.
Une fois la maladie installée, le schizophrène ne parvient même plus à vérifier sa propre réalité. Il sourit à des sujets graves, n'achève pas ses gestes ou les rend mécaniques comme ceux d'une marionnette. Il croit qu'on lui dérobe sa pensée, qu'il entend des voix ou toute autre manifestation délirante. Le plus souvent, il ne peut, pas mettre en doute son délire qui peut parfois le conduire à effectuer des actes absurdes.